branler [ brɑ̃le ] v. <conjug. : 1> ♦ Vx ou en loc. (à cause de l'emploi vulg.). I ♦ V. tr.
1 ♦ Branler la tête, la remuer d'avant en arrière, ou d'un côté à l'autre. ⇒ balancer, hocher, secouer. Ils « branlent la tête comme de vieilles femmes » (Hugo).
2 ♦ (av. 1585) Vulg. Masturber (qqn). — Pronom. Se branler.
♢ Fig. et vulg. Faire, fabriquer. « Et le type, [...] qu'est-ce qu'il branle ? » (Queneau). ⇒ 1. foutre. J'en ai rien à branler. — S'en branler : s'en moquer.
II ♦ V. intr. Être instable, mal fixé. ⇒ chanceler, osciller, vaciller. Une chaise, une dent qui branle. — Branler dans le manche, se dit d'un outil mal emmanché. « Des couteaux branlant dans le manche » (France). Fig. Manquer de stabilité, de solidité.
⊗ CONTR. Tenir.
● branler verbe transitif (ancien français brandeler, vaciller, de brandir) Imprimer à la tête un mouvement d'oscillation d'avant en arrière ou d'un côté à l'autre. Populaire. Faire : Qu'est-ce qu'on branle ce soir ? ● branler (synonymes) verbe transitif (ancien français brandeler, vaciller, de brandir) Imprimer à la tête un mouvement d'oscillation d'avant en arrière...
Synonymes :
- balancer
- hocher
- remuer
● branler
verbe intransitif
Être instable, vaciller : Une chaise qui branle.
● branler (expressions)
verbe intransitif
Branler dans le manche, en parlant d'un outil, ne pas être bien assujetti au manche ; en parlant de quelque chose, manquer de stabilité : Ministère qui branle dans le manche.
● branler (synonymes)
verbe intransitif
Être instable, vaciller
Synonymes :
- balancer
- osciller
- vaciller
branler
v.
d1./d v. tr. Branler la tête, la mouvoir, la faire aller deçà delà.
|| Branler dans le manche: être mal emmanché, en parlant d'un outil; fig. être peu stable, peu sûr (situation, fortune, etc.).
|| (Québec) Hésiter, tergiverser.
d3./d v. tr. Vulg. Masturber.
|| v. Pron. Se masturber.
⇒BRANLER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps humain; en partic. en parlant de la tête] Agiter de droite à gauche, de haut en bas :
• 1. ... il était seul et paraissait soucieux. Avant de stopper, il regarda son frère, et branla plusieurs fois la tête.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 334.
♦ Fam. Branler le menton. Manger :
• 2. Chacun d'eux mange en diable
(...)
Il faut voir leur vitesse
À branler le menton.
LECLAIR, Les Méditations d'un hussard, 1809, p. 56.
B.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Secouer, faire trembler :
• 3. ... trois [garçons] s'étaient attelés à une grosse poutre, et ils essayaient de la déroquer en la branlant comme un timon, au risque de tout se chavirer dessus.
GIONO, Batailles dans la montagne, 1937, p. 121.
♦ Fam., forme interr. Qu'est-ce qu'il branle? Que fait-il?
C.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Trivial. Masturber :
• 4. C'est là qu'il a rencontré la peintresse Jacquemin, qu'il n'a pas baisée, dit-il, mais qu'il a branlée...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1894, p. 603.
— Emploi pronom. Se branler. Se masturber.
♦ Au fig. Se les branler. Ne rien faire. S'en branler. Rester indifférent, s'en moquer :
• 5. L'opinion du mitan sur mon compte, avec la mentalité qui y régnait maintenant, je m'en branlais éperdument.
A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 77.
II.— Emploi intrans.
1. Trembler, osciller, manquer d'assise, de solidité :
• 6. La main de Gilbert lui branla : il laissa choir son verre sur la pierre du foyer.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 271.
— Au fig.
♦ [En parlant d'une pers.] Bouger, broncher :
• 7. Mais le vieux les terrorise. Ils n'osent pas branler devant lui.
A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 314.
♦ [En parlant d'une opinion] Varier, changer :
• 8. ... deux fois déjà je me suis donné la peine (...) d'écouter les harmonies si pauvres de ce compositeur au nom si riche [Widor] (...), et mon opinion sur Widor ne branle pas. Il est crevant tant sa musique est ennuyeuse.
WILLY, Notes sans portées, 1896, p. 79.
— Loc. Branler au manche, du manche, dans le manche. [En parlant d'un outil] Être mal emmanché :
• 9. La lame branlait dans le manche, il [Ravaillac] le porta chez Jean Barbier, frère de l'hôte des Cinq Croissants et tourneur au faubourg Saint-Jacques, pour le faire emmancher [le couteau] de neuf.
J. et J. THARAUD, La Tragédie de Ravaillac, 1913, p. 114.
♦ Au fig. Manquer de solidité, de stabilité, être dans une situation précaire :
• 10. Pignaver branlait du manche et trottinait doucettement vers le tombeau.
A. ARNOUX, Le Rossignol napolitain, 1937, p. 246.
2. Être secoué de branlements. Le tramway branlait et allait (VALÉRY, Degas, danse, dessin, 1936, p. 99).
Rem. On trouve dans la doc. les dérivés suivants a) Branlocher, verbe trans., arg., néol. d'aut. Masturber. Je fais coucher d'abord mon idiot pour qu'il me foute sérieusement la paix (...) Je le branloche un tout petit peu, ça le tenait tranquille d'habitude (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 324). Au fig. Agiter, remuer, entretenir dans un état d'incertitude inquiète. ... ils étaient pas là comme nous à branlocher des petits chagrins (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 593). b) Branlochant, ante, adj., néol. d'aut. Hésitant, qui fait preuve d'incertitude, d'instabilité. Branlochants d'incohérence (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 324). c) Branlure, subst. fém., arg. Individu de peu d'envergure. Synon. branleur.
PRONONC. :[], (je) branle [].
ÉTYMOL. ET HIST. — A. — 1. Ca 1100 trans. « faire bouger, agiter (à l'orig. une arme) » (Roland, éd. J. Bédier, 3327); 1546 bransler la teste (RABELAIS, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 213); 1611 fig. bransler la tête (COTGR.); 1611 bransler au manche (COTGR.); 1671 (POMEY : Les dents me branlent); d'où 1847 subst. fém. branlante « dent » (Dict. d'arg., 151 dans IGLF Techn.); p. ext. a) très vulg. [1594 d'apr. FEW t. 15, 1, p. 248a]; 1640 bransler « faire l'acte charnel » (OUDIN Curiositez add.); b) 1967 pop. branler synon. de faire (ÉD.); 2. ca 1285 pronom. « se remuer » (Artur, B.N. 337, f° 27b dans GDF. Compl.); 1671 « se balancer » (POMEY) — 1677 (MIÈGE, A new dictionary French and English, Londres); 1953 pop. s'en branler « s'en moquer » supra ex. 5. B.— 1165-70 intrans. « chanceler, faiblir » (B. DE STE-MAURE, Troie, 7166 dans T.-L.).
Contraction de brandeler « vaciller » (ca 1172 CHR. DE TROYES, Cligès, éd. W. Foerster, 3776), dér. du rad. de brandir1; suff. -eler.
L'hyp. d'une dérivation d'un b. lat. brandulare (Vox rom., t. 8, pp. 5-7) ne semble pas à retenir en raison du manque de productivité du suff. -ulare à cette époque (FEW t. 15, 1, pp. 251-252). Le sens pop. « s'en moquer » a subi la même évolution sémantique que le verbe balancer.
STAT. — Fréq. abs. littér. Branler : 196. Branlé : 12.
BBG. — JABERG (K.). Zu den französischen Benennungen der Schaukel. Vox rom. 1945/46, t. 8, pp. 5-8. — RICE (C. C.). Romance etimologies. P. M. L. A. 1911, t. 26, p. 334.
branler [bʀɑ̃le] v.
ÉTYM. 1080; contraction de brandeler « agiter, osciller », de brandir ou p.-ê. d'orig. gallo-romane de brancitulare ou branculare « remuer les pattes » ou « remuer comme une branche », de branca « patte », « branche » en roman (Guiraud).
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♦ Vieux ou en locution (à cause de l'emploi érotique).
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I V. tr.
1 Vx. Remuer en balançant, en faisant osciller. || Branler les bras, les jambes. || « Oiseaux qui volent sans branler les ailes » (Malherbe, in G. L. L. F.).
1 Sganarelle, tendant toujours la main et la branlant, comme pour signe qu'il demande de l'argent.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 2 (jeux de scène).
♦ Mod. || Branler la tête, la remuer d'avant en arrière, ou d'un côté à l'autre. ⇒ Balancer, hocher, secouer; branlement.
2 (…) une infinité de petites lois cul-de-jatte, qui, à peine nées, branlent la tête comme de vieilles femmes.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 52.
2.1 (…) le collégien branlant en silence sa pine amoureuse ne se sentira donc plus le nez piqué par cette âcre odeur qui ajoute à son plaisir.
Flaubert, Lettre à Louis Bouilhet, 4 sept. 1850, in Correspondance, t. I, Pl., p. 681-682.
2.2 J'ai vu il y a 8 jours un singe dans la rue se précipiter sur un âne et vouloir le branler de force.
Flaubert, Lettre à Louis Bouilhet, 15 janv. 1850, in Correspondance, t. I, Pl., p. 573.
♦ Pron. (1785, cit. 2.3). || Se branler : se masturber (cit. 1). → Branlette, cit. 1.
2.3 — Tiens, Françon, me dit-il, en sortant un vit monstrueux de sa culotte, dont je pensai tomber à la renverse d'effroi, tiens, mon enfant, continuait-il en se branlant, as-tu jamais rien vu de pareil à cela ?
Sade, les 120 Journées de Sodome, t. I, I, p. 118.
3 Fig. et fam. Faire, fabriquer. || Qu'est-ce qu'ils branlent ? ⇒ Glander. ☑ J'en ai rien à branler : cela m'est égal (cf. Rien à faire, à foutre). ⇒ Foutre (II., 1.).
♦ Se branler de (qqch.), s'en branler, se moquer. || Tu parles s'il s'en branle ! || Tes histoires, je m'en branle. ⇒ Foutre (III., se foutre de). — (Compl. n. de personne). || On s'en branle, de ce crétin !
2.4 Moi j'suis un mataf. J'ai qu'ma paye. Faut que j'me démerde autrement. C'est pas déshonorant. C'est de la came que je propose. Il a pas à me juger. Et même si c'est un flic, moi j'm'en branle.
Jean Genet, Querelle de Brest, p. 189.
2.5 — Et le type ? demanda Gridoux, qu'est-ce qu'il branle ?
R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 73.
4 Argot mar. || Se faire branler : essuyer un coup de vent très fort et très pénible.
♦ Fam. Subir une défaite cuisante, un échec. ⇒ Branlée.
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II V. intr.
1 Être instable, mal fixé. ⇒ Chanceler, osciller, vaciller. || Une chaise, une dent qui branle. — ☑ Branler au manche, dans le manche, se dit d'un outil, d'un instrument emmanché. || « Des couteaux branlant dans le manche » (→ Couper, cit. 25.3, France). Fig. Manquer de stabilité, de solidité.
3 Pendant que le comte-duc peut tout encore, et que tu possèdes ses bonnes grâces, profite du temps, hâte-toi de t'enrichir; car ce ministre, à ce qu'on m'a dit, branle dans le manche.
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, 7.
3.1 — On prétend qu'il (Arnoux) branle dans le manche ? dit Pellerin.
Le marchand de tableaux venait d'avoir un procès pour ses terrains de Belleville, et il était actuellement dans une compagnie de kaolin bas-breton avec d'autres farceurs de son espèce.
Dussardier en savait davantage; car son patron lui, M. Moussinot, ayant été aux informations sur Arnoux près du banquier Oscar Lefebvre, celui-ci avait répondu qu'il le jugeait peu solide (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
2 Vx (en parlant des personnes). Bouger, remuer.
4 On leur a dit qu'il ne faut pas branler ni aller et venir quand ils sont dans leurs rangs (…)
Mme de Sévigné, 1178, 15 mai 1689.
5 Si tu branles, ajouta-t-il, avant que le soleil soit levé, comme je te l'ai déjà dit, je te prendrai par les pieds et je te casserai la tête en mille pièces contre cette muraille.
A. Galland, les Mille et Une Nuits, t. I, p. 308.
REM. Cet emploi est encore vivant au Canada, où le mot n'a pas la valeur érotique qu'il a prise en français central. En France, le mot est d'usage difficile, même au sens II, 1.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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CONTR. Demeurer, rester, tenir.
DÉR. Branlade, branlage, branlant, branle, branlée, branlement, branlette, branleur, branlocher, branloire.
COMP. Ébranler. — Branle-queue.
Encyclopédie Universelle. 2012.