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VERTIGE
VERTIGE

VERTIGE

Le vertige vrai traduit un trouble fonctionnel ou organique des systèmes de régulation de l’équilibre pendant lequel le malade a, typiquement, la sensation de voir son environnement tourner autour de lui. L’épisode, habituellement bref, s’accompagne volontiers de nausées, de vomissements et de troubles de la station debout pouvant entraîner la chute.

Un interrogatoire précis et diverses manœuvres tendant à reproduire l’épisode vertigineux permettent de diagnostiquer le vertige vrai; ce dernier a une valeur sémiologique très précise, que n’ont pas de nombreuses sensations pseudo-vertigineuses rencontrées en pathologie. Le vertige peut, en effet, se rencontrer dans des lésions du cortex cérébral, des muscles oculaires, du cervelet, de l’appareil vestibulo-labyrinthique, du tronc cérébral. Le plus souvent, il s’agit d’un accident vasculaire transitoire touchant l’appareil vestibulo-labyrinthique, comme dans le classique vertige de Ménière, mais la répétition des crises risque d’affecter gravement les conditions de vie du patient. Un traitement symptomatique ne peut donc suffire à le soulager. C’est pourquoi, tout diagnostic de vertige vrai nécessite un bilan neurologique clinique et paraclinique complet qui permettra de tenter une thérapeutique visant à supprimer la cause des vertiges.

vertige [ vɛrtiʒ ] n. m.
• 1611; vertigo 1478; vertigine v. 1370; lat. vertigo « mouvement tournant », de vertere « tourner »
1Impression par laquelle une personne croit que les objets environnants et elle-même sont animés d'un mouvement circulaire ou d'oscillations et qui peut s'accompagner de troubles de l'équilibre. éblouissement, étourdissement, tournis. Avoir, éprouver un vertige, des vertiges (cf. Avoir la tête qui tourne). « un vertige qui faisait tourner, danser, devant ses yeux, maisons et passants » (Loti).
2Plus cour. Peur de tomber dans le vide (pour une personne placée au-dessus de celui-ci). « Le vertige qui nous prend sur les hauteurs » (Alain). Loc. À donner le vertige : très haut, très impressionnant.
3Égarement (d'une personne placée dans une situation qu'elle ne maîtrise pas). égarement, folie , 2. trouble. Le « vertige qui le prend [le répétiteur] à se voir seul, adossé au mur [...] , en face de quarante gamins » (Larbaud). frisson, peur. Le vertige de la gloire, que donne la gloire. ⇒ exaltation, ivresse .
Le vertige de... : la tentation de... « Ce vertige de la députation en avait gagné d'autres » (Flaubert).

vertige nom masculin (latin vertigo, -inis, de vertere, tourner) Peur, malaise ressentis au-dessus du vide, se traduisant par la sensation d'être attiré par celui-ci et par des pertes d'équilibre : Avoir le vertige en montagne. Sensation erronée de déplacement du corps par rapport à l'espace environnant, ou de l'espace par rapport au corps, liée à un déséquilibre entre les deux appareils vestibulaires. Trouble, exaltation, égarement dû à quelque chose d'intense : Le vertige de la gloire.vertige (citations) nom masculin (latin vertigo, -inis, de vertere, tourner) Henri Alban Fournier, dit Alain-Fournier La Chapelle-d'Angillon, Cher, 1886-bois de Saint-Rémy, Hauts de Meuse, 1914 L'amour comme un vertige, comme un sacrifice, et comme le dernier mot de tout. Correspondance avec Jacques Rivière Gallimard Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Je n'ai jamais rien demandé à ce que je lis que le vertige. J'abats mon jeu Éditeurs français réunis Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n'est pas digne d'être vivant. Van Gogh, le suicidé de la société Gallimard Pierre Emmanuel, pseudonyme littéraire devenu le patronyme légal de Noël Mathieu Gan, Pyrénées-Atlantiques, 1916-Paris 1984 L'honneur de l'homme est d'atteindre à ce centre où la certitude se fait vertige et le vertige certitude. Versant de l'âge Le Seuil Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges. Une saison en enfer, Délires II vertige (synonymes) nom masculin (latin vertigo, -inis, de vertere, tourner) Peur, malaise ressentis au-dessus du vide, se traduisant par la...
Synonymes :
- tournis (familier)

vertige
n. m.
d1./d Sensation de perte d'équilibre et de tourbillonnement éprouvée à la vue du vide.
|| Par ext. Toute sensation d'étourdissement et de perte d'équilibre. Avoir des vertiges.
d2./d Fig. égarement des sens ou de l'esprit.

⇒VERTIGE, subst. masc.
A. — 1. Sensation donnant à une personne l'illusion que son corps ou que les objets environnants sont animés d'un mouvement de rotation ou d'oscillation. Synon. éblouissement, étourdissement, tournis (pop., fam.). Léger, petit vertige; vertige de la valse, de la vitesse. Elle s'en alla, dans un vertige qui faisait tourner les meubles autour d'elle; tandis que ces mots prononcés par Mme de Guiraud retentissaient à ses oreilles sonnantes (ZOLA, Page amour, 1878, p. 1007).
Littér., poét. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges (RIMBAUD, Saison enfer, 1878, p. 228). Ah! cesse de pencher Vers mon front tes cheveux où l'azur étranger D'un ciel de rêve a répandu son bleu vertige (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 60).
2. Sensation angoissante de perte d'équilibre et de chute éprouvée au-dessus du vide qui semble exercer une attraction irrésistible. Vertige des abîmes, du vide; impression, moment, sensation de vertige; peur du vertige; le vertige prend, saisit, cesse, se dissipe; être pris de vertige; être en proie au vertige. Toi, quand nous sommes montés sur le pont transbordeur, tu n'osais pas regarder en bas, tu avais le vertige, il te semblait que tu allais tomber (PAGNOL, Marius, 1931, II, 6, p. 147). Lewis se mit à rire: « Je ne vous ai jamais dit que j'ai un vertige terrible dès que je suis à deux mètres du sol? Je suis monté sans m'en apercevoir, mais je ne pourrai jamais descendre (...) » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 428).
Donner le vertige. Donner le tournis (par sa hauteur, sa profondeur, son mouvement). Un vieil ours pelé (...) revenait et refaisait trois petits pas et ainsi de suite, indéfiniment, à donner le vertige (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 8).
P. métaph. L'amour, où glissent les âmes, Est un précipice; on a Le vertige au bord des femmes Comme au penchant de l'Etna (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 158).
3. Spécialement
a) PATHOL., usuel. Sensation accompagnée de troubles divers (nausée, vomissement, perte d'équilibre, surdité) due à certaines affections du système nerveux central ou à des troubles de l'oreille interne. Vertige auriculaire, laryngé, stomacal; vertige de position; avoir des vertiges au lever. Mon état de santé alla empirant (...), des vertiges m'obligeaient à demeurer longuement étendue dans le jardin (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 241).
b) PATHOL. ANIM. Vertige essentiel. Encéphalite chez le cheval. (Ds LITTRÉ-ROBIN 1855). Synon. vertigo. Vertige abdominal symptomatique. ,,Maladie intestinale du cheval`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975).
B. — État d'égarement ou d'étourdissement passager d'une personne dominée par une émotion intense ou placée dans une situation difficile. Vertige amoureux; vertige des sens; être pris de vertige. « Et pour les séductions du doute... Car c'est un reste de romantisme: on tire un peu vanité de son vertige, on se flatte de subir un tourment supérieur... »« Ça, pas du tout, Monsieur l'abbé », s'écria Antoine. « Je ne connais ni ce vertige, ni ce tourment, ni tous ces fumeux états d'âme, dont vous parlez (...) » (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1382). Elle éteignit la lampe, et il était couché dans ces ténèbres comme au fond d'une mer dont il eût senti sur lui le poids énorme. Il cédait à un vertige de solitude et d'angoisse (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 193).
Littér. Vertige de. Ivresse, tentation, aspiration à quelque chose. Vertige de la gloire, de la liberté, de l'orgueil. Tout le charme de l'existence la grisait, lui montait à la tête et l'étourdissait. Elle subissait le vertige du luxe, des toilettes, des bijoux et des réceptions, du théâtre et des soirées (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 471).
Expr. et loc. fig.
Vieilli, littér. Esprit de vertige. [D'abord dans la lang. biblique et relig.] Esprit de folie passagère, d'erreur ou d'aveuglement. Quand Dieu prépare (...) une de ces grandes calamités que sa colère envoie sur les peuples, un esprit de vertige les précède, et le sens humain est comme renversé (LAMENNAIS, Religion, 1826, p. 249). Que se passe-t-il donc? quel esprit de vertige s'est emparé de ma paisible ville? Est-ce que nous allons devenir fous? (MORAND, New-York, 1930, p. 279).
Donner le vertige. Impressionner fortement, exalter, étourdir. Cette pensée lui donne un peu le vertige. Il a besoin de s'arrêter encore (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 116). C'était le beau temps des conférences (...), des premières communions sensationnelles, des mariages qui donnaient le vertige à des faubourgs entiers (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 86). Loc. adj. À donner le vertige. Très impressionnant. J'ai devant moi une vie toute neuve, qui me paraît immense, à donner le vertige (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 341). C'est à donner le vertige. C'est fou, c'est terrible. Vu l'exposition des Primitifs français. Quelques pièces d'une beauté extraordinaire, mais en quel petit nombre! C'est à donner le vertige de penser qu'il en reste si peu (BLOY, Journal, 1904, p. 235).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1611 « étourdissement passager où l'on croit voir les objets tourner autour de soi » (COTGR.); 2. a) 1681 esprit de vertige « folie passagère d'inspiration divine » (BOSSUET, Hist., III, 7 ds LITTRÉ); b) 1688 « trouble passager de l'esprit, égarement » (MIEGE); 3. 1782 « impression de chute qu'éprouvent certaines personnes au-dessus du vide » (ROUSSEAU, Confessions, 1re part., livre 4 ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, 1959, p. 173). Empr. au lat. vertigo « mouvement de rotation, tournoiement », « vertige, étourdissement, éblouissement » de vertere « tourner », « retourner, renverser », « changer, convertir, transformer ». Fréq. abs. littér.:1 404. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 061, b) 2 024; XXe s.: a) 2 212, b) 2 650.

vertige [vɛʀtiʒ] n. m.
ÉTYM. 1611; vertigine, v. 1370; lat. vertigo, ginis « mouvement tournant », de vertere « tourner ».
1 Impression par laquelle une personne croit que les objets environnants et elle-même sont animés d'un mouvement circulaire ou d'oscillations et qui peut s'accompagner de troubles de l'équilibre. Éblouissement, entêtement (vx), étourdissement, tournis (fam.). || Avoir, éprouver un vertige, des vertiges (→ Pléthore, cit. 2; et aussi Avoir la tête qui tourne, voir tout tourner). || Être pris de vertige (→ Presque, cit. 10). || Avoir le vertige à la vue d'un précipice ( Acrophobie; → Parapet, cit. 1), d'un espace vide… ( Agoraphobie). || Le vertige faisait tourner, danser (cit. 11) devant ses yeux maisons et passants. || Vertige accompagné de sueurs, suivi d'évanouissement. || Vertige à cause physiologique, nerveuse, toxique, digestive.
0.1 Louis Cornbutte ne voulut cependant pas revenir sans rapporter quelque viande fraîche, et il continua sa route; mais il éprouvait alors un sentiment singulier, qui lui tournait la tête. C'était ce qu'on appelle le vertige blanc.
En effet, la réflexion des monticules de glaces et de la plaine le saisissait de la tête aux pieds, et il lui semblait que cette couleur le pénétrait et lui causait un affadissement irrésistible. Son œil en était imprégné, son regard dévié. Il crut qu'il allait devenir fou de blancheur.
J. Verne, Un hivernage dans les glaces, p. 310.
1 Le vertige qui nous prend sur les hauteurs est une maladie véritable, qui vient de ce que nous mimons la chute et les mouvements désespérés d'un homme qui tombe. Ce mal est tout d'imagination.
Alain, Propos, 5 mars 1922, « La fin des oracles ».
Par métaphore (→ 1. Dire, cit. 115). — Poét., littér. || L'obscurité nocturne est pleine d'un vertige (→ Submerger, cit. 3, Hugo). || Silence plein de vertiges (→ Formidablement, cit. 1). — ☑ Fig. À donner le vertige : très haut, très impressionnant. Par plais. (→ Pantalon, cit. 6).
2 (1688). Fig. Égarement d'une personne placée dans une situation qu'elle ne maîtrise pas. Égarement, folie, trouble (→ Équilibrer, cit. 8). || Un vertige de terreur, de joie. || L'empire qu'il a sur les choses remplit l'homme d'un singulier vertige (→ Découverte, cit. 11). || Vertige qui prend un jeune répétiteur (cit. 1) à ses débuts. Frisson, peur. || Le vertige de la gloire, que donne la gloire. Fumée, ivresse.Le vertige de… : la tentation de… || Le vertige de l'irrationnel (→ Illuminer, cit. 26). || Être pris du vertige de la rapidité (→ Méticulosité, cit.).
2 Ce vertige de la députation en avait gagné d'autres.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, VI.
3 (…) je crois qu'il est impossible de ne pas éprouver une espèce de vertige, à ces premiers contacts avec la Science, lorsqu'on commence à distinguer (…) quelques-unes de ces grandes lois qui ordonnent la complexité universelle !
Martin du Gard, Jean Barois, I, Compromis symboliste, I.
4 Deux vertiges attirent l'homme, quand l'aisance et la sécurité ne le satisfont plus, quand lui pèse la sûre et prudente soumission à la règle.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 70.

Encyclopédie Universelle. 2012.