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bonasse

bonasse [ bɔnas ] adj.
• fin XVe aussi « calme »; it. bonaccio bonace
Qui est faible, d'une bonté excessive par simplicité d'esprit, par peur des conflits. faible, 1. mou. Par ext. Un air, un ton bonasse. « Tout leur visage est calme ou reposé, paterne ou bonasse » (Taine). ⊗ CONTR. Énergique, sévère. ⊗ HOM. Bonace.

bonasse adjectif (de bonace) Qui fait preuve d'une bonté excessive, par faiblesse, naïveté, simplicité d'esprit. ● bonasse (difficultés) adjectif (de bonace) Orthographe et sens Ne pas confondre ces deux homonymes. 1. Bonace n.f. = calme de la mer avant ou après une tempête. 2. Bonasse adj. = trop bon, bon par faiblesse. ● bonasse (homonymes) adjectif (de bonace) bonace nom fémininbonasse (synonymes) adjectif (de bonace) Qui fait preuve d'une bonté excessive, par faiblesse, naïveté, simplicité...
Synonymes :
- bonhomme
- débonnaire
- paterne
Contraires :
- autoritaire
- dur
- énergique
- impitoyable

bonasse
adj. Bon jusqu'à la niaiserie; simple et sans malice.

⇒BONASSE, adj.
A.— [En parlant d'une pers.] Qui a bon caractère, qui se montre très complaisant dans ses relations avec autrui, souvent jusqu'à l'excès, par simplicité d'esprit, faiblesse de tempérament :
1. Elle était heureuse et n'avait pas d'ailleurs sujet de se tracasser. Son mari était un homme bonasse et bébête, obéissant sans regimber à ses moindres ordres.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 101.
PARAD. a) (Quasi-)synon. bête, bienveillant, brave, faible, inoffensif, niais, paterne, simple, sot, veule. b) (Quasi-)anton. astucieux, cynique, dur, énergique, féroce, fin, malin, matois, méchant, retors, roublard, rusé, sévère, sournois.
Rem. S'emploie parfois à la forme subst. : Madame Baudouin, grosse « bonasse » (DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 179); un bonasse... un naïf (HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Pigeons et vautours, 1886, p. 175); faire la bonasse (GIONO, Un de Baumugnes, 1929, p. 61); cf. aussi ces bonasses de paysans (SUE, Les Mystères de Paris, t. 3, 1842-43, p. 144).
B.— [En parlant d'un aspect de la pers., d'un trait du comportement hum.] Qui dénote un bon caractère, une nature accommodante jusqu'à l'excès :
2. ... ce serait le type de la fille facile par douceur, par envie de folâtrer, par tempérament bêta et bonasse. En voilà encore une sur qui l'école devra avoir une action des plus raffermissantes.
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 102.
3. La voix était bonasse et molle, une voix de franc feignant, sans malice.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 195.
4. ... vous l'auriez vu arriver, de sa marche indolente, balancée, avec son air endormi, bonasse, sa bonne tête d'assiette de Quimper, un peu rouge, ...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 145.
P. anal. :
5. ... l'âne qui porte Notre-Seigneur entrant à Jérusalem a une vraie mine d'âne, bonasse et pacifique; ...
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 332.
C.— [En parlant d'une chose abstr.] Dépourvu de tout heurt, de toute animosité, excessivement tranquille :
6. ... il [Coriolis] voyait toutes sortes de servitudes, d'abdications et de ramollissements pour l'artiste, dans cette félicité bonasse du ménage, cet état doux, lénitif... où s'éteint la fièvre qui fait créer.
E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 141.
Rem. 1. Péguy a utilisé ce mot dans son accept. primitive, avec l'orth. de son homon. bonace, subst. fém. : quand la mer est bonace (Ève, 1913, p. 823). 2. On rencontre dans la docum. les néol. a) Bonasson, adj. L'air bonasson et endormi (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 90; suff. -on). Péj. (Quasi-)synon. de bon(n)asse, indolent, mou. b) Bonassité, subst. fém. À la bonassité du mari et à la douceur de la femme (FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 28; suff. -ité). (Quasi-)synon. de bon(n)asserie.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. : bonace. 3. Forme graph. — L'ensemble des dict. écrit bonasse avec un seul n.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— 1288 mar. bonace « (de la mer) calme » (RENART LE NOUVEL, 5622 dans T.-L.); 1543 bonasse (Amadis, IV, 6 dans HUG.) — 1606, NICOT, forme bonace.
II.— Fin XVe s. bonace « qui est d'un caractère bon et doux » (Recueil de pièces rares, 1872, p. 110 cité par O. Bloch. dans Fr. mod., t. 4, p. 341); 1542 bonas (DU PINET, Pline, XXVI, 4 dans GDF. Compl.; 1611 bonasse (COTGR.); Ac. 1690 note ,,Il ne se dit guère qu'en mauvaise part (...) Il est bas.``
I représente l'emploi adj. de bonace subst. Il est difficile de dire si II résulte — ou bien d'une évolution de I, la notion de calme ayant été ultérieurement appliquée à une personne (cf. l'adj. calme) avec assimilation au suff. -asse par étymol. seconde, d'où l'emploi péj. (BL.-W.5) — ou bien d'une dérivation de bon avec suff. -asse (FEW t. 1, p. 434a) — ou bien d'un empr. à l'ital. bonaccio « id. », lui-même dér. de buono (Vidos dans Z. fr. Spr. Lit., t. 58, 1934, pp. 448-449 et Mél. Fouché, Paris, 1970, p. 46; EWFS2. DAUZAT 1973). Dans les 2 premières hyp., la forme bonas représente la forme masc. du suff. avant la généralisation de la forme fém., voir aussi NYROP t. 3, § 183 rem.; dans la 3e hyp., bonas représente une adaptation de l'italien.
STAT. — Fréq. abs. littér. :77.
BBG. — HOPE 1971, p. 30. — SAR. 1920, p. 43.

bonasse [bɔnas] adj.
ÉTYM. Fin XVe; ital. bonaccio (du lat. bonus), « calme ». → Bonace.
(Personnes). Faible, d'une bonté excessive par simplicité d'esprit, par peur des conflits. Boniface (vx), faible, mou. || Un homme bonasse (→ Bonhomme, cit. 3).REM. Sans être ni archaïque ni littéraire, le mot est marqué et plus ou moins fréquent selon les régions.
0.1 — Comment, ils ont été assez bons ?
— Assez bons, assez bons, assez bonasses, vous voulez dire.
Henri Monnier, Scènes populaires, « Les bourgeois campagnards », 5, p. 335.
N. || Un bonasse.
Par ext. || Caractère, figure, air, ton bonasse. || Des apparences bonasses. || Langage bonasse ( Bonhomie).Subst. (N. m.). → ci-dessous, cit. 2.
1 Je l'aurais déjà poussé si je lui avais trouvé quelque disposition, mais il a l'esprit trop bonasse, cela ne vaut rien pour les affaires (…)
A. R. Lesage, Turcaret, II, 5.
2 C'est (Turenne) un terne visage hollandais (il l'était de mère et d'éducation), qui tournerait au bonasse s'il n'avait la bouche fort arrêtée, réservée, mais très ferme.
Michelet, Extraits historiques, p. 228.
3 (…) tout leur visage est calme ou reposé, paterne ou bonasse : tel est le bonheur du tempérament flegmatique (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 307.
4 Les bêtes et les gens n'arrivaient pas à le haïr : à cause d'une espèce d'inertie bonasse ou peut-être à cause de son visage.
Sartre, l'Âge de raison, VII, p. 102.
5 Quel drôle de moinillon avec ses mains à l'intérieur des manches. Cette odeur douceâtre, débonnaire et bonasse depuis qu'elles sont entrées, serait-ce l'odeur des vieux manteaux qu'on me donnait à neuf ans ? C'est l'odeur de la misère qui ne finit pas.
Violette Leduc, la Folie en tête, p. 127 (1970).
CONTR. Dur, énergique, fin, sévère.
DÉR. Bonassement, bonasserie.
HOM. Bonace.

Encyclopédie Universelle. 2012.