auparavant [ oparavɑ̃ ] adv. ♦ Avant tel événement, telle action (priorité dans le temps). ⇒ abord (d'), 1. avant, préalable (au). Vous me raconterez cela, mais auparavant asseyez-vous. Un mois auparavant. ⇒ tôt (plus tôt). ⊗ CONTR. Après.
● auparavant adverbe (de au, par et avant) D'abord, avant cela ou avant ce moment-là : Une semaine auparavant, il m'avait annoncé son arrivée.
auparavant
adv. Avant, antérieurement. Il l'avait rencontré peu auparavant. Un mois auparavant. Syn. (Suisse) arrière.
⇒AUPARAVANT, adv.
Adv. de temps marquant l'antériorité dans le temps d'un fait par rapport à un autre.
A.— Sans indication du laps de temps séparant les deux faits (gén., de courte durée) :
• 1. Il y a un phénomène curieux — et dont je suis loin de me féliciter, dont je m'effraye plutôt — : les choses frivoles ne viennent pas volontiers vers moi, ou si elles y viennent, elles cessent d'être frivoles. Qu'ai-je fait, par exemple, hier et auparavant, pour que cette petite ne prît pas notre aventure avec la plus indifférente légèreté?
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 147.
• 2. Flamand l'exaspérait en répétant à tout bout de champ : « Tu comprends, moi je suis un ouvrier, je raisonne comme un ouvrier. » Mais grâce à lui Henri avait touché du doigt quelque chose qu'il ignorait auparavant, dont désormais il sentirait toujours la menace : la haine.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 15.
— L'époque, le moment où ce fait s'est produit peuvent être précisés par le contexte :
• 3. Je passais alors la journée entière dans la salle à manger, couché sur le tapis, sous la table, la tête dans les jambes et sur la poitrine d'un des chiens, qui s'appelait Tabac, comme un autre que nous avions eu auparavant, du temps de ma vieille bonne, quand nous étions à Paris.
LÉAUTAUD, In memoriam, 1905, p. 197.
B.— Avec indication précise ou vague du laps de temps.
1. [À l'aide d'un adv. de temps (longtemps, déjà)] :
• 4. Car, dans l'état passif qui suit l'initiative volontaire, reparaissent les contrariétés parfois douloureuses et l'incompatibilité des désirs ou des affections qui, déjà auparavant, avaient suscité la décision et l'effort.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 197.
• 5. Dans deux directions, en effet, nous voyons la poussée de la vie au mouvement reprendre le dessus. Les poissons échangent leur cuirasse ganoïde pour des écailles. Longtemps auparavant, les insectes avaient paru, débarrassés, eux aussi, de la cuirasse qui avait protégé leurs ancêtres.
BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, p. 132.
2. [À l'aide d'un adv. de manière] :
• 6. J'avais eu le courage, bien auparavant, de demander si elle avait un amant.
STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 2, 1836, p. 272.
3. [À l'aide d'un adv. de quantité] :
• 7. Je supposai, l'aventure m'étant arrivée à moi-même peu auparavant, que, quelqu'un lui ayant enlevé son chapeau, il en avait avisé un au hasard pour ne pas rentrer nu-tête et que je le mettais dans l'embarras en dévoilant sa ruse.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 278.
4. [Par une indication temp. quelconque] Un jour, une heure, un mois auparavant; un instant, un moment auparavant :
• 8. Et cette femme, en qui on ne pouvait reconnaître celle qui une heure auparavant pleurait avec Mahaut d'Orgel, tira la lettre de son sac, la tendit à François, avec un visage de glace.
RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 175.
• 9. ... ce revoir lui paraîtrait moins triste, s'il s'en était promis moins de joie. Lorsque, deux mois auparavant, il s'était empressé à la rencontre d'Édouard, il en avait été de même. Il en serait toujours ainsi, se disait-il.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1145.
Rem. 1. L'emploi de l'adv. auparavant comme prép., synon. de avant fréq. dans l'anc. lang. a été condamné par Vaugelas. Toutefois quelques ex. apparaissent encore dans l'usage vieilli, dial. ou arg. :
• 10. Dès que le mois de mai sera venu, les communications seront rétablies [entre la France et la Russie]! Quand j'aurai la permission, je crois que j'irai à Dunkerque quinze jours auparavant le départ du bateau!
BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 122.
• 11. Nous en sûmes bientôt la raison. Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s'il devait se réjouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à l'instruction ou s'il devait se désoler de ce que ce pas n'eût pas été fait par lui.
G. LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, p. 60.
— Dans l'ex. suiv., auparavant est également empl. prépositionnellement à la place de avant :
• 12. [Au couvent des Augustins]. Le chœur des frères en haut de l'église et la pièce longue auparavant, avec tableaux; ...
E. DELACROIX, Journal 1, 1852, p. 154.
Rem. 2. Noter l'emploi, dans l'ex. suiv., de auparavant précédé de la prép. dès :
• 13. Elle avait une auxiliaire et une inspiratrice très-active : car, dès auparavant, il était venu de Tard deux religieuses, dont la principale, la mère Jeanne de Saint-Joseph de Pourlans, était la réformatrice même de ce monastère, ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 333.
— D'auparavant. [S'emploie toujours derrière un subst. actualisé par l'art. déf. ou par un adj. poss.] Précédent, antérieur.
♦ [Qualifiant une quelconque division du temps] L'heure, le jour, la semaine d'auparavant; l'instant, le moment d'auparavant :
• 14. Le propriétaire venait de donner congé aux Coquet, au cinquième; ils devaient trois termes; puis, ils s'entêtaient à allumer leur fourneau sur le carré; même que, le samedi d'auparavant, Mademoiselle Remanjou, la vieille du sixième, en reportant ses poupées, était descendue à temps pour empêcher le petit Linguerlot d'avoir le corps tout brûlé.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 427.
♦ [Qualifiant un subst.] :
• 15. Un marché s'ouvre; on y amène les nations la corde au cou : on les palpe, on les pèse, on les fait courir et marcher : elles valent tant. Ce ne sont plus le tumulte et la confusion d'auparavant, c'est un commerce régulier.
LAMENNAIS, Les Paroles d'un croyant, 1834, p. 217.
• 16. Chacun de nous privé de l'amour des deux autres, car Yves me quittait et je n'avais plus pour lui le pur sentiment d'auparavant.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 312.
PRONONC. :[]. [] mi-long ds PASSY 1914. FÉR. Crit. t. 1 1787 note la dernière syll. longue.
ÉTYMOL. ET HIST. — XIVe s. adv. « avant (exprime une priorité dans le temps) » (Chron. de Flandre, II, 542, Kervyn ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 127 : Et li avoit fait le conte auparavant aucun desplesir); 1566 emploi prép. (H. ESTIENNE, Apol. pour Her., ch. 26, [II, 109] ds HUG. : Entre les gens d'Eglise qui auparavant ledict d'Oppède avoyent persécuté les povres fidèles de Provence, y eut un Jacobin nommé de Roma) condamné par VAUG. 1647, p. 475 : Le vray usage d'auparavant c'est de le faire adverbe, et non pas préposition.
Composé de au (a-1), par et avant; cf. ca 1243 par avant adv. (Ph. MOUSKET, Chron., éd. Reiffenberg, 28097 ds T.-L. s.v. avant).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 699. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 092, b) 4 080; XXe s. : a) 2 586, b) 3 390.
BBG. — Canada 1930. — DEM. 1802. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 123. — PIERREH. Suppl. 1926.
auparavant [opaʀavɑ̃] prép. et adv.
ÉTYM. XIVe; de au, par, et avant.
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I Prép. Vx. Avant.
0.1 Connaissiez-vous M. B. longtemps auparavant votre mariage ?
Restif de la Bretonne, la Vie de mon père, p. 199.
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II Adv. Avant un événement, une action servant de référence et dont il est question (priorité dans le temps). ⇒ Abord (d'), antérieurement, avant, préalable (au), préalablement, précédemment, tôt (plus tôt). || Vous me raconterez cela, mais auparavant asseyez-vous. || Je l'en avais averti longtemps auparavant (Académie). || Un mois auparavant, il s'était embarqué pour…
1 La terreur des choses passées
Faisait prévoir à leurs pensées
Plus de malheurs qu'auparavant (…)
2 Rien n'eut cours ni débit. Le luxe et la folie
N'étaient plus tels qu'auparavant.
La Fontaine, Fables, VII, 14.
3 — Dis-moi donc ce que c'est, et puis je me réjouirai peut-être.
— Non : je veux que vous vous réjouissiez auparavant (…)
Molière, l'Amour médecin, III, 4.
4 — Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice.
— Puissé-je auparavant fléchir leur injustice ?
Racine, Iphigénie, II, 2.
5 (…) elle (la naissance de Notre-Seigneur) est arrivée environ l'an 4000 du monde. Les uns la mettent un peu auparavant, les autres un peu après, et les autres précisément en cette année.
Bossuet, Hist. universelle, I, 10.
6 (…) il embrasse les genoux de cet homme, qu'il ne daignait pas, une heure auparavant, honorer d'un de ses regards.
Fénelon, Télémaque, XI.
7 Le Turc revint, après cette expédition, aussi bonhomme qu'auparavant (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, p. 147.
♦ (Exprimant la priorité d'ordre d'une chose sur une autre). ⇒ Avant, premier (en).
8 — Vous l'abandonnez donc ? reprit-il.
— Quoi ? dit-elle vivement; la musique ? ah ! mon Dieu, oui ! n'ai-je pas ma maison à tenir, mon mari à soigner, mille choses enfin, bien des devoirs qui passent auparavant !
Flaubert, Mme Bovary, II, V.
♦ N. m. Littér. Rare. Ce qui s'est passé avant.
9 (…) Mme Rezeau est là parce que nous ayant raccrochés, pour des raisons qui ne sont pas toutes claires, elle en avoue deux évidentes : celle de se maintenir et celle de témoigner de ce que l'auparavant surclassait l'ensuite.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 196.
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CONTR. Après, ensuite.
Encyclopédie Universelle. 2012.