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amertume

amertume [ amɛrtym ] n. f.
XIIe; lat. amaritudo, inis
1Saveur amère. La légère amertume des endives.
Maladie des vins, qui les rend amers.
2Sentiment durable de tristesse mêlée de rancœur, lié à une humiliation, une déception, une injustice du sort. découragement, dégoût, dépit, mélancolie, rancœur, ressentiment. « Je pensais, plein d'amertume : “pourquoi suis-je sur la terre ?” » (A. Daudet). Caractère de ce qui engendre un tel sentiment. « Toute l'amertume de l'existence » (Flaubert).
⊗ CONTR. Douceur; joie, 1. plaisir.

amertume nom féminin (latin amaritudo) Saveur amère : L'amertume du café. Ressentiment causé par le regret ou la déception : Évoquer avec amertume l'échec de ses projets. Maladie des vins due à des bactéries qui provoquent la production d'acroléine et l'apparition d'une saveur amère. ● amertume (citations) nom féminin (latin amaritudo) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Un cœur est trop cruel quand il trouve des charmes Aux douceurs que corrompt l'amertume des larmes. Cinna, I, 1, Émilie Lucrèce, en latin Titus Lucretius Carus Rome ? vers 98-55 avant J.-C. De la source même des plaisirs surgit je ne sais quoi d'amer qui jusque dans les fleurs prend à la gorge. … medio de fonte leporum Surgit amari aliquid quod in ipsis floribus angat. De natura rerum , IV, 1133amertume (synonymes) nom féminin (latin amaritudo) Saveur amère
Contraires :
- douceur
- suavité
Maladie des vins due à des bactéries qui provoquent la...
Synonymes :
- maladie de l'amer
Ressentiment causé par le regret ou la déception
Synonymes :
- acrimonie
- aigreur
- fiel
Contraires :
- affabilité
- amabilité
- aménité
- contentement
- joie
- satisfaction

amertume
n. f.
d1./d Goût amer. L'amertume de l'aloès, de la bile.
d2./d Fig. Aigreur, mélancolie due à un sentiment de mécontentement, de déception. L'ingratitude de ses enfants le remplissait d'amertume.

⇒AMERTUME, subst. fém.
A.— Au propre. [En parlant d'une boisson, d'un aliment ou d'une substance quelconque] Saveur amère :
1. Il est des laits filants, d'une viscosité accusée, et des laits amers, d'une amertume de bière.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 2, 1928, p. 218.
2. Marie m'a appris un jeu. Il fallait, en nageant, boire à la crête des vagues, accumuler dans sa bouche toute l'écume et se mettre ensuite sur le dos pour la projeter contre le ciel. Cela faisait alors une dentelle mousseuse qui disparaissait dans l'air ou me retombait en pluie tiède sur le visage. Mais au bout de quelque temps, j'avais la bouche brûlée par l'amertume du sel.
A. CAMUS, L'Étranger, 1942, p. 53.
Rem. Syntagmes rencontrés l'amertume de l'absinthe, de l'amande, du fiel, d'un remède, du sel, etc.
P. anal., rare. [En parlant d'une odeur, d'un son] :
3. Une (...) progression chromatique, fondée sur le rappel du sujet initial [du Finale de Prélude, Aria et Finale de Franck] conduit à sa réexposition harmonisée, (...) explosion de douleur (...) rendue plus déchirante (...) par l'amertume (...) de la tonalité de mi mineur.
A. CORTOT, La Musique française de piano, 1re série, 1930, p. 128.
4. ... le parfum des chrysanthèmes, du gros bouquet, s'exaltait avec toutes ses amertumes d'automne...
J. DE LA VARENDE, La Valse triste de Sibélius, 1953, p. 73.
Spécialement
♦ ,,Maladie de certaines boissons alcooliques, caractérisée par le développement de ferments donnant naissance à du gaz carbonique, de l'acide lactique, du mannitol, etc.`` (DUVAL 1959).
MÉD. Amertume de la bouche. Sensation éprouvée par les malades dans de nombreuses affections (cf. NYSTEN 1814-20).
B.— Au fig.
1. Sentiment (ou caractère propre du sentiment) mêlé de découragement et de rancœur, éprouvé à la suite d'un échec, d'une désillusion :
5. En ce moment, il y a mélange dans mon âme, mélange d'amertume et de douceur, confusion de miel et de fiel, pêle-mêle étrange.
M. DE GUÉRIN, Journal intime, 1834, p. 218.
6. ... l'arrivée de ces livres me frappa dans la circonstance où je me trouvais. Je les dévorai avec une amertume et une tristesse sans bornes, le cœur brisé et le sourire sur les lèvres.
A. DE MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 67.
7. Il alla au phono et choisit une pièce qui lui plaisait particulièrement. C'était Bitter Sweet, un air qui exprimait pour lui en ce moment l'amertume et la douceur de leur réunion.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 400.
Rem. Syntagmes fréq. a) l'amertume de l'âme, du cœur, d'une déception, de la pensée, des regrets, des sentiments; b) une coupe d'amertume, un gouffre d'amertume, le pain de l'amertume.
2. Caractère mordant, agressif (du langage, du comportement d'une pers.) où se reconnaît de la rancœur, du ressentiment :
8. Tout ce qu'il y avait en moi de légèreté, de vanité, de puérilité, de sécheresse, d'ironie ou d'amertume d'esprit pendant ces mauvaises années de mon adolescence disparaissait tellement que je ne me reconnaissais plus moi-même.
A. DE LAMARTINE, Raphaël, 1849, p. 193.
9. ... si j'ai laissé échapper des paroles trop vives, qui aient la couleur du reproche ou l'accent de l'amertume...
J. VALLÈS, Les Réfractaires, 1865, p. 112.
10. Mélange de fatuité, d'ironie, d'amertume, qui recouvraient un esprit enthousiaste, emphatique, naïf, mais constamment déçu par la vie.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 967.
Rem. Syntagmes rencontrés l'amertume d'une critique, des propos, des réflexions, d'une reproche, des sarcasmes...
Prononc. :[]. PASSY 1914 attribue à la voyelle de la seconde syllabe une demi-longueur.
Étymol. ET HIST. — 1. 1165 « sentiment de tristesse, mêlé de rancœur » emploi fig. (Les Quatre Livres des Rois, éd. Le Roux de Lincy, 464 ds T.-L. : Et vie a ceaz ki en amertume d'anrmes sunt [in amaritudine animae]); 1170-71 « id. » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cliges, éd. Foerster, 3103, ibid. : tuit autre mal sont amer Fors seul celui qui vient d'amer; Meis cil retorne s'amertume An douçor et an soatume); 2. 1267-68 « saveur amère » sens propre (BRUNETTO LATINI, Li Livres dou tresor, éd. Chabaille 177, ibid. : por oster l'amertume de la mer); 1393 « id. » (Ménagier de Paris, éd. société des Bibliophiles françois, II, 243, ibid. : Que au macher vous n'y puissiez assavourer aucune amertume).
Du lat. amaritudinem, acc. de amaritudo, attesté au sens propre dep. Varron, Rust., 1, 66 ds TLL s.v., 1816, 36 : oleas albas ... propter amaritudinem respuit palatum; au sens fig., dep. Valere Maxime, 4, 8, 3 ibid., 1817, 26 : amaritudinem publicae confusionis privata tranquilitate mitigavit; substitution de la finale - par - (cf. lat. mansuetudinem > a. fr. mansuetume) et réfection du rad. d'apr. amer; la forme a. fr. amertonde (fin XIIe s. Serm. de Sapience ds T.-L.) remonte à la forme avec métathèse amaritunide(m), pour amaritudine(m), Regula ds Mél. Gamillscheg, 1968, p. 479; cf. a. fr. amerté, amarité XIIe s. GDF. (< lat. amaritas, seulement ds Vitruve) évincés par amertume.
STAT. — Fréq. abs. litt. :2 077. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 3 214, b) 3 064; XXe s. : a) 3 258, b) 2 488.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — DAIRE 1759. — DUP. 1961. — DUVAL 1959. — LAF. 1878. — Lar. mén. 1926. — LAV. Diffic. 1846. — NYSTEN 1814-20. — REGULA (M.). Etymologica. In : [Mélanges Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 479.

amertume [amɛʀtym] n. f.
ÉTYM. 1165, au fig. (sens 2.); du lat. amaritudinem, accusatif de amaritudo « amertume », de amarus. → 1. Amer.
1 (1267). Saveur amère. || L'amertume de l'absinthe, de l'aloès. || La légère amertume des scaroles. || Sentir de l'amertume. || Un goût d'amertume.
Maladie des vins, qui les rend amers (→ ci-dessous, cit. 8, par comparaison).
2 (1165). Fig. Sentiment durable de tristesse mêlée de rancœur, lié à une humiliation, une déception, une injustice du sort. Affliction, chagrin, découragement, dégoût, dépit, déplaisir, douleur, humiliation, mélancolie, peine, tourment, tristesse. || L'amertume du regret, d'une déception. || Ressentir de l'amertume, l'amertume de… || Remplir qqn d'amertume. || Adoucir, atténuer, tempérer l'amertume d'un échec. Consoler.Au plur. || Les amertumes de la déception.L'amertume de ses pleurs. || Vie pleine d'amertume. — ☑ Loc. Coupe d'amertume.Cœur gonflé d'amertume. Orgueil (cit. 10).
1 Envoyez-moi son frère, et nous laissez ici.
Sa douleur sera grande, à ce que je présume;
Mais j'en saurai sur l'heure adoucir l'amertume.
Corneille, Rodogune, IV, 4.
2 (…) l'absence jette une certaine amertume qui serre le cœur.
Mme de Sévigné, 433.
3 (…) pour fortifier mon cœur et mon esprit contre les amertumes de la vie (…)
Mme de Sévigné, 593.
4 Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes.
La Fontaine, Fables, III, 1.
5 Ces paroles de l'âme qui tempèrent l'amertume des pleurs.
F. de Lamennais, le Livre du peuple, 11.
6 La vie de Shakespeare fut très mêlée d'amertume. Il vécut perpétuellement insulté.
Hugo, Shakespeare, p. 16.
7 Dans l'amertume de sa mésaventure dramatique, tout ce qui lui rappelait la fête du jour l'aigrissait et faisait saigner sa plaie.
Hugo, Notre-Dame de Paris, t. I, p. 90.
8 (…) une délectation infinie l'envahissait, plaisir tout mêlé d'amertume comme ces vins mal faits qui sentent la résine.
Flaubert, Mme Bovary, III, XI.
9 (…) il n'eut pas la force de se plaindre, la coupe d'amertume était remplie.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, I.
10 (Certaines perfidies du sort) nous laissent à l'âme comme une traînée de tristesse, un goût d'amertume, une sensation de désenchantement (…)
Maupassant, les Contes de la Bécasse, « Menuet ».
11 (…) je pensais, plein d'amertume : « Pourquoi suis-je sur la terre ? »
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 14.
12 L'amertume de ses désillusions, le désespoir des jours perdus, des espérances ruinées, de la volonté brisée, se reflètent dans les sombres œuvres de la période suivante (…)
R. Rolland, Michel-Ange, p. 76.
12.1 Juliette commençait à s'ennuyer. Le coin de sa bouche s'abaissa. Je détestai cela, qui me faisait penser qu'elle aura un jour la lèvre marquée du pli de l'amertume.
Roger Vailland, 325 000 francs, p. 170.
L'amertume de qqn, le, les sentiments d'amertume qu'il (elle) ressent. || Son amertume était grande.
3 Caractère amer, offensant, mordant (de l'expression par le langage). Acariâtreté, âcreté, acrimonie, aigreur, animosité, âpreté, fiel, ironie. || L'amertume de ses railleries, de ses sarcasmes.
13 Seigneur, trop d'amertume aigrirait vos reproches.
Racine, Iphigénie, III, 7.
Au plur. Littér. || Être abreuvé (cit. 7) d'amertumes.
CONTR. Douceur. — Amabilité, aménité, amitié, bienveillance, suavité.
DÉR. Amertumer.

Encyclopédie Universelle. 2012.