YORUBA
YORUBA ou YOROUBA
Ethnie du Sud-Ouest nigérian, les Yoruba, qui sont au nombre de 20 millions environ (22 p. 100 de la population nigériane) dans les années 1990, occupent une situation prédominante dans la région située entre la côte des Esclaves et le fleuve Niger; ils forment la presque totalité de la population des États de Kwara, d’Oyo, d’Osun, d’Ogun, d’Ondo et de Lagos. Les Yoruba occupent également des zones au Bénin (500 000) et au Togo. Depuis le XVe siècle, ils ont constitué une grande partie sinon la majorité des esclaves importés en Amérique du Sud (Brésil), aux Caraïbes et à Cuba.
Malgré la diversité de leurs activités et de leurs modes de vie, les royaumes yoruba déterminent leur unité par une langue, une culture et une origine communes. Oduduwa, leur ancêtre, fils du dieu suprême, a conquis le territoire au XIe siècle et l’a organisé en plusieurs cités: Ife, ville sacrée considérée par les Yoruba comme le berceau de leur civilisation, et siège de l’oni , chef religieux; Oyo, gouverné par l’alefin , descendant du plus jeune fils d’Oduduwa.
Les Yoruba sont un des rares peuples de l’Afrique noire à avoir élaboré une civilisation urbaine; en 1826, le capitaine Clapperton dénombrait cinquante-cinq villes dont plusieurs de plus de 20 000 habitants. L’histoire de cette région fut dominée par le royaume d’Oyo qui eut la prééminence sur les autres jusqu’au début du XVIIIe siècle. Affaiblis par des luttes intestines, les royaumes d’Ilorin et de Old Oyo furent conquis par les Peul respectivement le premier en 1821, le second en 1837.
Les Yoruba possédaient une forte organisation familiale et un appareil politique important. Les familles (ebi ) étaient rassemblées au sein de patrilignages (agbole ), travaillant une même terre inaliénable. À la tête de chaque cité se trouvait un oba , personnage sacré ne sortant de son palais que voilé. Symboliquement au-dessus des contingences biologiques, il était censé ne pas manger, ne pas boire, ne pas mourir. Il assumait tous les pouvoirs, assisté d’un Conseil d’État (Ogboni ) composé de chefs de lignages et de représentants des différentes professions. La religion yoruba comporte un panthéon imposant de quatre cents dieux (orisha ), ancêtres des lignages ou esprits des forces de la nature. Elle continue d’exister, malgré la constante progression de l’isl m, introduit par les Peul à la fin du XVIIIe siècle et qui l’emporte sur le christianisme, car il autorise la polygamie et dérange moins l’ordre social traditionnel.
Les principales cultures sont l’igname, le palmier à huile, le cola et le coton. S’y sont ajoutées celles du cacao, du maïs, du manioc, de l’arachide apportés d’Amérique à l’époque de l’esclavage. L’artisanat a toujours été important. Forgerons, potiers (qui utilisent la méthode du colombin), tisserands (hommes et femmes, sur des métiers verticaux et horizontaux), menuisiers... étaient organisés en guildes protégeant leurs intérêts. Les grandes agglomérations, l’emploi de techniques avancées (outils en fer) et l’utilisation d’une monnaie indigène ont fait de la société yoruba une civilisation élaborée: économie diversifiée, métiers spécialisés, commerce important.
Actuellement, les Yoruba participent activement à la vie nigériane tant aux niveaux économique, administratif que culturel (l’écrivain de culture yoruba Wole Soyinka fut le premier Africain à recevoir le prix Nobel de littérature en 1986).
● yoruba nom masculin Langue nigéro-congolaise du groupe kwa, parlée par les Yorubas.
Yoruba ou Yorouba
population établie dans la partie occidentale du Nigeria et au Bénin (env. 20 millions de personnes). Ils parlent le yorouba, qui comprend de nombreux dialectes.
— Descendants des fondateurs des royaumes d'Ife et du Bénin (dont l'apogée se situe au XVIe s. pour le premier et au XVIIe s. pour le second), ils ont développé un art rappelant le style de cour de leurs ancêtres, qui travaillèrent bronze, ivoire, pierre et terre cuite, mais faisant un large appel au bois: des statuettes représentent des dieux du panthéon yorouba ou des personnages importants; des masques, souvent polychromes, peuvent être monumentaux; leur patrimoine artistique comprend aussi des poteaux, des portes sculptées de panneaux, ainsi que des poteries et des tissus.
ÉTYM. D. i.; mot de cette langue.
❖
♦ Ethnie africaine vivant au Nigéria, au Bénin et au Togo. || « Dans le Haut-Dahomey actuel, le royaume yoruba de Kétu fut détruit graduellement » (Jean Ziegler, Main basse sur l'Afrique, p. 80).
♦ N. m. Langue africaine du groupe kwa, parlée surtout au Nigéria. || « Le yoruba standard, véritable langue véhiculaire de tout le quart sud-ouest du pays (Nigéria), est plus particulièrement fondé sur les dialectes proches de la région d'Ibadan » (G. Hérault, les Langues kwa, in les Langues dans le monde…, p. 142; C. N. R. S.).
➪ tableau Classification des langues.
Encyclopédie Universelle. 2012.