BERNE
BERNE
Capitale de la Confédération helvétique et chef-lieu du canton qui porte son nom, Berne est une ville de l’avant-pays, proche de la limite entre la Suisse allemande et la Suisse romande.
Au site défensif que lui confère un méandre de l’Aar, elle adjoint une position de carrefour entre la rocade qui longe le rebord alpin et les routes transversales qui relient le Jura à l’intérieur des montagnes. Mais le facteur historique a été aussi déterminant que l’élément géographique. Le cours sinueux de l’Aar s’est enfoncé dans les dépôts du glacier würmien, plans doucement inclinés vers le nord-ouest, les champs (Felder ) adossés à une moraine frontale en fer à cheval. Le plus méridional de ces méandres, fermé de trois côtés, a été occupé dès l’âge du fer par les Celtes, puis à l’époque romaine et, surtout, à l’époque féodale. La dynastie des Zähringen jalonne le moyen pays de villes fortifiées de Fribourg à Berthoud. Elle fonde Berne en 1191. Le bourg des Zähringen (1191-1250) résiste aux Kybourg, puis aux Habsbourg, en s’alliant aux communautés de la Suisse primitive. En 1353, la ville entre dans la Confédération, dont elle devient l’un des cantons dominants. Berne, bastion de la lutte contre la féodalité, est fortement marquée, dans sa psychologie, par les contraintes politiques; discipline, esprit militaire et administratif, empirisme pratique sont les composantes de son tempérament. La cité étend son pouvoir sur les trois grandes régions naturelles de la Suisse: les Alpes, par la conquête des vallées de l’Oberland et des passages vers l’Italie; le moyen pays du Nord, par la conquête du pays-sujet d’Argovie et, après 1536, celle du pays de Vaud; le Jura, enfin, après son retrait de l’ancien évêché de Bâle en 1815. Ce démembrement est à l’origine des tendances séparatistes actuelles de cette contrée. L’oligarchie patricienne et militaire est, pendant des siècles, essentiellement terrienne. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour que l’organisme urbain perde ce caractère rural. En 1848, Berne est promue capitale fédérale. Entre 1858 et 1912, elle est densément reliée aux lignes ferroviaires suisses et aux réseaux étrangers (tunnels du Moutier-Granges, sous le Jura, et du Lötschberg, vers le Simplon). La ville abat les fortifications qui, depuis 1621, fermaient la boucle de l’Aar. Elle construit des ponts pour s’étendre sur les hautes terrasses, au-delà du fleuve, qui se couvrent de faubourgs résidentiels et industriels. À la vieille cité historique, die Stadt , s’accole la Berne fédérale, avec les bâtiments administratifs (palais fédéral), les ambassades, les sièges d’institutions internationales (Union postale universelle, Bureaux internationaux pour la propriété littéraire, artistique et industrielle). C’est une métropole à dominante tertiaire, peuplée de fonctionnaires cantonaux et fédéraux, d’universitaires, de commerçants. L’industrie est représentée par des fabrications très variées (textile et confection, imprimerie, alimentation, meuble, travail des métaux, construction de machines, équipement électrique, produits chimiques et pharmaceutiques). La croissance a été régulière, surtout depuis 1900, dans une aire urbaine qui s’étend largement autour de l’ancienne cité patricienne devenue une city administrative et touristique. La population est passée de 112 000 habitants en 1930 à 134 400 en 1992. Mais l’agglomération du Grand Berne approche les 300 000 âmes avec ses satellites (Bumplitz, Köniz, Muri, Wabern, Ostermundigen, Bremgarten).
1. berne [ bɛrn ] n. f.
• 1680; « couverture » 1625; « manteau de femme » 1534; de berner
♦ Vx Mauvais tour ou brimade consistant à faire sauter qqn en l'air sur une couverture tenue par plusieurs personnes. ⇒ berner.
berne 2. berne [ bɛrn ] n. f.
• 1676; p.-ê. de berme
♦ Mar. Pavillon en berne, hissé à mi-drisse en signe de deuil ou de détresse. — Par ext. Drapeau en berne, non déployé, roulé. Mettre les drapeaux en berne.
● berne nom féminin (néerlandais berm, bord) Drapeau, pavillon en berne, drapeau incomplètement déployé ou pavillon hissé à mi-drisse en signe de deuil (sur les édifices publics, sur les navires de guerre). ● berne (expressions) nom féminin (néerlandais berm, bord) Drapeau, pavillon en berne, drapeau incomplètement déployé ou pavillon hissé à mi-drisse en signe de deuil (sur les édifices publics, sur les navires de guerre). ● berne (homonymes) nom féminin (néerlandais berm, bord) berne forme conjuguée du verbe berner bernent forme conjuguée du verbe berner bernes forme conjuguée du verbe berner
Berne
capitale de la Suisse et ch.-l. du canton de Berne, sur l'Aar; 139 590 hab. Centre industr., culturel et tourist.
— Cath. goth. (XVe-XVIe s.); hôtel de ville (XVe s.); tour de l'Horloge; musée des Bx-A.; fondation Paul-Klee.
— Fondée en 1191 par Berthold V de Zähringen, Berne devint libre en 1218 et entra dans la Confédération helvétique en 1353. Elle s'empara d'une partie de l'Argovie (1415) et du pays de Vaud (1536). En 1528, elle adopta la Réforme. Aux XVIIe et XVIIIe s., plusieurs rébellions se dressèrent contre l'oligarchie en place. Sous la Révolution française, les Français pillèrent son trésor et amputèrent le cant. de l'Argovie et du pays de Vaud. En 1848, Berne devint la cap. fédérale de la Suisse.
— Canton de Berne: 6 049 km²; 956 600 hab.; ch.-l. Berne; le Jura francophone s'en est détaché en 1974.
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Berne
n. f. (Belgique, France rég.) V. berme (sens 2).
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Berne
n. f. MAR Mettre un pavillon, un drapeau en berne, le hisser à mi-mât seulement, en signe de détresse ou de deuil.
|| Mettre les drapeaux en berne: descendre à mi-mât les drapeaux des édifices publics, ou les attacher pour qu'ils ne flottent pas, en signe de deuil.
I.
⇒BERNE1, subst. fém.
A.— MAR. Pavillon en berne. Pavillon roulé sur lui-même ou placé à mi-hauteur, pour différentes raisons qui ont évolué au cours des siècles et suivant la nature du bâtiment : deuil, signal de détresse, appel de l'équipage à bord, demande d'un pilote à l'entrée d'un port. Mettre le pavillon en berne (Ac. 1835-1932) :
• 1. Je vous écris oppressé. Il y a ici une catastrophe. Un packet s'est perdu (...). L'île est en deuil, les pavillons sont en berne, les maisons fermées.
HUGO, Correspondance, 1870, p. 244.
— P. méton. C'est un charbonnier [navire] qu'on signale. (...) il arrive en berne (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 141).
— P. ext., rare. Un beau bric (...) entrait, les vergues en berne (Du CAMP, En Hollande, 1859, p. 146).
B.— Cour. Drapeau en berne. Drapeau élevé à mi-hauteur ou roulé sur lui-même sur un édifice public, en signe de deuil, de telle sorte qu'il ne flotte pas :
• 2. L'institutrice (...) avait fermé les fenêtres de l'école et mis son drapeau en berne.
DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 102.
— P. métaph. :
• 3. Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination.
BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1930, p. 17.
• 4. Veuve de pied en cap et le regard même en berne, empaquetée dans ses voiles, s'avance une vieille Andromaque...
H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 235.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1676 mar. mettre le pavillon en berne (POMEY, Dict. royal, éd. 1684, 103 dans BARB. Misc. I, n° 9 : Berne, mettre le pavillon en berne, le fouler, le plier. Vexillum contrahere); 1728 mettre le pavillon en berne (I. MARIN, Dict. complet françois et hollandois, 106, ibid. : Berme. On dit en terme de marine, mettre le pavillon en berme, le tenir ferlé et le faire courir le long de son baston). Prob. ext. de sens propre au fr. à partir du néerl. berm « bord », v. berme1 (BARB., loc. cit.; VALKH., p. 59; BOULAN, p. 134) avec délabialisation de l'm précédé de r; selon BARB. et FEW t. 15, 1, p. 96, parce que le pavillon glisse le long du mât, comme le promeneur le long d'une berge; selon BL.-W.5 parce que le pavillon, roulé sur lui-même, prend l'aspect d'un bord, d'un ourlet. Fréq. abs. littér. :14.
BBG. — BARB. Misc. 1 1925-28, pp. 24-27. — BOULAN 1934, p. 134.
II.
⇒BERNE2, subst. fém.
A.— TEXT., vx. Grande pièce d'étoffe et particulièrement de laine.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
— P. ext., HABILL. Grand manteau sans manches, porté autrefois par les femmes et encore en usage dans certains pays comme l'Irlande.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
B.— JEUX. Brimade consistant à mettre quelqu'un dans une couverture et à le faire sauter en l'air. Cela mérite la berne (Ac. 1798-1878); ... le jeune Alphonse Mancini ... fut blessé au jeu de berne (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 405).
Rem. Attesté dans tous les dict. généraux.
— P. métaph. Raillerie, tromperie :
• ... une compagnie qui se laissait de si bon cœur donner la berne était tout au plus digne de mon mépris; et cette pensée suffit à me dégoûter du succès trop aisé de ma feinte.
MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 197.
Étymol. et Hist. I. 1532 bergne « sorte de manteau de femme » (Inventaire des Robbes et cottes et draptz de soye estant es garderobbes de la Royne, Plessis de Tours, B.N., f° 222 dans BRAULT, Rom. Philol., t. 15, 1961, p. 131 : Une bergne des Indes à deux endroictz); 1534 berne (RABELAIS, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, I, 56 dans HUG. : En esté quelques jours en lieu de robbes portoient belles Marlottes des parures susdictes, ou quelques bernes à la Moresque de velours violet à frizure d'or sus canetille d'argent, ou à cordelières d'or). II. 1. 1611 berne « van, crible » (COTGR.); p. ext. (cf. berner) 1625 « couverture » (Inventaire de la maison noble de la Levrandière au XVIIe s., éd. Barbier de Montault, Vannes, 1892, p. 4 : une coitte avec son travers lit, une couverte de drap et une berne dessus); 2. 1646 « couverture sur laquelle on fait sauter qqn pour s'en moquer » (MAYNARD, Œuvres, Paris, 1646, p. 77 : Denis, crains-tu pas qu'une berne Te fasse baiser l'arc-en-ciel?); d'où 3. 1680 « tour que l'on jouait à qqn en le faisant sauter en l'air sur une couverture » (RICH.). I est empr. à l'esp. bernia « id. », attesté dep. 1490 (Inv. de Gómez Manrique d'apr. COR. t. 1, et AL. t. 1 s.v.) qui est, soit issu de Hibernia, nom lat. de l'Irlande (bernia est défini par vestis ibernica dans NEBRIJA, Vocabulario de Romance en Latín, 1492, cité par GILI t. 1, s.v.), soit d'orig. ar. (cf. supra, bernes à la moresque, et forme cat. albèrnia; v. COR., loc. cit., D. Griffin (v. bbg.), Brault, Rom. Philol., t. 15, 1962, p. 131). L'ital. bèrnia donné comme étymon du fr. par SAIN. Lang. Rab. t. 2, p. 87, BARB. Misc. 1, n° 8, EWFS2, DEI, s.v. bèrnia, est plus tardif que l'esp. (2e quart du XVIe s. d'apr. BATT. t. 2, s.v.) et lui emprunté. Ne peut provenir de Berne, nom d'une monnaie dépréciée du Béarn et anc. nom de cette province (E. G. LINDFORS-NORDIN, Berne ... Berner, Stockholm 1948), le nom usuel de cette monnaie étant au XVIe s. vache de Béard (à cause des vaches figurant sur les armoires de cette province) et non berne (cf. textes des ordonnances de 1532, 33, 36, 38 cités par E. G. LINDFORS-NORDIN); en outre cette hyp. impliquerait que le mot soit né dans le domaine fr., ce qui n'est pas le cas. II est dér. de berner (REW3, EWFS2, DAUZAT 1968, BL.-W.5, BARB., loc. cit., p. 26) qui seul explique le sens se « crible » (cf. supra), mais s'est ensuite prob. confondu avec I. V. aussi SCHMIDT, p. 181, RUPP., p. 103, BRUNOT, t. 2, p. 213. Fréq. abs. littér. :1.
BBG. — BARB. Misc. 1 1925-28, pp. 24-27. — GRIFFIN (D.). French berne, Spanish bernia. Rom. Philol. 1950/51, t. 4, pp. 267-270. — LINDFORS-NORDIN (E. G.). Berne, berner. Expr. rabelaisiennes. Ét. hist. et étymol. Stockholm, 1948, 30 p. [Cr. BOURCIEZ (J.). R. Lang. rom. 1948, t. 70, p. 88].
berne [bɛʀn] n. f.
ÉTYM. 1680; « couverture », 1625; « crible », 1611; de berner « vanner (le blé) », confondu avec berne « manteau de femme », de l'esp. bernia, selon Guiraud berne « couverture » est apparenté au lat. birrus « étoffe grossière ». → Béret.
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1 Vx. Mauvais tour, brimade consistant à faire sauter quelqu'un en l'air sur une couverture tenue par plusieurs personnes (⇒ Berner). || Le jeu de berne.
0 Être poussé d'un coup de berne
Jusqu'à moitié chemin des cieux (…)
2 Rare (déverbal de berner). Tromperie.
Encyclopédie Universelle. 2012.