bonhomme [ bɔnɔm ] , plur. bonshommes [ bɔ̃zɔm ] n. m. I ♦ Adj. (plur. bonhommes [ bɔnɔm ] ). Plein de bonhomie. Des airs bonhommes. ⇒ bon enfant. II ♦ N. m.
1 ♦ Vx Homme bon.
2 ♦ (XVIIe) Vx Homme simple, peu avisé et crédule. ⇒ naïf. Un bonhomme de mari.
3 ♦ Vieilli Homme d'un âge avancé. ⇒ vieux. « À quatre-vingts ans, le bonhomme était toujours d'attaque » (Balzac).
4 ♦ Fam. (peu respectueux) Homme, monsieur. Le bonhomme m'interpelle. Je croise un bonhomme dans l'escalier. Un drôle de bonhomme. ⇒ mec, type. Une bonne femme et deux bonshommes. « J'ai connu quelques bonshommes comme cela » (Dutourd).
♢ (Avec une nuance admirative) C'est un grand bonhomme. ⇒ quelqu'un.
5 ♦ (XVIIIe) Terme d'affection en parlant à, d'un petit garçon. Mon bonhomme. Ce petit bonhomme a déjà cinq ans.
6 ♦ (1863) Fam. Figure humaine dessinée ou façonnée grossièrement. Dessiner des bonshommes. Un bonhomme de neige.
7 ♦ Loc. Aller, poursuivre son petit bonhomme de chemin : poursuivre ses entreprises sans hâte, sans bruit, mais sûrement. — Nom d'un petit bonhomme ! juron familier.
● bonhomme, bonhommes adjectif Qui a ou qui dénote de la bonhomie : Air bonhomme. ● bonhomme, bonhommes (difficultés) adjectif Orthographe L'orthographe du pluriel varie selon que le mot est employé comme nom ou comme adjectif. 1. Bonhomme n.m. Plur. : des bonshommes. De drôle de petits bonshommes. 2. Bonhomme adj. Plur. : bonhommes. Il prend des airs bonhommes. ● bonhomme, bonhommes (synonymes) adjectif Qui a ou qui dénote de la bonhomie
Synonymes :
- bonasse
- candide
- débonnaire
- simple
Contraires :
- affecté
- arrogant
- hautain
● bonhomme, bonshommes
nom masculin
(de bon et homme)
Terme familier désignant un homme quelconque, avec des nuances diverses (le féminin est bonne femme) : Un vieux bonhomme. Mon petit bonhomme.
Figure représentant grossièrement un être humain : Un bonhomme de neige.
Populaire. Mari.
● bonhomme, bonshommes (difficultés)
nom masculin
(de bon et homme)
Orthographe
L'orthographe du pluriel varie selon que le mot est employé comme nom ou comme adjectif.
1. Bonhomme n.m. Plur. : des bonshommes. De drôle de petits bonshommes.
2. Bonhomme adj. Plur. : bonhommes. Il prend des airs bonhommes.
● bonhomme, bonshommes (expressions)
nom masculin
(de bon et homme)
Familier. Aller son petit bonhomme de chemin, poursuivre son action, sa vie sans éclat, mais avec calme et résolution.
Nom d'un petit bonhomme !, juron familier et anodin.
Familier. Un grand bonhomme, un homme supérieur, admiré, respecté.
Test du bonhomme, test par lequel on apprécie le développement intellectuel d'un sujet et qui est fondé sur le nombre de détails figurant sur le dessin d'un personnage dessiné en temps libre et sans gommer.
bonhomme plur. bons-hommes
n. m. (et adj. inv.)
d1./d Vieilli Homme simple, doux, naïf.
|| adj. inv. Simple, doux, naïf. Il a des aspects bonhomme.
d2./d Fam., péjor. Homme. Qui est ce bonhomme?
d3./d Terme d'affection (en parlant à un petit garçon). Mon petit bonhomme!
d4./d Figure humaine grossièrement dessinée ou façonnée. Un bonhomme de neige.
— Bonhomme Carnaval: V. carnaval.
— (Québec) Bonhomme sept heures: croquemitaine, personnage invoqué pour que les enfants aillent au lit.
d5./d Loc. Aller son petit bonhomme de chemin: vaquer tranquillement à ses affaires.
⇒BONHOMME, subst. masc. et adj.
I.— Substantif
A.— Vieilli
1. Homme bon, vertueux, d'un comportement favorable, agréable à autrui. Helvétius, (...) honnête homme et bon (sic) homme (mot dont on a trop mésusé, et qu'il faut faire revenir à sa première valeur) (CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 273); un bonhomme facile, leur rendant la vie douce et tranquille (FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 24).
♦ Faux bonhomme. Celui qui contrefait la bonté pour mieux parvenir à ses fins. ... faisant la chattemite, le bon apôtre, le faux bonhomme, et démolissant sournoisement tout ce qui ne lui sert pas (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 191); les Faux bonshommes, pièce de T. Barrière et E. Capendu (1856).
Rem. Bons-hommes désignait autrefois plusieurs sortes de religieux : Les innombrables sectes communistes du moyen-âge (...) bégards, bons-hommes (...) vrais disciples de Jésus (RENAN, Hist. des origines du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 191).
2. Par affaiblissement, gén. péj. Homme simple, naïf, excessivement crédule ou complaisant :
• 1. Danglars, vis-à-vis du monde et même vis-à-vis de ses gens, affectait le bonhomme et le père faible : c'était une face du rôle qu'il s'était imposé dans la comédie populaire qu'il jouait; (...), dans l'intimité (...) la plupart du temps, le bonhomme disparaissait pour faire place au mari brutal et au père absolu.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 493.
SYNT. Bonhomme de mari : le bonhomme de mari marchand ou juge à Florence (LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 290). Faire le bonhomme : ... faisait le bonhomme (...) jouant, zézayant (ZOLA, Nana, 1880, p. 1290).
B.— P. ext., fam., pop. [Avec une nuance de protection, de pitié, de dédain ou d'affection, selon les cas]
1. Emplois discursifs. Personne traitée sans grand respect parce que considérée comme un inférieur ou un égal sous divers rapports.
a) [Sous le rapp. de l'âge]
— Vx. Vieillard (la sénilité étant censée diminuer les facultés). Vieux bonhomme :
• 2. ... en Touraine, en Anjou, en Poitou, dans la Bretagne, le mot bonhomme, déjà souvent employé pour désigner Grandet, est décerné aux hommes les plus cruels comme aux plus bonasses, aussitôt qu'ils sont arrivés à un certain âge. Ce titre ne préjuge rien sur la mansuétude individuelle.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 124.
— Jeune homme. Un petit bonhomme de vingt-cinq ans environ (...) un monocle, l'air considérable (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 125) :
— Enfant :
• 3. C'était un bonhomme de cinquante ans qui menait par la main un bonhomme de six ans. Sans doute le père avec son fils. Le bonhomme de six ans tenait une grosse brioche.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 468.
b) [Sous le rapp. de l'aspect physique] Individu de petite taille. Un petit bonhomme comme un petit homme nain (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1866, p. 252).
c) [Sous le rapp. de la condition soc.]
— Vx. Paysan. Tous ces bonshommes et bonnes femmes en superbes et barbares costumes de moujiks (ALAIN-FOURNIER, Correspondance [Avec J. Rivière], 1908, p. 358).
♦ Absol. (surtout p. oppos. au milit.). Le bonhomme, vivre aux dépens du bonhomme, etc. Des animaux de guerre, le harnois sur le dos et les armes au poing, avaleurs de pois gris, lévriers affamés, jamais las de manger le bonhomme (R. ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, p. 30).
♦ Jacques Bonhomme. Sobriquet du paysan. Le John Bull des Anglais, le Jacques Bonhomme des Français (BALZAC, Œuvres diverses, t. 2, 1850, p. 54); un de ces volumes qu'on fabrique pour les paysans (...) « Les veillées du bonhomme Jacques » (ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 277).
— Tout autre roturier, homme du peuple ou bourgeois :
• 4. ... il paraissait, tout archevêque qu'il était, aussi ridicule et aussi mal avisé que le bonhomme Gorgibus de Molière, ou, si l'on veut, le bonhomme Chrysale, parlant à une précieuse, ou encore un homme de bon sens de la classe moyenne de la restauration se lançant à causer politique avec une jeune beauté doctrinaire.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 78.
— Spéc., arg. milit. Simple soldat (p. oppos. à gradé) :
• 5. Et le 22 mai, à midi, nos bonshommes rentrent dans le fort de Douaumont. Soldats de la division Mangin, bataillons des 36e, 129e, 74e et 54e régiments, vous vous souviendrez de cette heure et de cette date où vous égalâtes les plus audacieux conquérants!
BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 141.
— Mod., cour. Homme quelconque. Pauvre bonhomme, drôle de bonhomme :
• 6. — Si ce monsieur finance L'Espoir, il voudra y mettre son nez, dit Henri.
— Ah! ça, pas question! dit Dubreuilh. (...).
— Ça m'a l'air d'un dôle de philanthrope, votre bonhomme.
— Si vous voyiez le type, vous comprendriez tout de suite, dit Dubreuilh.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 140.
PARAD. a) (Quasi-)synon. gars, mec, quidam, type. b) (Quasi-) anton. célébrité, notabilité, personnalité.
d) [Sous le rapp. de l'esprit] Individu remarquable par sa valeur intellectuelle, son talent, etc., mais envers qui on affecte une certaine familiarité pour le dénigrer, ou, le plus souvent, pour traduire, sans excès d'emphase, l'admiration très vive et très sincère qu'on lui porte. Grand bonhomme :
• 7. ... je regrette, au point de vue du comique, qu'on n'ait point poursuivi le père Hugo, pour son dernier bouquin que, moi, je trouve superbe. Quelle narration! Et quel gaillard que ce bonhomme!
FLAUBERT, Correspondance, 1877, p. 93.
— Absol. Le bonhomme. Surnom de La Fontaine. Je trouve irrespectueux d'appeler La Fontaine « le bonhomme » (RENARD, Journal, 1909, p. 1220).
Rem. Dans cette accept., bonhomme tend à reprendre la valeur favorable qu'il avait à l'orig. (cf. accept. I A 1).
2. Emplois interjectifs
a) Bonhomme!, Mon bonhomme!, etc. « Passez, passez, bonhomme, on vous a donné. » (Formule usitée envers les pauvres qui redemandent l'aumône) (CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 98); adieu, bonhomme Paul (...) Au revoir, mon bonhomme (COURIER, Pamphlets pol., Lettres particulières, 1820, p. 70).
Rem. 1. A pu s'employer except. à l'adresse d'une pers. de sexe fém. : chérie! petit bonhomme! mon chou! (AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, I, p. 142); mademoiselle ma fille, mon petit bonhomme (CLAUDEL, Le Pain dur, 1918, I, 3, p. 424). 2. S'emploie aussi en soliloque à l'adresse d'une pers. présente ou non : « cause toujours, mon bonhomme! » (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 342).
b) Nom d'un petit bonhomme! Juron inoffensif (cf. BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 190; BERNANOS, Un Crime, 1935, p. 808, etc.).
Rem. D'apr. Larchey (Les Excentricités du lang. ..., 1865, p. 221) : ,,Nom d'un petit bonhomme est une allusion aux statuettes qui représentent le Christ.``
Rem. gén. rel. aux accept. I A et I B. Le sens originel de bonhomme (= homme bon, cf. I A) s'est complètement perdu dans les emplois les plus récents et les plus cour. du mot (cf. I B). D'où la possibilité en I B d'associations contradictoires ou redondantes p. rapp. à la signif. première : un bon bonhomme (A. DAUDET, Le Petit Chose, 1868, p. 326; G. NOUVEAU, Valentines. 1886, p. 157; BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 122); un méchant bonhomme (R. MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littér., 1943, p. CXVI).
C.— Par image
1. Figure représentant schématiquement un homme moyen. Dessiner des bonshommes, test du bonhomme :
• 8. ... vers dix-huit ou vingt mois, le bébé commence à « gribouiller », à porter, sous forme de griffonnages, des « traces intentionnelles »; vers trois ans, ces traces commencent à devenir imitatives, mais le bonhomme se traduit par un rond et deux bâtons; l'ère du hasard est close. Après quatre ans, deux points interviennent dans le rond pour évoquer les yeux, (...). Il faut attendre six ans, au plus tôt, pour que se manifeste le sens objectif; « le bonhomme est complet, membres encore mal articulés »; ...
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, pp. 116-117.
Rem. Bonhomme ne désigne pas seulement un dessin d'enfant ou de primitif; il peut désigner aussi une figurine quelconque rappelant la forme humaine : les poupées (...) les bonshommes (...) les jouets (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 168); les « bonshommes » (...) figures de cire (VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 5); mille bibelots, des potiches, des statuettes, des bonshommes de Saxe et des magots de Chine (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Mademoiselle Fifi, 1881, p. 158); bonshommes, faits de quatre branches et d'une vieille chemise, qu'on met dans les jardins pour faire peur aux moineaux (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 148).
— Spéc. Bonhomme de neige. Patapouf énorme, informe et blafard, comparable aux bonshommes de neige que construisent les enfants, l'hiver (BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 145); bonhomme de/en pain d'épices (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 87).
— [Avec une valeur allégorique]
♦ Bonhomme hiver (sans doute p. allus. au vieillard qui personnifie l'hiver) (cf. A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 449).
♦ Péj. Dieu figuré sous forme humaine. Un bonhomme à longue barbe blanche (...) [être] athée à ce vieux bon Dieu-là (HUGO, L'Année terrible, 1872, p. 89).
2. P. ext.
a) JEUX. Petit bonhomme vit encore. Phrase prononcée par les joueurs en se transmettant l'un à l'autre une allumette ou un morceau de papier enflammé(e), symbolisant une forme humaine (l'extinction étant punie d'un gage). Un jeu qu'on appelle le petit bonhomme vit encore, jeu que les anciens connoissoient sous un nom plus noble (CHATEAUBRIAND, Polémique, 1818-27, p. 164).
Rem. P. allus. au jeu (maintenant vieilli), cette expr. s'emploie dans la lang. cour. pour signifier que qqn se porte toujours très bien malgré les apparences (cf. FLAUBERT, Correspondance, Suppl., 1879, p. 287; MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 863).
b) Domaine littér. Personnage de roman, etc. :
• 9. Quand je faisais des romans, que je créais des personnages, ma création me tenait compagnie, faisait une société, peuplait enfin ma solitude, — je vivais avec les bonshommes et les bonnes femmes de mon bouquin.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1885, p. 464.
SYNT. Entrer/se mettre dans la peau du bonhomme : ... entrer dans l'esprit de son héros, « dans la peau de son bonhomme », comme disent les gens de ce moment du siècle (VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 2, Voyage en France par un Français, 1896, p. 113); ... me mettre dans la peau de mes bonshommes (RENARD, Journal, 1896, p. 348); tenir son bonhomme (cf. E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 20).
Rem. 1. Ces expr. seraient partic. au théâtre selon les dict., mais les attest. littér. montrent qu'elles s'emploient dans un cont. plus gén. 2. Sans doute p. anal. avec les personnages littér., bonhomme s'emploie parfois en parlant de soi, pour évoquer un certain aspect de sa propre personnalité : ... en moi (...) deux bonshommes distincts (FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 343).
D.— P. métaph. Nos vieux bonshommes de clochers (COPPÉE, Prose, t. 7, Mon franc-parler II, 1896, p. 80); ... la lampe (...) tranquille, sous son bonhomme d'abat-jour vert (BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 107).
E.— Au fig. Un bonhomme de proverbe (G. SAND, Souvenirs de 1848, 1876, p. 172); un brave bonhomme de sujet, suffisamment intéressant, bien littéraire, bien sage (G. MAGNANE, La Bête à concours, 1941, p. 82).
♦ Aller son petit bonhomme de chemin. Suivre la voie toute tranquille qu'on a choisie, sans se laisser dérouter par les événements extérieurs (cf. CONSTANT, Journaux intimes, 1803, p. 43; CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 63).
Rem. gén. sur le subst. 1. Noter la fréquence du tour bonhomme de + subst. à de nombreux niveaux d'emploi : de y joue le rôle de cheville syntaxique reliant bonhomme à un terme en apposition. 2. Noter chez certains aut. qq. essais d'emploi en loc. à la bonhomme, en bonhomme : ... enfonc[er] à la bonhomme ses deux mains dans ses poches (BARRÈS, Les Déracinés, 1897, p. 307). 3. Bonhomme subst. a pour plur. correct bonshommes. ,,Le pluriel bonhommes est populaire`` d'apr. THOMAS 1956. On le rencontre pourtant chez les meilleurs aut. : ... ces deux gros bonhommes (PÉGUY, Ève, 1913, p. 826). Cette forme serait licite d'apr. Lar. 20e et Lar. encyclop. dans l'accept. I B 1 c spéc. arg. milit. : qq. aut. l'utilisent (cf. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 13 et 120; BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 285), mais d'autres emploient la forme cour. (ex. 5).
II.— Adjectif
A.— [En parlant d'une pers., d'un groupe de pers., d'un aspect du comportement hum.]
1. Vieilli. Qui a un bon naturel, qui se montre favorable, secourable à autrui :
• 10. Messire Jean Chouart était bonhomme, tout à son bréviaire, à ses ouailles; il était doux, et humble de cœur, secourait l'indigent, confortait le dolent, assistait le mourant, il apaisait les querelles, pacifiait les familles : ...
COURIER, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 26.
PARAD. a) (Quasi-)synon. bienveillant, bonasse, débonnaire, gentil. b) (Quasi-)anton. féroce, méchant.
2. Par affaiblissement. Sans détours, d'une grande simplicité et complaisance. Un rire bonhomme, un sourire bonhomme et presque naïf :
• 11. Ce parler lent, poussif, bonhomme, fait pour conduire l'évidence tranquille, recèle une preuve touchante d'intimité avec soi-même et de franchise confiante; c'est foncièrement et uniquement puéril.
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 18.
• 12. ... ils donnent généralement des incrédules caustiques et froidement agressifs (NEAP) ou bonhommes et tolérants (EAP). S'ils sont religieux, leur religion est facile et accommodante.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 743.
PARAD. a) (Quasi-)synon. affable, aimable, bon prince, candide, conciliant, facile, franc, naturel, pacifique, paternel. b) (Quasi-) anton. affecté, arrogant, fier, hautain, orgueilleux, suffisant.
— Péj. Sans manières, d'un laisser-aller excessif. Un peuple épais et bonhomme (MICHELET, Journal, Appendices, 1849-60, p. 574); l'air bonhomme et un peu empêtré (ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec J. Rivière], 1909, p. 87).
B.— P. anal.
1. [En parlant de choses ayant trait essentiellement à l'activité hum.] ... l'ancien commerce, bonhomme et simple (ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 402); ... la vie (...) calme et sûre / Bonhomme, et forte et pure au fond et rassurante (VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 1, Varia, Rotterdam, 1896, p. 22).
2. Except. [En parlant d'un animal] Un cheval blanc (...) très gras, le poil luisant, l'air bonhomme (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1182).
Rem. 1. (sur l'adj. en gén.). À la différence du subst., l'adj. a pour seul plur. bonhommes (ex. 12). 2. On rencontre dans la docum. les néol. suiv. a) Bonhommier, ière, adj. (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 91 : la sombre brutalité de Doppet et la bravoure bonhommière de Dugommier; suff. -ier, ière). (Quasi-)synon. bonhomme (cf. supra II A). b) Bonhommement, adv. (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1871, p. 793 : parle[r] bonnement, carrément; suff. -ement [-ment2]). D'une manière bonhomme, avec simplicité, familiarité. c) Bonhomiser, verbe trans. (ID., ibid., 1882, p. 192 : bonhomise[r] si bien sa pensée dans les euphonies spirituelles d'une langue de civilisé; suff. -iser). Rendre bonhomme.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], plur. bonshommes [], fém. bonne femme []. Pour la dénasalisation de la 1re syll. de bonhomme, cf. bon1. 2. Forme graph. — GREV. 1964, § 291 note : ,,bonhomme, gentilhomme, ainsi que les titres madame, mademoiselle, monseigneur, monsieur, forment leur pluriel en faisant varier chacun des éléments composants comme s'il était isolé : bonshommes, gentilshommes, mesdames, mesdemoiselles, messeigneurs (nosseigneurs), messieurs`` (cf. aussi LITTRÉ). Il signale que le plur. pop. de bonhomme est bonhommes (prononc. ). Noter que FÉR. 1768 signale le plur. comme étant peu usité : ,,bonhomme ne se dit point au pluriel, excepté dans cette phrase : les bons-hommes pour désigner les Minimes de Passy``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Fin XIIe s. « homme bon, homme de bien » (Artur, B.N. 337, f° 253c dans GDF. Compl.); av. 1755 emploi adj. (ST-SIM., 110, 191 dans LITTRÉ); XVe s. [date ms.] « brave homme » (Un Miracle de N.D., Comment le roy Clovis se fist crestienner dans Th. fr. au Moy. Age, éd. Monmerqué et Michel, p. 618); d'où par affaiblissement 1671, 23 sept. « homme qui a une simplicité familière » (Sév. dans DUB.-LAG.); 2. 1392 « manant roturier » (Lit. remiss. in Reg. 142 Chartoph. reg. ch. 293 dans DU CANGE, s.v. Boni homines); 1360 Jacques Bonhomme (Ibid., 89, ch. 377, ibid., s.v. Jaquei); d'où a) 1668 fam. (LA FONT., IV, 92 dans H. REGNIER, Lex. de la langue de J. de La Fontaine, Paris, t. 1, 1892, p. 100); 1794 (mon) bonhomme, supra, I B 2 a; b) 1792 fam. et condescendant (J. MARAT, Les Pamphlets, p. 314); c) 1762 fam. et affectueux petit bonhomme « petit garçon » (J.-J. ROUSS., Ém., II dans LITTRÉ); d) p. ext. 1831 « figure humaine façonnée ou dessinée grossièrement » (MUSSET, Articles publiés dans le journal Le Temps en 1830 et 1831, p. 50); 3. 1536, 15 févr. « homme âgé, vieillard » (RABELAIS, Lettre à Mgr de Maillezais dans Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 366), actuellement vieilli; 4. a) 1803, févr. aller son petit bonhomme de chemin, supra I E; b) 1834 juron nom d'un petit bonhomme, supra I B 2 b.
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 744. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 009, b) 6 485; XXe s. : a) 4 332, b) 3 020.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 144. — GOUG. Lang. pop. 1929, pp. 103-104. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 243, 253. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 102. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 121, 529.
bonhomme [bɔnɔm] n. m. et adj.
ÉTYM. XIIe, « homme bon »; « paysan, manant », XIIIe; de 1. bon, et homme.
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———
1 Vx. Homme plein de bonté, de simplicité (→ ci-dessous II., adj.). || Le bonhomme La Fontaine. ⇒ Bon.
0.1 Je trouve irrespectueux d'appeler La Fontaine « le bonhomme ».
J. Renard, Journal, 19 janv. 1909.
1 Le moine (envoyé en prison à Barbezières) se trouva un bonhomme qui, gagné par la compassion, alla avertir M. de Vendôme (…)
♦ ☑ Loc. Faire le bonhomme : affecter la bonté et la simplicité, par malice. || Un faux bonhomme. ⇒ Hypocrite, patelin, simulateur.
2 Vx. Homme simple, peu avisé et crédule. ⇒ Naïf, n. || Un bonhomme que tout le monde trompe. || Son bonhomme de mari.
2 C'est un « bon homme » (…) appréciez ces mots à leur vraie valeur (…) ils signifient : c'est un mannequin, dont on tire les cordes comme on veut.
2.1 Je ne suis pas du tout un monstre, mais un bonhomme que vous avez rendu méchant (…) oui, je suis un bonhomme, un homme du commun, comme on me le corne sans cesse aux oreilles; eh bien ! tout bonhomme, tout commun que je suis, si j'avais arraché cette décoration par mon importunité, si je la devais à l'intrigue, je rougirais de la porter (…)
Henri Monnier, Scènes populaires, « Les bourgeois campagnards », 10, p. 360.
3 (1360). Collectif. Vx. Les paysans. || Le militaire vivait aux dépens du bonhomme (cf. Jacques Bonhomme, surnom du paysan français de l'Ancien Régime).
4 (1536). Vx. Homme d'un âge mûr ou avancé.
3 (…) en Touraine, en Anjou, en Poitou, dans la Bretagne, le mot bonhomme, déjà souvent employé pour désigner Grandet, est décerné aux hommes les plus cruels comme aux plus bonasses, aussitôt qu'ils sont arrivés à un certain âge. Ce titre ne préjuge rien sur la mansuétude individuelle.
Balzac, Eugénie Grandet, éd. 1834, p. 124.
5 (Appellatif). Vx. Terme familier et hautain adressé à un homme d'une condition inférieure. || Passez votre chemin, bonhomme. ⇒ Manant, maraud.
♦ Par allus. au sens 3, « paysan ».
3.1 (La pauvre vieille) va ramasser du bois mort
Pour chauffer bonhomme
Bonhomme qui va mourir
De mort naturelle
Georges Brassens, Chansons, « Bonhomme ».
♦ Mod. Terme familier adressé à un petit garçon. || Salut, bonhomme ! || Dis donc, bonhomme, tu ne pourrais pas nous laisser tranquilles ? || Tu ne perds rien pour attendre, mon bonhomme. (Pour lui témoigner de l'affection). || Viens t'asseoir ici, mon bonhomme.
♦ (Adressé à un homme quelconque avec mépris). || Cause toujours, mon bonhomme !
4 On ne manqua pas de faire beaucoup babiller le petit bonhomme.
Rousseau, Émile, II.
REM. L'emploi du syntagme pour désigner un jeune homme (Duhamel, in T. L. F.) est stylistique et péjoratif.
5 — Mais alors, il y a une différence immense entre une toilette de Callot et celle d'un couturier quelconque ? demandai-je à Albertine. — Mais énorme, mon petit bonhomme, me répondit-elle. Oh ! pardon.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 568.
♦ L'emploi de bonhomme, seul, en parlant d'un enfant, est stylistique mais sans péjoration.
6 C'était un bonhomme de cinquante ans qui menait par la main un bonhomme de six ans. Sans doute le père avec son fils. Le bonhomme de six ans tenait une grosse brioche.
Hugo, les Misérables, t. II, 1862, p. 468, in T. L. F.
♦ (En appellatif). || Bonjour, mon petit bonhomme !
♦ (Appellatif tendre, pouvant s'adresser à une femme, assimilée à un enfant). || « Chérie ! petit bonhomme ! mon chou ! » (Audiberti, in T. L. F.).
7 Fam. et cour. Homme. ⇒ Type. || Un drôle de bonhomme. || Entrer dans la peau du bonhomme, du personnage. || Maman, y a un bonhomme qui veut te parler. — On ne dit pas « un bonhomme », on dit « un monsieur ». || Un petit bonhomme rigolo. || Un gros bonhomme. || Un sale bonhomme. || Il y avait trois bonnes femmes et un bonhomme. → fam. Mec.
7 Oui, j'ai connu quelques bonshommes comme cela. C'est ridicule, mais c'est plutôt touchant.
J. Dutourd, les Horreurs de l'amour, p. 414.
♦ (Avec une nuance admirative). || C'est un sacré bonhomme. || Quel bonhomme ! ⇒ Monsieur. || Un grand bonhomme.
REM. Le mot est d'un emploi familier et usuel, mais a des connotations très différentes de ses équivalents type, mec, etc.; il évoque souvent un discours enfantin.
♦ Spécialt. Homme (de troupe).
8 (1831). Figure humaine dessinée ou façonnée grossièrement. || Dessiner des bonshommes. || Un bonhomme en pain d'épice. || Un bonhomme de neige.
9 ☑ Loc. (1803). Aller, poursuivre son petit bonhomme de chemin : poursuivre ses entreprises sans hâte, sans bruit, mais sûrement.
8 Nous avons été bien battus et mis à la raison par les vieux. Ils ont continué leur petit bonhomme de chemin entre la paix et la guerre.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 122 (1934).
9 D'une manière, l'idée n'était pas si mauvaise de le laisser continuer seul son bonhomme de chemin : il aurait pu aussi bien nous conduire quelque part.
Bernanos, Un crime, in Œ. roman., Pl., p. 821.
♦ ☑ Nom d'un petit bonhomme !, sorte de juron familier.
10 Et au dessert… nous mangerons des huîtres, nom d'un petit bonhomme !
E. Labiche, Un monsieur qui a brûlé une dame, 2.
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II Adj. (Plur. bonhommes [bɔnɔm]).
1 Vieilli. Bon et secourable. ⇒ Bienveillant.
2 Littér. Plein de bonhomie; qui marque la bonhomie. || Il est assez bonhomme. ⇒ Bon enfant. || Un rire, un accent bonhomme. ⇒ Affable, aimable, gentil; conciliant, facile.
♦ Par anal. (choses) :
11 Si tu étais aussi aimable que moi c'est-à-dire que si tu prenais un format de papier qui fût un peu bonhomme comme le mien, tes lettres seraient doubles en longueur, je les aimerais doublement (…)
Flaubert, Lettre à Ernest Chevalier, in Correspondance, t. I, Pl., p. 59.
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DÉR. Bonhomie.
Encyclopédie Universelle. 2012.