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PROVENCE
PROVENCE

Le nom de Provence s’est appliqué à des territoires d’étendue variable. Ce fut à l’origine la partie la plus précocement conquise et romanisée de la Gaule. Ce fut aussi, dans le langage des troubadours, toute l’aire linguistique qu’on devait appeler ensuite pays de langue d’oc, France du Midi, ou, plus récemment, Occitanie. On trouve encore parfois des tendances à donner ainsi à cette appellation une acception culturelle et, par suite, une extension géographique large. Toutefois l’histoire politique a fixé de plus en plus précisément, du haut Moyen Âge à la Révolution française, le nom de Provence au pays compris entre la Méditerranée, le cours inférieur du Rhône, les monts de Vaucluse et de Lure, le cours supérieur de la Durance et le cours du Var. Ce comté, avec Aix pour capitale, mouvant théoriquement du Saint Empire, eut à peu près trois siècles d’indépendance effective avant d’être «uni» à la France (1481), puis de devenir une province du royaume. Depuis la Révolution, ce n’était plus qu’une entité géographique, tiraillée entre la croissance de la Côte d’Azur et celle de la puissante région industrielle de Marseille, lorsqu’on la rétablit, dans les années soixante, comme «région de programme». L’originalité du tempérament politique s’y est longtemps maintenue. Mais aujourd’hui la tradition méridionale doit composer avec une ouverture et un brassage d’exceptionnelle ampleur.

1. La Provence avant 1481

De l’Empire romain au Saint Empire

Le nom de Provence vient du latin provincia , la province par excellence, celle que conquirent les Romains dans la Gaule transalpine. Mais c’est sous d’autres noms (Viennoise, Narbonnaise, etc.) que le pays compris entre le Rhône, la crête des Alpes et la mer Méditerranée participe à l’histoire de la Gaule romanisée, période décisive qu’évoquent aujourd’hui tant de vestiges, d’Arles à Cimiez et de Vaison à Fréjus. À la charnière du Ve et du VIe siècle, quand l’Empire romain s’est effondré sous l’invasion des Barbares, l’Église chrétienne maintient une certaine unité de la Gaule du Sud-Est, autour de l’évêque d’Arles, saint Césaire (503-543).

Vers cette époque, le nom de Provincia (Provence ) réapparaît dans la Gaule franque, comme entité géographique et même, par intermittence, politique, au hasard des guerres civiles et des révoltes dans le royaume mérovingien. Les Carolingiens réduisent ensuite à l’obéissance un pays au commerce ruiné, replié sur son agriculture. Surtout, par le traité de Verdun (843), ils font du Rhône pour la première fois une frontière politique: la rive droite sera en Francie occidentale, bientôt la France, tandis que, sur la rive gauche, la Provence sera en Lotharingie. On pourra dire «côté Royaume» et «côté Empire» après qu’en 1032 le chef du Saint Empire romain germanique aura reçu l’héritage du roi de Bourgogne-Provence et, par conséquent, la suzeraineté de l’ancienne Lotharingie.

Les dynasties

Du IXe au XVe siècle, l’histoire médiévale de la Provence est, du point de vue politique, dynastique et militaire, d’une très grande complexité. On peut distinguer, en simplifiant, l’époque des dynasties proprement provençales, du IXe au XIe siècle, celle des comtes catalans (XIIe siècle et début du XIIIe), qui s’achève par le grand règne de Raimond-Bérenger V (1209-1245), celle des Angevins enfin, branche cadette des Capétiens par Charles Ier, frère du roi de France Saint Louis.

Les premiers comtes furent contemporains des invasions arabes, avec l’établissement à la fin du IXe siècle, puis la destruction en 972-973 d’une tête de pont sarrasine dans le golfe de Saint-Tropez, au Freinet. L’histoire des seconds, les comtes catalans de Provence, fut liée à celle de leurs grands rivaux, les comtes de Toulouse, maîtres de la rive droite du Rhône, et qui s’intitulèrent un temps marquis de Provence; ils eurent aussi à compter avec le renouveau économique du pays, lié à la renaissance du grand commerce en Méditerranée et générateur du redressement politique des villes, qui se dotèrent de consulats. Quant aux Angevins, quoique parents des Capétiens, ils n’ont pas attiré d’abord la Provence vers la France, mais en ont fait au contraire la base de départ d’une aventureuse politique méditerranéenne, visant Naples ou même l’Orient. C’est la Sicile qui permet à l’avant-dernier comte de Provence, René d’Anjou (1434-1480), de se faire appeler le «roi René». Auparavant, au cours des péripéties du XIVe siècle, époque de la présence des papes à Avignon, époque aussi de l’incapable et inquiétante reine Jeanne (1343-1382), la Provence avait achevé d’acquérir ses limites classiques, avec la cession à la papauté de la ville d’Avignon (1348), complétant celle du comtat Venaissin (1274), et avec la cession à la Savoie de Nice et de sa région (1388). Tout cela au travers de guerres et de brigandages une nouvelle fois désastreux pour les populations.

L’apogée de la Provence indépendante

De ces siècles confus, quelques grands épisodes vont surnager pour passer au rang de mythes dans la mémoire collective, la légende et le folklore des Provençaux: les Sarrasins, la reine Jeanne (transfigurée dans un sens agréablement romanesque) et le roi René (devenu le parangon du souverain aimable, pacifique et sage). Pacifique, en effet, par la force des choses, sincèrement épris de ses domaines provençaux (Aix, la capitale, ou le château de Tarascon) pour lesquels il finit par délaisser Angers, administrateur ingénieux, René eut la chance d’être le contemporain d’une époque à nouveau prospère et des prémices de la renaissance des lettres et des arts. Il eut, en outre, la sagesse politique de laisser travailler l’assemblée des États de Provence qui s’était peu à peu établie depuis la fin du XIIIe siècle, consentait les impôts et même légiférait.

À la fin du XVe siècle, le comté de Provence avait ainsi une sorte de constitution d’État, une certaine conscience collective s’était formée autour de la dynastie, et enfin ses limites s’étaient fixées de manière à peu près définitive entre la mer, la «Savoie» (comté de Nice), le domaine pontifical (Avignon et Comtat) et le royaume de France (qu’il touchait au nord par le Dauphiné et à l’ouest par le Languedoc). Ce territoire correspond – compte non tenu de quelques enclaves tout à fait mineures – aux départements actuels des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, et à des parties du Vaucluse (arrondissement d’Apt) et des Alpes-Maritimes (arrondissement de Grasse). Il comprenait alors – estime-t-on – de 350 000 à 400 000 habitants, population beaucoup moins nombreuse que de nos jours, mais répartie de façon infiniment plus homogène entre villes, bourgs et villages, entre montagne alpine (haute Provence) et bas pays. Il était donc toujours essentiellement agricole.

2. Une province de France

Les institutions

À dessein ou non, René avait laissé la Provence à celui de ses héritiers qui était le moins apte à la défendre contre l’ambition évidente du roi de France Louis XI. Après un an et demi de règne, Charles III, dernier comte de Provence, mourant sans postérité, lègue le comté au royaume voisin, et les états ratifient cet acte; il s’agit en principe de l’union paritaire de deux entités politiques, et non de l’absorption du comté par le royaume. Celle-ci se fera progressivement, histoire complexe dont la création d’un parlement à Aix en 1501, puis l’édit de Joinville (1535) sous François Ier sont des jalons importants. Un siècle plus tard, au temps de Richelieu, la suppression des réunions des états provinciaux, remplacés par une modeste assemblée des communautés (1636), puis au début du règne de Louis XIV, l’installation définitive d’un intendant qui cumule sa commission avec la charge de Premier président achèvent l’intégration institutionnelle de la Provence au royaume. Le «comté ou pays de Provence», dont la capitale est Aix, avec ses «terres adjacentes» de Marseille, Arles, Les Baux, Saint-Tropez et quelques autres lieux, sera une province semblable aux autres pays d’états, à la fois gouvernement militaire, ressort de parlement et généralité. Il sera subdivisé en sénéchaussées pour la justice, en vigueries pour les finances, en subdélégations pour l’administration courante. L’intendant administrera avec le concours des «procureurs du pays» qui sont, notamment, ès qualités, l’archevêque d’Aix et les consuls de la ville d’Aix.

Les siècles troublés et les débuts de la francisation

Le pays a résisté à cette assimilation politique, mais point de façon directe. Si l’on s’est battu, et fort rudement, pendant la période où ce processus a eu lieu (fin XVe, milieu du XVIe siècle), c’est, sans parler des guerres extérieures (deux invasions de Charles Quint), sous la forme des guerres de religion, puis des révoltes de la Ligue (dont on peut retenir la longue sécession de Marseille, 1591-1596), enfin de la Fronde (ici appelée troubles du Semestre). En 1660, année marquée par le voyage de Louis XIV en Provence, on peut tenir l’ancien comté pour entièrement soumis au roi de France, aux institutions nouvelles, ainsi qu’à un catholicisme de quasi-unanimité, où le ton est donné par les dévotions de la Contre-Réforme méditerranéenne. À cette époque, une certaine forme de piété qu’on a pu dire «baroque» devient une composante essentiellement de ce qui reste d’originalité provençale.

Celle-ci eut à souffrir, dans ce même XVIe siècle, de la rencontre entre les élites sociales du pays et la langue française. Effet de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) sur la rédaction des actes juridiques en français? Ou effet plus spontané de l’attraction du dynamisme global du royaume et d’un début de brassage des aristocrates? L’usage du français va se répandre de proche en proche. À la veille de la Révolution, la classe moyenne (bourgeoisie des offices, bourgeoisie rentière, haut et moyen commerce) sera tout entière bilingue et il ne restera plus que le peuple à gagner.

L’apaisement et la prospérité

De 1660 à 1789, l’histoire de Provence s’apaise et s’intègre aux chapitres classiques de l’histoire de France. En émergent seulement les épisodes militaires (siège de Toulon en 1707), la peste de Marseille (1720-1721), la violence de la querelle janséniste (affaire Girard-Cadière à partir de 1730), et les contributions de Provençaux à la floraison intellectuelle et artistique nationale: sciences (Peyresc, Gassendi, Tournefort); littérature (Jean de Lacépède, Honoré d’Urfé, Vauvenargues); musique (Campra); arts plastiques (Puget, les Van Loo, J. Vernet, Fragonard); à l’illustration du catholicisme (César de Bus, Massillon) ou de la lutte philosophique (Ripert-Monclar, d’Argens, Sade); à l’apogée de la marine royale (bailli de Suffren, chevalier d’Entrecasteaux), en attendant leur rôle dans les crises finales du régime (Mirabeau, Sieyès, Portalis, Isnard, Antonelle, Barras). Mais le plus important sans doute de ce bilan de trois siècles est l’épanouissement économique du pays. À la fin du XVIIIe siècle, la Provence compte environ 700 000 habitants, soit deux fois plus peut-être qu’au XVe siècle. L’augmentation est surtout sensible en basse Provence, tandis que la haute se maintient, sans cesser d’alimenter un courant d’émigration vers le bas pays. En basse Provence, en effet, l’essor de Marseille et de son commerce a créé un véritable pôle de développement. Mieux reliée à la fois à l’intérieur du royaume et aux pays méditerranéens voisins, toute la basse Provence s’est adaptée à une économie d’échanges: l’agriculture fait porter son effort sur la vigne et surtout l’olivier, acceptant d’être déficitaire pour le blé et de se tourner vers l’importation; et toute une vie industrielle très décentralisée anime les villes et bourgs et fait de la Provence un pays fabricant et vendeur de cuirs, de papiers, de savons, de soieries. Jamais sans doute l’économie régionale n’a été aussi diversifiée. Du point de vue de l’homogénéité et de l’équilibre économique et social, c’est un apogée.

3. La Provence aux XIXe et XXe siècles

Une longue tradition d’opposition, puis de radicalisme

Officiellement, de 1790 (division de l’ancienne province en départements) à 1956 (création de la «région de programme» Provence-Côte d’Azur-Corse), il n’y a plus d’entité politico-administrative provençale. Mais on peut suivre presque jusqu’à la fin du XIXe siècle une relative communauté de destin et de caractère des départements du Midi méditerranéen à l’est du Rhône. Celle-ci apparaît de manière très claire dans l’originalité du comportement politique des Provençaux: ardeur exemplaire dans les trois premières années de la Révolution, brusque retournement en 1793 avec la révolte fédéraliste (les Anglais à Toulon, le siège de la ville par Bonaparte), prépondérance ultra-royaliste culminant avec la Terreur blanche de 1815 (Avignon, Marseille) et le bon accueil fait à la Restauration; puis, en quelques décennies, on assiste à un nouveau retournement: la déchristianisation progresse rapidement, le royalisme passionné fait place à l’exaltation républicaine et l’originalité régionale se manifeste désormais par l’avant-gardisme radical, puis socialiste, parfois révolutionnaire (mouvements antibonapartistes de décembre 1851, Commune de Marseille en 1871). Sous la IIIe et la IVe République, les départements ci-devant provençaux se caractérisent comme l’un des domaines de la gauche. Certains ont interprété cette constance dans l’originalité politique comme une forme inconsciente d’esprit régional. Bien indirecte et latente en tout cas, car les «rouges du Midi», électeurs de Gambetta, de Clemenceau ou de Daladier, s’affirmaient très républicains et patriotes français, même quand ils étaient parallèlement ralliés à la défense ou à la culture du folklore méridional.

Depuis les années cinquante, l’extrémisme politique de gauche paraît en recul, du moins dans les anciens bastions ruraux qui avaient spécifiquement assuré ses majorités massives de 1876, de 1936 ou de 1946.

Le phénomène Côte d’Azur

Les mutations récentes s’expliquent par les changements qui ont affecté la texture même du pays. En récupérant définitivement le comté de Nice en 1860, la Provence française paraissait retrouver son intégrité d’avant 1388; en fait, elle rencontrait là un élément puissant de diversification, sinon de dislocation. Non pas tant parce que Nice aurait été en cinq siècles fortement italianisée, mais parce que Nice possédait déjà une vocation et une fonction touristique et cosmopolite affirmées.

À partir de Nice, qui en est le foyer, se développe l’ensemble de phénomènes économiques et sociaux bien particuliers qu’évoque le nom de la Côte d’Azur. Depuis un siècle, celle-ci a gagné progressivement le littoral d’est en ouest et métamorphosé l’arrière-pays sur une bande côtière de plus en plus large. De nos jours, tout l’est du département du Var est déjà perçu comme appartenant à «la côte» au moins autant que comme «provençal». Le nom de Provence-Côte d’Azur donné par l’administration à la région économique actuelle reflète bien ce nouveau dualisme, et il est significatif que beaucoup de Niçois se plaignent d’avoir Marseille pour capitale.

La métamorphose économique contemporaine

Marseille a bien en effet supplanté Aix. Chef-lieu des Bouches-du-Rhône et métropole régionale, elle est surtout une très grande ville dont l’impressionnante croissance (en chiffres ronds, 100 000 habitants à la fin de l’Ancien Régime, 300 000 à la fin du second Empire, 867 726 au recensement de 1990) déséquilibre l’ensemble. En forçant un peu les choses, on pourrait dire que ce qui reste de Provence a tendu à se partager entre une puissante région marseillaise et une Provence intérieure relevant du «désert français». Depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours, on a vu en effet coïncider une industrialisation moderne, fondée sur les données du commerce marseillais, sur les constructions navales, le lignite de Fuveau-Gardanne, les bauxites du Var, l’utilisation pétrolière de l’étang de Berre, etc., avec un déclin de presque toutes les industries traditionnelles. Or l’industrie nouvelle, à peu d’exceptions près (la région toulonnaise, l’agriculture comtadine), a concentré les usines et les hommes dans un rayon de cinquante kilomètres autour de Marseille, tandis que la fin de la vieille industrie dispersée, conjuguée avec l’exode rural, affaiblissait la plupart des cantons de l’intérieur. Mais cette polarisation au moins tendancielle est nette et elle fait contraste avec la relative homogénéité du pays sous l’Ancien Régime.

L’aspect démographique de ces changements est particulièrement frappant. La haute Provence, exsangue, n’assure plus le rôle de réservoir humain, de foyer d’émigration régionale qu’elle avait joué pendant des siècles. La croissance de la basse Provence littorale et marseillaise s’est donc alimentée à d’autres sources: à la fin du XIXe siècle, l’immigration italienne était caractéristique. À l’époque actuelle, on vient se fixer en Provence d’un peu partout, et pas seulement pour des séjours d’été, tant se renforce l’attrait qu’exercent le climat et les valeurs culturelles du pays (vestiges archéologiques, sites, villes d’art).

Éclat et limites du régionalisme

Inégalement occupée, la Provence reste donc fortement peuplée, de façon croissante même, mais d’une population très brassée, où l’élément paysan et autochtone se raréfie. Cela n’est sans doute pas sans expliquer, au moins en partie, l’allure prise par le régionalisme culturel. Lorsque, au début du second Empire, Frédéric Mistral (1830-1914) fonda le félibrige, l’accession des classes populaires à la langue française et le déclin corrélatif du provençal étaient en cours; le succès littéraire et le prestige intellectuel du mouvement et de son chef (1859, succès de Mireio ; 1904, attribution du prix Nobel de littérature) ne purent rien contre les processus économiques, sociaux et démographiques. De là son caractère dominant: l’éloge nostalgique du passé et du rural. Sur la Provence réelle, les félibres n’ont pu marquer une influence qu’en un seul secteur: celui des fêtes traditionnelles, maintenues et parfois restaurées. Mais c’est qu’on pouvait les adapter à toutes les convictions politiques, et même les faire contribuer à l’essor du tourisme. On perçoit mieux ce caractère a contrario en regardant de l’autre côté du Rhône. En Languedoc, où les conditions sont assez différentes, avec le maintien d’une paysannerie relativement nombreuse, autochtone, et mécontente, les émules et rivaux des félibres devaient avoir des réussites littéraires et folkloriques moins éclatantes, mais garder plus d’affinités avec le petit peuple travailleur et accorder plus d’attention au problème économique. C’est pourquoi sans doute le mouvement occitaniste actuel, qui essaie de marier socialisme et régionalisme, puise ses forces en Languedoc, mais pénètre plus difficilement dans une Provence davantage métamorphosée.

4. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur englobe les espaces polarisés par Marseille, Nice et Avignon, avec les départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, du Var, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Elle déborde légèrement sur le sud du Dauphiné, du cadre historique de la Provence et du comté de Nice. Il se trouve que cette limite septentrionale coïncide à peu près avec celle du régime méditerranéen des précipitations, caractérisé par une sécheresse d’été plus ou moins accentuée et un ensoleillement de 2 500 à 3 000 heures par an. «Alpes de lumière» et «Côte d’Azur» méritent leur renom de pays du soleil à forte attraction touristique. Mais que de contrastes entre les montagnes de la « France du vide» et la frange méditerranéenne densément peuplée, active, équipée, qui est responsable de l’essentiel de la croissance démographique récente, avec un taux moyen de 2 p. 100 par an, qui a amené la population à 4 259 643 habitants en 1990!

Une communauté climatique dans une grande variété de paysages

La communauté climatique ne réside que dans le régime de l’ensoleillement, car sauf sur la Côte d’Azur, le climat est souvent rude. Si la Riviera jouit de conditions qui lui permettent une parure florale tout l’hiver, il ne s’agit que d’une mince frange côtière à l’est de Saint-Raphaël. Vers l’ouest, les hivers deviennent progressivement plus froids avec un mistral fréquent. Vers l’intérieur, le climat se continentalise rapidement et la sécheresse de l’été se raccourcit. Les jours de mistral sont lumineux mais soleil et vent se conjuguent pour dessécher les sols. Si l’on ajoute les irrégularités des précipitations (du simple au triple) et la fréquence des années sèches qui font tarir les sources et baisser les nappes d’eau, on comprend les difficultés du développement de l’agriculture moderne.

Les étapes des transformations économiques de la Provence ont été conditionnées par l’utilisation de l’eau. Commencée au XIIe siècle en Durance, elle s’est développée aux XVIe, XVIIIe et surtout au XIXe siècle pour l’irrigation du comtat Venaissin et l’alimentation de Marseille. Depuis les années 1950, de grands aménagements ont permis une maîtrise totale de l’eau claire du Verdon et des eaux limoneuses de la Durance. En amont, deux grands réservoirs (Serre-Ponçon et Sainte-Croix) ont permis un équipement complet du potentiel hydroélectrique, des besoins agricoles et des adductions d’eau vers les villes de basse Provence. Des systèmes d’ordinateurs gèrent la distribution par la Société du canal de Provence et le canal usinier de la Durance afin d’obtenir la meilleure économie.

Le relief oppose les vastes plaines du bas Rhône et les petites plaines et bassins morcelés de l’intérieur. Ce contraste se traduit dans la façade maritime entre les longues plages de la Camargue ou du golfe de Fos et les petites plages du reste de la côte, entre les caps et les falaises. Le relief intérieur est cloisonné en petits bassins que les rivières relient par des sections de vallées en gorges. Les versants sont souvent raides, même dans les collines comme les Maures et l’Esterel. Les termes d’« Alpilles » et de «montagnette» reflètent bien ce caractère. La culture traditionnelle découpait les pentes en banquettes consacrées aux oliviers, à la vigne et aux céréales. Ces anciens terroirs ont été reconquis souvent par le bois et la garrigue (le Var a plus de 55 p. 100 de sa superficie en forêts), et l’agriculture s’est restreinte aux bas des versants et aux fonds des bassins. Ce cloisonnement gêne les relations entre le littoral et l’intérieur, par exemple les baous niçois dominent directement la côte et les routes s’insinuent vers l’intérieur par des gorges profondes. Seule la Durance, avec sa large vallée, serait un bel axe de communication s’il était mieux équipé. En effet la voie ferrée s’arrête à Briançon en cul-de-sac et les routes sont saturées. L’autoroute venant de Marseille et passant par Aix et Manosque ne dépasse pas Sisteron en 1995; sa prolongation vers Gap et Briançon n’est alors qu’à l’étude.

Les liens entre les villes principales et leur arrière-pays montagneux sont donc médiocres malgré les récents efforts du conseil régional portant sur la voie ferrée (amélioration de la desserte Marseille-Briançon et du «train des Pignes» Nice-Digne). C’est que leurs regards ont été plus longtemps tournés vers la Méditerranée.

L’inégal développement des régions intérieures

Les Alpes du Sud et la Provence intérieure ont été longtemps en déclin démographique en raison de l’exode rural. Leur population ne diminue plus et augmente même légèrement, mais l’exode rural s’y poursuit et ce sont les petites villes et quelques stations de ski qui sont à l’origine de leur modeste croissance (de 1968 à 1990, Gap est passée de 24 000 à 35 647 habitants et Manosque de 16 000 à 19 537). Or le vieillissement de la population agricole annonce la poursuite du dépeuplement rural.

Les Alpes du Sud

Le contraste agricole s’est accentué ces dernières années entre les bassins montagnards, où les possibilités d’irrigation sont faibles et où le climat est rude, et la vallée de la Durance et quelques bassins récemment équipés de moyens d’irrigation modernes. Dans les premiers, la crise agricole se manifeste, en moyenne montagne, par la mévente de la lavande et la décadence de l’élevage bovin. L’élevage ovin et caprin y devient la seule activité rentable qui bénéficie d’aides à la construction de bergeries modernes et du renom de l’agneau de Sisteron. Mais les petits élevages ovins de haute montagne déclinent, alors que les transhumants viennent, de plus en plus nombreux, sur les alpages, l’été. Et la forêt n’a guère d’intérêt économique. Par contre, les zones irriguées des vallées du Buech, de la Durance, ouvertes aux techniques modernes de l’aspersion, font figure d’oasis de prospérité dans ces montagnes sèches, avec la culture intensive de fruits de qualité et les fourrages.

L’équipement hydroélectrique de la Durance, très modeste avant 1956, n’avait fait naître d’industrie qu’à L’Argentière (aluminium). Le grand équipement, conditionné par la mise en eau du réservoir de Serre-Ponçon, a permis l’établissement d’une série de centrales (6 milliards de kilowatts-heures dont 3 pour la partie alpine). La majeure partie en est consommée par l’agglomération marseillaise et la côte. La seule localisation industrielle importante est la chimie de base à Saint-Auban. Les autres petites usines sont en difficulté et même le secteur alimentaire et agricole réduit ses emplois. Par contre, le tourisme a eu un développement considérable, soit dans les moyennes montagnes de l’arrière-pays niçois, soit dans les plaines et bassins reliés par l’axe durancien, le patrimoine immobilier des vieux villages a été totalement rénové par les résidences secondaires. En haute montagne, l’essor des stations de sports d’hiver fournit un nombre intéressant d’emplois permanents. À part Serre-Chevalier, les stations sont récentes et liées à l’automobile. Elles accueillent en majorité une clientèle méridionale. Le développement du tourisme a profité surtout aux villes les mieux placées pour l’industrie du bâtiment et la redistribution des matériaux de construction et des produits alimentaires: Gap en est un bon exemple.

La Provence intérieure

Le mitage de la campagne par l’habitat pavillonnaire en Provence intérieure est encore plus accentué au départ des agglomérations urbaines, favorisé par les difficultés de l’agriculture qui conduisent les paysans à vendre quelques terres comme terrains à bâtir, et pas seulement les garrigues. On trouve une grande variété de petits pays.

En bordure des Alpes s’étagent d’abord les plans calcaires abandonnés aux bergers et aux militaires (Albion et Canjuers). Tout au sud, Maures et Esterel, naguère vides d’habitants, dressent leurs collines cristallines occupées par des forêts très sensibles aux incendies, l’été. Depuis le littoral, les résidences secondaires les envahissent. Entre ces deux extrêmes se développe toute une série de bassins séparés par des chaînes calcaires est-ouest. Des nuances de spécialisation s’y reconnaissent sur un fond commun de viticulture. Les axes de circulation Avignon-Nice et Marseille-Toulon traversent les petits bassins du Var où la vigne tient toujours la première place. La dépression de Hyères à Fréjus, plus chaude, mêle les arbres fruitiers et les primeurs. Dans le bassin d’Aix, la surface cultivée régresse devant la rurbanisation. Le bassin d’Apt-Forcalquier se replie de plus en plus sur la vigne ou les ovins, malgré la modernisation de l’industrie des fruits confits d’Apt. La vallée de la basse Durance produit des fruits et du maïs autour de Manosque, surtout du raisin de table et de cuve au droit du Luberon. Les efforts d’amélioration de la viticulture aboutissent aux qualités V.D.Q.S. ou A.O.C. qui se vendent mieux. Dans cette Provence intérieure, les activités industrielles (en dehors du bâtiment) offrent peu d’emplois, sauf l’extraction de la bauxite à Brignoles et du lignite à Gardanne. Ces mines, rénovées à la suite de la découverte de nouvelles réserves, alimentent des usines d’aluminium, de ciment et une grosse centrale thermique. Les records de rendements européens y sont battus avec plus de 9 tonnes par jour et par mineur. Il faut encore signaler l’importance du C.E.A. à Cadarache, dont les milliers d’employés se répartissent entre Aix et Manosque.

La façade rhodanienne et méditerranéenne

Marseille et sa région

L’aire métropolitaine marseillaise a été, dans les années soixante, un des pôles les plus dynamiques de la région, suscitant de grands espoirs économiques. Certains ont été réalisé; d’autres, surtout avec la métallurgie de Fos, ont été touchés de plein fouet par la crise.

Marseille a réalisé sa reconversion d’ancien port colonial en deux temps. Après la Seconde Guerre mondiale, on assiste à l’essor de la puissante pétrochimie créée à partir de 1924 autour de l’étang de Berre (25 p. 100 du raffinage français en 1982), tandis que les industries traditionnelles se localisaient près des extensions nord du port de commerce. À partir de 1965, le port autonome a développé la gigantesque zone portuaire de Fos, au contact de la Crau et de la Camargue, afin d’accueillir pétroliers géants, méthaniers, minéraliers et porte-conteneurs. Sur 10 000 hectares de zone industrielle, la pétrochimie a pu s’étendre au départ des oléoducs ravitaillant le couloir Rhin-Rhône. La Solmer et l’aciérie Ugine devaient y créer de nombreux emplois; on espérait que l’acier trouverait des clients outre-mer ainsi que dans les industries navales échelonnées de La Seyne et La Ciotat à Port-de-Bouc. Des créations de petites entreprises métallurgiques étaient attendues. Un véritable tissu industriel pouvait s’organiser au départ de ces localisations ponctuelles, y compris l’aviation avec la S.N.I.A.S. à Marignane. Mais les difficultés ont assailli les industries navales ainsi que les P.M.I. installées au nord de Fos. Le complexe sidérurgique ne fournissait dans les années 1980 que 18 p. 100 de l’acier français et 8 500 emplois. Les industries des vieux quartiers de Marseille se sont desserrées dans les zones industrielles de Vitrolles (étang de Berre) et d’Aubagne. Le poids du secteur tertiaire, jugé trop important en 1968, a encore augmenté dans l’ensemble de l’aire Aix-Marseille, qui se dote d’un secteur commercial et administratif de haut niveau. Le centre de Marseille se spécialise dans ce type de fonctions. C’est ainsi que, si l’essentiel du trafic du port (87 317 000 de tonnes dont 63 473 000 d’hydrocarbures en 1993) passe par Fos et l’étang de Berre, sa gestion est restée au centre de Marseille.

La ville elle-même a peu augmenté (807 726 habitants en 1990) car sa croissance s’est portée sur sa banlieue et les villes voisines. Martigues atteint 42 922 habitants et Istres (36 516 habitants) est devenue une nouvelle sous-préfecture. Aix (126 854 habitants) garde ses fonctions universitaire et judiciaire et a créé une zone industrielle de «matière grise», tout en gardant son prestige. Les mouvements pendulaires qui s’effectuent dans l’aire métropolitaine bénéficient des infrastructures autoroutières, mais la saturation atteint les axes Marseille-Aix et Marseille-Marignane (l’aéroport voit passer plus de 4 780 250 voyageurs en 1993). Un effort a été fait pour restructurer le nouveau quartier autour du jardin archéologique du port grec près du Vieux-Port et le nouveau métro facilite la circulation. La campagne offre les sites protégés du massif des Calanques, de la Sainte-Baume et de la Sainte-Victoire qui dressent leurs murailles de calcaires éblouissantes autour de l’aire métropolitaine.

Les plaines rhodaniennes

Les plaines rhodaniennes s’étalent dans le comtat Venaissin autour d’Avignon et, au sud des Alpilles, en Crau et en Camargue. L’irrigation, alimentée par la Durance, a transformé les plaines caillouteuses et les paluds en huertas coupées de haies contre le mistral. Les petits propriétaires y cultivent les légumes primeurs et, de plus en plus, les arbres fruitiers pour pallier le manque de main-d’œuvre. En Camargue, les espaces sauvages regagnent sur les rizières car la location de chasses rapporte plus! Les petites villes-marchés continuent d’expédier leurs produits: Carpentras, ses fraises; Cavaillon et Châteaurenard, leurs melons; Salon, le foin de Crau. La culture des primeurs sous plastique permet de s’éloigner des anciennes localisations imposées par les facteurs climatiques. Paradoxalement, ce sont les terrasses alluviales non irriguées et les piémonts situés en bordure du Comtat qui offrent un enrichissement récent grâce à la viticulture dans la zone d’appellation des Côtes-du-Rhône (Châteauneuf-du-Pape, Gigondas...) où des autorisations de plantations ont permis l’expansion du vignoble, depuis le début des années soixante. Dans le réseau urbain dense, certaines agglomérations se distinguent par leur dynamisme; telle Avignon (210 000 habitants dont 89 440 en 1990 pour la ville). Par contre Arles et Tarascon, bien que sur le Rhône, ont des industries en difficulté. En effet, le développement industriel qu’auraient pu induire l’aménagement du fleuve et les autoroutes entre Lyon et Fos, n’a pas animé le «grand delta», dont on parlait tant dans les années soixante.

La Côte d’Azur

Au sens strict, la Côte d’Azur se limiterait au littoral des Alpes-Maritimes mais l’essor du tourisme a gagné toute la côte en la transformant, de Bandol à la frontière italienne, en un ruban urbanisé.

La partie varoise de la côte comportait déjà quelques noyaux anciens de tourisme hivernal, comme Hyères et Saint-Raphaël, mais l’essor du tourisme estival a d’abord occupé toutes les plages (Sainte-Maxime, Cavalaire, Saint-Tropez) puis il a grimpé sur les versants des collines: de 1975 à 1982, les stations balnéaires du Var ont vu le nombre des résidences secondaires s’accroître de 30 à 220 p. 100. Lorsque la place manque, on construit des marinas (Grimaud) et des ports de plaisance pour accueillir les 120 000 bateaux inscrits entre Marseille et Menton. Toulon, ville militaire installée sur une des plus belles rades profondes du monde, protégée par les batteries du mont Faron, vit de la marine et de ses industries (Arsenal, réparations navales). Après la crise liée au glissement d’une partie de la flotte à Brest, la ville a profité du transfert de la préfecture, jusque-là à Draguignan. L’agglomération toulonnaise dépasse 430 000 habitants en 1990, déborde sur la plaine hyéroise et grimpe sur l’espalier du mont Faron (Toulon même compte 170 167 habitants). La concurrence est vive entre la spéculation immobilière et l’agriculture mais les cultures florales se maintiennent grâce à l’organisation d’un Marché d’intérêt national ultra-moderne à Ollioules.

Cette concurrence a joué beaucoup plus tôt sur la Côte d’Azur proprement dite et s’y ajoute maintenant le desserrement vers l’intérieur des villes de Nice, Cannes et Antibes. La Riviera niçoise, allongée en espalier en bordure de larges golfes (baie des Anges, de Juan et de Cannes) ne constitue plus qu’une seule agglomération, de Mandelieu à Menton. Une clientèle variée de personnes âgées continue à faire des séjours d’hiver, en modestes meublés, en luxueuses villas ou en maisons de convalescence, tandis que les hôtels de prestige connaissent des difficultés. L’essentiel de la saison touristique se situe de mai à fin septembre avec une forte pointe en juillet-août. La spécialisation dans le tourisme déséquilibre l’emploi en faveur du tertiaire et, dans le secteur secondaire, c’est le bâtiment qui représente l’essentiel de l’activité. Des efforts récents ont essayé de mettre à profit la décentralisation. Cette politique a attiré des industries électriques et électroniques (I.B.M. à La Gaude) et surtout la création à Sophia-Antipolis, sur le plateau situé entre Grasse et Antibes, d’une zone d’activités originale: les emplois créés depuis le début des années soixante-dix (3 200) sont en priorité des emplois de «cols blancs» du secondaire et de cadres du tertiaire avec de nombreux laboratoires de recherche (C.N.R.S., École des mines, diverses entreprises françaises et étrangères dont le centre informatique mondial d’Air France, etc.). Sa réussite s’explique par les bonnes liaisons avec les sièges sociaux parisiens (l’aéroport de Nice voit passer 5 940 920 voyageurs en 1993), par la qualité de la vie qui attire les jeunes ingénieurs décentralisés dans un pays où les stations de ski sont si proches du littoral balnéaire, à deux pas d’une ville universitaire.

En 1990, l’agglomération de Nice compte 516 740 habitants, celle de Cannes-Grasse-Antibes plus de 350 000 habitants avec un taux de croissance de 2 p. 100 par an pour cette dernière. Nice déborde désormais sur sa banlieue dans l’arrière-pays, surtout dans la basse vallée du Var et son cadre de collines, mais aussi vers l’étroite riviera de Menton. Partout les serristes vendent leurs terrains proches de la mer et réinstallent leurs cultures florales vers l’intérieur, en se modernisant. Au début des années soixante-dix, le liseré côtier était saturé, l’été en particulier. Heureusement, les infrastructures de circulation se sont modernisées, grâce en particulier à l’autoroute, qui rejoint le réseau italien, et à l’amélioration des relations ferroviaires, même vers Cuneo, avec la reconstruction de l’extraordinaire voie ferrée par Tende, en partie détruite pendant la guerre. Certes, l’été, les embouteillages sont encore gênants, mais les mouvements pendulaires entre les agglomérations sont assurés à un rythme convenable. Les problèmes du ravitaillement en eau ont reçu des solutions, y compris sur la côte varoise, grâce au canal de Provence. Il reste la lutte contre les pollutions du littoral, surtout sur certaines plages l’été, car la configuration de la conurbation rend difficile et coûteuse l’épuration des eaux usées; mais celle-ci s’organise peu à peu. Enfin la place est si chère que l’on a tenté de gagner sur la mer, comme à Monaco. Cette petite principauté indépendante a su allier à son prestige touristique une politique fiscale généreuse et un nouveau style économique, en attirant les sièges de sociétés et même de petites industries «propres» en ateliers à étages.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a toujours l’ambition de devenir une sorte de Californie de l’Europe de l’Ouest, à la pointe de la recherche et des techniques du XXIe siècle. Mais la crise économique la touche souvent durement, même dans ses créations récentes. Largement ouverte sur le monde méditerranéen, elle espère profiter du développement économique de la façade africaine. Mais elle se tourne aussi de plus en plus vers son arrière-pays montagneux qui lui offre des espaces libres, de l’eau en quantité et des sites touristiques très attractifs. L’amélioration des relations par la vallée du Rhône (navigation, TGV, autoroute) doit permettre une relance en liaison avec l’Europe industrielle. La qualité de la vie, la sociabilité de ses habitants, le rajeunissement de sa population sont aussi des atouts qui justifient l’optimisme.

Provence
anc. province du S.-E. de la France qui correspond à la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (l'ancien comté de Nice exclu). Au VIe s. av. J.-C., les Phocéens fondèrent Massalia (Marseille) qui créa des établissements de l'èbre jusqu'à Nice. Après une longue paix, Marseille se heurta aux populations celte et ligure (confédération des Salyens) et fit appel à Rome, qui conquit le pays jusqu'au Rhône (125-121 av. J.-C.). Fondée en 122, Aix fut la capitale de cette Provincia, devenue en 27 av. J.-C. la Narbonnaise, où une brillante civilisation gallo-romaine s'épanouit. Conquis par les Wisigoths, les Burgondes et les Francs, le pays fut donné à Lothaire au traité de Verdun (843); ce dernier l'érigea en royaume (855). En 1112, la Provence passa aux comtes de Barcelone; enrichies par le commerce avec l'Orient, ses villes s'émancipèrent et toute la Provence développa un art roman brillant. Après la mort de René le Bon, duc d'Anjou (1480), le roi poète dont la cour s'était installée à Aix-en-Provence, le comté échut au roi de France (1482).

Encyclopédie Universelle. 2012.