assaisonner [ asɛzɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Accommoder (un mets) avec des ingrédients (⇒ assaisonnement) qui en relèvent le goût. ⇒ épicer, relever; ailler, pimenter, poivrer, safraner, saler, vinaigrer. Assaisonner un ragoût d'herbes aromatiques ou avec des herbes aromatiques. Salade bien, mal assaisonnée.
2 ♦ Littér. Ajouter de l'agrément, du piquant à (son discours, ses écrits, ses actes). ⇒ agrémenter, pimenter, rehausser, relever. « Un peu d'inconstance, assaisonnée quelquefois de perfidie » (Regnard).
3 ♦ Fam. et vieilli Rudoyer, réprimander (qqn). « quand je suis sur les nerfs, je lui en veux, je l'assaisonne à grands coups de bottine » (Aymé). Il s'est fait assaisonner par le chef.
● assaisonner verbe transitif (de saison) Accommoder un mets de façon à en relever le goût à l'aide de condiments (sel, poivre, vinaigre, moutarde, etc.) : Assaisonner des poireaux à la vinaigrette. Littéraire. Rendre plus agréable, plus piquant, moins sévère quelque chose, par divers procédés ou artifices : Assaisonner un exposé sérieux de quelques traits d'esprits. Familier. Maltraiter quelqu'un en paroles ou en actes : Se faire assaisonner par la critique. Familier. Présenter à un client une facture excessive. Populaire et vieux. Transmettre à quelqu'un une maladie vénérienne. ● assaisonner (synonymes) verbe transitif (de saison) Accommoder un mets de façon à en relever le goÛt...
Synonymes :
- apprêter
- épicer
Contraires :
- affadir
- édulcorer
Littéraire. Rendre plus agréable, plus piquant, moins sévère quelque chose, par divers...
Synonymes :
- agrémenter
- pimenter
- relever
assaisonner
v. tr. Accommoder des aliments avec des ingrédients propres à en relever le goût. Assaisonner une salade.
|| Fig. Assaisonner ses écrits de traits d'esprit.
⇒ASSAISONNER, verbe trans.
A.— ART CULIN. Ajouter à un mets des éléments (ingrédients ou épices) propres à en relever le goût. Synon. accommoder :
• 1. Il assaisonnait volontiers lui-même sa soupe au poisson, sachant la dose de poivre et de sel et les herbes qu'il fallait, et se régalait autant de la faire que de la manger.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 89.
SYNT. Assaisonner un mets, un plat, une viande, une sauce, une salade.
— Assaisonner de :
• 2. ... salez, poivrez et assaisonnez d'une prise de poivre rouge (poivre long mûr réduit en poudre).
Les Gdes heures de la cuis. fr., L. Tendret, 1896, p. 200.
— [Le suj. est une chose] Le sel, le poivre assaisonne les aliments.
— Proverbial. La faim, l'appétit assaisonne tout. ,,Quand on a faim, tout mets paraît bon`` (Ac. 1835-1932).
B.— Au fig.
1. Accompagner ses propos, ses actes ou ses attitudes, etc., d'un certain piquant :
• 3. Il y a mille manières d'apprêter et d'assaisonner la parole; Cicéron les aimait toutes.
JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 160.
• 4. Ce qui donne bien aux Lettres Persanes leur date et le cachet de la Régence, c'est la pointe d'irrévérence et de libertinage qui vient là pour relever le fond et l'assaisonner selon le goût du jour.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 7, 1851-62, p. 39.
— Emploi passif, rare. Assaisonné (par). Rendu attirant :
• 5. Il en usait galamment avec toutes les femmes, même avec celles dont une longue habitude avait émoussé pour lui l'attrait, comme ce devait être le cas de Madame de Rochemaure, à moins qu'assaisonnée par la trahison, l'absence, l'infidélité et l'embonpoint, il ne la trouvât appétissante.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 142.
— [Le suj. est une chose] Rendre plus agréable, plus piquant :
• 6. Presque aucun jour ne passait sans qu'éclatât entre eux quelqu'une de ces escarmouches que l'abbé nommait des « castilles ». Il prétendait que la vieille fille en avait besoin pour sa santé; il la faisait monter à l'arbre comme on emmène un chien faire un tour. Il n'y apportait peut-être pas de méchanceté, mais certainement de la malice et s'y montrait assez provoquant. Cela les occupait tous deux et assaisonnait leur journée.
GIDE, Isabelle, 1911, p. 650.
• 7. À l'idée qu'elle était peut-être israélite, le peu qui subsistait chez Antoine de son éducation s'émut : juste assez pour assaisonner l'aventure d'un piment d'indépendance et d'exotisme.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 892.
2. Pop. Invectiver, injurier, frapper :
• 8. Je vais le sortir aussi, moi, tiens... je vais l'assaisonner ce sale voyou! ...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 554.
• 9. Je l'assaisonne [un homme] à grands coups de bottine, mais après j'ai regret, je me dis, c'est la nature chétive qu'est-ce qu'il en peut, pauvre canard.
AYMÉ, Le Passe-muraille, 1943, p. 262.
PRONONC. :[], j'assaisonne []. LAND. 1834 est le seul dict. à transcrire la 2e syllabe avec [e] fermé (cf. après-saison). Enq. :/asezon/ (il) assaisonne.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1. 1209 fig. « disposer, régler » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, éd. van Hamel, 194, 2 ds T.-L. : Jhesus, ... Ki toutes coses asaisones A droit et rens justes merites), attest. isolée; 2. 1371 « conduire les cultures et façons de la terre selon les saisons » (Reg. du chap. de S. J. de Jerus., Arch. MM 29, f° 36 v° ds GDF. : Sera tenuz ledit preneur de labourer et cultiver lesdites terres bien et souffisament de toutes façons, et en saison, et ycelles justement asaisonnees) — 1393 (Arch. MM 31, f° 190 r°, ibid.).
B.— XIIIe s. asaisnie « apprêté (d'un mets) » (Rigomer in Rom., XIX, 288 ds T.-L. : Lors vos ferai une poree, Si avra ens une coree De chievrel mout bien asaisnie); 1539 assaisonner « rendre savoureux à l'aide de condiments culinaires » (EST.); 1572 fig. (AMYOT, trad. de Plutarque, Œuvres morales, comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy ds Dict. hist. Ac. fr. : Quelquefois ils [les amis] usent d'un jeu, d'un boire et manger ensemble, d'une risee, d'une facetie l'un avec l'autre, comme de saulse pour assaisonner des affaires de pois et de grande conséquence).
C.— 1601 « accommoder ensemble (des éléments différents) » (CHARRON, De la Sagesse, liv. II, C-6, ibid. : Les nécessités naturelles que Dieu a assaisonnées de plaisir, leur sont corvées).
STAT. — Fréq. abs. littér. :194.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 155. — ESN. Poilu 1919. — FEUGÈRE (F.). Apr. sept cents ans. Le grand s. de Saint Louis et son vocab. Déf. Lang. fr. 1970, n° 53, p. 11. — GRIMAUD (F.). Petit gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 110. — LASNET 1970. — LE BRETON 1960. — NOTER-LÉC. 1912. — PLAIS.-CAILL. 1958. — SANDRY-CARR. 1963.
assaisonner [asɛzɔne] v. tr.
ÉTYM. 1209 « disposer, préparer, régler », c.-à-d. « approprier à la saison » (sens concret, agricole, 1371); de 1. a-, saison, et suff. verbal -er.
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1 (1539; asaisnie « préparé », en parlant d'un plat, XIIIe). Accommoder (un mets) avec des produits qui en relèvent le goût. ⇒ Accommoder, apprêter, épicer, relever; ailler, pimenter, poivrer, safraner, saler, vinaigrer; assaisonnement (2.). || Assaisonner un plat avec des épices, des ingrédients divers. || Assaisonner un poisson au fenouil. — Sans compl. second. || Assaisonner une salade.
1 On s'accoutume tellement aux choses de haut goût, que les viandes simplement assaisonnées deviennent fades.
Fénelon, De l'éducation des filles, 5.
2 Les Grecs et les Romains, qui étaient moins avancés que nous dans l'art d'assaisonner les poissons, n'en faisaient pas moins très grand cas.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, VI, 40.
♦ Par anal. || L'appétit (cit. 16) assaisonne tout.
3 C'est ainsi que les aliments les plus simples soutiennent et renouvellent la vie du corps quand l'appétit les assaisonne et que les organes sont neufs et sains (…)
Lamartine, Graziella, I, 23.
2 (1572). Vieilli ou littér. Ajouter de l'agrément, du piquant à (un discours, des écrits, des actes). ⇒ Accommoder, agrémenter; pimenter, rehausser, relever. || Assaisonner un discours de, par des figures de rhétorique. — Vx. || Assaisonner qqch. en louange (→ ci-dessous, cit. 6). — Passif et p. p. (→ ci-dessous cit. 9 et 10).
4 C'est merveilleusement assaisonner la bonne chère, que d'y mêler la musique.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 1.
5 Ces flatteurs insipides, qui n'assaisonnent d'aucun sel les louanges qu'ils donnent.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 4.
6 Il n'y a rien de si impertinent et de si ridicule qu'on ne fasse avaler lorsqu'on l'assaisonne en louange.
Molière, l'Avare, I, 1.
7 Assaisonné du sel de nos grâces antiques,
Et non du fade goût des ornements gothiques.
Molière, la Gloire du Val-de-Grâce, 83.
8 Mais quoi ? Si l'amour n'assaisonne
Les plaisirs que l'hymen nous donne,
Je ne vois pas qu'on en soit mieux.
La Fontaine, Fables, IX, 15.
9 (…) la vertu la plus nécessaire à une femme (…) c'est un peu d'inconstance, assaisonnée quelquefois de perfidie.
J. F. Regnard, les Filles errantes, II, 3.
10 (…) nous fîmes tous trois un petit repas qui fut assaisonné de mille agréables discours.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, 8.
11 Une caresse préalable assaisonne les trahisons.
Hugo, les Travailleurs de la mer, II, 1.
11.1 Princesse, dit-il le gobelet à la main, il s'en faut beaucoup que nos Africains soient aussi raffinés dans l'art d'assaisonner l'amour de tous ses agréments que les Chinois (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 174.
REM. Ce sens est archaïque, littéraire ou ironique, sauf lorsqu'il s'agit d'une métaphore explicite du sens 1.
12 À l'idée qu'elle était israélite, le peu qui subsistait chez Antoine de son éducation s'émut; juste assez pour assaisonner l'aventure d'un piment d'indépendance et d'exotisme.
Martin du Gard, les Thibault, III, 4.
3 Fam. Traiter mal (une personne). ⇒ Arranger. || Il s'est fait assaisonner par la critique. ⇒ Invectiver, rudoyer.
12.1 Des fois, quand je suis sur les nerfs, je lui en veux, je l'assaisonne à grands coups de bottine, mais après, j'ai le regret, je me dis, c'est la nature chétive, qu'est-ce qu'il en peut, pauvre conard.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 262.
12.2 Et on vous a vu à l'auberge des Trois-Rois faire une partie de trictrac avec un compagnon. — Ha, pensai-je, assez dépité de me voir ainsi assaisonné, le trictrac ! Comme à Clément Marot à Genève, on me fait grief de ce divertissement innocent !
Robert Merle, En nos vertes années, p. 392-393.
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assaisonné, ée p. p. adj.
1 Salade assaisonnée, mal assaisonnée (→ ci-dessus, cit. 1).
2 (XVIIe). Fig. et vx. Agréable, piquant, spirituel.
13 Ah ! Que toute sa personne est assaisonnée, que sa physionomie est spirituelle.
Mme de Sévigné, 1244, 18 déc. 1689.
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CONTR. Fade.
DÉR. Assaisonnement, assaisonneur.
Encyclopédie Universelle. 2012.