Akademik

VENISE
VENISE

VENISE

L’un des ports qui se sont développés, sur les cordons littoraux et dans les lagunes du fond de l’Adriatique, après l’envasement des ports antiques du delta du Pô et de ses abords (Spina, Adria, puis Ravenne). Sauvée d’un sort semblable par d’incessants travaux (détournement de la Brenta), Venise s’est affirmée, au Moyen Âge, comme point de rupture de charge entre le trafic maritime et l’active navigation padane. Éclipsant les ports plus orientaux, contrôlant la route du Brenner, étendant jusqu’à Brescia ses possessions de terre ferme, Venise a constitué un empire marchand méditerranéen. Déjà en déclin au XVIIIe siècle, Venise se voit distancer par Trieste pendant la période de domination autrichienne (1815-1866). Elle n’est guère parvenue ensuite à reconquérir un hinterland en Europe centrale et n’a dû son renouveau économique qu’à l’industrialisation de sa région, postérieure à la Seconde Guerre mondiale pour l’essentiel. Ce renouveau se traduit par la croissance du trafic du port, le cinquième d’Italie: 6,7 millions de tonnes en 1955, 23,4 en 1993 (dont près de 50 p. 100 d’hydrocarbures). Si le port insulaire, contigu à la ville historique, doté du chemin de fer en 1846, conserve un rôle commercial, le gros du trafic passe par le port de terre ferme, Marghera, qui a été commencé en 1919 et qui est relié au précédent par un canal maritime de 4 kilomètres et entouré d’installations industrielles. L’équipement portuaire est suffisant, mais la lenteur de l’accès et l’insuffisance des profondeurs constituent des handicaps. L’ensemble Porto Marghera-Mestre concentre les industries encombrantes et polluantes (travail des métaux non ferreux, raffinerie de pétrole, industrie chimique, verrerie...). La population a tendance à diminuer: 305 617 habitants en 1993 contre 364 550 en 1975. En fait, ces chiffres recouvrent des évolutions de sens opposé: la Venise insulaire, au site incommode, aux paysages figés de ville-musée, perd des habitants et de l’importance économique tout en restant le deuxième centre touristique italien. Son patrimoine architectural pose de difficiles problèmes de conservation. Au contraire, la Venise de terre ferme a diversifié ses fonctions: industrielles à Marghera, résidentielles à Mestre

Venise
(en ital. Venezia) v. d'Italie, sur la lagune de Venise, formée par l'Adriatique; 80 000 hab.; ch.-l. de la prov. du m. nom et de la Vénétie. Venise est construite sur 118 îlots, que séparent 177 canaux étroits (400 ponts). Le Grand Canal que traversent seulement trois ponts (notam. le monumental Ponte Rialto, datant de la fin du XVIe s.), divise Venise en deux ensembles, bordés au S. par la longue île de la Giudecca. Un cordon littoral (dont le Lido est une partie) sépare les eaux vénitiennes de la mer (à 2 km). Au N. s'égrènent des îles: San Michele, Murano, la plus importante, Burano et Torcello. Venise est un prestigieux centre touristique. à 4 km, le port (Porto Marghera) et la zone industrielle de Mestre (raff. de pétrole, industr. chimiques) sont très actifs.
Nombr. palais du Moyen âge et de la Renaissance sur les rives du Grand Canal: Ca' d'Oro (XVe s.), Corner della Ca' Grande (XVIe s.), etc. Innombrables églises; Santa Maria della Carità (XVe-XVIIIe s.) est auj. un musée (Accademia delle Belle Arti). Coeur de la ville, la place Saint-Marc est bordée: à l'E., par la basilique Saint-Marc (commencée en 829, reconstruite dans le style byzantin de 1063 à 1094, remaniée aux XIIIe, XVe et XVIIe s.); au N., par la tour de l'Horloge (1496); au S., la Piazzetta, dominée par le Campanile (XIIIe-XIVe s., reconstruit de 1905 à 1912) est bordée par le palais des Doges (XIIe s., modifié aux XIVe, XVe et XVIe s.), que le pont des Soupirs (des prisonniers) relie aux prisons. Venise est auj. menacée de destruction (enfoncement du sol; montée du niveau marin; pollution, etc.). Hist. - Au VIe s., pour échapper aux invasions des Huns puis des Lombards, un groupe d'hab. de la région se réfugia sur les îles de la lagune. Ils constituèrent une république, dirigée par un doge (duc), élu par les notables et vassal de l'empereur byzantin. Dépourvus de terres, ils se dotèrent d'une puissante flotte de commerce. En 1082, Byzance fit appel à elle contre les Normands, en échange de privilèges comm. Grâce aux croisades, Venise s'enrichit et s'assura des concessions sur la côte du Levant. Quand les Occidentaux conquirent Byzance (XIIIe s.), Venise s'empara de la Crète et des îles de la mer égée, du Péloponnèse, de nombr. ports d'escale. Les grandes familles enrichies par le commerce détenaient le pouvoir au sein du Grand Conseil (créé en 1143), doté d'une police politique, le Conseil des Dix (créé en 1310). Aux XVe et XVIe s., l'école picturale triompha (Bellini, Carpaccio, Giorgione, Titien, Véronèse, le Tintoret). Venise conquit au début du XVe s. les territoires de "terre ferme" qui forment auj. la Vénétie, mais les Turcs lui prirent une à une ses possessions en Médit. orientale; les guerres d'Italie et les grandes découvertes amorcèrent son déclin, ralenti au XVIe s. par une industrie active. En 1797, la république fut abolie par Bonaparte, puis la Vénétie tomba sous la domination autrichienne jusqu'à son rattachement au royaume d'Italie en 1866.

⇒VENISE, subst. masc.
A. — INDUSTR. DU VERRE. Verre très fin et travaillé. Des fleurs sans parfum, dans des cornets de vieux venise (GYP, Province, 1890, p. 105).
B. — DENTELL. Dentelle de Venise ou, p. ell., Venise, subst. masc. inv. Dentelle à l'aiguille, probablement originaire de Venise, caractérisée par des dessins à rinceaux en fort relief. Ces applications de point à l'aiguille étaient, parmi les points d'Angleterre, les plus recherchés (...). La grande souplesse du réseau, la finesse des fleurs en point dont les cordonnets même avaient si peu de relief, la richesse des jours, ont fait de ces points de Bruxelles une classe entièrement différente (...) des Venise, qui brillent plutôt par leur fermeté et leur relief (E. LEFÉBURE, Brod. et dentelles, 1887, p. 232). Tout porte à croire que la dentelle à l'aiguille a pris naissance à Venise vers la fin du XVe siècle, (...) la dentelle de Venise (...), grâce à Catherine de Médicis, fut introduite en France (...) Londres possède une aube du XVIIe siècle ornée (...) d'un petit jabot garni de Venise (LELOIR 1961, p. 128, s.v. dentelle).
Point de Venise. Même sens. On comprend généralement sous la dénomination de « Point de Venise » des dentelles faites à l'aiguille, dont les contours sont bordés de riches festons à haut relief (Th. DE DILLMONT, Encyclop. des ouvrages de dames, 1984, p. 648).
C. — BROD., en appos., inv. Jour Venise. Jour présentant, à distances régulières, de petits faisceaux droits de fils maintenus ensemble par un point serré qui les recouvre sur toute leur longueur. Exécution des jours Venise. Commencer le travail selon Fig. (...) Ensuite fixer le fil à l'un des bords du tissu, prendre sur l'aiguille quelques fils et les recouvrir d'un point de cordonnet serré jusqu'à l'autre bord. Piquer alors l'aiguille dans le tissu, prendre un nouveau groupe de fils sur l'aiguille et recommencer (Le Journal des Brodeuses, sept. 1964, n° spéc. hors série, n° 4, sans p.).
Prononc. et Orth.:[]. Plur. des venises (v. ROB. 1985: de beaux venises). Étymol. et Hist. 1. 1887 « dentelle de Venise » (E. LEFÉBURE, loc. cit.); 2. 1890 « verre très fin et travaillé » (GYP, loc. cit.). De Venise (ital. Venezia), ville très renommée dep. le XIVe s. pour les nombreux ouvrages d'art qu'on y fabriquait ou dont elle faisait le commerce, orfèvrerie, étoffes précieuses, etc., et en partic., la verrerie (cf. 1471-72 verre de Venise ds Invent. du château d'Angers ds Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, éd. A. Lecoy de La Marche, p. 263; v. aussi GAY et HAVARD; FEW t. 14, p. 239).

venise [vəniz] n. m.
ÉTYM. Déb. XXe; de verre de Venise.
Verre très fin et ciselé ou travaillé (qu'il provienne ou non des verreries vénitiennes). || Du venise. || De beaux venises.

Encyclopédie Universelle. 2012.