dot [ dɔt ] n. f.
1 ♦ Bien qu'une femme apporte en se mariant. Elle a une belle, une grosse dot. Apporter une maison en dot. Coureur, chasseur de dot : homme qui cherche à épouser une fille riche. Épouser une jeune fille pour sa dot. « Il s'engage à la prendre sans dot » (Molière). — Régime protégeant la dot. ⇒ dotal.
♢ Par anal. Apport que fait une fille au couvent où elle entre en religion.
2 ♦ Dr. Biens donnés par un tiers dans le contrat de mariage, à l'un ou l'autre des futurs époux. Dot de la femme, dot du mari.
3 ♦ Compensation en biens ou en services versée par le futur époux à la famille de la future épouse (pays africains, etc.).
● dot nom féminin (latin dos, dotis) Ensemble des biens meubles ou immeubles donnés par un tiers à l'un ou l'autre des époux dans le contrat de mariage. Biens qu'une femme apporte en se mariant : Un coureur de dot. Chez les premiers Grecs, chez de nombreux peuples, prix payé par le futur mari à la famille de la jeune fille. Apport que fait une future religieuse au monastère où elle va entrer. ● dot (citations) nom féminin (latin dos, dotis) Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 HARPAGON — Sans dot ! VALÈRE — Il est vrai. Cela ferme la bouche à tout, sans dot. Le moyen de résister à une raison comme celle-là ? L'Avare, I, 5 ● dot (difficultés) nom féminin (latin dos, dotis) Prononciation [&ph88;ɔ&ph104;], on prononce le t final.
dot
n. f.
d1./d Biens qu'une femme apporte à l'occasion de son mariage ou lorsqu'elle entre au couvent. Avoir une grosse dot.
|| DR Biens donnés par un tiers dans le contrat de mariage.
d2./d Dans les traditions africaine et maghrébine, biens donnés par le fiancé à la famille de la fiancée pour obtenir celle-ci en mariage (compensation matrimoniale).
d3./d Dans la tradition africaine et maghrébine, biens donnés par l'époux à l'épouse pour sceller le mariage.
⇒DOT, subst. fém.
A.— Bien qu'apporte une femme en se mariant. La dot d'une femme; une riche, une jolie, une grosse, une petite dot; apporter une dot, apporter (une somme) en dot. Tu auras une belle dot, et un bel héritage (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 95) :
• 1. Tout cela, tant pour ma dignité personnelle (...) que pour fermer la bouche à ceux qui auraient dit que c'était pour faire la noce et pour manger la dot de ma femme (...) que j'avais (...) fui la maison de mon exécrable parâtre.
VERLAINE, Correspondance, t. 1, 1872, p. 292.
• 2. Ma petite-fille n'apportait pas une très belle dot, mais elle avait, en revanche, de magnifiques « espérances ».
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 83.
SYNT. Donner, promettre, fournir, recevoir, réclamer une dot; avoir, donner, demander en dot; disposer d'une dot; accepter (qqc.) pour dot; verser, payer une dot (en espèces); arriver avec une dot; se disputer sur la dot; grossir, convoiter une dot; restituer, rendre une dot; dévorer, croquer, manger, bouffer (pop.) la dot (de qqn); fille sans dot; faire une dot (à qqn); renoncer à sa dot; prétendre à une dot; prélever (qqc.) sur sa dot; chasseur, coureur de dot; une dot considérable, convenable, suffisante, modeste, rondelette; l'argent, les intérêts, les rentes, les revenus d'une dot; inventaire d'une dot; dot et succession.
— En partic. Bien mis de côté en vue d'un mariage. Constituer une dot. Ce joli monsieur (...) la ruinera [madame de Restaud], ruinera le mari, ruinera les enfants, mangera leurs dots (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 396). À vingt-et-un ans, elle avait demandé à son père de lui donner sa dot et de l'autoriser à vivre à Paris (MAUROIS, Climats, 1928, p. 67).
Rem. Le syntagme sans dot est une fréquente allus. littér. à la célèbre réplique de l'Avare (I, 5) de Molière. Si cette forte fille ne s'était pas plus tôt mariée, il fallait attribuer son célibat au sans dot d'Harpagon que pratiquait son père, sans avoir jamais lu Molière (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 5).
— P. méton., p. plaisant. Épouser une dot. Épouser une fille pour sa dot. Il voulait [Daguenet] être pratique, il épouserait une grosse dot et finirait préfet (ZOLA, Nana, 1880, p. 1266).
— P. métaph. Vous semblez n'avoir pas compris que Léonie est la plus radieuse des fiancées, si elle répand ce parfum d'humilité qui est à mes yeux une dot inestimable (AYMÉ, Cléramb., 1950, p. 195) :
• 3. Ces richesses immenses ne seront sans doute jamais épuisées et nous commençons à peine à les entrevoir. Cependant elles sont à nous tous, elles constituent la dot de l'humanité pour ses noces spirituelles.
GREEN, Journal, 1937, p. 77.
B.— Spécialement
1. DR. FR. [Sous le régime dotal] ,,Biens apportés par la femme, qui sont inaliénables et insaisissables et soumis à l'administration du mari`` (Jur. 1971). Constitution de dot; restitution de dot. La dot (...) est le bien que la femme apporte au mari pour supporter les charges du mariage (Code civil, Paris, Dalloz, 1957, art. 1540, p. 579).
2. ANTHROPOL. [En partic. dans les civilisations africaines] ,,Prestations, en biens ou en services, fournies par un prétendant, avec l'appui des siens, en reconnaissance du don constitué par la femme qui lui est accordée en mariage`` (THINÈS-LEMP. 1975).
C.— P. ext. ou p. anal.
1. Bien apporté au moment du mariage. La dot d'un mari, d'un couple :
• 4. Avec l'extrême intelligence de Louise, (...) il serait évidemment avantageux de lui faire épouser un garçon sérieux, de quelque dot bien entendu, ...
VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Louise Leclercq, 1886, p. 107.
— Au fig. La dot des vrais couples est la même que celle des couples faux : le désaccord originel (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 8, p. 140).
2. RELIGION
a) Dot des religieuses. Capital qu'une religieuse apporte à sa congrégation au moment de son entrée en religion, et destiné à assurer son entretien :
• 5. ... ce n'est point votre fortune et un hôtel qu'il me faut, c'est un couvent et mille écus de dot pour y entrer, (...) Madame de Maintenon (...) m'y payera ma dot.
DUMAS père, Les Demoiselles de St-Cyr, 1843, II, 11, p. 141.
b) THÉOL. Dots ou dotes. ,,Prérogatives (corporelles et spirituelles) que reçoit le bienheureux pour s'unir à Dieu dans la gloire`` (Foi t. 1 1968). Ces « dots » dont seront investis les corps glorieux (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 173).
Rem. La docum. atteste la loc. vieillie donner (qqc.) en dot (à une personne physique ou morale). Faire une dotation (cf. dotation A). Il [l'avoué] fit encore recouvrer (...) certains immeubles (...) que l'Empereur avait donnés en dot à des établissements publics (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 381).
Prononc. et Orth. :[]. MART. Comment prononc. 1913, p. 328 : ,,Après o, le t ne sonne plus aujourd'hui que dans dot, où il ouvre l'o, bien entendu. Cette exception paraît venir de ce que le mot avait autrefois deux formes, un masculin do(t) et un féminin dote (cf. aubépin et aubépine); le féminin se serait ici conservé avec l'orthographe du masculin. C'est d'ailleurs le seul mot en -ot qui soit féminin``. Homon. doter (aux formes constituées du radical nu). Enq. :/dot/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. XIIIe s. ds GODEF. Suppl. d'apr. DG; ex. isolé jusqu'au XVIe s. 1558 (DES PÉRIERS, Nouv. Récr., 43 ds HUG.). Empr. au lat. class. dos, dotis de même sens; le mot est employé au masc. jusqu'au XVIIe s. (Molière ds LITTRÉ) prob. sous l'infl. de douaire. Fréq. abs. littér. :1 004. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 769, b) 2 064; XXe s. : a) 1 420, b) 799.
dot [dɔt] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; rare ou dial. av. XVIe; lat. jurid. dos, dotis « don » et « qualité, mérite, don », de dare « donner ».
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I (Au sens étroit). Bien apporté en se mariant (par une femme).
1 Cour. Biens (d'une femme) apportés lors du mariage (quels que soient la provenance du bien apporté et le régime matrimonial). || Elle a une belle, une grosse dot. || Apporter une dot de dix millions. || La dot d'une jeune fille. || Épouser une jeune fille pour sa dot. — Apporter des propriétés en dot. || Prendre qqch. en dot.
1 On savait, en effet, que Mme de Saint-Papoul, née de toute petite noblesse, avait apporté dans le ménage une grosse fortune : une dot d'un million, disait-on (en réalité de cinq cent mille, chiffre déjà considérable pour l'époque)…
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 143.
2 Ta dot a fait des petits, Isa. Même en tenant compte de la dépréciation du franc, tu seras éblouie. Tout est à ton nom, à la Westminster, ta dot initiale et les bénéfices (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XIII, p. 161.
♦ Se marier sans dot. — Allus. littér. :
3 Je trouve ici un avantage qu'ailleurs je ne trouverais pas, et il s'engage à la prendre sans dot. — Sans dot ? — Oui (…) C'est pour moi une épargne considérable. — (…) Il est vrai : cela ferme la bouche à tout, sans dot. Le moyen de résister à une raison comme celle-là ?
Molière, l'Avare, I, 5.
4 Si cette forte fille ne s'était pas plus tôt mariée, il fallait attribuer son célibat au sans dot d'Harpagon que pratiquait son père, sans avoir jamais lu Molière.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 539.
♦ Par métaphore :
5 Quand on ne prend en dot que la seule beauté,
Le remords est bien près de la solennité (…)
Molière, l'Étourdi, IV, 3.
6 Elle s'était déterminée alors à quitter pour toujours le village où elle était née, et à aller cacher sa faute aux colonies, loin de son pays, où elle avait perdu la seule dot d'une fille pauvre et honnête : la réputation.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 16.
♦ ☑ Par plais. (métonymie). Épouser une dot : épouser une fille pour son argent.
♦ ☑ Loc. Coureur, chasseur de dot, de dots : homme qui cherche à épouser une fille riche.
6.1 Il s'approche de moi et dit :
— Je vais l'inviter. Ne l'effarouche pas.
L'effaroucher. Il utilise ce mot de 1900. Effaroucher ! Le chasseur de dot ! Quel monde !
Christine Arnothy, Un type merveilleux, p. 283.
2 Dr. (Anciennt). Ceux des biens que la femme apporte au mari pour subvenir aux dépenses du ménage, sous quelque régime que ce soit. || Régime protégeant particulièrement la dot. ⇒ Dotal. || Restitution de dot. || Augment de dot.
7 La dot, sous ce régime (le régime dotal) comme sous celui du chapitre 2 (régime en communauté), est le bien que la femme apporte au mari pour supporter les charges du mariage.
Code civil, ancien art. 1540.
8 La femme peut se constituer en dot tous ses biens présents et à venir (constitution dotale universelle), ou bien seulement une de ces deux catégories, ou une quotité des uns et des autres, ou seulement un immeuble déterminé, ou un groupe de valeurs mobilières.
M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, t. III, no 1486.
♦ Par anal. Apport que fait une fille au couvent où elle entre en religion. || Dot des religieuses ou dot moniale.
3 (Dans d'autres cultures que celles d'Europe, et notamment dans l'Antiquité grecque et, de nos jours, en Afrique). Compensation versée par le futur époux ou sa famille à la famille de la future épouse. || Dot en argent, en bétail, en prestations.
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II (Au sens large). Dr. Biens donnés par un tiers dans le contrat de mariage, à l'un ou l'autre des futurs époux. || Dot de la femme, dot du mari. || Constitution de dot par les parents. || Dot constituée en avancement d'hoirie.
9 Ceux qui constituent une dot, sont tenus à la garantie des objets constitués.
Code civil, ancien art. 1547.
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III Théol. Caractères dont sont investis les bienheureux et qui leur permettent de s'unir à Dieu.
REM. L'ensemble des emplois, sans être linguistiquement vieux, est marqué : le sens I, 1 fait référence à des usages en voie de disparition, ou au passé, les sens juridiques sont archaïques. Seuls les sens I, 3 et II correspondent à des réalités contemporaines et courantes.
Encyclopédie Universelle. 2012.