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cheville

cheville [ ʃ(ə)vij ] n. f.
XIIe; lat. pop. °cavicula, de clavicula « petite clé »
I
1Tige dont on se sert pour boucher un trou, assembler des pièces. Cheville carrée, ronde, conique ( épite) . Cheville d'assemblage. axe, boulon, clou, dent-de-loup, enture, 2. esse, 2. fausset, fenton, 1. goujon, goupille, gournable, taquet, trenail. Mar. Cheville d'amarrage. cabillot. Clou plat traversant une cheville pour la fixer. clavette. Enfoncer, ficher, planter une cheville. — CHEVILLE OUVRIÈRE : grosse cheville qui joint l'avant-train avec le corps d'une voiture; fig. l'agent, l'élément essentiel (d'une entreprise, d'un organisme). Être la cheville ouvrière d'un complot, d'une association, d'une affaire. centre, pivot.
Loc. fam. Être en cheville avec qqn, lui être associé dans une affaire.
2Mus. Pièce autour de laquelle est enroulée, pour la tendre, une corde d'un instrument à manche (cheville de bois) ou à clavier (cheville de métal).
3Tenon pour accrocher. Pendre qqch. à une cheville. Spécialt Viande vendue à la cheville, dépecée et accrochée à des chevilles, qui est revendue en gros et demi-gros aux bouchers ( chevillard) .
II(XIIe) Saillie des os de l'articulation du pied, formée en dedans par le tibia, en dehors par le péroné ( malléole); partie située entre le pied et la jambe. Se fouler la cheville. Avoir la cheville fine ( attache) . Robe qui arrive à la cheville. Loc. Ne pas aller, arriver, venir à la cheville de qqn, lui être inférieur. « ta mère est une femme exceptionnelle. [...] Je ne connais pas de femme qui lui vienne à la cheville » (Duhamel). Fam. Avoir les chevilles qui enflent : être prétentieux. III(1609) Versif. Terme de remplissage permettant la rime ou la mesure; expression inutile à la pensée. redondance.

cheville nom féminin (latin clavicula, petite clé) Petite pièce de bois dur, de section carrée, pyramidale, utilisée pour serrer et maintenir un assemblage de menuiserie. (Elle peut être aussi en métal et cruciforme.) Élément de fixation que l'on enfonce dans un trou préalablement foré et où il reste bloqué. (Les chevilles, le plus souvent en matière plastique, comportent des fentes, crans, ergots, etc., qui en permettent l'expansion et augmentent leur résistance à l'arrachement.) Segment du membre inférieur qui unit la jambe au pied, formé par l'articulation tibiotarsienne et les tissus qui l'entourent. Mot inutile pour le sens mais qui sert à faire nombre pour la rime, la mesure du vers ou le rythme de la phrase. Boucherie Barre de fer ronde à laquelle on suspend, dans les abattoirs, les moutons et les veaux. Horlogerie Tige métallique fixée perpendiculairement au plan moyen d'une roue ou d'un organe rotatif. Musique Dans les instruments à cordes, pièce de bois dur ou de métal fichée à l'extrémité du manche ou dans le sommier et autour de laquelle est enroulée la corde. Outillage Nom donné, dans divers métiers, à des pointes ou des clous de diverses formes. ● cheville (expressions) nom féminin (latin clavicula, petite clé) Cheville ouvrière, principal agent, personne qui joue le rôle essentiel dans une affaire, un organisme ; grosse tige de bois qui joignait le train avant au reste du véhicule hippomobile et qui servait d'axe autour duquel pivotait l'avant-train. Familier. Être en cheville avec quelqu'un, lui être associé, être de connivence avec lui dans une affaire. Familier. Ne pas arriver à la cheville de quelqu'un, lui être très inférieur. Vente à la cheville, vente des carcasses aux abattoirs, en gros ou en demi-gros. ● cheville (synonymes) nom féminin (latin clavicula, petite clé) Horlogerie. Tige métallique fixée perpendiculairement au plan moyen d'une roue ou...
Synonymes :
- goupille

cheville
n. f.
rI./r
d1./d Petite pièce de bois, de métal ou de matière plastique, dont on se sert pour réaliser divers assemblages, ou que l'on enfonce dans un mur pour y introduire une vis.
d2./d Cheville ouvrière: grosse cheville qui sert de pivot; fig. agent principal, indispensable, dans une affaire quelconque.
|| Fig., Fam. Se mettre en cheville avec qqn, s'associer avec lui dans une entreprise quelconque.
d3./d Crochet de boucherie qui sert à suspendre de grosses pièces de viande dans un abattoir.
Vente à la cheville: vente de la viande en gros.
d4./d MUS Pièce de bois ou de métal qui sert à régler la tension des cordes d'un instrument.
d5./d VERSIF Mot ou groupe de mots inutile quant au sens, placé dans un vers pour compléter une rime ou la mesure.
rII./r Articulation de la jambe et du pied. La cheville présente deux saillies: la malléole du péroné externe, la malléole du tibia interne.
Loc. fig., Fam. Ne pas arriver à la cheville de qqn, lui être très inférieur.

⇒CHEVILLE, subst. fém.
A.— Tige de bois ou de métal.
1. Servant à assembler les pièces d'un ajustage et, par extension, à boucher un trou. Cheville de bois. À travers les trous des chevilles qui cousirent ces planches à la carcasse des bateaux, j'épiais la mort (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 401). Trous (...) bouchés (...) avec (...) une petite cheville de bois (Y. QUERET, Manuel de l'industr. du gaz, 1923, p. 217).
Cheville ouvrière. Grosse cheville joignant le train avant et le corps d'une voiture et qui supporte l'effort principal. Traverses de cheville ouvrière (M. BAILLEUL, Notions de matériel roulant des ch. de fer, 1951, p. 97).
Au fig., loc. fam. Personne jouant le rôle essentiel d'une affaire. Vaugelas, en ses dernières années, était donc devenu le grand travailleur, la cheville ouvrière de l'Académie, celui qui tenait la plume pour le Dictionnaire (SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 6, 1863-69, p. 349). La vertu (...) est la cheville ouvrière, le grand facteur du plan divin (RENAN, Dialogues philos., 1876, p. 38).
2. Servant de tenon pour accrocher (quelque chose). ... et le fusil du grand-père, qui demeure suspendu, au-dessus de la cheminée, à la cheville où il l'attacha lui-même pour la dernière fois (A. FRANCE, Nos enfants, 1887, p. 2).
Vente, commerce à la cheville. Vente de viande en demi-gros, en quartiers aux abattoirs :
1. Si elle [Violette] voyait toute cette bidoche, ces quartiers, ces abats accrochés à leurs chevilles, elle flancherait, elle tournerait de l'œil.
A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 308.
3. P. ext.
a) TECHNOL. Cheville à tourniquet. Bâton à serrer la corde qui assure la charge d'une charrette.
Rem. Attesté ds Ac. 1798-1932 ainsi que ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ds QUILLET 1965.
b) MUS. Pièce de bois ou de métal, située à la partie supérieure du manche et servant à tendre les quatre cordes de l'instrument pour les mettre en accord :
2. ... après avoir été, comme un musicien qui accorde son violon, longtemps à tourner les chevilles pour que les cordes soient montées les unes par rapport aux autres, dans une tonalité concordante.
FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 426.
B.— P. anal.
1. [de forme]
a) VÉN. ,,1. Andouiller qui pousse sur les perches de la tête des cerfs, daims et chevreuils. 2. Troisième andouiller du cerf`` (DUCHARTRE 1973). Les bois du Vieux des Orfosses étaient moins amples et moins réguliers : leur empaumure, au lieu des espois d'antan (...) ne portaient plus que des chevilles nouées (GENEVOIX, La Dernière harde, 1938, p. 53).
HÉRALD. Andouillers de la ramure ou du massacre de cerf.
Rem. Attesté ds LITTRÉ et Nouv. Lar. ill.
b) ZOOL. Apophyse osseuse du frontal qui supporte la corne :
3. ... nous allons nous occuper des cornes à chevilles osseuses qui prennent de l'accroissement par leur base, et qui par leur nature ont beaucoup de rapport avec les tégumens.
CUVIER, Lecons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 612.
2. [de situation]
a) Cheville du pied ou cheville. Partie du membre inférieur de l'être humain, située entre l'extrémité inférieure de la jambe et le pied et comprenant l'articulation tibio-tarsienne et les malléoles. Articulation de la cheville; fines chevilles; s'enfoncer jusqu'à la (aux) cheville(s). Une robe grise (...) tombe à plis lourds jusqu'à la cheville arrondie de tes jambes nues (LAMARTINE, Les confidences, 1849, p. 377). La soie verte de la portière le coupait [le pied] juste au-dessus de la cheville, cheville si délicate qu'elle ne pouvait appartenir qu'à une femme (J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 126). Fig. et fam. Ne pas aller (venir) à la cheville de qqn. Lui être très inférieur. Défauts qui nous limitent et nous empêchent d'arriver à la cheville de nos prédécesseurs (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 155).
b) (Être) en cheville. (N'être) ni le premier, ni le dernier, (être) en intermédiaire.
Lang. des MÉT. Atteler un cheval en cheville. L'atteler devant le limonier et derrière un autre cheval.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que ds Lar. 20e et Lar. encyclop.
JEUX. [Au jeu de l'hombre] N'être ni le premier ni le dernier à jouer.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. dont Ac. 1798-1878, ainsi que ds Lar. 20e et Lar. encyclop.
Arg. Être en cheville avec qqn. Lui être associé :
4. Par exemple, faire arrêter Rochard avec deux ou trois autres, et les accuser d'avoir été en cheville avec Léopold pour préparer un attentat fasciste.
AYMÉ, Uranus, 1948, p. 277.
C.— Au fig.
1. VERSIF. Mot de remplissage introduit pour le rythme ou la mesure mais inutile au sens :
5. ... c'était la contexture de ces vers râpeux et gourmés, dans leur tenue officielle, dans leur basse révérence à la grammaire, de ces vers coupés, à la mécanique, par une imperturbable césure, tamponnés en queue, toujours de la même façon, par le choc d'un dactyle contre un spondée. Empruntée à la forge perfectionnée de Catulle, cette invariable métrique, sans fantaisie, sans pitié, bourrée de mots inutiles, de remplissages, de chevilles aux boucles identiques et prévues; cette misère de l'épithète homérique revenant sans cesse, pour ne rien désigner, pour ne rien faire voir, tout cet indigent vocabulaire aux teintes insonores et plates, le suppliciaient.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 38.
2. Loc. fam.
Il n'y manque pas une cheville. Il ne manque rien à cet ouvrage.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Lar. encyclop., LITTRÉ, GUÉRIN 1892.
Autant de trous, autant de chevilles; pour un trou il y a vingt chevilles. [En parlant d'une pers.] Qui n'est jamais à court d'arguments ou d'expédients.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. dont Ac. 1798-1878, ainsi que ds Lar. 20e.
Il ne lui faut plus qu'une cheville pour tenir. [En parlant d'une pers.] Qui n'a plus qu'à se maintenir dans la position à laquelle il est arrivé.
Rem. A testé ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ds Lar. 20e.
Prononc. et Orth. :[()vij]. [] muet noté ds les dict. hist. ainsi que ds PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 (qui transcrit cependant [] (sans [] en présence de l'art.) ou [] par assourdissement de [v] sous l'influence de []), DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; [] muet noté entre parenthèses ds Pt ROB. et WARN. 1968. Au sujet de [] cf. chemin. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « tige de bois dont on se sert pour assembler des pièces » (Eneas, 249 ds T.-L.); spéc. 1635 cheville ouvrière « cheville qui supporte l'effort principal dans un mécanisme » (MONET, Abr. du parallèle des lang. fr. et lat., Genève, éd. Ouvion); d'où fig. 1700 « personne qui joue un rôle essentiel » (REGNARD, Ret. Impr., sc. 4 ds DG); 2. ca 1200 « tenon pour accrocher » (1re continuation de Perceval, éd. W. Roach, I, 10439); d'où 1845 commerce à la cheville (BESCH.) 3. 1599 mus. (H. HORNKENS, Recueil de dictionnaires françoys, espaignolz et latins, Bruxelles); 4. av. 1628 fig. versif. (MALHERBE, Commentaire sur Des Portes, Œuvres, éd. Lalanne, IV, 463); 5. 1723 « barre de bois lisse sur laquelle on tord les écheveaux de soie apres la teinture » (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm.). B. Ca 1165-70 anat. (Troie, 16776 ds T.-L.). Du lat. vulg. cavic(u)la forme dissimilée du class. clavicula (dimin. de clavis « clef »), attesté d'abord au sens de « vrille de la vigne », puis comme synon. de clavis; terme d'anat. en lat. médiév. au XIIIe s. ds Mittellat. W. s.v., 692, 72. Fréq. abs. littér. :518. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 333, b) 912; XXe s. : a) 918, b) 876.
DÉR. 1. Chevillard, subst. masc., bouch. Boucher en gros, commissionnaire qui vend la viande à la cheville aux bouchers détaillants. Les chevillards parisiens (...) achètent les bêtes envoyées sur le marché de La Villette par des marchands de bestiaux (M. WOLKOWITSCH, L'Élev. dans le monde, 1966, p. 177). Se dit également chevilleur ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. [()]. Pour [] muet cf. chemin. 1re attest. 1863 (LITTRÉ); de cheville (comm. à la cheville), suff. -ard. 2. Chevillier, cheviller, subst. masc., mus. Partie supérieure du manche sur laquelle sont situées les chevilles. Notre violon n'a plus changé (...). Le manche et l'ardente volute qui fait chapiteau au bout du cheviller (A. SUARÈS, Voyage du Condottière, t. 1, 1927 [1910], p. 86). Le manche [des violons de J. Arnati] (...) avait les parois du chevillier fort épaisses (MAIGNE, MAUGIN, Nouveau manuel complet du luthier, 1929, p. 27 [encyclop. Roret]). Seules transcr. ds LITTRÉ : che-vi-llé, ,,ll mouillées``; et ds DG : che-vi-yé (avec yod). Cheviller ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., LITTRÉ et GUÉRIN 1892; chevillier ou cheviller ds DG et Lar. 20e; chevillier ds Lar. encyclop. et ds QUILLET 1965 (cf. aussi MAIGNE, MAUGIN supra). 1re attest. 1832 cheviller (RAYMOND); de cheville, suff. -er, -ier. 3. Chevillon, subst. masc., technol. a) Bâton utilisé par les tourneurs et les ourdisseurs. b) Bâton tourné joignant les montants d'une chaise. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que ds Lar. 20e et ROB. [()]. Cf. cheville pour [] muet. 1res attest. a) XIIIe s. [date des mss] « petite cheville de bois » (Renard, éd. E. Martin, VII, 89 leçon des mss CDEHM ds G. TILANDER, Rem. sur le Roman de Renart, p. 105 [éd. Méon 27.877 ds T.-L.]), uniquement en a. fr.; b) emploi techn. 1680, terme de tourneur sur bois et d'ourdisseur (RICH.); de cheville, suff. -on.
BBG. — FEUGÈRE (F.). La Volière de Marie de France. Déf. Lang. fr. 1970, n° 54, p. 10. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — LAUSBERG (H.). Zu französisch cheville « Füllwort ». Arch. St. n. Sp. t. 193, 1957, pp. 294-296.

cheville [ʃ(ə)vij] n. f.
ÉTYM. V. 1160; du lat. pop. cavicula, du lat. class. clavicula « petite clef ».
———
I
1 Tige de bois ou de métal dont on se sert pour boucher un trou, assembler des pièces. || Cheville carrée, ronde. || Cheville conique. Épite. || Cheville d'assemblage. Axe, boulon, clou, dent-de-loup, enture, fenton, goujon, goupille, taquet || L'atteloire, cheville qui fixe les traits du cheval au timon. || Cheville bouchant un trou de tonneau. Broche, fausset. || Cheville plate qui maintient une roue sur l'essieu. Esse. || Cheville assujettissant les tire-fonds des traverses de voie ferrée. Trenail.Mar. || Cheville d'amarrage. Cabillot. || Cheville de chêne employée dans les constructions. Gournable. || Cheville du trou d'écoulement des eaux d'un canot. Nable.Clou plat traversant une cheville pour la fixer. Clavette. || Repoussoir pour chasser une cheville. || Enfoncer, ficher, planter une cheville.
1 (…) un nœud est une espèce de cheville adhérente à l'intérieur du bois.
Buffon, Hist. nat., t. VIII, p. 182, in Littré.
Cheville ouvrière a (1635). Grosse cheville qui joint l'avant-train avec le corps d'une voiture, d'une charrue, d'un affût… || Lunette de cheville ouvrière d'un canon.
b (1700). Fig. Agent, instrument essentiel d'une entreprise, d'un organisme. || Être la cheville ouvrière d'un complot, d'une association, d'une affaire. Centre, pivot.
2 (…) ils me choisirent d'une commune voix pour leur chef. Je justifiai bien leur choix par une infinité de friponneries que nous fîmes, et dont je fus, pour ainsi parler, la cheville ouvrière.
A. R. Lesage, Gil Blas, V. I, p. 323.
3 Vingt ans de suite, effacée, silencieuse, infatigable, elle avait été la cheville ouvrière de la maison (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 202.
3.1 Après des prouesses dans la résistance de Marseille j'étais devenu en Suisse la cheville ouvrière de l'OVS qu'on savait d'obédience communiste (…)
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 234.
Rare. || Cheville maîtresse : cheville ouvrière. Au fig. Centre, cit. 9.
Loc. fig. et fam. Être en cheville avec qqn, lui être associé.
3.2 (…) entre le vol et la présence à Dorges du mystérieux M. Prosper, on ne pouvait douter qu'une corrélation n'existât. C'était elle que Barnabe avait pour mission d'établir.
— Tous ces mirontons-là m'ont l'air d'être en cheville, songeait-il (…)
Francis Carco, les Belles Manières, p. 75.
2 (1599). Mus. Pièce de bois ou de métal qui sert à donner la tension voulue aux cordes (d'un violon, d'une harpe, d'une guitare, d'un piano).
3 (V. 1200). Tenon pour accrocher. || Pendre qqch. à une cheville.Spécialt. || Viande vendue à la cheville, dépecée et accrochée à des chevilles, qui est revendue en gros et demi-gros aux bouchers ( Chevillard).
———
II (XIIe). Saillie des os de l'articulation du pied, formée en dedans par le tibia, en dehors par le péroné ( Malléole); partie située entre le pied et la jambe. || Se cogner les chevilles en marchant. || Se fouler la cheville. || Avoir la cheville fine ( Attache, cit. 10 et supra). || Robe qui arrive à la cheville.
4 Il s'était renversé au fond du fauteuil et fumait : le croisement des jambes découvrait jusqu'à la cheville son pied qu'il balançait indolemment.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 123.
Par plaisanterie (→ I., 1.) :
4.1 7 Novembre. Une petite fille, avec de jolies chevilles ouvrières.
J. Renard, Journal, 7 nov. 1887.
Fig. Ne pas aller, ne pas arriver, ne pas venir à la cheville de qqn, lui être très inférieur.
5 (…) ta mère est une femme exceptionnelle. Elle mérite d'être traitée non seulement avec respect, mais avec vénération. Je ne connais pas de femme qui lui vienne à la cheville.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, XIX, p. 412.
———
III (1609). Terme de remplissage permettant la rime ou la mesure; expression inutile à la pensée. Redondance, 1.; bourre, C.; → Rime, cit. 8. || Poésie bourrée de chevilles.
6 Cheville ! redondance inutile !
Rousseau, Émile, II.
7 À la face des dieux est ce qu'on appelle une cheville; il ne s'agit point ici de dieux et d'autels; ces malheureux hémistiches qui ne disent rien parce qu'ils semblent en trop dire, n'ont été que trop souvent imités.
Voltaire, Commentaire sur Corneille, Othon, I, 1.
8 Pitoyable Laure, qui aimait Pétrarque à cause de ces sonnets hebdomadaires, pleins de chevilles et dont chacun d'ailleurs n'était qu'une cheville entre deux moments d'oubli !
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 77.
9 (…) les cinq intermédiaires hurlèrent sans trêve de piteux alexandrins, que les spéculateurs (…) improvisaient hâtivement à grands renforts de chevilles.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 37.
DÉR. Chevillard, cheviller, chevillette, chevillon.
HOM. Formes du v. cheviller.

Encyclopédie Universelle. 2012.