comprimer [ kɔ̃prime ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1314 « opprimer, contenir (une manifestation) »; lat. comprimere, de premere « serrer »
1 ♦ Exercer une pression sur (qqch.) pour en diminuer le volume. ⇒ compacter, presser, serrer. Comprimer une artère pour éviter l'hémorragie. ⇒ clamper. Comprimer pour rendre plat. ⇒ aplatir. Comprimer un objet entre deux choses. ⇒ coincer, écraser, resserrer. (Choses) Ceinture qui comprime la taille.
⊗ CONTR. Décomprimer, desserrer, dilater; 1. étaler, exprimer, extérioriser.
⊗ HOM. Comprime :comprîmes (comprendre).
● comprimer verbe transitif (latin comprimere, serrer) Exercer sur quelque chose une pression de telle sorte que son volume s'en trouve réduit : Comprimer une artère pour arrêter une hémorragie. Serrer fortement quelque chose, quelqu'un ; tasser : Comprimer des vêtements dans une valise. Contenir un sentiment, l'empêcher de se manifester : Comprimer ses larmes, sa colère. ● comprimer (expressions) verbe transitif (latin comprimere, serrer) Comprimer les dépenses, en diminuer le montant, le volume, freiner leur augmentation. Comprimer les effectifs, le personnel, dans une entreprise, les réduire, supprimer des postes. ● comprimer (homonymes) verbe transitif (latin comprimere, serrer) ● comprimer (synonymes) verbe transitif (latin comprimere, serrer) Exercer sur quelque chose une pression de telle sorte que son...
Synonymes :
- serrer
- tasser
Contraires :
- décomprimer
- dilater
- écarter
Contenir un sentiment, l'empêcher de se manifester
Synonymes :
- retenir
Contraires :
- afficher
- étaler
- exprimer
- extérioriser
Comprimer les dépenses
Synonymes :
- réduire
comprimer
v. tr.
d1./d Agir sur (un corps) par la pression pour en diminuer le volume. Comprimer un gaz.
d2./d (Personnes) Empêcher de se manifester. Il comprime sa douleur, sa colère.
d3./d Réduire. Comprimer un budget.
⇒COMPRIMER, verbe trans.
A.— Presser, serrer fortement quelque chose; en réduire le volume sous l'effet d'une pression physique. Comprimer une artère, un gaz. La tumeur pancréatique comprimant le canal cholédoque (QUILLET Méd. 1965, p. 154) :
• 1. Messieurs, soyez préfet de l'Aisne,
Mettez aux pois les canetons
Ou comprimez l'acétylène!
Moi j'attrape les hannetons!
Ballade pour faire connaître mes occupations ordinaires ds G. FOUREST, La Négresse blonde, Paris, J. Corti, 1964 [1909], p. 90.
— P. métaph. :
• 2. Son œil d'obsédé, de maniaque ou de visionnaire s'en empare [des personnages de roman] à son gré ou les abandonne, les étire dans une seule direction, les comprime, les grossit, les aplatit ou les pulvérise pour les forcer à lui livrer la réalité nouvelle qu'il s'efforce de découvrir.
N. SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, p. 75.
— Emploi pronom. à valeur passive. Une machine à vapeur pompe dans la boîte de l'air qui s'y comprime au point de faire tinter les oreilles assez désagréablement (MÉRIMÉE, Lettres à une autre inconnue, 1870, p. 149).
B.— Au fig. Réprimer, réduire, contenir dans certaines limites en exerçant une action contraignante, une force susceptible d'expansion telle que :
1. Un mouvement individuel ou ses manifestations. Comprimer sa joie, ses larmes, un rire, un sourire. De vieilles tendances sado-masochistes, que l'adulte normalement comprime (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 117) :
• 3. Il s'agit d'étouffer son cœur, de comprimer ses instincts, de cacher sa sensibilité, de mettre une muselière et un masque à toutes ses tendresses maladives qui pourraient appeler ou pleurer!
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 459.
— P. méton. [Le compl. désigne la pers. ou l'organe siège de ces manifestations] Comprimer son cœur :
• 4. ... trop grande pour ses douze ans, elle [Élodie] avait la laideur molle et bouffie, les cheveux rares et décolorés de son sang pauvre, si comprimée d'ailleurs par son éducation de vierge innocente, qu'elle en était imbécile.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 50.
2. Un mouvement social, une action collective. Comprimer un parti. Ils [les hommes du passé] résolurent (...) de refouler et de comprimer à jamais la force ascensionnelle de l'humanité (HUGO, Napoléon le Petit, 1852, p. 228) :
• 5. Il comprimait toutes les turbulences sous le poids des intérêts coalisés pour la réussite de la grande entreprise.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 223.
3. Un phénomène économique. Comprimer les prix, les salaires. Au cours de la période même où l'invention, en produisant des biens nouveaux ou en comprimant les coûts, stimule les exportations (PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 74).
Rem. On rencontre ds la plupart des dict. l'adj. dér. comprimable. Qui peut être comprimé. Synon. plus usité compressible.
Prononc. et Orth. :[], (je) comprime []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1314 part. prés. « qui serre, qui presse » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, t. 1, p. 224, § 937); XIVe s. aer comprimé (Oresme ds MEUNIER, Essai sur la vie et les ouvrages de Nicole Oresme, Paris, 1857, p. 167); 2. av. 1380 [date du ms.] fig. comprimer les mouvements du peuple (BERS., T. Liv., ms. Ste-Gen., f° 29e ds GDF. Compl.); 3. 1906 subst. (Pt Lar.). Empr. au lat. class. comprimere « serrer, presser, retenir ». Fréq. abs. littér. :328. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 742, b) 420; XXe s. : a) 395, b) 297.
comprimer [kɔ̃pʀime] v. tr.
ÉTYM. Av. 1380 « opprimer, contenir (une manifestation) »; lat. comprimere, de com- (cum), et premere « serrer, presser ».
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1 Exercer une pression sur (un corps) pour diminuer le volume. ⇒ Compresser, presser, serrer; et aussi diminuer, réduire, restreindre. || Comprimer de l'air. || Comprimer une artère pour éviter l'hémorragie. — Se comprimer le buste avec un corset. || Comprimer qqch. pour le rendre plat. ⇒ Aplatir. || Comprimer un objet contre qqch., entre deux choses. ⇒ Coincer, écraser, resserrer. || Comprimer des marchandises destinées à être embarquées. ⇒ Estiver. || Comprimer un corps pour en exprimer le suc. ⇒ Épreindre, presser.
1 Jacques (…) comprimait le menton contre sa poitrine afin qu'aucun sanglot ne pût jaillir de sa gorge (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 140.
2 (…) le buste bien pris dans une robe de drap qui lui comprimait la gorge.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, III, I.
3 Il se leva et son cœur battit si fort qu'il se comprima la poitrine des deux mains.
P. Mac Orlan, la Bandera, XV, p. 186.
2 (V. 1380). Abstrait. Empêcher de se manifester. ⇒ Contraindre, empêcher, opprimer, refouler, réprimer, retenir. || Comprimer des factions. || Comprimer l'opinion. || Comprimer sa colère, ses larmes, sa peur.
4 Il y a au fond de presque tous les hommes je ne sais quel sentiment d'envie qui veille incessamment sur leur cœur pour y comprimer l'expression de la louange méritée, ou y enchaîner l'élan du juste enthousiasme.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, Journal des idées, Fantaisie.
5 Puis, il s'était habitué par degrés à comprimer ses sentiments, à se faire de son cœur un sanctuaire où il se retirait.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 535.
6 Tout ce que la misère et les défiances d'un rétractile orgueil avaient, jusque-là, comprimé, fit explosion : l'ignorance, les niaises pudeurs, les crédulités jobardes, les lyriques éruptions, les attendrissements dangereux (…)
Léon Bloy, le Désespéré, I, Le départ, p. 41.
♦ Absolument :
7 Comprimez ! Opprimez ! Vous ne supprimerez pas.
Gide, Corydon, p. 50.
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comprimé, ée p. p. adj.
1 Diminué de volume par pression. || De l'air comprimé. || Machine-outil à air comprimé. ⇒ Pneumatique. — Être comprimé dans un train bondé. — REM. On emploie parfois compressé (critiqué).
8 Il (l'enfant) était moins à l'étroit, moins gêné, moins comprimé dans l'amnios qu'il n'est dans les langes.
Rousseau, Émile, I.
9 Le son n'est-il pas une modification de l'air, comprimé, dilaté, répercuté ?
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 556.
10 (…) plus la source du jet d'eau est comprimée, plus il monte haut.
Max Jacob, Conseils à un jeune poète, p. 18.
11 Alors sa taille, une fois libre, devint plus parfaite; n'étant plus comprimée, ni trop amincie par le bas, elle reprit ses lignes naturelles, qui étaient pleines et douces (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, I, V, p. 54.
12 Je lui trouvai le nez long, et cette figure comme comprimée entre deux battants de porte, qu'on voit aux gens qui croient dissimuler leurs contrariétés.
Colette, la Naissance du jour, p. 159.
♦ Aplati sur les côtés. || Un front comprimé.
13 Le buffle a les cornes moins rondes et en partie comprimées.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le buffle.
2 Littér. ou style soutenu. Dont on empêche les manifestations. ⇒ Opprimé, refoulé, réprimé.
14 (…) je me vis sur le déclin de l'âge (…) sans avoir effleuré du moins cette enivrante volupté que je sentais dans mon âme en puissance, et qui, faute d'objet, s'y trouvait toujours comprimée, sans pouvoir s'exhaler autrement que par mes soupirs.
Rousseau, les Confessions, IX.
15 (…) la vague heureuse est lancée au but comme un trait, tandis qu'une fois au-dessus du niveau commun, l'énergie humaine, jusque-là comprimée, réagit, se déploie, pose le pied où elle veut, et tient l'empire (…)
Sainte-Beuve, Volupté, VII, p. 61.
16 Ce mécontentement, pour ne pouvoir, sous ce régime dictatorial, s'exprimer à trop haute voix, était pourtant patent, et, pour être comprimé, n'était que plus violent.
Louis Madelin, l'Ascension de Bonaparte, XIII, p. 181.
17 Ils se sentaient assez riches pour se permettre d'organiser une féerie à la mesure de leurs désirs comprimés.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI, p. 74.
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CONTR. Décomprimer, desserrer, dilater, étendre. — Étaler, exhaler, exprimer, extérioriser, libérer, manifester.
DÉR. et COMP. Comprimable, comprimant, comprimé. Décomprimer, surcomprimer.
Encyclopédie Universelle. 2012.