1. sortir [ sɔrtir ] v. <conjug. : 16>
• XIIe; a remplacé issir; p.-ê. de 3. sortir, ou du lat. pop. °surctus, class. surrectus, de surgere « jaillir »
I ♦ V. intr. SORTIR DE; SORTIR.
A ♦ Aller hors d'un lieu, du dedans au-dehors.
1 ♦ Aller hors (d'un lieu), en parlant des êtres animés. Sortir de chez soi. Sortir du lit. « Nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes » (Mirabeau). — On n'est pas sorti de l'auberge. Poussin qui sor de l'œuf. La faim fait sortir le loup du bois.
♢ Absolt Quitter une maison et ses occupants. ⇒ s'absenter, 1. partir, se retirer (cf. Prendre la porte). Sortir discrètement. ⇒ s'éclipser, s'esquiver. Faire sortir la foule. ⇒ évacuer. Sortez ! ⇒ décamper, déguerpir, déloger (cf. Débarrassez le plancher, dehors !, à la porte !).
2 ♦ (XVIe) Aller dehors. Personne ne sort par ce temps. — Se promener. Sortir en bateau.
3 ♦ Aller hors de chez soi pour se distraire (en visite, dans le monde, au spectacle). ⇒ sortie (2o). Elle sortait peu. Nous sortons tous les soirs. Fam. Voyons, il faut sortir ! se tenir au courant, s'informer. — Sortir avec qqn, pour se distraire. Ce soir, je sors avec ma mère. — Fam. Avoir une relation sentimentale, érotique avec qqn. Il sort avec elle depuis un an. ⇒ fréquenter, voir. Ils sortent ensemble.
4 ♦ (fin XVe) Aller hors de..., en parlant d'objets en mouvement, de fluides, d'ondes. « D'une des cheminées sortaient des étincelles » (France). ⇒ s'échapper, 1. partir. « L'eau sort [de la source] à la température de 18° » (Romains ). ⇒ jaillir, sourdre. « De sa fourrure [...] sort un parfum si doux » (Baudelaire). ⇒ se dégager, s'exhaler. « Malheureuse, quel nom est sorti de ta bouche ? » (Racine). La vérité sort de la bouche des enfants. Fam. C'est sorti tout seul. Il fallait que ça sorte, que ce soit dit.
5 ♦ Aller hors d'un contenant, d'un lieu, en parlant des choses qui doivent s'y maintenir. Rivière qui sort de son lit. ⇒ déborder, se répandre. Train qui sort des rails. ⇒ dérailler. Voiture qui sort de la route. Balle qui sort du terrain, en touche. Porte qui sort de ses gonds. — Sortir de ses gonds (cf. Être hors de soi).
♢ Fig. Ne plus être, ne plus appartenir à. Objet, secret qui sort d'une famille, qui ne lui appartient plus. « Est-ce que ça doit sortir de la famille ? » (Zola). — Le rendez-vous m'était sorti de la tête, de l'esprit, de l'idée, je l'ai oublié.
6 ♦ (fin XVe) Apparaître en se produisant à l'extérieur. Plantes qui sortent de terre. ⇒ pousser; percer, poindre.
♢ Fig. Être livré au public, mis dans le commerce. Article qui vient de sortir. Loc. fam. C'est nouveau, ça vient de sortir. « La cirrhose du bras droit ça existe ça ? C'est nouveau, ça vient de sortir ! Non ? » (Coluche). — P. p. adj. Le dernier modèle sorti. — Être publié, édité. ⇒ paraître. Son livre est sorti.
7 ♦ Par ext. Apparaître en totalité ou en partie hors de qqch. ⇒ saillir. Sa première dent est sortie. « Du long fourreau [...] sortaient deux bras ronds » (A. Daudet). Loc. fig. Les yeux lui sortent de la tête, se dit d'une personne en colère.
8 ♦ (1634) Se produire (au jeu, au tirage au sort). Chiffre qui n'est sorti qu'une fois sur mille coups. — Par anal. Question, sujet qui sort à un examen.
9 ♦ (1905) Alpin. Franchir un passage difficile. — (1946) Déboucher au sommet. « l'idée bien arrêtée au départ de faire le plus vite possible pour sortir le deuxième jour » (M. Herzog).
B ♦ (XVIe) Cesser d'être dans tel lieu, dans tel état, de faire telle chose.
1 ♦ Quitter (le lieu d'une occupation). Sortir de table : avoir fini de manger. Absolt Écolier, ouvrier qui sort à six heures, finit son travail à six heures.
2 ♦ Quitter (une occupation). Sortir d'un entretien. Fam. Venir à bout d'une occupation. J'ai trop à faire, je n'en sors pas. — Fam. (avec l'inf.) « Tu vas en prendre un verre avec moi, dit-elle. — Non, merci, je sors d'avaler le mien » (Zola). ⇒ venir (de). — Loc. fam. Sortir d'en prendre : n'être pas près de recommencer. Merci bien, je sors d'en prendre ! (cf. J'ai déjà donné).
3 ♦ (1538) Quitter (un état), faire ou voir cesser (une situation). Sortir de l'enfance. « Payer toutes ses dettes et sortir de la gêne » (Suarès). Loc. Sortir d'un mauvais pas. ⇒ se dégager, se tirer (cf. ci-dessous S'en sortir; voir le bout du tunnel). — (Sans art.) Sortir d'affaire, d'embarras. Sortir de maladie. Il en sortira. ⇒ guérir. — (Avec un attribut) Sortir indemne d'un accident.
♢ Abandonner (un comportement naturel, habituel). « Les hommes sont parfois capables de sortir de leur naturel apparent » (Duhamel). « Il n'est point sorti [...] de sa froideur habituelle » (Stendhal). ⇒ se départir. — SORTIR DE SOI : devenir un autre, temporairement; spécialt cesser de s'intéresser uniquement à soi.
4 ♦ (v. 1500) Ne pas se tenir à (une chose fixée), passer outre. ⇒ dévier, s'écarter, s'éloigner. « La noblesse, la fortune, l'argent, les titres, elle ne sortait pas de là » (A. Daudet). Sortir du sujet. Sortir de la légalité. ⇒ transgresser. Sortir de son rôle. ⇒ déborder, outrepasser. — (Choses) Cesser de faire partie de..., d'être concerné par...; être en dehors de... Cela sort de ma compétence. ⇒ échapper (à). Ce modèle sort de l'ordinaire.
C ♦ Venir, être issu de...
1 ♦ (1499) Avoir son origine, sa source dans. ⇒ naître (de), provenir, venir (de). « Combien de saints, [...] de papes, sont sortis du peuple » (Romains). Fam. Ça sort du cœur ! c'est direct et sincère (paroles). — Impers. Il n'est rien sorti de nos recherches, elles n'ont rien produit. Que va-t-il en sortir ? ⇒ résulter.
2 ♦ (1633) Avoir pour ascendance. Sortir d'une très ancienne famille. Fam. Se croire sorti de la cuisse de Jupiter.
♢ Avoir été formé (quelque part). Ingénieur qui sort d'une grande école. Nouvellement sorti de l'université (cf. Frais émoulu). Officiers sortis du rang. — Loc. (1715 ) D'où sort-il, celui-là ? se dit à propos d'une personne dont l'ignorance ou les manières étonnent, choquent.
3 ♦ Avoir été fait, fabriqué (quelque part). Des robes qui sortent de chez les grands couturiers.
II ♦ V. tr.
1 ♦ (XVIe) Mener dehors (un être qui ne peut sortir seul). Sortir un enfant, un malade. Sortir son chien. — Fam. Accompagner (qqn) au spectacle, dans le monde..., en parlant de la personne qui a l'initiative de cette sortie. Sortir un ami de province.
2 ♦ Mettre dehors (qqch.), tirer (d'un lieu). Sortir sa voiture du garage. Sortir un objet de sa poche, d'une boîte. ⇒ extraire. — Dégager (qqn) d'un lieu dont il ne peut sortir seul. Sortir un blessé des décombres. ⇒ dégager.
3 ♦ Fam. Faire sortir, expulser (qqn). ⇒ vider, virer. À la porte ! Sortez-le ! Se faire sortir.
♢ Éliminer, au cours d'une compétition sportive. Au « tournoi de sumo d'Osaka, il s'est fait sortir par Akinoshima » (O. Rolin). ⇒ battre; éliminer.
4 ♦ Faire sortir d'un état, d'une situation. Je vais vous sortir d'affaire. ⇒ tirer. Il faut le sortir de là. Sortir le pays du marasme. — Pronom. SE SORTIR (d'une situation par ses propres efforts). ⇒ se tirer. « Le jeune roi aurait pu se sortir de ce mauvais pas » ( Daniel-Rops). — S'EN SORTIR : venir à bout d'une situation pénible; spécialt parvenir difficilement à équilibrer son budget. Il arrivera toujours à s'en sortir. Il « ne cessait de gémir : — Comment voulez-vous que je m'en sorte ? » (Romains).
5 ♦ Produire pour le public, mettre dans le commerce. Éditeur qui sort un livre. ⇒ publier. Sortir un nouveau modèle.
6 ♦ Fam. Dire, débiter. Il nous en a sorti une bien bonne.
⊗ CONTR. Entrer, rentrer . — Enfoncer, enfouir, enfermer, introduire, rentrer.
⊗ HOM. Sors :saure (saurer).
sortir 2. sortir [ sɔrtir ] n. m.
• 1540; de 1. sortir
1 ♦ Vx ou littér. L'action de sortir. ⇒ sortie. « Dès le sortir de ma première enfance » (A. Gide).
2 ♦ (1559) Mod. AU SORTIR DE : en sortant, à la sortie (d'un lieu). Au sortir du lit (⇒ saut) . — En sortant (d'un état, d'une situation). Au sortir de l'hiver. ⇒ 1. fin. « J'ai connu la pauvreté à dix-huit ans, au sortir de l'aisance » (Camus). — En quittant (une occupation, le lieu d'une occupation). Au sortir d'un entretien. ⇒ issue.
sortir 3. sortir [ sɔrtir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1401; « tirer au sort » v. 1150; lat. sortiri « tirer au sort » → 1. sortable
♦ Dr. Obtenir. La sentence sortissait son plein et entier effet.
● sortir verbe intransitif (latin sortiri, obtenir par le sort) Quitter le lieu où l'on se trouve pour aller dehors ou passer dans un autre lieu : Je sors me dégourdir un peu les jambes. Aller hors de chez soi pour se détendre, pour un spectacle, une réception, etc. : Sortir dîner en ville. Fréquenter quelqu'un, flirter avec : Il sort avec les filles. S'échapper, se répandre au dehors, en parlant d'un fluide : La fumée sort de la cheminée. Se déplacer ou se répandre hors de sa place habituelle, normale : La porte est sortie de ses gonds. Franchir les limites de quelque chose : Vous sortez des limites de vos compétences. Être différent d'une règle : Cela sort de l'ordinaire. Quitter le lieu de travail pour le déjeuner, à la fin de la journée, avoir fini une séance de travail, etc. : Sortir d'une réunion. Ne plus participer à un jeu ou être celui qui doit être tenu à l'écart selon les règles du jeu. Familier. Venir juste de finir de : Je sors de lui parler, il y a cinq minutes. Quitter une institution définitivement : Sortir de prison, de l'hôpital. Avoir fait ses études dans telle école, telle université. Être issu de tel milieu : Sortir d'une famille aisée. En parlant de quelque chose, ne plus appartenir à un groupe : Cet objet ne doit pas sortir de la famille ; en parlant d'un propos, ne pas être divulgué ailleurs : Cette histoire ne doit pas sortir de notre comité. Quitter une période, un état, etc., ne plus s'y trouver : On sortait de l'hiver. Sortir de son mutisme. Échapper à une situation difficile, s'en tirer, trouver une issue : Sortir habilement d'une difficulté. Être tel après une épreuve, une situation, une opération, etc. : Sortir indemne d'un accident. Le linge sort tout blanc de la machine. Être visible en dépassant de quelque chose, ne pas être rentré, faire saillie : Ton mouchoir sort de ta poche, rentre-le. Apparaître, en particulier commencer à pousser, en parlant de quelque chose de vivant : Les feuilles commencent à sortir. Être mis dans les circuits de distribution, de commercialisation : Son livre sort ce mois-ci. Avoir été créé, fabriqué quelque part : Une robe qui sort de chez un grand couturier. Être issu de quelque chose, y avoir son origine, sa source : D'où sort cette idée stupide ? Être tiré au sort : Quel sera le sujet qui sortira pour l'examen ? ● sortir (expressions) verbe intransitif (latin sortiri, obtenir par le sort) D'où sors-tu, se dit à quelqu'un qui semble ignorer ce que tout le monde sait ou dont la conduite est tout à fait incongrue. Il en sortira quelque chose, il n'en sortira rien de bon, cela aura, n'aura pas d'effet, de résultat. Ne pas en sortir, être perdu dans une situation complexe, ne pas trouver d'issue. Ne pas (vouloir) sortir de là, s'en tenir avec obstination à la position qu'on a adoptée. Familier. Sortir d'en prendre, savoir de quoi il s'agit pour en avoir fait l'expérience et ne pas tenir à recommencer. Sortir de l'esprit, de l'idée, être oublié par quelqu'un. Sortir du rang, en parlant d'un officier, ne pas être passé par les écoles ; en parlant de quelqu'un, être parvenu à une haute fonction en partant des bas échelons. Sortir de soi-même, cesser de se replier sur soi, s'épanouir ; faire abnégation de soi-même, oublier sa propre personnalité. Sortir de la vie de quelqu'un, ne plus compter pour lui, ne plus être de ses intimes, de ses amis. ● sortir (homonymes) verbe intransitif (latin sortiri, obtenir par le sort) ● sortir (synonymes) verbe intransitif (latin sortiri, obtenir par le sort) Quitter le lieu où l'on se trouve pour aller dehors...
Contraires :
- entrer
- pénétrer
- rentrer
Aller hors de chez soi pour se détendre, pour un...
Contraires :
- se cloîtrer
S'échapper, se répandre au dehors, en parlant d'un fluide
Synonymes :
- couler
- déborder
- émaner
- jaillir
- sourdre
Franchir les limites de quelque chose
Synonymes :
- dévier
- s'écarter
- s'éloigner
Contraires :
- garder
- suivre
- tenir
Être différent d'une règle
Synonymes :
- se détacher
Quitter le lieu de travail pour le déjeuner, à la...
Synonymes :
- se libérer de
- s'échapper
Contraires :
- aller
- arriver
Familier. Venir juste de finir de
Synonymes :
- venir de
Être issu de tel milieu
Synonymes :
- être né de
- remonter à
Échapper à une situation difficile, s'en tirer, trouver une issue
Synonymes :
- se tirer de
Être visible en dépassant de quelque chose, ne pas être rentré...
Synonymes :
- déborder
- passer
- saillir
Apparaître, en particulier commencer à pousser, en parlant de quelque chose...
Synonymes :
- percer
Être mis dans les circuits de distribution, de commercialisation
Synonymes :
- paraître
Il en sortira quelque chose, il n'en sortira rien de bon
Synonymes :
- découler
- résulter
● sortir
verbe transitif
Extraire quelque chose, un animal, quelqu'un d'un lieu, le tirer, le mettre à l'extérieur : Sortir un mouchoir de sa poche. Les pompiers ont sorti l'enfant du brasier. Sortir le train d'atterrissage de l'avion.
Aider quelqu'un à se dégager d'un état pénible, d'une difficulté, l'en libérer : Il m'a sorti d'un mauvais pas.
Conduire quelqu'un, un animal dehors pour qu'il prenne l'air, qu'il se donne de l'exercice, etc. : Sortir un convalescent dans le parc. Sortir son chien.
Emmener quelqu'un avec soi, l'inviter au cinéma, au restaurant, au spectacle : Ce soir on sort le cousin de province.
Familier. Mettre quelqu'un dehors assez violemment : Sortez-le d'ici que je ne le voie plus.
Familier. Éliminer un concurrent, un adversaire.
Mettre un produit dans les circuits de distribution, de commercialisation.
Familier. Créer quelque chose, inventer, mettre au jour : Il est difficile de sortir de nouvelles idées tous les jours.
Familier. Dire quelque chose d'étonnant ou d'agressif : Qu'est-ce qu'il va encore sortir comme bêtise ?
Familier. Tirer un numéro, une carte, etc., dans un jeu de hasard : J'ai encore sorti un trois.
En comptabilité, effectuer une sortie de valeur, porter au crédit d'un compte d'existant le montant des sorties d'une journée ou d'une période de jours.
● sortir
nom masculin singulier
(de sortir)
Littéraire. Au sortir de quelque chose, au moment où l'on en sort : Au sortir du lit, de l'hiver.
● sortir (difficultés)
verbe transitif
Conjugaison
Avec l'auxiliaire être lorsqu'il est employé intransitivement : elle est sortie à cinq heures ; avec l'auxiliaire avoir lorsqu'il est employé transitivement : elle a sorti les draps de l'armoire.
Emploi et registre
1. Sortir qqch est aujourd'hui admis : sortir une voiture du garage ; sortir un rôti du four ; sortir la main de sa poche. Son emploi relève du registre familier dans certaines expressions, comme sortir des énormités (pour « proférer »).
Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer faire sortir à sortir lorsque l'action consiste à porter un objet hors d'un lieu : on ne pourra faire sortir le piano que par la fenêtre (plutôt que on ne pourra sortir le piano que par la fenêtre).
2. Sortir qqn est familier : sortir un perturbateur ; il s'est fait sortir du championnat par un adversaire plus jeune.
Recommandation Dans l'expression soignée, préférer expulser ou éliminer : expulser un perturbateur ; il s'est fait éliminer du championnat.
3. Sortir de (+ infinitif) = terminer tout juste de, appartient à la langue orale courante : sortir de déjeuner, de travailler.
Recommandation Dans l'expression soignée, préférer des équivalents tels que sortir de table, finir tout juste sa journée, etc.
Sortir d'en prendre (= avoir récemment éprouvé qqch de désagréable) est familier.
4. S'en sortir. Appartient au registre familier : c'était difficile, mais il s'en est bien sorti ; elle a eu une mauvaise passe, mais elle a fini par s'en sortir.
Recommandation Dans l'expression soignée, préférer s'en tirer, se tirer d'affaire : il s'en est bien tiré ; elle a fini par se tirer d'affaire.
5. Sortir v.i. = aller dehors. Éviter le pléonasme sortir dehors.
● sortir (homonymes)
verbe transitif
● sortir (synonymes)
verbe transitif
Extraire quelque chose, un animal, quelqu'un d'un lieu, le tirer, le...
Synonymes :
- dégager
- extirper
- extraire
Contraires :
- enfoncer
- enfouir
- engager
- glisser
- ranger
- rentrer
Aider quelqu'un à se dégager d'un état pénible, d'une difficulté...
Synonymes :
- dépêtrer
- libérer
- retirer
Contraires :
- fourrer (familier)
- mettre
- plonger
- précipiter
Conduire quelqu'un, un animal dehors pour qu'il prenne l'air, qu'il...
Synonymes :
- promener
Familier. Mettre quelqu'un dehors assez violemment
Synonymes :
- expulser
- vider (familier)
Mettre un produit dans les circuits de distribution, de commercialisation.
Synonymes :
- publier
Familier. Dire quelque chose d'étonnant ou d'agressif
Synonymes :
- débiter
- lâcher (familier)
- proférer
- raconter
● sortir (difficultés)
nom masculin singulier
(de sortir)
Registre
Au sortir de (= en sortant de ; à la fin de) : au sortir du lit ; au sortir de l'hiver. Registre littéraire.
● sortir (expressions)
nom masculin singulier
(de sortir)
Littéraire. Au sortir de quelque chose, au moment où l'on en sort : Au sortir du lit, de l'hiver.
sortir
n. m. Fig. Surtout employé dans la loc. au sortir de: au moment où l'on sort de, à l'issue de.
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sortir
v.
rI./r v. intr.
d1./d Passer du dedans au dehors. Sortir de chez soi.
d2./d Commencer à paraître, pousser. Il lui est sorti une dent. Les bourgeons sortent.
d3./d Dépasser à l'extérieur. Le rocher sort de l'eau.
d4./d S'échapper, s'exhaler. La fumée sort de la cheminée.
d5./d Aller hors de chez soi pour se distraire, se promener. Il sort tous les soirs.
d6./d Paraître, être publié, mis en vente, présenté au public. Ce film sort le mois prochain.
d7./d être désigné par le hasard, dans un tirage au sort, dans un jeu. C'est le neuf qui sort.
d8./d Cesser d'être dans (tel état, telle situation). Sortir de la misère. Sortir de maladie.
— loc. (Maghreb) Sortir des études: terminer ses études; avoir terminé ses études depuis peu de temps.
d9./d être issu de. Sortir d'une famille aisée. Sortir du rang.
d10./d Avoir pour provenance. Complet qui sort de chez le bon faiseur.
d11./d (Maghreb) Partir à l'étranger.
rII./r v. tr.
d1./d Conduire dehors (qqn). Sortir des enfants.
|| Fam. Emmener (qqn) quelque part pour le distraire.
d2./d Mettre dehors. Sortir un cheval de l'écurie.
d3./d Tirer. Sortir qqn d'un mauvais pas.
d4./d Publier, mettre en vente, faire paraître, rendre public. Sortir un roman, un film.
d5./d Fam. Dire. Il en sort de bonnes.
|| loc. (Réunion) Sortir son français: parler français avec difficulté; parler français pour se mettre en valeur.
rIII/r v. Pron. Se sortir de: se tirer de. Comment se sortir de ce mauvais pas?
I.
⇒SORTIR1, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — Passer du dedans au dehors.
1. a) Qqn (ou un animé) sort de qqc. (d'un lieu). Aller hors d'un lieu. Sortir d'un abri, d'un appartement, d'un bois, d'une boutique, d'un cabaret, d'une cave, d'une chambre, d'une cour, d'un immeuble, d'une maison, d'une pièce, d'une place; sortir de son bain, de son lit; sortir de sa prison, de sa retraite. Un chasseur sortit de sa cachette (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 275). Tu sors de toi, Sans faire de bruit, comme d'une chambre, On sort par le toit (COCTEAU, Poèmes, 1916-23, p. 188). Quinette était sorti de chez lui en tâchant de garder les allures les plus naturelles (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 128).
— En sortir. Quitter un lieu. Son palais l'ennuie, et toutefois elle craint d'en sortir (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p. 446). Les morts C'est sous terre: Ça n'en sort Guère (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 160). (En) sortir les pieds devant. Quitter mort un lieu. Le bruit courut que la jolie fille était sequestrée. Dans un cabinet noir et qu'elle n'en sortirait que les pieds devant. — About: C'est-à-dire (...) morte, emboîtée dans un cercueil (LARCHEY, Excentr. lang., 1862, p. 446).
— Faire sortir qqn. Faire que quelqu'un quitte un lieu; lui enjoindre fermement de quitter un lieu. Si vous ne voulez pas sortir de bonne volonté (...). Ils vous feront sortir de force (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, I, 2, p. 8).
b) P. anal. Qqc. sort d'un lieu. Comme un bateau sort de l'antre du rocher avec les marins sans que la mer en frémisse davantage (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 70).
c) Loc. fig. Avoir l'air de sortir d'une boîte. V. ce mot III B 2. Sortir de sa chrysalide. Sortir de sa coquille. V. ce mot A 2. Sortir de l'œuf. V. ce mot I C 5.
2. Se dégager d'un endroit difficile. Cette rue est si sale, qu'on ne peut sortir des boues (Ac. 1878, 1935).
3. ESCR. Sortir de mesure. ,,Se mettre hors d'état de porter une botte de pied ferme à son adversaire`` (Ac. 1798-1878).
B. — [Sans compl. prép. d'origine] Qqn sort
1. a) Aller dehors. Sortir un instant, tous les jours, le lendemain, le matin, un moment; sortir pour faire qqc.; sortir avec qqn; sortir par la droite, la gauche, la fenêtre, la porte; sortir à la campagne, dans le couloir, la cour, l'écurie; sortir à pied, à reculons; sortir aussitôt, bientôt, brusquement, lentement, précipitamment; sortir par mauvais temps. Les médecins ne lui ont pas encore permis de sortir (Ac. 1935). Se coiffant de son large feutre, il sortit faire un tour sur la place (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 152).
— En partic.
♦ Pop. Aller dehors pour se battre. Sors donc, si tu es un homme (SANDRY-CARR. 1963).
♦ Aller se promener. Sortir en barque. Dans la journée, après le déjeuner, monsieur et madame sont sortis en voiture (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 72). Rue de la Paix, les midinettes sortaient en bandes et traversaient la place Vendôme et la rue de Rivoli en se donnant le bras (NIZAN, Conspir., 1938, p. 51).
b) P. anal. [Le suj. désigne un bateau] Quitter le port. Je vais à la jetée voir entrer et sortir les bateaux (DELACROIX, Journal, 1854, p. 241).
c) Loc. Sortir avec qqn, ensemble. Entretenir des relations amoureuses avec quelqu'un. Bernard continua, bien qu'il se jugeât lâche, à sortir avec Catherine (NIZAN, Conspir., 1938, p. 130).
2. Quitter une maison, un lieu et ses occupants. Sortir discrètement, sur la pointe des pieds, en claquant la porte; sortir le premier, le dernier. Mais est-ce que le petit jeune homme a la permission de sortir après le dîner? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 264).
3. Aller hors de chez soi. J'étais sorti toute la matinée. En revenant (...), je rencontrai la mère et la fille en voiture (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 92). Elles ne sortaient plus que le dimanche, pour l'église c'est-à-dire aussi pour s'y retrouver (GIDE, Si le grain, 1924, p. 375).
— En partic.
♦ Aller dans le monde, au spectacle, se distraire. Sortir beaucoup, peu. Lorsque je commençais de sortir un peu, et quand mes premiers succès me jetèrent brusquement de ma cellule au quartier Latin dans un opulent décor de haute vie (BOURGET, Physiol. am. mod., 1890, p. 366).
♦ Être sorti. Ne pas être chez soi. Madame est sortie. Dites que je suis sortie! (GUITRY, Veilleur, 1911, II, p. 12).
C. — Qqn sort de qqc.
1. a) Quitter un lieu d'occupation, de réunion, de séjour. Sortir d'une audience, d'un entretien; sortir d'une conférence, de l'hôpital, de l'hôtel, de la messe, de l'opéra, de l'église; sortir de l'école, du lycée, de prison; sortir de son bureau, de son cabinet; sortir de chez qqn; sortir de table à quatre heures. Et l'on est sorti de table en même tems que les dames pour arriver à tems au concert (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 110). Un petit café où il lui arriva de boire très tard avec des amis du Figaro, en sortant d'un bal de l'Opéra (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 251).
— Loc. Sortir d'avec qqn (vx). Venir de le quitter. Je ne pouvais vivre sans voir Sara, que la raison me disait de quitter; je sentais qu'il le fallait; en sortant d'avec elle, j'en formais la résolution (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 159).
b) Au fig. Quitter, avoir fini une occupation. Tous avaient un accablement, comme s'ils sortaient d'une besogne écrasante (ZOLA, Nana, 1880, p. 1328).
♦ Loc. fam. En sortir. Venir à bout d'une tâche. Cela est inutile quant à présent puisque vous n'avez pas fini vos analyses de philosophes. Quand vous en serez sorti, et je vous prie de vous hâter autant que possible, nous reprendrons ce côté pratique du sujet (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p. 62).
♦ Sortir de + inf. Venir de (faire quelque chose). Il semble qu'en sortant de coucher avec son amant, elle laisse dans sa chambre son sexe comme l'outil de son travail (GONCOURT, Journal, 1864, p. 56).
♦ Loc., fam. Sortir d'en prendre. Ne pas être disposé à recommencer quelque chose de désagréable à l'expérience; en avoir assez de quelque chose. C'est compréhensif; c'est philosophique; c'est synthétique; ça doit t'aller. — Merci! je sors d'en prendre, répliqua le rapin avec humeur (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 360).
2. a) Passer d'un état (psychologique, social) à un autre. Sortir d'un cauchemar, de l'enfer; sortir de sa léthargie, d'un rêve, de son sommeil, de sa torpeur; sortir de l'adolescence, de l'enfance, de l'ignorance; sortir d'un état de. Cosette n'était plus en guenilles, elle était en deuil. Elle sortait de la misère et elle entrait dans la vie (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 527).
— Loc., vieilli. Sortir + inf. Venir de passer d'un état à un autre. Cette pauvre petite fille, qui sort d'avoir quinze ans (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 405).
b) Au fig. Se dégager d'une situation difficile. Sortir avec peine de qqc.; sortir d'affaires, d'embarras; sortir de là; (se) sortir des pattes, des mains, de l'emprise de qqn; sortir furieux, radieux de qqc.; sortir d'une impasse, d'un mauvais pas. La civilisation rend les esprits routiniers; aucun ne peut sortir de l'ornière (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 30).
♦ Empl. pronom. réfl. Se sortir de. Se dégager d'une situation difficile, guérir d'une maladie grave. On ne se souvenait plus au juste si telle personne qu'on n'avait jamais l'occasion de voir s'était sortie de sa fluxion de poitrine ou avait trépassé (PROUST, Temps retr., 1922, p. 977). S'en sortir. Synon. s'en tirer. Paul est libre et, du reste, il est incapable, il est nul, c'est un âne, un demeuré. Il faut que je m'en sorte toute seule (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 98).
En partic. Se tirer d'une situation financière difficile. Vous ne vous en sortirez pas (...). Les chiffres sont là (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 156).
♦ [Avec adj. attribut] Sortir indemne, victorieux de qqc. Quand je vous disais (...), que la guerre (...) serait terrible, j'avais raison. N'importe! Nous en sommes sortis vainqueurs (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 283). Dans l'ensemble, nous avons eu la chance, oui, oui, la chance, d'en sortir sains et saufs (COCTEAU, Parents, 1938, III, 2, p. 277).
♦ [Avec compl. sans art.] Sortir d'affaire, d'inquiétude, de mélancolie. M. de Saint Pri (...) vient de se brûler la cervelle pour sortir d'embarras (STENDHAL, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 198).
— Loc., pop., fam. En sortir les braies nettes. V. braie B. (N')être (pas) sorti de l'auberge. V. ce mot A.
c) Passer d'une époque, d'une saison, d'un moment à un(e) autre. Sortir de l'hiver, de l'été, d'un règne. On sort de Louis XIV comme on sort de Robespierre, avec un grand besoin de respirer (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 120).
— Loc. fig. Sortir de l'ombre. V. ombre1 I D 2 b.
3. Abandonner un comportement normal. Sortir de son calme, de son caractère, de son impartialité. [Doré] coupait tout le jour les jambes à son monde, en sortant plus que de raison du ton et de la mesure (SAND, Prom. autour vill., 1860, p. 118).
— Locutions
♦ Sortir de soi. Devenir momentanément différent. « Sortir de soi-même, se transporter en quelque chose que l'on n'est pas », ce vœu à jamais insatisfait fait paraître bien misérable la tentative de l'idylle (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 44). Faire abstraction de soi-même, cesser d'être préoccupé. Il faut d'ailleurs savoir sortir de soi-même et s'élever assez haut pour voir le monde au lieu de ne voir qu'un point (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 167).
♦ Sortir de sa réserve. Quitter une attitude prudente et circonspecte. Synon. se départir de. M. de Galais, qui n'avait rien dit encore, eut le tort de vouloir sortir de sa réserve (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 272).
♦ Sortir de ses gonds. V. gond1 B 1.
♦ Fam., vieilli. Être sorti. Avoir une absence, une perte momentanée de conscience. Cependant, toutes les dix minutes, elle retombait dans ses réflexions, elle était sortie, comme on dit (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 785).
4. S'écarter de ce qui était fixé, passer outre. Sortir d'une formule, d'une loi, d'une règle; sortir d'une décision, d'une opinion, d'un rôle; sortir de la matière, de la question, du sujet; sortir de son devoir, des bornes de la modestie, de la bienséance. On ne peut sortir de ce principe général que sans liberté point de moralité et sans moralité point d'éducation (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p. 429):
• Leuwen était cependant assez civilisé pour ressentir une crainte mortelle que son amour pour le bien ne le fît sortir des bornes que le ton du ministre semblait vouloir mettre à ses rapports avec lui.
STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 192.
♦ Loc., fam. Ne pas (vouloir) sortir de (là). Soutenir une idée, une opinion avec obstination. Synon. fam. ne pas en démordre. [Xavière] a répondu avec horreur qu'elle détestait les fleurs, et elle n'a jamais voulu sortir de là (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 134).
— En partic. S'écarter du cadre d'une activité habituelle, d'une compétence, d'une fonction. Je suis intimement persuadé que, sorti de ses affaires, il est l'homme le plus délicat et le plus probe qu'il y ait à Paris (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 420). Un service qui (...) semblait sortir des visites ordinaires d'un médecin (ZOLA, Page amour, 1878, p. 15).
5. Avoir pour ascendance. Sortir d'un sang noble; sortir de si bas, de rien, d'une bonne famille, du peuple. Et vous m'apportez les papiers à l'aide desquels il me sera possible de constater le sang dont je sors? (DUMAS père, Villefort, 1851, I, tabl. 10, 2, p. 159).
♦ Expr. Se croire sorti de la cuisse de Jupiter. V. cuisse I A 2 a .
6. Avoir été élevé, formé par quelqu'un, quelque chose (un milieu). Sortir des mains de qqn; sortir de sa province.
♦ Sortir de + subst. désignant un établissement d'enseignement. Avoir fini avec succès un cursus universitaire ou scolaire. Sortir d'une école, d'une grande école; sortir de Normale Sup., de Polytechnique. Elle a un fils qui est sorti de Saint-Cyr l'année dernière (FRANCE, Orme, 1897, p. 132).
♦ Sortir du rang. V. ce mot A 1 b .
♦ D'où sort-il? [À propos de qqn dont les manières, l'ignorance choquent] De quel milieu (familial, social) vient-il? Dès ma première leçon, ç'a été une clameur dans le palais (...). D'où sort-il donc? Que nous veut ce barbare? (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 45).
D. — Qqc. sort (de qqc.)
1. [Le suj. désigne un fluide, un objet en mouvement, un son] Aller en dehors d'un lieu. Une vague senteur aromatique sort de toutes ces pousses vertes [des orangers] (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 52). Un autre (...) avançait les naseaux sous le robinet même, où l'eau sortait fraîche (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 519). Une à une les notes sortaient du violon sous l'archet (GIONO, Triomphe vie, 1941, p. 175).
— En partic. Aller hors d'un contenant; se détacher de. Sortir des rails. Au virage, la roue sortit de son axe et s'échappa vers le bas-côté de la route, en zigzaguant (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1502).
♦ SPORTS. Sortir des limites matérielles fixées. Un ballon sort du terrain. (Dict. XXe s.).
2. [Le suj. désigne un inanimé] Ne plus être dans la tête. Les entretiens qu'ils eurent, lui et ce fonctionnaire, je regrette qu'ils me soient sortis de l'esprit (BENOIT, Atlant., 1919, p. 63). Ce que nous avons dit dès l'abord devait être insignifiant — ou alors singulièrement grave et plein d'importance — car cela est sorti de ma mémoire (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 233).
— En partic.
♦ Ne plus appartenir à, quitter un groupe défini. Un objet, un secret sort de la famille. Je regrette Combourg, mais avec moins de résignation, bien qu'il ne soit pas sorti de ma famille (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 61). On lui demanda de donner sa parole d'honneur que rien n'était sorti de la caserne (NIZAN, Conspir., 1938, p. 94).
Loc., fam., p. iron. (Ça) ne sort pas de la famille. Un Grec dépouillé par ses frères se dit avec une certaine résignation que son argent ne sort pas de la famille (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 22).
♦ Cesser de faire partie de; ne plus être du ressort de. Sortir de la compétence de qqn, de ses fonctions. Sortir de l'ordinaire. V. ce mot II A.
3. Faire saillie; être visible en totalité ou en partie hors de quelque chose. L'enfant arriva sur le bras de sa bonne, dans sa longue chemise de nuit, d'où sortaient ses pieds nus, sérieuse et presque rêvant encore (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 173).
— Loc., fam. Les yeux lui (en) sortent de la tête. Il a les yeux saillants, exorbités. Schumacker resta quelques instants immobiles (...) ses prunelles flamboyantes sortaient de leur orbite (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 444).
♦ [Dans un cont. fig.] Être très étonné. Il a survécu, à ce qu'il dit (...)! Les yeux m'en sortent de la tête (FEUILLET, Scènes et com., 1854, p. 263).
— Proverbe, au fig. La vérité sort de la bouche des enfants. V. bouche II B 2 a.
4. Apparaître à l'extérieur, dépasser (de quelque chose). Ah! dame oui, les blés sortiront de bonne heure (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 137).
5. Se découper, être nettement visible sur un fond, ressortir. [Fernande] s'arrêta sous un bec de gaz dont l'éclat jaune fit sortir de la nuit son troublant et sérieux visage (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 229).
6. Avoir été fabriqué par un artisan, par quelque chose (usine, machine). [Sans compl. prép.] Les pièces de porcelaine moulées (...) sortaient nettes (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 143).
— Au fig. Avoir son origine dans, être issu de. En regardant un portrait de Wagner, je me suis demandé comment il se pouvait que de cette tête de proprio avare fût sorti Siegfried (GREEN, Journal, 1932, p. 111).
♦ Loc., fam. Ça sort du cœur. Si je t'en parle, ce n'est pas pour te faire de la peine, c'est parce que ça me sort du cœur, malgré moi (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 249). Il (n')est (rien) sorti de. Il (ne) résulte (rien) de. Tu me ressembles: j'ai eu ce visage pointu, ce sang inquiet, ces yeux sournois — et il n'en est rien sorti de bon (SARTRE, Mouches, 1943, I, 5, p. 34). En sortir. Résulter de. Le pot-au-feu mitonne. Quel bouillon en sortira? (ARNOUX, Roi, 1956, p. 323).
7. Qqc. sort. Être présenté au public, être commercialisé. Un nouveau modèle, une collection, un article sort. En partic. Être édité. Un livre sort parce qu'un homme, qui ne l'a pas lu, somme de l'acheter un troupeau de gens qui ne le liront pas (MONTESQUIOU, Mém., t. 3, 1921, p. 276).
8. Être tiré par le sort ou le hasard. Je croyais par moments que le nom de Charlie, allait malgré Robert « sortir » comme le numéro d'une loterie, j'avais de quoi être fier (PROUST, Temps retr., 1922, p. 702).
— En partic. Être tiré comme sujet d'examen. (Dict. XXe s.).
II. — Empl. trans.
A. — 1. Qqn sort qqn/qqc. Mener dehors quelqu'un ou un animal qu'il faut accompagner. Sortir un enfant, un malade, un chien. L'air libre fouette nos joues, et nous [la troupe] plissons les yeux, blessés, comme des convalescents qu'on sort trop tôt (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 3). Leur mère, fatiguée, n'avait guère le temps de les sortir (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 73). Le béret sur les yeux, le bâton à la main, il siffla le chien et sortit le bétail (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 107).
— SPORTS. [Le suj. désigne l'arbitre] Expulser du terrain un joueur fautif. M. fait mine de « sortir » D. et L. qui échangent des coups (L'Auto, 9 avr. 1906 ds PETIOT 1982). [Le suj. désigne des joueurs] Éliminer une équipe adverse. En Coupe ils furent éliminés en demi-finale, après avoir sorti Nantes (L'Auto, 11 août 1965 ds PETIOT 1982).
2. Qqn sort qqc. de qqc. Extraire, tirer quelque chose de. Sortir la voiture de la remise; sortir un couteau de la gaine; sortir son mouchoir, un paquet, sa main de sa poche; sortir son costume de l'armoire. [Gobseck] les sortait de l'écrin, les y remettait, les y reprenait encore (...) — Beaux diamants! (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 412).
3. Qqn sort qqn de qqc.
a) Extraire quelqu'un d'un lieu dont il ne peut se dégager. On sort Renée de son lit. On l'habille. Mais le moindre mouvement aggrave les douleurs (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 88).
b) Au fig.
— Tirer quelqu'un d'une situation embarrassante, difficile. Dans la situation où se trouve ma famille, je ne dois reculer devant rien pour la sortir d'embarras (BECQUE, Corbeaux, 1882, IV, 2, p. 219). S'il y a une chance de sortir les gosses de cette saloperie de guerre, il faut les en sortir (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 589).
— Tirer quelqu'un de sa façon habituelle de faire. Car, hélas! M. Schuver ne valait plus rien comme décorateur quand on le sortait de ces roses en papier (FRANCE, Servien, 1882, p. 166).
— Tirer quelqu'un de son milieu. Un des princes de la finance L'avait sortie on ne sait d'où (MONSELET, Poés., 1880, p. 92).
c) Fam. [Sans compl. prép.] Mettre quelqu'un dehors de façon expéditive. — Tu seras bien avancé quand vous vous serez disputés par devant les autres. Ferdinand n'a sûrement pas mauvaise intention. — Par la peau du cul que je vas te le sortir, le vétérinaire! (AYMÉ, Jument, 1933, p. 190).
4. Qqn sort qqc. Tenir des propos désagréables ou inconvenants. À force de dire des choses plus ou moins absurdes, l'un de nous finira peut-être par en sortir une qui soit comestible (AYMÉ, Mouche, 1957, p. 30).
5. Qqn sort de qqc. Se démarquer nettement. Il mange de plus avec l'Empereur, ce qui le sort absolument de la ligne des Ministres du second ordre et le place à côté de l'Ambassadeur de France (J. DE MAISTRE, Corresp., 1811, p. 4).
B. — Qqn/qqc. sort qqc. Produire, fabriquer en vue de sa commercialisation. Un fabricant sort un produit; une usine, une manufacture sort un modèle. (Dict. XXe s.).
Prononc. et Orth.:[], (il) sort []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. ca 1145 « décider » (WACE, Conception ND, éd. W. R. Asford, 1285); en partic. ca 1160 « décider par les sorts » (Enéas, 2617 ds T.-L.), en a. et m. fr.; 2. a) 1453 « mettre brutalement quelque chose hors de, tirer dehors » crollant et sortissant la porte (Arch. JJ 182, f ° 38 v ° ds GDF.); b) 1888 « mettre brutalement quelqu'un dehors » (COURTELINE, Train 8 h 47, II, VIII ds ROB. 1985); 3. a) 1529 « franchir en sortant, passer au-delà de » sortir les limites de mon propos (TORY, Champfleury, L. III, 49 v ° ds HUG.); b) 1596 « faire prendre l'air à un animal » sortez mon cheval (BÉROALDE DE VERVILLE, Le Cabinet de Minerve, p. 151 ds LITTRÉ); c) 1788 « accompagner une personne dehors, à la promenade » (FÉR. Crit. t. 2 d'apr. Lar. Lang. fr.); 1871 (LITTRÉ); 4. a) 1611 « porter, mettre quelque chose dehors » (COTGR.); b) 1688 « tirer hors de, sortir » (SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchène, t. 3, p. 361); c) 1903 « dire, proférer » (COLETTE, Cl. s'en va, p. 27: elle a déjà sorti tout ce qu'on pouvait imaginer); d) 1938 « produire pour le public, mettre dans le commerce » sortir cent paires de « grosses godasses » par jour (ROMAINS, Hommes bonne vol., p. 168); 5. ca 1630 « faire changer d'état, de condition » (BASSOMPIERRE d'apr. FEW t. 12, p. 126b); 6. 1752 jeu de tric trac sortir son coin (Trév. Suppl.); 7. 1904 comptab. (Nouv. Lar. ill.). B. Intrans. 1. ca 1150 « se tirer de, se dégager de » sortir de la mort (Conte de Floire et de Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 1020); 2. 1155 « tirer au sort, prédire » unt sorti et deviné (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 123); d'où 1634 « être amené par un tirage au sort ou le hasard » (BOILEAU, Satire, éd. A. Cahen, IV, 76); 3. a) 1175 « aller hors d'un lieu dans lequel on se trouvait » (BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 43417); en partic. 1553 « quitter un lieu où l'on a séjourné quelque temps » sortir de prison (La Bible, s. l. impr. J. Gérard, Eccl. 4, d); 1608 cynég. sortir au fort (M. REGNIER, Satyre, III, 218 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 36); 1623 sortir les pieds devant (SOREL, v. pied étymol. I A 2 d); b) 1713 d'où diable sors-tu? pour indiquer que l'on n'a pas vu qqn depuis longtemps (HAMILTON, Gramm., 8 ds LITTRÉ); 1792-97 d'où sors-tu donc? se dit à l'adresse de quelqu'un qui manque d'éducation ou dont l'ignorance choque (BEAUMARCHAIS, Mère coupable, I, IV, collection Génie de la France, t. II, p. 251); c) 1559 « aller hors de chez soi pour se promener, faire des visites, etc. » (AMYOT, Démosth., 20 ds IGLF: il n'ozast de honte sortir en tel estat [la tête rasée]); cf. 1573 quand je sors de chez moi pour aller à la chasse (GARNIER, Hippolyte, acte I, 246 ds Tragédies, éd. W. Foerster, II, 15); 1664 être sorti (MOLIÈRE, Mariage forcé, sc. 1); 4. ca 1485 « provenir de, être issu » sortir du ventre de « naître » (Myst. Vieux Testament, 34420 ds éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 320); a) 1585 un Escholier sortant du collège (NOËL DU FAIL, Contes et Discours d'Eutrapel ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. II, p. 16); b) 1701 sortir de « avoir été formé par » (Trév.); 1782 sortir des mains de « id. » (Mme DE GENLIS, Ad. et Th., t. III, p. 72 ds LITTRÉ); 1842 sortir du rang (STENDHAL, Napoléon, t. 1, p. 207: nos plus grands généraux sortirent du rang des soldats pour commander); 5. a) ca 1485 « se répandre à l'extérieur (d'un son, d'une odeur, d'un liquide) » de la pierre eaue sortit (Myst. Vieux Testament, 24716, éd. citée, t. 3, p. 323); ca 1495 fig. le feu luy sortist du visaige (Le Roman de Jehan de Paris, éd. E. Winkersheimer, 66); b) 1640 sortir de la mémoire (CORNEILLE, Cinna, V, 1, 1474); 6. ca 1485 « (d'une plante, d'un fruit...) pousser » (Myst. Vieux Testament, 49215, éd. citée, t. 6, p. 219: un fruis magnifique Doit un jour sortir d'une fleur); cf. déb. XVIe s. rameaulx sortissans de une racine (Jard. de santé, I, 112, impr. La Minerve ds GDF.); 7. ca 1500 « ne pas se tenir à ce qui était fixé » sortir d'un propos (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. I, p. 70); 1799 ne pas sortir de là (Mme DE GENLIS, Théat. d'éduc., Le Voyageur, I, 1 ds LITTRÉ); 1829 ne pas vouloir sortir de là (Th. LECLERCQ ds Lar 19e); 8. 1538 « passer d'un temps, d'une époque ... dans un(e) autre » sortir hors enfance (EST.); 1693 sortir de fille (LA FONTAINE, Je vous prends sans verd, sc. 6, 170 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 7, p. 573); 9. a) 1538 « cesser d'être dans tel ou tel état physique ou moral » sortir de servitude (EST.); 1559 sortis hors de soy « en colère » (AMYOT, Cam., 51 ds LITTRÉ); b) fin XVIIe s. sortir de soi même « faire abnégation de sa propre personne » (BOSS. ds Lar. 19e); 10. 1553 « avoir tel résultat » (La Bible, éd. citée, Matth. XII, 6); 11. 1561 « franchir une limite » ici fig. (J. GRÉVIN, Les Esbahis, éd. E. Lapeyre, acte IV, sc. 4, p. 176: pensez-vous que cela sorte d'entre nous?); au propre 1636 sortir des bornes d'équité (MONET); 12. 1574 sortir de l'onde « (du soleil) apparaître à l'horizon en ayant l'air de sortir de l'eau » (GARNIER, Cornelie, 307 ds Œuvres, éd. citée, I, 95); cf. 1604 le soleil est sorti de la mer (MONTCHRÉTIEN, Hector, acte II ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 19); 13. 1675 « ressortir, avoir des traits, des caractères perceptibles » (SÉVIGNÉ, Corr., éd. R. Duchène, t. 2, p. 91); 1745 laisser sortir les ouvrages larges du devant (BOSSE, Manière de graver, p. 78); 14. a) 1690 sortir de chez le marchand « être à l'état neuf » (FUR.); b) 1874 « être présenté au public, mis en vente, édité, etc... » (A. DAUDET, Fromont jeune, p. 177: sa fameuse invention qui malheureusement ne sort pas). Du lat. class. « tirer au sort, fixer par le sort, obtenir par le sort » en gén. « obtenir du sort, de la destinée » puis « choisir » (lui-même dér. de sors, v. sort); le développement du sens de « passer du dedans au dehors », propre au fr. et qui a évincé à partir du XVIe s. issir, est difficile à expliquer; un rapprochement sém. avec ressortir au sens anc. de « rebondir », v. ressortir1 étymol. 1 fait difficulté, à moins d'y voir avec J. Storm ds Romania t. 5, p. 183, suivi par EWFS2, un dér. de surctus, lat. class. part. passé de surgere « jaillir », hyp. qui convient à l'esp. surtir « jaillir » mais fait difficulté pour le -o- du fr. sortir. Fréq. abs. littér.:35 089. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 52 174, b) 55 632; XXe s.: a) 50 684, b) 44 414.
DÉR. Sorteur, -euse, adj. et subst. masc. a) Adj., rare. Qui aime sortir de chez lui (pour se distraire, se promener). On ne pouvait plus la retenir dans son taudis. Elle était devenue sorteuse (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 364). b) Subst. masc., mines. Celui qui sort le minerai de la mine. Les sorteurs de Saint-Étienne s'acheminaient courbés sous le poids d'un sac, qu'ils retenaient sur leur dos au moyen d'une corde serrée entre les dents, afin de conserver l'usage des deux mains pour leur lampe et leur béquille (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 675). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1872 « qui aime sortir, qui quitte souvent le logis » (LITTRÉ); b) 1905 « celui qui sort le charbon de la mine » (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, loc. cit.); de sortir1, suff. -eur2.
BBG. — MEIER (H.). Neue lateinisch-romanische Etymologien. Bonn, 1980, p. 172-179. — QUEM. DDL t. 19. — ROBINSON (A. H.). Les Désignations de la « marche dans l'espace »... Fr. mod. 1974, t. 42, p. 155, 159. — SCHWARZE (Ch.). Lexikalische Bedeutung und Bedeutungskonstruktion... In: Mél. Hilty (G.). Bern; Frankfurt am Main; New York; Paris, 1987, pp. 511-585.
II.
⇒SORTIR2, subst. masc.
Au sortir de, loc. prép.
♦ [À la sortie d'un lieu] Synon. en quittant. Au sortir de Bordeaux, les landes recommencent plus tristes, plus décharnées et plus mornes (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 13).
♦ [En sortant d'un état, d'une situation] Synon. à la fin. Au sortir de l'hiver, de l'enfance. Pierre, au sortir des pages, entra dans la marine et se noya à la côte d'Afrique (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 50).
♦ [En sortant d'une occupation] Synon. à l'issue. Au sortir de la classe. Le fermier Hourdequin étant allé déjeuner à Cloyes, au sortir de la messe, on avait nocé très tard (ZOLA, Terre, 1887, p. 65).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1540 loc. au sortir de (NICOLAS HERBERAY DES ESSARS, Le Premier livre de Amadis de Gaule, 86 ds IGLF); cf. 1559 au sortir de sa littiere (AMYOT, Demosth., 99-100, ibid.); 2. 1555 subst. sortir « action de sortir » ([Les] Comptes du Monde adventureux, 42 [II, 62] ds HUG., s.v. sortir2). Empl. subst. de sortir1.
III.
⇒SORTIR3, verbe trans.
DR. Produire, obtenir quelque chose. Cette sentence sortira son plein et entier effet (Ac.).
Prononc. et Orth.:[], (il) sortit []. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. des verbes réguliers en -ir, réduite aux 3es pers. et aux part. Étymol. et Hist. 1395 « subir le jugement » (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, 423, 1 ds RUNK., p. 106), attest. isolée; 1401 dr. sortir effect « obtenir » (NICOLAS DE BAYE, Journal, éd. A. Tuetey, t. 1, p. 5). V. sortir1.
1. sortir [sɔʀtiʀ] v. [CONJUG. partir.]
ÉTYM. XIIe, « échapper », rare av. XVIe, a remplacé issir; p.-ê. de 3. sortir « désigner par tirage au sort », ou du lat. pop. surctus, lat. class. surrectus, de surgere « jaillir ».
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I V. intr. (Avec l'auxiliaire être).
A Aller hors (d'un lieu), du dedans au dehors.
1 (Sujet n. d'être animé). || Sortir (d'un lieu) : aller hors (d'un lieu). || Sortir d'une maison et y rentrer (cit. 16). || Sortir de chez soi. || La faim me fait sortir de mon gîte (→ Bois, cit. 20). || Gibier qui sort du bois. ⇒ Débucher, débusquer. || Sortir d'un abri, de sa retraite. ⇒ Abandonner. || Sortir de sa chambre les pieds (cit. 21) en avant, les pieds devant (mort). || Insulaires (cit. 3) qui ne sont jamais sortis de leur île. ⇒ Quitter. || « Nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes » (Mirabeau; → National, cit. 5). || Sortir du lit (→ Jour, cit. 8), de voiture. || Sortir de scène. ⇒ Exit. ☑ Avoir l'air de sortir d'une boîte. || Poussin qui sort de l'œuf (→ Indigner, cit. 6). ⇒ Éclore. || Sortir de sa chrysalide. || Sortir sans autorisation d'un lieu. ⇒ Enfuir (s'), évader (s'). — Le paquebot sortit du port (→ Fouetter, cit. 8). Impers. || Il en sortit un petit carrosse (→ Gris, cit. 24).
1 — Mais pourquoi ne sors-tu pas par la fenêtre ? — C'est une loi des diables et des revenants, qu'ils doivent sortir par où ils sont entrés.
Nerval, Trad. Goethe, Faust, I, p. 64.
♦ Absolt. Quitter une maison (et ses occupants). ⇒ Absenter (s'), partir, retirer (se). → Prendre la porte. || Elle sortit en claquant la porte (→ Promener, cit. 18). || Sortir discrètement. ⇒ Éclipser (s'), esquiver (s'). || Permission de sortir. ⇒ Exeat. || La foule sort. ⇒ Écouler (s'). || Faire sortir qqn, la foule. ⇒ Évacuer. || Sortez ! hors d'ici (→ Déshonorer, cit. 11), je vous chasse (→ Huis, cit. 4). ⇒ Décamper, déguerpir, déloger (→ Débarrasser le plancher). || Allez, sors, que je ne te voie plus (→ Fiche le camp, fous le camp).
2 M. le prince de Charolais, ayant surpris M. de Brissac chez sa maîtresse, lui dit : « Sortez ! ». M. de Brissac lui répondit : « Monseigneur, vos ancêtres auraient dit : Sortons. »
Chamfort, Caractères et anecdotes, « Le prince de Charolais et M. de Brissac ».
2 Aller dehors. || Il se fit une embellie (cit. 2) qui nous permit de sortir. || Personne ne sort par ce temps (→ Heure, cit. 97). || Le malade commence à sortir. — Spécialt. Sortir pour se battre (→ Homme, cit. 107). || Sortons, Monsieur ! (→ ci-dessus, cit. 2, Chamfort). (Pléonasme). || Sors dehors !
2.1 (…) le capitaine de Mortemart « que j'ai eu aux hussards, à Strasbourg, pas comme les ballots d'ici, un qui savait commander, capable de déposer ses galons et de dire à un gars : Sors dehors si t'es un homme ! » (…)
Malraux, Antimémoires, éd. Gallimard, p. 308.
♦ Se promener. || Sortir quand il fait beau. || Sortir en auto; en bateau, en caïque (→ 1. Lisse, cit. 1).
3 Aller hors de chez soi. || Elle n'était pas sortie depuis cinq ans (→ Perclus, cit. 3). || Être prêt à sortir (→ 1. Piaffer, cit. 2). || Il sort paré comme une femme (→ Ajustement, cit. 5). || Sortir en cheveux (vx), sans chapeau. || Sortir en taille, sans manteau.
♦ Aller en visite, dans le monde, au spectacle, pour se distraire. ⇒ Sortie. || Je commençai de sortir et de fréquenter les salons (→ Quitter, cit. 25). || Jeune fille qui ne sort pas le soir (→ Robe, cit. 12). || Elle sortait peu (→ Jouer, cit. 20; réclusion, cit. 2). || Sortir avec des amis.
4 (Le sujet désigne un objet en mouvement, un fluide). || Sortir (d'un lieu) : aller en dehors (d'un lieu). || D'une des cheminées sortaient des étincelles (→ Gerbe, cit. 7). ⇒ Échapper (s'), partir. || « D'un aride (cit. 1) rocher fit sortir des ruisseaux ». ⇒ Jaillir, sourdre. || De sa fourrure (cit. 6)… sort un parfum si doux. ⇒ Dégager (se), exhaler (s'). || Presser un fruit pour faire sortir le jus. || Chaque parole qui lui sortait de la bouche (→ Asthmatique, cit. 1). || « Malheureuse (cit. 34), quel nom est sorti de ta bouche ? » — Impers. (→ Jet, cit. 4).
3 L'eau sort (de la source) à la température de 18°. Elle est assez franchement gazeuse.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXII, p. 175.
5 (Choses). || Sortir (d'un lieu) : aller hors (d'un contenant, d'un lieu où ce qui est désigné par le sujet devrait se maintenir). || Liquide qui sort d'un vase, rivière qui sort de son lit. ⇒ Déborder, répandre (se); et aussi extravaser. || Faire sortir un liquide. ⇒ Vidanger, vider. || Porte qui sort de ses gonds. — ☑ Loc. fig. Sortir de ses gonds (→ Être hors de soi [de colère]). — Pièce qui sort d'une autre. ⇒ Déboîter, détacher (se). || Véhicule qui sort des rails (⇒ Dérailler), de la route. || La balle, le ballon est sorti du terrain, en touche.
♦ Fig. Ne plus être dans, ne plus appartenir à… || Souvenir qui sort de la mémoire. || Cela m'est sorti de la tête. ⇒ Oublier. — Objet, secret qui sort d'une famille, qui ne lui appartient plus.
4 On pourrait peut-être penser que quand les prophètes ont prédit que le sceptre ne sortirait point de Juda jusqu'au roi éternel, ils auraient parlé pour flatter le peuple, et que leur prophétie se serait trouvée fausse à Hérode.
Pascal, Pensées, XI, p. 719.
5 (…) une maison que vous avez faite, où vous avez travaillé si fort, est-ce que ça doit sortir de la famille ?
Zola, la Terre, V, V.
6 (1501). Apparaître en se produisant à l'extérieur. || Plantes qui sortent de terre; bourgeons qui sortent. ⇒ Pousser. || Une silhouette sortait des ténèbres. ⇒ Émerger, percer, poindre; et aussi éruption. — Fig. || La vérité sort enfin. ⇒ Manifester (se).
♦ Fig. Être livré au public, mis dans le commerce. || Les stocks sortaient (→ Descendre, cit. 38). || Article qui vient de sortir. ⇒ Nouveauté. || Les collections de printemps sont sorties. — Être publié, édité. ⇒ Paraître. || Son livre est sorti. — Le décret va sortir. — ☑ Loc. fam. C'est nouveau, ça vient de sortir.
7 Être nettement visible sur un fond. ⇒ Détacher (se), ressortir. || La réglure du papier de musique doit être pâle afin que la note (cit. 1) sorte mieux.
8 (1636). Apparaître, être visible en totalité ou en partie hors de qqch. ⇒ Saillant, saillir. || De son fourreau (cit. 8) sortaient deux bras ronds. || Une épaulette (cit. 3) sortait de dessous sa cuirasse. ⇒ Dépasser, passer. || La tête du sphinx qui sortait du sable (→ Pyramide, cit. 3). ☑ Fam. Les yeux lui sortent de la tête : il a les yeux saillants, exorbités.
9 Se produire, être tiré, en parlant du numéro, etc., que désigne le hasard (cit. 29), au jeu, au tirage au sort. || Chiffre qui n'est sorti qu'une fois sur mille coups (→ Nombre, cit. 8). || Impair sortit encore (→ 2. Pair, cit. 2). Par anal. || Question, sujet qui sort à un examen.
6 Si vous placez un louis sur un seul de ces trente-six numéros, et qu'il sorte, vous aurez trente-six louis (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 967.
B (Sujet n. de personne). || Sortir de qqch. : cesser d'être dans un lieu, dans un état, de faire une chose.
1 (1553). Quitter le lieu d'une occupation. || Sortir de table : avoir fini de manger. || Sortir du confessionnal (→ Grâce, cit. 32); du spectacle (→ Doré, cit. 5). Absolt. || Écolier, ouvrier qui sort à six heures, finit son travail à six heures (→ aussi Débrayer).
2 Quitter une occupation. || Sortir d'un repas, d'un entretien (→ Conversation, cit. 4). — Fam. Venir à bout (d'une occupation). || J'ai trop à faire, je n'en sors pas (→ ci-dessous, se sortir). — (1718). Suivi de l'inf. Fam. || Sortir de travailler. ⇒ Venir (de). — ☑ (1840). Loc. fam. Sortir d'en prendre : n'être pas près de refaire ce qui a été pénible, désagréable. || Merci bien, je sors d'en prendre !
7 Le sieur Dairolles se rend au greffe, et ne va chez l'auteur de la Gazette qu'en sortant de déposer.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 35.
8 - Tu vas en prendre un verre avec moi, dit-elle.
— Non, merci, je sors d'avaler le mien.
Zola, Germinal, II, III.
9 (…) elle va encore se rendre malade. C'est déplorable, trois semaines après sa bronchite. Dans ces cas-là, c'est moi qui suis le garde-malade. Vous comprenez que je sors d'en prendre.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 900.
3 (1538). Quitter un état, faire ou voir cesser une situation. || Sortir de l'enfance (cit. 7), de la misère (→ Lutter, cit. 4), de l'obscurité, de son ignorance (→ Croupir, cit. 1). — ☑ Loc. littér. Sortir de la vie : mourir. || « Rentre dans le néant (cit. 22) dont je t'ai fait sortir ». || Sortir d'une longue maladie : être en voie de guérison. || La France, enfin sortie des guerres civiles (→ Attention, cit. 8). || Sortir d'une impasse, d'une mauvaise affaire, d'un mauvais pas. ⇒ Dégager (se), tirer (se). → S'en sortir (et, ci-dessous, II., 4.).
10 Il jouait ses six derniers roubles, comme on sème dans les champs d'Eldorado, pour en récolter dix mille, payer toutes ses dettes et sortir de la gêne.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V.
♦ (Sans article, dans quelques expressions). || Il est sorti d'affaire, d'embarras, tiré d'affaire (→ Monnayer, cit. 2). || Il en sortira (→ Matelas, cit. 5). — (Avec l'attribut indiquant l'état dans lequel on se trouve à l'issue d'une situation). || Sortir indemne (cit. 1) d'une guerre, d'un accident.
♦ Abandonner un comportement naturel, habituel. || Sortir de son assiette (cit. 7; vx); de son caractère (cit. 54), de son sang-froid (→ Bramer, cit. 3), de son impartialité (→ Échauffer, cit. 11), de sa réserve (→ Retrancher, cit. 10). ⇒ Départir (se), retirer (se, vx). — Sortir de soi (cit. 9) : devenir un autre, temporairement; spécialt, cesser de s'intéresser uniquement à soi (autisme, narcissisme [cit. 2], égoïsme…).
11 (…) M. Julien ne s'est point donné de peine pour faire cette conquête, il n'est point sorti pour madame de sa froideur habituelle.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIX.
12 L'idée que les hommes sont parfois capables de sortir de leur naturel apparent, d'accomplir soudain avec éclat des actions imprévues, de renoncer au crime par exemple, et de tomber à genoux en se frappant la poitrine, cette idée me semble non seulement belle mais encore reposante et réconfortante.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, VIII.
4 (Fin XVe). Ne pas se tenir à une chose fixée, passer outre. ⇒ Dévier, écarter (s'), éloigner (s'). → Faire un écart. || Sortir d'un sujet (→ Lendemain, cit. 1). || Ne plus sortir d'une formule (→ Agir, cit. 37), d'une opinion, d'une décision. ⇒ Démordre. || Je ne sors pas de là. ⇒ Persister. || Sortir des règles prescrites (→ Art, cit. 49), de la légalité (→ 3. Droit, cit. 38). ⇒ Transgresser. || Sortir de son rôle (→ 1. Faste, cit. 3). ⇒ Déborder, outrepasser.
13 C'est sortir de l'humanité que de sortir du milieu. La grandeur de l'âme humaine consiste à savoir s'y tenir; tant s'en faut que la grandeur soit à en sortir, qu'elle est à n'en point sortir.
Pascal, Pensées, VI, 378.
14 La noblesse, la fortune, l'argent, les titres, elle ne sortait pas de là.
Alphonse Daudet, Jack, I, I.
5 (Sujet n. de chose). Cesser de faire partie de…, d'être concerné par…; être en dehors de… || Cela sort de ma compétence, de mes fonctions. ⇒ Échapper (à). || Ce qui sort de la convention (cit. 11). ☑ Sortir de l'ordinaire : n'être pas ordinaire.
C Sortir de : venir, être issu de…
1 (1499). Sujet n. de chose. Avoir son origine, sa source dans; être produit, formé par… ⇒ Naître (de), provenir, venir (de). || L'homme sort du néant (cit. 3). ⇒ Émaner. || Ma conviction est sortie du cœur (cit. 163). ☑ Fam. Ça sort du cœur ! : c'est direct et sincère. || Toute synthèse sort d'une analyse (cit. 7). — Impersonnel. || Il n'est rien sorti de nos recherches : nos recherches n'ont rien produit. || Que va-t-il en sortir ? ⇒ Résulter; issue, résultat. || Ils espéraient en voir sortir une défaite (→ Aliénation, cit. 1).
15 C'est promettre beaucoup; mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
La Fontaine, Fables, V, 10.
2 (1640). Sujet n. de personne. Avoir pour ascendance. || Sortir d'un sang noble (cit. 23), d'une famille distinguée (→ Dont, cit. 5). || Des rois sortiront de vous (→ Multiplier, cit. 2). — Au p. p. || Un homme sorti de si bas (→ Cuirassé, cit. 4). ☑ Fam. Se croire sorti de la cuisse de Jupiter.
16 Ses lectures pieuses lui rappelaient chaque jour combien de saints, de prélats, de ministres tonsurés, de papes, sont sortis du peuple.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VII, p. 120.
♦ Avoir été formé (quelque part). || Ingénieur breveté (cit. 1) qui sort d'une école. || Un commis sortant de chez un banquier (→ Partie, cit. 12). Plus cour. au p. p. || Officiers sortis de Polytechnique (→ Pépinière, cit. 2). || Nouvellement sorti de l'université (→ Frais émoulu). || Officiers sortis du rang (→ Populo, cit. 1).
♦ ☑ (1715). Fig., fam. D'où sortez-vous ? D'où sort-il ? se dit à propos d'une personne dont l'ignorance ou les manières étonnent, choquent.
3 (Sujet n. de chose). Avoir été fait, fabriqué (quelque part). || Des robes (cit. 11) qui sortent de chez les grands couturiers. || Une œuvre sortie de ses mains (→ aussi Nature, cit. 62).
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II V. tr. (Avec l'auxiliaire avoir).
1 (1534, Rabelais). Mener dehors (les êtres qui ne peuvent sortir seuls). || Sortir un enfant, un malade. || Sortir son chien.
17 (…) sortez ce cheval, pour dire, faites sortir ce cheval (…) est très mal dit, encore que cette façon de parler se soit rendue fort commune à la Cour, et par toutes les provinces.
Vaugelas, Remarques sur la langue franç., Sortir.
♦ Fam. Accompagner qqn au spectacle, dans le monde, en prenant l'initiative de cette sortie. || Sortir un ami de province (⇒ 2. Sortable).
18 (Sa femme) possédait avec cela une grâce apprêtée chez elle, une distinction pincée au dehors; somme toute, elle pouvait être sortie, sans honte, gardée chez soi, sans lassitude.
Huysmans, En ménage, II.
2 (1611). Mettre dehors (un objet), tirer (d'un lieu). || Sortir qqch. de qqch. || Sortez la voiture de la remise (Littré). || Sortir un objet de sa poche. ⇒ Prendre (dans), tirer (→ Fouiller, cit. 28; graisseux, cit. 1). || Sortir les mains de ses poches. ⇒ Enlever, ôter. || Sortir un objet d'une boîte, d'un emballage, d'un tas. ⇒ Dégager, extraire. || Sortir une plante de terre. ⇒ Déraciner.
19 Je lui mande qu'elle sorte des mains de Poulard les papiers qui sont nécessaires (…)
Mme de Sévigné, 1067, 2 oct. 1688.
20 — (…) Capitaine (…) pourriez pas m'aider ?
— Bien sûr. À quoi ? — À sortir ma voiture de la grange (…)
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XVI.
♦ Dégager qqn d'un lieu dont il ne peut sortir seul. || Sortir un blessé des décombres (→ aussi Mutilation, cit. 1).
♦ (Sans compl. en de). Tirer (qqch.) d'un lieu. || Il faut tout défaire, tout sortir (→ Revue, cit. 4). || Sortir son couteau (cit. 11), son revolver (cit. 2). || Sortir le train, les roues d'un avion (→ Rentrer, cit. 20). — Sortir sa langue (→ Grain, cit. 1).
21 On sortait la bière sous les prières, on la cordait, elle était traînée (…)
Camus, la Peste, p. 192.
3 (1888, Courteline). Fam. (Sujet et compl. n. de personne). Faire sortir, expulser (qqn). ⇒ Enlever, vider (→ Jeter dehors). || À la porte ! Sortez-le ! || Se faire sortir. ⇒ fam. Virer.
22 Avec ça que les femmes criant : « Flanelle ! Flanelle ! Y n'ont pas le sou; sortez-les ! » jetaient de l'huile sur le feu.
Courteline, le Train de 8 h 47, II, VIII.
♦ Sports. Éliminer, au cours d'une compétition. ⇒ Battre. || Le champion a sorti tous ses adversaires. || Se faire sortir en demi-finale.
4 (1672). Compl. n. de personne. Faire sortir (d'un état, d'une situation). || Je vais vous sortir d'affaire. ⇒ Délivrer, dépêtrer, tirer. || Il faut le sortir de là. — (Sujet n. de chose). || Une pensée qui nous sort de notre inertie (→ Dialectique, cit. 4). || Cela nous sortira de l'ordinaire.
5 (1938). Compl. n. de chose. Produire pour le public, mettre dans le commerce. || Usine qui sort cent paires de chaussures par jour (→ Main-d'œuvre, cit. 3). || La maison a sorti un nouveau modèle. || Éditeur qui sort un livre. ⇒ Publier.
6 (Sujet n. de personne). Fam. || Sortir qqch. à qqn. ⇒ 1. Dire, débiter, proférer. || Sortir tout de go (cit. 2) ce qui passe par la tête. || Sortir des injures. || Il nous en a sorti une bien bonne. || Il nous a sorti que c'était dépassé.
23 — Si vous sortiez votre nouvelle théorie.
Gide, Corydon, II, II (1911).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se sortir v. pron.
1 Fam. || Se sortir (d'un lieu) : en sortir. || S'en sortir.
24 (…) le furieux tourna son irritation contre le binoclard séducteur, qui se sortait de sa voiture.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 25.
25 Tu vas foutre le camp ? — Mais pourquoi ? — Sors-toi de l'entrée ! Salaud !
Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, p. 190.
2 Sortir d'un état, d'une situation (→ ci-dessus, II., 4.) par ses propres efforts. ⇒ Tirer (se). || Se sortir d'un mauvais pas (→ Doigté, cit. 2).
3 (1788). || S'en sortir : sortir, venir à bout d'une situation pénible, dangereuse. || Le blessé, le malade s'en sortira. ⇒ Réchapper. || Ceux qui s'en sont sortis. ⇒ Rescapé. || Sa situation s'améliore, il va s'en sortir. ⇒ Relever (se), reprendre (le dessus). — Venir à bout d'un travail long, difficile, délicat. || C'est trop difficile, il ne s'en sort pas. ⇒ Arriver (y), débrouiller (se).
26 Au reste, Huchon ne cessait de gémir : — Comment voulez-vous que je m'en sorte !
J. Romains, les Copains, VIII.
27 (…) il s'en sortait tout de même. Le docteur qui rabattait le drap, il venait d'examiner les réflexes, rassura le patient d'un sourire.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXII.
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sorti, ie p. p. adj.
♦ Voir ci-dessus à l'article.
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CONTR. (Intrans.) Accéder, entrer, rentrer; croupir, ensevelir (s'). — (Trans.) Abîmer, enchâsser, enfermer, enfoncer, enfouir, engager, introduire, rentrer.
DÉR. 2. Sortable, sortant, sorteur, sortie.
COMP. 1. Ressortir.
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2. sortir [sɔʀtiʀ] n. m.
ÉTYM. 1559; infinitif subst. de 1. sortir.
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1 Vx ou littér. L'action de sortir.
1 (…) dès le sortir de ma première enfance (…)
Gide, Journal, 26 avr. 1929.
2 ☑ Loc., mod. Au sortir de… : en sortant, à la sortie (d'un lieu). || Au sortir des forêts (→ Advenir, cit. 1), du village (→ Performance, cit. 2), du lit (⇒ Saut; → Rechute, cit. 1). — En sortant (d'un état, d'une situation). ⇒ Fin (à la fin). || Au sortir de l'hiver. || Au sortir de l'adolescence (→ Homme, cit. 153), de l'exil (→ Apprendre, cit. 15), de pareilles calamités (→ Mieux, cit. 37). || Au sortir d'une longue maladie. — En quittant (une occupation, le lieu d'une occupation). || Au sortir de la messe (→ Bénitier, cit. 1), d'un entretien (→ Discours, cit. 8). ⇒ Issue.
2 J'ai connu la pauvreté à dix-huit ans, au sortir de l'aisance.
Camus, la Peste, p. 270.
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3. sortir [sɔʀtiʀ] v. tr.
CONJUG. régulière, à la différence de 1. sortir : il sortissait.
ÉTYM. 1450; 1395, sortir juridiction; « tirer au sort », v. 1150; lat. sortiri « tirer au sort ». → 1. Sortable.
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♦ Dr. Obtenir. || La sentence sortissait son plein et entier effet.
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DÉR. 1. Sortable.
Encyclopédie Universelle. 2012.