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cracher

cracher [ kraʃe ] v. <conjug. : 1>
• déb. XIIe; lat. pop. °craccare, du rad. onomat. krakk-
I V. intr.
1Projeter de la salive, des mucosités ( crachat) de la bouche. crachoter, expectorer. Cracher par terre. Défense de cracher. « Ils se tapèrent dans la main, crachèrent de côté pour indiquer que l'affaire était faite » (Maupassant).
2Fig. et fam. Cracher sur qqch. : exprimer un violent mépris. Il ne crache pas sur l'alcool, il l'aime bien. Cracher sur qqn. calomnier, insulter, outrager. Loc. Cracher à la face de qqn. Cracher dans la soupe.
3Fam. Débourser de l'argent, payer. casquer. Faire cracher qqn. Cracher au bassinet.
4Cette plume, ce stylo crache, l'encre en jaillit et éclabousse le papier. ⇒ baver.
5Émettre des crépitements. Haut-parleur, radio qui crache. crachoter.
II V. tr.
1Rejeter (qqch.) par la bouche. Cracher du sang. Cracher un noyau. Loc. Cracher ses poumons.
2Fig. Cracher des injures. proférer. « Il cracha sur moi toutes les malédictions des prophètes » (Flaubert). Loc. Cracher le morceau.
3Émettre en lançant. Volcan qui crache de la lave. Dragon qui crache du feu, des flammes. « la suie que crachaient sans arrêt cinquante petits tuyaux de poêle » (Duhamel).
⊗ HOM. Crasher.

Cracher le débourser, le payer.

cracher
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rejeter (qqch) de la bouche. Cracher du sang.
|| Fig. Cracher des injures: proférer des injures avec véhémence.
d2./d Fig. Rejeter au-dehors. Les volcans crachent du feu.
rII./r v. intr.
d1./d Rejeter par la bouche de la salive, des mucosités.
d2./d Plume, stylo qui crache, qui fait jaillir l'encre de tous côtés.
d3./d Faire entendre des crachements. Une vieille radio qui crache.

⇒CRACHER, verbe trans.
A.— 1. Rejeter hors de la bouche. Cracher la salive. Je fumais un cigare que je trouvais amer, et je le crachai dans l'eau (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 49). Un phtisique qui crache le sang (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 44).
Cracher ses poumons. Tousser en crachant du sang.
P. métaph. ou au fig.
a) Dire avec abondance ou hors de propos. Cracher du latin, cracher des sentences. Je crachais du Virgile à tort et à travers (MICHELET, Mémor., 1820-22, p. 211).
b) Dire avec colère ou mépris. Cracher des injures. Vociférante et lâche sous la douleur, elle crachait les imprécations du lupanar (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 34). Elle lui crachait au visage des paroles terribles (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 593). Cracher son fait à qqn. Lui dire crûment ce qu'on pense de lui.
c) Fam. Débourser :
1. Ils ne peuvent pas cracher deux mille francs sans emmerder personne, vos philanthropes?
— Ils cracheront une fois, mais pas dix.
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 250.
2. Emploi abs. Rejeter des crachats. À chaque instant il se mouche bruyamment et crache dans son mouchoir (RENARD, Journal, 1907, p. 1105) :
2. ... il fit une grimace affreuse qui crispa sa maigre face toute coupée par la balafre, et, gonflant sa poitrine, il cracha de toute sa force, en pleine figure du Prussien.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Père Milon, 1883, p. 217.
P. métaph. ou au fig.
a) Montrer son mépris pour quelqu'un ou pour quelque chose.
Fam. Cracher sur. Mépriser ou dédaigner. Le niais! murmura Rocambole, peut-on cracher ainsi sur vingt millions! (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 51). Je crache sur ta loi. J'ai pour moi le droit (CAMUS, État de siège, 1948, p. 255). Ne pas cracher sur. Apprécier. Vous savez que je ne crache pas sur les filles; j'ai eu mes petites aventures, comme tout le monde (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 63).
Cracher au visage, au nez, à la face de qqn. L'insulter :
3. Toujours bas, nous rampons sous les princes dans leur gloire, et nous leur crachons au visage lorsqu'ils sont tombés.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 144.
Cracher contre le ciel. Blasphémer. Qu'il me lance donc sa foudre, ce Dieu puissant qui entend tout, je le défie! ... Tiens, je crache contre le ciel! (BOREL, Champavert, 1833, p. 240).
b) Cracher au bassin, au bassinet.
c) Fam. Cracher en l'air. Faire ou dire une chose absolument inutile. Trois cents francs! c'est trop fort, dit un homme, à voix basse, à son voisin. (...). Elle en vaut plus de huit cents; je veux couvrir cette enchère. — C'est cracher en l'air. Que gagneras-tu à te mettre à dos (...) toute la clique (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 150). Cracher en l'air pour que cela vous retombe sur le nez (cf. air1, supra t. 2).
B.— P. anal. Rejeter (en dehors), projeter. Des cheminées d'usine crachent sur un ciel livide des bouillons de suie (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 52). La carabine pour la seconde fois crachait sa flamme (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 235). Une chandelle brune crachait des escarbilles (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 27).
Spéc. Navire qui crache (ses étoupes). Navire qui laisse sortir ses étoupes par les joints. Fusil qui crache. Fusil qui projette des grains de poudre ou des étincelles. Plume, stylo qui crache. Plume, stylo qui projette des gouttelettes d'encre :
4. Elle dut s'y reprendre à trois fois, déchirer une feuille, recommencer, déchirer encore, faire encore cracher sur le papier une plume renâclante, une plume qui n'acceptait pas d'être une complice docile.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 276.
MÉTALL. Moule qui crache. Moule qui rejette une partie des matières en fusion. Le métal, qui était extrêmement chaud, a coulé fort doucement dans le moule [de la statue], sans cracher ni bouillonner (MULLER, ROGER, Évol. fond. cuivre, 1903, p. 324).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. crachant. Qui crache. Soudain l'ange muet met la main sur l'épaule du railleur effronté; La mort derrière lui surgit pendant qu'il chante; Dieu remplit tout à coup cette bouche crachante avec l'éternité (HUGO, Contempl., t. 3, 1856, p. 244). De vieux hommes misérables qui copient, plume crachante, je ne sais quoi (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 185). b) Le subst. fém. crachomanie. État de celui qui crache fréquemment. La crachomanie, la prisomanie, la mouchomanie, en un mot le cortège innombrable des maux qui vous assiègent (SAND, Corresp., t. 1, 1812-76, p. 67).
Prononc. et Orth. :[], (je) crache []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1er quart XIIe s. crachier « rejeter par la bouche » (Lapidaire de Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 655); 2. ca 1450 tout craché « très ressemblant » (Mistère du Vieil Testament, XLV, 48573, éd. J. de Rotschild, t. 6, p. 192); 3. 2e moitié XVe s. « dire avec affectation ou mépris » (G. COQUILLARD, L'Enquête d'entre la simple et la rusée, 887, éd. M. J. Freeman, Œuvres, p. 108); 4. XVIe s. « jeter, rendre comme en crachant » (REMY BELLEAU, Reconnue, II, 1, éd. Marty-Laveaux, Œuvres poétiques, II, 378 ds IGLF); 5. 1809 « payer » ([LECLAIR], Les Méditations d'un hussard, p. 22). B. Intrans. 1. 1178 sens propre (Renart, éd. Martin, branche IV, 1264); 2. a) XVe s. méd. cracher au bassin (HENRI BAUDE, Dictz moraux pour mettre en tapisserie, éd. J. Quicherat ds IGLF); b) 1536 cracher au bassin au fig. « rendre gorge, payer » (ROGER DE COLLERYE, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, 9 ds IGLF); 3. 1671 cracher sur « traiter de manière insultante ou méprisante » (POMEY); 4. 1757 « projeter ou laisser échapper de la matière » (ici du métal en fusion) (Encyclop. t. 7, p. 154 a). Issu d'un type lat. vulg. craccare dér. d'un rad. onomat. krakk- qui est représenté aussi bien dans le domaine roman que dans le domaine germanique (REW4, n° 4752; FEW t. 2, pp. 1266 b-1271). L'expr. tout craché (A 2) « très ressemblant » s'explique plutôt par le fait que l'action de cracher peut symboliser l'acte de génération (Nyrop ds Bulletin de l'Académie du Danemark, 1900, p. 343; FEW, loc. cit., note 3) que par un rapprochement entre crachat et goutte d'eau (se ressembler comme deux gouttes d'eau; G. Paris ds Romania, t. 30, pp. 432-433). Fréq. abs. littér. :995. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 463, b) 1 532; XXe s. : a) 2 028, b) 1 795. Bbg. DUCHÁ (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, n° 2, p. 475. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 146, 149. 225, 349. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 153. — SAIN. Arg. 1972 [1907], pp. 64-65. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 33, 330, 363. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 8, 65; t. 3 1972 [1930], p. 181.

cracher [kʀaʃe] v.
ÉTYM. Déb. XIIe; du lat. pop. craccare, d'un rad. onomat. krakk-. → 1. Crac; craquer.
———
I V. intr.
1 Projeter de la salive, des mucosités ( Crachat) de la bouche. Expectorer; crachoter; fam. glavioter, molarder. || Cracher par terre. || Défense de cracher. || Vieillard, malade, qui tousse et crache.
1 Un homme (…) mouchant, toussant, crachant toujours (…)
Molière, le Malade imaginaire.
2 La reine Gisèle était toute courbée, toussant et crachant toute la journée avec une saleté qui faisait bondir le cœur.
Fénelon, Fables, XIX, 17.
3 Ils se tapèrent dans la main, crachèrent de côté pour indiquer que l'affaire était faite (…)
Maupassant, Clair de lune, « La légende du Mont Saint-Michel ».
4 Les belles pommes rouges que les nègres astiquent en crachant dessus et en frottant ferme avec une loque de laine (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, VI, p. 88.
4.1 À La Haye, dit Courteline, les gens sont tellement propres que, quand ils ont envie de cracher, ils prennent le train pour aller cracher à la campagne.
J. Renard, Journal, 12 avr. 1894.
Cracher sur, dans qqch.Cracher dans l'eau pour faire des ronds (aussi fig. : avoir des activités inutiles).Cracher au visage de qqn (pour exprimer sa haine, son mépris…). → Muet, cit. 6.
Loc. Cracher dans la soupe : afficher du mépris pour ce dont on tire avantage.
Prov. Quand on crache en l'air votre crachat vous retombe sur le nez : les actes inconsidérés tournent au désavantage de leurs auteurs. — ☑ Loc. C'est comme si on crachait en l'air : c'est inutile (→ Pisser dans un violon).
2 Fig. a Littér. || Cracher sur qqn. Calomnier, insulter, outrager.
4.2 Après vingt-deux ans de veuvage, elle (Mme de La Barois) s'est amourachée de M. de La Barois qui en aimait une autre, à la vue du public, à qui elle a donné tout son bien, et qui n'a jamais couché qu'un quart d'heure avec elle, pour fixer les donations, et qui l'a chassée de chez lui outrageusement (voici une grande période); mais quand on songe à tout cela, on a extrêmement envie de lui cracher au nez.
Mme de Sévigné, Lettre à Mme de Grignan, 4 juin 1676.
5 Vous vous êtes assis aux festins qui corrompent,
Vous avez applaudi le mal, ri du remords,
Et vous avez craché sur la face des morts.
Hugo, la Légende des siècles, « La vision de Dante », LIV, XI.
b Fam. || Cracher sur qqch., qqn, exprimer un violent mépris, dédaigner.
5.1 Quand on a goûté à la vache enragée on n'aime pas voir les gens cracher sur le beau rôti.
François Nourissier, le Maître de maison, p. 143.
Plus cour. || Ne pas cracher sur qqch. Amateur (être). || Il ne crache pas sur l'alcool.Elle ne crache pas sur les jolis garçons.
3 Par anal. || Cette plume, ce stylo crache, l'encre en jaillit et éclabousse le papier sur lequel on écrit.
6 De fait, peu à peu les bâtons commençaient à marcher plus droit, la plume crachait moins, et il y avait moins d'encre sur les cahiers (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, VI, p. 80.
Fusil qui crache, qui projette de la poudre et des étincelles.Moule qui crache, qui rejette une partie des matières en fusion.
4 Émettre des crépitements. || Haut-parleur, radio, téléphone qui crache. Crachoter.
5 Cracher (au bassinet) : payer (→ ci-dessous II., 3., cit. 9.1).
———
II V. tr.
1 Lancer (qqch.) de la bouche. || Cracher du sang. || Cracher l'eau que l'on a dans la bouche. Rejeter.
6.1 (…) un remous (d'un cortège) dont le centre progresse en sinuosités irrégulières, finissant par expulser l'intrus d'un seul coup, comme un noyau que l'on crache au loin (…)
A. Robbe-Grillet, Souvenirs du triangle d'or, p. 40.
Loc. fig. Cracher ses poumons : tousser en crachant du sang. Par ext. Fam. Tousser violemment.Cracher son venin.
2 Fig., fam. || Cracher des injures. Injurier, insulter, proférer. || Cracher des insultes, son mépris (cit. 8 et 11) à la figure, au nez de quelqu'un.
7 (…) il cracha sur moi toutes les malédictions des prophètes.
Flaubert, Trois contes, « Hérodias », I.
8 Il reprit sa course, arriva d'une traite rue d'Amsterdam, bien décidé à chasser cette femme de chez lui (…) en lui crachant l'injure de son nom dans son dos.
Alphonse Daudet, Sapho, III, p. 17.
Cracher son fait à qqn, lui dire franchement ce qu'on pense de lui (→ Dire ses quatre vérités).
Cracher le morceau : avouer. || Il a fini par cracher le morceau.
Vx (péj.). Cracher du latin : faire à tout propos des citations latines.
9 Et (les hommes de mon temps) dédaignaient l'argot du moine chassieux
Qui crache du latin et fait des hexamètres (…)
Hugo, la Légende des siècles, XX, « Les quatre jours d'Elciis », I.
3 Fam. (de la loc. cracher au bassinet [cit. 2]). Donner (de l'argent); payer. Casquer, débourser. || Il a fini par cracher mille francs. → aussi ci-dessus, I., 5.
9.1 — Ils ne peuvent pas cracher deux mille francs sans emmerder personne, vos philanthropes ?
— Ils cracheront une fois, mais pas dix.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 250.
4 Émettre en lançant. || Volcan qui crache de la lave. || Dragon qui crache du feu, des flammes.Foyer qui crache de la fumée, des cendres. Projeter, rejeter.
10 À chaque fois l'énorme tuyau de la machine se courbait en deux et crachait des torrents d'une fumée noire qui faisait tousser (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, II, p. 17.
11 (…) la suie que crachaient sans arrêt cinquante petits tuyaux de poêle.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, V, p. 278.
Mar. || Navire qui crache ses étoupes, se dit d'un vieux bâtiment dont les étoupes sortent des coutures. || Calfatage qui crache.
——————
craché, ée p. p. adj.
|| Du sang craché. || Un morceau de viande mâché et craché.Des injures violemment crachées.Tout craché. Craché, adj.
DÉR. et COMP. Crachat, craché, crachement, cracheur, crachin, crachis, crachoir, crachoter, crachouiller. Recracher.
HOM. Crasher (se).

Encyclopédie Universelle. 2012.