commun, une [ kɔmœ̃, yn ] adj. et n. m.
• 842; lat. communis
I ♦ Adj.
1 ♦ (XIIe) Qui appartient, qui s'applique à plusieurs personnes ou choses. Ces choses ont un usage commun. Un puits, un passage commun. Terres communes (⇒ communal) . Maison commune : hôtel de ville, mairie. La salle commune d'une maison, d'un café. Les parties communes d'un immeuble. Avoir des intérêts communs avec qqn. Tout est commun entre eux. Un but commun. ⇒ même. Avoir des caractères communs. ⇒ comparable, identique, semblable. Des traits communs. ⇒ analogie, ressemblance. Il n'y a pas de commune mesure (⇒ mesure, II, 3o) . C'est un point commun entre eux. — Avoir qqch. de commun avec : ressembler à, avoir un rapport avec. Son cas n'a rien de commun avec le mien. Absolt Cela n'a rien de commun : ça ne se compare pas, cela n'a rien à voir. — COMMUN À : propre également à (plusieurs). Mur commun à deux propriétés. ⇒ mitoyen. — Dr. Jugement, arrêt commun. Les biens communs, qui s'opposent aux biens propres dans la communauté du mariage. — Math. Multiple, diviseur commun de plusieurs nombres. ⇒ P. P. C. M., P. G. C. D. Mise en facteur commun. ⇒ distributivité. Deux triangles qui ont un côté commun (⇒ adjacent) , un angle commun.
2 ♦ Qui se fait ensemble, à plusieurs. Travail commun. Œuvre commune. ⇒ collectif. Mener une action commune en s'unissant, en collaborant, en s'alliant. Vie commune des époux, des religieux. Faire cause commune avec qqn. ⇒ s'associer. Décider d'un commun accord. Programme politique commun. Le Marché commun. Politique agricole commune (PAC).
3 ♦ Loc. EN COMMUN : qui appartient à plusieurs personnes. Avoir des biens en commun. ⇒ indivision. Mettre en commun ce qu'on a : partager (⇒ communisme) . Ils ont qqch. en commun, (négligé) de commun, de semblable. Ils n'ont rien en commun. — Qui se fait à plusieurs personnes. ⇒ communauté, 1. ensemble (cf. De concert). Personnes qui vivent en commun. ⇒ cohabitation, concubinage. Travailler en commun. ⇒ collaboration; équipe, société. Transports en commun.
4 ♦ Qui appartient au plus grand nombre ou le concerne. ⇒ 1. général, public, universel. L'intérêt, le bien commun. La volonté commune. Sens commun. « On doit quelquefois plus à une erreur singulière qu'à une vérité commune » (Diderot). Droit commun. — Ling. NOM COMMUN : nom de tous les individus de la même espèce (opposé à propre). Nom commun masculin, féminin. « Chat », « table » sont des noms communs.
♢ N. m. Vieilli Le commun. ⇒ 2. ensemble, généralité. Le commun des hommes, le plus grand nombre, la plus grande partie. ⇒ foule, 1. masse. « Le commun des Français fait [...] ses délices de la crasse ignorance des plus illustres éléments de la géographie ! » (Maurras). Loc. Le commun des mortels : les gens ordinaires qui forment la majorité (opposé à les privilégiés; cf. Vulgum pecus) .
5 ♦ Qui est ordinaire. ⇒ accoutumé, banal, 1. courant, habituel, naturel , ordinaire, rebattu, usuel . La langue commune. Rien n'est si commun que... Il est d'une force peu commune, très grande. — N. m. HORS DU COMMUN(⇒ extraordinaire). Destinée, œuvre hors du commun.
6 ♦ Qui se rencontre fréquemment. ⇒ abondant, répandu. Variété de cèpe commune dans les pinèdes. « Les dévotes de l'espèce la plus commune » (F. Mauriac) . — Spécialt Lieu (IV) commun.
7 ♦ Qui n'appartient pas à l'élite, n'est pas distingué. ⇒ quelconque, trivial, vulgaire. Il a des manières très communes.
II ♦ N. m.
2 ♦ (1690) Liturg. Le commun des apôtres, des martyrs, des vierges, l'office que l'Église romaine a réglé d'une façon générale pour tous ces cas.
3 ♦ (1704) Au plur. LES COMMUNS : l'ensemble des dépendances (d'une propriété) : cuisines, écuries, garages... La réfection des communs du château.
⊗ CONTR. Différent, distinct, individuel, 2. original, particulier, personnel, singulier. Distingué, exceptionnel, extraordinaire, rare, recherché, spécial.
● commun nom masculin Littéraire. Le plus grand nombre, la généralité : Le commun des lecteurs aime ce genre de livres. Histoire Ensemble des personnes qui formaient le service des grandes maisons. ● commun (citations) nom masculin Frédéric Sauser, dit Blaise Cendrars La Chaux-de-Fonds 1887-Paris 1961 C'est dans ce que les hommes ont de plus commun qu'ils se différencient le plus. Aujourd'hui Grasset Marc Aurèle, en latin Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, empereur romain Rome 121-Vindobona 180 Pousser en commun, mais non pas penser en commun. Pensées, XI, 8 (traduction A. I. Trannoy) Commentaire Selon Marc Aurèle, l'homme ne doit jamais se retrancher de cet arbre multiple qu'est la communauté humaine. Ceci n'exclut pas, on le voit, la distance vis-à-vis des opinions de la masse. ● commun (expressions) nom masculin Avoir quelque chose en commun, l'avoir chacun de manière identique. Faire quelque chose en commun, le faire ensemble. Le commun des mortels, n'importe qui, tout un chacun. Mettre quelque chose en commun, à la disposition de tous, d'une communauté. Sortir du commun, ne pas être banal, ni répandu ; être d'une grande originalité. Transports en commun, ensemble des transports publics utilisés pour les déplacements dans les villes et pour les migrations journalières. Le commun des martyrs, des apôtres, etc., office qui sert pour un ensemble de saints de la même catégorie. ● commun, commune adjectif (latin communis) Qui appartient à tous, qui concerne tout le monde, à quoi tous ont droit ou part : Les parties communes d'un immeuble. Qui est propre au plus grand nombre ; général, public : L'intérêt commun. Qui appartient à plusieurs choses ou personnes, qui est simultanément le fait de plusieurs choses ou personnes, ou qu'on partage avec d'autres : Point commun à deux lignes. S'associer à l'effort commun. Qui se rencontre fréquemment, qui n'est pas rare ; abondant ou habituel, répandu, ordinaire, courant : L'aubépine est commune dans les haies. Qui manque de distinction, d'élégance ; vulgaire : Il a des manières très communes. Astrologie Se dit de chacun des quatre signes précédant les équinoxes et les solstices (Gémeaux, Poissons, Sagittaire et Vierge). Informatique Se dit d'un paramètre ou d'une variable gardant une même valeur dans divers sous-programmes d'un même programme. Linguistique Se dit de la langue usuelle, par opposition aux langages techniques. En linguistique historique, se dit d'un état de langue, généralement non attesté, qui serait celui de la langue considérée avant sa différenciation en dialectes. ● commun, commune (expressions) adjectif (latin communis) Avoir quelque chose de commun avec, ressembler à quelque chose, à quelqu'un en quelque point. Vieux. Maison commune, la mairie, l'hôtel de ville. Salle commune, dans un hôpital, salle comportant un grand nombre de lits. Vie commune, vie en communauté ou vie en couple. Année commune, année ordinaire de 365 jours. Biens communs, biens tombant dans la communauté des époux (par opposition aux biens propres). Nom commun, substantif qui désigne un être ou une chose considérés comme appartenant à une catégorie générale, par opposition au nom propre (par exemple enfant, chien, maison, courage, etc.). ● commun, commune (synonymes) adjectif (latin communis) Qui appartient à tous, qui concerne tout le monde, à...
Synonymes :
Contraires :
- réservé
Qui est propre au plus grand nombre ; général, public
Synonymes :
- général
Contraires :
Qui appartient à plusieurs choses ou personnes, qui est simultanément...
Synonymes :
- conjoint
Qui se rencontre fréquemment, qui n'est pas rare ; abondant ou...
Synonymes :
- accoutumé
- courant
- habituel
- répandu
- usuel
Contraires :
- inusité
- rare
Qui manque de distinction, d'élégance ; vulgaire
Synonymes :
- banal
- bas
- grossier
- prosaïque
- vulgaire
Contraires :
- bien
- chic (familier)
- délicat
- distingué
- élégant
- original
- précieux
Astrologie. Se dit de chacun des quatre signes précédant les équinoxes...
Synonymes :
- mutable
commun, une
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui appartient au plus grand nombre, qui le concerne. Le sort commun de l'humanité. L'intérêt commun. Le bien commun. Les biens communs des époux (par oppos. aux biens propres).
d2./d Qui est partagé par plusieurs personnes, par plusieurs choses. Les caractères communs à tous les félins. D'un commun accord.
|| Loc. En commun: ensemble. Ils ont mis leur argent en commun. Transports en commun.
d3./d GRAM Nom commun: nom de tous les individus appartenant à la même catégorie (par oppos. à nom propre).
d4./d Répandu. Une erreur commune. Un courage peu commun. Lieu commun.
d5./d DR Droit commun: ensemble de normes juridiques applicables sur un territoire donné.
d6./d MATH Diviseur commun: nombre qui peut en diviser exactement plusieurs autres (ex.: 3 divise 9, 36, 96, etc.).
d7./d Péjor. Qui manque de distinction, d'originalité. Une fille gentille, mais commune.
rII./r n. m.
d1./d Ensemble, majorité du groupe considéré. Le commun des mortels. Une femme hors du commun.
d2./d (Plur.) Bâtiments réservés au service dans une grande propriété.
⇒COMMUN, UNE, adj.
A.— 1. Qui est le fait de deux ou plusieurs personnes ou choses. D'un commun accord; avoir des goûts communs; travail commun; effort commun. Mais, vous le savez tous, notre cause est commune (CONSTANT, Wallstein, 1809, I, 1, p. 8) :
• 1. ... où le goût commun de la terre, de la chasse, du manger et du boire, crée entre tous, bourgeois et paysans, une fraternité étroite.
MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, p. 218.
♦ Emploi subst. Le commun. Le bien commun. Vivre sur le commun (Ac. 1932).
— Commun à. Qui est partagé avec d'autres :
• 2. ... j'ai le grand défaut, commun à la plupart des fils du septentrion, d'honorer trop la vérité et de négliger la grâce.
MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 8.
— MATH. Dénominateur commun. Dénominateur de deux ou plusieurs fractions. Diviseur commun. Nombre qui divise exactement plusieurs autres nombres.
— Loc. et expr.
♦ Sans commune mesure. Qui ne présente aucun terme de comparaison.
♦ Loc. verbales
N'avoir rien de commun avec. Être totalement différent de :
• 3. Dieu me préserve d'avoir rien de commun avec les littérateurs estimés aujourd'hui.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 160.
N'avoir de commun que. N'avoir comme point de ressemblance que.
♦ Loc. adv. En commun.
(De manière à être) ensemble. Avoir, mettre qqc. en commun; la vie en commun, repas en commun :
• 4. La France Libre est prête, maintenant, à participer à l'établissement d'un plan général concernant le Pacifique, en commun avec les États-Unis, le Gouvernement de sa Majesté en Grande-Bretagne, les Gouvernements de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 480.
• 5. Une brochure écrite en commun par une quinzaine de grands noms de la science, de l'armée et du journalisme se vendit à près d'un million d'exemplaires, ...
GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962, p. 62.
À la disposition de tout le monde. Les transports en commun.
2. Qui appartient à un grand nombre ou à une majorité de personnes ou de choses. Le sens commun :
• 6. La loi n'accorde rien, elle protège ce qui est, jusqu'au moment où ce qui est commence à nuire à l'intérêt commun.
SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers état? 1789, p. 88.
• 7. L'une [lettre] était de Marseille, d'une confrérie de pénitents — une des dernières de France — qui accompagne à la fosse commune les corps des condamnés à mort. On l'invitait à des cérémonies.
MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 79.
♦ Emploi subst. sing. Le commun + compl. prép. de. Le plus grand nombre, la généralité. Le commun des mortels.
— Emploi abs. :
• 8. Modestes sont ceux en qui le sentiment d'être d'abord des hommes l'emporte sur le sentiment d'être soi-même. Ils sont plus attentifs à leur ressemblance avec le commun qu'à leur différence et singularité. Ils se confondent au nombre plus qu'ils ne s'en séparent.
VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 107.
— GRAMM. Nom commun (p. oppos. à nom propre). Nom qui convient à plusieurs êtres ou choses formant un genre, une espèce.
3. Qui est propre ou incombe à un ensemble donné.
a) Qui réunit en un tout les éléments d'action sur lesquels s'est établi l'accord d'un ensemble considéré. Front commun; programme commun; Marché commun :
• 9. Si le tronc commun des veines communiquoit directement avec le tronc commun des artères, il n'y auroit donc qu'une seule circulation; le sang revenu au centre retourneroit directement aux parties pour revenir encore, et ainsi de suite; mais c'est ce qui n'arrive jamais entièrement.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 169.
• 10. Le comité national est extrêmement désireux et a la plus grande hâte de voir s'établir à Alger, sur ces bases, l'autorité centrale commune à tout l'empire, en liaison avec la résistance intérieure.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 472.
♦ Faire cause commune avec :
• 11. Quoi! vous ne comprenez pas qu'en faisant cause commune avec une classe d'individus tenus à bon droit pour suspects, vous infligez au gouvernement que vous servez l'humiliation d'un désaveu!
COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, 1, p. 17.
b) Qui s'applique, qui appartient ou incombe à toutes les personnes ou à toutes les choses d'un ensemble considéré. L'intérêt commun; les charges communes.
♦ La maison commune (littér.). L'hôtel de ville, la mairie.
♦ La salle commune. La pièce où se réunissent tous les membres de la famille ou les membres d'un même groupe :
• 12. Le déjeuner, je me force à le prendre dans la salle commune et jusqu'à présent je n'y ai manqué que trois jours.
GIDE, Les Nouvelles Nourritures, 1935, p. 282.
♦ DR. Droit commun.
B.— P. ext. Qui est répandu dans le plus grand nombre de lieux, chez le plus grand nombre de personnes.
1. Que l'on trouve partout, très répandu. Une variété commune :
• 13. Cerfeuil commun. — Plus rustique et plus productif que le précédent [cerfeuil frisé]. À cultiver partout.
A. GRESSENT, Le Potager mod., 1863, p. 297.
— Habituel, fréquent, usuel. Langue commune :
• 14. Le gouverneur, en arrivant de la sorte, manquait aux formes de la bienséance la plus commune; nous soupçonnâmes sans peine que c'était une espièglerie de l'amiral.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 480.
• 15. Il ne faut pas confondre cette ferveur de la vie obscure avec la conscience somnolente. Celle-ci est du moins-être, celle-là un plus-être. Elle est plus commune chez la femme, qui en moyenne vit plus près que l'homme de ses zones subliminales, ...
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 280.
♦ Peu commun :
• 16. ... une sorte d'Hercule qui se faisait pardonner sa calvitie par des bras et une poitrine velus, et sa maigreur par une vigueur musculaire peu commune.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 80.
2. Au fig. Synon. de ordinaire, vulgaire, sans distinction, banal. Maria, qui avait dix-huit ans, était toute petite, lourde, quelconque et commune (GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, p. 114) :
• 17. Or je suis persuadé que le talent de Mme Sand a sa racine dans la corruption; elle deviendrait commune, en devenant timorée.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 555.
— Expr. Lieu commun. Idée, formule générale souvent répétée et appliquée à un grand nombre de situations. User de lieux communs; répéter, renouveler un lieu commun.
♦ Péj. Banalité, idée ou argument rebattu(s) :
• 18. ... Et pourtant de ces augustes bouches
Il ne sort que discours incohérents et louches,
Indignes de ces gens de génie et de cœur.
BARBIER, Satires, Une Soirée d'esprits, 1865, p. 80.
Rem. Certains dict. (Lar. 19e-20e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965) enregistrent le subst. fém. communité. Fait d'être commun (à) (Cf. Legoarant 1858 ds Lar. 19e-Nouv. Lar. ill. et LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[]. En ce qui concerne le timbre de la voyelle finale, v. brun. Liaison avec ou, le plus souvent, sans dénasalisation : [] ou [] commun intérêt. Dans l'hypothèse d'une prononc. [-] de la finale, la dénasalisation se ferait en [-] : [] commun accord. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Relatif au plus grand nombre 1. a) 842 adj. « relatif à tous ou au plus grand nombre, général » (Serments de Strasbourg ds BARTSCH Chrestomathie 2, 8); 1283 droit commun (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 571); 1690 sens commun (FUR.); b) 1172-74 subst. le comun des janz « l'ensemble des gens » (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 4074); 1664 le commun des hommes « le plus grand nombre des hommes » (RAC., Théb., I, 5 ds LIVET Molière); 2. ca 1160 adj. « ordinaire » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 28411 : la gent comune); ca 1160 subst. « le peuple, le vulgaire » (ID., ibid., 26758); 1636 homme du commun (CORN., Illus. com., I, 1 ds LIVET Molière); 1690 hors du commun, au dessus du commun (FUR.); 3. XIIIe s. adj. « répandu, fréquent » (Récits d'un Ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 159); 4. 1690 (FUR.). B. Relatif à tous les éléments d'un ensemble 1. ca 1050 adj. « qui se fait ensemble » (Alexis, éd. Chr. Storey, 308 : commune oraison); 1248 kemun assentement « commun accord » (Cart. blanc de Corb., B.N. Corb. 20, f° 74 r° ds GDF. Compl.); début XIIe s. en comune (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 37); 1443 A communs frais et despens (8 janv. Chirog., A. Tournai ds GDF. Compl.); XIIIe s. commune vie « fait de vivre ensemble (ici d'une communauté religieuse) » (S. Bern. Serm. fr. mss, p. 104 ds LA CURNE); 2. a) ca 1160 adj. « qui appartient ou s'applique à tous les éléments d'un groupe » Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 6593); XIVe s. gramm. (ds THUROT, Extraits de divers manuscrits latins, Paris, 1869, p. 168 : noms communs); 1595 lieux communs « passages extraits de diverses œuvres et applicables à des sujets généraux » (MONTAIGNE, Essais, livre 3, chap. 12, coll. de la Pléiade, p. 1185); d'où 1718 « banalités » (Ac.); XVIe s. denominateur commun (EST. DE LA ROCHE, Arismetique, f° 12 verso ds LITTRÉ); 1449 (Archives Nord B 1684, f° 47 v° ds IGLF :povres supplians, qui sont communs en biens); b) 1172-74 estre commun a « être de nature identique à » (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 328 : estoit a ceus comune); 1580 n'avoir rien de commun avecques (MONTAIGNE, Essais, livre 1, chap. 28, coll. de la Pléiade, p. 229); 3. a) 1409-10 subst. masc. sing. « personnes constituant la domesticité d'une maison » (R. II, 634, 4 ds MORLET, p. 229); b) 1694 « lieu où ces personnes travaillent » (Ac.); 4. 1690 liturg. le commun des apôtres (FUR.). Du lat. class. communis « ce qui appartient à tous, à plusieurs ». Fréq. abs. littér. :12 015. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 20 935, b) 12 669; XXe s. : a) 15 747, b) 16 970. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 350. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 152.
commun, une [kɔmœ̃, yn] adj. et n. m.
ÉTYM. 842; lat. communis.
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I Adj.
1 (XIIe). Qui appartient, qui s'applique à plusieurs personnes ou choses, à un groupe. || D'un usage commun. || Un puits, un passage commun. || Cour commune. || Terres communes (⇒ Communal). || Maison commune. ⇒ Hôtel (de ville), mairie. || La salle commune d'une maison, d'un café. || Mur commun à deux propriétés. ⇒ Mitoyen. || Avoir des intérêts communs avec qqn. || Tout est commun entre eux. || Des goûts, des désirs communs. || Un but commun. ⇒ Même. || Avoir un caractère commun. ⇒ Comparable, identique, semblable. || Des qualités communes. || Des traits communs. ⇒ Analogie, ressemblance. || C'est un point commun entre eux. || Vivre dans une chambre commune. || Avoir un ami commun, en parlant de deux personnes qui ont pour ami une troisième personne. || Nos ennemis communs.
1 Il hait autant que moi nos communs ennemis (…)
Racine, Mithridate, II, 3.
2 (…) unies (les deux amies) par les mêmes besoins, ayant éprouvé des maux presque semblables (…) Tout entre elles était commun.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 22.
3 Ainsi conduite, l'explication sera complète, puisqu'elle rendra compte à la fois des traits communs qui forment les écoles, et des traits distinctifs qui caractérisent les individus.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, I, II, IX, p. 104.
4 Si la vérité de chacun est ce qui le grandit, nous pouvons, vous et moi, qui ne sommes pas de même obédience, nous sentir rapprochés par notre goût commun de la grandeur, par notre amour commun de l'amour.
A. Maurois, Études littéraires, Saint-Exupéry, t. II, III, p. 279.
♦ T. de comparaison. || Avoir qqch. de commun avec qqch. d'autre. || Deux choses qui ont qqch. de commun. ⇒ Rapport. || Cela n'a rien de commun avec ceci, de comparable, de semblable (→ Cela n'a rien à voir).
♦ ☑ Commune mesure. || La commune mesure entre deux choses. || Cela n'a pas de commune mesure. ⇒ Incommensurable, incomparable (→ Abâtardir, cit. 3; aventure, cit. 19). || Sans commune mesure (même sens).
♦ Dr. || Droit commun. ⇒ Droit. || Jugement, arrêt commun. || Avoir des ancêtres communs. || Les biens communs, par opposition aux biens « propres » dans la communauté du mariage. — Souveraineté commune. ⇒ Condominium.
♦ Math. || Diviseur, dénominateur commun. || Le plus grand commun diviseur. ⇒ P. G. C. D. || Le plus petit commun multiple. ⇒ P. P. C. M. || Grandeur commune. ⇒ Commensurable. || Deux triangles qui ont un côté commun, un angle commun. || Mise en facteur commun.
2 Qui se fait ensemble, à plusieurs. || Travail commun. || Œuvre commune. ⇒ Collectif. || Mener une action commune. ⇒ Coaliser (se). || Vie commune des époux, vie commune de religieux. || Faire cause commune avec qqn. ⇒ Associer (s'). — Programme commun, qui a été établi par différents partis politiques unis (spécialt, le programme commun de la gauche, en France). — ☑ D'un commun accord [dœ̃kɔmœ̃nakɔʀ] : avec une communauté d'intentions, de décision, de volonté; par ext., ensemble (et en étant d'accord; → Accord). — ☑ Faire bourse commune : réunir ses ressources pour les gérer, les dépenser ensemble.
♦ ☑ En commun. ⇒ Communauté (en), concert (de), ensemble, société (en). || Personnes qui vivent en commun. || Travailler en commun. ⇒ Collaboration. || Posséder des biens en commun. ⇒ Indivision. || Mettre des biens en commun, partager (⇒ Communisme).
5 La génisse, la chèvre et leur sœur la brebis
Avec un fier lion, seigneur du voisinage,
Firent société (…)
Et mirent en commun le gain et le dommage.
La Fontaine, Fables, I, 6.
6 Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout.
Rousseau, Du contrat social, I, VI, p. 244.
3 Qui appartient au plus grand nombre ou le concerne. ⇒ Général, public, universel. || L'intérêt, le bien commun. || La volonté commune. ☑ Sens commun. || Notre destinée commune. || Les aspirations communes. || L'utilité commune. || Rendre qqch. commun à tous (en parlant de connaissances). ⇒ Communiquer, divulguer, répandre, vulgariser. || Objet d'usage commun. ⇒ Courant.
7 Je n'ai pour ennemis que ceux du bien commun (…)
Corneille, Sertorius, III, I.
8 (…) les mutins virent
Que celui qu'ils croyaient oisif et paresseux
A l'intérêt commun contribuait plus qu'eux.
La Fontaine, Fables, III, 2.
9 (…) Rome le louait d'une commune voix (…)
Racine, Britannicus, II, 6.
10 Les distinctions ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Déclaration des droits de l'homme (Constitution du 3 sept. 1791), art. 1er.
11 (…) la volonté commune ne se retrouve que peu ou point dans chaque personne, qui pourtant en subit la contrainte tout entière.
France, les Opinions de J. Coignard, Œ, t. VIII, p. 324.
12 Je lis dans les lettres de Diderot à Falconet : « on doit quelquefois plus à une erreur singulière qu'à une vérité commune. »
Gide, Journal, 8 déc. 1924.
♦ Gramm. || Nom commun, qui appartient à tous les individus de la même espèce (opposé à nom propre). ⇒ Appellatif. || Nom commun masculin, féminin, épicène.
4 N. m. Vieilli. || Le commun de… ⇒ Ensemble, généralité. || Le commun des hommes, le plus grand nombre, la plus grande partie. ⇒ Foule, masse, monde.
13 L'amour a d'autres yeux que le commun des hommes.
Racine, la Thébaïde, I, 5.
14 (…) au commun des êtres il faut une époque de liberté dans la vie, et pour être solitaire il faut avoir le monde à satiété.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 271.
15 Le commun des Français fait si volontiers ses délices de la crasse ignorance des plus illustres éléments de la géographie !
Ch. Maurras, Anthinéa, p. 110.
♦ ☑ Mod. Le commun, le commun des mortels : la majorité (opposé à les privilégiés). → aussi II., 1.
15.1 Michel Bielski lui propose (…) le commerce des poètes difficiles, hérauts en ce monde de vérités que le commun ignore. Il lui parle de Hölderlin, de Blake (…)
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 171.
5 Qui, étant adopté par le plus grand nombre, est considéré comme dépourvu de distinction (terme relatif, de jugement social).
a Habituel, ordinaire. ⇒ Accoutumé, banal, courant, naturel. || Les règles, les façons communes. || Langage commun. ⇒ Usuel. || Rien n'est si commun que…
16 Se croire un personnage est fort commun en France (…)
C'est proprement le mal français.
La sotte vanité nous est particulière.
La Fontaine, Fables, VIII, 15.
17 (…) cela s'appelle de la ladrerie en langage commun.
Mme de Sévigné, 947, 31 déc. 1684.
18 (…) les choses extraordinaires et qui sortent des communes règles (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 70.
19 (…) je hais l'esprit satirique comme étant l'esprit le plus petit, le plus commun et le plus facile de tous (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 219.
20 (…) rien n'est plus irrésistiblement grotesque, monstrueusement ordinaire, indignement commun, que ces gens qui pleurent des parents aimés.
Maupassant, la Vie errante, III, p. 48.
♦ N. m. (dans : hors du commun). ☑ Hors du commun (⇒ Extraordinaire). || Destinée, œuvre hors du commun.
♦ Spécialt. Qui n'appartient pas à l'élite, n'est pas distingué. ⇒ Quelconque, trivial, vulgaire. || Il a des manières très communes.
21 Ma versification n'est point un assemblage de sentiments communs et d'expressions triviales que la rime seule soutienne; c'est une poésie mâle qui émeut le cœur et frappe l'esprit.
Lesage, le Diable boiteux, XIV.
6 Qui se rencontre fréquemment. ⇒ Abondant, fréquent, répandu. || Une variété commune. || Une espèce des plus communes.
22 Chaque année, en retrouvant mon jardin, même déconvenue : disparition des espèces et des variétés rares : triomphe des communes et des médiocres.
Gide, Journal, 15 juin 1910.
22.1 Je m'empare de quelques beaux papillons porte-queue, jaune soufré maculés de noir, très communs; et d'un autre un peu moins fréquent, semblable au machaon (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 691.
23 (…) ils la classeraient parmi les dévotes de l'espèce la plus commune.
F. Mauriac, la Pharisienne, XII.
♦ ☑ Loc. Peu commun : exceptionnel, rare. || Une force peu commune.
♦ ☑ Lieu commun. ⇒ Lieu, IV.
REM. Dans l'histoire de cette expression, l'adjectif commun est d'abord senti (« commun à tous, collectif ») puis, en français moderne, sa valeur n'est plus analysée, les connotations péjoratives de commun l'emportant.
24 (…) j'ai pris soin de m'écarter des lieux communs et des phrases proverbiales.
La Bruyère, Disc. à l'Académie, Préface.
25 Il y avait là, un ancien ministre, le curé d'une grande paroisse, deux ou trois hauts fonctionnaires du gouvernement; ils s'en tenaient aux lieux communs les plus rebattus.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
7 Sc. nat. Répandu. || Cerfeuil commun.
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II N. m.
1 (V. 1160). Vx. Le peuple; le « vulgaire ». — ☑ Loc. Les gens du commun : la partie la plus nombreuse et la moins favorisée de la société. || Un homme du commun (aussi I., 5., subst.).
2 (1690). Liturgie. || Le commun des apôtres, des martyrs, des vierges… : l'office que l'Église romaine a réglé d'une façon générale pour tous ces cas.
3 N. m. pl. (1704). || Les communs : les bâtiments d'un château, d'une résidence, etc., servant aux cuisines, aux garages, aux écuries… || De beaux communs de style Louis XIII.
26 Une porte grinça sur ses gonds, très loin, du côté des communs.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 196.
27 Mais Théodore (…) n'avait pas regagné le réduit qu'il occupait seulement l'hiver, préférant dormir dans les communs tant que la froidure ne l'en délogeait pas.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 154.
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CONTR. Différent, distinct, inaccoutumé, individuel, inhabituel, original, particulier, personnel, singulier. — Divis, propre. — Distingué, exceptionnel, extraordinaire, rare, recherché, spécial.
DÉR. Communal, communauté, communément, communisme, communiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.