cantonner [ kɑ̃tɔne ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦
1 ♦ Vieilli Établir, faire séjourner (des troupes) en un lieu déterminé. ⇒ camper. — Mod. Intrans. « Le corps d'armée cantonnait sur la Marne » (Duhamel).
2 ♦ Archit. Garnir dans les coins. Tour cantonnée de clochetons. — Blas. Croix cantonnée d'étoiles.
3 ♦ Maintenir d'autorité (qqn) dans un lieu, un état. ⇒ reléguer. On cantonne trop souvent les femmes dans des emplois subalternes.
II ♦ SE CANTONNERv. pron.
2 ♦ Fig. Limiter ses activités, s'en tenir (à un point particulier). Ne vous cantonnez pas dans la biographie, essayez d'autres genres.
● cantonner verbe transitif (de canton) Installer des troupes, les répartir dans des cantonnements. Limiter, borner quelqu'un à une certaine activité : On l'avait cantonné dans un travail idiot. Assurer le cantonnement d'un train, d'un bien ● cantonner verbe intransitif Prendre ses cantonnements quelque part. ● cantonner (synonymes) verbe intransitif Prendre ses cantonnements quelque part.
Synonymes :
- camper
cantonner
v.
rI./r v. tr. établir (des troupes) dans une localité.
rII./r v. Pron.
d1./d Se renfermer, s'isoler. Il se cantonne chez lui depuis quelques jours.
d2./d Fig. Se spécialiser étroitement (dans), se limiter, se borner (à). Il se cantonne dans les études théoriques.
⇒CANTONNER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Vx. Garnir dans les coins.
1. ARCHIT. [Que] les tourelles [se préparent] à cantonner le clocher (A. ARNOUX, Abisag, 1919, p. 299).
2. HÉRALD. Cantonner une croix de gueules de douze oiseaux couleur du temps (TOULET, Mon amie Nane, 1905, p. 76).
B.— TECHN. MILIT. Cantonner des troupes, des soldats. (Les) faire séjourner en un lieu déterminé :
• 1. ... croyez-vous que ce soit un médiocre avantage pour la cour et pour le parti dont je parle, de cantonner les soldats, de les camper, de les diviser en corps d'armée, de les isoler des citoyens, pour substituer insensiblement sous les noms imposans de discipline militaire et d'honneur, l'esprit d'obéissance aveugle et absolue, l'ancien esprit militaire enfin à l'amour de la liberté, aux sentiments populaires qui étoient entretenus par leur communication avec le peuple?
ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, t. 2, 1792, p. 87.
— P. anal. [En parlant de chevaux de relais] Synon. poster :
• 2. ... je veux huit relais échelonnés sur la route (...).
— Votre excellence avait déjà manifesté ce désir, répondit Bertuccio, et les chevaux sont tout prêts. Je les ai achetés et cantonnés moi-même aux endroits les plus commodes, c'est-à-dire dans des villages où personne ne s'arrête ordinairement.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 339.
C.— Maintenir enfermé quelqu'un ou quelque chose dans certaines limites.
1. [Dans un lieu concr.] :
• 3. ... en Angleterre, en Amérique, la victoire [du féminisme] a été difficile. L'Angleterre victorienne cantonnait impérieusement la femme au foyer.
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, 1949, p. 208.
2. Fréq., au fig. :
• 4. ... cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons...
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 11, 1851-62, p. 402.
II.— Emploi pronom. ou intrans.
A.— TECHN. MILIT.
1. Vieilli. Se cantonner. S'établir, établir ses cantonnements :
• 5. Nous ne suivions pas l'exemple des Prussiens qui s'étaient cantonnés à Limbourg et que Houchard avait surpris dans leurs villages, nous campions sous nos tentes. Lorsqu'on est en guerre, il faut ouvrir l'œil; ceux qui prennent trop leurs aises s'endorment.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 80.
— P. anal., vieilli. Élire domicile. [En parlant de pers. autres que milit. ou d'animaux] Certains oiseaux qui se cantonnent au haut des anciennes tours (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 177) :
• 6. Toute la civilisation chrétienne s'est formé de la sorte : le missionnaire devenu curé s'est arrêté; les barbares se sont cantonnés autour de lui, comme les troupeaux se rassemblent autour du berger.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 291.
— Au fig. :
• 7. ... les sympathies des deux femmes, au lieu d'aller l'une à l'autre, s'isolent, se cantonnent à distance, comme deux royautés jalouses l'une de l'autre.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1882, p. 168.
2. Emploi intrans. Cantonner. Établir ses cantonnements, s'établir, séjourner. Synon. prendre ses quartiers :
• 8. Mais, quand il fait son entrée dans le village où il doit cantonner, le troupier n'est pas au bout de ses peines. Il est rare que l'escouade ou la section arrivent à se loger dans le local qui leur a été assigné : ...
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 210.
B.— P. ext. Se cantonner. Demeurer enfermé dans un certain lieu ou certains domaines (exprimés ou non).
1. [Dans un lieu concr.] Demeurer exclusivement (dans) :
• 9. Quelquefois le surchauffement [dans une chaudière] provient de ce que la vapeur se cantonne dans le haut des tubes chauffés, d'où elle ne peut se dégager...
L. SER, Traité de phys. industrielle, t. 2, 1890, p. 242.
2. Au fig.
a) Se cantonner en soi-même. Se renfermer en soi-même :
• 10. Après qu'elle [l'action] a emprunté au milieu universel de quoi se produire, elle ne se cantonne pas en elle-même : issue de la nature, il semble qu'elle doive retourner à la nature et en recevoir son complément nécessaire.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 201.
b) Usuel. S'en tenir à (un domaine), ne pas vouloir sortir de. Se cantonner dans la littérature (GREEN, Journal, 1935, p. 35) :
• 11. Mais si vous-mêmes, ... vous ne vous cantonnez pas sur ce terrain, étroit sans doute, mais solide, de la conférence d'Algésiras, vous donnez à d'autres le droit de ne pas s'y tenir.
JAURÈS, Le Guêpier marocain (1906-08), 1914, p. 75.
Prononc. et Orth. :[], (je) cantonne []. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. cantoner avec 1 seul n. Étymol. et Hist. 1. 1352-58 « se fixer » (BERS., T. Liv., ms. Ste-Gen., f° 264a ds GDF. Compl.); 2. XVIe s. se cantonner « s'isoler » (LA NOUE, Dict. polit. et milit., p. 27 ds GDF. Compl. : Un quartier de pais se cantonneroit, l'autre se mettroit sous quelques chefs militaires); XVIIe s. fig. se cantonner en soi-même (BOSSUET, Char. frat., 1 ds LITTRÉ); 3. 1690 hérald. (FUR.). Dénominatif de canton au sens de « coin, région » et terme d'hérald.; dés. -er. Fréq. abs. littér. :101.
cantonner [kɑ̃tɔne] v. tr.
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1 Établir, faire séjourner (des troupes) en un lieu déterminé. ⇒ Camper (vx). || Cantonner une compagnie dans un village.
♦ Intrans. || Les troupes cantonnent. ⇒ Quartier (prendre ses quartiers). || Faire cantonner des troupes.
1 Le corps d'armée cantonnait sur la Marne, en attendant d'aller se goberger dans un secteur calme (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, p. 22.
1.1 (…) trente gros camions (…) commencèrent dès la pointe du jour à circuler entre la gare des marchandises et les divers hôtels où les troupes devaient cantonner.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 31.
2 Archit. Garnir en disposant aux coins. || Cantonner une colonne de pilastres.
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se cantonner v. pron.
1 Se retirer dans un lieu où l'on estime être en sûreté. ⇒ Établir (s'), fortifier (se), renfermer (se). || Les rebelles s'étaient cantonnés dans un coin de la province (Académie).
2 Élire domicile, demeurer exclusivement (dans).
2 Revenus à Paris, ils se cantonnèrent en divers quartiers, où ils répandirent tant de venin contre moi (…)
La Bruyère, Disc. de réception à l'Académie, Préface.
♦ Se tenir (dans un lieu) sans sortir. || Il s'était cantonné chez lui. ⇒ Isoler (s'), retirer (se).
3 Fig. || Se cantonner dans ses études, dans ses recherches. ⇒ Borner (se), limiter (se). — Se cantonner en soi-même : se renfermer en soi-même.
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cantonné, ée p. p. adj.
1 Troupes cantonnées.
2 Archit., blason. Garni aux quatre coins de… || Tour cantonnée de clochetons. — Croix cantonnée d'étoiles.
➪ tableau Termes de blason.
3 (Cantonné dans…, en…). Enfermé (dans un lieu; par ext., dans un domaine, une activité). || Cantonnés dans leur chambre. || Il est, reste cantonné dans son travail.
3 (…) les garçons cantonnés dans la maison, même le vieux chanteur et les vieilles commères, se mirent en devoir de garder le foyer.
G. Sand, la Mare au diable, Appendice III, p. 167.
4 La parole de Dieu n'est point cantonnée dans l'Évangile et Dieu continue de s'expliquer, et s'exprime autant dans la dernière encyclique du pape que par les paroles mêmes du Christ; et l'Église ne cesse pas d'être divinement inspirée.
Gide, Journal, 1918, Feuillets, II, Religion.
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DÉR. Cantonnement.
Encyclopédie Universelle. 2012.