BONZE
BONZE
Le nom de bonze, d’origine japonaise (bonzo ), signifie prêtre; il désigne avant tout les religieux bouddhistes de certains pays d’Extrême-Orient: Chine, Japon, Vietnam — quoique l’usage du terme tende à se généraliser en Occident, où on l’applique notamment aux communautés bouddhistes de Ceylan, de Birmanie, de Thaïlande et du Cambodge. Il fut d’abord employé au Japon pour les desservants des cultes prébouddhiques. Peu à peu, son sens s’est élargi; il s’étend actuellement aux moines bouddhistes, bien que ceux-ci ne soient pas toujours investis de fonctions sacerdotales. Le féminin «bonzesse» (plus rarement «bonzelle») s’applique aux religieuses bouddhistes des pays asiatiques.
Dès l’origine, le monachisme bouddhique combine l’exigence ascétique avec un rôle social délibérément central: enseignement de la doctrine (dharma ), exemple des vertus morales, direction spirituelle. Si le bouddhisme du Sud ou theravadim maintient plus aujourd’hui les pratiques primitives de l’aumône que le bouddhisme mahayaniste (Tibet, Chine, Japon), il n’en reste pas moins vrai que la «fraternité des moines» — le sangha — se trouve partout largement ouverte aux laïcs; dans certains pays, tels que la Thaïlande, les jeunes garçons y effectuent un séjour avant leur mariage, et n’hésitent pas à s’y rendre ensuite avec leur famille. Le bonze lui-même jouit d’une certaine autonomie, en ce sens qu’il lui est possible tout au long de sa vie de choisir entre des formes érémitiques ou cénobitiques de la vie monastique, n’étant lié par aucune sorte de vœux ou contraintes à l’obéissance religieuse. D’après l’observance primitive, il ne dispose d’aucun bien personnel (sinon son habit, son bol, un peigne, un éventail, un filtre à eau et une ombrelle), au point de dépendre entièrement pour sa subsistance des dons adressés, à travers lui, au Sanghatau Dhorma, «le Seigneur qui est nous». Il y a là une source de richesse collective, qui permet d’honorer l’obligation, assignée par le Buddha, de charité envers les plus pauvres. Placés traditionnellement au cœur de la vie sociale, les bonzes mènent aujourd’hui, notamment en Extrême-Orient, une action non violente qui a parfois contribué au réveil progressif du sentiment national. L’héroïsme des bonzes vietnamiens qui se firent brûler vifs en signe de protestation contre le conflit qui déchirait leur patrie (vers 1965-1966) fut un acte non de violence, mais d’immolation, de sacrifice total.
Plus que de règle, il convient de parler à propos du sangha de coutumes, plus ou moins précises selon les lieux et les époques. Sous la direction d’un aîné qu’il s’est choisi, le novice, ayant accepté le dénuement et, vis-à-vis du monde bouddhique, les devoirs inhérents à l’état monastique, se prépare par divers exercices à découvrir en lui l’intuition vécue par le maître. Cette transmission originale, ni sacramentelle ni magique, adaptée à chaque cas, requiert de part et d’autre une attention constante. Elle s’accompagne de divers enseignements: sanskrit, p li, littérature canonique et paracanonique, discipline monastique, liturgie, médecine ayurvédique, astrologie... Les bonzes dispensent aussi un enseignement aux laïcs: les moines zen ont ainsi joué au Japon un rôle comparable à celui des Jésuites en Europe dans la formation des jeunes gens. Quoique le niveau intellectuel et spirituel des moines contemporains laisse parfois à désirer, un certain nombre d’Européens vont mener à leurs côtés, en Extrême-Orient, la vie monastique bouddhique. Mais il semble bien que, dans la plupart des pays, le nombre des bonzes soit en diminution.
bonze [ bɔ̃z ] n. m.
• 1570; port. bonzo, du jap. bozu « prêtre »
2 ♦ Fig. et fam. Personnage en vue, quelque peu prétentieux. ⇒ 2. ponte, pontife. Les bonzes d'un parti.
● bonze nom masculin (portugais bonzo, du japonais bozu) Prêtre ou moine bouddhiste. Familier et péjoratif. Personnage qui pontifie. ● bonze (synonymes) nom masculin (portugais bonzo, du japonais bozu) Familier Personnage qui pontifie.
Synonymes :
- ponte (familier)
- pontife (familier)
bonze
n. m.
d1./d Moine bouddhiste.
d2./d Fig., Fam. Personnage officiel d'une solennité ridicule.
⇒BONZE, subst. masc.
A.— [Dans la bouche des Européens] Prêtre ou moine bouddhiste de l'Asie du Sud et du Sud-Est :
• 1. Sans agiter sa sonnette, un bonze s'était accoudé à la rampe du pavillon, abandonnant son sanctuaire à la poussière, au parfum des bois odorants qui brûlaient; les paysans qui recueillaient les graines de nénuphars passaient en barque, sans le moindre son; ...
MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 230.
B.— Fam, gén. péj. Personnage officiel, homme influent; en partic., personnage imbu de son autorité, pédant qui pontifie :
• 2. Je suis arrivé, comme il se devait, en avance et j'ai commencé de piloter les bougres, bonzes, pontifes, magnats et autres grands seigneurs des sciences et de la politique, au fur et à mesure qu'ils se présentaient pour prendre place, les uns sur l'estrade et les autres dans la salle.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 223.
• 3. J'ai toujours remarqué ... que les candidats débarqués de province réussissaient à l'agrégation beaucoup moins bien que les Parisiens ... C'était seulement parce que les Parisiens connaissaient mieux les bonzes.
L'Œuvre, 6 mars 1941.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1570 relig. bonzi, bonze « prêtre de la religion bouddhique » (FR. DE BELLEFOREST, Hist. Univ. du Monde, fol. 376b [à propos du Japon] dans KÖNIG, p. 32).
Empr. au port. bonzo « id. », attesté dep. 1545 (F. PINTO d'apr. DALG.), empr. au japonais bózu par l'intermédiaire d'une var. dial. (MACH. et DALG., s.v. bonzo; BL.-W.5; DAUZAT 1968; EWFS2; FEW t. 20, p. 93, s.v. )
STAT. — Fréq. abs. littér. :71.
DÉR. 1. Bonzerie, subst. fém. Monastère de bonzes. Nous faisons la halte méridienne dans une vieille bonzerie, au pied de la petite montagne qui sert de piédestal au mausolée des rois cambodgiens (LOTI, Un Pèlerin d'Angkor, 1912, p. 186). — []. PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930 notent une durée mi-longue sur la 1re syll. du mot. — 1re attest. 1845 (BESCH.); dér. de bonze, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 2. 2. Bonzesse, subst. fém. Femme bouddhiste vivant en communauté. Cérémonies célébrées par des bonzesses (J. CUISINIER, La Danse sacrée en Indochine et Indonésie, 1951, p. 123). — Seule transcr. de la forme bonzesse dans LITTRÉ : bon-zè-s'. Ac. Compl. 1842 (cf. aussi ROB.) admet bonzesse ou bonzelle. Lar. 19e et Nouv. Lar. ill. enregistrent bonzesse mais signalent : ,,on trouve quelquefois bonzelle``. Cf. aussi GUÉRIN 1892 : ,,Des dict. donnent aussi bonzelle``. Le reste des dict. (BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. encyclop. et QUILLET 1965) donnent uniquement bonzesse. — 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); dér. de bonze, suff. -esse.
BBG. — KÖNIG 1939, p. 32.
bonze [bɔ̃z] n. m.
ÉTYM. 1570; jap. bōzu « prêtre bouddhique », par l'intermédiaire du port. bonzo.
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1 Ministre de la religion bouddhique.
1 Nos amis bonzes, malgré une certaine onction ecclésiastique, rient volontiers d'un rire très bon enfant (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XL, p. 206.
2 Les bonzes en jaune, à tête rasée, s'entretiennent volontiers avec les voyageurs. Ces prêtres ou, comme nos vieux auteurs disaient, ces « talapoins », on les surprend le matin, assis au pied du dieu, parmi les offrandes, en train de converser avec un groupe de commères aux cheveux en brosse (…)
Paul Morand, Rien que la terre, p. 146.
2 Fig. et fam. Pontife; personnage en vue, quelque peu prétentieux. ⇒ Pédant. || Les bonzes d'une société, d'un parti.
3 Fam. || Bonze, vieux bonze : vieillard, et, par dénigrement, vieillard imbécile, gâteux.
4 (Altér. de gonze). Argot. Homme, individu. ⇒ Gonze.
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DÉR. Bonzerie, bonzesse.
Encyclopédie Universelle. 2012.