banquier, ière [ bɑ̃kje, jɛr ] n.
• banchiere 1243; de banca → banque
1 ♦ Personne qui fait le commerce de la banque, dirige une banque. ⇒ financier. Banquier cambiste. Une femme banquier, ou (fin XIXe) une banquière . — Par ext. fam. Personne qui prête de l'argent à une autre à titre privé, et sans intention commerciale (cf. Bailleur de fonds). « Pensiez-vous que j'allais être votre fournisseur et banquier pour l'amour de Dieu ? » (Flaubert).
● banquier ou banquais nom masculin (de banc 2) Navire qui fait la pêche de la morue sur le banc de Terre-Neuve, sans revenir à terre. ● banquier, banquière nom (italien banchiero) Personne dont la profession est de diriger, administrer ou gérer une banque ou un établissement de crédit. Personne qui tient le jeu contre les autres joueurs. ● banquier, banquière (expressions) nom (italien banchiero) Être le banquier de quelqu'un, lui fournir de l'argent.
banquier, ère
n. (Rare au fém.)
d1./d Personne qui fait le commerce de la banque. De puissants banquiers.
d2./d Personne qui tient la banque, dans certains jeux de hasard.
I.
⇒BANQUIER1, IÈRE, subst.
I.— A.— Anc. Négociant qui se livrait au change des monnaies :
• 1. Quant au change, qui consiste essentiellement dans la conversion de la monnaie d'un pays en celle d'un autre, il ne s'agit pour le particulier que de savoir si la quantité de monnaie qu'il demande, contient exactement autant d'argent pur que celle qu'il donne, et de payer le droit de commission à celui qui lui rend ce service; et, pour le changeur ou banquier, il ne s'agit que d'embrouiller ou d'obscurcir cette équation, afin d'y introduire quelque inégalité à son profit, pour augmenter son salaire connu.
DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 372.
— HIST. RELIG. Banquier ecclésiastique, banquier expéditionnaire en cour de Rome. ,,Officier dont la fonction était de faire venir des expéditions de la cour de Rome, comme provisions de bénéfices, dispenses, etc.`` (Ac. 1798-1932).
B.— Personne se livrant professionnellement aux activités propres à une banque; en partic., propriétaire ou dirigeant d'une banque. P. méton. personnification d'un établissement bancaire. Traite sur un banquier :
• 2. ... l'usurier, qui prête sur hypothèque à 10, 12 et 15 p. 100, encourt une amende énorme, quand il est atteint : le banquier, qui perçoit le même intérêt, non, il est vrai, à titre de prêt, mais à titre de change ou d'escompte, c'est-à-dire de vente, est protégé par privilège royal.
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 330.
• 3. ... j'ai eu dans ma vie des ballerines impubères, ... des banquières juives...
J. LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, p. 27.
• 4. Mme Jeannin dont le mari, banquier de province, s'est tué après avoir fait faillite, se réfugie à Paris où elle a une sœur richement mariée à un magistrat important.
MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 248.
SYNT. Banquier cambiste. ,,Qui se livre aux opérations de change`` (ROB.). Banquier en valeur ou coulissier (ROMEUF t. 1 1956), banquier-remisier (Banque 1963).
Rem. 1. Il existe de ce mot un emploi adj. (rare) :
• 5. ... Serait-il vrai qu'une conspiration existe dans notre pays, pour nous vendre à l'aristocratie banquière de l'Europe.
PROUDHON (Lar. 19e).
Rem. 2. Fém. Banquière, femme de banquier, légitime ou non (cf. STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 101; HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 318).
Rem. 3. Banquier se trouve parfois dans un cont., soit dépréc. (banquier véreux, malhonnête), soit évoquant la richesse : fils de banquier; riche banquier (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 234) :
• 6. Dans l'appartement étriqué du bourgeois, ainsi que dans le fastueux hôtel du banquier, vous retrouvez des saletés pareilles, et vous vous heurtez à de l'inexorable.
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 260.
Rem. 4. En ce sens, dans la lang. de l'arg., on peut trouver banquetier : ,,[L'épicière :] le traiteur va faire banqueroute parce que son banquetier (...) ne veut plus lui donner l'argent`` (F. VIDOCQ, Les Vrais mystères de Paris, t. 7, 1844, p. 228).
II.— P. ext. Personne qui fournit de l'argent.
A.— Souvent p. plaisant. Être le banquier de qqn (DG), prendre qqn pour son banquier :
• 7. Mais Korzakow était devenu mon banquier. Il me donnait tout l'argent que je lui demandais, 100 sous, 1 000 balles.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 85.
B.— Argot
1. ,,Amant payant`` (G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 313; Ch.-L. CARABELLI, [Lang. pop.]).
2. ,,Escroc porteur d'une forte somme, à qui un compère présente la dupe`` (ESN. 1966).
III.— JEUX. Personne qui tient la banque :
• 8. — Il y a six louis, dit tout haut le banquier qui tenait les cartes.
— J'en fais deux! s'écria Madame Sidonie.
— Je ne suis pas fier, je pars pour deux, répondit le banquier, qui avait déjà passé plusieurs fois.
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 237.
PRONONC. ET ORTH. :[], fém. [-]. Durée mi-longue pour la 1re syll. dans PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930. (Pour l'indication d'une durée longue, cf. FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787). Pour LITTRÉ ,,l'r ne se lie jamais; au pluriel, l's se lie``.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Banquier subst. 1. fin. [av. 1244 (Recueil des Jeux Partis, p. XXXII, S.A.T. dans Fr. mod., t. 4, p. 339 : Audefroy Louchart ... banquier); il s'agit en fait du commentaire de l'éditeur]; XIVe s. (ORESME, Thèse de Meunier, 66 dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 134 : Les changeurs et banquiers qui sçavent ou l'or a cours a plus hault pris); 2. 1680 jeux (RICH. : Banquier. Terme de Hoca. Celui qui est au bout de la table qui garde l'argent du Jeu).
II.— Banquière subst. 1. ca 1570 « entremetteuse » (Carl., II, 11 dans GDF. Compl. : Sous prétexte de ce mariage, elles s'entrescrivoient de belles lettres; et estoient comme banquieres des menees de ces deux princes), attest. isolée; 2. av. 1692 « femme d'un banquier » (Tallemant des Réaux dans Lar. 19e : En lui parlant de la reine, elle l'appelait quelquefois notre grosse banquière).
III.— Banquière adj. 1784 (D'ARGENSON, Consid. sur le gouvernem. de la France, Amsterdam, p. 50 dans LITTRÉ Suppl. : La république de Gênes est commerçante et banquière).
I 1 en raison de la date d'entrée du mot dans la lang., plutôt empr. à l'ital. banchiero de même sens (XIIIe s. Guittone d'Arezzo dans BATT.) que dér. de banque1 étymol. 1; suff. -ier; I 2 dér. de I 1; II 2 forme fém. de I, III dér. de banque1 étymol. 1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 362. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 054, b) 1 984; XXe s. : a) 1 759, b) 1 063.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 88. — KUHN 1931, p. 110, 218, 219, 231.
II.
⇒BANQUIER2, subst. masc.
MAR. ,,Nom qu'on donne aux navires qui pêchent de la morue sur le grand banc de Terre-Neuve, et qui la conservent dans le sel (...) pour les distinguer de ceux qui se tiennent sur la côte de l'île de Terre-Neuve, et qui la font sécher à terre. Ce sont proprement les Terneuviers`` (WILL. 1831) :
• Les principaux ports à banquiers sont Dieppe, Fécamp, Saint-Valery-en-Caux, Granville, Saint-Malo, Saint-Brieuc et Bayonne.
Lar. 19e, 1867.
1re attest. 1773 bancquier (J. BOURDÉ DE LA VILLEHUET, Manuel des marins, t. 1); 1831 banquier, supra; dér. de banc étymol. 3, suff. -ier. — Nouv. Lar. ill. signale : ,,On écrit aussi bancquier, orthographe qui est plus conforme à l'étymologie.`` Pour Lar. 20e ainsi que Lar. encyclop. ,,on dit aussi banquais``.
BBG. — KEMNA 1901, pp. 85-86.
banquier [bɑ̃kje] n. m.
ÉTYM. 1244; de l'ital. banchiero, dér. de banca. → 1. Banque.
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1 Personne qui fait le commerce de la banque, dirige une banque. ⇒ Financier. || Consortium de banquiers. || Banquier cambiste, qui se livre aux opérations de change. || Banquier malhonnête. || La fille d'un riche banquier. || Femme banquier. ⇒ Banquière.
1 Dans l'antiquité, au moyen âge et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les banquiers étaient avant tout des trafiquants de métaux précieux, des changeurs de monnaies, des transporteurs de capitaux d'une place sur une autre, des caissiers au service de leurs clients (…)
Paul Reboud, Précis d'économie politique, 6e éd. Dalloz, no 629.
2 (…) de bonnes lettres de change endossées par les plus fameux banquiers de Londres.
Bernardin de Saint-Pierre, la Chaumière indienne.
3 Les plus riches financiers, les banquiers les plus habiles ou tout autre intermédiaire ne peuvent pas plus augmenter l'importation de l'or et de l'argent en France qu'ils ne peuvent la diminuer.
Necker, Compte rendu au roi, janv. 1781.
4 Il m'a raconté toute sa vie, comme on confie sa fortune à un banquier en lui disant : « Occupez-vous de mes affaires, je m'en rapporte à vous ».
Martin du Gard, les Thibault, II, p. 215.
➪ tableau Noms de métiers.
♦ Figuré :
5 (…) il (Jésus) répétait souvent : « Soyez de bons banquiers » c'est-à-dire : faites de bons placements pour le royaume de Dieu (…)
Renan, Vie de Jésus, XI.
♦ Adj. (1784). || L'aristocratie banquière de l'Europe (Proudhon). || Une civilisation commerçante et banquière. ⇒ Financier (adj.).
2 Par ext., fam. Personne qui prête de l'argent à une autre à titre privé, et sans intention commerciale. || Croyez-vous que je vais être votre banquier ?
Encyclopédie Universelle. 2012.