assimiler [ asimile ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1495; lat. assimilare, de similis « semblable »
I ♦ V. tr.
A ♦ (1611) ASSIMILER À : considérer, regarder, traiter comme semblable (à). Assimiler une indemnité à un salaire. ⇒ confondre; identifier. « Cette folie d'assimiler la réalité à l'apparence, le corps à l'âme » (France).
B ♦
1 ♦ Physiol. Transformer, convertir en sa propre substance (⇒ assimilation). Assimiler des éléments minéraux. — Absolt Un enfant qui assimile mal. ⇒ profiter.
2 ♦ (Abstrait) Assimiler ce qu'on apprend : faire sien, intégrer des éléments acquis (connaissances, influences) à sa vie intellectuelle. ⇒ absorber, acquérir. — Absolt Avoir des facilités pour assimiler, pour comprendre et retenir.
3 ♦ Rendre semblable au reste de la communauté. Assimiler des étrangers, des immigrants. ⇒ incorporer, intégrer. « Pourquoi l'Empire n'avait-il pas su mieux assimiler les Barbares ? » (Larbaud).
II ♦ S'ASSIMILER v. pron.
1 ♦ Devenir semblable; se considérer comme semblable. S'assimiler à un grand homme. ⇒ se comparer, s'identifier.
2 ♦ Physiol. Être assimilé. Il est des aliments qui s'assimilent plus ou moins facilement. ⇒ assimilable.
3 ♦ (Abstrait) S'approprier un élément étranger, le faire sien. ⇒ s'imprégner, s'incorporer. Elle s'est assimilé les théories nouvelles. — (pass.) Des notions qui s'assimilent peu à peu.
4 ♦ Devenir semblable aux citoyens d'un pays. ⇒ s'adapter, se fondre, s'insérer, s'intégrer. Aux États-Unis, de nombreux immigrants se sont assimilés.
⊗ CONTR. Différencier, distinguer, séparer; isoler.
● assimiler verbe transitif (latin assimilare, de similis, semblable) Exercer la fonction d'assimilation : Ce bébé assimile mal les laitages. Considérer quelque chose ou quelqu'un comme semblable à quelque chose ou quelqu'un d'autre, ou le traiter comme tel : Une convention qui assimile les agents de maîtrise à des cadres. Intégrer quelqu'un, une minorité à un groupe social, lui faire prendre les caractères de celui-ci : Un pays qui a assimilé des millions d'étrangers. Saisir par la pensée un objet de connaissance et l'intégrer à son propre fonds intellectuel ; acquérir des connaissances nouvelles : Il a rapidement assimilé les principes de cette technique. ● assimiler (synonymes) verbe transitif (latin assimilare, de similis, semblable) Considérer quelque chose ou quelqu'un comme semblable à quelque chose ou quelqu'un...
Synonymes :
- comparer
- digérer (familier)
- ramener à
Contraires :
- différencier
- séparer
Intégrer quelqu'un, une minorité à un groupe social, lui faire...
Synonymes :
- fondre
Contraires :
- isoler
- rejeter
Saisir par la pensée un objet de connaissance et l'intégrer...
Synonymes :
- acquérir
- digérer
- pénétrer
- saisir
- s'imprégner de
assimiler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Présenter, considérer comme semblable. Assimiler un cas à un autre.
d2./d BIOL En parlant d'un organisme vivant, prendre des molécules simples, organiques ou minérales, dans le milieu où il vit (N.B.: ne pas confondre avec digérer et métaboliser). Assimiler du glucose.
|| Fig. Assimiler une théorie, la comprendre pleinement.
d3./d Incorporer (des étrangers) dans une nation. Assimiler les immigrés.
rII./r v. Pron.
d1./d Se considérer comme semblable (à qqn).
d2./d PHYSIOL (Impropre, employé pour se métaboliser.) S'intégrer aux structures cellulaires d'un organisme. Les graisses animales s'assimilent plus mal que les graisses végétales.
d3./d Devenir semblable aux membres d'un groupe social, d'une nation. Les immigrants cherchent à s'assimiler dans le pays d'accueil.
⇒ASSIMILER, verbe trans.
I.— Assimiler + compl. obj. Rendre semblable ou identique à soi, en incorporant à sa propre substance une substance étrangère qui par là même est réduite à néant.
A.— [Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr.]
1. PHYSIOL. [Le suj. désigne un organe, une plante] Transformer en sa propre substance les éléments vivants d'un type déterminé :
• 1. Si les plantes peuvent s'assimiler les éléments de l'air, ce sont celles qui vivent dans l'air ou dans l'eau.
C. BERNARD, Cahier de notes, 1860, p. 94.
• 2. ... les agronomes allemands Hellriegel et Wilfarth mettent en évidence, par une série d'expériences impeccables, le fait que les légumineuses ont la capacité de croître dans un milieu dépourvu d'azote combiné, en assimilant l'azote libre de l'air et cela grâce aux nodosités que portent leurs racines.
Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 466.
Rem. Emploi abs. du verbe chez Claudel (La Jeune fille Violaine, 2e version, 1901, p. 578). ,,Le cœur n'est point semblable à l'estomac qui reçoit, qui retient, qui digère et qui assimile.``
2. P. anal., domaine intellectuel. Faire sien ce qui est l'objet de la connaissance, l'intégrer dans ce qu'on a déjà acquis :
• 3. ... comme un outil est une sorte d'organe ajouté à nos organes, l'action est une extension du vouloir hors de nous. Elle sort, mais c'est pour faire entrer en elle et s'assimiler cela même où elle semble s'aliéner.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 216.
• 4. « ... la raison s'assouplit, s'élargit, et réussit de la sorte à s'assimiler des éléments de l'être qui d'abord la scandalisaient. Elle s'assimile le non-être avec Platon, la liaison synthétique avec Descartes... l'évolution avec Hegel... »
NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 38.
• 5. Loin que la philosophie enveloppe et assimile sous l'espèce de la notion du beau tout le domaine de la sensibilité créatrice et se rende mère et maîtresse de l'esthétique, il arrive qu'elle en procède, ...
VALÉRY, Variété 3, 1936, p. 154.
Rem. Se rencontre en emploi abs. dans ce sens (cf. DUB., CAPUT 1969, Lar. Lang. fr.).
B.— [Le compl. désigne une pers.] Transformer un être et ce qu'il représente de manière à l'intégrer dans un système de pensée, un groupe, etc. :
• 6. Il est donc vrai de dire que l'amour est la semence commune de la justice et du péché. Comment raconter tous les fruits bons, ou mauvais, qu'il portera : la jalousie, le soin de la conservation de l'objet aimé, le zèle de sa gloire, enfin l'union avec lui, l'union qui assimile deux êtres entre eux et les confond en un?
OZANAM, Essai sur la philos. de Dante, 1838, p. 143.
• 7. Il [Nietzsche] mésentend résolument le Christ; mais, de ce malentendu, sur lequel il va prendre élan, l'Église est, plus encore que lui, responsable; en annexant, en cherchant (en vain du reste) à assimiler le Christ, au lieu de s'assimiler à lui, elle l'estropie davantage — et c'est ce Christ estropié que Nietzsche combat.
GIDE, Journal, 1937, p. 1282.
— Spéc., SOCIOL. [En parlant d'étrangers] Transformer les mentalités et le comportement en vue d'une intégration harmonieuse dans le groupe social d'accueil ou l'état de civilisation (cf. assimilable et assimilation) :
• 8. Dans ce problème si complexe de la situation des étrangers en France, il y a deux idées qu'il s'agit de réaliser : défendre nos nationaux contre l'invasion étrangère et assimiler les étrangers vivant sur notre sol.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1913, p. 144.
• 9. Ce n'était pourtant pas ce qui les distinguait des autres barbares que Rome avait entrepris d'attirer, d'assimiler et d'utiliser contre les Allemands d'Outre-Rhin.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 18.
C.— Emploi pronom. à valeur passive. Être assimilé. Aliments qui s'assimilent plus ou moins facilement (cf. ROB.).
II.— Assimiler à.
A.— Assimiler qqc. à soi. PHYSIOL. [Le suj. désigne un corps ou un organe du corps] Incorporer à sa propre substance :
• 10. C'est donc quelque chose que la vie; c'est elle qui fait aussi que tant qu'un corps en est doué, il a la force d'assimiler à sa substance les corps avec lesquels il est en contact d'une manière convenable, tandis que dès qu'il est mort, ce sont tous les élémens qui le composent qui se dissolvent, se séparent, et vont former de nouveaux mixtes avec les êtres environnans, suivant de nouvelles lois d'affinités.
DESTUTT DE TRACY, Éléments d'idéologie, Idéologie, 1801, p. 249.
B.— Assimiler qqc. ou qqn à qqc. ou qqn.
1. Considérer ou déclarer semblable par un jugement, un acte de volonté; donner un statut identique :
• 11. ... quand M. Necker proposa d'assimiler par les assemblées provinciales les pays appelés d'élection aux pays d'états, c'est-à-dire de donner aux anciennes provinces les priviléges qui n'étaient possédés que par celles dont la réunion à la France était plus récente, il y avait à Paris un parlement qui pouvait refuser d'enregistrer les édits bursaux, ou toute autre loi émanée directement du trône.
Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 420.
• 12. Ce ne serait donc pas punir le clergé que le priver des traitements qui assimilent les prêtres aux fonctionnaires publics.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1843, p. 1211.
• 13. Les ouvriers mineurs, payés à la tâche, ont toujours bénéficié de salaires les assimilant aux meilleurs professionnels des autres industries; ...
E. SCHNEIDER, Le Charbon, 1945, p. 264.
2. Comparer et aboutir à une identification totale ou partielle, mettant l'accent sur les ressemblances sans supprimer les différences.
a) [Le compl. désigne une pers. ou une entité personnifiée] :
• 14. Les clichés du patriotisme professionnel sont difficiles à citer dans une étude où l'on ne veut ni indigner, ni faire rire. Un des plus bénins est celui-ci : « Depuis nos malheurs, » phrase doucereuse où on assimile la France à une vieille dame à cabas « qui a connu de meilleurs jours ».
GOURMONT, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 312.
b) [Le compl. désigne un inanimé abstr. (œuvre de l'esprit, état de civilisation, etc.)] :
• 15. On pourrait croire qu'en rappelant l'activité intellectuelle à l'érudition on constate par là même son épuisement, et qu'on assimile notre siècle à ces époques où la littérature ne pouvant plus rien produire d'original devient critique et rétrospective.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 138.
• 16. ... l'inconscient et les mécanismes inconscients ne sont pas directement des « objets », des « choses », mais les automatismes affectifs les assimilent autant qu'il est possible aux choses physiques dont ils simulent le déterminisme.
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 373.
C.— Emploi pronom. S'assimiler à. S'identifier à, par un acte de volonté ou de jugement :
• 17. « Nous estimons donc que le même orgueil, qui porta les mauvais anges à s'assimiler au Très-Haut, a pu seul inspirer dans l'église romaine la croyance impie de l'infaillibilité du Pape, ou même des évêques rassemblés en concile général. »
LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 289.
• 18. Le secret des contradictions des hommes du jour est dans la privation du sens moral, dans l'absence d'un principe fixe et dans le culte de la force : quiconque succombe est coupable et sans mérite, du moins sans ce mérite qui s'assimile aux événements.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 524.
PRONONC. :[asimile], j'assimile []. Harrap's 1963 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-. Enq. :/asimil/ (il) assimile.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1495 trans. assimiler à « rendre semblable à » (JEH. DE VIGNAY, Miroir historial, IX, 33, éd. 1531 ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 264 : Par le sacrement de Eucharistie est souverainement assimilee l'église militante a la triumphante) d'où b) 1611 le compl. désigne une chose « comparer et considérer comme semblable » (COTGR.); c) 1798 pronom. s'assimiler à le compl. désigne une pers. (Ac. : S'assimiler à quelqu'un, Se comparer à quelqu'un, s'estimer son égal. Je ne m'assimile point à ce grand homme); 2. a) ca 1580 trans. physiol. « intégrer et transformer en sa propre substance » (A. PARÉ, Introduction, VIII ds GDF. : Il faut qu'il soit assimilé et fait du tout semblable [à la partie]); b) fin XVIIIe s. s'assimiler qqc. « id. » (BUFFON, Animaux reprod. ds ROB. : Les êtres qui ont la puissance de convertir la matière en leur propre substance et de s'assimiler les parties des autres êtres, sont les plus grands destructeurs); c) ca 1790 id. au fig. s'assimiler qqc. « intégrer, s'approprier (une idée, des connaissances) » (Marmontel ds Lar. 19e : Elle altère tout ce qu'elle emprunte en voulant se l'assimiler); 1907 trans. (R. ROLLAND, La Révolte, chap. 1, p. 404 : qu'une vérité médiocre, qu'ils sont capables d'assimiler); 3. a) 1817 trans. « intégrer (un peuple ou un pays à un autre) », supra ex. 2; b) 1828 s'assimiler « id. » (F. GUIZOT, Civilisation-Europe, Leçon 10, Cours Hist. mod., p. 6 : L'esprit de corps faisait ensuite un grand travail pour s'assimiler ces éléments étrangers); c) 1864 id. s'assimiler à « s'intégrer à, se fondre dans (un peuple, un pays) » (FUSTEL DE COULANGES, Cité Antiq., p. 506 : les degrés par lesquelles elles devaient s'approcher insensiblement de Rome pour s'assimiler enfin à elle).
Empr. au lat. assimulare, assimilare (formes dér. respectivement de simulare — lui-même dénominatif de similis — et de similis; la forme en -i-, rare en lat. class., domine en b. lat., spécialement en lat. chrét.) attesté dep. PLAUTE au sens de « simuler, feindre » (Poen. 1106 ds TLL s.v., 896, 10) et au sens de « reproduire en imitant » (Men. 146, ibid., 896, 60), attesté plus spéc. aux sens 1 b (TACITE, Agr., 10, ibid., 896, 65); 1 c (GAIUS, Inst., 1, 22, ibid., 897, 32); 1 a lat. chrét. (VULG., Job., 30, 19, ibid., 897, 51); 2 a (ALBERT LE GRAND, Veget., 1, 104 ds Mittellat. W. s.v., 1078, 5).
STAT. — Fréq. abs. littér. :518. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 348, b) 436; XXe s. : a) 982, b) 1 080.
BBG. — BATTRO 1966. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — FROMH.-KING. 1968. — NOËL 1968.
assimiler [asimile] v. tr.
ÉTYM. 1495; lat. assimulare, assimilare « simuler, feindre; reproduire en imitant ».
❖
1 Rendre semblable (à). || Ces penchants honteux assimilent l'homme à la brute (Académie). ⇒ Rapprocher (de); transformer (en); égaler, identifier (à).
2 Considérer, présenter, regarder, traiter comme semblable (à). || Comparer deux choses et les assimiler l'une à l'autre. || On ne peut assimiler le manœuvre à l'ouvrier qualifié. ⇒ Confondre. || Assimiler un grade, un emploi, un traitement à un autre.
1 Pourquoi donc assimiler les infortunes domestiques aux délits sociaux ?
Mirabeau, Lettre de cachet, I, p. 267.
2 L'interdit est assimilé au mineur, pour sa personne et pour ses biens : les lois sur la tutelle des mineurs s'appliqueront à la tutelle des interdits.
Code civil, art. 509.
3 Assimilés dès lors aux Romains, ils purent (les Italiens) voter au forum; dans la vie privée, ils furent régis par les lois romaines.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, V, 5, p. 451.
4 Cette folie d'assimiler la réalité à l'apparence, le corps à l'âme, a produit une multitude d'opinions misérables et funestes (…)
France, l'Orme du Mail, p. 75.
B Assimiler (qqch.).
1 Physiol. et cour. Transformer, convertir en sa propre substance. ⇒ Assimilation; absorber, animaliser, digérer, élaborer. — Absolt. || Il ne grossit pas : il doit mal assimiler. — Au passif :
5 (…) la nourriture digérée est « assimilée », c'est-à-dire transformée en éléments vivants d'un type déterminé, et conforme à la nature de l'être qui se nourrit.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, art. Assimilation.
♦ Par métaphore :
5.1 Il avait effleuré distraitement les choses, sans jamais vraiment s'en nourrir, les assimiler, les changer en sa substance.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 157.
2 Abstrait. Faire sien, intégrer (des éléments acquis, connaissances, influences) à sa vie intellectuelle. ⇒ Absorber, acquérir, adopter, approprier (s'), digérer, imprégner (s'), incorporer (s'), recevoir. || Assimiler une idée, un point de vue. || Il n'arrive pas à assimiler Hegel, le style de Mallarmé, de Lacan. || Il a beau tout savoir par cœur, il n'a rien assimilé.
6 L'autre, (l'imitation) la vraie, est une imprégnation générale. C'est l'ensemble des idées et des images, en quelque sorte la tournure d'esprit d'un auteur, qui finissent par être assimilés; et c'est la combinaison de ces éléments digérés qui développe l'originalité personnelle. La bonne imitation conduit à l'assimilation et se confond avec elle.
Antoine Albalat, la Formation du style, II.
7 La lecture, pratiquée par eux, est toute passive; ils subissent les textes; ils ne les interprètent pas; ils ne leur font pas place dans leur esprit; ils ne les assimilent pas.
A. Maurois, Un art de vivre, III, 5.
8 (…) invention de Hugo, que Flaubert, reconnaissant son domaine de style, s'empresse d'assimiler.
Thibaudet, Flaubert, p. 240.
9 (…) s'ils (les fils des immigrants) ont assimilé de suite l'ambition sans frein des Américains, c'est sans avoir acquis en même temps la traditionnelle et vigoureuse armature de la conscience puritaine.
André Siegfried, les États-Unis d'aujourd'hui, p. 29.
9.1 S'il est vrai que vous avez cherché la Révolution comme l'assoiffé cherche la source, comment et pourquoi votre œuvre a-t-elle été absorbée, assimilée, intégrée ?
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 247.
3 Sociol. et cour. Rendre semblable au reste de la communauté, intégrer à une culture, à une civilisation. || Assimiler des hommes, des étrangers, des immigrants, des conquérants, des peuples coloniaux. ⇒ Assimilation; absorber, amalgamer, fondre, incorporer, intégrer; et aussi américaniser, angliciser, arabiser, franciser, etc.
♦ Au passif. || Ce peuple n'a jamais été assimilé par les conquérants.
10 Pendant tout un siècle (…) les États-Unis ont accueilli, appelé l'étranger comme un collaborateur. La formule du « creuset », devenue presque classique, répondait à une doctrine généralement acceptée : chacun était persuadé que, par la vertu de ce melting-pot, le nouveau continent assimilerait, plus ou moins vite mais complètement, un nombre indéfini d'immigrants.
André Siegfried, les États-Unis d'aujourd'hui, p. 9.
11 Sous les Mérovingiens, les Francs avaient été assimilés.
J. Bainville, Hist. de France, III.
12 Le conquérant (les Normands) fut assimilé par sa conquête.
J. Bainville, Hist. de France, p. 53.
13 Oh ! pourquoi l'Empire n'avait-il pas su mieux assimiler les Barbares ?
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XIV.
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s'assimiler v. pron.
1 Devenir semblable à.
14 Les mêmes gens que j'ai vus successivement dans ces deux générations si différentes, se sont, pour ainsi dire, assimilés successivement à l'une et à l'autre.
Rousseau, Rêveries, 6e promenade.
2 Se comparer à, se considérer comme semblable, égal à. ⇒ Égaler (s'égaler à). || Pensez-vous que j'ose m'assimiler à ce grand homme ? (Académie).
3 Physiol. Convertir en sa propre substance (les aliments). || L'organisme s'assimile des éléments organiques et minéraux. → ci-dessus, cit. 5.
15 Les êtres qui ont la puissance de convertir la matière en leur propre substance et de s'assimiler les parties des autres êtres, sont les plus grands destructeurs.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Reproduction.
♦ Être assimilé. || Certains aliments qui s'assimilent plus ou moins facilement. ⇒ Assimilable.
4 Fig. S'approprier (un élément étranger), faire sien (→ supra, cit. 6 à 9). ⇒ Imprégner (s'), incorporer (s').
16 L'art nouveau prend le mouvement où il le trouve, s'y incruste, se l'assimile, le développe à sa fantaisie et l'achève s'il peut.
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, 1.
17 S'étant ainsi bien pénétré l'esprit du vieux conteur, s'étant assimilé sa façon naïve de sentir, sa façon simple de penser (…)
Gaston Paris, Préface à J. Bédier, Tristan et Iseut.
18 Il s'assimilait lui-même des éléments de toutes provenances (…)
Gaston Paris, Préface à J. Bédier, Tristan et Iseut (→ Accommodation, cit.).
19 Il semble que dans sa communion de tous les instants avec la nature, il ait fini par s'en assimiler les énergies profondes.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. 77.
5 (Sujet n. de personne). Devenir semblable aux citoyens d'un pays en perdant les caractères propres à sa race ou à son pays d'origine. ⇒ Absorber (s'), adapter (s'), confondre (se), fondre (se), fusionner, incorporer (s'), intégrer (s'). || Ces immigrants, ces naturalisés s'assimilent progressivement. || S'assimiler entièrement. || Aux États-Unis, de nombreux immigrants se sont parfaitement assimilés.
20 (Aux États-Unis) l'Irlandais catholique (…) qui parle anglais et dont les mœurs n'ont certainement rien de singulier, ne s'assimile pas à proprement parler : après deux ou trois générations, groupé par ses prêtres, il reste encore distinct.
André Siegfried, les États-Unis d'aujourd'hui, p. 22 (→ Angliciser, cit. 1).
21 Nous avons, quai des Orfèvres, des cartes où des sortes d'îlots sont marqués aux crayons de couleur, les Juifs de la rue des Rosiers, les Italiens du quartier de l'Hôtel de Ville, les Russes des Ternes et de Denfert-Rochereau (…)
Beaucoup ne demandent qu'à s'assimiler, et les difficultés ne viennent pas de ceux-là, mais il y en a qui, en groupe ou isolés, se tiennent volontairement en marge et mènent, dans la foule qui ne les remarque pas, leur existence mystérieuse.
G. Simenon, les Mémoires de Maigret, p. 130, Presses Pocket, 1951.
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assimilé, ée p. p. adj. et n. m.
ÉTYM. (1560).
1 Adj. Rendu semblable; considéré comme semblable. || Les farines et les produits assimilés. || Traitements assimilés. — Nourriture assimilée (→ ci-dessus, cit. 5). — Connaissances (mal) assimilées. — Populations assimilées.
2 N. m. (XXe). Milit. Militaire d'un service (médecin, intendant, etc.) ou membre d'un corps civil dont la situation est assimilée à celle des membres d'unités combattantes.
♦ Cour. Personne qui a le statut d'une certaine catégorie sans avoir le titre qui est attaché à cette fonction. || Fonctionnaires et assimilés.
♦ Journalisme. Membre du personnel de rédaction d'un journal susceptible de recevoir la carte d'identité professionnelle de journaliste.
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DÉR. Assimilable, assimilant, assimilateur, assimilation, assimilatoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.