plus [ plys ] adv.
• 980; mot lat. « une grande quantité »
♦ Mot servant de comparatif à beaucoup et entrant dans la formation des comparatifs de supériorité et dans celle du superlatif relatif de supériorité.
I ♦ (Compar.; cf. aussi III)
A ♦ (Adverbial)
1 ♦ Absolt PLUS ( [ ply ] devant consonne, [ plyz ] devant voyelle, [ plys ] à la finale), modifiant un verbe, un adj., un adv. « Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins » (Racine). ⇒ davantage. Plus grand, plus beau. « Il est impossible d'imaginer quelque chose de plus noir, de plus enfumé » (Gautier). Plus tard, plus tôt. Y voir plus clair. De plus près.
♢ EN PLUS (suivi d'un adj.). « Cette pièce ressemble, en plus luxueux et en plus triste à ma chambre » (Sartre).
2 ♦ PLUS... QUE. Plus royaliste que le roi. Aimer qqch. plus que tout. Ce qui lui importe plus que tout. ⇒ principalement, 1. surtout. Plus [ ply(s) ] que jamais. Plus que de coutume. Plus souvent qu'à son tour.
♢ (Avec une proposition comparative) « Sa malice fut plus piquante qu'elle n'avait jamais été » (Marmontel). « L'exemple touche plus que ne fait la menace » (P. Corneille). Plus qu'il ne faudrait. ⇒ trop. — Elle est plus mère qu'épouse. ⇒ plutôt. Il paraissait plus végéter que vivre. — Plus que, modifiant un adj., p. p. ou adv. Résultat plus qu'honorable. « Un ancien avoué, homme plus qu'habile » ( Balzac).
♢ PLUS, précédé d'un adv. ou d'un numéral. Beaucoup plus, bien plus, autrement plus, infiniment plus. Encore plus. Tellement plus. Un peu plus. Deux, trois fois plus grand. — (Modifié par un numéral marquant une différence) Une heure, deux ans plus tôt, plus tard. « Je voudrais être plus vieux d'un an » (Duhamel).
3 ♦ (En corrélation avec plus ou moins) « Plus on juge, moins on aime » (Balzac ). « Plus il grondait [...] , plus, de mon côté, je m'entêtais à crier » (Duhamel). Cet article est d'autant plus cher qu'on en produit moins. ⇒ autant.
♢ PROV. Plus on est de fous plus on rit.
4 ♦ PLUS OU MOINS [ plyzumwɛ̃ ] :à des degrés différents et dans une mesure variable selon les cas. Réussir plus ou moins bien, bien ou médiocrement, avec des résultats incertains. — NI PLUS NI MOINS [ niplynimwɛ̃ ] :exactement tel. C'est du vol, ni plus ni moins. « L'admission d'un fait sans cause n'est ni plus ni moins que la négation de la science » (Cl. Bernard). — (En comparaison) De même que. ⇒ comme. « Nous sommes traités ni plus ni moins que des chiens » (Balzac). — (v. 1250) DE PLUS EN PLUS [ dəplyzɑ̃ply ] :toujours davantage. Il penche de plus en plus. ⇒ graduellement, progressivement. Aller de plus en plus vite. — ON NE PEUT PLUS : au plus haut point (devant l'adj. ou l'adv.). ⇒ extrêmement. « Je suis on ne peut plus heureux de vous rencontrer » (Dumas fils).
B ♦ (Nominal) ( [ ply ] devant consonne, [ plyz ] devant voyelle, [ plys ] à la finale) Une chose plus grande ou plus importante, une quantité supérieure. ⇒ davantage.
1 ♦ Demander plus. Ne dépensez pas plus. Gagner plus que qqn. « Et je vous ai plus dit que je ne voulais dire » (Molière). Plus de la moitié. Il était plus de minuit. ⇒ 2. passé. Enfants de plus de dix ans. ⇒ dessus (au-dessus).Ellipt Fam. Les plus de dix-huit ans. — Ellipt Cent mille francs et plus. ⇒ delà (au-delà). Plus d'une fois. ⇒ plusieurs. Pour plus d'une raison. ⇒ beaucoup , 1. bien. « Plus d'une parmi elles sont sorties du monastère » (Musset), est sortie du monastère.
2 ♦ PLUS DE, avec un compl. partitif. « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans » (Baudelaire). « Elle avait plus d'aigreur que de hauteur » (Retz). Il y a beaucoup plus de monde qu'hier.
3 ♦ ... DE PLUS, marquant un excédent par rapport à l'autre terme de comparaison. « Alissa a deux ans de plus » (A. Gide). Une fois de plus. ⇒ encore. Rien de plus. ⇒ autre. « Où trois lignes suffisent, je n'en mettrai pas une de plus » (A. Gide). Que faut-il de plus ? Raison de plus. « Une minute de plus, l'homme épuisé se laissait tomber dans l'abîme » (Hugo). — Absolt DE PLUS; QUI PLUS EST : en outre.
4 ♦ EN PLUS. ⇒ aussi, avec, également (cf. Par-dessus le marché). « Avec l'odeur de la machine en plus » (Céline). — Loc. prép. En plus de. ⇒ 2. outre, sus (en sus de). En plus de son travail, il suit des cours.
♢ SANS PLUS : sans rien de plus. « Il la trouvait gentille, mais sans plus » (Queneau).
C ♦ N. LE PLUS. Qui peut le plus peut le moins. « Qui a le plus a, dit-on, le moins » (Vauvenargues).
D ♦ Conj. (se prononce [ plys ] ) En ajoutant. ⇒ et. Deux plus trois font, égalent cinq (2 + 3 = 5).— À quoi s'ajoute. Adjugé mille francs, plus les frais.
E ♦ (Signe algébrique [ plys ] ) Symbole (noté +) de l'addition; du caractère positif d'une quantité algébrique. Plus cinq (+ 5), plus l'infini (+ ∞ ), a plus b (a + b). Le signe plus (+).
II ♦ (Superl.) LE, LA, LES PLUS (prononciation,cf. supra I, B).
1 ♦ Adverbial Ce qui me frappe le plus. La plus grande partie. ⇒ majeur. Le plus grand nombre. ⇒ majorité. Le plus dur est fait. C'est le plus important. ⇒ principal. Venez au plus tôt. Il se dépêche le plus qu'il peut, le plus possible. — (Avec un possessif) C'est son plus grand mérite. — CE QUE... DE PLUS. « Un tiroir où je renferme ce que j'ai de plus précieux au monde » (A. Daudet). — Fam. C'est tout ce qu'il y a de plus comique !
♢ DES PLUS : parmi les plus. « l'homme à qui nous avons affaire n'est pas des plus fins de ce monde » (Molière). — Extrêmement (adj. souvent au sing.). Ça m'est des plus pénible. « La situation était des plus embarrassante » (Duhamel).
2 ♦ (Nominal) LE PLUS DE : la plus grande quantité. ⇒ maximum. « Ce ne sont pas du tout les “méchants” qui font le plus de mal en ce monde » (Valéry). — AU PLUS; TOUT AU PLUS (cf. Au maximum). « Voilà seulement huit jours, tout au plus, que je commence à être tranquille » (Flaubert).
3 ♦ N. m. Un plus [ œ̃plys ] :un élément positif supplémentaire (lang. public.). ⇒ avantage, supplément. Son expérience est un plus.
III ♦ PAS, NON, NE... PLUS (sens négatif).— REM. Plus est ici comparatif.
1 ♦ (Précédé d'une négation) toujours [ ply ] PAS PLUS QUE. Pas plus haut qu'une botte. « L'on n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on ne l'a été de ne pas aimer » (La Bruyère). Pas plus qu'on ne doit faire cela, on ne doit faire ceci. ⇒ même (de même que..., de même).
♢ NON PLUS : pas plus que telle autre personne ou chose dont il est question (remplace aussi, en proposition négative). Tu n'attends pas ? Moi non plus. Plais. « Je t'aime. Moi non plus » (Gainsbourg).
2 ♦ NE... PLUS (plus ayant ici un sens négatif) :désormais... ne pas. On ne comprend plus. « Je baissai la tête pour ne plus la voir » (France). Ne plus dire un mot. Il n'y a plus de saisons. Elle n'est plus très jeune, ellipt un boxeur plus très jeune. Ne plus être, n'avoir plus cours : être fini, cesser. Depuis qu'elle n'est plus. ⇒ disparaître, mourir. On n'y voit presque plus. Médecin qui n'exerce plus guère, plus du tout. — N'en jetez plus ! — Il n'y a plus personne. Il n'y a plus que lui : il est désormais le seul. Je ne sens plus aucune douleur. Je ne le ferai jamais plus, plus jamais. Plus jamais cela !
♢ SANS PLUS. Sans plus se soucier de rien.
♢ NON PLUS. Écrire non plus à la machine, mais à l'ordinateur.
♢ PLUS DE..., PLUS UN... : il n'y a (avait) plus de. « Paris était mort, plus d'autos, plus de passants » (Sartre). « Plus un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau » (La Fontaine). — Spécialt (optatif, impératif) Qu'il n'y ait plus de. « Plus de guerres, plus de sang ! » (Baudelaire). Plus d'hésitation ! Plus un mot !
⊗ CONTR. Moins.
● plus adverbe (latin plus) Indique : Un degré supérieur (sert de comparatif, suivi éventuellement d'une subordonnée de comparaison introduite par que) : Vous êtes plus patient que moi. Venez nous voir plus souvent. Une quantité, une valeur supérieure ; davantage : Je l'aime plus que tout. Demandons plus. Le degré extrême, le plus grand possible (sert de superlatif, suivi éventuellement d'un complément ou d'une subordonnée) : Le chemin le plus court. Monte le plus haut possible. Plus de + nom, le plus de + nom, indique une quantité supérieure ou la quantité maximale : Il aurait fallu écouter avec plus d'attention. C'est ce musée qui reçoit le plus de visiteurs. Introduit l'élément à ajouter : Cela vous coûtera deux cents euros, plus les taxes. Désigne les grandeurs positives et sert de signe d'addition, en arithmétique : Quatre plus trois font sept. Au plus, tout au plus, au maximum, en considérant ceci comme la limite, la quantité maximale. De plus, marque un excédent par rapport au terme complété : J'ai quatre ans de plus que mon frère. De plus, qui plus est, en outre, par-dessus le marché. De plus en plus, par une progression continuelle, toujours davantage. Des plus, suivi d'un adjectif, indique un superlatif absolu : Un travail des plus faciles. En plus, et en outre, aussi, également, en supplément. En un peu plus, en beaucoup plus, en plus + adjectif, à un niveau supérieur dans la caractéristique exprimée par l'adjectif : C'est le même modèle en plus sophistiqué. Il y a plus, il y a quelque chose de plus étonnant, de plus fort. Les plus de, ceux qui sont plus âgés que l'âge indiqué : Les plus de soixante ans. Ni plus ni moins, exactement comme cela est dit. Ni plus ni moins que, indique une comparaison, de même que. On ne peut plus + adjectif, au plus haut degré : Il a été on ne peut plus odieux. Plus ou moins, dans une certaine mesure. Plus… (et) plus…, plus… (et) moins, moins… (et) plus, indiquent une corrélation en proportion directe ou inverse : Plus vous attendrez, et moins vous aurez de chance de réussir. Plus que, à un degré extrême : J'en ai plus qu'assez. Rien de plus, aucune chose ne s'ajoutant. Un peu plus, il s'en est fallu de peu ; cela a failli se produire. Sans plus, sans ajouter quoi que ce soit. ● plus (difficultés) adverbe (latin plus) Prononciation 1. En liaison avec une voyelle ou un h muet. Se prononce toujours [&ph100;&ph96;&ph109;&ph110;] comme dans use : nous n'irons plus au bois (« plus-z-au-bois ») ; devant un nom propre, la règle ne s'applique pas. 2. Devant une consonne et dans les locutions négatives ne plus, non plus. Se prononce [&ph100;&ph96;&ph109;], comme dans il a plu, sans faire entendre le s final : le cas le plus fréquent ; je n'en veux plus. 3. En finale, devant une pause ou en position accentuée, dans le sens de « davantage ». Se prononce [&ph100;&ph96;&ph109;&ph103;], comme dans puce, en faisant entendre le s final : j'en veux plus [&ph103;] ; il a reçu plus [&ph103;] que moi. 4. Plus = ajouté à, en arithmétique. Se prononce en faisant entendre le s final : 2 plus [&ph103;] 2 égale 4. 5. Le plus = le maximum. Se prononce en faisant entendre le s final : le plus [&ph103;] que je puisse faire. 6. Un plus = un élément, un avantage supplémentaire. Se prononce en faisant entendre le s final : « [la représentation ne communique à l'image] aucun caractère nouveau, aucun plus [s] »(J.-P. Sartre). Accord 1. Des plus (+ adjectif). S'il se rapporte à un nom, l'adjectif est au pluriel : c'est une personne des plus brillantes (= parmi les plus brillantes). S'il se rapporte à un verbe ou à un sujet neutre, l'adjectif reste invariable : il n'est pas des plus facile d'arrêter de fumer. Remarque Certains grammairiens, voyant en des plus un superlatif, sans idée de pluriel, ont préconisé une personne des plus brillante, sans s (= une personne brillante au plus haut point). Cette règle peu logique n'est plus suivie de nos jours. 2. Le plus (+ adjectif ou participe) : accord de l'article. En règle générale, l'article s'accorde lorsqu'il y a comparaison (superlatif relatif) : ces œuvres sont les plus précieuses de la collection (= plus précieuses que toutes les autres œuvres) ; votre idée est la plus astucieuse (= plus astucieuse que toutes les autres idées). L'article reste invariable lorsque la notion exprimée est celle de degré extrême, sans comparaison (superlatif absolu) : c'est toujours dans ces moments-là qu'elle se montre le plus courageuse. Remarque La distinction n'est pas toujours facile à établir et, dans certains cas, l'accord se fait ou non sans changement appréciable de sens : les comédiens qui ont été les plus acclamés ou le plus acclamés. 3. Plus d'un (+ nom au singulier). Le verbe est au singulier (il y en a plus d'un qui vous le confirmera), sauf s'il exprime la réciprocité : plus d'un concurrent se regardaient à la dérobée. Plus d'un (+ nom au pluriel). L'accord du verbe est facultatif : plus d'un de ses ennemis avait (ou avaient) juré sa perte. Noter que l'accord avec moins de deux se fait au pluriel → moins. 4. Plus que, pas plus que. Quand deux sujets sont liés par plus que, pas plus que, le verbe s'accorde seulement avec le premier sujet : sa mère, plus que son père, tenait à ce qu'il fasse des études ; le chien, pas plus que le chat, n'est autorisé à entrer dans la maison. Construction 1. Des plus (+ deux adjectifs). Lorsque des plus précède deux adjectifs, il n'est pas nécessaire de le répéter : une nourriture des plus délicates et savoureuses. Toutefois, la répétition (une nourriture des plus délicates et des plus savoureuses) n'est pas incorrecte. 2. Le plus que (+ indicatif ou subjonctif) : la plus grande hauteur qu'il peut franchir ou qu'il puisse franchir à la perche. Le subjonctif est plus fréquent. 3. Plus que dans une comparaison où figurent deux verbes. Quand le verbe employé comme deuxième terme de la comparaison est conjugué, il est nécessairement précédé de ne : il fait plus qu'il ne dit. Mais : il fait plus que parler. → plutôt Emploi 1. Plus que / plus de. Avec à demi, à moitié, aux trois quarts, etc., on emploie en général plus que : une bouteille plus qu'aux trois quarts vidée. Remarque Plus de n'est pas incorrect dans ce cas, mais paraît aujourd'hui vieilli : une page plus d'à moitié écrite. Devant une quantité dénombrable, on emploie toujours plus de : il y a plus de cent voyageurs par voiture. 2. De plus / en plus. De plus (= d'ailleurs, en outre) renchérit sur ce qui vient d'être dit : cette robe vous va bien, de plus, elle vous fera de l'usage. En plus (= aussi, par-dessus le marché) indique que qqch vient en complément : elle m'a indiqué le chemin, en plus elle m'a donné un plan. 3. En plus de (= outre, en supplément de): en plus de ses enfants, elle s'occupe de ses parents. Considérée naguère comme familière, cette locution fait désormais partie du l'usage courant. → en ● plus (homonymes) adverbe (latin plus) plu participe passé plus forme conjuguée du verbe plaire plut forme conjuguée du verbe plaire plut forme conjuguée du verbe pleuvoir plût forme conjuguée du verbe plaire ● plus nom masculin Quelque chose de mieux, de plus, qui constitue un progrès, une amélioration : Cette expérience est un plus pour vous. Signe de l'addition, figuré en général par une croix (+), et qui se place entre les deux quantités que l'on veut additionner. Ce signe apposé à une note pour indiquer un niveau légèrement supérieur. ● plus adverbe (de plus) Avec la négation ne, indique la cessation d'un état ou d'une action, par rapport à un moment dans le temps : Il n'a plus rien écrit depuis ; après sans : Il est parti sans plus faire attention à nous. Avec la négation ne, et suivi d'un nom complément, indique la cessation, la privation : Il n'y a plus de place. Plus de doute : c'est bien lui. Avec la négation ne… que, indique une restriction ; seulement : Il ne manque plus que Pierre. ● plus (homonymes) nom masculin plusse forme conjuguée du verbe plaire plussent forme conjuguée du verbe plaire plussent forme conjuguée du verbe pleuvoir plusses forme conjuguée du verbe plaire ● plus (homonymes) adverbe (de plus) plu participe passé plus forme conjuguée du verbe plaire plut forme conjuguée du verbe plaire plut forme conjuguée du verbe pleuvoir plût forme conjuguée du verbe plaire
plus
adv., n. m. et conj.
aA./a adv.
rI./r
d1./d Comparatif de supériorité. (En règle générale, se prononce devant consonne, devant voyelle ou h muet, ou en finale.) Il est plus vieux que moi. Aller plus loin. Pas un mot de plus.
— Plus... plus, plus... moins (indiquant une variation proportionnelle, dans le même sens ou en sens contraire, de deux termes que l'on compare). Plus je le connais, plus je l'apprécie.
— De plus en plus: en augmentant peu à peu.
— D'autant plus que (établissant un rapport de degré entre deux membres d'une proposition). Il est d'autant plus à craindre qu'il est puissant.
— Plus ou moins: un peu plus ou un peu moins (que ce qui est énoncé); d'une manière indéfinie. Des vêtements plus ou moins propres.
— Ni plus ni moins: exactement. C'est une trahison, ni plus ni moins.
— Sans plus: et seulement cela. Il a été aimable sans plus.
— Non plus (remplaçant aussi, en tournure négative). Vous n'en voulez pas? Moi non plus.
— Fam. à plus: au revoir.
d2./d Superlatif relatif de supériorité. La plus belle de toutes.
|| Des plus: extrêmement. Un homme des plus loyal.
rII./r adv. de négation. Ne... plus (devant consonne ou en finale, devant voyelle ou h muet) indique la cessation d'une action, d'un état, l'absence de qqch que l'on avait auparavant. N'y pense plus. Il n'est plus malade. Je n'en ai plus.
|| Sans plus: sans... davantage. Partons sans plus attendre.
aB./a n. m.
d1./d Le plus: le maximum. Le plus que je puisse faire.
d2./d Signe de l'addition (+). Un plus.
d3./d Un plus: un élément supplémentaire qui constitue une amélioration, un progrès.
aC./a conj. Et, en additionnant. 4 plus 2 égale 6. 2 plus 11 .
— Il a mangé sa part plus la mienne.
⇒PLUS, adv., prép., subst. masc. et particule nég.
I. —Adv. de quantité
A. —Compar. de supériorité
1. [Dans un système compar., exprime une qualité ou une intensité supérieure, soit à cette même qualité ou intensité chez un autre être ou objet, soit à une autre qualité ou intensité]
a) [Le morph. compar., corrél. de plus (mais qui peut être sous-entendu) est la conj. que] Plus... (que).
) [La compar. concerne un autre être ou objet; le terme comparé est]
— [un adj. (ou un part.)]
♦Plus + adj. + que + subst./nom. Plus belle que sa soeur.
♦Tous plus + adj. + les uns que les autres, l'un que l'autre. Vous êtes tous plus entêtés les uns que les autres. Ils sont tous trois plus sots l'un que l'autre (Ac. 1935).
♦Rien n'est plus + adj. + que (ou + de + inf.) (valeur de superl.), il n'y a pas/rien de plus + adj. + que (ou + de + inf.); quoi de plus + adj. + que...! (valeur emphatique). Il n'y a pas d'homme plus patient que toi avec les autres, plus doux, plus flatteur! (CHARDONNE, Épithal., 1921, p.243). Quoi de plus drôle, par exemple, que ce mariage de la petite cousine avec un général Bonaparte! (RADIGUET, Bal, 1923, p.18).
♦Plus + adj.:
• 1. ... la contemplation de la mort, affecte bien plus notre âme pendant l'été que dans les autres saisons de l'année. Le ciel y paraît plus élevé, plus lointain, plus infini. Les nuages (...) y sont plus volumineux (...) la lumière et les spectacles du soleil à son déclin sont plus en accord avec le caractère de l'infini.
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.432.
— [un adv.]
♦Plus + adv. + que. Plus rapidement que lui.
♦Plus + adv. Plus vite! Une heure plus tôt, plus tard. «Si Metz avait capitulé un jour plus tard, si la deuxième armée était arrivée un jour plus tard devant la forêt d'Orléans, il aurait fallu de toute nécessité renoncer à l'investissement de Paris (...)» (BARRÈS, Cahiers, t.9, 1911, p.5).
— [un subst. ayant une valeur d'adj.] C'est moi qui mérite la punition, implorait Mme Guillaume. Je suis plus enfant que lui (ARLAND, Ordre, 1929, p.488).
— [un verbe]
♦Verbe + plus + prop. Elle l'aimait plus que ne l'aurait aimé une mère.
♦Verbe + plus + subst./nom. Elle l'aimait plus que son mari («plus qu'elle n'aimait son mari» ou «plus que ne l'aimait son mari»). Tâche de t'amuser plus que ta fille: car elle s'ennuie mortellement, quand elle n'est pas auprès de toi (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.89).
♦Verbe + plus. Davantage. Il travaille plus en ce moment. Entré dans les hôtels, en travaillant plus pour gagner davantage (BOURGET, Actes suivent, 1926, p.97).
) [La compar. concerne une autre qualité ou intensité ou bien un autre procès ou une autre modalité du procès; le terme comparé est]
— [un adj. (ou un part.) ou bien un adv.] Un gros rire bonhomme, beaucoup plus fin d'ailleurs qu'il n'en a l'air (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1036).
♦Plus intelligente que belle. Toute cette turlupinade de laquelle on ne saurait dire si elle est plus grotesque que lugubre (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 1er tabl., 2, p.36).
♦[Avec bon] Il est plus bon que juste (GREV. 1975, § 364a).
— [un verbe]
♦[La compar. concerne le procès lui-même] Le Comte: J'estime le bon sens militaire plus que vous ne le croyez peut-être (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.374).
♦[La compar. concerne les compl. du verbe] Dans toute cette conversation, Gilberte m'avait parlé de Robert avec une déférence qui semblait plus s'adresser à mon ancien ami qu'à son époux défunt (PROUST, Temps retr., 1922, p.983).
♦[La compar. porte sur deux procès distincts] Elle l'estimait plus qu'elle ne l'aimait.
— En partic. [La compar. concerne un autre lieu ou un autre temps] Elle l'aimait plus que lorsqu'il était jeune.
♦[Avec un adj. ou un subst. à valeur d'adj.] Le Négro (...): Li Mozabites, bonnes gens... Plus bonnes gens qu'à Laghouai (LENORMAND, Simoun, 1921, 1er tabl., p.4).
♦[Avec un adv.] On les apercevait en effet, s'il se peut, encore plus rarement qu'aux Champs-Élysées (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.131).
♦Plus que jamais. Elle l'aimait plus que jamais.
Rem. Plus peut être modifié par un multiplicatif: deux fois plus grand ou par un adv. d'intensité (beaucoup, bien, nettement, un peu, etc.): beaucoup plus grand, bien plus intelligente que belle. Que depuis mon retour à Paris je n'aie pas été porté à écrire me demeurait jusqu'à ce matin un peu plus mystérieux (DU BOS, Journal, 1927, p.140).
) [La compar. consiste à situer ce dont on parle sur une échelle et à le déclarer supérieur à une qualité signifiée par un adj. ou un subst. ou nom. à valeur d'adj. introd. par que] C'est plus que beau, c'est superbe. Un petit clerc de notaire vivant avec sa mère, tous deux plus que pauvres (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.15). D'ici là, ma position peut devenir plus que brillante. Le tout est de commencer, de se mettre à pied d'oeuvre (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.13).
— En plus + adj. Avec telle qualité, à un degré supérieur, par comparaison. Quand j'en approchai, je reconnus qu'elles [des montagnes] ne présentaient, en plus grand, que le même aspect stérile et dépouillé des montagnes de la Judée (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.9).
) [Précédé d'un adv. nég., pour marquer l'égalité ou l'infériorité] Ni plus ni moins que; ne guère... plus que.
♦(Ne) pas plus... (que). Pas plus haut qu'une botte. Je n'ai pas été plus à l'abri qu'un autre du prestige de ces brillantes chimères (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p.394). Ils ne regardaient pas plus la fleur, la gazelle ou l'oiseau, qu'ils ne s'occupaient de moi (THARAUD, Fête arabe, 1912, p.22).
♦Non plus que. Tu n'as aucune méfiance. Non plus que ton père (BERNANOS, Joie, 1929, p.537).
b) [Dans une relation corrél. avec moins ou avec lui-même]
— Plus..., plus/mieux/moins [Sert à indiquer une augmentation progressive, en corrél. avec un terme marquant une augmentation ou une diminution] Synon. à mesure que, d'autant plus que.
— Plus..., (et) plus/mieux... Plus on est de fous, plus on rit (v. fou). Plus le soleil tape, mieux ça va pour la primeur: suffit d'arroser (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p.1020).
2. Empl. de nom. Une chose plus importante, une quantité ou une qualité supérieure. Synon. davantage.
a) Plus que + compl. du compar. Vouloir être plus que qqn; en savoir plus que les autres, qu'on n'en peut retenir, qu'on n'en veut laisser paraître. Elle avait peut-être plus à dire à son petit livre que son petit livre n'avait à lui dire (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.144). Tous les jours sont des dimanches et plus que des dimanches (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p.13).
b) Absol. [Comme compl. d'obj. dir. ou comme compl. circ. de quantité] Demander, dire, faire, gagner plus.
— Et plus, ou plus. Il y a de grandes chances (...) pour que tous ces pauvres bougres attendent une demi-journée, ou plus, parqués sur un quai de gare, avant de pouvoir monter dans un train (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.635).
— Pas plus. Il écrivait une ligne par jour, pas plus (RENARD, Journal, 1893, p.154).
— Sans plus. Une ligne par jour, sans plus.
— Un peu plus (et)... + ind. imp. ou p.-q.-parf. Il s'en est fallu de peu, il a (j'ai, tu as, nous avons, etc.) failli (faire, subir quelque chose). Père Ubu: Ouf, un peu plus, j'enfonçais ma chaise (JARRY, Ubu, 1895, I, 3, p.38).
— Tant et plus.
— Il y a plus, je dirais même plus, bien plus, (et) qui plus est. [Pour renchérir sur ce qui est affirmé, en incise dans le discours] En outre. Synon. de plus, en plus (v. infra 3). Elle se charge de tout le reste. Il y a plus; n'ai-je pas déjà prouvé qu'elle recueille déjà les fruits du système guerrier (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, 1792, p.88). Si votre religion (...) exclut les pauvres et les humbles, elle n'est pas la vraie; bien plus elle est barbare et immorale (RENAN, Avenir sc., 1890, p.319). On fait ici de très bonne musique et qui plus est, on y mange à merveille (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 1, p.4).
c) Plus de, adj. déterminatif indéf. numéral ou quantitatif. [Suivi d'un nombre, d'une quantité, d'une expr. numérale, pour marquer le dépassement d'un nombre, d'une quantité] En quantité supérieure à. Anton. moins de. Plus de la moitié; il est plus de minuit (synon. minuit passé); enfant de plus de dix ans (synon. au-dessus de); il y a, voilà plus d'un an que. Les centres nerveux contiennent plus de douze milliards de cellules (CARREL, L'Homme, 1935, p.110).
Rem. 1. ,,Devant un nom de nombre, on emploie plus que, moins que quand on veut donner au second terme de la comparaison un relief plus accusé ou lui faire prendre une signification mathématique: Ce cep portait plus de vingt grappes, c'est-à-dire plus que vingt grappes ``(LITTRÉ, s.v. de, 24°) (...) 2. Avec à demi, à moitié, aux trois quarts, etc., on dit le plus souvent plus de, moins de; mais plus que, moins que sont corrects aussi: Cela est plus d'à demi fait (Ac.). —Cela est plus qu'à demi fait (Id.).`` (GREV. 1975, § 851a, rem. 1 et 2). Les racines mêmes de la force française, qui avaient entièrement subsisté en Alsace-Lorraine, étaient plus qu'aux deux tiers arrachées sur la Sarre (BARRÈS, Cahiers, t.12, 1919, p.14).
♦Ne... pas plus de + expr. numérale. En passant devant la loge dont les rideaux étaient encore tirés, elle calcula qu'il ne devait pas être plus de cinq heures et demie (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.627).
— Absol., empl. subst., fam., néol. Les plus de vingt/trente, etc. ans. Ceux qui ont dépassé le cap des vingt/trente, etc. ans. Les retraités (...) par des placements tranquilles effectués dans le secteur privé, les «plus de 60 ans» ont déjà enlevé 30 pour cent de toutes les actions cotées en bourse (Le Point, 11 avr. 1977, p.67, col. 1).
— Plus d'un(e). Adj. indéf. Plusieurs, beaucoup de, bien des, maint. Plus d'une fois, plus d'une personne, pour plus d'une raison. Pron. indéf. [Suivi d'un verbe au sing.] Mainte personne, plusieurs personnes. Plus d'un a péri, s'y serait trompé.
Rem. ,,Il n'est pas rare que celui qui parle ou qui écrit ait dans l'esprit, en employant plus d'un, l'idée d'une pluralité, et mette le verbe au pluriel (...). Le verbe se met au pluriel si plus d'un est répété ou encore si l'on exprime la réciprocité`` (GREV. 1975, § 807b, N. B.).
— Plus de + subst. sing. ou plur. Davantage de. Je les vendis [des meubles] (...) pour pouvoir disposer de plus d'argent et envoyer plus de fleurs à Mme Swann (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.578).
♦Plus de... que de/que si. Plus de peur que de mal.
♦Pas plus de... que. Pas davantage de... que. Tu n'as (...) pas plus de caractère que mon petit doigt (BERNANOS, Joie, 1929, p.538).
— [En corrélation avec en, dont...] Ne... pas plus. Pas davantage. Le Docteur: Voyez comme vos valises se logent facilement (...). Il est même dommage que vous n'en ayez pas plus. Vous vous seriez mieux rendu compte des commodités de ma voiture (ROMAINS, Knock, 1923, I, p.2).
3. Dans des loc.
a) Loc. subst.
— (Tout) ce qu'il y a de plus + adj. (valeur de superl. emphatique). Au plus haut point, extrêmement, très. Les forces exhalées du fond de la nature et de l'histoire de la France se heurtaient à ce qu'il y a de plus stable ou de mieux lié dans le régime (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.LXXV):
• 2. Les Choiseul sont tout ce qu'il y a de plus grand, ils sortent d'une soeur du roi Louis Le Gros, ils étaient de vrais souverains en Bassigny.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.725.
b) Loc. adv.
— On ne peut plus + adj. (valeur de superl. emphatique). Au plus haut point, extrêmement, très. C'est on ne peut plus satisfaisant. Il me parle des années de grande ferveur religieuse qu'il a connues et se déclare on ne peut plus sensible au charme de certains amis catholiques (GREEN, Journal, 1929, p.13).
— De plus en plus. Toujours plus, progressivement plus. On s'était assis devant la cheminée, de plus en plus près à mesure que l'on était plus loin dans la vie, et chacun se réchauffait à la grande flamme pétillante (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.105).
— [Avec moins] Plus ou moins; qui plus, qui moins; ni plus ni moins.
— De plus
♦[Précédé d'un subst., sert à marquer une supériorité ou un excédent par rapport à l'autre terme de la compar.] Quelque chose de plus, quoi de plus? rien de plus; raison de plus (pour).
[Précédé d'une indication de nombre] Avoir quelques années de plus (que qqn); une fois de plus. Il crevait d'orgueil parce qu'il y aurait peut-être un Cazenave de plus dans le monde (MAURIAC, Génitrix, 1923, p.329).
P. ext. En supplément, de surcroît. Une heure de plus et il était mort. Une seconde de plus, et j'échouais à l'oral (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.8).
♦Absol. De plus... En outre (pour renchérir sur ce qui vient d'être dit). Synon. il y a plus, je dirais même plus, bien plus, (et) qui plus est (supra 2 b); en plus (infra). Il a pris son parti, et de plus il m'a prouvé, sans réplique, que je devais prendre le mien (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.187). Yves s'acquittait très bien de ce service. De plus, nous nous rencontrions journellement pour la manoeuvre (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.42).
— En plus
♦Par surcroît, en supplément. Synon. aussi, également, outre cela, par-dessus le marché (fam.), en prime (fam.). Il a fallu qu'on se bute presque pour pouvoir reprendre nos fringues et quelques serviettes en plus (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.560).
♦Fam. [Dans le discours, pour renchérir sur une affirmation] De surcroît, en outre. Synon. (supra) de plus, il y a plus, je dirais même plus, bien plus, (et) qui plus est; par dessus le marché (fam.), en prime (fam.), outre cela. Louise: Ne le grattez pas [un bouton], voyons. Jef: C'est qu'il me démange, en plus! (ACHARD, J. de la Lune, 1929, I, 1, p.3).
En plus de, loc. prép. Outre, en sus de, en outre de, en surplus de. Je ne puis pas choisir puisqu'en plus de ce que je souffre, je souffre aussi de ce qu'il souffre (CAMUS, Caligula, 1944, IV, 1, p.83).
— Sans plus. Sans autre chose, sans ajouter quoi que ce soit. Pour le testament, il déclara sans plus au notaire: «Voilà. Si j'ai deux cent mille francs, chacune des petites en aura cent mille. (...)» (POURRAT, Gaspard, 1922, p.15).
c) Loc. conj.
B. —Superl. rel. de supériorité. [Marque le degré maximal] Le/la/les plus.
1. Empl. adv. [Modifie un verbe, un adj., un adv.] Ce qui manque, frappe, marque le plus; la plus grande partie, la plus petite partie; le plus grand nombre:
• 3. ... l'ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passé ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naïf et la plus grossière goujaterie jusqu'à la plus fine politesse.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.432.
— [Suivi d'un subst. à valeur d'adj., ou d'un syntagme inf.] Les plus à plaindre n'étaient pas ceux qui s'en allaient, mais bien ceux qui restaient (AYMÉ, Jument, 1933, p.9).
— [Avec valeur de neutre] C'est le plus important; parer au plus pressé; le plus tôt sera le mieux. C'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c'est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant et c'est ce que vous ne trouvez pas amusant qui est le plus drôle (CLAUDEL, Soulier, 1919, 1re journée, 1, p.652).
— [Avec un adj. poss. ou dém.] C'est son plus grand mérite; dans sa plus tendre enfance. Cette idée est toute de Dieu, et pour ainsi dire sa plus forte expression sur les hommes (A. FRANCE, Orme, 1897, p.17).
— [Suivi d'un compl. du superl.]
♦Le plus... + que + verbe. Le plus grand service que nous ont rendu les sports, c'est justement de nous préserver de la culture intellectuelle (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p.16).
♦Le plus (...) possible. Le plus vite, le plus loin, le plus longtemps possible. Une certaine lumière vers laquelle il se dirige en évitant le plus possible de regarder à droite et à gauche (DU BOS, Journal, 1921, p.10).
♦Le plus... + de + subst. ou pron. Le plus beau du monde. La plus belle des roses, toute rouge, avec les feuilles de sa tige rougeâtres comme si elle avait saigné dessus (MONTHERL., Songe, 1922, p.5).
— Au plus + adv. Au plus tard, au plus tôt.
— Des plus + adj., littér., superl. abs. Parmi les plus, très. Un personnage secondaire et des plus effacés (MILOSZ, Amour. init., 1910, p.7).
Rem. 1. Il n'y a pas d'accord au plur. lorsqu'il s'agit du plus haut degré, sans compar. avec d'autres: Les pommes les plus chères; au moment où les pommes étaient le plus cher (d'apr. DAVAU-COHEN 1972; v. GREV. 1975, § 319). 2. De ces deux soeurs, la cadette est celle qui est le/la plus aimé(e) (d'apr. Ac. 1835).
2. Le plus de. [Suivi d'un subst. sing. ou plur.] La quantité maximale de, le nombre maximal de. Grande discussion sur Dieu, un des sujets qui font dire le plus de bêtises aux gens d'esprit (GONCOURT, Journal, 1864, p.108). On a beaucoup plus respecté la vie humaine aux époques où elle a réellement le plus de valeur (RENAN, Avenir sc., 1890, p.499).
Rem. L'astronomie est une des sciences qui faitont [plus rare] le plus d'honneur à l'esprit humain (Ac. 1798). ,,Le dernier est plus usité`` (Ac. 1935). L'homme qui s'assouvit de la sorte n'a pas eu tout à fait le courage de dire à autrui, devant autrui, les choses qu'il croyait le plus vraies (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.6).
3. Le plus, en empl. de nom. Le maximum (dans l'ordre du possible). Le plus que je puis/puisse faire; le plus et le moins:
• 4. Pharaon, qui du seuil de son palais contemplait cette marée montante de grenouilles d'un air ennuyé et dégoûté, en écrasait le plus qu'il pouvait du bout de son sceptre, et repoussait les autres de son patin recourbé.
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.331.
— Proverbe. Qui peut le plus, peut le moins. Qui est capable de grandes choses, est censé être capable d'en réaliser de moindres.
— (Tout) au plus, loc. adv.
♦Sans rien au delà (d'une limite extrême considérée, supposée). Il ne s'ouvrait pas davantage sur l'époque qui avait suivi. Tout au plus, quelques allusions à deux illustres savants français, Pasteur et Sainte-Claire-Deville, paraissaient-elles indiquer un séjour à Paris (BOURGET, Actes suivent, 1926, p.4).
♦[Avec un numéral, sert à indiquer la quantité supérieure maximale d'une évaluation (notamment pour exprimer un temps, une somme, une valeur monnayée)] Au maximum. Dans deux heures au plus. Jamais ils ne rattraperaient, avec le boisage, les dix centimes diminués sur la berline. Au plus toucheraient-ils huit centimes (ZOLA, Germinal, 1885, p.1288).
II. —Prép. ou subst. masc. marquant l'addition
A. —MATH. [Traduit le signe de l'addition, ou de la valeur positive, écrit «+»] En ajoutant. Synon. et; anton. moins. Trois plus deux égale(nt)ont cinq. Il s'agit d'être logique, mais logique (...) comme le bon Dieu a été logique quand il a dit: 2 plus 2 égal 4! (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p.37).
— Le signe «plus» (écrit «+»). Signe d'un nombre positif. Empl. subst. Additionnez vos plus et vos moins. Si le résultat est positif, prenez contact avec nous en écrivant à: Havas Contact (L'Express, 7 oct. 1978, p.178, col. 2).
B. —Vieilli. [Dans la lang. admin., sert à énumérer des inventaires, des états de compte] Outre cela. Synon. item. Plus, une armoire d'acajou (Ac.).
C. —[Suivi d'un subst. déterminé] À quoi s'ajoute(nt), avec de surcroît. Adjugé x francs, plus les frais. Le matelot gagne cent francs par mois. La marine à voile paie les siens quatre-vingt-dix francs, plus la gainée: un du mille (HAMP, Marée, 1908, p.14).
D. —[Précédant un nombre positif, sert à désigner une quantité positive, ou certaines grandeurs au-dessus du point zéro, notamment pour exprimer la température supérieure à 0 degré C] Il fait plus dix (degrés de température au-dessus de zéro) (écrit + 10o C).
Rem. Néol., public., empl. subst. neutre. Un plus. Un surcroît, un avantage supplémentaire, un progrès. Une habitude à prendre: l'utilisation d'un produit de soin avant ou après le shampooing. D'une application simple et rapide (temps de pose: 1 à 20 mn). Ces soins sont un «plus» au shampooing habituel (Elle, 10 nov. 1980, p.78).
III. —Particule négative. Pas/non/ne... plus
A. —Non plus. [En prop. négative, dans une réponse, correspond à aussi dans une réponse affirmative] (Ni) moi non plus:
• 5. CROCKSON: (...) Savez-vous comment faire pour ne plus être amoureux? RASCASSE: Non. CROCKSON: Moi non plus!
ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 1, p.17.
B. —[Valeur négative, servant à marquer la cessation d'une action, d'un état] Anton. encore, toujours. Ne... plus; ne... presque plus; ne... plus guère; ne... plus du tout, ne... plus longtemps, ne... plus rien. Je suis comme les vieux: je n'ai plus d'appétit (RENARD, Journal, 1904, p.876).
— [Dans le syntagme nom.] Non plus. Ce second point de vue, qui est celui de la connaissance et non plus de l'action (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p.150).
1. [Par rapport à l'avenir, sert à marquer la cessation de ce qui est] Désormais... ne pas. Ne plus savoir que faire; ne... presque plus, ne... plus guère, ne... plus du tout; n'en jetez plus (fam.; v. jeter). Finis-la, ton histoire, et qu'on n'en parle plus (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p.18).
— Absol. Plus jamais, jamais plus, plus du tout, plus rien. Des souvenirs lui revenaient un à un, les nuits rieuses de la Mignotte, des heures de caresse où il se croyait son enfant, puis des voluptés volées dans cette pièce même. Et jamais, jamais plus! (ZOLA, Nana, 1880, p.1443).
2. [Par rapport au passé, sert à marquer dans le présent la cessation de ce qui était] N'avoir plus cours, n'en plus pouvoir, n'y plus tenir, n'être plus très jeune, jusqu'à plus soif.
— En partic. N'être plus.
3. P. ell., plus de. [Sert à indiquer]
a) [la disparition de qqc., p.ell. de il n'y a/avait plus de] Synon. fam. fini le/la/les. La bonne: Il a deux millions, not' petit monsieur, et ni papa ni maman: plus de famille! (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, I, 3, p.142). Plus de chômage, plus de bras inoccupés! L'industrie allume de toutes parts ses foyers, partout s'élèvent les cheminées des sucreries! (CLAUDEL, Pain dur, 1918, I, 1, p.412).
b) [le souhait de qqc., p.ell. de qu'il n'y ait dorénavant plus de] Plus de guerre!
— Plus un...! Il n'y a/qu'il n'y ait plus un seul... Plus un moment à perdre! Le parterre est complètement rempli. Plus une place vide aux galeries et aux loges (ROSTAND, Cyrano, 1898, I, 3, p.29). Gabrielle: Tu es drôle, mon chéri... Le soir, tu as sommeil, et puis... Constant: Ah, non! de grâce! plus un mot à ce sujet! (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 1, p.4).
4. [En corrélation avec ne... que restrictif] Il n'y a plus qu'à tirer l'échelle; il ne fallait, ne manquait plus que cela! Cela ne tient plus qu'à vous; n'avoir plus que la peau et les os. On n'attendait plus que le sous-préfet pour commencer la cérémonie (ARLAND, Ordre, 1929, p.10).
— P. ell., fam. Plus qu'un.
5. Loc. div.
— À n'en plus finir.
— Sans plus + inf. On s'écrase sans plus se voir (VERHAEREN, Camp. halluc., 1893, p.13).
— Non plus... mais. [Pour rectifier une assertion] Non plus un homme qui prie, mais l'Église en sa personne officielle (CLAUDEL, Offrande temps, 1919, p.520).
C. —Valeur affirmative, littér. [En prop. sub., après une princ. de sens négatif] Encore, davantage, désormais. Il leur défendit d'y plus songer (Ac. 1935). Il n'est pas probable que j'opère jamais plus (BOURGET, Sens mort, 1915, p.132).
Prononc. et Orth.:[ply] devant consonne, [plyz] devant voyelle et h muet: plus droite [], plus aimable [], plus harmonieux []. À la pause et devant que, tendance à restituer s final dans la prononc. sous l'infl. de l'orth., par souci de clarté ou sous l'effet de l'insistance (v. G. STRAKA, Formation de la prononc. fr., Strasbourg, Klincksieck, 1980, pp.237-244). GATTEL 1841: ,,En général, l's se fait entendre dans plus, lorsqu'après on peut faire une pause``. Prononc. relevée mais rejetée ds LITTRÉ: ,,Quelques-uns font sentir l's quand plus termine un membre de phrase. (...) il faut dire, il en a plû``. Selon BARBEAU-RODHE 1930, hésitation entre [ply] et [plys] devant une pause sauf dans de plus, en plus, ne plus (où l'on doit prononcer [ply], également devant que, si plus n'est pas précédé d'autant, de non, de pas: [], [], []; [plys] quand plus signifie et, en outre ainsi que dans le terme d'alg. et d'arithm. Ds WARN. 1968 même position que ds BARBEAU-RODHE à la pause sauf pour de plus pour lequel WARN. accepte [ply] ou [plys]; comme BARBEAU-RODHE dans les mêmes conditions [ply] ou [plys] pour plus suivi de que et [plys] pour le terme de math. ROB.: ,,[La prononciation avec s final] tend à se généraliser pour éviter la confusion avec le plus négatif toujours prononcé [ply] et construit sans ne dans la langue populaire``. Ex. j'en veux plus ([plys] = davantage, [ply] = ne plus). Lar. Lang. fr. uniquement [plys] devant que et à la fin d'un groupe, sans condition. MARTINET-WALTER 1973: j'en veux plus [plys] à l'unanimité; sans plus [plys] en majorité. Étymol. et Hist.I. Compar. A. 1. fin Xe s. «davantage» (La Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 5: trenta tres anz et alques plus); 1re moit. XIIIe s. plus précédé d'un adv. ancor plus (Première Continuation de Perceval, éd. W. Roach, II, 2578); 2. ca 1050 plus avec un adj. «à un degré supérieur» (Alexis, éd. Chr. Storey, 548); ca 1135 plus avec un verbe (Couronnement Louis, éd. Lepage, 898); 3. ca 1050 plus que (Alexis, 58); 4. a) 1100 plus de devant un numéral «un nombre plus élevé» (Roland, éd. J. Bédier, 13); 1668 plus d'un avec un subst. (LA FONTAINE, Fables, VII, 14, éd. H. Régnier, t.2, p.74); b) fin XIIe s. plus de devant un subst. (Lai Cor, 355 ds T.-L.); 5. ca 1170 plus ... plus (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 876); 6. loc. adv. a) déb. XIIe s. ço que plus est (BENOÎT, Voyage St Brendan, 1770 ds T.-L.); 1461 et qui plus est (VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1394); 1643 bien plus (CORNEILLE, Polyeucte, IV, 6); b) 1176-81 sanz plus (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lyon, éd. M. Roques, 67); ca 1350 sans plus avec un inf. (Passion Nostre seigneur, éd. E. J. Gallagher, 443); 1694 sans plus de avec un subst. (Ac.); c) ca 1275 de plus en plus (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 3570); d) 1530 tant et plus (PALSGR., p.860b); e) 1636 de plus (MONET). B. Empl. subst. 1530 le plus de tout «la plus grande quantité possible, le maximum» (PALSGR., p.850b); 1588 le plus (MONTAIGNE, Essais, I, 40, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 253: celles [lettres] qui me coustent le plus sont celles qui valent le moins). C. 1. 1546 plus marquant une addition dans une série d'objets (RABELAIS, Tiers Livre, 45, éd. M. A. Screech, p.303); 2. 1613 «signe de l'addition» (DOUOT DE BAR-LEDUC, Les Elemens de la Géométrie d'Euclides Mégarien, 187 d'apr. FEW t.9, p.102a). II. 1. a) Ca 1050 ne ... plus «ne ... pas davantage» (Alexis, 110); 1314 «ne ... pas plus longtemps» (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, I, 672 d'apr. Chr. MARCHELLO-NIZIA, Hist. de la Lang. fr. aux 14e et 15e s., p.249); 1202 i n'ia plus à avec verbe (Renart, br. 18, 15656, éd. M. Roques); b) id. ne ... plus ... que (ibid., br. 19, 18669); 2. a) 1419 non plus que «pas plus que» (Journal Bourgeois de Paris, éd. A. Tuetey, 128); b) 1588 non plus (MONTAIGNE, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.122). III. Superl. 1. adv. a) ca 1050 plus placé devant un adj. (Alexis, 624); 1100 plus placé devant un adv. (Roland, 1184); id. plus placé devant un subst. (ibid., 1818); b) id. des plus «parmi les plus» (ibid., 24); c) 1450-61 plus suivi d'une prop. rel. au subj. (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 416: La plus rebelle villenaille, qui soit); d) 1590 plus suivi d'une prop. rel. (MONTAIGNE, Essais, I, 31, 212); 2. nom. a) ca 1050 «le plus grand nombre, la majorité» (Alexis, 564); ca 1140 le plus de (GEFFREI GAIMAR, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 1447); b) loc. adv. ca 1195 au plus «au maximum» (AMBROISE, Guerre sainte, 1620 ds T.-L.); 1538 tout au plus (EST.); 3. 1461 le plus que avec un subst. (VILLON, op. cit., 849: mon plus que pere); 1558 le plus que avec un adj. (St Gelays, II, 80 ds IGLF: le plus que grand Charles, duc d'Orléans). Du lat. plus «une plus grande quantité; davantage»; plus accompagnant un adj. a tendu, de bonne heure, comme magis, à remplacer le compar. et dans ce sens plus, soutenu par minus avec lequel il faisait couple, a concurrencé magis, et même s'est substitué à lui. Fréq. abs. littér.:400631. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 602698, b) 522354; XXe s.: a) 535635, b) 587548. Bbg. ENGVER (K.). Place de l'adv. déterm. un inf. ds la prose du fr. contemp. Uppsala, 1972, p.22, 38. — FAUCHER (E.). Les Machines comparantes. Verbum. 1978, t.1, pp.46-54. — FAUCONNIER (G.). Rem. sur la théorie des phénomènes scalaires. Semantikos. 1976, t.1, n° 3, p.31. — FOULET (L.). Le plus quantitatif et le plus temp. Mél. Roques (M.) 1946, pp.131-147. — GAATONE Nég. 1971, p.35; pp.37-38. — JONAS (P.). Les Syst. compar. à deux termes en anc. fr. Bruxelles, 1971, p.31, 95, 186, 190, 390, 479. — LE FLEM (D. C.). Syst. de la compar. en fr. contemp. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14.1974. Naples, 1979, pp.493-517. — MOREL (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, pp.395-421. — ROGGERO (J.). Le Quantificateur minimal. Sigma. 1980, n° 5, pp.115-137. — VIKNER (C.). Les Auxil. négatifs. R. rom. 1978, t.13, n°1, pp.88-109. — WESTRIN (M.). Ét. sur la concurrence de davantage avec plus ds la pér. allant de 1200 à la Révolution. Lund, 1973, 133 p.— YVON (H.). Le, la, les, art. ou pron. Fr. mod. 1950, t.18, pp.247-258.
plus [plys; ply] adv. REM. On prononce généralement [ply] avec liaison du s prononcé [z]; cependant on dit [plys] notamment en mathématiques, et cette prononciation tend à se généraliser pour éviter la confusion avec le plus négatif toujours prononcé [ply], et construit sans ne dans le discours relâché. Ex. : J'en veux plus, qui peut signifier [ʒɑ̃vøplys] « j'en veux encore » ou [ʒɑ̃vøply] « c'est assez », selon que plus est prononcé [plys] ou [ply].
ÉTYM. 980; lat. plus « une plus grande quantité » et « en plus grande quantité ».
❖
♦ Mot servant de comparatif à beaucoup et entrant dans la formation des comparatifs de supériorité de l'adjectif et de l'adverbe (à l'exception des comparatifs synthétiques comme meilleur) ainsi que, associé à l'article ou à des déterminatifs, sous la forme le plus, du plus, dans la formation du superlatif relatif de supériorité.
———
I (Comparatif).
1 Absolt. (Le second terme de la comparaison étant sous-entendu). || Plus ([ply] devant consonne et en finale, [plyz] devant voyelle) modifiant un verbe, un adjectif, un adverbe. || « Tu me haïssais (cit. 6) plus, je ne t'aimais pas moins » (Racine). ⇒ Davantage. || Les mœurs tiennent plus à l'esprit général, les lois tiennent plus à une institution (cit. 8) particulière. — Plus grand, plus court, plus heureux, plus beau… (→ Apprendre, cit. 30; appui, cit. 2; démon, cit. 3; fleuron, cit. 2). || « Je n'ai fait cette lettre (cit. 20) plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte » (Pascal). || « Le nez (cit. 11) de Cléopâtre, s'il eût été plus court… » (Pascal). ☑ Loc. À plus forte raison. — Plus tard, plus tôt. || Plus souvent, plus loin, plus facilement… (→ Cacher, cit. 50; démon, cit. 5; élargir, cit. 6). || Plus souvent. ⇒ Souvent. || Y voir plus clair. || De plus près (→ Négatif, cit. 12). || La phrase citée plus haut (→ Fouiller, cit. 26). || S'expliquer plus intelligiblement (cit.). || N'allons pas plus avant (cit. 44). — REM. Pour plus associé aux adjectifs bon, mauvais, petit et aux adverbes bien, mal. → Meilleur (cit. 1), pire; moindre, mieux, pis.
1 Il coûte moins à certains hommes de s'enrichir de mille vertus, que de se corriger d'une seul défaut (…) On ne leur demande point qu'ils soient plus éclairés et plus incorruptibles, qu'ils soient plus amis de l'ordre et de la discipline, plus fidèles à leurs devoirs, plus zélés pour le bien public, plus graves : on veut seulement qu'ils ne soient point amoureux.
La Bruyère, les Caractères, XI, 98.
2 Nous pénétrâmes par une porte basse dans ce monceau de décombres habités par une famille de paysans; il est impossible d'imaginer quelque chose de plus noir, de plus enfumé, de plus caverneux et de plus sale.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 120.
3 — M'accuser, — justes dieux ! —
De n'aimer plus (…) quand (…) j'aime plus !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 6.
♦ En plus… (suivi d'un adjectif). || C'est le même, en plus foncé.
4 (…) une couleur brune (…) qui s'apparentait en un peu plus clair à celle des solives du plafond.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXI, X, p. 182.
5 Cette pièce (…) ressemble, en plus luxueux et en plus triste, à ma chambre de Bouville.
Sartre, la Nausée, p. 173.
♦ Spécialt. (Devant un adjectif relié par de à un infinitif ou une proposition infinitive à valeur causale, l'infinitif amené par de exprimant « la cause qui fait que l'adjectif, attribut ou épithète, se trouve porté à un degré supérieur » [Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1845]). || Une autorité plus fragile d'avoir été tant de fois attaquée.
2 Plus… que (avec un nom, un nominal ou un adverbe). || Rien ne m'a plus frappé que l'aptitude (cit. 9) des vivants à… || Plus royaliste que le roi. || Plus apte (cit. 4) au travail… || Rien n'est plus lâche que de… (→ Dieu, cit. 47). || Plus belle que le jour (cit. 9). || Je ne me sens jamais vivre plus intensément (cit. 1) que quand… || Aimer qqch. plus que tout, plus que tout au monde. || Ce qui lui importe plus que tout (→ Faiblesse, cit. 41). ⇒ Principalement, surtout, sur (toute chose). ☑ Plus que jamais (→ Exhaler, cit. 21; édit, cit. 1; 1. froid, cit. 4). || Plus que de coutume (→ Faiblesse, cit. 3). ☑ Plus que de raison (→ Forcer, cit. 32). ☑ Plus souvent qu'à son tour. — REM. Pour les verbes et substantifs marquant qu'une chose est plus forte, plus intense qu'une autre. ⇒ Dépasser, dominer, surpasser.
6 Un autre, plus égal que Marot et plus poète que Voiture (…)
La Bruyère, Disc. de réception à l'Académie franç., 15 juin 1693.
♦ (En corrélation avec une proposition comparative). || Plus loin que ne l'ont fait les anciens (→ Dieu, cit. 16). || Qu'ils veuillent être estimés (cit. 16) plus qu'ils ne méritent. || « L'exemple touche plus que ne fait la menace » (Corneille). (→ Faire, cit. 210, 216 et 221). || Plus qu'il ne faudrait. ⇒ Trop. — REM. Sur l'emploi de ne dans la proposition comparative. → Ne, et Mieux, les mêmes remarques s'appliquant à plus.
7 — Il n'y a pas d'honnêtes femmes, alors ? — Si ! plus qu'on ne le croit, mais pas tant qu'on le dit.
Dumas fils, l'Ami des femmes, I, V.
8 Il excitait son imagination plus qu'il n'était entraîné par son amour.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XIII.
9 C'était une âme plus encore que ce n'était une vierge.
Hugo, les Misérables, I, I, I.
10 (…) je comprenais fort bien le sens de cette scrupuleuse investigation. Elle me plaisait et me contentait plus que je n'eusse pu le dire.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, IX.
♦ (Dans un sens voisin de plutôt). Reliant deux mots ou expressions de même nature. || Voix plus cajoleuse (cit. 2) que caressante. || Plus mère qu'épouse (cit. 8). || Plus marâtre (cit. 3) que mère. || Plus familière (cit. 9) que liante. || « La fumée de la gloriole m'ayant plus étourdi que flatté » (cit. 9, Rousseau). || Plus bête que méchant. || Plus indifférent (cit. 16) qu'incrédule. || Il paraissait plus végéter que vivre (→ Instar, cit. 2). || Liberté (cit. 1), un de ces mots qui chantent plus qu'ils ne parlent. — ☑ Loc. Plus mort que vif. ☑ Être plus à plaindre qu'à blâmer (cit. 9).
11 Je vous sers beaucoup plus que je ne vous abuse.
Molière, l'École des maris, III, 9.
12 D'autres, par exemple Victor Hugo, voient intérieurement, avec une netteté parfaite et un relief étonnant, les couleurs et les formes (…) Mais ils sont peintres plus que poètes (…)
Taine, Essais de critique et d'histoire, Michelet, II.
♦ (Associé directement à que, dans l'expression adverbiale plus que, qui peut elle-même modifier un adjectif, un participe ou un adverbe). Plus que « indique que la qualité dont il s'agit est dépassée » (Littré). || Il est plus qu'élégant (⇒ Mieux), plus qu'hypocrite (⇒ Pire). || Vous vous êtes plus qu'acquittée envers lui (→ Lier, cit. 32). || Plus que graves (cit. 5), ennuyeux. || Résultat plus qu'honorable (cit. 16). || « C'est plus qu'un crime, c'est une faute ». || Vie large (cit. 15), plus que large. || Magnificence (cit. 7) plus que royale. || Pâleur plus que marmoréenne (cit. 2). || C'est plus que bien, c'est parfait. — (Devant un n.). Rare. || Plus que roi.
13 Item, et à mon plus que père,
Maître Guillaume de Villon,
Qui m'a été plus doux que mère (…)
Villon, le Testament, LXXXVII.
14 Dès que j'en vis briller la splendeur plus qu'humaine.
Molière, Tartuffe, III, 3.
15 (…) un ancien avoué ruiné nommé Delbecq, homme plus qu'habile, qui connaissait admirablement les ressources de la chicane (…)
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1122.
15.1 Aussi cet homme plus que mal habillé, c'est-à-dire médiocrement habillé, qui ne savait ni saluer ni entrer dans un salon, donnait à toutes ses manières quelque chose de saisissant et de doux que n'auraient pas eu les manières d'un prince.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 269.
♦ Plus, modifié par un adverbe ou un numéral. || Beaucoup plus, bien plus, autrement (cit. 18) plus, infiniment plus… (→ Astreignant, cit.; figurer, cit. 5; libertin, cit. 1; lynx, cit. 1). || Encore plus, plus encore. ⇒ Encore (cit. 16 et 17). || Tellement plus. || Un peu plus (→ Autoriser, cit. 12; bouleverser, cit. 4; enfoncer, cit. 13). — (Modifié par un multiplicatif, une fraction). || Deux, trois fois plus grand. || Il l'aime cent fois plus que… (→ Faire, cit. 215). || Productions de près d'un tiers plus considérables (→ Impulsion, cit. 5). — (Modifié par un numéral marquant une différence). || Une heure, deux ans plus tôt, plus tard (→ Dénouer, cit. 15; fluor, cit. 2). || De sept ans plus âgé (→ Maigrichon, cit. 1). || Industrie (cit. 14) plus jeune qu'une autre de plus d'un siècle. || Il est de quelques centimètres plus grand que moi.
16 (…) les mots déforment tout ? Ils sont tellement plus immobiles et plus solides que les sentiments (…)
A. Maurois, le Cercle de famille, III, V.
17 Je voudrais être plus vieux d'un an (…)
G. Duhamel, Salavin, Journal, 7 janv.
3 ☑ (Précédé d'une négation : [ply]). Pas plus que… et (vieilli) non plus que… (→ Livresque, cit. 2; magnétisme, cit. 2; manière, cit. 15). || Pas plus haut qu'une botte (cit. 3). || Ce proverbe n'est pas plus vrai que tout autre proverbe (→ Dieu, cit. 56). || Et point sotte non plus que ses parents (→ Fagotage, cit. 2, France). — (En liaison avec une proposition comparative). || « L'on n'est pas plus maître (cit. 47) de toujours aimer qu'on ne l'a été de ne pas aimer » (La Bruyère). || Ne… non plus que… ne… (→ Lugubre, cit. 3). || « On n'en parle non plus que s'il n'eût jamais existé » (Académie). || Pas plus qu'on ne doit faire cela, on ne doit faire ceci. ⇒ Même (de même que… de même). || Pas plus que le chrétien ne doit chercher…, de même devons-nous… (→ Antinomie, cit. 2, Gide). — Ne… pas plus tôt… que. ⇒ Tôt.
18 Il ne dort non plus que votre père.
Racine, les Plaideurs, II, 3.
19 Je compris (…) que le conseil le plus retors, non plus que la volonté la plus tenace n'y pourrait rien.
Gide, la Porte étroite, VII.
19.1 (…) je ne l'aimais plus, j'étais, non plus l'être qui l'aimait, mais un être différent qui ne l'aimait pas, j'avais cessé de l'aimer quand j'étais devenu un autre.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1038.
20 Projets, ruses, complots n'avaient d'autre objectif que les jours qui suivraient ma mort toute proche. Pas plus que ma famille, je ne nourrissais à ce sujet le moindre doute.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XVII.
♦ (Ellipt). || Non plus, c'est-à-dire pas plus que telle autre personne ou chose dont il est question. ⇒ Non (supra cit. 37; et cit. 37 à 40).
4 (Précédé de ne). || Ne… plus… : désormais ne… pas… — REM. Ce tour remarquable, que le français n'a pas tiré du latin plus (le latin emploie en ce sens jam… non), confère à plus un sens négatif, marquant « la cessation de quelque action ou quelque état, ou l'absence de quelque chose qu'on avait auparavant » (Littré). « Le temps à venir étant assimilé à une quantité qui “s'ajoute” à un moment donné de la durée, on voit comment la valeur temporelle est sortie naturellement de la valeur proprement quantitative » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1781). — || « Je ne suis (cit. 88) point pour Albe, et ne suis plus pour Rome » (Corneille). || N'espérons (cit. 31) plus, mon âme, aux promesses du monde… || Il n'osait plus… je ne peux plus… on ne comprend plus… (→ Appuyer, cit. 16; après, cit. 8; archaïsme, cit. 1; aristocratique, cit. 2). || Je ne vous en veux plus. ⇒ Cesser (de). → Fatalité, cit. 5. || N'avoir plus un sou, ne plus dire un mot (→ Border, cit. 4; bouche, cit. 22). ☑ Il n'y a plus d'enfants (cit. 9). || Depuis qu'elle n'est (cit. 10 et 11) plus. ⇒ Disparaître, mourir. || On n'en finirait (cit. 26) plus. — ☑ Loc. À n'en plus finir (→ Loyer, cit. 3). ☑ Je n'en peux plus. — ☑ Loc. Plus n'est besoin… — (Accompagné d'un autre adverbe). || On n'y voit presque plus. || Médecin qui n'exerce (cit. 38) plus guère (→ Libertin, cit. 5). || Elle ne marchait (cit. 40) plus du tout. — (Avec aucun, personne, jamais, rien…). || Ne plus… aucun (cit. 26). || Ne… jamais plus. ⇒ Jamais (infra cit. 25). || Il n'y a plus personne. || Je ne sens plus rien (→ Fond, cit. 28). || Plus rien ne l'atteindrait (→ Fond, cit. 11). || On n'en trouve plus nulle part. || Je ne veux plus jamais le revoir. — ☑ Sans plus. || Sans plus se soucier de rien (→ Force, cit. 13; main, cit. 18). — ☑ Non plus (employé comme non pas, pour opposer un terme à un autre). || Compter non plus par syllabes, mais par pieds (→ Intonation, cit. 6; et aussi fixer, cit. 6). — REM. Il ne faut pas confondre cet emploi de non plus avec l'emploi signalé plus haut en fin de 3.
21 Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.
— Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue (…)
Corneille, Horace, II, 3.
22 Il n'aime plus cette personne qu'il aimait il y a dix ans. Je crois bien : elle n'est plus la même, ni lui non plus; il était jeune et elle aussi; elle est tout autre. Il l'aimerait peut-être encore, telle qu'elle était alors.
Pascal, Pensées, II, 123.
23 On a bien de la peine à rompre quand on ne s'aime plus.
La Rochefoucauld, Maximes, 351.
24 En amour, il n'y a guère d'autre raison de ne s'aimer plus que de s'être trop aimés.
La Bruyère, les Caractères, IV, 30.
25 Je n'aime plus. Ces paroles enferment un mystère tout aussi profond que celui contenu dans le mot j'aime.
Balzac, Une double famille, Pl., t. I, p. 984.
26 Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, II.
27 Je verrai cet instant jusqu'à ce que je meure,L'instant, pleurs superflus ! Où je criai : L'enfant que j'avais tout à l'heure,Quoi donc ! je ne l'ai plus !
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
28 (…) il n'y avait plus d'éclairé sur la place que la lucarne de Binet.
Flaubert, Mme Bovary, III, XI.
29 (…) et, quand la première pièce de cinq francs fut bue, il en tira une seconde, se la vissa de nouveau dans l'œil, cria que lorsqu'il n'y en avait plus, il y en avait encore.
Zola, la Terre, III, III.
30 (…) je baissai la tête pour ne plus la voir.
France, le Livre de mon ami, Livre de Pierre, II, III.
31 (…) accordez-moi la force de lui apprendre à ne m'aimer plus (…)
Gide, la Porte étroite, Journal d'Alissa.
32 (Le château) dont il ne restera bientôt plus que des ruines (…) Rien plus n'en défendait l'entrée : le fossé à demi comblé, la haie crevée, ni la grille descellée (…)
Gide, Isabelle, Avant-propos.
♦ Ellipt. || Plus de (sous-entendu : il n'y a…). || « Plus d'amour (cit. 26), partant plus de joie » (La Fontaine). || « Paris était mort (2. mort, cit. 18), plus d'autos, plus de passants ». || Plus de circulation, plus de commerce… (→ Paralysie, cit. 4). — Spécialt (Avec une valeur d'impératif ou d'optatif). || Plus de guerres, plus de sang ! (→ 1. Fumer, cit. 24). || Plus de ces entraînements irréfléchis ! (cit. 2). || Plus un jour à perdre ! (→ Loisir, cit. 8). || Jamais plus ! || Sans plus de… ☑ Jusqu'à plus soif. — (Devant un adjectif épithète, avec ellipse de la relative). || Ces deux costauds plus très jeunes (→ Nautonier, cit. 1).
33 Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Hugo, les Contemplations, I, VII.
34 (…) j'arrêtai d'abord la question finale, la question suprême à laquelle le Jamais plus devait, en dernier lieu, servir de réponse, — cette question à laquelle le Jamais plus fait la réplique la plus désespérée, la plus pleine de douleur et d'horreur qui se puisse concevoir.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires grotesques…, Genèse d'un poème : « Le corbeau ».
35 Je me regardai longuement, sans plus de honte aucune, avec joie.
Gide, l'Immoraliste, I, VI.
36 Avec la peste, plus question d'enquêtes secrètes, de dossiers, de fiches (…) À proprement parler, il n'y a plus de police (…)
Camus, la Peste, p. 213.
♦ (Combiné avec ne… que restrictif). || Ne… plus… que : désormais… seulement (→ Excentricité, cit. 6; livide, cit. 2; mariage, cit. 20). || Il me semblait que ma vie ne me tenait plus qu'au bout des lèvres (→ 1. Mort, cit. 27, Montaigne). || « Je n'ai plus que les os » (cit. 3). || Il n'adora plus qu'elle seule (→ Follement, cit. 1). ☑ Loc. Il n'y a plus qu'à tirer l'échelle. ☑ Il n'y a plus une minute à perdre (cit. 35). || Il ne nous fallait (cit. 12) plus que cela. ☑ Il ne me manquait plus que de… (→ Fortune, cit. 26). || Il ne manquerait (cit. 18) plus que… — (Ellipt.). || Plus qu'un, et ce sera fini.
5 (En corrélation avec plus ou moins pour marquer une augmentation en rapport direct ou inverse). || Plus… plus… (→ Arène, cit. 11; attaque, cit. 1). ☑ Prov. Plus on est de fous (1. fou, cit. 23), plus on rit. ☑ Iron. Plus ça change (cit. 66), plus c'est la même chose. — Plus…, moins (→ Aimer, cit. 41; chaos, cit. 3). || Moins…, plus… (→ Apte, cit. 7; civiliser, cit. 5; exiger, cit. 12). || Plus… et plus…, moins… (→ Examiner, cit. 13). — Plus…, et plus… (→ Enfoncer, cit. 38). || Moins…, et plus… ⇒ Moins (cit. 11, et supra). — Mieux (cit. 9)… plus…
37 (…) las ! plus vous m'êtes fière,
Plus vous me décevez, plus vous me semblez belle;
Plus vous m'êtes volage, inconstante, et rebelle,
Et plus je vous estime, et plus vous m'êtes chère.
Ronsard, Pièces retranchées, Amours, « Sonnet », III.
38 Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense.
Corneille, le Cid, I, 6.
39 Plus longtemps vous le ferez durer (ce rôle), un acte, deux actes, plus il sera naturel et conforme à son original; mais plus aussi il sera froid et insipide.
La Bruyère, les Caractères, I, 52.
40 (…) plus voluptueusement se présentait à nous chaque instant, plus insensiblement coulait l'heure.
Gide, l'Immoraliste, II, I.
41 Le grand-oncle s'est mis en colère et, plus il grondait, plus il postillonnait, plus, de mon côté, je m'entêtais à crier (…)
G. Duhamel, Salavin, V, III.
42 Plus profonde est la mer et plus blanche est la voile
Et plus le mal amer plus merveilleux le bien.
Aragon, le Roman inachevé, p. 63.
REM. 1. L'emploi d'un impératif, dans un deuxième terme, est archaïque (|| « Moins vous l'aimez, et plus tâchez de lui complaire », Racine, Mithridate, IV, 2).
2. L'addition de le, dans ce tour, est populaire (|| « Le plus longtemps le major touchait nos trois francs soixante… le plus longtemps nous lui étions un profit », P. Vialar, Risques et périls, p. 165).
♦ (L'ordre des propositions étant inversé). || D'autant plus… que… plus; d'autant plus… que… ⇒ Autant (cit. 53 à 56). || D'autant plus… que… moins… (→ 2. Franc, cit. 12). || D'autant moins (cit. 13)… que… plus… (→ Impression, cit. 20). — Ellipt. (La coordonnée étant sous-entendue et clairement impliquée par ce qui précède). || D'autant plus. ⇒ Autant (cit. 57 à 59; → Liberté, cit. 8; niaiserie, cit. 1); et raison (à plus forte). — REM. Dans ce genre de propositions, les ligatures plus… plus…, et d'autant plus… que… ont souvent une valeur causale autant que comparative : c'est dans la mesure où et parce que telle chose est plus ceci, qu'elle est plus cela.
43 Les superstitions étaient d'âpres enceintes
Terribles d'autant plus qu'elles étaient plus saintes (…)
Hugo, la Légende des siècles, LVIII, I.
44 (…) toute musique est bonne, d'autant plus qu'elle est plus substantielle.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, III.
6 ☑ Loc. Plus ou moins [plyzumwɛ̃] : à des degrés différents et dans une mesure variable selon les cas. || Plus ou moins grand (→ Archétype, cit. 7), plus ou moins abondant… (→ Atmosphère, cit. 10; évolution, cit. 12; falaise, cit. 2; important, cit. 14). || Dans une plus ou moins large mesure (→ Incidence, cit. 5). || « Selon que notre idée est plus ou moins obscure… » (cit. 8, Boileau). || Comédie qui tient plus ou moins de la bouffonnerie (cit. 1). — Réussir plus ou moins bien, bien ou médiocrement, avec des résultats incertains. — (Marquant une approximation). À peu près, environ. || « Cela vous coûtera vingt francs, plus ou moins » (Littré, Académie). — Fam. (Marquant une incertitude, non quant au degré, mais quant à la chose elle-même). || Il est plus ou moins intelligent. || Vous êtes content ? — Hum ! plus ou moins. ⇒ Vouloir (si on veut).
45 (…) tout est en un flux perpétuel (…) Tout animal est plus ou moins homme; tout minéral est plus ou moins plante; toute plante est plus ou moins animal. Il n'y a rien de précis en nature (…)
Diderot, le Rêve de d'Alembert.
45.1 Des jardins plus ou moins potagers proliféraient à la diable (…)
René Fallet, le Triporteur, p. 184.
♦ ☑ Ni plus ni moins [niplynimwɛ̃], marque que la chose est exactement telle qu'on l'exprime. || C'est du vol, ni plus ni moins. || C'était, ni plus ni moins, l'officier (2. Officier, cit. 3) de police. (Avec que suivi d'un terme de comparaison). || « L'admission d'un fait sans cause… n'est ni plus ni moins que la négation de la science » (→ Fait, cit. 36, Cl. Bernard). — (Avec que et une proposition comparative). ⇒ Comme, même (de même que). → Légalité, cit. 2. — Vx. || Ne plus ne moins que… (→ Organe, cit. 7, Descartes). || Qui plus, qui moins.
46 Nous (les concierges) sommes des gens de confiance, nous faisons les recettes, nous veillons au grain; mais nous sommes traités ni plus ni moins que des chiens, et voilà !
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 563.
♦ ☑ (V. 1250). De plus en plus [dəplyzɑ̃ply], marque une augmentation ou une progression continue, par degrés. ⇒ Toujours (toujours plus, toujours davantage). || De plus en plus rare (→ Bouffée, cit. 4), rétréci (→ Finir, cit. 22), hésitant (→ Flotter, cit. 19). || Se vider de plus en plus. ⇒ Graduellement, progressivement (→ Formalisme, cit. 2). || « J'avais découvert de plus en plus mon ignorance » (cit. 19, Descartes). || De plus en plus vite (→ Machine, cit. 33). || Parler (1. parler, cit. 46) de plus en plus bas.
♦ ☑ On ne peut pas plus (rare); on ne peut plus : au plus haut point (devant un adj. ou un adv.). ⇒ Extrêmement.
47 Il (Julien) prit un costume de voyage on ne peut pas plus simple.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XXV.
48 (…) je suis on ne peut plus heureux de vous rencontrer (…)
Dumas fils, le Fils naturel, III, 10.
48.1 (…) la coopérative fonctionne depuis cinq ans avec des résultats on ne peut plus satisfaisants.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 15.
B (Nominal). [ply] devant consonne, [plyz] devant voyelle, [plys] en finale. Une chose plus grande ou plus importante, une quantité supérieure. ⇒ Davantage.
1 Absolt. (Sans compl.). || Demander (cit. 40) plus. || Faire plus (→ Infidélité, cit. 9; offense, cit. 2). || Gagner plus que qqn (→ Fileur, cit. 2). || « … Font plus que force (cit. 1) ni que rage » (La Fontaine). || Les poètes voient dans les choses plus que les choses (→ 1. Idéal, cit. 2). || Exiger (cit. 6) des hommes plus qu'ils ne peuvent faire. — (En fonction d'attribut). || « Pour être plus qu'un roi, tu te crois quelque chose » (cit. 47, Corneille).
49 Adieu : pour ce coup, ceci doit vous suffire,
Et je vous ai plus dit que je ne voulais dire.
Molière, les Femmes savantes, I, 4.
50 L'être qui venait à mon secours (…) c'était celui qui (…) dans un moment où je n'avais plus rien de moi, était entré, et qui m'avait rendu à moi-même, car il était moi et plus que moi (…) et me l'apportait.
Proust, À la Recherche du temps perdu, t. IX, p. 200.
♦ ☑ Il n'y en a pas plus que ça, qu'on ne pensait. Ellipt. Fam. Il y en a beaucoup ? Pas plus que ça : moyennement. Pop., vx. || Plus que ça de… : tant de…, que de… || « Plus que ça d'or ! » (Balzac, in D. D. L.).
2 Plus de (suivi d'un complément de comparaison). — REM. Cette construction est une survivance de l'ancien français, où le complément du comparatif était introduit par de (« Meillors vassals de vos unkes ne vi », Chanson de Roland, vers 1857). — Plus de la moitié. || Plus de six ans (→ Arabesque, cit. 3). || Il était plus de minuit, plus de midi ⇒ Passé (cit. 17). || Depuis plus d'une année (→ Firme, cit. 1). || Enfants de plus de dix ans. ⇒ Dessus (au-dessus). Ellipt. (Fam.). || Les plus de dix-huit ans. || Plus de vingt lieues, de huit mètres… (→ 1. Foire, cit. 2; long, cit. 39). || Plus de vingt, de cent fois (→ 1. Loi, cit. 27). — (Ellipt). || Cent mille francs et plus (→ Empocher, cit. 3; meute, cit. 1; pamphlet, cit. 1). ⇒ Delà (au delà).
♦ REM. On emploie parfois, dans ce sens, le tour plus que (de même que moins que à la place de moins de). || « Cela est plus d'à demi fait, plus qu'à demi fait » (Académie). ⇒ Moins (III, 1, rem. 2). || Plus d'une fois. ⇒ Plusieurs (→ Arbitre, cit. 2; arriver, cit. 75). || Pour plus d'une raison (→ 3. Fronde, cit. 3). || Ces obstacles (cit. 6) décourageraient plus d'un. — Plus d'un…, en fonction du sujet (régissant généralement, quoique pluriel, le verbe au singulier.) ⇒ Beaucoup, bien. → Foule, cit. 15; jaunir, cit. 5.
51 Comme l'ont observé MM. Michaut et Schricke, quand le singulier et le pluriel du verbe « se distinguent nettement à l'audition, c'est assurément le singulier qu'un français choisit instinctivement : Plus d'un de ses compagnons se sauva » (Gram. franç., 761, b). Toutefois, si quelque détail supplémentaire de la phrase était de nature à faire ressortir la nuance de multiplicité, c'est le pluriel qui serait de mise : « Plus d'un de ses compagnons se sauvèrent par des moyens divers »; ici, la pluralité marquée par le complément circonstanciel influe sur le nombre du verbe. Dans deux autres cas encore, le pluriel du verbe est d'obligation : 1o si la locution indéfinie est répétée : « Plus d'un fils désolé, plus d'une jeune fille en deuil viendront… » (Littré), le caractère plural du tour amène ici le pluriel; — 2o si l'action est réciproque : « À Paris on voit plus d'un fripon qui se dupent l'un l'autre » Marmontel, Incas, XLV.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1042.
52 Plus d'une parmi elles sont sorties du monastère comme j'en sors aujourd'hui (…)
A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, II, 5.
53 Plus d'un, en apercevant ces coquettes résidences (…) enviait d'en être le propriétaire (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, I.
54 Oui, Candaule. Il y a sur tes terres plus d'un pauvre
Qui se couche plus d'un soir sans souper.
Gide, le Roi Candaule, II, 1.
3 Plus de (suivi d'un complément partitif). || « À mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux » (→ Différence, cit. 13, Pascal). || Cela fera plus d'effet (cit. 26). || Un peu plus de (→ Légèreté, cit. 13); d'autant plus de… (→ Apparenter, cit. 2). || Jamais plus d'assassins… n'attaqueront (cit. 12). || Un agneau n'a pas plus de candeur (cit. 4). — Plus de façade (cit. 10) que de fonds, d'indifférence que de colère (→ Inattention, cit. 3). || Plus de fous que de sages (→ Folie, cit. 17). || Les faibles (cit. 19) font plus de mal que les méchants. || Beaucoup plus de gens (1. Gens, cit. 6) qu'on ne croit.
55 Elle (la reine Anne d'Autriche) avait plus d'aigreur que de hauteur, plus de hauteur que de grandeur, plus de manières que de fond, plus d'inapplication à l'argent que de libéralité, plus de libéralité que d'intérêt, plus d'intérêt que de désintéressement, plus d'attachement que de passion, plus de dureté que de fierté, plus de mémoire des injures que des bienfaits, plus d'intention de piété que de piété, plus d'opiniâtreté que de fermeté et plus d'incapacité que de tout ce que dessus.
Retz, Mémoires, II, Œuvres, p. 152.
56 J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », LXXVI.
57 Aucun être n'était sorti de la vie avec plus de discrétion que Sarah.
Giraudoux, Églantine, III.
4 (Précédé de de). || … de plus, marque un excédent, un supplément, un dépassement par rapport à l'autre terme de comparaison. || Il avait vingt ans de plus que moi (→ Malgré, cit. 14). — (Ellipt). || Une fois de plus. ⇒ Encore, nouveau (→ Âge, cit. 51; broder, cit. 7; 1. éponge, cit. 6). || Rien de plus. ⇒ Autre (→ Exister, cit. 3; 2. fier, cit. 10; 1. geste, cit. 17). || Souhaiter qqch. de plus (→ Félicité, cit. 3; fourberie, cit. 4). || Que vous faut-il de plus ? ☑ Raison de plus. || Une minute de plus, et… (→ Haler, cit. 1). || Une seconde de plus, il l'éventrait (cit. 4). — REM. Dans ce sens, de plus était au XVIIe s. très souvent remplacé par plus (→ ci-dessous, cit.).
58 (…) ils ont (mes canons) un grand quartier plus que tous ceux qu'on fait.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
59 (…) cela m'a arrêtée un jour plus que je ne pensais (…)
Mme de Sévigné, 933, 18 sept. 1684.
60 Chaque homme de plus qui sait lire est un lecteur de plus pour Molière.
Sainte-Beuve, Portraits littéraires, Molière, janv. 1835.
61 Elle ne disait que le nécessaire, rien de plus, rien de moins.
A. Hermant, l'Aube ardente, VIII.
62 (…) son instinct lui disait qu'une œuvre d'art de moins ne ferait pas un heureux de plus.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le buisson ardent, I, p. 1259.
63 Alissa a deux ans de plus, Juliette un an de moins que moi (…)
Gide, la Porte étroite, I.
64 Où trois lignes suffisent, je n'en mettrai pas une de plus.
Gide, Journal, 14 févr. 1932.
5 ☑ Loc. De plus, marque qu'on ajoute qqch. à ce qu'on vient de dire. ⇒ Ailleurs (d'), outre (en), puis (et); → Armer, cit. 19; palpable, cit. 5. — ☑ Il y a plus, qui plus est, bien plus…, marquent que l'on renchérit sur ce qu'on vient de dire, que l'on n'a pas encore dit le plus important. ⇒ Même (et). — ☑ En plus, marque que la chose s'ajoute à la précédente, vient en complément. ⇒ Avec, aussi, également (→ Par-dessus le marché). || Avec en plus qqch. de fêlé (→ Frêle, cit. 12). || Avec l'odeur en plus (→ Fadasse, cit.). || Différence en plus. ⇒ Excès. — ☑ Sans plus : sans rien de plus, sans qu'il soit besoin d'ajouter quoi que ce soit. — ☑ Tant et plus. ⇒ Tant.
65 (…) on m'outrage, et bien plus, on expose la vie de Fabrice (…)
Stendhal, la Chartreuse de Parme, XVI.
66 Que devait-il faire ? Saluer et passer, sans plus ?
M. Barrès, la Colline inspirée, XI.
67 (…) on peut bien désigner dans son œuvre (de Hugo) quantité de faiblesses et de taches (…) Ce ne sont (…) que les taches d'un soleil. Bien plus : cette œuvre et cette gloire ont pu soutenir sans périr l'épreuve la plus sévère (…)
Valéry, Variété, Pl., t. I, p. 586.
68 (…) les heures les plus insignifiantes n'ont ni plus ni moins de durée que les autres (…) Qui plus est, l'on sait aujourd'hui que la matière cérébrale reste, par elles, impressionnée comme par les autres (…)
Gide, Ainsi soit-il, p. 137.
68.1 Il la trouvait gentille mais sans plus, il n'en avait nulle envie.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 105.
♦ ☑ En plus de… loc. prép. ⇒ Outre, sus (en sus de). — REM. Cette locution, que ne signalent ni Littré ni l'Académie, semble dater de la fin du XIXe s. — Se livrer à des travaux personnels en plus de son métier. || En plus des Français, il y avait là de nombreux étrangers. ⇒ Indépendamment.
69 En plus de Paul, mon père, et de mon oncle Charles, Tancrède Gide avait eu plusieurs enfants qu'il avait tous perdus en bas âge (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, II, p. 41.
C (Nom). || Le plus. ☑ Qui peut le plus peut le moins : quand on peut faire plus, on peut à plus forte raison faire moins. || Ne différer (cit. 9) que du plus ou du moins : présenter non pas une différence de nature, mais seulement de degré. || Le plus ou moins… : la quantité, ou le degré variable… || Le plus ou moins d'ecclésiastiques (→ Foisonner, cit. 1). — REM. Cet emploi de plus substantivé ne doit pas être confondu avec la forme superlative le plus.
70 La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau (…) mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l'une n'est pas moins difficile à faire que l'autre. — Assurément, Madame; et quand, pour la difficulté, vous mettriez un plus du côté de la comédie, peut-être que vous ne vous abuseriez pas.
Molière, la Critique de l'École des femmes, 6.
71 Les hommes composent ensemble une même famille : il n'y a que le plus ou le moins dans le degré de parenté.
La Bruyère, les Caractères, IX, 47.
72 Qui a le plus a, dit-on, le moins; cela est faux. Le roi d'Espagne, tout puissant qu'il est, ne peut rien à Lucques. Les bornes de nos talents sont encore plus inébranlables que celles des empires (…)
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 274.
D (Conjonction. Se prononce toujours [plys]). Avec l'addition de…, en ajoutant… ⇒ Et. || Deux plus trois font, égalent cinq (2+3 = 5). — À quoi s'ajoute… || Deux cents francs de fixe (cit. 11), plus deux sous la ligne. || Douze tribus, plus une, celle des lévites (cit. 2). || Obtenir la moitié des voix plus une (→ Majoritaire, cit.). || Adjugé mille francs, plus les frais. — Spécialt. (Dans un inventaire, un compte). || Plus un fourneau (cit. 7) de brique…
73 La forme mathématique de l'addition, c'est plus (+). Elle se répand dans le langage : 20 francs par jour, plus les pourboires, c'est beaucoup. Mais la vieille forme de la langue, c'est la conjonction et (…)
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 126.
74 Les compagnons d'Ulysse (…) découvrirent plusieurs sources (…) tous les fruits, plus une baie acidulée (…) et toutes les espèces de gibier, plus le lubard jaune rayé de noir (…) tous vos vœux exaucés, plus celui qu'un dieu seul peut former pour vous.
Giraudoux, Elpénor, Le Cyclope.
E (Signe algébrique [plys]). S'emploie pour désigner une quantité positive, ou certaines grandeurs au-dessus du point zéro. || Plus cinq (+5). || Le signe plus (+) : le signe de l'addition et des nombres positifs.
———
II (Superlatif. [ply] devant consonne, [plyz] devant voyelle, [ply; plys] en finale). || Le, la, les plus. ⇒ Le (1. le).
1 Adverbial. (Devant un verbe, un adjectif, un adverbe). || Ce qui me frappe le plus, ce qui m'intéresse le plus (→ Faconde, cit. 1). || Les quatre femmes (cit. 2) dont il m'importait le plus d'être aimé. — || « C'est souvent lorsqu'elle est le (1. le, cit. 40) plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire » (Gide). || La plus grande partie. ⇒ Majeur. || Le plus grand nombre. ⇒ Majorité. || Les femmes les plus brillantes (→ Afficher, cit. 5). || Le plus fort (cit. 22), le plus dur… est fait. || Le plus clair de son temps… || Au plus haut point, au plus haut degré. ⇒ Supérieur, supérieurement, et préf. Hyper-, super-, sur-, ultra-. || Le plus important. ⇒ Principal. ☑ Le droit (3. droit, cit. 48), la raison du plus fort… || Le plus âne des trois. — (Le possessif remplaçant le). || Réduit à sa plus simple expression (cit. 18). || Un de ses plus forts (cit. 9) écoliers. || Nos plus grands plaisirs (→ 1. livre, cit. 31). — (Avec un démonstratif). Vieilli. || Dans cet endroit le plus reculé… (La Bruyère, les Caractères, I, 248). — Ce qu'on me reproche le plus âprement (cit. 4). || Le plus tôt est le mieux (→ Gourme, cit. 4). || Le plus souvent. || Le rayon qui passe le plus près (→ Infléchir, cit. 3). — ☑ Au plus tôt, au plus tard. ☑ Au plus mal. ☑ Au plus vite.
75 La duchesse était, sans compliment, une des dix plus jolies femmes de Paris, avouées, reconnues. Vous savez qu'il y a dans le monde amoureux autant de plus jolies femmes de Paris, que de plus beaux livres de l'époque dans la littérature.
Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 385.
76 Dans les pays religieux, la cathédrale est l'endroit le plus orné, le plus riche, le plus doré, le plus fleuri; c'est là que l'ombre est la plus fraîche et la paix la plus profonde (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 113.
77 Un jour, à Bagatelle, un vieux jardinier nous avait dit, à Odile et à moi : « Les plus belles roses se fanent le plus vite (…) »
A. Maurois, Climats, I, XXI.
REM. Au XVIIe s., on emploie souvent plus dans le sens superlatif le plus (→ ci-dessous, cit. Corneille et Molière). Cet emploi s'observe encore aujourd'hui dans le tour superlatif signalé au paragraphe suivant.
78 Ce n'est pas en effet ce qui plus m'embarrasse.
Corneille, Sertorius, IV, 2.
79 Le remède plus prompt où j'ai su recourir.
Molière, le Dépit amoureux, III, 1.
♦ ☑ Ce que… de plus… || Ce qu'il y a de plus sensuel parmi les appétences (cit. 1) de l'homme. || Ce que j'ai de plus précieux au monde (→ Fouiller, cit. 24). || Ce qu'elle a de plus habile (cit. 21). — Fam. || C'est tout ce qu'il y a de plus comique !
80 Adieu, rocher, caillou, pierre de taille, et tout ce qu'il y a de plus dur au monde.
Molière, George Dandin, II, 1.
81 C'était tout ce qu'il y a de plus drôle, ce richissime richard (…) venant en équipage réclamer ses douze francs !
Alphonse Daudet, l'Immortel, III.
82 (…) la situation (…) est très grave pour nous (…) — Tout ce qu'il y a de plus grave.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XIV, p. 153.
♦ (Suivi d'une proposition de comparaison). || Il les flétrit (1. Flétrir, cit. 12) le plus qu'il peut (→ Foule, cit. 17). || Le plus qu'il est possible.
♦ Absolt. || Le plus possible (→ Frottement, cit. 8). || Le plus loin (cit. 32) possible. — (Devant un adjectif, en relation avec une proposition relative au subjonctif). || Le plus beau site que nous ayons vu (→ Lointain, cit. 12). || Ce livre (1. Livre, cit. 11), le plus beau qui soit parti de la main d'un homme (→ aussi Langage, cit. 15).
83 (…) Ulysse, le plus sage des rois de la Grèce qui ont renversé la superbe ville de Troie (…)
Fénelon, Télémaque, IV.
84 Ô la plus chère tombe et la plus ignorée
Où dorme un souvenir !
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Souvenir ».
85 (…) l'un des hommes les plus malheureux que j'aie jamais connus.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, III.
86 Nous vous offrons les plus belles fleurs que nous ayons trouvées signifie : que nous ayons été capables de trouver. La généralisation amène à considérer tout ce qui peut être. Cette nuance potentielle n'existe pas, si on dit : que nous avons trouvées.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 743.
86.1 Mais c'est comme si son vêtement ou l'appareil de sa richesse lui faisait mal à la peau, et le plus nu et le plus abandonné qu'il sera, errant et sans famille, mieux ça vaudra.
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 80.
♦ Des plus… : parmi les plus… || « Je viens d'en essuyer un des plus fatigants » (cit. 2, Molière). || Il n'est pas des plus fins de ce monde (→ Affaire, cit. 67). || Un mets des plus fortifiants (cit. 1). || Les nouvelles sont des plus intéressantes (→ 1. Loch, cit. 1). || « Un renard, jeune encor, quoique des plus madrés » (cit. 1, La Fontaine).
REM. 1. Certains auteurs, isolant dans ce cas l'expression des plus, en font une locution adverbiale superlative au sens de « au plus haut point », l'adjectif restant alors au singulier s'il y a lieu. Un homme des plus loyal (Brunot, la Pensée et la Langue). Ce spectacle est des plus immoral (Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne).
2. Si l'adjectif se rapporte à un pronom neutre, il reste généralement au singulier.
87 En effet, ils furent tout à coup environnés d'une fumée, qui, bien que des plus opaques, ne dérobait rien aux yeux de l'écolier.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XVI.
88 Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,
Qui ne recèlent point de secrets précieux (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XCVIII.
89 Il lui était des plus pénible de recevoir leurs adieux.
90 La situation était des plus embarrassantes (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XVIII.
2 (Nominal). || Le plus de : la plus grande quantité. || Le mot qui contient le plus de souvenirs antiques (→ Gars, cit. 2). || Donner le plus d'air, de jour… (→ Elzévir, cit.; jeter, cit. 27). || Le plus de mal (→ Maladroit, cit. 8). || Les gens qui ont rendu le plus de services (→ Lettré, cit. 3). || On (cit. 1) tire des anciens le plus que l'on peut. — Le plus offrant. || Vente au plus offrant. ⇒ Enchère.
91 (…) au milieu des gens de plus de talent, dans les salons les plus fermés (…)
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 126.
92 Un des plus sérieux hommes que j'aie connus, et du plus de suite dans les pensées, ne paraissait ordinairement que la légèreté même : une seconde nature le revêtait de balivernes.
Valéry, Variété I, p. 74.
♦ ☑ Loc. Au plus, tout au plus : à supposer que la chose en question soit à la limite supérieure de son être ou de ses possibilités. ⇒ Maximum (au). — REM. L'inversion du sujet est fréquente après tout au plus. || Ce qu'est tout au plus le peuple dans l'aristocratie (cit. 1). || « Je ne saurais fournir Au plus qu'une demi-bouchée » (→ Carpillon, cit., La Fontaine). || Je ne leur ai pas causé (cit. 5) de si grands tourments, tout au plus des ennuis. || Au plus, ai-je à redouter la morsure (cit. 2) des cobras. — Vx (dans le même sens). || Pour le plus.
93 C'est un homme qui (…) n'a tout au plus que six mois dans le ventre.
Molière, le Mariage forcé, 7.
94 La plus forte amitié n'est au plus que tiédeur.
Racine, la Thébaïde, II, I, variante.
95 Voilà seulement huit jours, tout au plus, que je commence à être tranquille et à savourer avec simplicité les spectacles que je vois.
Flaubert, Correspondance, 421, 26 août 1853.
96 Tout au plus te retrouvé-je le soir, dans la petite chambre de la rue Gambetta (…)
Gide, la Porte étroite, V.
♦ Au plus si…, tout au plus si…
97 Tout au plus exprime proprement un degré maximum : « Ils étaient trente, tout au plus ». Mais, placée en tête de la phrase, cette locution prend une valeur restrictive qui porte sur tout l'ensemble de la phrase : « Tout au plus, accepta-t-il d'écouter » Gide, Immoraliste, 137; c'est cette valeur « modale » qui justifie l'inversion en pareils tours, et qui explique en même temps qu'on puisse introduire la proposition qui suit au moyen de si (…)
(…) Tout au plus si un des lévriers remua la tête, et si l'enfant daigna tourner (…) Daudet, C. du lundi (cité par Soltmann,…). Dans (cet exemple) la suppression de si entraînerait normalement l'inversion du sujet (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1703 et 1670.
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III N. m. || Un plus : un élément positif supplémentaire. || Cela vous donnera un plus sur le plan professionnel (appartient notamment à l'usage publicitaire).
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CONTR. Moins; dessous (au-dessous). V. aussi Diminuer, diminution.
COMP. Plus-que-parfait, plus-value. — Surplus.
Encyclopédie Universelle. 2012.