assis, ise [ asi, iz ] adj.
1 ♦ Appuyé sur son derrière (⇒ asseoir). Être assis. Restez assis. Travailler assis. « Mme de Richelieu est assise, et puis les dames, selon leurs dignités, les unes assises, les autres debout » (Mme de Sévigné). « la position assise est pour les fonctionnaires » (Martin du Gard). Scier la branche sur laquelle on est assis. Être assis entre deux chaises.
♢ Assis ! ordre donné à un chien pour qu'il s'asseye; à un spectateur debout qui empêche les autres de voir.
2 ♦ Places assises : où l'on peut s'asseoir. Vingt places assises, trente places debout.
3 ♦ MAGISTRATURE ASSISE (ou du siège), par opposition à magistrature debout (ou du parquet) : corps des magistrats qui rendent la justice assis sur leur siège. ⇒ juge.
4 ♦ Fig. Affermi, assuré, ferme, stable. Une situation assise. « elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine » (Flaubert).
⊗ CONTR. Debout, levé.
● assis Participe passé de asseoir.
assis, ise
adj.
d1./d Qui est sur son séant. J'ai voyagé assis sur un strapontin.
|| Magistrature assise.
|| Place assise, où l'on peut s'asseoir.
d2./d Fig. Solidement établi. Une réputation assise.
⇒, ISE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de asseoir.
II.— Adjectif
A.— [En parlant d'une pers. ou, plus rarement, d'un animal quadrupède] Qui est dans la position d'appui sur le derrière :
• 1. ... considérez l'homme assis, couché, debout, dans un fond, sur une hauteur, vous découvrirez dans toutes ses attitudes et ses positions de nouvelles beautés. Les artistes qui le dessinent depuis tant de siècles, trouvent ses formes aussi inépuisables, que les moralistes qui l'étudient, ...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 250.
• 2. Soudain, au détour d'une rue, notre héros se trouva face à face... avec qui? Devinez... Avec un lion superbe, qui attendait devant la porte d'un café, assis royalement sur son train de derrière, sa crinière fauve dans le soleil.
A. DAUDET, Tartarin de Tarascon, 1872, p. 111.
♦ En partic. Assis à croupeton; assis à la turque.
♦ Par personnification :
• 3. Mais l'usure assise derrière ses cartons verts, l'usure implorée la crainte dans le cœur, dessèche la plaisanterie, altère le gosier, abat la fierté du regard et rend le peuple respectueux.
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 348.
♦ P. ext., littér. :
• 4. Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir,
Et la cigale assise aux branches de l'épine
Fera vibrer le cri strident de mon désir.
A. DE NOAILLES, Le Cœur innombrable, 1901, p. 30.
— P. méton.
1. Qui est le fait d'une personne assise. Pose, station assise.
2. Qualifie une place où l'on peut s'asseoir, et, p. ell., un travail que l'on fait dans la position assise. Place assise, travail assis.
B.— P. ext. Qui est établi.
1. Vx. [En parlant d'une population] :
• 5. Enfin, ne goûtant aucune des douceurs que trouve un peuple assis dans une terre patriarcale, les malheurs de cette peuplade en voyage ne lui ont dicté que des poésies sombres, majestueuses et sanglantes.
BALZAC, Louis Lambert, 1832, p. 115.
— Spéc., FIN. Impôt assis sur les bénéfices.
2. Qui est établi ou installé de manière solide ou durable.
a) [En parlant de choses concr.] Posé d'aplomb :
• 6. ... à considérer ces pics sans aplomb, ces dômes gauches, ces mamelons mal assis, il était facile de voir que l'heure du tassement définitif n'avait pas encore sonné pour cette montagneuse région.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 100.
b) Au fig.
— Péj. [En parlant de pers.] Qui est satisfait d'un certain état de choses et refuse tout changement :
• 7. Ces anciens, des devanciers qu'on admire étaient des classiques en action, debout et militants : on est, soi, des classiques assis, éternellement assis.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 3, 1863-69, p. 73.
♦ Gens assis. Gens bien établis dans une situation, en particulier dans le conformisme et la passivité :
• 8. J'en concluais que Jacques avait fait sienne la seule attitude qui me parût valable : chercher en gémissant. Sa véhémence ne me convainquait pas de son ambition, ni sa voix pondérée de sa résignation. Loin de se ranger parmi les gens assis, il allait jusqu'à refuser les facilités de l'anti-conformisme. Sa moue blasée, son regard hésitant, les livres qu'il m'avait prêtés, ses demi-confidences, tout m'assurait qu'il vivait tourné vers un incertain au-delà.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 200.
— [En parlant de choses concr. ou abstr.] Stable :
• 9. Si je suis déçu dans mes espérances, ma vie du moins sera régulière, assise, reposée.
CONSTANT, Journaux intimes, 1803, p. 28.
• 10. Aussi dès le seizième siècle la presse, grandie au niveau de l'architecture décroissante, lutte avec elle et la tue. Au dix-septième, elle est déjà assez souveraine, assez triomphante, assez assise dans sa victoire pour donner au monde la fête d'un grand siècle littéraire.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 221.
• 11. En 1877, j'ai retrouvé M. Renoir avec des œuvres plus assises, d'une coloration plus résolue, d'un sentiment de modernité plus sûr.
HUYSMANS, L'Art mod., 1883, p. 289.
• 12. Je m'écriai, mentant à pleine gorge, vomissant les vérités assises, des conventions de long usage, que je savais fausses : « Va-t-en, tu n'es pas le Messie. »
A. ARNOUX, Carnet de route du Juif Errant, 1931, p. 32.
• 13. Car un jour j'ai senti bouger dans l'épaisseur,
Sous l'homme et le plus bas où de vivre se fonde,
La réclamation de l'entraille profonde.
Depuis lors je connais le désir sans douceur.
Suprêmement assis entre l'âme et le ventre,
Juge sagace avec l'épée et l'examen,
Il enjoint : si je parle, il ne répondra rien,
Mais il faut obéir comme le cercle au centre.
CLAUDEL, Poésies diverses, 1952, p. 14.
♦ Temps assis. Anton. temps incertain :
• 14. On n'avait pas la patience d'attendre un temps assis. On s'inquiétait bien du passage des lunes : on calculait avec la chute des grandes pluies : mais si le ciel trompait les prévisions, tant pis, on enfourchait son double-bidet, on tendait « l'aubanèque », et en avant.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 130.
III.— Subst. Personne assise. Un assis, une assise :
• 15. Le grand soir, deux rangs de fauteuils (...) sont réservés, en avant, aux personnes titrées ou académiques, la roture étant reléguée sur des chaises, d'autant plus éloignées et malingres que l'assis et l'assise sont de moindre importance.
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 151.
— P. ext., arg., péj. Les assis. Synon. ronds-de-cuir, gratte-papier, scribouillards, bureaucrates, sédentaires. ,,(...) culs de plomb, chieurs d'encre`` (FRANCE 1907).
— Fig., péj. Personne passive, complaisamment installée dans la tranquillité, dans le confort moral, intellectuel et matériel :
• 16. J'aime les êtres qui sont en désarroi, disait Bergère; et je trouve que vous avez une chance extraordinaire. Car enfin cela vous a été donné. Vous voyez tous ces porcs? Ce sont des assis. Il faudrait les donner aux fourmis rouges pour les asticoter un peu.
SARTRE, Le Mur, 1939, p. 170.
• 17. Tous ces gros ventres [des bourgeois de Nantes], ces assis, ces nez à lunettes, sondaient les profondeurs de leur mauvaise conscience...
MORAND, Parfaite de Saligny, 1947, p. 137.
— Spéc. Voter par assis et levé(s). Dans une assemblée délibérante, exprimer son opinion en se levant pour voter dans un sens, ceux qui sont de l'avis contraire restant assis :
• 18. I. — Les formes du vote.
A. — Le vote à mains levées. (...).
B. — Le vote par assis et levés, simple variante du précédent, intervient après une épreuve à mains levées douteuse et n'est acquis que si tous les secrétaires sont d'accord.
C. — Le scrutin public ordinaire.
G. VEDEL, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 420.
SYNT. Décider, prononcer, exprimer son opinion par assis et levé; adopter des articles par assis et levé.
PRONONC. :[asi], fém. [-i:z].
STAT. — Fréq. abs. littér. :10 550. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 12 174, b) 16 662; XXe s. : a) 18 800, b) 14 239.
BBG. — CHESN. 1857. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — GRANDM. 1852, col. XXVIII-XXIX. — JAL 1848. — JOSSIER 1881.
Encyclopédie Universelle. 2012.