Akademik

affiler

affiler [ afile ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; lat. pop. °affilare, de filum « fil (de l'épée) »
1Donner le fil à (un instrument tranchant) en émorfilant; rendre à nouveau parfaitement tranchant (un instrument ébréché, émoussé). affûter, aiguiser; repasser.
2Loc. (XIIIe) Avoir la langue (bien) affilée : être très bavard, et spécialt très médisant (cf. Avoir la langue bien pendue).

affiler verbe transitif (latin populaire affilare, aiguiser, de filum, fil tranchant) Donner du fil à un outil tranchant après l'avoir affûté. ● affiler (homonymes) verbe transitif (latin populaire affilare, aiguiser, de filum, fil tranchant) affilé adjectif affilée locution adverbiale affiliez affilier verbeaffiler (synonymes) verbe transitif (latin populaire affilare, aiguiser, de filum, fil tranchant) Donner du fil à un outil tranchant après l'avoir affÛté.
Synonymes :
- affûter
Contraires :
- émousser

affiler
v. tr.
d1./d Donner du fil à, aiguiser. Affiler un rasoir.
|| Fig. Avoir la langue bien affilée: être médisant ou caustique.
d2./d (Québec) Tailler en pointe. Affiler un crayon.

I.
⇒AFFILER1, verbe trans.
I.— [L'idée dominante est celle de tranchant]
A.— Emploi trans.
1. TECHNOL. GÉN. et lang. commune.
a) Donner du fil à un objet dont le tranchant est émoussé. Affiler le tranchant d'un rasoir, d'un couteau, d'un coutelas, d'un sabre (Ac. 1835-1932) :
1. Aux bergers d'Arabie, couchés pour boire la rosée de la nuit, tu crieras d'affiler leurs cimeterres, de seller leurs chevaux, de rouler leurs turbans sur leurs têtes, d'aiguiser leurs éperons d'argent, pour emporter en croupe dans leurs tentes un tronc de peuple décapité que mon maître leur veut donner.
E. QUINET, Ahasvérus, 1833, p. 142.
2. — Mademoiselle, lui dis-je, je crois que j'ai à vous remercier d'un présent que vous m'avez envoyé quand j'étais en prison. J'ai mangé le pain, la lime me servira pour affiler ma lance, et je la garde comme souvenir de vous; ...
P. MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 41.
3. C'est, à l'aide d'une pierre à repasser, donner le fil à un instrument tranchant. On dit : affiler une serpette, un greffoir etc. Les jardiniers disent souvent mais à tort : aiguiser.
E.-A. CARRIÈRE, Encyclopédie horticole, 1862, p. 10.
4. On dit encore qu'on affile les dents d'une scie qui ne coupe plus quand on les aiguise à la lime. On se sert pour cela de limes triangulaires (tiers points), et de limes rondes (queues de rat). Avec les premières, on affile le bout du tranchant des dents, avec les secondes on approfondit les parties arrondies entre les dents de scie.
CHABAT t. 1 1875.
5. Delhomme s'arrêta, se tint debout, très grand au milieu des autres. Dans son goujet, la corne de vache pleine d'eau, pendue à sa ceinture, il avait pris la pierre noire, et il affilait sa faux, d'un long geste rapide. Puis, son échine de nouveau se cassa, on entendit le fer aiguisé mordre le pré d'un sifflement plus vif.
É. ZOLA, La Terre, 1887, p. 137.
6. ... il blague Renan d'un mot ordurier, jusque sur les marches de la Madeleine après le sermon, et finit par anathémathiser nos chefs qui « laissent le glaive s'émousser ». Allons, généraux vaincus, frappez d'estoc sur ces têtes civiles, pour que le fer s'affile dans les entailles, et que le sanglant bénisseur puisse renifler ces cadavres à son aise!
G. CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 3.
7. Les outils nécessaires au luthier sont l'établi... la pierre à affiler...
Encyclopédie Roret, Manuel du luthier, 1905.
8. À présent le barbier, pour mener à perfection son ouvrage, étalait à nouveau sur le visage déjà rasé une mousse onctueuse et, du clair d'un second rasoir qu'il affilait au creux de sa main droite, raffinait.
A. GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 798.
9. Je m'emparai des passe-partout pour les limer, des haches pour les affiler, des crics pour les dresser, des toises pour les manier.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 3, 1932, p. 103.
Rem. 1. La pierre à affiler (ex. 7) désigne aussi la pierre à repasser (ex. 3); noter la distinction établie dans l'ex. 3 entre affiler et aiguiser; cette distinction s'estompe dans une lang. moins techn. (ex. 1). 2. L'ex. 2 peut servir de transition entre la valeur a et la valeur b.
b) P. ext. Rendre plus pointu, appointir :
10. Au même instant se leva à mes pieds un vieux petit juif que je n'avais pas encore aperçu jusque-là, tant il était modestement accroupi dans ses haillons; et, collant contre le tableau sa figure amincie et macérée par l'âge et sa longue barbe d'un blanc, aiguisée en alène, comme si elle avait été affilée à la lime et au polissoir : ...
Ch. NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 115.
11. Apportez le bassin, amenez l'enfant, affilez les poinçons : ...
G. FLAUBERT, La Tentation de saint Antoine, 1849, p. 279.
2. Au fig.
a) [L'obj. désigne un organe ou une chose abstr.] Rendre plus aigu, plus pénétrant, plus piquant, etc. :
12. — Pas d'éclat, pas de trait, pas de montant, — mais observant et laissant venir. — Cette petite Caro affilait son œil de colombe en prunelle d'aigle pour voir ce que je pensais de sa belle-sœur.
J. BARBEY D'AUREVILLY, Deuxième Memorandum, 1839, p. 340.
Affiler le caquet à quelqu'un. ,,Le rendre piquant, caustique.`` (Lar. 19e); cf. affilé.
b) [L'obj. désigne une pers.] Rendre plus vif, plus intéressé :
13. La vérité, c'est que Durtal n'était nullement de ceux que les obstacles attirent. Il essayait, une seule fois, de foncer dessus et, dès qu'il jugeait ne les pouvoir culbuter, il s'écartait, sans aucun désir de renouveler la lutte. Si Mme Chantelouve avait voulu l'affiler plus encore par ces escales ménagées et ces retards, elle avait fait fausse route. Il s'émoussait, se sentait, ce matin-là, déjà ennuyé de ces mimiques, las de ces attentes.
J.-K. HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 5.
Rem. Le sens fig. est malaisé à définir, les écrivains s'accordant dans ces emplois une grande liberté que favorisent les synon. et anton. de affiler et de aiguiser.
c) Régional
14. Lancer, jeter. (...) Il a affilé son chien sur le mien. Voy. Enfiler.
H. COULABIN, Dict. des locutions populaires du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891.
♦ Préparer :
15. Affile-toi ben : prépare-toi bien.
Canada 1930.
♦ Amadouer :
16. Il a commencé par m'affiler avec de belles paroles.
Canada 1930.
B.— Emploi pronom. passif. S'affiler. Être affilé.
Rem. BESCH. 1845 note que cet emploi est omis dans les dict. et donne cet ex. : ,,Les couteaux et autres instruments grossiers s'affilent à sec.`` (Lenormand). Ex. repris par Lar. 19e et Nouv. Lar. ill.
II.— [L'idée dominante est celle de minceur]
A.— Rendre mince comme des fils.
1. ARTS MÉT. Effiler (un lingot d'or ou d'argent) en le faisant passer dans une filière.
Rem. Attesté ds C.-M. GATTEL, Nouveau dict. portatif de la langue française, 1797; Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, DG.
2. AGRIC. [En parlant de la gelée] Rendre (les fanes des blés) minces comme des fils.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.
B.— Région. [En parlant d'une vache] Faire couler son lait d'un seul filet et d'abondance :
17. Affiler. (...) Donner son lait sans difficulté et d'un jet continu, en parlant d'une vache. Syn. de s'Alayer.
VERR.-ON. t. 1 1908, p. 18.
II.
⇒AFFILER2, verbe trans.
HORTIC., vx. Planter en files :
Des quinconces, des boulingrins;
Des châtaigniers; des plants de fleurs formant la dune;
Ici, des rosiers nains qu'un goût docte affila;
Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune
D'un soir d'été sur tout cela.
P. VERLAINE, Poèmes saturniens, 1866, p. 71.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., DG, Lar. 20e. BESCH. 1845, note cependant qu'on ,,se sert mieux`` de aligner, DG précise que l'emploi est ,,vieilli`` et Lar. 20e, qu'il est ,,vieux``.
Prononc. — 1. Forme phon. :[afile], j'afile []. Enq. :/afil/. 2. Dér. et composés : affilage, affileur. Cf. fil.
Étymol. ET HIST. — 1. 1100 « couler en filet » (Roland, éd. Bédier, 1657 : Sur l'erbe verte li cler sancs s'en afilet); au Moy. Âge seulement; 2. Fin XIIe s. « affûter » (Renart, VIV, 375 ds DG :Rasoir... Bien trancant et bien afilé); 3. 1701, FUR. : ... Affiler est aussi un terme de Tireur d'or. Il signifie, Mettre le lingot d'or ou d'argent dans la filière. Affiler un lingot d'or; affiler une verge d'or ou d'argent; 4. 1701, FUR. : ... affiler est encore un terme de jardinier. Il signifie planter à la ligne : Affiler des arbres; qualifié de vieilli par DG.
1 et 2 empr. au lat. pop. affilare, étymon préférable à une dérivation de fil aux sens « courant en forme de filet » et « tranchant d'un instrument » étant donné la représentation du mot dans la Romania, voir REW3, 260; affilare dér. de filum (cf. avec 2 filum au sens de « fil, tranchant métallique » dep., ENN., Ann., 253 ds TLL s.v., 763, 18; cf. avec 1 b. lat. filare « couler », VEN. FORT. Mart., 3, 112, ibid. s.v., 760, 36 : sanguine concreto stillans... turgida plaga necem vomuit de vulnere filans); 3 dér. de fil « métal étiré en forme de fil »; 4 dér. de file; préf. a-, dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. litt. :16.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARB.-CARD. 1963. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — Canada 1930. — CHABAT t. 1 1875. — CHESN. 1857. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — HANSE 1949. — LE ROUX 1752. — THOMAS 1956.

affiler [afile] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe; lat. pop. affilare, de filum « fil (de l'épée) ». → Fil.
———
I
1 Donner le fil (à), aiguiser le tranchant de (un instrument, un outil) en émorfilant. || Affiler un couteau, un rasoir. Aiguiser, affûter, émorfiler, émoudre. || Le faucheur affile sa faux. || Affiler des couteaux à la meule.Absolt. || Pierre à affiler.
0.1 (…) le barbier, pour mener à perfection son ouvrage, étalait à nouveau sur le visage déjà rasé une mousse onctueuse et, du clair d'un second rasoir qu'il affilait au creux de sa main droite, raffinait.
Gide, les Caves du Vatican, in Romans, Pl., p. 798.
Rendre plus pointu. Appointir.
2 Fig. Rendre plus aigu, plus pénétrant (une chose abstraite, un sentiment, un organe, etc.).
1 Le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes; nos péchés en ont affilé le tranchant fatal (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
Affiler sa langue. → ci-dessous, Avoir la langue bien affilée.
———
II Techn. Rendre mince comme des fils. Amincir. || Affiler un lingot d'or : le faire passer dans une filière pour l'étirer en forme de fil.
——————
affilé, ée p. p. adj.
1 Tranchant, aiguisé. || Un couteau (cit. 1) bien, très affilé. || Une lame affilée comme un rasoir.Par ext. || Un tranchant affilé.Par métaphore :
2 (…) effrayée de découvrir qu'un muscle perd sa vigueur, un désir sa force, une douleur la trempe affilée de son tranchant (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 6.
Pointu. || Le bec affilé d'un oiseau.Un nez affilé.
Par anal. Littéraire :
2.1 La marquise Guy de Ruy — une vieille mécontente, aux yeux bleus, froids et affilés, mais moins froids que son cœur et moins affilés que son esprit.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le plus bel amour de Don Juan ».
Abstrait (en parlant d'un sentiment, d'une partie du corps, etc.). Pénétrant, vif. || Une intelligence affilée. Aigu, incisif.
2 Loc. Avoir la langue (bien) affilée, avoir le caquet bien affilé : être très bavard. (Se dit surtout d'une personne médisante, perfide).
3 Vous avez le caquet bien affilé pour une paysanne.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
Loc. Par métonymie (personnes). || Être bien affilé, bien affilé du bec (Nerval, L. Bloy, in T. L. F.).
REM. L'emploi du verbe, dans ce contexte, est archaïque.
4 Les uns affilent leurs langues de serpent.
Fléchier, Sermon, I, 331, in Littré.
3 Régional (Canada). || Être mal affilé contre qqn : être mal disposé envers quelqu'un.
CONTR. Émousser.
DÉR. Affilage, affileur, affiloir, affiloire.

Encyclopédie Universelle. 2012.