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apostrophe

1. apostrophe [ apɔstrɔf ] n. f.
• 1520; lat. apostropha, gr. apostrophê
1 Littér. Figure de rhétorique par laquelle un orateur interpelle tout à coup une personne ou même une chose qu'il personnifie. Lancer de brillantes apostrophes. Gramm. Mot en apostrophe, apposé et qui interpelle. Le pronom « toi » est en apostrophe dans « Toi, viens ici ! ».
2 Interpellation brusque, sans politesse. Essuyer une apostrophe. Les apostrophes des automobilistes ( apostropher) .
apostrophe 2. apostrophe [ apɔstrɔf ] n. f.
• 1514; lat. apostrophus, gr. apostrophos
Signe (') qui marque l'élision d'une voyelle (ex. L'amour. S'il veut).

apostrophe nom féminin (grec apostrophê, action de se détourner) Interpellation brusque et peu courtoise adressée à quelqu'un : Lancer une apostrophe. Fonction grammaticale du mot qui désigne l'être à qui on s'adresse (exemple « Jean » dans Jean, viens ici !). Figure par laquelle on désigne un être (personne, animal, objet personnifié) comme destinataire d'un message linguistique. (Exemple Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! [Corneille].) ● apostrophe nom féminin (bas latin apostrophus, du grec apostrophos, signe courbé, retourné) Signe graphique (') servant à indiquer l'élision d'une voyelle (en français de « a » [l'amie], de « e » [j'avais], de « i » [s'il vient] ou de « u » [t'as vu ?]). ● apostrophe (difficultés) nom féminin (bas latin apostrophus, du grec apostrophos, signe courbé, retourné) Genre Féminin : une apostrophe. Emploi de l'apostrophe Voir grammaire.

apostrophe
n. f.
d1./d RHET Figure de rhétorique par laquelle on s'adresse directement aux personnes ou aux choses personnifiées. "ô cendres d'un époux! ô Troyens! ô mon père!" (Racine).
d2./d GRAM Mot mis en apostrophe, par lequel on interpelle une personne ou une chose personnifiée (par ex.: "poète" dans "Poète, prends ton luth" de Musset).
d3./d Interpellation discourtoise. Essuyer une apostrophe.
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apostrophe
n. f. Signe (') qui marque l'élision d'une voyelle. S'il le faut, j'irai.

I.
⇒APOSTROPHE1, subst. fém.
A.— RHÉT. Procédé oratoire consistant à interpeller vivement et par surprise une personne (présente ou absente) ou une chose personnifiée :
1. Ô puissance de l'apostrophe! C'est, comme vous savez, une figure au moyen de laquelle on a trouvé le secret de parler aux gens qui ne sont pas là, de lier conversation avec toute la nature, interroger au loin les morts et les vivants.
COURIER, Pamphlets pol., lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 41.
2. Il s'y dépensa beaucoup d'esprit; on lança de brillantes apostrophes et de vives reparties.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 328.
3. Quelques instants plus tard, on vit arriver M. Thomas Young, accompagné lui-même d'un assistant muet qui, à ce qu'il parut bientôt, était un sténotypiste. Celui-ci tira sa machine de la boîte et, dès le début, commença d'enregistrer tout l'entretien, même les moindres répliques, même, autant qu'il y parût, les interjections, les apostrophes, les onomatopées, peut-être les soupirs.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de J. Pasquier, 1945, p. 165.
B.— P. ext.
1. Interpellation vive et volontairement désagréable adressée à quelqu'un :
4. — Hé! L'amateur aux gants blancs, un peu d'aide par ici. On vous fera place ... Je marchai d'un autre côté, vivement blessé de cette insolente et familière apostrophe.
TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 277.
5. En fait de poésies anciennes, il ne lisait guère que Villon, dont les mélancoliques ballades le touchaient et, çà et là, quelques morceaux de d'Aubigné qui lui fouettaient le sang avec les incroyables virulences de leurs apostrophes et de leurs anathèmes.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 191.
6. Et lui dire ainsi pour la « vexer » des choses désagréables, c'est ce qu'il appelait « lui jeter un pépin, lui lancer une apostrophe, lui envoyer un calembour ».
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 748.
SYNT. Lancer, essuyer une apostrophe; dure, vigoureuse apostrophe.
Rem. Accept. fam. ds Ac. 1835-1932, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965.
2. Vx, fam. Soufflet, coup de poing ou de bâton :
7. Apostrophe, pour soufflet. Coup de poing sur le visage.
J.-F. ROLLAND, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 9.
Rem. ,,Dans le style comique`` (BESCH. 1845); ,,familièrement et par plaisanterie`` (Lar. 19e et Nouv. Lar. ill.); ,,familièrement`` (LITTRÉ); seul ROB. enregistre un sens ,,pop.`` : « paquet ».
C.— GRAMM. Fonction grammaticale du mot qui désigne la personne ou la chose personnifiée à qui l'on s'adresse. Mot en apostrophe, mot mis en apostrophe.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1520 figure de rhét. par laquelle l'orateur adresse soudainement la parole à qqn ou à qqc. (FABRI, Rhet. ds GDF. Compl. : Par interrogation, par apostrophe); d'où 1738 p. ext. « vive interpellation adressée à qqn » (PIRON, Métrom. v. 4 ds DG : Vous méritez cette apostrophe-là); 2. 1704 « gifle » (REGNARD, Folies amour. sc. 11 ds LITTRÉ : A ces cris redoublés et dont je riais fort, J'accours et je vous vois étendu sur la place Avec une apostrophe au milieu de la face).
Empr. au lat. apostropha au sens 1 (QUINTILIEN, Inst., 4, 1, 69 ds TLL s.v., 254, 59); cf. IVe-Ve s. MARTIANUS CAPELLA, 5, 523, ibid., 254, 58 (cf. gr. « action de se détourner » [en direction de l'interpellé] terme de rhét., HERMOGÈNE, [IIe s.], . . p. 72 ds BAILLY).
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BOUILLET 1859. — DAGN. 1965. — DEM. 1802. — Gramm. t. 1 1789. — LE ROUX 1752. — MAR. Lex. 1933. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MORIER 1961. — NOTER-LÉC. 1912. — PIERREH. 1926. — SPR. 1967. — SPRINGH. 1962.
II.
⇒APOSTROPHE2, subst. fém.
Signe graphique ou principe légèrement recourbé (') marquant l'élision d'une voyelle finale à la rencontre d'une autre voyelle ou d'un h muet :
1. ... cela faisait bien. Elle mettait à son nom un petit d, une apostrophe, un grand A, et l'écrivait d'Avarande.
E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 173.
2. Il savait déchiffrer [le boy égyptien] de fines lignes tourmentées, bardées de points et d'apostrophes dans des livres qu'il ouvrait à l'envers.
M. BUTOR, Passage de Milan, 1954, p. 141.
P. compar. :
3. [À Henri Bachelin :]
Je viens de passer deux jours à Lormes. J'ai pu me promener dans les rues de votre ville à neuf heures du soir. Ça ne sent pas bon, mais la nouvelle lune est une jolie apostrophe au clocher.
RENARD, Corresp., 1883-1910, p. 345.
4. Le pauvre Barque, — face anémique d'enfant des faubourgs que souligne un bouc de poils roux, et que ponctue, comme une apostrophe, sa mèche de cheveux, — baisse la tête : ...
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 33.
Rem. 1. Ce mot apparaît sous la même entrée que le précédent ds la plupart des dict., à l'exception de DG, Ac. t. 1 1932, ROB., QUILLET 1965. 2. Gramm. t. 1 1789 le considère comme subst. masc. Cf. aussi LITTRÉ qui rappelle qu'en gr. le mot est féminin.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1514 (GUILL. MICHEL, Eglog. de Virgile, 4 r°, édit. 1540 ds R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 117 : Apostrophe, figure de grammaire).
Empr. au lat. apostrophus, subst. fém. (parfois masc. à cause de la termin.), terme de gramm., DIOMÈDE, Gramm., 1, 435, 16 ds TLL s.v., 254, 76; le lat. est empr. au gr. (), « signe tourné, recourbé », DRACON DE STRATONICE, (grammairien du début IIe s.), 157, 23 ds BAILLY.
STAT. — Fréq. abs. littér. :197.
BBG. — COMTE-PERN. 1963. — DAGN. 1965. — Gramm. t. 1 1789. — LAURENT (P.). Contribution à l'histoire du lexique français. Romania. 1925, t. 51, p. 34. — MAR. Lex. 1933. — MAR. Lex. 1961 [1951].

1. apostrophe [apɔstʀɔf] n. f.
ÉTYM. 1520; du lat. apostropha, grec apostrophê « fait de se détourner (vers celui qu'on interpelle) ».
1 Littér. Figure de rhétorique par laquelle un orateur interpelle tout à coup une personne ou même une chose qu'il personnifie. || Lancer de brillantes apostrophes au cours d'une controverse.
1 (…) l'apostrophe, une des plus puissantes machines de la rhétorique (…) l'apostrophe, c'est la mitraille de l'éloquence (…) C'est, comme vous savez, une figure au moyen de laquelle on a trouvé le secret de parler aux gens qui ne sont pas là, de lier conversation avec toute la nature, interroger au loin les morts et les vivants.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, X.
1.1 (…) — puis, ça et là, un éclair d'esprit dans ces nuages de sottise, des apostrophes, soudaines comme des éclaboussures, le droit formulé par un juron, et des fleurs d'éloquence aux lèvres d'un goujat, portant à cru le baudrier d'un sabre sur sa poitrine sans chemise.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
Gramm. || Nom en apostrophe, apposé et qui désigne une chose à quoi l'on s'adresse.
2 (1738). Cour. Interpellation brusque, volontairement désagréable. || Les apostrophes que se lancent les automobilistes. Apostropher. || Lancer, essuyer une apostrophe. || Une apostrophe mordante.
2 (…) un bruyant attelage de mules espagnoles piqué çà et là par les apostrophes du sagal.
Hugo, Notre-Dame de Paris, VII, III.
3 (1704). Fam. et vx. Coup, soufflet.
3 À ces cris redoublés et dont je riais fort,
J'accours et je vous vois étendu sur la place,
Avec une apostrophe au milieu de la face.
J.-F. Regnard, les Folies amoureuses (1704), 11, in Littré.
DÉR. 1. Apostropher.
HOM. 2. Apostrophe; formes des v. 1. apostropher et 2. apostropher.
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2. apostrophe [apɔstʀɔf] n. f.
ÉTYM. 1514; du lat. apostrophus, grec apostrophos.
Gramm. Signe orthographique (') qui marque l'élision d'une voyelle (ex. : l'amour; s'il veut).
0 — Si M. Dandrin consentait à mettre une apostrophe à son nom !
— C'est juste, D, apostrophe, A, N, D'Andrin, c'est presque noble.
E. Labiche, le Baron de Fourchevif, 3.
DÉR. 2. Apostropher.
HOM. 1. Apostrophe; formes des v. 1. apostropher et 2. apostropher.

Encyclopédie Universelle. 2012.