figure [ figyr ] n. f. I ♦
1 ♦ Vx Forme extérieure d'un corps. ⇒ aspect. Des outils « dont il ne connaît ni l'usage, ni le nom, ni la figure » (La Bruyère).
♢ Mod. N'avoir plus figure humaine : être si mal en point que la forme humaine n'est plus reconnaissable. — Allus. littér. Le chevalier à la Triste Figure.
2 ♦ (XIIe) Rare Représentation visuelle d'une forme (par le dessin, la peinture, la sculpture). ⇒ image; figurine, statue. « les enfants se portent d'eux-mêmes à faire des figures sur le papier » (Fénelon). — Cour. FIGURE DE PROUE : tête, buste (d'une personne, d'un animal) à la proue des anciens navires à voile. Fig. Personnalité majeure d'un mouvement (en histoire, etc.).
♢ Représentation à deux dimensions, et spécialt, dessin au trait, mis en rapport avec un texte écrit ou imprimé, et destiné à en faciliter la lecture, la compréhension. ⇒ croquis, graphique, illustration, schéma, tableau, tracé. Voir figure page 4. Livre orné de figures. ⇒ 2. estampe, vignette; illustré.
♢ Blas. Figure naturelle, de fantaisie : pièce de l'écu représentant des objets, des formes imaginaires.
3 ♦ Littér. (en loc.) FAIRE FIGURE : jouer un personnage important, tenir un rang. « ceux qui sont appelés à faire figure dans le monde et qui consentent, qui parviennent à demeurer naturels » (A. Gide).
♢ FAIRE FIGURE DE : avoir l'air de, paraître, passer pour (en bien ou en mal). « Il est gênant et fatigant de faire figure de grand homme » (Valéry). — (Choses) Le libéralisme « fait figure, auprès des gens avancés [...] de doctrine démodée » (Siegfried).
♢ PRENDRE FIGURE : prendre forme.
4 ♦ Personnalité marquante. ⇒ caractère, personnage, personnalité, type. Les grandes figures de l'histoire, d'une époque. ⇒ nom. « Buzot, l'un des chefs de la future Gironde, jeune et austère figure, ardente et mélancolique » (Michelet).
5 ♦ (XVIe; d'ab. « surface » ou « volume ») Géom. Représentation dans le plan ou dans l'espace euclidien des points, droites, courbes, surfaces ou volumes. Par ext. Ces objets géométriques eux-mêmes. Figure plane. Tracer, construire une figure. — CAS DE FIGURE : représentation graphique obtenue lorsqu'on fait varier un ou plusieurs paramètres dans l'expression analytique qui définit une figure. Fig. Représentation mentale d'une « figure » dans un cas particulier. Cour. Situation envisagée à titre d'hypothèse, parmi d'autres. Dans ce cas de figure, il conviendrait de...
6 ♦ (1680) Danse Chemin décrit par les danseurs suivant certaines lignes déterminées. — Figure de ballet : position respective des danseurs dans les évolutions.
♢ Figures libres, imposées, en patinage artistique.
II ♦ (déb. XVIIe « forme du visage ») Cour.
1 ♦ Partie antérieure de la tête de l'homme. ⇒ face, tête, visage; fam. 2. balle, 2. bouille, museau. Figure d'enfant (⇒ frimousse, minois) , comique (⇒ 1. bille, bobine) , grotesque (⇒ trogne) , peu sympathique (⇒ tronche) . Recevoir un coup en pleine figure. ⇒fam. 1. fraise, poire, 1. pomme. Casser la figure à qqn. ⇒fam. gueule. Se casser la figure. « La figure est un résumé du corps entier » (Carrel). « Toujours sa même figure qui n'a pas d'âge, toujours son masque incolore » (Loti). Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
2 ♦ Air, mine. Il fait une drôle de figure. ⇒fam. 2. bouille, trombine. Sa figure s'allongea. Avoir une bonne figure, un air aimable.
III ♦ (1611; « allégorie » XIIIe) Représentation par le langage (vocabulaire ou style). Rhét., gramm. « Tours de mots et de pensées qui animent ou ornent le discours » (Dumarsais). Figures de rhétorique (vieilli), figures de style (mod.) ou absolt figures. « De figures sans nombre égayez votre ouvrage » (Boileau). « Dans l'ordre du langage, les figures, qui jouent communément un rôle accessoire, semblent n'intervenir que pour illustrer ou renforcer une intention » (Valéry). Figures de diction (aphérèse, apocope, crase, diérèse, épenthèse, métathèse, prosthèse, syncope, synérèse). Figures de construction (anacoluthe, anaphore, chiasme, ellipse, hyperbate, oxymoron, parataxe, pléonasme, syllepse, zeugma). Figure de mots (allégorie, allusion, antiphrase, antonomase, catachrèse, euphémisme, hypallage, ironie, métaphore, métonymie, symbole, synecdoque). ⇒ trope. Figures de pensée (antithèse, apostrophe, épiphonème, hyperbole, hypotypose, litote, prolepse, prosopopée).
● figure nom féminin (latin figura, forme) Partie antérieure de la tête ; face, visage : Se laver la figure. Cette partie du corps considérée par rapport aux expressions qu'on y lit ; air, mine : Sa figure s'allongea. Personnage célèbre ou personnalité marquante : Une grande figure du monde politique. Toute illustration (schéma, dessin, photo) dans un ouvrage. (Abréviation : fig.) Type humain, description caractéristique d'un personnage : La figure du héros dans telle pièce de théâtre. Enchaînement de mouvements formant un tout, en particulier en danse, dans certains sports (patinage, plongeon, ski nautique, etc.), dans des exercices de voltige aérienne, de carrousel équestre, de manège, etc. [On distingue les figures libres et les figures imposées.] Arts décoratifs Personnage en ronde bosse ou en relief, participant au décor des meubles, des objets (céramique, orfèvrerie…), des intérieurs (bustes, statuettes…). Industrie du bois Aspect décoratif d'un bois, révélé au débit, au tranchage. Beaux-arts Représentation d'un être humain ou d'un animal dans son entier. (La demi-figure représente la moitié supérieure de l'être humain.) Un des types (le moins allongé) de format des châssis pour tableaux. Céramique Statuette à un ou plusieurs personnages. Héraldique Toute image qui figure sur le champ ou sur un quartier de l'écu. Jeux Carte sur laquelle est représenté un personnage (roi, dame ou valet). Logique Chacune des formes du syllogisme résultant de la place du moyen terme dans les prémisses. Mathématiques Dessin servant à visualiser certains êtres mathématiques et permettant, en particulier en géométrie, d'éclairer une démonstration. Psychologie Façon dont un élément individualisé et structuré se détache sur ce qui l'entoure. Rhétorique Unité linguistique ou disposition d'unités linguistiques comportant un écart sensible par rapport à la norme ou à l'usage. ● figure (citations) nom féminin (latin figura, forme) Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Comme on détesterait moins les hommes s'ils ne portaient pas tous figure ! Tranches de savoir Cercle des Arts ● figure (difficultés) nom féminin (latin figura, forme) Accord Figure reste toujours au singulier dans l'expression faire figure de :ils avaient toujours fait figure d'exemples à suivre. ● figure (expressions) nom féminin (latin figura, forme) Faire bonne figure, faire bonne contenance dans une épreuve, s'en tirer à son avantage, être à la hauteur. Faire figure de, être considéré comme, passer pour. Faire triste, piètre figure, avoir l'air sombre ou ne pas être à son avantage dans une situation, ne pas être à la hauteur. Figure de proue, représentation d'une figure humaine, d'un dieu, d'une créature fantastique, qui était fixée à l'avant des anciens navires ; personnalité marquante d'un groupe, d'un mouvement. Ne plus avoir figure humaine, se dit de quelqu'un devenu méconnaissable ou de quelque chose qui est très endommagé. Prendre figure, commencer à se réaliser, prendre forme. Figure de caractère, figure, tête travaillée dans le sens de l'intensité expressive. (L'enseignement académique classique comportait ce genre de recherches sur la physionomie. Dans le cas d'un visage, on dit aussi tête d'expression.) Figure d'ornement ou de fantaisie, figure associant des éléments réels et des éléments imaginaires, voire fantastiques. Figure de note, représentation graphique d'un son musical, indiquant sa durée (exemple, la ronde). ● figure (synonymes) nom féminin (latin figura, forme) Partie antérieure de la tête ; face, visage
Synonymes :
- face
- faciès
- frimousse (familier)
- minois
Cette partie du corps considérée par rapport aux expressions qu'on...
Synonymes :
- mine
- tête
Personnage célèbre ou personnalité marquante
Synonymes :
- nom
- personnalité
Toute illustration (schéma, dessin, photo) dans un ouvrage.
Synonymes :
- dessin
- image
- planche
- schéma
figure
n. f.
rI./r
d1./d Vx Forme extérieure d'un corps.
— Mod. Figure humaine.
|| Spécial. Visage. Se laver la figure.
d2./d Mine, contenance.
|| Loc. Faire bonne figure.
— Faire triste figure: avoir l'air triste; fig. se montrer au-dessous de sa tâche.
|| Loc. fig. Faire figure de: présenter les apparences de. Faire figure de vainqueur.
d3./d Personnalité marquante. Les grandes figures de l'Histoire.
rII./r Représentation visuelle.
d1./d BX-A Gravure, image, dessin aidant à comprendre un texte. Livre illustré de figures.
|| Spécial. Représentation d'un être humain, d'un animal par le dessin, la sculpture. Une figure en cire.
— JEU Roi, dame, valet et cavalier des cartes.
— Figure de proue: sculpture qui ornait la proue, l'étrave des navires.
d2./d GEOM Ensemble de lignes ou de surfaces.
d3./d Combinaison de déplacements, de pas ou de gestes d'un danseur, d'un patineur, d'un plongeur, etc.
d4./d MUS Figure de note, forme graphique exprimant sa durée sonore (ronde, blanche, noire, croche, etc.).
rIII/r
d1./d Forme d'expression dans le discours.
|| Figure de rhétorique, de style: procédé de langage destiné à rendre la pensée plus frappante. (On distingue traditionnellement les figures entraînant un changement de sens, ou tropes - métaphore, ironie, litote, etc. -, de celles qui jouent sur la forme ou l'ordre des mots - allitération, répétition, etc.)
d2./d LOG Figure du syllogisme: chacune des trois formes que peut prendre un syllogisme suivant que le moyen terme est soit sujet, soit prédicat, dans la majeure et dans la mineure.
⇒FIGURE, subst. fém.
I.— [S'agissant d'un élément dont on considère l'apparence]
A.— [Détermination externe d'un élément]
1. Vieilli ou littér. [À propos d'un élément matériel inanimé] Étendue déterminée, essentiellement caractérisée par le contour. Figure régulière; (de) figure cylindrique, triangulaire; avoir la figure d'un croissant. Synon. mod. usuel forme. Les faiseurs de systèmes, qui, du fond de leurs cabinets, tracent la figure des continens et des îles (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 1). Décrire les différences que présentent les grandeurs, les figures et les positions respectives de ces sept trous (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 475). Sans étendue et sans figure, nous ne concevons pas les corps (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 4, 1847, p. 427) :
• 1. On reconnaissait le clocher de Saint-Hilaire de bien loin, inscrivant sa figure inoubliable à l'horizon où Combray n'apparaissait pas encore ...
PROUST, Swann, 1913, p. 63.
SYNT. Figure irrégulière, symétrique, analogue, déterminée, indéterminée, particulière, invariable; (de) figure circulaire, hexagone, parabolique, pyramidale, quadrangulaire, rhomboïde; figure d'un corps; avoir, prendre, présenter une figure (conique), la figure d'un cœur, d'un pinceau, d'une poire, d'un rectangle; changer de, varier en figure.
2. P. ext. [À propos d'un être ou d'une chose] Aspect extérieur d'ensemble, relativement caractérisé.
a) [Toujours avec art. déf. ou indéf.]
) Souvent littér. Qu'il [un homme] n'agisse que pour lui seul et sans aucun souci de la figure extérieure de ses actes et du jugement porté sur eux (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 227). Solitaire... c'est un mot à belle figure, son s en tête dressé comme un serpent protecteur (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 34).
♦ Sous la figure de. Synon. (selon les cas) sous les traits de, sous la forme de, sous l'aspect de. Quelque dieu caché sous la figure d'un mendiant pour éprouver le cœur des mortels (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 139). Quand je revois en imagination ces campagnes que j'aimais tant, ces poétiques paysages où je promenais mes rêves, ils m'apparaissent sous la figure d'un échiquier électoral (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 251). Qu'elle [la politique] se présente sous la figure du militarisme à la Ludendorff, ou sous la figure du socialisme à la Stresemann (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1921-22, p. 200). Aussi le docteur ne la [Véronique] considérait-il plus que sous la figure d'un ibis embaumé (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 197).
♦ Avoir la/une figure. Charpente étrangement inclinée qui avait la figure d'une plume gigantesque posée comme sur un casque au front du vieux donjon (HUGO, Rhin, 1842, p. 83). S'il [Picus métamorphosé en oiseau] n'a plus la figure humaine (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 185).
♦ Donner sa/une figure à. C'est le choix qui donne leur figure définitive aux motifs (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 163). Lui [le Conseil national de la résistance] donner la figure d'un organisme souverain (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 164).
♦ Prendre la/une figure (de). Le Christ lui-même qui prit la figure d'un mendiant nu (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 94). Le Rhin (...) prend la figure d'un chêne (HUGO, Rhin, 1842, p. 265). Cette postulation vers le péché qui, commune à tous les hommes, a pris la figure du malin (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 299).
— La figure du monde. Ce qui constitue l'apparence sensible du monde. Pourrai-je apercevoir la figure du monde (GAUTIER, Poés., 1872, p. 255). Sachant que la figure de ce monde passe, comme passe la moisson mûre (CLAUDEL, Processionnal, 1910, p. 298). Et sur cette gorge de miel, Dont la tendre naissance accomplissait le ciel, Se venait assoupir la figure du monde (VALÉRY, J. Parque, 1917, p. 16).
) MENUIS. ,,Parlant du bois, l'aspect que donnent à la surface de sa coupe les proportions, l'arrangement et la direction de ses divers éléments et des tissus dont il est constitué, ou bien les variations de sa couleur naturelle... lorsque la figure d'un placage a une valeur décorative on dit que ce dernier est un placage figuré`` (MÉTRO 1975).
b) [Sans art. ou, exceptionnellement, avec art. partitif, dans des loc. verb. ou prép.]
) [Sans déterm. ni qualificatif ou, exceptionnellement avec épithète exprimant une idée quantitative]
— Prendre figure. Acquérir, avec une certaine consistance, un aspect plus ou moins défini. Synon. prendre forme. Mon ouvrage politique prend figure (CONSTANT, Journaux, 1813, p. 394). C'est vraiment passionnant de travailler un geste, un ensemble, une attitude et de voir tout cela s'animer et prendre figure (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 206). Alors notre destinée prend figure (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 121) :
• 2. Le mystère s'accomplira. Mais à une condition : c'est que nous croirons que ceci veut et peut devenir, pour nous, l'action, c'est-à-dire le prolongement du corps du Christ. — Croyons-nous? Tout s'illumine et prend figure autour de nous : le hasard s'ordonne, le succès prend une plénitude incorruptible, la douleur devient une visite et une caresse de Dieu.
TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 171.
♦ Donner figure à. Faire acquérir à quelque chose un aspect plus ou moins caractérisé. Je suis, dans les regards qui lui donnent figure, le grouillement de ces insectes disséminés (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 169).
♦ Rare. Perdre figure. Perdre son aspect caractéristique, le voir s'altérer. Les deux villes de même race [Lutèce et Thèbes], ont, chacune de leur côté, perdu figure, l'une dans la civilisation, l'autre dans la barbarie (HUGO, Paris, 1867, p. 92).
— Faire figure. Se faire distinguer de manière plus ou moins marquante (souvent par le rôle joué), d'où occuper une place en vue. Synon. figurer (cf. ce mot III B).
♦ Usuel. [En parlant d'une pers.] Faire figure dans le monde (cf. camper ex. 7). [Claude Frollo] n'avait fait aucune figure dans cette mutinerie de 1463 que les annalistes enregistrent gravement sous le titre de :« Sixième trouble de l'université » (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 170). Mais l'excellent homme avait déjà de la peine à faire figure suffisante aux côtés de sa femme, dont la supériorité l'exténuait (GIDE, Si le grain, 1914, p. 469). Maître d'un patrimoine assez maigre, avec lequel il fallait renoncer à faire figure dans la capitale (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 35).
♦ [En parlant d'une chose] Les jambons de Gaule faisaient figure auprès de la gastronomie romaine (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 140). Mener à bien une scène qui pût faire figure dans leurs annales sentimentales (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1357).
Rem. 1. Dans quelques rares ex., faire figure semble avoir un sens atténué proche de figurer III C. Des capitaines au long cours et des armateurs faisaient quelquefois figure à la mense des patrons (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 138). 2. Dans un passage de J. Renard, faire figure est à rapprocher de figurant, ante II, figuration II B, figurer III C, au sens analogique. Le père, qui jouait du violon, le petit, du triangle, la mère, du violoncelle; mais elle faisait seulement figure : elle ne rendait aucun son (RENARD, Journal, 1899, p. 548).
— Vieilli. [En parlant d'une pers.] Avoir de la figure. Avoir bon air, avoir une certaine prestance. Que serais-je devenue, si un peu de jeunesse et de figure ne m'avait pas procuré des amis, qui m'ont soutenue et qui m'ont donné les moyens de vous élever? (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 119).
) [Avec qualificatif]
— Faire bonne/mauvaise (piètre, triste) figure. Être, se montrer à son avantage/à son désavantage.
♦ Usuel. [En parlant d'une pers.] Celui-ci lui avait déjà prêté cinquante francs pour pouvoir fréquenter Bernardi et faire bonne figure au café (FLAUB., Éduc. sent., 1845, p. 108). Les héros de Fleurus, qui étaient fort mal habillés et qui auraient fait mauvaise figure dans les salons des grands financiers (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 376). Les soldats italiens font assez piteuse figure auprès d'eux [les soldats allemands] (GIDE, Journal, 1943, p. 167).
Rem. 1. V. aussi infra III A 1 b . 2. La docum. atteste aussi a) faire belle figure, var. de faire bonne figure. Je ferai maintenant belle figure devant Isabelle, dit-il en s'efforçant de rire, mais il riait jaune, avec ce bras transpercé par son galant (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 249). b) faire figure + autre qualificatif antéposé. Apparaître, se montrer sous un certain jour (défini par le qualificatif). Faire déshonorante figure. Les Baraudini faisaient grande figure à la cour de François Ier (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 23). Petite-Secousse faisait là aussi étrange figure qu'une brillante perruche des îles dans une cage de noyer ciré (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 49).
♦ Chevalier de la triste figure. Don Quichotte. Quand le bon héros de la Manche, cet excellent chevalier de la triste figure, meurtri de coups, est ramené dans sa demeure (JANIN, Âne mort, 1829, p. 15).
— P. anal. :
• 3. Malheureusement une pluie manchesterienne avait noyé l'enthousiasme; au-dessus des costumes moyenâgeux, des milliers de parapluies s'étaient ouverts. Le chevalier du lion, le chevalier de la tour blanche, le chevalier du miroir étaient tous devenus chevaliers de la triste figure.
MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 151.
Rem. Cette expression est un calque de l'espagnol Caballero de la Triste Figura (chez Cervantès).
♦ [En parlant d'une chose] Son sac de matelot, ses deux valises de cuir, éraflées et couvertes d'étiquettes, faisaient piètre figure au milieu de la pièce (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 49).
— Rare. Prendre figure + qualificatif postposé. Sans que celui-ci [le dehors] prenne figure déterminée et soit perçu comme tel (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 181). Que du moins ce crime, loi du monde, prenne figure distinguée (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 73).
Rem. Cf. supra I A 2 b prendre figure, dont ce type d'emploi semble directement dérivé, par recherche stylistique.
) [Avec déterminant]
— [Déterm. adj.]
♦ Avoir, prendre, reprendre figure humaine. Avoir, etc., l'aspect extérieur caractéristique de l'être humain. Quand on vit que nous avions figure humaine et que nous entendions ce qu'on disait (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 263). L'usage des ombres est de ne reprendre figure humaine que lorsqu'elles se trouvent hors de notre présence (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 121). Il [un vieux fauteuil] avait presque figure humaine. Ses bras ressemblaient à des bras (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 405).
Rem. On comparera cette loc. à l'ex. de Michelet, loc. cit. supra I A 2 a avoir la/une figure.
♦ Rare. [Avec un autre détermin.] Depuis vingt ans que s'y appliquent nos trésors, une partie des territoires coloniaux est renouvelée. Ils ont pris figure française (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 130). Quiconque feindrait d'adopter cette croyance sans partager vraiment ce désespoir, aux yeux de ceux qui savent ne tarderait pas à prendre figure ennemie (BRETON, Manif. surréal., 2e manif., 1930, p. 95).
— [Déterm. subst. prép. de]
♦ Loc. prép.
À figure de. Qui se présente sous l'aspect de. Le livre à figure de paroissien enfermait, en texte serré, le théâtre de Corneille (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 185). Des labours à figure de défoncements (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 192).
Sous figure de. En se présentant sous l'aspect, sous l'apparence de. Un homme avait pu se dissimuler et vivre au couvent, sous figure de nonne, onze mois durant (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 58). Toutes ont vu s'élever un autel sur leurs rives. Les unes sous forme de quelques pierres amoncelées, (...) les autres sous figure de tabernacles où les marbres veinés d'or alternent avec des mosaïques semées de lis d'argent (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 126).
♦ Loc. verb.
Usuel. Faire figure de [Souvent en parlant d'une pers.] Avoir l'apparence de; apparaître comme, passer pour (dans l'opinion). Lorsqu'un brouhaha de cent cris, qui faisait assez figure de huée, s'éleva de toutes les tables (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 163). Martin, en petit complet gris et en melon, fera figure de secrétaire (ROMAINS, Copains, 1913, p. 165). Elles [les règles, dans la célébration religieuse ou magique] font figure de conventions arbitraires (Jeux et sp., 1967, p. 798) :
• 4. Sans la guerre, combien de pauvres bougres n'auraient eux-mêmes jamais connu leur courage, et leurs plus proches même jamais su qu'ils avaient en eux de quoi forcer l'admiration et faire figure de héros.
GIDE, Journal, 1929, p. 929.
Prendre figure de. Prendre l'apparence de. Il savait les guider [ses officiers] sans prendre figure de maître (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 15). Cette guerre, qu'on avait appelée « drôle » à son commencement, prenait définitivement figure de farce (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 22). Tout prenait figure de symbole (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 224).
Avoir figure de. Apparaître comme. Pour lui, ses cadeaux n'avaient figure de mortier ni de châle (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 22). Les contours des formes d'art (...) qui ont figure de modernisme (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 105). Donner figure de ... à. Faire apparaître comme. Il n'y a pas là de quoi nous donner figure de vainqueurs! (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1506). Il [le moi] se précède lui-même auprès des choses pour leur donner figure de choses (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 503).
B.— Élément ayant une forme spécifique souvent simplifiée et structurée selon certaines déterminations sensibles (surtout linéaires).
1. Domaine de la vue. Dessin de figure. Les sillons de l'épiderme tracent des figures à plusieurs angles sur le dos de la main (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 542). Un arrangement comparable à celui des morceaux de verre qui composent une figure kaléïdoscopique (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 306). [Dans une vision abstr.]. Mais la vraie réflexion, en fin de compte, reviendra toujours à la figure simplifiée, par quoi le treuil apparaît soudain comme un levier, et la poulie de même (ALAIN, Propos, 1914, p. 176).
♦ En partic. Être dont seule la forme générale, inscrite dans son contour, est nettement perçue. Regardant avec une peur sourde, de l'autre côté de l'avenue, deux figures noires qui marchaient d'un pas cadencé (ZOLA, Nana, 1880, p. 1374). Elle [une bougie] répandait une lueur fumeuse qui d'une paroi à l'autre faisait osciller nos ombres : figures accroupies près du feu, vêtues de peau de bique et coiffées de passe-montagnes (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 157) :
• 5. Il entrevit au pied d'une colonne, une figure immobile, qu'il prit d'abord pour une statue sur un tombeau. Il s'en approche; il distingue un jeune chevalier à genoux, le front respectueusement incliné et les deux bras croisés sur sa poitrine...
CHATEAUBR., Avent. dern. Abenc., 1826, p. 251.
— Spécialement
a) MATH. Ensemble de points, droites, plans, représenté en vraie grandeur ou en perspective, objet d'études mathématiques ou support graphique d'un raisonnement en mathématiques ou dans d'autres sciences. Figure plane, égale, symétrique; le centre, les contours, les côtés d'une figure; projection d'une figure; tracer une figure. Mais de quel droit considérons-nous comme égales ces deux figures que les géomètres euclidiens appellent deux cercles de même rayon? (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 62). L'égalité de deux figures géométriques qui diffèrent seulement par leur position dans le plan ou dans l'espace (Gds cour. pensée math., 1948, p. 48).
b) CHIM., PHYS., MINÉR. Toute forme à dessin linéaire sous laquelle se manifeste de façon visible un phénomène physique ou chimique. Figure de corrosion. Forme spécifique apparaissant sous l'effet de la corrosion. Les figures de corrosion de la dolomie ne sont jamais symétriques (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 521). Figure de diffraction. Forme spécifique apparaissant lors d'un phénomène de diffraction. En un point M et en un point M' de l'écran où l'on observe une figure de diffraction l'éclairement est différent (PRAT, Opt., 1962, p. 82). Figure de percussion. ,,Craquelures à six rayons en forme d'étoile, qui s'irradient autour d'un point d'impact d'une pointe fine et dure appliquée sur une feuille de mica`` (POUGH 1969). Figure de Widmanstaetten. Aussi l'attaque par les acides fait-elle naître à la surface des fers météoriques des figures en réseau, connues sous le nom de figures de Widmanstaetten (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 558).
c) BIOL., MÉD. Figures myéliniques. ,,Formes filamenteuses qui naissent et se développent à partir de la myéline dispersée dans l'eau`` (Méd. biol. t. 2 1971). Figure de Stifel. ,,Disque de couleur noire, avec une tache blanche en son centre, parfois utilisé pour l'examen de la tache aveugle`` (Méd. biol. t. 2 1971).
d) PSYCHOL. ,,Partie du champ qui se détache du fond et s'individualise`` (PIÉRON 1963). En ce qui concerne la spatialité, qui nous intéresse seule pour le moment, le corps propre est le troisième terme, toujours sous-entendu, de la structure figure et fond, et toute figure se profile sur le double horizon de l'espace extérieur et de l'espace corporel (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 117).
e) DANSE. Ensemble de pas enchaînés dont la succession forme un dessin précis, exécutés par un danseur ou, le plus souvent, par plusieurs, formant groupe. Figure de ballet, de/du cotillon, de/du quadrille. Quelques dames frappaient dans leurs mains avec exagération quand l'ordonnait la figure de cette interminable contre-danse (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 216). Batouala se leva pour danser quelques figures de la danse de l'amour (MARAN, Batouala, 1921, p. 138) :
• 6. Tous, en écho. — Deuxième figure! Les danseurs se placent perpendiculairement à la scène, en vis-à-vis quatre par quatre : à gauche, Clémentine, le sous-préfet, Mme Claux, l'officier; à droite, Guérissac, Mme Vibaudan, Chamerot, Mme Ponant. Aussitôt que la Môme et la duchesse attaquent la deuxième figure ils font un « en avant-quatre », mais très raides, très guindés.
FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 8, p. 49.
Crier les figures. Annoncer le type de figure de danse à exécuter. Allons, offre-lui la main et en place pour la contredanse! c'est moi qui vais crier les figures (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 205).
Rem. Chez Zola, le terme est aussi employé métonymiquement, au sens de « figure de danse exécutée par un groupe de danseurs ». Mais elle dut rester à l'entrée. Une figure de cotillon obstruait le passage (ZOLA, Curée, 1872, p. 562).
♦ P. anal.
PATINAGE. Évolution exécutée sur la glace selon un certain schéma. Ensemble patinage, comprenant souliers box, patins de figures ou de hockey, sac (Catal. jouets [Bon Marché], 1936). C'est samedi matin, à la patinoire Molitor que se déroulait la première partie des Critériums de Paris de patinage artistique. Cette matinée était réservée uniquement aux « figures » imposées (L'Œuvre, 24 mars 1941). Pour les figures libres, les compétiteurs exécutent, sur une musique de leur choix, des sauts, des pirouettes ou tout autre mouvement (Jeux et sp., 1967, p. 1601).
ÉQUIT. ,,Ligne autre que rectiligne que le cavalier décrit au manège`` (ST RIQUIER-DELP. 1975).
2. P. anal., domaine de l'ouïe. Quant au « Cimetière Marin », cette intention ne fut d'abord qu'une figure rythmique vide (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 63).
— MUS. ,,Groupe homogène de plusieurs notes formant une unité bien caractérisée, soit mélodique, soit rythmique, qui représente l'un des éléments constitutifs de la phrase musicale`` (Mus. 1976). Synon. motif. Je pourrais, avec un piano, vous faire distinguer (...) douze ou quinze figures musicales, aussi différentes entre elles que l'antithèse et la métonymie de la rhétorique (STENDHAL, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 79). Le thème d'un divertissement, nous l'avons dit, ne peut être emprunté qu'à l'une quelconque des figures entendues dans l'exposition de la fugue (GEDALGE, Fugue, ant. à 1938, p. 113).
3. Domaine de l'expr. de la pensée. Cette vue sur moi-même ne me paraît fausse qu'autant (...) qu'elle situe arbitrairement sur un plan d'antériorité une figure achevée de ma pensée qui n'a aucune raison de composer avec le temps (BRETON, Nadja, 1928, p. 8).
— Spécialement
a) LOG. Figure (de syllogisme). Type de syllogisme déterminé par la place donnée au moyen terme dans les prémisses. Vous y verrez que l'on distingue quatre figures de syllogismes; et que la première de ces quatre figures celle qu'avec raison on appelle la figure directe, est la base et le principe de la justesse des trois autres (DESTUTT DE TR., Idéol., 3, 1805, p. 365). Au fond de tous les regards de toutes les conversations, il y avait un théorème, un raisonnement, une figure syllogistique (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 142).
b) RHÉT. Figure (de rhétorique). Forme caractéristique d'expression, motivée par la recherche d'un effet d'expressivité. Il [M. L'Ambert] daigna lui expliquer (...) les mérites et les dangers de la figure appelée hyperbole (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 173) :
• 7. Il est contradictoire de dire avec Parménide que la pensée ne fait qu'un avec l'objet de la pensée, ou avec Aristote que la pensée suprême est la pensée de la pensée. Mais ces propositions n'en sont pas moins profondes; elles se soutiennent secrètement par une figure de rhétorique qui n'a pas reçu de nom, et qui en mériterait bien un : la position vigoureuse du sens où l'on marche par l'affirmation qu'on est au bout de la route.
LALANDE, Raison et normes, 1948, p. 76.
Figure de construction. Modification de l'ordre naturel des mots, p. ex. apposition, ellipse. Figure de diction. ,,Modification matérielle de la forme des mots``, p. ex. apocope, crase. Figure d'élocution. Forme d'expression qui résulte du ,,choix des mots convenant à l'expression de la pensée``, p. ex. répétition, allitération. Figure d'expression. Forme d'expression qui implique ,,un changement de sens affectant des groupes de mots et des phrases``, p. ex. allégorie, litote. Figure de pensée. Tour de pensée particulier, indépendant de son expression, p. ex. prosopopée, description. Figure de signification. Forme d'expression qui implique un changement de sens des mots, p. ex. métonymie, métaphore, synecdoque. Synon. trope. Figure de style. Forme intéressant ,,l'expression des relations entre plusieurs idées``, p. ex. énumération, interrogation, comparaison (d'apr. Ling. 1972).
Rem. Dans la lang. cour., figure de style est synon. de figure de rhétorique. Cette sorte de roman qui s'interdit (...) dans l'explication, les mythes, les allusions, les symboles; dans les figures de style, la métaphore et l'ellipse (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 168).
Figure étymologique. ,,Pléonasme dû à la syntaxe lorsqu'elle permet dans une même construction la rencontre de termes qui ont une parenté étymologique ou tout au moins sémantique : mourir la mort ``(VERLAINE)...`` (MOUNIN 1974).
— En partic. [Sans caractérisant] Figure impliquant un changement de sens (principalement la métaphore). Le mot carnage aura disparu, mais je tremble que cette nouvelle figure soit bien hasardée (HUGO, Corresp., 1819, p. 303).
Parler par figures. Si tu continues à parler par figures, je vais m'endormir (SAND, Péché de M. Antoine, 1847, p. 40). Il ne parlait jamais, d'ailleurs, de ses idées que par figures. L'enseignement explicite lui répugnait étrangement (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 188).
♦ Plus. gén. Forme sous laquelle on représente une pensée abstraite par référence à des concepts concrets. Il semble, permettez-moi cette figure, que la destinée, sans être la justice, ait une balance comme elle; quand un plateau monte, l'autre descend (HUGO, Actes et par. 1, 1875, p. 153).
II.— Représentation d'un élément, impliquant une similitude d'aspect (ou, plus généralement, de nature) suffisamment perceptible (par la vue ou par l'esprit) entre les éléments particuliers dont l'un constitue, ou est conçu comme constituant, la représentation de l'autre.
A.— Ce qui constitue la représentation au naturel (ou fidèle quant aux traits fondamentaux), ou conventionnelle (avec ou sans analogie directement perceptible), d'un élément dont l'aspect ou la nature caractéristique est rendu(e) par des moyens sensibles à la vue (particulièrement par des moyens plastiques). Une figure d'agneau (cf. agnus dei ex. 4). Un papillon de ce genre nocturne (...) porte sur son corselet la figure d'une tête de mort (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 268). Et si je te priais maintenant de dessiner avec cette pierre, ou avec ce poinçon, la figure d'une chose (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 87) :
• 8. Ainsi nous ne pouvons tracer au dehors la figure d'un corps par le geste ou le dessin, sans en avoir en nous-mêmes la représentation ou l'image; car l'image est une figure intérieure, et la figure est une image rendue extérieure.
BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 241.
— En partic.
1. Représentation détaillée ou schématique, au naturel ou conventionnelle, d'un élément quelconque (être, objet, phénomène, etc.), conçue pour illustrer un texte (ou un propos). Synon. illustration. Livre à figures, planche à/de figures. Faire écrire des volumes in-quarto avec figures (BALZAC, Gaudissart II, 1844, p. 287). Les gravures sont un peu libres (...). J'ai dû faire disparaître d'autres ouvrages de la même époque, dont les figures étaient vraiment licencieuses (FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 74). La « petite » théorie des ensembles (...) doit être abordée de façon très pragmatique, appuyée sur des exemples concrets et sur des diagrammes d'Euler-Venn (la figure ci-dessus donne une façon de tracer un tel diagramme pour quatre ensembles) (WARUSFEL, Math. mod., 1969, p. 64) :
• 9. Villard de Honnecourt a donné, dans son album de dessins, deux méthodes employées par les architectes du moyen âge, pour tracer le plan d'un cloître; malheureusement les figures et les légendes qui les expliquent sont très-incomplètes.
LENOIR, Archit. monast., 1856, p. 300.
♦ [Suivi d'un chiffre (ou d'une lettre) de renvoi] Voir (la) figure 3. La figure 9 donne un schéma d'installation d'une telle usine demi-fixe (DUPONT, Bois carburant, 1941, p. 36). Niveau, hauteur, durée, seront les trois dimensions du son que nous représenterons, sur la figure 25 (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 207). La figure 5 montre, à titre de simple illustration, la dispersion des durées de plusieurs dizaines de cycles observés en divers pays (Univers écon. et soc., 1960, p. 3213).
[Abrév. entre parenthèses : fig.] Le schéma (fig. 24) fait comprendre le principe (C. DUVAL, Verre, 1966, p. 79).
2. Représentation plastique d'un type spécifique d'élément.
a) Représentation plastique d'un être, généralement humain. Découper des figures articulées représentant les soldats (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 304).
♦ Figure anatomique. Représentation plastique en deux ou en trois dimensions, reproduisant des détails anatomiques. Marneffe, détruit par ces débauches particulières aux grandes capitales, (...) était devenu hideux comme une figure anatomique en cire (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 147). L'installation provisoire de Knock. Table, sièges, armoire-bibliothèque, chaise longue, tableau noir, lavabo. Quelques figures anatomiques et histologiques au mur (ROMAINS, Knock, 1923, II, 1, p. 7).
♦ Figure de cire. Représentation, modelée en cire, d'une personne. Figure de cire du musée Grévin. On a trouvé une figure de cire (...) cette figure est percée au cœur par une aiguille (DUMAS père, Reine Margot, 1847, IV, 7, p. 144). La civilisation européenne se trouvait représentée par un musée de figures de cire que nul n'allait voir (DU CAMP, Nil, 1854, p. 58).
P. compar. Il restait là sans bouger plus qu'une figure de cire (GIDE, Journal, 1906, p. 222). La mère Séraphine, en costume religieux, le visage jaune comme une ancienne figure de cire (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 332).
Rem. Plus rarement au sens de « tête humaine modelée en cire (gén. pour mettre en valeur un type de coiffure) ». N'est-il pas vrai que les figures de cire, exposées aux vitrines des coiffeurs inspirent des rêves poétiques aux collégiens? (FRANCE, Vie littér., t. 2, 1890, p. 64). Une sculpture me ravit autant qu'une figure de cire chez un coiffeur (RENARD, Journal, 1890, p. 55).
— Spécialement
) B.-A. Représentation au naturel, par le dessin, la peinture, la sculpture (ou le moulage), d'un être pris en entier.
♦ [Avec détermin. spécifiant la nature de l'être] Figure de femme, d'homme. Celles-ci [des colonnes] portent encore sur leur chapiteau la figure des oies qui ont sauvé le peuple romain (STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 241). Les élèves du Bernin ont assis sur les archivoltes de la nef de Sainte-Marie-du-Peuple de charmantes figures de saintes qui forment la plus gracieuse assemblée (MÂLE, Art relig., 1932, p. 144). L'homme ne peut concevoir de force qui n'émane d'une volonté consciente, d'un être organisé; et, par analogie encore avec lui-même, il lui prête un corps de chair; il en fait des figures de dieux ou de démons, des figures humaines ou animales (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 26).
[Le détermin. désigne un élément abstr. ou concr. personnifié] Les figures du Jour et de la Nuit [du tombeau de Julien de Médicis, par Michel-Ange] (BALZAC, Honorine, 1843, p. 316). Une figure de la mélancolie, assise, devant le disque d'un soleil, sur des rochers, dans une pose accablée et morne (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 86).
♦ [Sans détermin. spécifiant la nature de l'être] Représentation d'un être humain. Composition à figures. Il y a une personne morale dans ses figures [de L. de Vinci], une âme délicate (TAINE, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 407). Ou supposons notre intelligence ainsi faite qu'elle ne puisse s'expliquer l'apparition de la figure sur la toile autrement que par un travail de mosaïque (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 91) :
• 10. Les anciens n'offrent point les exagérations ou incorrections des Michel-Ange, des Puget, des Corrège; en revanche le beau calme de ces belles figures n'éveille en rien cette partie de l'imagination que les modernes intéressent par tant de points.
DELACROIX, Journal, 1857, p. 60.
[Avec détermin. spécifiant l'aspect, la fonction, etc., de la représentation] Figure peinte, sculptée; nue, drapée; couchée, debout, colossale, monumentale; équestre. Sont-ce ces monumens modernes, chargés de figures allégoriques, qui écrasent de leurs marbres glacés des cendres moins glacées qu'elles? (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1848, p. 346). On pénétrait dans les salles voûtées, éclairées de sombres vitraux, et dans le jardin-élysée planté d'ifs et de cyprès, au milieu des figures gisantes (L. BENOIST, Musées, 1960, p. 35) :
• 11. Et Christine, levant les yeux, regarda le grand tableau (...). Les fonds, la clairière sombre trouée d'une nappe de soleil, n'étaient toujours qu'indiqués à larges coups. Mais les deux petites lutteuses, la blonde et la brune, presque terminées, se détachaient dans la lumière, avec leurs deux notes si fraîches. Du premier plan, le monsieur, recommencé trois fois, restait en détresse. Et c'était surtout à la figure centrale, à la femme couchée que le peintre travaillait : il n'avait plus repris la tête, il s'acharnait sur le corps, changeant de modèle chaque semaine...
ZOLA, Œuvre, 1886, p. 98.
[Avec détermin. spécifiant la matière] Figure de bois, de marbre, de plâtre; figures en biscuit (cf. albâtre ex. 23). Les bourgeois venaient sur le Mail contempler la toile qui recouvrait la figure de bronze et le socle de pierre (FRANCE, Orme, 1897, p. 100). Rouletabille a repris dans l'ombre, parmi les autres petites figures de porcelaine, sa pose de bonhomme en porcelaine (LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 22).
[Avec détermin. spécifiant le support] Figure de bas-relief, de vitrail. Ils avaient quelques figures du portail à étudier ensemble (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 325). Terrifié par les figures d'une fresque (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 277).
Rem. Pour figure de proue, voir infra marine.
♦ Expr. d'atelier et termes techn.
La figure dessinée/peinte. ,,Concours de l'École des Beaux-Arts qui consiste à exécuter un nu au dessin/ en peinture``(HUGUES, Expr. atelier). Descendre une figure. ,,Exécuter un dessin ou une peinture en commençant par le haut du personnage``(HUGUES, Expr. atelier). Planter une figure d'aplomb. ,,Donner l'impression de stabilité à un personnage représenté``(HUGUES, Expr. atelier). Mordre à la figure. ,,Faire des progrès dans la représentation du modèle vivant`` (HUGUES, Expr. atelier).
(Format) figure. Type des formats de support traditionnellement employé en dessin et en peinture pour la figure et où le rapport géométrique entre la plus grande et la plus petite dimension est de 1,236. Voici enfin les dimensions des différents formats de supports, dénommés FIGURE — PAYSAGE — MARINE. (Pour s'approvisionner, il suffira donc de demander le numéro, correspondant au format désiré. Exemple : un 3 Figure) (La Peinture et les techniques de la couleur, Paris, 1967, p. 8). Le format figure théorique est formé par la juxtaposition de deux formats marine; l'un au-dessus de l'autre dans le sens de la longueur si l'on prend la plus grande dimension comme hauteur (A. BÉGUIN, Dict. techn. et critique du dessin, 1978, p. 247).
) MAR. Figure de proue (ou figure d'étrave, cf. LE CLÈRE 1960). Sculpture représentant généralement un être de type humain ou un animal (en entier ou réduit au buste ou à la tête) qui ornait l'avant des navires en bois, sous le beaupré, et évoquait souvent le nom du navire. On nomme poupée dans les îles normandes la figure taillée dans la proue, statue de bois sculptée à peu près (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 114). Un vaisseau phocéen nommé le Taurophore, parce que sa figure de proue était une tête de taureau (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 572). Un vieux marin presque mort, enlacé et cordé à une figure de proue (CLAUDEL, Chr. Colomb, 1929, p. 1149).
♦ P. métaph. Elle se trouva seule devant le grand espace [dans une course], figure de proue de tout le peloton (MONTHERL., Songe, 1922, p. 36). Mlle Arletty serait la figure de proue idéale pour fendre la Seine bordée de livres, à l'avant du navire qui décore nos armes (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 130).
) JEUX. Représentation d'un personnage sur une carte à jouer. Don Ramire, Dona Isabel (...) pareils à des figures de tarots (CLAUDEL, Soulier, 1929, 3e journée, 6, p. 793) :
• 12. J'ai conçu et exécuté le nouveau jeu de cartes révolutionnaire dans lequel aux rois, aux dames, aux valets sont substituées les Libertés, des Égalités, les Fraternités (...). Et, tirant de son carton quelques figures terminées à l'aquarelle, l'artiste les tendit au marchand d'estampes.
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 39.
♦ P. méton. Carte à jouer portant la représentation d'un personnage, en particulier roi, dame, valet. Synon. honneur. Ceux-ci [les caractères des cartes] sont au nombre de trois : la hiérarchie des valeurs, la distinction des figures ou honneurs et des cartes de points ou numérales (ALLEAU, 1964, p. 100). Les maîtres-cartiers eurent alors l'idée de simplifier le jeu primitif en réduisant le nombre des figures et en supprimant les basses cartes à partir du sept (ALLEAU, 1964 p. 102).
b) BLAS. ,,On donne ce nom à toute pièce dont est chargé l'écu : figures naturelles (humaines, animales), figures héraldiques (chef, fasce, pal, bande, croix, chevrons, etc.) ou figures artificielles (armes, vêtements, tours, etc.)`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971). La grâce élancée, contournée d'une figure héraldique (GONCOURT, Journal, 1894, p. 572). Si la rue que j'habite s'appelle rue des Larmes, c'est que la municipalité voulut rendre hommage aux princes poldèves qui portent en orle dans leurs armoiries ces figures naturelles (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 74). Figures héraldiques en forme d'amandes et toujours par quatre (L'Hist. et ses méth.. 1961, p. 763).
c) ASTROL. Représentation des signes du zodiaque et des relations qu'ils entretiennent au mois, au jour, à l'heure de la naissance de quelqu'un. Ruggieri, appuyé sur son coude, un livre d'astrologie ouvert devant lui; il y mesure des figures avec un compas (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 1, p. 119). Un exemplaire des Heures de Simon Vostre était ouvert au feuillet qui porte une figure d'astrologie (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 326) :
• 13. Pourquoi n'aurais-je pas fait rentrer le Maroc dans cette nouvelle figure des événements que votre appel, achevant l'aspect et moment général de l'univers comme une figure horoscopique, m'invitait par mon départ à déterminer?
CLAUDEL, Soulier, 1944, 2e part., 9, p. 1076.
d) Représentation graphique conventionnelle d'un élément non perceptible par la vue. Synon. plus usuel signe.
♦ Domaine de l'écriture, vieilli. Une figure hiéroglyphique est toujours une peinture (DESTUTT DE TR., Idéol., 2, 1803, p. 305).
♦ Domaine de la représentation de certains concepts. Qu'on la remplace [la notion d'infini] par une figure conventionnelle (∞) et cet indicatif dispense d'une équivalence mentale impossible (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 58).
♦ MUS. Synon. plus usuel signe neumatique. À cette époque, [quatorzième siècle] Jean de Muris, chanoine de Paris, donna, assure-t-on aux notes les différentes figures destinées à marquer la durée relative des sons (SAVARD, Harm., t. 1, 1853, p. 17). Deux modes de notation, employant les mêmes figures de notes avec des significations différentes (D'INDY, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 54). Il y a trois figures de clefs : la clef de sol (...) celle de fa (...) et celle d'ut (ROUGNON 1935, p. 30).
B.— Ce qui constitue la représentation typique de quelque chose, en vertu d'une analogie de nature perçue par l'esprit entre deux éléments, le représenté étant un élément plus ou moins abstrait ou un élément concret auquel on attribue une valeur particulière.
♦ [Sans détermin.] Et, comme le disait M. Ballanche, tout y est [dans la vie humaine] mythe et figure (BALZAC, Corresp., 1831, p. 567). Le moyen âge qui savait que sur cette terre tout est signe, tout est figure (...) étudia de très près cette science [le symbolisme] (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 476). Il [le théâtre] retrouve la notion des figures et des symboles-types (ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 34).
♦ [Avec détermin.] C'est Marsaud, l'homme qui met sa signature sur les billets de banque et qui semble, sous son noir faux toupet, une figure allégorique de l'implacabilité de l'argent (GONCOURT, Journal, 1878, p. 1227). Cette mort de Marco Polo, il n'est point, à mon estime, plus tragique figure d'une solitude (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 196). Quelle que soit l'issue du règne de de Gaulle, et tant qu'il m'en restera la force, je ne laisserai pas dégrader cette figure de notre destin (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 362) :
• 14. À ce premier point de vue l'œuvre doit être considérée seulement comme un amour malheureux qui en présage fatalement d'autres et qui fera que la vie ressemblera à l'œuvre, que le poète n'aura presque plus besoin d'écrire, tant il pourra trouver dans ce qu'il a écrit la figure anticipée de ce qui arrivera. Ainsi mon amour pour Albertine, tant qu'il en différât, était déjà inscrit dans mon amour pour Gilberte...
PROUST, Le Temps retr., 1922, p. 904.
— THÉOL. [Dans l'interprétation des Écritures] Figures et symboles bibliques. Les exégètes font de l'ânon que Jésus chevaucha, le jour des Palmes, une figure des Gentils (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 426). Tout l'ancien testament est une figure, une image d'ensemble et de détail (...) Du nouveau testament dans son ensemble et dans son détail (PÉGUY, Myst. des Sts Innoc., 1912, p. 174) :
• 15. Moïse n'est pas seulement un homme, un personnage réel, c'est une figure : en même temps qu'il prédit le Christ et le Messie, il le reproduit par avance dans quelques-unes de ses souffrances, de ses stations et de ses agonies douloureuses.
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1863-69, p. 296.
Rem. Dans certains contextes (lorsque l'être ou le fait qui constitue la représentation d'un autre est chronologiquement antérieur à cet autre, et surtout lorsque figure est déterminé par un adj. comme anticipée, prophétique), figure est senti plus ou moins comme synon. de préfiguration.
III.— [S'agissant de l'être humain]
A.— Partie antérieure de la tête.
1. [Considérée en elle-même]
a) [Comme partie de l'anatomie ayant des caractéristiques matérielles] Synon. face, tête, visage; frimousse (fam.); balle, bille, binette, bobine, bouille, gueule, portrait, trogne, trombine (pop.). Cf. bouche ex. 3. La figure de son père le frappa : le grand jour démasquait toute la ruine de son visage, meurtri, ossifié, méconnaissable (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 161). À deux pieds de ma figure, il y avait le mufle jaune, pointillé de noir, d'Hiram-Roi [un guépard] (BENOIT, Atlant., 1919, p. 235).
SYNT. Mouvements, traits d'une/de la figure; avoir des boutons sur la figure; couler sur la figure; balafrer, barbouiller, s'essuyer, se graisser, se laver la figure; écraser sa figure contre qqc.; lever, tourner la/sa figure; cacher sa/se cacher la figure dans, couvrir sa/se couvrir la figure; figure qui se crispe, s'empourpre, pâlit.
— [Expression d'un trait purement matériel : couleur, forme, etc.] Un des petits frères d'Yann, un futur Islandais, avec une bonne figure rose et des yeux vifs (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 259). Sa figure crispée se contracta davantage (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 874) :
• 16. C'était une fraîche figure, blanche, rose et blonde; elle avait un petit nez un peu gros, une petite bouche un peu grosse, un petit menton grassouillet, de fins sourcils, des yeux clairs, et une profusion de cheveux blonds qui, tressés en nattes, s'enroulaient en couronne autour de sa tête, découvrant la nuque ronde et le front lisse et blanc : — une petite figure de Cranach.
ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1905, p. 117.
SYNT. Figure basanée, blafarde, blanche, blême, blonde, bronzée, brune, claire, colorée, exsangue, hâlée, jaune, livide, noire, pâle (pâlie, pâlotte), pourpre, rouge (rougeaude), tannée, violacée; figure allongée, amaigrie, amincie, anguleuse, bouffie, émaciée, épaisse, fine, grosse, hâve, joufflue, large, longue, maigre, mince, plate, pleine, pointue, ronde, soufflée; figure barbue, échevelée, glabre, rasée, à/sans poils; barbouillée, sale; délicate, flasque, flétrie, grêlée, lisse, molle, osseuse, plissée, ratatinée, ravagée, ridée, tirée, vieillie; contractée, convulsée, grimaçante.
— [Expression d'un effet perçu ou d'un jugement porté] Cf. chair ex. 1. Qui l'avait une fois vue ne pouvait oublier cette figure singulière, aux yeux clairets, et tachetée de rousseurs ainsi qu'un œuf de caille (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 136).
SYNT. Belle, bonne, jolie figure; figure agréable, antipathique, banale, céleste, distinguée, effrayante, étrange, gracieuse, grotesque, hideuse, horrible, laide, patibulaire, ravissante, sinistre, sympathique, terrible, touchante, vilaine, vulgaire.
♦ Figure à claques, à gifles. Figure déplaisante, agaçante. Synon. tête à claques (cf. claque A 1). La vue de ce capitaine, de cette méprisante figure à gifles, lui devint insupportable (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 467). Les taches de son de sa laide figure à claques (RENARD, Poil carotte, 1894, p. 248).
— [Expression d'un type, généralement fondée sur une comparaison]
♦ Figure d'enfant, de femme, d'homme; d'albinos; jeune, vieille (vieillotte). Je [un vase] n'ai pas vu figure humaine À mon pied depuis bien des ans (SULLY PRUDH., Vaines tendr., Le Vase et l'oiseau, 1875, p. 240). Mlle de Garambois remuait alors un peu la tête et la figure de la fillette aimable et espiègle dont elle avait l'âme, surgissait (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 117).
♦ Figure alsacienne, anglaise, italienne, juive. L'un portoit le caractère de la figure américaine; tel autre celui de la tête anglaise ou du nord (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 166). L'Italien Corti, à figure japonaise (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 302).
♦ Figure d'anachorète, d'ange, d'apothicaire, de bacchante, de Bouddha, de chérubin, de croque-mort, de pénitent, de séminariste; pouponne. Puis S'Gravesande, épais, et cependant l'air fin, le regard pénétrant; vraie figure d'anatomiste (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 350). Il revoyait James dans sa bibliothèque, à lui, et sa figure socratique, illuminée par des yeux clairs d'une vivacité singulière (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 5).
♦ Figure de belette, de chacal, de fouine; simiesque. Il y a la figure de chèvre, comme celle de Musset; la figure chevaline, longue et osseuse (ALAIN, Propos, 1910, p. 87).
♦ Figure de citron, de parchemin; cadavéreuse, terreuse. Tandis que l'enfant (...) avait une pauvre petite figure de cire, muette, pâlie par le grand air (ZOLA, Nana, 1880, p. 1377). La reine Élisabeth qui vous regarde de ses mauvais yeux jaunes, enfoncés dans sa figure parcheminée (MORAND, Londres, 1933, p. 216).
) Expr. courantes
— En pleine figure. Recevant un bouquet en pleine figure (MEILHAC, HALÉVY, Gde-duch. Gérolstein, 1867, III, p. 287). Un homme jeune (...) le [capitaine] frappa du poing en pleine figure (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 235). Tantôt c'est la tempête qui déracine les chênes, et tantôt c'est le chalumeau de l'émailleur, ou tout à coup, en pleine figure, la bouffée irrésistible de la rose (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 254).
Rem. En pleine figure apparaît aussi comme var. de à la figure, dans les expr. verbales infra : envoyer, flanquer...
— Casser la figure à qqn. Le rosser. Synon. fam. gueule. Je lui casserais la figure s'il y avait une seule faute d'impression (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 292).
♦ Se casser la figure.
Avoir un accident sérieux où l'on se fait du mal. J'avais un cocher soûl, à neuf heures du matin, qui a failli me faire casser vingt fois la figure (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière] 1905, p. 119). Ce que ça me serait égal de me casser la figure, pourvu qu'ils se la cassent aussi (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 200).
Au fig. Essuyer un échec, des difficultés sérieuses :
• 17. C'est un vrai bois que la Bourse, un bois par une nuit obscure, où chacun marche à tâtons. Dans ces ténèbres, si l'on a le malheur d'écouter tout ce qu'on invente d'inepte et de contradictoire, on est certain de se casser la figure.
ZOLA, Argent, 1891, p. 345.
— Cracher à la figure de qqn. Synon. cracher au visage, au nez, à la face (cf. cracher A 2 a). Gonflant sa poitrine, il cracha, de toute sa force, en pleine figure du prussien (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Père Milon, 1883, p. 217). Tu lui diras que je lui ai craché à la figure avant de mourir, tu lui diras (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 236).
— Crier dans la figure. La fille exaspérée, lui cria dans la figure :« Tu mens, salop! » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Fifi, 1881, p. 163).
— Dire dans la figure. Dire de façon très directe. Et je lui dis [à Péquignot] dans la figure :« Tu t'es entendu avec cette canaille de Bourguignon. Tu n'es qu'un pas grand chose. Tu as trahi l'amitié » (ZOLA, Bouton de rose, 1884, III, 8, p. 281). Il leur disait en pleine figure qu'il les faisait travailler par charité (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1598).
— Envoyer, flanquer, jeter à la (par la, dans la, à travers la, en pleine) figure.
♦ [En parlant d'un objet] D'Israëli lui envoya un coup de poing en pleine figure (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 23). Des débardeurs s'envoient à la figure des merlans pourris (MORAND, Londres, 1933, p. 304). Elle lui flanqua par la figure le trognon de la fraise tranchée par ses dents (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 310) :
• 18. Et avant même que tu te sois levé de ta chaise [sur le ring]
Ils te sonneront les cloches à toute volée
Ils te jetteront à la figure
L'éponge sacrée
Et tu n'auras pas le temps de lui voler dans les plumes
PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 269.
♦ [En parlant de propos] Dire de but en blanc, sans prendre de précautions oratoires. Je lui flanquerai à la figure tout ce que je pense (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 152). Celle-ci [Mme Kergomard] lui jetait dans la figure :« Oui, c'est la revanche de l'édit de Nantes! » (GONCOURT, Journal, 1894, p. 620). Alors elle le regarda et lui jeta à la figure : — Naturellement, je l'aime (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 182).
Rem. Figure désigne parfois l'avant-tête des animaux. Si le cheval est blessé, ils [les hommes de la cavalerie] sont obligés de le traîner par la figure, ce qui n'est pas du tout agréable pour un homme qui n'est pas habitué à tirer le licol pendant huit lieues (VIDAL, DELMART, Caserne, 1833, p. 19). Les côtes de la Chine (...) où les poissons ont des figures drôles comme les habitants (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 333).
b) [Comme lieu où se manifestent des états physiol. et, surtout, psychol.]
) [Équivaut plus ou moins à visage] Expression, sérénité de la figure. Lamiel n'était guère habile dans l'art de défendre à sa figure d'exprimer les sentiments qui l'agitaient (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 131). Dès que la conversation s'élève un peu, devient intéressante, un sombre ennui monte à la figure des châtelains et la leur fait tout grise (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1035). Ils avaient aperçu l'étonnement sur ma figure (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 321).
— [Avec adj. épith. ou, plus rarement, compl. prép. de] Derrière toutes les figures et plus haut, la figure énergique, mais passionnée et maladive, du peintre (MICHELET, Journal, 1841, p. 370). Ils écoutèrent le maréchal qui, la figure bouleversée, trempée de sueur, regardait le crucifix (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 140) :
• 19. Pour ma part, rien ne me réjouit autant que votre figure rayonnante. La vue des gens heureux me fait du bien! Mais notre Henriette, un peu romanesque, préférait, sans doute, l'allure du début, votre... comment dire? ... votre inquiétude!
BERNSTEIN, Secret, 1913, p. 22.
SYNT. Figure aimable, animée, assombrie, attentive, austère, avenante, béate, candide, chagrine, complaisante, consternée, décomposée, défaite, douloureuse, épanouie, espiègle, étonnée, expressive, farouche, fatiguée, fermée, franche, froide, gaie, gouailleuse, grave, hagarde, hargneuse, heureuse, hostile, illuminée, impassible, implacable, joviale, loyale, maladive, malheureuse, mélancolique, morne, ouverte, placide, radieuse, réjouie, renfrognée, rieuse, rusée, sèche, sereine, sérieuse, sévère, souffreteuse, souriante, tourmentée, triste.
♦ Figure de marbre. Au centre de la table est un ancien ambassadeur, sénateur aujourd'hui; c'est le principal personnage. Figure de bois, pas un muscle ne bouge (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 176).
— [Avec une forme verbale] Figure qui s'allonge, s'anime, s'assombrit, se décompose, s'illumine, rayonne. À l'instant sa figure changea d'expression (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 317). Sa figure s'éclaira, ses yeux lancèrent la flamme (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 58). Et sa figure se rembrunit (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 695).
) Expressions
— Avoir la figure de l'emploi. Ce modèle de fidélité posthume a-t-il la figure de son emploi? (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 7). Du reste, il avait la figure de l'emploi. Impossible de rencontrer une physionomie plus antipathique (BLOY, Journal, 1902, p. 83).
— Être écrit/peint sur la figure de qqn. En rentrant à Leipzig, nous vîmes la joie peinte sur la figure des habitants (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1864, p. 160). Son contentement est tout écrit sur sa figure (GIONO, Regain, 1930, p. 208).
♦ Se peindre sur la figure. L'angoisse enfantine qui se peignit sur la figure du bonhomme (BOURGET, Disciple, 1889, p. 44).
— Lire sur la figure de qqn. — Monsieur! Je lis sur votre figure (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 80).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. L'amour se lisait sur sa figure (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 154).
— Porter qqc. sur la figure. De bien braves gens, et ils le portent sur la figure (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 20).
) [Équivaut plus ou moins à air, mine; surtout dans des syntagmes verbaux avec avoir, faire, etc.]
♦ Changer de figure. Les Arabes, s'approchant de moi, changeaient de figure, prenaient l'air grave et affligé (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 28). Alors tous ces bandits changeraient de figure et nous feraient bonne mine comme en 1806 (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 160). Ils changeront de figure tout à l'heure (ARLAND, Ordre, 1929, p. 436).
P. anal. On voit dans un jour blafard la vie changer de figure (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 148).
♦ Se composer une figure. Quel mal on a à se composer une figure pour avoir l'air aimable comme par le passé (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 319).
♦ Faire une figure. Avoir un certain air. Vous savez, ces dames des confections font une figure! (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 606). Vous en faites des figures (COCTEAU, Par. terr., 1938, I, 3, p. 201). À l'impératif, avec négation. Ne fais pas cette figure, me dit Ricarda affectueusement (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 279). Ne fais pas cette figure lamentable (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, 10, p. 64).
♦ Faire une drôle de figure. Il faisait une drôle de figure en présence de son seigneur et maître (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 238). Costals faisait une si drôle de figure — si horrifiée — en racontant ces histoires (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1269).
♦ Faire bonne/mauvaise (piètre, triste, etc.) figure (à qqn ou qqc.). Accueillir quelqu'un ou quelque chose avec une certaine disposition d'esprit. Force me fut donc de faire à mauvais jeu bonne figure (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 66) :
• 20. Étant mon ami [dit Mariette], il devenait nécessairement l'ami de tous mes amants, et, comme j'en ai eu plusieurs, j'ai remarqué qu'il faisait froide mine aux nouveaux. — Cependant, dit Gérard, loin de me faire mauvaise figure, l'autre soir il est venu à moi et m'a conté sur sa peinture des choses qu'il prétend ne pas dire à tout le monde.
CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 44.
♦ (Avoir, faire, prendre une) figure + compl. subst. prép. de exprimant un fait ou une situation. Figure de carême, de componction, d'enterrement. Il ne pouvait s'empêcher de sourire tout en faisant une figure de circonstance (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 338).
♦ Avoir mauvaise figure (comme symptôme de maladie grave). — Il a mauvaise figure. — Il fait déjà le nez de pie. — Il n'ira pas loin (GIONO, Colline, 1929, p. 39).
2. Partie antérieure de la tête considérée comme singularisant l'être, d'où être caractérisé par sa figure. Figure connue/inconnue, familière, nouvelle; mettre un nom sur une figure. Je leur demandai si une figure étrangère n'avait pas été aperçue soit dans les bâtiments, soit dans les cours (CHAMPLF., Souffr. profess. Delteil, 1855, p. 14). Dans la vaste chambre, transformée, comme agrandie par l'immobilité du maître, ces graves figures [des médecins] s'avançaient autour du lit (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 80) :
• 21. Elle [Geneviève] (...) me parla un peu de Sancergues et de nos vieilles familles. C'est là un sujet qui me touche toujours; car l'évocation des figures aimées en ces jours lointains me charme et m'attendrit au point que le meilleur de ma nature, la part Dérivat, me reprend, malgré tant d'années de solitude, pendant lesquelles je me suis efforcé, sans oublier ces ombres disparues, à vivre gravement sur des terres plus dures...
BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 126.
♦ Figure de connaissance. Mme Loupian, l'examine attentivement [un homme], croit retrouver dans ses traits une figure de connaissance (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 789). Personne pour vous recevoir!... Allons, allons, ça doit être ici!... Pas une figure de connaissance! Il est vrai qu'en six mois, dans ce monde-là (PAILLERON, Âge ingrat, 1879, II, 4, p. 62).
♦ Se payer la figure de qqn. Se moquer de quelqu'un. Est-ce qu'il ne se serait pas payé la figure de Léonie? (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 111).
B.— P. méton. Personne caractéristique.
1. Personne caractéristique ayant, ou ayant eu, une existence réelle.
a) Individu marquant, célèbre. Figure historique, idéale; grande, sinistre, sublime figure. On retrouve entre les deux figures [de Napoléon et de Louis Bonaparte], entre leurs situations et leurs époques, la plus constante analogie (PROUDHON, Révol. soc., 1852, p. 154). C'est une figure extraordinairement séduisante que celle de ce protestant que l'abbé Bremond appelait un grand homme (GREEN, Journal, 1949, p. 330) :
• 22. Quel malheur que — alors que j'étais seulement préoccupé de retrouver Gilberte ou Albertine — je n'aie pas fait plus attention à ce monsieur! Je l'avais pris pour un raseur du monde, pour un simple figurant, c'était une figure!
PROUST, Le Temps retr., 1922, p. 720.
♦ [Avec déterm. désignant nommément la personne considérée] On peut dire que la figure grandissante de Napoléon est devenue, à la lettre, le cauchemar de Chateaubriand (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 394). Il paraît évident que la figure symbolique de saint Pierre repentant fut proposée aux peintres d'abord par des hommes d'Église (MÂLE, Art relig., 1932, p. 66). Oui, assez de mâles militaires occuperont leur oisiveté creuse à évoquer (...) les hautes figures de leurs compagnons et de leurs chefs (ARNOUX, Roi, 1955, p. 32).
♦ [Avec déterm. évoquant le cadre dans lequel la personne se distingue] Une figure de notre temps, du passé, d'un mouvement. Cette noble femme [la princesse de Vaurémont], qui sera l'une des grandes figures féminines du dix-huitième siècle (BALZAC, Mém. jeunes mar., 1842, p. 153). Berthe Morisot restera la figure la plus captivante de l'impressionnisme, celle qui aura le mieux précisé la féminité de cet art lumineux et chatoyant (MAUCLAIR, Maître impressionn., 1904, p. 153). L'auteur d'Élie, du Songe d'une nuit d'été, de la Symphonie écossaise, est une grande figure musicale (SAINT-SAËNS, Germanophilie, 1916, p. 52).
b) [Avec déterm. spécifiant] Type humain. Le connétable de Bourbon, inoubliable figure du renégat de son pays (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 152). À l'antique notion terrienne, humble, quasi maraîchère, que nous nous faisions de l'artiste, attaché à un lieu et s'y mettant en espalier, il [M. Picasso] a substitué la figure de l'aventurier (GILLET, Art fr., 1938, p. 176) :
• 23. Pendant cette heure où il ne parla que de lui-même en me demandant mon amitié au nom de sa femme, il acheva de me dessiner complètement la grande figure de l'émigré, l'un des types les plus imposants de notre époque.
BALZAC, Lys, 1836, p. 324.
2. Personne caractéristique représentée par l'imagination.
a) Personnage typique d'une œuvre littéraire, ou type humain créé par la tradition populaire. La grande figure de femme promise par la préface, que vous trouvez piquante, est faite à moitié (BALZAC, Corresp., 1835, p. 655). Des propos facétieux où passaient sans ordre ni mesure Verboquet Le Généreux, Catherine Cuissot qui colportait, les demoiselles Chaudron, le sorcier Galichet et les figures plus récentes de Cadet Roussel et de Madame Angot (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 127). J'invente un personnage de romancier, que je pose en figure centrale (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1082). La Vouivre, figure comtoise, est sans doute un des souvenirs les plus importants qu'ait laissés en France la tradition celtique (AYMÉ, Vouivre, 1943, p. 11).
b) Être ou concept, personnifié, qu'on se représente sous une forme humaine plus ou moins nettement caractérisée. Figure universelle [la Mort], et que toujours l'on voile, Montre-moi bien tes yeux rongés (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 68). Il [l'esprit humain] en a fait [des concepts de temps et d'espace] ces deux figures gigantesques qui tiennent une si grande place dans la poésie, la théologie et la philosophie (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 330). Quittant son individualité, la femme aimée et perdue évolue lentement vers la figure de l'ange intercesseur (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 359) :
• 24. ... Dieu est un but qui se pose sans cesse plus loin, à mesure que l'humanité s'en approche (...). La grande figure divine, que l'homme cherche depuis son enfance à arrêter définitivement dans son imagination et à emprisonner dans ses temples, s'élargit, s'agrandit toujours, dépasse les pensées étroites et les temples limités...
LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 180.
REM. Figurette, subst. fém., dimin. rare. a) Petit visage. Même figurette [Xavière] allongée et pâle, mêmes cheveux blonds et fins (FABRE, Xavière, 1890, p. 146). b) Synon. de figurine B. Ces figurettes fantasques qui vibrent sur le piano des jeunes filles (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 90).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 881 « forme extérieure, aspect général qui caractérise » (Ste Eulalie, 25 ds HENRY Chrestomathie, n° 2, XIII); XVIIIe s. spéc. en parlant de la forme du visage « visage, face » (LESAGE, Gil Blas, Paris, Garnier, 317 ds J. RENSON, Les dénominations du visage en fr. et ds les autres langues romanes, 1962, p. 350), pour ce sens encore rare au XVIIIe s.v. J. RENSON, op. cit., pp. 344-354; b) 1662 « air, mine » (MOLIÈRE, Femmes savantes, III, 2, éd. Ad. Régnier, Œuvres, IX, 820-21); 2. a) 1119 gramm. « forme d'un mot » (PH. DE THAON, Comput. 747 ds T.-L.); b) 1269-78 math. « chiffre » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 12762), 1546 géom. « tracé des formes théoriques étudiées » ([F. COLONNA], Hypnerotomachie, trad. par. J. Martin, f° 12 r°); c) XIVe s. log. « forme d'un syllogisme » (Pamphile et Galatée, 237 ds T.-L.); d) 1680 danse (RICH.); 3. a) 1121-34 « représentation dessinée, image, illustration » (PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 370); b) 1269-78 « effigie, portrait » ici « statue (représentant quelqu'un) » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 17950); 4. 1121-34 « illustration verbale, moyen imagé de faire comprendre » par figure « allégoriquement » (PH. DE THAON, op. cit., 560); 5. ca 1375 « cas exemplaire, modèle, exemple » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, Deduis, 74, 4 et 20); 1595 « personnage exemplaire » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXXVII, p. 268). Empr. au lat. class. figura « configuration, forme, aspect, représentation sculptée, mode d'expression (figures de style), manière, etc. ». Fréq. abs. littér. :14 506. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 19 853, b) 23 180; XXe s. : a) 25 565, b) 16 953.
DÉR. 1. Figurisme, subst. masc., théol. ,,Système d'interprétation de la Sainte Écriture, fondé sur la multiplicité des sens que présenterait la lettre de la Bible`` (Théol. Cath. t. 5, 2, 1913). — []. Ds Ac. 1762-1932. — 1re attest. 1729 (Abbé DEBONNAIRE, Sur le figurisme moderne d'apr. RENSON, 1962, p. 355); de figure « allégorie, symbole », suff. -isme. 2. Figuriste, subst. masc. a) Artiste spécialisé dans la représentation plastique (peinture ou sculpture) de personnages. Ce chef-d'œuvre [la statue du bastion Bazire] du figuriste Sévallée et du peintre Guillot représentait un abbé assis et lisant (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 44). Une exquise chapelle de la Vierge, sculptée, je devrais dire ouvrée, par les admirables figuristes du temps de Louis XII (HUGO, Alpes et Pyr., 1885, p. 85). En partic. ,,Mouleur de plâtre qui reproduit des figures`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884). b) Théol. Partisan du figurisme. Les figuristes, par leur théorie de l'apostasie universelle à peu près consommée de leur temps, aboutissaient à renverser la visibilité et la perpétuité de l'Église (Théol. Cath. t. 5, 2, 2304). Rem. Mercier signale l'emploi (rare) du mot au sens de « figurant ». Qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait dans cette grande assemblée? Il y a été Figuriste. Ce pauvre comédien Figuriste, voyez comme l'inaction rend son visage encore plus bête (Néol., t. 1, 1801, p. 267). — []. Ds Ac. 1798-1932. — 1res attest. a) ) 1604 se disant reprouver tous figuristes (FEUARDENT, Entremangeries et guerres ministrales, 171), attest. isolée; ) 1752 (Trév. : Figuriste Nom de secte. Figurista. Celui qui explique des événements presens par des figures et des symboles); b) 1747 peintre figuriste (Docum. ds Nouvelles archives de l'art français, année 1887, p. 337); a de figure « allégorie, symbole », dans l'attest. notée en il s'agit d'un emploi faisant allusion aux querelles théologiques entre protestants; b de figure « représentation, image (sculptée ou dessinée) », suff. -iste. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — HEMMING (T.D.). Lexicology and Old French. Mod. Lang. R. 1968, t. 63, p. 822. — HILDER (G.). Der Scholastische Wortschatz bei Jean de Meun. Tübingen, 1972, 213 p. — KRUSE (M.). Die Bedeutung der Figures und des figurativen Denkens in Pascals Pensées. Rom. Jahrb. 1969, t. 20, pp. 60-74. — PORTIER (E.). Essai de sém. : feindre, figurer, feinte, figure, fiction, R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 183-201. — QUEM. DDL t. 4, 6. — RENSON (J.). Les Dénominations du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, 738 p.
figure [figyʀ] n. f.
ÉTYM. Fin IXe; « forme d'un mot, par rapport à son sens », 1119; lat. figura « forme (→ sens I.), manière, représentation sculptée (→ sens IV.) ».
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I (V. 880). Vx, littér. ou dans des expressions. Forme, notamment en tant que signe; représentation d'une forme.
A Forme extérieure (d'un objet matériel, d'un corps, d'un ensemble). ⇒ Aspect, configuration, conformation, forme. || La figure de la Lune change d'un disque plein à un croissant. || Revêtir les figures les plus étranges (→ Devenir, cit. 4). — La figure du monde, de ce monde, son apparence sensible.
REM. Dans l'ancienne langue, figure occupe à peu près tous les emplois de forme :
1 On avait besoin, au moyen âge, du mot figure, au sens étymologique, le mot forme étant encore pris dans son sens métaphysique et aristotélique. L'abandon de la scolastique, en faisant perdre à ce dernier sa valeur technique, lui a permis de se substituer à figure.
Lalande, Voc. de la philosophie, art. Figure.
2 Je (Pancrace, docteur aristotélicien) soutiens qu'il faut dire la figure d'un chapeau, et non pas la forme; d'autant qu'il y a cette différence entre la forme et la figure, que la forme est la disposition extérieure des corps qui sont animés, et la figure, la disposition extérieure des corps qui sont inanimés (…) ce sont les termes exprès d'Aristote dans le chapitre de la Qualité.
Molière, le Mariage forcé, 4.
3 Un homme d'esprit n'est point jaloux d'un ouvrier (…) Il sait qu'il y a dans ces arts (…) des outils à manier dont il ne connaît ni l'usage, ni le nom, ni la figure (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 85.
4 (…) je lui répondrais avec une parfaite lucidité si je n'étais pas occupé à maintenir dans leur figure naturelle tous les objets qui m'entourent.
France, le Crime de S. Bonnard, in Œ., t. II, p. 464.
♦ ☑ Allus. littér. Le chevalier de la triste figure : don Quichotte (calque de l'esp. Caballero de la trista figura), chevalier (et cavalier) de piètre apparence. — REM. Cet emploi n'est plus clairement compris de nos jours, le sens de « face » étant beaucoup plus usuel.
♦ Littér. (Le compl. désigne une abstraction). || « La figure extérieure de ses actes et du jugement porté sur eux » (P. Bourget, in T. L. F.).
1 (Sens général). Rare. Forme graphique ou plastique représentant une chose concrète ou évoquant une chose abstraite. ⇒ Image. || Figure à deux, à trois dimensions. || Figure en creux, en relief (⇒ Bosse, empreinte).
♦ Cour. Une telle représentation à deux dimensions, et, spécialt, dessin au trait, mis en rapport avec un texte écrit ou imprimé, et destiné à en faciliter ou à en agrémenter la lecture, la compréhension. ⇒ Illustration. || Figures gravées, lithographiées. ⇒ Gravure. || Figures et photos. — Figures de plantes, d'animaux, de machines, de réactions chimiques, de théorèmes… qui illustrent un manuel (abrév. usuelle : fig.). || Voir la figure 4. || Livre avec figures, à figures. ⇒ Illustré. || Livre orné de figures. ⇒ Estampe, vignette. || Planches de figures. || Figure plate, qui s'insère dans le livre sans qu'on ait à la plier. || Figure de caractère technique. ⇒ Graphique, tableau, tracé. — Figure et devise symbolique. ⇒ Emblème, enseigne.
5 Figure (…) signifie la représentation faite sur le papier de l'objet d'un théorème, d'un problème, pour en rendre la démonstration ou la solution plus facile à concevoir (…) Les figures en bois, gravées à côté de la démonstration, et répétées à chaque page si la démonstration en a plusieurs, sont plus commodes que les figures placées à la fin du livre, même lorsque ces figures sortent entièrement.
Encycl. (d'Alembert), art. Figure.
5.1 La figure en elle-même est un ensemble parfait de lignes et d'effets (…)
E. Delacroix, Journal, 6 juin 1851.
5.2 Découvertes à la lampe, les figures de Lascaux s'ordonnent non par panneaux d'ensemble, mais au long d'un trajet, tenues l'une à l'autre par le lien d'un thème dont le sens échappe, mais dont le déroulement se répète plan après plan jusqu'aux figures de rhinocéros des tréfonds.
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. I, p. 156.
REM. Cet emploi interfère avec celui du mot dans les expressions figurées. → ci-dessous, III.
2 (V. 1270, « statue »; sens du lat. figura). Spécialt. Représentation (d'un personnage humain), à des fins esthétiques ou didactiques.
a Arts. ⇒ Effigie, portrait, statue. || Les figures d'un tableau. || Distribution des figures sur un tableau. || Draper, peindre, dessiner une figure. || Figure qui manque d'expression, de mouvement. || Figure en terre cuite, en bronze. || Figure équestre. || Figure monumentale, colossale. || Les figures d'un groupe sculpté. || La figure d'une divinité. ⇒ Idole. || Figure allégorique (→ Coquille, cit. 6). || Figure burlesque. ⇒ Caricature.
6 Un homme d'esprit n'est point jaloux d'un ouvrier (…) ou d'un statuaire qui vient d'achever une belle figure.
La Bruyère, les Caractères, XI, 85.
7 On observera qu'en art, contrairement à l'usage vulgaire, ce mot (figure) ne désigne pas une tête, mais un personnage entier. Une figure est dite de grandeur nature quand elle est exécutée à la grandeur réelle; demi-nature, si la taille du modèle est réduite de moitié. Une demi-figure est celle qui représente un homme ou une femme jusqu'à la ceinture (…)
Louis Réau, Dict. d'art et d'archéologie, art. Figure.
♦ La figure : la représentation humaine, en peinture. || Ce peintre ne faisait que la figure et le portrait.
♦ Spécialt (en appos., après un nombre). Se dit du format de tableaux le moins allongé (la petite dimension en est plus importante que dans les autres formats), d'abord réservé aux figures. || Le 5-Figure mesure 35 sur 27 cm. ⇒ aussi Paysage; marine.
7.1 Tout cela à propos d'un écureuil peint à toute vitesse sur une toile de 5-Figure !
J. Dutourd, Pluche, VIII, p. 77.
b Figure anatomique : représentation du corps ou d'une partie du corps (surtout humain) représentant l'anatomie externe et interne. ⇒ aussi Écorché. || Figure anatomique à éléments emboîtés.
c Figure de cire : représentation d'une personne humaine en cire. ⇒ Mannequin. || Cabinet de figures de cire. || Musées de figures de cire : Mme Tussaud, à Londres, le musée Grévin, à Paris. — Il ne bougeait pas plus qu'une figure de cire.
7.2 Les figures de cire, je ne connais pas de mensonge de la vie plus effrayant. Ces immobilités paralysées, ce geste refroidi, cette fixité, ce silence du regard, cette tournure pétrifiée, ces mains perdues au bout des bras, ces tignasses noires et ballantes, ces cheveux d'ivrognes dépeignés sur le front des hommes, ces cils de crin enfermant l'œil des femmes, ce blanc morbide et azuré des chairs, ce quelque chose de mort et de vivant, de pâle et de fardé, qu'ont ces déterrés de l'histoire dans ces oripeaux raides, tout cela trouble et inquiète comme une résurrection macabre.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. I, p. 77.
d (1845). Représentation humaine sur une carte à jouer. — Par métonymie. Se dit du Roi, de la Dame et du Valet. ⇒ Honneur.
e Figure de proue : tête, buste (d'une personne, d'un animal) au-dessus de la guibre et sous le beaupré des anciens navires à voile. ⇒ Bestion (vx).
8 C'était, en vérité, un joli navire (…) sa suprême beauté était sa figure de proue à la mode déjà ancienne. Elle représentait l'image d'une belle fille noire qui tenait entre ses deux seins une rose peinte au naturel.
P. Mac Orlan, l'Ancre de miséricorde, p. 92.
♦ ☑ Fig. Figure de proue : personnalité majeure d'un mouvement (en histoire, en politique). — REM. Cette valeur rejoint le sens métonymique IV.
3 (XIIIe, « chiffre »). Didact. Représentation graphique d'un élément du langage ou d'un ensemble fonctionnel de signes (formalisme mathématique, logique, écriture musicale). ⇒ Signe. || Les figures hiéroglyphiques. ⇒ Hiéroglyphe. || Figures idéographiques de l'écriture chinoise. ⇒ Caractère. || Figures représentant les sons des écritures phonétiques (syllabes ou lettres). — Vx. || Les figures de l'arithmétique, de l'algèbre. ⇒ Symbole; chiffre.
♦ (1829). Mus. Signe représentant une valeur de durée sonore. || Figure de note. || Figure de silence. || Les blanches, les croches sont des figures de notes.
4 Blason. Pièce de l'écu représentant des objets (figures naturelles) ou des formes imaginaires (figures de fantaisie).
➪ tableau Termes de blason.
5 Astrol. Représentation des signes du zodiaque. || Figure horoscopique, d'astrologie.
1 Mod. Élément matériel caractérisé par un espace délimité, des contours, dont l'effet sur la vue détermine la reconnaissance. ⇒ Forme, gestalt, structure. || La figure est perçue par rapport à un fond. || Percevoir, reconnaître une figure dans l'espace. || Dessiner une figure, des figures (→ ci-dessous, II.). || Enfant qui fait naturellement des figures sur un papier (→ Écrire, cit. 9).
♦ Spécialt. Cour. Forme (d'un être vivant, surtout d'une personne) vaguement perçue, identifiable seulement comme espèce (forme humaine). ⇒ Forme. || De vagues figures se mouvaient dans le brouillard. || « Figures accroupies auprès du feu, vêtues de peau de bique… » (Pesquidoux, in T. L. F.).
♦ Didact. (sc.). Forme à contour déterminé produite par un phénomène physique ou chimique. || Figure de diffraction. || Figures de percussion (en étoile). || Figure de corrosion. || Figures périglaciaires. ⇒ Figuration (I., 2.). — Figures myéliniques : structures ou filaments de la myéline dispersés dans l'eau.
2 (1546, en géom.). Forme caractéristique, matérialisée ou non, correspondant à une abstraction (êtres mathématiques, etc.) ou à une action programmée (danse, etc.).
a (Mil. XVIe; d'abord « surface ou volume »). Géom. « Espace terminé de tous côtés, soit par des surfaces, soit par des lignes. S'il est terminé par des surfaces, c'est un solide; s'il est terminé par des lignes, c'est une surface : dans ce sens, les lignes, les angles ne sont pas des figures » (d'Alembert, in Encyclopédie). — Mod. Partie d'un espace, ensemble de points. « Les volumes, surfaces, lignes et points, considérés en eux-mêmes, abstraction faite des corps matériels, constituent ce qu'on nomme des figures » (Marchal, Hist. de la géométrie). || Figure plane; figure carrée, triangulaire, équiangle (cit.), ovale, circulaire, elliptique (→ Orbite, cit. 3). || Figure invariante par une transformation. || Circonscrire une figure à un cercle. || Projection, propriétés projectives des figures. ⇒ Descriptif (géométrie descriptive), perspective. || Épure d'une figure.
♦ Cour. Figure plane fermée. || Désigner par des lettres les points, les angles d'une figure. || Tracer une figure sur un tableau. || Le centre, les côtés d'une figure.
b (1680). Danse. Chemin décrit par les danseurs suivant certaines lignes déterminées. || Art de régler les figures de danse. ⇒ Chorégraphie. || Figures chorégraphiques : évolutions, pas, mouvements réglés des danseurs. || Figure de menuet, de quadrille. — Figure de ballet : position respective des danseurs dans les évolutions qu'ils exécutent. || Figure dans laquelle les danseurs se donnent la main. ⇒ Chaîne. — Figure de carrousel (→ Élancer, cit. 7).
9 Mademoiselle de Fontaine s'approcha du quadrille pour pouvoir examiner l'étrangère au moment où elle reviendrait à sa place, pendant que les vis-à-vis répéteraient la figure qu'elle exécutait.
Balzac, le Bal de Sceaux, Pl., t. I, p. 99.
10 (Isadora Duncan) dansa, pieds nus et vêtue d'une tunique grecque, des figures qu'elle avait reconstituées d'après les vases et les statuettes, et qu'elle supposait (presque toujours plausiblement) avoir été celles des chœurs de la tragédie. Figures très simples, le pied posé bien à plat sur le sol; saltations et marches; attitudes nobles et décoratives, le tout composant sur le sol de la scène des arabesques facilement lisibles, d'une géométrie calme et pure.
Francis de Miomandre, la Danse, p. 55.
11 Avec Beauchamp se développa l'évolution qui transforma la danse (…) le mécanisme s'enrichit, se complique et l'on verra au XVIIIe siècle l'exécution l'emporter sur les figures.
Michaut, Hist. du ballet, p. 15 (éd. P. U. F.).
c Sports. || En patinage artistique, Figures imposées, libres : suite de pas tracés, exercices effectués par le patineur, soit d'après un schéma obligatoire, soit à sa fantaisie. — Figures d'équitation. — Ski. Ensemble déterminé de portes dans un slalom.
11.1 Le couloir est une figure pouvant comprendre 2, 3 ou 4 portes horizontales.
Jean Franco, le Ski, p. 63.
———
II (Mil. XVIIe; du sens I). Forme de la face humaine. — REM. Cet emploi est devenu le plus usuel du mot et il arrive que certaines expressions du sens I. soient comprises à tort comme en relevant.
1 Apparence momentanée de la face, exprimant une attitude, des sentiments. ⇒ Tête; air, attitude, mine, physionomie. || La figure de qqn. || Ne pas savoir quelle figure prendre. || Changer de figure. || À cette nouvelle, sa figure s'allongea, s'altéra. — Faire une figure triste, bizarre, une drôle de figure. — (Le qualificatif est sous-entendu). || Vous en faites, une figure ! || Allons, ne fais pas cette figure, cette figure-là ! — Faire bonne, mauvaise, piètre figure. || Faire (une) triste figure à qqn. — Il a une mauvaise, une pauvre, une petite figure, un air fatigué, malade.
2 (Diffusé au XVIIIe). Partie antérieure de la tête humaine. — REM. Figure a remplacé face et visage dans l'usage familier, ces derniers restant très vivants dans des emplois spéciaux et dans le langage soutenu; à son tour, figure est concurrencé par des mots familiers. ⇒ Face, tête, visage; et les fam. 1. balle (III., 1.), bille, binette, bobine, bouille, frimousse, gueule, portrait, trogne, trombine. || Se laver la figure. || Se cacher la figure. || Elle est mieux de corps que de figure. — Une figure anguleuse, osseuse; longue, étroite; large, ronde. || Figure aux traits fins, réguliers; au teint rose. || Être bien de figure. || Figure criblée, dévorée de taches de rousseur. || Avoir une figure d'enfant. || Une figure poupine. || Figure boucanée (cit. 2), bronzée, tannée. || Une figure pâle, blême, terne; de déterré, de papier mâché, qui révèle la fatigue. || Figure effarée (cit. 10), effrayée (cit. 11), éteinte (cit. 63), triste. || Figure agréable, bonne (cit. 43), calme, candide, charmante, douce, franche, joyeuse (→ Effrontément, cit. 1), réjouie, riante. || Beaux yeux qui illuminent une figure (→ Brouiller, cit. 30). || Figure austère, énergique, sympathique. || Figure (plus cour. : tête) à claques (fam.). — Sentiments peints sur la figure de qqn.
12 Sa figure, un peu maigre, était expressive à un degré souverain; elle avait de la dignité, et je ne m'étais nullement trompé, au premier abord, en lui trouvant de la grâce.
A. de Gobineau, les Pléiades, I, III.
13 Pas changé, celui-là, par exemple; toujours sa même figure qui n'a pas d'âge, toujours son masque incolore qui tient à la fois du moine et du détrousseur (…)
Loti, Ramuntcho, II, III.
14 La forme de la figure, celle de la bouche, des joues, des paupières, et tous les autres traits du visage sont déterminés par l'état habituel des muscles plats, qui se meuvent dans la graisse, au-dessous de la peau. Et l'état de ces muscles vient de celui de nos pensées. Certes, chacun peut donner à sa figure l'expression qu'il désire. Mais il ne garde pas ce masque de façon permanente. A notre insu, notre figure se modèle peu à peu sur nos états de conscience. Et avec le progrès de l'âge, elle devient l'image de plus en plus exacte des sentiments, des appétits, des aspirations de l'être tout entier. La figure est un résumé du corps entier. Elle reflète l'état fonctionnel à la fois des glandes endocrines, de l'estomac, de l'intestin, et du système nerveux.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, p. 74.
14.1 C'est qu'aux carreaux de la porte était venue subitement se coller une figure étrange et fantastique : des yeux de feu, une bouche grimaçante, un front vaste, tourmenté, creusé de rides profondes, encadré par une chevelure dont les mèches blanchies s'entremêlaient et se tordaient comme sur une tête de Gorgone (…) et, toute cette physionomie, que semblait agiter la plus sombre fureur, flamboyait dans la lumière rouge du laboratoire et apparaissait, sublime comme le génie et terrible comme la folie ! (…)
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 173.
14.2 Le général Massu n'a pas une figure à écrire son journal.
Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 293.
♦ ☑ Casser la figure à qqn, le battre, lui donner des coups « dans la figure » (à la face). ⇒ Casser, cit. 8, et supra. — ☑ Se casser la figure : tomber et se blesser; par ext., tomber; fig., échouer (syn. : se casser la gueule).
♦ Dans la figure, en pleine figure, en s'adressant directement à qqn, avec violence ou agressivité. || Il lui a lâché ses vérités dans la figure, en pleine figure.
♦ À la figure. || Jeter qqch., cracher à la figure de qqn.
♦ (Coups). || Recevoir qqch. en pleine figure (⇒ Poire), dans la figure. || Envoyer, jeter, flanquer qqch. à la figure, par la figure (rare), dans la figure, à travers la figure de qqn, en pleine figure. — Fig. || S'envoyer (des injures, etc.) à la figure.
♦ (Caractérisant la personne). ⇒ Tête. || Je connais cette figure-là. || J'ai vu cette figure-là quelque part. — Des figures de connaissance.
♦ ☑ Loc. Avoir la figure de l'emploi (plus cour. : la tête; fam. la gueule).
♦ ☑ Fam. Se payer la figure de qqn. ⇒ Tête.
———
III Loc. fig. (au sens général, I.).
1 (Syntagmes verbaux). a ☑ Mod. (Littér. ou style soutenu). Faire figure : se faire remarquer, distinguer. — (Personnes). || Faire figure dans le monde. || « Il fallait renoncer à faire figure dans la capitale » (Aragon). — (Choses). || « Une scène qui pût faire figure dans leurs annales sentimentales » (Montherlant). — REM. Dans la langue class., figure dans cette expression, peut être précédé de quelque : || « On sait qu'auprès du Roi je fais quelque figure » (Molière, le Misanthrope, I, 2).
14.3 (…) le nombre de ceux qui sont appelés à faire figure dans le monde et qui consentent, qui parviennent à demeurer naturels, qui ne se préoccupent pas de l'opinion que la galerie (fût-elle composée d'un seul) va se former d'eux, reste extrêmement limité : l'on se campe, l'on se redresse, l'on force le ton de sa voix.
Gide, Ainsi soit-il, p. 196.
♦ Spécialt. Produire un effet sur les sens, sur l'imagination.
14.4 La forme de l'île est assez étrange pour que nous ne soyons pas embarrassés d'imaginer des noms qui fassent figure.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 142.
♦ (Le compl. est qualifié par un adj. ou un compl. en de). || Faire telle ou telle figure, une figure (et adj.). || Faire une bonne, une piètre, une piteuse figure. — (Sans déterminant, plus cour.). ☑ Faire bonne, piètre, triste figure : avoir une apparence (bonne, piètre…). || Il fait bonne figure dans ce milieu, il s'y montre à son avantage. — REM. Ce tour est rare et littér. avec d'autres adj. : Faire belle, grande, étrange figure (ex. in T. L. F.). On le rencontre à propos de choses : Sa voiture faisait mauvaise, piètre figure parmi les Jaguar et les Rolls.
15 — Vous faites là, ma nièce, une étrange figure !
— Chacun fait ici-bas la figure qu'il peut (…)
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
16 Mon regret d'arriver si vite à Turin fut tempéré par le plaisir de voir une grande ville, et par l'espoir d'y faire bientôt une figure digne de moi (…)
Rousseau, les Confessions, II.
♦ ☑ Faire figure de… : avoir l'apparence, l'aspect de…; donner l'impression de…, passer pour… || Faire figure de héros. ⇒ Air (avoir l'air), paraître, passer (passer pour). || Patrons qui font figure de potentats (→ Balayer, cit. 16). — (Choses). || Le bombardier (cit. 1) fait figure d'avion de bataille. ⇒ Rôle (jouer le rôle de). || Le libéralisme fait figure de doctrine démodée (→ Avancer, cit. 64). || Ce type d'armée fera figure de plésiosaure (cit.).
17 Sans la guerre, combien de pauvres bougres n'auraient eux-mêmes jamais connu leur courage, et leurs plus proches même jamais su qu'ils avaient en eux de quoi forcer l'admiration et faire figure de héros.
Gide, Journal, Pl., p. 929.
18 Martin, en petit complet gris et melon, fera figure de secrétaire.
J. Romains, les Copains, p. 165, in T. L. F.
19 Il est gênant et fatigant de faire figure de grand homme : ceux qui s'y plaisent font pitié.
Valéry, Mon Faust, p. 75.
b (Avec d'autres verbes très fréquents : avoir, donner, prendre, etc.). ☑ Vx ou littér. Prendre figure : prendre forme. || Son travail commence à prendre figure. || « Tout prenait figure de symbole » (Aragon, les Beaux Quartiers, p. 224). || « Alors notre destinée prend figure » (Mauriac, in T. L. F.). — Donner figure à qqch. — Avoir figure de… : apparaître comme (cit. Colette, Thibaudet, in T. L. F.). — Donner (à qqn, qqch.) figure de…
♦ (Précédé d'un déterminant, en général qualifié). || Avoir, prendre la figure de…, une figure (et adj.). || Donner à qqch. la figure de…, lui donner une figure, sa figure.
2 ☑ Loc. prép. Vieilli. À figure de… : qui a l'aspect, l'apparence de… || Un « livre à figure de paroissien » (Colette, in T. L. F.).
♦ ☑ Sous figure de… : en prenant l'aspect, l'apparence de… || Sous la figure de… ⇒ Aspect, forme. || Considérer qqn, qqch., sous la figure de…, sous une figure symbolique, allégorique. || « Quelque dieu caché sous la figure d'un mendiant » (Chateaubriand).
———
IV (XVIe, Montaigne; d'un sens abstrait « modèle, exemple », v. 1375; → V.). Personne humaine caractéristique, marquante.
1 Individu célèbre, remarquable. ⇒ Personnage, personnalité. || Des figures célèbres. || Les grandes figures de la Révolution française. || Grande, sublime figure. || C'était une figure (→ Figurant, cit. 3, Proust). || Les grandes figures de l'histoire, d'une époque (→ Commis, cit. 4). || C'est une belle, une noble, une touchante figure.
20 Aussi peut-il m'être permis de faire remarquer combien il se trouve de figures irréprochables (comme vertu) dans les portions publiées de cet ouvrage : Pierrette Lorrain, Ursule Mirouët, Constance Birotteau, la Fosseuse, Eugénie Grandet (…)
Balzac, Avant-propos de la Comédie humaine, Pl., t. I, p. 13.
2 (Avec un compl. en de). Type humain caractéristique. ⇒ Caractère, type. || La figure de l'aventurier, du révolté.
21 (…) il acheva de me dessiner complètement la grande figure de l'Émigré, l'un des types les plus imposants de notre époque.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1 024.
3 (Qualifié). Personne, individu caractérisé dans son aspect réel ou symbolique. || La grande, l'inquiétante figure de X, qu'est X.
22 L'homme qui avait dit franchement le mot de la situation était Buzot, l'un des chefs de la future Gironde, jeune et austère figure, ardente et mélancolique, de celles qui portent écrite au front une courte destinée.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, V.
REM. Dans cet emploi, figure peut interférer avec le sens I. (aspect) et le sens II. (représentation) comme dans l'ex. suivant :
23 Ce que je voudrais lui dire, c'est que, souvent, un premier geste, que l'on fait sans presque y songer, dessine irrémédiablement notre figure et commence à tracer un trait que, par la suite, tous nos efforts ne pourront jamais effacer.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XV.
4 Personnage (d'une œuvre narrative) caractérisé sous l'un des aspects ci-dessus. || Ce roman analyse une grande figure d'artiste. || Une figure pittoresque. || La figure centrale et les figures secondaires d'un récit.
5 Personnage allégorique ou symbolique (→ ci-dessous, V.). || La figure de la mort dans les films d'Ingmar Bergman.
———
V (1121; sens du lat., lié au sens I.).
1 (Sens général). Vx ou didact. Apparence extérieure en tant que signe. ⇒ Signe, symbole. || La science des figures, au Moyen Âge et à la Renaissance. ⇒ Symbolique.
23.1 Le moyen âge qui savait que tout est signe, tout est figure.
Huysmans, la Cathédrale, p. 476, in T. L. F.
♦ (En parlant d'une apparence ou d'une action humaine, interprétée comme un symbole). || Il semblait être la figure, une figure de la cruauté, de l'indifférence.
2 Gramm. et rhét. anc. « Tours de mots et de pensées qui animent ou ornent le discours » (Dumarsais). || On distinguait les figures de mots (gramm. et rhét.) et les figures de pensées (rhét.).
a Figures de mots, comprenant les figures de diction (altérations du matériel du mot par augmentation. ⇒ Épenthèse, paragoge, prosthèse; — par retranchement. ⇒ Aphérèse, apocope, syncope; — par transposition. ⇒ Métathèse; — par séparation. ⇒ Diérèse; — par contraction. ⇒ Crase, synérèse; — toutes altérations. ⇒ Métaplasme); les figures de construction (par rupture avec l'ordre simple de succession des mots. ⇒ Attraction et imitation — par ex., dans les archaïsmes, néologismes, hellénismes, etc. —; ellipse et zeugma; hyperbate; anacoluthe, anastrophe, hystérologie, parenthèse, synchysis et tmèse; pléonasme; syllepse ou synthèse; antiptose, énallage et hypallage); les tropes (changement intervenant dans la signification du mot. ⇒ Abus ou catachrèse, allégorie, extension, hyperbole, métaphore, métonymie et synecdoque; allusion, euphémisme, ironie et sarcasme); les figures non réductibles aux trois premiers groupes (⇒ Répétition; allitération, anadiplose, anaphore, homéoptote, homéotéleute, onomatopée, paronomase, polysyndète, réduplication et synonymie).
b Figures de pensées, « consistant dans la pensée, le sentiment, le tour d'esprit, en sorte que l'on conserve la figure quelles que soient les paroles dont on se sert pour l'exprimer » (Dumarsais).
♦ Mod. || Figure de rhétorique, et, absolt, figure : mode d'expression linguistique et stylistique de certaines structures de pensée dans le discours; transfert sémantique d'une relation signifiante de départ (sens « propre ») à une autre (les anciennes figures de pensée). ⇒ Métaphore, métonymie, synecdoque, antithèse, chiasme, antonomase, comparaison (cit. 16) ou similitude, périphrase; apostrophe, épiphonème, exclamation; communication, interrogation, métastase; anticipation ou prolepse, dubitation, réfutation ou récrimination; concession ou épitrope, correction ou épanorthose, réticence ou aposiopèse ou paralipse ou prétérition, litote ou exténuation, suspension; accumulation, distribution, énumération, exagération ou hyperbole, gradation, paradoxisme, récapitulation; description, hypotypose; déprécation, imprécation, obsécration et optation; prosopopée (→ Exciter, cit. 24). || L'emploi des figures est général dans tout discours, mais plus ou moins intense. || Figures lexicalisées. || Figures stylistiques.
24 De figures sans nombre égayez votre ouvrage (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
25 L'Envieux et sa femme prétendirent que dans son discours il n'y avait pas assez de figures (…) Il est sec et sans génie, disaient-ils; on ne voit chez lui ni la mer s'enfuir, ni les étoiles tomber, ni le soleil se fondre comme de la cire : il n'a point le bon style oriental. Zadig se contentait d'avoir le style de la raison.
Voltaire, Zadig, VII.
26 Dans l'ordre du langage, les figures, qui jouent communément un rôle accessoire, semblent n'intervenir que pour illustrer ou renforcer une intention, et paraissent donc adventices, pareilles à des ornements dont la substance du discours peut se passer, — deviennent dans les réflexions de Mallarmé, des éléments essentiels : la métaphore, de joyau qu'elle était ou de moyen momentané, semble ici recevoir la valeur d'une relation symétrique fondamentale.
Valéry, Variété III, p. 28.
♦ ☑ Loc. Parler par figures, en utilisant des transferts sémantiques (métaphores, sens figurés, etc.) de manière stylistique.
3 (XIVe). Log. || Figures de syllogisme : formes que peut prendre un syllogisme suivant les positions occupées par le moyen terme dans la majeure et la mineure.
4 (XIIIe; « parabole », 1170). Théol. ou littér. « Expression symbolique d'une pensée; substitution d'une image concrète à une idée abstraite, ou correspondance d'un fait à un autre » (Lalande). ⇒ Allégorie, symbole. || « L'agneau pascal était une figure de l'Eucharistie » (Académie). || Figure claire et démonstrative (→ Cheveu, cit. 32).
27 Il est très certain, et les hommes les plus pieux en conviennent, que les figures et les allégories ont été poussées trop loin. On ne peut nier que le morceau de drap rouge mis par la courtisane Rahab à sa fenêtre pour avertir les espions de Josué, regardé par quelques Pères de l'Église comme une figure du sang de Jésus-Christ, ne soit un abus de l'esprit qui veut trouver du mystère à tout.
Voltaire, Dict. philosophique, Figure.
❖
DÉR. Figural, figurine, figuriste.
COMP. Défigurer. — Atavofigures (vx).
Encyclopédie Universelle. 2012.