khâgne [ kaɲ ] n. f. VAR. cagne ♦ Fam. Classe préparatoire à l'École normale supérieure. ⇒aussi hypokhâgne.
● khâgne ou cagne nom féminin Argot scolaire. Seconde année de classe préparatoire au concours d'entrée à l'École normale supérieure (sections littéraires).
cagne
n. f. (France rég., Réunion) Syn. de paresse (sens 1).
— (Réunion) être en cagne, faire la cagne: ne pas se rendre à son travail, se reposer.
I.
⇒CAGNE1, subst. fém.
A.— Vx. Chien de mauvaise race :
• Ils entrèrent dans la Cathédrale et se mirent à tout saccager, (...) jetant à leurs chiens les hosties du ciboire, disant que si c'étaient vrais dieux, elles ne se laisseraient manger par des cagnes.
J. et J. THARAUD, La Chronique des frères ennemis, 1929, p. 140.
B.— P. ext., péj., vx. Femme paresseuse et méprisable. C'est une vraie cagne (Ac. Compl. 1842); ah! Cagne que tu es, je te tiens (Sue ds Lar. 19e).
Prononc. et Orth. :[]. Autre forme caigne (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e); il existe de même les formes caignard, caignarder (Ac. Compl. 1842), caignon (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e) des mots correspondants. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180-1200 de pute caingne « de mauvaise race » (Aye d'Avignon, éd. S. J. Borg, 1703); 2. début XIIIe s. faire laide caigne « faire mauvaise mine » (Prise de Cordres et de Sebille, 666 ds T.-L.); 3. 1456 caigne « femme de mauvaise vie » (Lettre de rémission ds DU CANGE, éd. 1840, 819); 1456-67 id. « id. » terme d'injure (Cent Nouvelles Nouvelles ds GDF. Compl. : caigne que vous estes); 4. 1584 caigne « chienne » (L. DE LA PORTE, Trad. d'Horace, Epodes, 5). Empr. à l'a. prov. canha « chienne » (FEW t. 2, p. 183b) attesté à l'emploi fig. de puta canha « de mauvaise race, engeance, sorte », 1213, GUIL. DE TUDELE, Chanson de la croisade albigeoise, éd. P. Meyer, 1802 ds LEVY Prov. (cf. avec 1), mot maintenu dans les dial., en partic. ceux du Midi, au sens de « chienne »; l'a. prov. canha est issu du lat. vulg. cania, dominant dans le domaine d'Italie du Nord et en prov. (REW3, s.v. cania; DEI, s.v. cagna), formé sur canis « chien », cf. le b. lat. cervia « biche » formé sur cervus « cerf ». Pour le sens de « prostituée », cf. vache, poule, rosse, etc. L'hyp. d'un étymon ital. cagna « chienne » (DEI s.v.; DG; BRUNOT t. 1, p. 150; DAUZAT 1968), attesté dep. ca 1300-10 (DANTE, Enfer, 13-125 ds BATT.) est moins satisfaisante, étant donnée l'ancienneté du fr. Bbg. GUIRAUD (P.). Les Ch. morpho-sém. B. Soc. Ling. 1956, t. 52, n° 1, pp. 274-277. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 378. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 49.
II.
⇒CAGNE2, KHÂGNE, subst. fém.
Arg. scol. Classe supérieure de lycée qui prépare au concours d'entrée à l'École normale supérieure, section Lettres. Il s'appelait Michel Riesmann et finissait sa deuxième année de khâgne (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 242).
— Hypo-cagne, hypo-khâgne. Classe précédant la cagne. Il avait connu en hypo-khâgne Sartre et Nizan et il me parla beaucoup d'eux (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958 p. 312).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. [1888 d'apr. ESN.]; 1905 (J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, p. 48). Prob. dér. régr. de cagneux2 (ESN.). Une orig. par antiphrase à partir de cagne1 qui désigne en arg. une personne paresseuse comme une chienne (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866) puis la paresse elle-même, notamment dans l'expr. avoir la cagne (L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881) est moins probable. Fréq. abs. littér. :22.
1. cagne [kaɲ] n. f.
ÉTYM. 1456, caigne « femme de mauvaise vie »; anc. provençal canha « chienne », lat. pop. cania, lat. canis « chien ».
❖
1 Vx et péj. Chienne.
2 Vx. Femme paresseuse et méprisable. (On dit aussi cagnasse.)
3 Régional (Provence). Paresse (⇒ 1. Cagnard). || Avoir la cagne : n'avoir pas envie de travailler. ⇒ Flemme (fam.).
0 La cagne est une maladie toulonnaise. Jadis, la voiture du préfet maritime contournait un cagnard endormi sur la route. La cagne, c'est la flemme, le farniente italien.
Cocteau, Journal d'un inconnu, p. 104.
❖
DÉR. 1. Cagnard, 1. cagneux.
Encyclopédie Universelle. 2012.