communier [ kɔmynje ] v. intr. <conjug. : 7>
1 ♦ Recevoir le sacrement de l'eucharistie. Communier à Pâques. Communier sous les deux espèces. Trans. (Rare) Faire communier. Le prêtre communia tous les fidèles.
2 ♦ Être en union spirituelle. ⇒ communion. « Il communiait avec ces sentiments » (Genevoix).
● communier verbe intransitif (latin ecclésiastique communicare, communiquer) Recevoir le sacrement de l'eucharistie. ● communier (citations) verbe intransitif (latin ecclésiastique communicare, communiquer) Jacques Du Lorens Tillières-sur-Avre 1580-Châteauneuf-en-Thimerais 1655 Gardez-vous bien de lui les jours qu'il communie. Les Satires du sieur Lorens ● communier verbe intransitif Littéraire. Être en communion intellectuelle et morale avec une ou plusieurs personnes ou choses : Communier dans un même idéal de justice. ● communier verbe transitif Administrer à quelqu'un le sacrement de l'eucharistie.
communier
v. intr.
d1./d RELIG Recevoir le sacrement de l'eucharistie.
d2./d Litt. être en parfait accord d'idées, de sentiments avec qqn. Communier dans le même amour de l'art.
|| Par anal. Communier avec la nature.
I.
⇒COMMUNIER1, verbe.
A.— Emploi intrans.
1. Être en union spirituelle ou affective avec d'autres personnes, partager une condition, un sentiment. Nous avons passé de bonnes heures, dans l'allée droite de son jardin, à renouer, à communier, à nous comprendre d'un mot (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1857, p. 388) :
• 1. Dédier! c'est un blanc geste qui dit : « Ceci est à Vous, œuvre de mes doigts, mangez et buvez, nous communions. »
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1891, p. 138.
— Communier avec (qqn). Par la charité, le croyant communie avec tous les hommes, protestants, païens, tous autres (BARRÈS, Mes Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 152).
— Communier à. Je désire communier à l'ardeur de ce peuple qui se bat (P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 249).
— Communier dans (un même acte d'union). Je me sauvais sur le balcon. Désiré venait me rejoindre. Nous passions là des heures à communier dans la tristesse (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 219).
2. P. anal. Être en union avec le monde physique :
• 2. Quand la lune se levait au ciel, je communiais avec les lointaines cités, les déserts, les mers, les villages qui au même moment baignaient dans sa lumière. Je n'étais plus une conscience vacante, un regard abstrait, mais l'odeur houleuse des blés noirs, l'odeur intime des bruyères...
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 126.
B.— En partic., LITURG. (S')unir au Christ dans l'Eucharistie.
1. Emploi intrans. Recevoir l'hostie consacrée. « Voilà Pâques bientôt : J'espère que vous donnerez l'exemple en communiant avec ferveur » (FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 41) :
• 3. Pourvu que je puisse communier, qu'est-ce que me fait tout le reste? S'incorporer le Christ, c'est s'incorporer au Christ, communier avec le Christ, c'est communier avec tous les chrétiens.
CLAUDEL, Correspondance [avec Gide], 1899-1926, p. 196.
2. Emploi trans., rare. Distribuer à quelqu'un l'hostie consacrée. Le Sauveur communia les apôtres sous les espèces du pain et du vin (A. LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. 351). Le chanoine communia la malade (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 326).
— Emploi pronom. Le prêtre se communie. Se donne à lui-même, au moment de la communion, l'hostie qu'il a consacrée au cours de l'office même. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., QUILLET 1965.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. communiant. Qui fait communier. Le pouvoir « communiant » de la fidélité (TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, p. 174). b) Le part. passé adj. communié. Qui a fait sa première communion. Pauvres petits bougres, tous communiés, tous certifiés, tous portant le même petit ballot de science creuse (GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, p. 86).
Prononc. et Orth. :[], (je) communie []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié Xe s. « donner le sacrement de l'Eucharistie » (St Léger, éd. J. Linskill, 83); fin XIIe-début XIIIe s. soi commeniier « recevoir ce sacrement » (Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 811); 1531 les communians « ceux qui communient » (Inv. du trésor de la Cathédrale d'Auxerre, 49 ds DELB. Notes); 1690 p. ext. (FUR. : On appelle communier en esprit, quand on élève son cœur à Dieu, pendant que le prêtre communie à la Messe, afin de participer au mérite de sa communion 1849 p. anal. (LAMARTINE, Les Confidences, p. 301 : Nous ne pouvons pas plus communier ensemble que la démocratie et l'aristocratie). Empr. au lat. chrét. communicare « avoir part, partager », d'où « être en communion avec l'ensemble des fidèles » et spéc. « avoir part avec l'ensemble des fidèles au corps et au sang du Christ »; -ier par traitement semi-savant de la finale, à la différence de communiquer. Fréq. abs. littér. :515. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 273, b) 436; XXe s. : a) 1 208, b) 994.
II.
⇒COMMUNIER2, subst. masc.
A.— Vieux
1. Bourgeois d'une commune :
• 1. ... les communiers s'alliaient à qui ils pouvaient, parfois à de véritables brigands féodaux.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 59.
2. Membre d'une milice communale :
• 2. En l'absence de la chevalerie, tout entière au siège de Tyr, la bourgeoisie hiérosolymite courut aux portes et fit si bonne contenance que les envahisseurs se retirèrent. La chronique de l'Eracles se montre à juste titre fière de l'attitude de ces roturiers, dignes de nos communiers de Bouvines.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 126.
B.— DR. Propriétaire en commun :
• 3. Et l'on croit remédier au mal, [de la famille] en découronnant l'homme, en émancipant la femme; en faisant des époux des associés, des concubins, des communiers, des actionnaires d'une entreprise de progéniture.
PROUDHON, La Pornocratie, 1865, p. 257.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. I. 1304 subst. comoner « personne qui est en communauté de biens avec une autre » (Year books of the reign of Edward the first, XXXII-XXXIII, p. 233 ds GDF. Compl.); 1467 communier (Usem. de la for. de Brecelien, Cart. de Red., Eclairc., CCCLXXVII ds GDF. Compl.), qualifié comme terme d',,anc. législ.`` par Ac. Compl. 1842; repris au XIXe s. 1865 (PROUDHON, loc. cit.). II. [1398 subst. communyer « membre d'une commune (ici, prob. « syndic ») » (E. Deschamps, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 5, 71)]; 1411 communier (Doc. comm. par M. Daussy ds JOUANC.), v. aussi Pat. Suisse rom.; considéré comme ancien dep. Lar. 19e; n'est plus employé que dans un cont. historique. I dér. de commun « qui appartient à plusieurs », suff. -ier. II empr. au lat. médiév. communarius « celui qui dans une communauté exerce une charge publique » (1221 ds DU CANGE s.v.; v. aussi NIERM., s.v. communiarius), communiarius « membre d'une commune » (1313 ds LATHAM; v. aussi NIERM.). Fréq. abs. littér. :5.
communier [kɔmynje] v.
ÉTYM. Xe; du lat. chrét. communicare « participer à, s'associer à ». → Communiquer.
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1 a V. intr. Recevoir le sacrement de l'eucharistie. || Communier à Pâques. || Communier fréquemment, tous les matins. || Aller communier. || Communier avant, pendant la messe. || Communier de la main d'un évêque. || Communier sous l'espèce du pain (⇒ Hostie), sous les espèces du pain et du vin (→ pop. Avaler le luron).
1 En 1855, il existait, à Paris, une association composée en majeure partie de femmes; ces femmes communiaient, plusieurs fois par jour, gardaient les Célestes Espèces dans leur bouche (…)
Huysmans, Là-bas, V, p. 65.
b Trans. (rare). Donner la communion à (qqn). || Communier un enfant, un malade. || Le prêtre a communié tous les fidèles.
2 Fig. Être en union spirituelle, intellectuelle (avec qqn). ⇒ Communion. || Communier par, dans la douleur. || Communier avec qqn dans le même sentiment, le même amour, les mêmes idées. || Communier avec les sentiments de qqn.
2 Il n'était pas le moins ému. Il se sentait admiré, aimé. Il communiait avec ces sentiments limpides que la cité laissait monter vers lui, par les voix, les regards, les mains tendues de ses représentants. Un attendrissement le gagnait, généreux.
M. Genevoix, Forêt voisine, XV, p. 250.
♦ Par anal. Être en union (avec le monde physique).
3 Il me semble par là communier plus intimement avec la nature (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 774.
Encyclopédie Universelle. 2012.