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ROUBLE
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ROUBLE

À la limite du XIIIe et du XIVe siècle, le rouble apparaît en Russie, à Novgorod. À une époque où le pays ignorait la frappe de la monnaie, ce terme semble avoir désigné les lingots d’argent, appelés aussi grivny , qui servaient aux paiements importants. À Moscou et en Russie centrale, au moment où reprend la frappe de la monnaie d’argent dans toutes les principautés (à Moscou, sous le règne de Dimitri Donskoï, mort en 1389), le rouble apparaît comme unité de compte, dont la valeur est d’ailleurs discutée par les spécialistes. D’après certains travaux (I. G. Spasski), il semblerait que le rouble moscovite ait valu, dès la fin du XIVe siècle, et non pas seulement au XVe, 200 pièces d’argent (denga , plur. dengi ), le rouble novgorodien équivalant alors à 216 pièces. La Moscovie étant devenue, depuis 1517, le seul État souverain de la Russie, on procède en 1534 (sous la régence d’Hélène Glinskaïa) à la centralisation de la frappe monétaire: cette monnaie désormais unique est le kopek (kopeïka ), pièce deux fois plus lourde que l’ancienne denga moscovite.

Après le Temps des troubles, la monnaie se trouva sensiblement dépréciée — le poids d’un kopek était passé de 0,68 à 0,48 g d’argent —, aussi le rouble d’argent, fabriqué avec des thalers allemands mis en circulation en 1654 et remplacé en 1655 par l’efimok , avait-il tout juste la valeur de 64 kopeks anciens. Toutefois, l’initiative la plus importante du gouvernement d’Alexis Mikhaïlovitch est la frappe, la même année, de kopeks en cuivre. Leur dévaluation rapide provoqua le soulèvement de 1662 devant lequel le gouvernement dut retirer ces pièces de la circulation. Cela n’empêcha guère la dévaluation de la monnaie d’argent: en 1698, 10 kopeks valaient 1 thaler, soit de 25 à 26 grammes d’argent pur. Cette parité fut respectée lors de l’émission par Pierre le Grand de roubles d’argent — le rouble cessant alors d’être une simple unité de compte — et de kopeks en cuivre; cent kopeks valent toujours un rouble (1704). En 1755, Élisabeth définit une valeur or du rouble.

À partir de 1769, l’émission des assignats — rendue nécessaire par la politique coûteuse de Catherine II — bouleverse le système monétaire: pratiquement, la Russie se servait de deux monnaies, l’une en argent, l’autre en cuivre et en papier. L’unité monétaire ne fut rétablie qu’en 1843 par la réforme de Kankrine qui fixa la parité des billets de banque et des pièces d’argent. Mais rapidement, et surtout après la guerre de Crimée (1853-1856), le rouble-papier se dévalua (jusqu’à 20 p. 100 au-dessous de sa parité argent).

L’importante réforme de Witte (1897) consista à mettre en circulation des pièces d’or et à indexer sur ce métal le rouble-papier, préalablement dévalué. Ce système résista aux difficultés politiques de la Russie jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, où l’on assiste à une nouvelle dévaluation du rouble-papier.

Les années de la révolution et, encore plus, de la guerre civile sont caractérisées par un incroyable désordre monétaire, chaque pouvoir, si éphémère fût-il, ayant émis sa propre monnaie (en papier). Après l’essai d’un système amonétaire de 1918 à 1920, le gouvernement soviétique restaure la monnaie en 1921 et substitue au rouble le tchervonets, pour reconvertir ce dernier en rouble en 1924, à raison de 10 roubles contre 1 tchervonets. En 1937, le rouble est défini en dollars à raison de 5,30 roubles pour 1 dollar.

L’inflation due à la Seconde Guerre mondiale aboutit à la création d’un nouveau rouble (1 contre 10 anciens) en 1947. Réévaluée en 1950 au taux de 4 roubles pour 1 dollar, la monnaie soviétique l’est une fois de plus en 1961 par la création d’un second nouveau rouble, le dollar correspondant alors à 90 kopeks, soit neuf dixièmes de rouble et le rouble équivalent à 0,987 412 g d’or. Monnaie non convertible, le rouble n’est pas négocié sur le marché international des changes. La création, en 1963, de la B.I.C.E. (Banque internationale de coopération économique) s’accompagne de celle du rouble transférable, unité de compte des membres du Comecon entre eux.

rouble [ rubl ] n. m.
• 1606; russe ruble
Unité monétaire de la Russie, de la Biélorussie, du Tadjikistan. Un rouble vaut cent kopecks.

rouble nom masculin (russe roubl) Unité monétaire principale de la Russie et de la Biélorussie. (Il a été l'unité monétaire principale de l'U.R.S.S.)

rouble
n. m. Unité monétaire de la Russie, puis de l'Union soviétique et auj. de certains pays de la C.é.I.

⇒ROUBLE, subst. masc.
Unité monétaire de la Russie tsariste puis de l'U.R.S.S. divisée en cent kopecks. Des soldats errants (...) gardaient encore, (...) leur cuiller d'étain, et, moyennant un rouble, des moujiks la remplissaient de vodka (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 97).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1606 (La Légende de la vie et de la mort de Démétrius, trad. de l'ital. par Mœusyenbrouck, éd. 1858, p. 291 ds Fr. mod. t. 22, p. 211). Empr. au russe rubl' « id. » prob. du verbe rubit' « couper » l'anc. rouble étant coupé dans une barre d'argent (VASMER). Fréq. abs. littér.:83. Bbg. ARVEILLER (R.). Mots orientaux, notes lexicol. Mél. Dauzat (A.) 1951, p. 29. — BOULAN 1934, p. 179. — JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Frz. Mél. Wartburg (W. von) 1968, t. 2, p. 446.

rouble [ʀubl] n. m.
ÉTYM. 1606; du russe ruble.
Unité monétaire de la Russie, de la Biélorussie, du Tadjikistan (→ Kolkhoze, cit.; perle, cit. 2). || Un rouble vaut cent kopecks. || Rouble-argent (→ Gratification, cit. 2).

Encyclopédie Universelle. 2012.