biais, biaise [ bjɛ, bjɛz ] adj. et n. m. I ♦ Adj. Archit. Oblique par rapport à une direction principale. II ♦ N. m.
1 ♦ Ligne, direction oblique. ⇒ oblique, obliquité. Le biais d'un mur, d'une voûte.
♢ Cout. Dans un tissu, Sens de la diagonale par rapport au droit fil. Tailler dans le biais. — Spécialt Bande d'étoffe coupée en diagonale. Border une encolure d'un biais.
2 ♦ L'un des différents côtés (d'un caractère), des différents aspects (d'une chose). ⇒ aspect, côté. Par quel biais le prendre ? C'est par ce biais qu'il faut aborder le problème. — Moyen détourné, artificieux d'atteindre un but. ⇒ détour. « Mon esprit répugne au plus simple et prend irrésistiblement le biais » (A. Gide). Par le biais d'accointances politiques.
3 ♦ Statist. Fait susceptible de rendre un fait non représentatif. Estimateur avec biais.
4 ♦ Loc. adv. DE BIAIS; EN BIAIS. ⇒ obliquement (cf. De travers). Regarder de biais; jeter un coup d'œil en biais (cf. fam. En coulisse). « Cette robe, avec petite traîne en biais formant queue de lézard » (Loti). — Fig. Prendre qqn, qqch. de biais, d'une manière indirecte. « Certains êtres et certaines choses demandent à être abordés de biais » (A. Gide)(cf. Par la bande).
⊗ CONTR. Fil (droit fil).
● biais nom masculin (peut-être ancien provençal biais, détour, du latin populaire biaxius, qui a deux axes) Caractère oblique ; ligne oblique par rapport au plan générateur : Le biais d'un mur. Moyen indirect et habile de résoudre une difficulté : Chercher un biais pour éviter une corvée. Couture Diagonale d'un tissu par rapport à ses deux droits-fils (chaîne et trame). Bande de tissu coupée dans le sens de cette diagonale et utilisée en garniture. Passementerie Ornement de guipure posé en spirales sur un galon. ● biais (expressions) nom masculin (peut-être ancien provençal biais, détour, du latin populaire biaxius, qui a deux axes) De biais, en biais, obliquement. ● biais (synonymes) nom masculin (peut-être ancien provençal biais, détour, du latin populaire biaxius, qui a deux axes) Moyen indirect et habile de résoudre une difficulté
Synonymes :
- détour
- ruse
● biais
nom masculin
(de l'anglais bias)
Distorsion, déformation systématique d'un échantillon statistique choisi par un procédé défectueux, ou d'une évaluation.
Différence entre l'espérance mathématique d'un estimateur et la grandeur à estimer.
● biais, biaise
adjectif
Arche ou voûte biaise, celle dont le plan vertical de l'axe directeur est oblique par rapport au front, par opposition à l'arche ou à la voûte droite.
● biais, biaise (expressions)
adjectif
Arche ou voûte biaise, celle dont le plan vertical de l'axe directeur est oblique par rapport au front, par opposition à l'arche ou à la voûte droite.
biais
n. m.
d1./d Ligne oblique.
|| COUT Diagonale, par rapport aux fils du tissu. Tailler dans le biais.
d2./d Fig. Moyen détourné et ingénieux. Chercher un biais pour engager la conversation.
|| STATIS Artifice qui fausse une statistique.
d3./d Loc. adv. De biais, en biais: de côté. Jeter des regards en biais.
— Fig. Prendre quelqu'un de biais, de façon détournée.
⇒BIAIS, BIAISE, subst. masc. et adj.
I.— Substantif
A.— Direction, forme, position oblique. Le biais d'un mur :
• 1. Partout où j'apercevais quelqu'un qui pût me reconnaître, je tournais court, prenais un biais, et je m'enfonçais à perte d'haleine dans les sentiers étroits coupant les blés verts, ...
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 76.
— P. métaph. :
• 2. J'ai remarqué maintes fois, mon ami, que les hommes d'action, les esprits fermes et résolus, même les plus ignorants, quand ils s'abattent sur les pures idées, y font des percées profondes; (...). Jetés à la rencontre dans la métaphysique, ils y chevauchent étrangement et la traversent par les biais les plus courts, par des sentiers audacieux et rapides.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 105.
— En partic., COUT. La diagonale d'un tissu par rapport à la direction des fils :
• 3. ... Rocambole (...) avait le bras libre, il enfonça son poignard dans le sac, et la toile, dont il trouva heureusement le biais, se fendit d'un bout à l'autre, et lui permit d'étendre d'abord les bras, puis de dégager ses jambes.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 481.
♦ De biais. Anton. de droit fil.
B.— Au fig.
1. Péjoratif
a) Déformation, travers :
• 4. Je ne sais même plus si je fus bien avisé d'écrire que ces doctrines purent, à leur époque, être utiles à notre pays, tant le biais qu'elles donnent aux esprits peut devenir redoutable.
GIDE, Journal, 1934, p. 1209.
b) Détour, subterfuge. Recourir à des biais :
• 5. ... je voudrais bien trouver un biais, une espèce de subterfuge, une manière de faux-fuyant pour ne pas me brouiller avec lui, ...
A. DUMAS Père, Halifax, 1842, I, 8, p. 37.
• 6. Cet homme courageux, qui possédait, par nature et par volonté, les vraies vertus d'un vrai soldat, détestait la perfidie, les compromis de conscience, tous les biais, toutes les lâchetés. Il avait senti que son devoir était de parler, de ne pas laisser accuser un innocent.
P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 226.
2. Non péj.
a) Moyen de résoudre un problème, issue. Chercher, inventer, trouver un biais; une situation sans biais; prendre un biais (une bonne tournure).
b) Côté, aspect, point de vue sous lequel une chose se présente :
• 7. Mais de ce que les choses ont diverses qualités, l'âme plusieurs biais et inclinations, l'homme classique n'en sent que davantage la nécessité de ne point se livrer aux ténèbres de la conscience intérieure...
MASSIS, Jugements, t. 2, 1924, p. 49.
c) Par le biais de. Sous l'aspect, du point de vue de. Aborder une étude par le biais de la linguistique, de la sociologie.
C.— Loc. adv. De biais, en biais. Obliquement, de travers, en travers, de guingois :
• 8. ... elle faisait du plat de la main un petit geste en biais, net et péremptoire qui mettait la discussion au cran d'arrêt.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 437.
SYNT. 1. (En parlant de pers.). Marcher de biais. En crabe. Sauter de biais. De côté. S'asseoir, regarder, sourire de biais; prendre un chemin, traverser une place de biais. 2. (En parlant de choses). Enfoncer des pieux, des piquets en biais; un violent vent de biais; la pluie en biais.
— P. métaph. :
• 9. ... les pseudo-agressivités de faiblesse, qui frappent de biais en refusant le combat et triomphent sans lutte en déconsidérant l'adversaire : manie de dénigrement, de l'injure à distance, de la récrimination interminable, et, à la pointe, manies morbides de la persécution, où le persécuteur s'affirme persécuté.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 561.
• 10. ... c'est justement parce que la positivité suprême est trop positive, trop brûlante et trop éblouissante, et parce que nul n'en supporte l'éclat, que nous l'exprimons de biais, obliquement et indirectement; nous nous la suggérerons ainsi à nous-mêmes par des allusions et des périphrases.
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 68.
— Spéc., MAN. Aller en biais. Se dit d'un cheval qui avance alternativement chaque épaule avant la croupe.
Rem. 1. Attesté dans les dict. du XIXe s. 2. Cf. contre-biais.
II.— Adj. Qui est oblique par rapport à la direction principale. Arche, fenêtre, porte, voussure biaise :
• 11. Je ne hais pas cette voûte en pendentif, à plan berlong et à coupes rondes; mais j'aurais préféré pourtant une voûte d'arête, biaise et également berlongue.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 69.
♦ Pont biais :
• 12. Il suffit de se méfier au kilomètre 6 endroit de péril où la route enjambe le précipice par un pont biais...
A. ARNOUX, Le Chiffre, 1926, p. 10.
PRONONC. — 1. Forme phon. :[], fém. [-]. Pour FÉR. 1768 le mot se prononce en une seule syll. longue; il souligne : ,,en vers, on peut le faire de deux syllabes`` (cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787 et GATTEL 1841). LITTRÉ transcrit bi-ê ou biê et écrit : ,,Molière fait ce mot tantôt monosyllabe, tantôt dissyllabe, l's se lie.`` DG rappelle également qu'au XVIIe s. le mot est dissyllabique. Enq. :/bje, D/. 2. Homon. : biez (canal d'un moulin, cf. DARBOIS 1830, p. 234 et ZLAT. 1862, p. 74).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1250 loc. adv. de biais « qui n'est pas coupé dans le droit fil » (DOUIN DE LAVESNE, Trubert, éd. G. Raynaud de Lage); 2. 1563 adj. « oblique » (PALISSY, Recepte dans GDF. Compl.); fin XVIe s. fig. (MONT., IV, 239 dans LITTRÉ); 3. fin XVIe s. a) subst. « aspect d'une chose » (ID., I, 272, ibid.); b) 1694 cout. (Ac.); c) av. 1592 « moyen détourné » (MONT., I, 224 dans LITTRÉ).
Prob. empr. à l'a. prov. biais « direction oblique, détour », XIIe s. (ds RAYN.), d'où le mot paraît s'être répandu dans la Romania. Orig. du prov. controversée. L'hyp. la plus vraisemblable est celle d'un lat. biaxius « qui a deux axes » (Holthausen dans Arch. St. n. Spr., t. 113, p. 36; v. COR., s.v. viaje II).
STAT. — Fréq. abs. littér. :501. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 114, b) 460; XXe s. : a) 756, b) 1 331.
BBG. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 305. — BRÜCH (J.). Etymologisches. Neuphilol. Mitt. 1921, t. 22, pp. 117-119. — BRÜCH (J.). Wortmiszellen. Neuphilol. Mitt. 1922, t. 23, pp. 93-94. — FEUGÈRE (F.). Apr. sept cents ans. Déf. Lang. fr. 1970, n° 53, p. 11. — Vocab. techn. des quilles. Québec, 1972, p. 20.
biais [bjɛ] n. m. et adj.
ÉTYM. XIIIe, de biais; anc. provençal biais, p.-ê. du grec epikarsios « oblique » ou d'un lat. biaxius « qui a deux directions »; Guiraud postule un comp. bigax ou bigaxis.
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I N. m.
1 Ligne, sens, direction oblique. ⇒ Oblique, obliquité. || Le biais d'un mur, d'une voûte, d'un point. || Le biais d'une maison par rapport à la rue.
♦ (1680). Cout. Dans un tissu, Sens de la diagonale par rapport au droit fil. || Tailler, couper dans le biais. — Spécialt. Bande d'étoffe coupée en diagonale. || Poser un biais pour garnir une robe. || Border une encolure d'un biais.
2 (Fin XVIe). L'un des différents côtés (d'un caractère), des différents aspects (d'une chose). ⇒ Aspect, côté, point de vue. || Par quel biais le prendre ? || C'est par ce biais qu'il faut considérer le problème.
1 Et du biais qu'il faut vous prenez cette affaire.
Molière, Sganarelle, 21.
2 (…) dès qu'il ne s'agit point de l'intérêt, il ne nous coûte rien d'avoir une conscience droite (…) et cet intérêt dont nous ne voulons pas nous dépouiller, par une vertu bien surprenante, fait prendre à nos consciences tel biais et tel pli qu'il nous plaît de leur donner.
Bourdaloue, Sermon pour le 3e dim. de l'Avent, Sur la fausse conscience.
3 Le mauvais goût est une fausseté de jugement, un biais naturel dans les idées.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, IV, 5.
♦ Moyen détourné, artificieux d'atteindre un but, de trouver une solution. ⇒ Détour. || Aller droit au but, au fait, sans aucun biais. || Chercher, imaginer, trouver, prendre un biais. || Le bon biais. || Utiliser des biais. || Par le biais d'accointances politiques.
4 — On cherchera des biais pour le rompre (ce mariage).
— Mais quelle invention trouver !
Molière, l'Avare, I, 5.
5 Je ne sais quel biais ils ont imaginé.
Racine, les Plaideurs, I, 7.
6 (…) c'est un prétexte, un biais que vous prenez pour me faire oublier ce que je voulais savoir et vous délivrer de mes questions.
A. de Musset, Bettine, II.
7 Sans doute il eût été bien simple d'aller droit au fait; mais précisément mon esprit répugne au plus simple et prend irrésistiblement le biais.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, 15.
7.1 Il m'a fallu revenir maintes fois sur la question, et par des biais variés, pour obtenir qu'il s'expliquât.
Roger Vailland, 325 000 francs, p. 235.
3 Statist. Élément susceptible de rendre un fait non représentatif.
4 ☑ Loc. adv. (Premier sens attesté). De biais, en biais. ⇒ Obliquement, travers (de). || Aller de biais. || Tailler une haie en biais. || Couper une étoffe en biais. || Traverser une rue en biais. || Regarder de biais; jeter un coup d'œil en biais (→ fam. En coulisse).
8 Ses jambes (…) l'auraient agrandi si elles eussent été verticales; mais elles posaient de biais comme celles d'un compas très ouvert.
Rousseau, les Confessions, IV.
9 Cette robe collant un peu au bas des jambes avec petite traîne en biais formant queue de lézard.
Loti, Mme Chrysanthème, I, VII, p. 59.
♦ ☑ Fig. Aborder, prendre qqch., qqn de biais, d'une manière indirecte.
10 Accoutumés que nous sommes à ne voir aller les hommes que de biais et par détours (…)
Massillon, Oraison funèbre de Turenne.
11 Il est certains esprits qu'il faut prendre de biais,
Et que, heurtant de front, vous ne gagnez jamais (…)
J.-F. Regnard, le Légataire universel, II, I.
12 Certains êtres et certaines choses demandent à être abordés de biais.
Gide, Journal.
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II Adj. (1563). || Biais. Archit. Oblique par rapport à une direction principale. || Un pont biais, une voûte biaise. || Une porte biaise, percée obliquement.
13 La porte était fermée; à travers une fenêtre biaise on apercevait un autel avec une croix.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 3.
14 Une interprétation détournée, contrainte et biaise.
Montaigne, Essais, IV, 239.
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CONTR. Direct, droit, rectiligne. — Front (de).
DÉR. Biaiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.