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cocagne

cocagne [ kɔkaɲ ] n. f.
• fin XIIe « réjouissance »; o. i., mot provenç.
1Pays de cocagne : pays imaginaire où l'on a tout en abondance. — Vie de cocagne : vie de plaisirs et de fêtes.
2Mât de cocagne, au sommet duquel sont suspendus quelques objets ou friandises qu'il faut aller détacher en grimpant.

cocagne nom féminin (peut-être moyen français cocagne, pastel en pâte, de l'occitan coucagno, boule) Autrefois, fête populaire napolitaine au cours de laquelle on attrapait un morceau de viande dans un tas d'aliments symbolisant le Vésuve. ● cocagne (difficultés) nom féminin (peut-être moyen français cocagne, pastel en pâte, de l'occitan coucagno, boule) Orthographe Sans majuscule : pays de cocagne (où tout se trouve à profusion), mât de cocagne (auquel on grimpe pour décrocher des objets suspendus). ● cocagne (expressions) nom féminin (peut-être moyen français cocagne, pastel en pâte, de l'occitan coucagno, boule) Mât de cocagne, mât glissant au sommet duquel sont suspendus divers objets qu'il faut aller décrocher pour les gagner. Pays de cocagne, pays imaginaire où l'on a tout en abondance et sans peine. ● cocagne (synonymes) nom féminin (peut-être moyen français cocagne, pastel en pâte, de l'occitan coucagno, boule) Pays de cocagne
Synonymes :
- eldorado

cocagne
n. f. (En loc.)
d1./d Pays de cocagne, où l'on trouve tout en abondance.
d2./d Mât de cocagne: V. mât.

COCAGNE, subst. fém.
A.— 1. Vx, littér. Fête, réjouissance. Cette messe de saint Benoît (...) débutait par le ,,Gaudeamus`` des cocagnes liturgiques (HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 39) :
1. ... le soir, à la veillée, on se délasserait au fond des bois peuplés de bêtes meilleures que les gens, sous le ciel toujours étoilé de ce pays béni; puis là, mes enfants, au printemps comme à l'automne, en hiver comme en été, quelle cocagne!
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 365.
2. P. méton., fam. [En constr. d'attribut ou avec valeur attributive] Cause de réjouissance, (porteur de) chance :
2. LA MEXICAINE. — Votre fille est bien mal partagée. Un fiancé tout troué, tout mouillé. Moi, cocagne! je n'ai pas de fiancé. Il faut dire que, dans les hommes, la jeunesse me déçoit.
AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 2e tabl., p. 62.
3. L'Autriche doit déboucher comme une chiasse dans les plaines de Mantoue. À mon avis, nous en prenons un bon coup. Mais, tout compte fait, pour nous trois, c'est cocagne. On verra après pour entrer dans la danse.
GIONO, Bonheur fou, 1957, p. 385.
Rem. Il est probable que dans les emplois des ex. 1 et 3, cocagne intègre l'élément « hasard » compris dans le jeu du mât de cocagne.
B.— 1. Mât de cocagne. Mât lisse de fête populaire, planté en terre, parfois enduit d'une matière glissante, au sommet duquel sont accrochés des objets offerts comme prix à qui réussit à en détacher un en y grimpant. Le gamin qui regarde, au sommet du mât de cocagne haut et luisant, la timbale à décrocher (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 494).
2. P. ext. [Le déterminé est le plus souvent pays, vie] Où tout a un air de fête, est agréable, facile et abondant :
4. Un vrai pays de cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête; où le luxe a plaisir à se mirer dans l'ordre; où la vie est grasse et douce à respirer; ...
BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, L'Invitation au voyage, 1867, p. 87.
5. ... deux grands chagrins (...) avaient, coup sur coup, porté une terrible atteinte à la douce existence de cocagne qu'il se promettait, ...
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 35.
[Avec d'autres mots de sens anal.] Auberge de cocagne (NERVAL, Voyage en Orient, t. 1, 1851, p. 6), caves de cocagne (O. FEUILLET, Histoire de Sibylle, 1863, p. 6), une ville de cocagne (DRUON, Le Lis et le lion, 1960, p. 67).
Prononc. et Orth. :[]. Pour [a] ant. dans ce mot, cf. BUBEN 1935, § 32. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Mil. XIIIe s., nom d'un pays imaginaire où tout est en abondance, seignor de Cocagne (Joufroi de Poitiers, éd. P.-B. Fay et J.-L. Grisby, 1373); 1533 pays de Cocaigne (Des Villains... ds Rec. poésies fr. XVe-XVIe s., VII, 72). Orig. discutée. Les rapports du mot (qui est à l'orig. de l'ital. cuccagna, XIVe s., DEI, de l'esp. cucaña XVIIe s., COR., de l'angl. cokaygne, cockaigne début XIVe s., NED) avec le m. fr. cocagne « pastel en pâte » (1463 quoquaigne Tarif de l'équivalent en Languedoc ds A. Midi, t. III, 1891, p. 246), empr. au prov. cocanha coucagno « id. » (MISTRAL; la culture du pastel engendra une grande prospérité dans le Haut-Languedoc) sont obscurs, la chronologie s'opposant, dans l'état actuel de la docum., à un rapport de filiation. Le prov. est lui-même d'orig. peu claire, le mot ayant été rapproché du prov. coca « coque » (DG; mil. XIVe s. [ms.] ds Romania, t. 35, p. 361) ou du prov. de même forme « gâteau » (1391 coga ds FEW t. 21, p. 476b), d'orig. inconnue, peut être préromane (v. FEW t. 16, p. 343a). L'étymon germ. (d'orig. onomatopéique [all. Kuchen « gâteau », le pays de Cocagne étant proprement le pays des friandises] par l'intermédiaire soit du m. b. all. kokenje (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 40, p. 173 et ds EWFS2; REW3, n° 4374a) soit d'un kokania formé sur le modèle de Germania (KLUGE20, s.v. Kuchen; cf. m. néerl. cockaenge [de coek « gâteau »] « pays des merveilles, de Cocagne », VERDAM, s.v. cockaenge, v. aussi DE VRIES Nederl., s.v. koek) n'est pas convaincante. Fréq. abs. littér. :46.

cocagne [kɔkaɲ] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; orig. incert., mot méridional : provençal, ital. Pour P. Guiraud, il s'agit d'un mot roman, p.-ê. de cocca « coquille, objet rond » ou de coquera « faire cuire ». Coucagno est attesté en provençal au sens de « pain de pastel », et coco au sens de « brioche ».
1 Vx, littér. Réjouissance.
1 Je vois des cocagnes pour un peuple immense, des feux d'artifice (…)
Voltaire, Lettre à Catherine II, 147.
2 Loc. mod. Pays de cocagne : pays imaginaire où l'on a tout en abondance. → Macaronique, cit. 1. || Vie de cocagne.
2 Paris est pour le riche un pays de cocagne.
Boileau, Satires, VI.
3 Le pays de Cocagne est sans aventures, merveille par soi-même. Le merveilleux, comme le sacré dont il semble le domaine mineur, appartient au Tout-Autre, à un monde parfois consolant et parfois terrible, mais d'abord différent du réel.
Malraux, les Voix du silence, p. 512.
3 Loc. Mât de cocagne : mât de section circulaire, dressé dans les fêtes publiques et au sommet duquel sont suspendus des objets ou des friandises qu'il faut aller détacher en grimpant.

Encyclopédie Universelle. 2012.