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béquiller

béquiller [ bekije ] v. <conjug. : 1>
• 1656; de béquille
1 V. intr. Marcher avec des béquilles.
2 V. tr. Étayer (un navire) avec des béquilles.
Mettre (une moto) sur sa béquille.

béquiller verbe intransitif Familier et vieux. Marcher à l'aide de béquilles. ● béquiller verbe transitif Étayer, caler, mettre d'aplomb un objet avec une ou plusieurs béquilles.

I.
⇒BÉQUILLER1, verbe.
A.— [P. réf. à bec « bouche »] Arg. ou pop., emploi trans., abs. ou intrans. Manger; p. ext. dissiper, dilapider. Béquiller la paie (D. POULOT, Le Sublime ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être, 1872, p. 313); pressés de courir béquiller leur quinzaine avec des amis (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 761) :
... tu crois manger du turbot, parce que c'est écrit sur la carte, comme s'il y avait encore du turbot! Imbécile! c'est du carrelet que tu béquilles...
HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 95.
Rem. 1. Attesté dans GUÉRIN 1892 et Lar. 19e, Lar. Lang. fr. 2. On rencontre dans ESN. 1966 le dér. béquillance, subst. fém. ,,Repas au réfectoire`` et dans A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 305, le dér. béquilleur, subst. masc. ,,Mangeur, gros mangeur.``
B.— [P. réf. à bec « extrémité en forme de pointe »]
1. Emploi trans. ,,Prendre en flagrant délit, « piquer »`` (ESN. 1966).
2. Emploi intrans. ,,Subir des brimades`` (ESN. 1966).
PRONONC. :[bekije].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1602 « attaquer, donner des coups de bec pour manger » (cité dans ESN. : Une charongne qu'il [le corbeau] commença à béquiller et à manger); forme becquiller dep. 1865 (L. L., Goualante de la Courtille dans ROSSIGNOL, Dict. d'arg., arg.-fr. et fr.-arg., p. 121); 1870 « dissiper » (D. POULOT, supra).
Dér. de bec étymol. 1; suff. -iller.
STAT. — Fréq. abs. littér. :2.
II.
⇒BÉQUILLER2, verbe.
A.— [P. réf. à béquille « appui »]
1. Emploi intrans., fam. Marcher en s'aidant d'une béquille ou de béquilles; boiter, clopiner :
1. Il n'y a plus qu'à buter et boiter et béquiller comme je peux jusqu'au prochain village...
CLAUDEL, Feuilles de Saints, 1925, p. 684.
Rem. 1. Un emploi pronom. se béquiller, ,,se traîner sur des béquilles`` est attesté dans GUÉRIN 1892 et chez J. DE LA VARENDE, L'Homme aux gants de toile, 1943, p. 141. 2. Le part. prés. est empl. comme adj. chez VERHAEREN, Les Campagnes hallucinées, 1893, p. 76 : béquillantes et minables vieilles. 3. G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 33 et A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 64 enregistrent le dér. béquilleur, béquilleux, euse, ,,boiteux, euse``. 4. On rencontre dans la docum. le néol. béquillade, subst. fém. (H. BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, p. 96; suff. -ade). Action de marcher à l'aide de béquilles.
2. Emploi trans.
a) Soutenir à l'aide de béquilles :
2. L'Abbé Vestris demeurait dans un plantureux presbytère; l'herbe semblait y repousser sous le bétail, et déjà les pommiers avaient été béquillés pour la récolte.
J. DE LA VARENDE, La Sorcière, 1954, p. 91.
Spéc., MAR. Béquiller un navire (DUMONT D'URVILLE, Voyage au pôle Sud, t. 9, 1846, p. 339).
Rem. 1. Emploi pronom. se béquiller, « être soutenu par des béquilles » dans BESCH. 1845, Lar. 19e, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill. : Port où les bâtiments fins doivent se béquiller au reflux de chaque marée. 2. BÉL. 1957 signale un dér. béquillage, subst. masc., ,,action de béquiller un navire``, noté aussi par QUILLET 1965.
b) Arg. [P. anal. d'aspect du pendu surmonté de la traverse du gibet (?)] Pendre (ANSIAUME, Arg. en usage au bagne de Brest, 1821, p. 6).
B.— [P. réf. à l'emploi techn. agric. de béquille] ,,Cultiver superficiellement le sol avec une béquille, genre de serfouette (en particulier dans les caisses d'oranger); écroûter`` (PLAIS.-CAILL. 1958).
Rem. Emploi enregistré, ainsi que les emplois A 1 et 2 a, par la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
PRONONC. :[bekije].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1656 Bequiller « utiliser une béquille, boiter » sans réf. dans Merc. de Fr., 1932, 703 d'apr. QUEM.; 1701 (Voyag. de Bechaumont dans FUR. 1701 : Un bequillard sec & tout gris, Bequilloit de même maniere Que Boyer bequille à Paris); 2. 1700 agric. « labourer » (LIGER, Mais. rustique, II, 272, édit. 1775 dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 288 : Béquillez la terre de vos pots ou caisses); 1846 mar., supra; 3. XVIIIe s. arg. « pendre » (Chans. dans ESN. : Crompe... nous serions béquillés); 1835 (RASPAIL, Réforme, 20-9-1835, p. 2 : Pessigné marron, becquillé. — Pris dans un délit).
Dér. de béquille dans ses diverses accept.; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :4.

1. béquiller [bekije] v. tr.
ÉTYM. 1602; de bec, et suff. -iller.
Argot, vx. Manger. Becqueter (2.), bouffer; béquillard (2.); → Camoufle, cit. 2.
0 Il ne s'agit pas de battre l'antife (marquer le pas) sur le boulevard, sans avoir à béquiller (manger), crois-moi, fais-toi casserole (mouchard), c'est une position tout à fait tranquille.
Louise Michel, la Misère, t. III, p. 640.
Dilapider. || « Béquiller sa quinzaine » (Zola, l'Assommoir, 1877, in T. L. F.).
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2. béquiller [bekije] v.
ÉTYM. 1656; de béquille.
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I V. intr. Marcher avec des béquilles.
1 Enfin, ils avaient trouvé le bout, ils s'en allaient en béquillant, sauvés, libres !
Zola, l'Œuvre, p. 376.
2 Des filets de sueur se rejoignent sur ma peau et coulent dans l'herbe, mon plâtre se resserre, il fond. Je béquille jusqu'au lavoir, je me trempe dans le bassin, la jambe posée au sec sur le rebord (…)
A. Sarrazin, l'Astragale, p. 97.
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II V. tr.
1 Mar. Étayer avec une (des) béquille(s). || Béquiller un navire, le munir de ses béquilles. || Béquiller un bateau avant l'échouage. Absolt. || La mer descend, il va être temps de béquiller.
2 Agric. Travailler (le sol) à l'aide d'une béquille ( Béquille, 3.).
3 (XVIIIe). Argot, vx. Pendre à une potence. Béquillard, béquille (argot).
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se béquiller v. pron.
Rare. Se déplacer en béquillant.
3 Elle se béquillait de la table à la cuisinière, son pied gauche, botté de plâtre, raclant le carrelage.
H. Troyat, la Faim des lionceaux, p. 47.

Encyclopédie Universelle. 2012.