CALIFORNIE
CALIFORNIE
Les Espagnols et les Britanniques ont découvert la Californie au XVIe siècle; la pénétration espagnole n’y commence qu’au milieu du XVIIIe. Les Franciscains installent alors une série de missions, défendues par des forts (presidios ) et accompagnées de villages (pueblos ). Les Russes, les Anglais et les Français manifestent, à des degrés divers, leur intérêt pour cette lointaine région, domaine de l’élevage extensif. En 1822, la Californie passe aux mains des Mexicains puis, en 1846-1848, à celles des Américains.
Jusqu’en 1849, les nouveaux colons sont attirés par les richesses de la terre; après cette date, la ruée vers l’or contribue à peupler le nouvel État. Le chemin de fer transcontinental, terminé en 1869, le relie à la côte Atlantique. Dès lors s’ouvre, pour la Californie, une période florissante.
La Californie a longtemps représenté pour le pionnier américain, en marche vers la «frontière», le rêve de la Terre promise, où les arbres chargés de fruits en toutes saisons s’offrent à tous les hommes. La fertilité de la terre californienne, la douceur de son climat, la beauté de ses paysages et même la longueur et les difficultés du voyage contribuaient à entretenir ce mythe qui entraîna la ruine de nombreux immigrants. Mais, si la Californie a sans doute été pendant longtemps la Terre promise du rêve américain, elle est devenue depuis les années 1960 le symbole de ses cauchemars. C’est à l’université de Californie qu’est né le mouvement de la contestation étudiante (Free Speech Movement, Berkeley, 1964). C’est à Watts, banlieue de Los Angeles, qu’a éclaté en 1965 l’une des plus violentes émeutes des ghettos noirs. La même année commençait la grande grève des cueilleurs de raisin, qui devait se terminer après cinq années de lutte par la victoire de César Chávez et des chicanos (travailleurs agricoles mexicains). En 1966 se forma à Oakland, dans la baie de San Francisco, le parti des Panthères noires, et l’assassinat de George Jackson à la prison de Soledad, en 1971, devait donner un grand retentissement aux luttes des prisonniers et susciter une mise en cause du système pénitentiaire américain. Mais la Californie n’est pas seulement le lieu privilégié de la contestation, c’est aussi l’État qui a produit des hommes politiques conservateurs, tels les présidents Richard Nixon et Ronald Reagan. Elle est le microcosme parfait de la société américaine; on peut y observer, sous une forme exacerbée, tous les symptômes d’une société en crise: pollution, prolifération urbaine, drogue, marginalité, etc.
La Californie est un État en forte expansion: sa population est passée de 9 millions d’habitants en 1945 à 31,5 millions selon les estimations de 1993. En 1990, elle comprenait 17 029 126 Blancs, 2 092 446 Noirs, 2 950 511 Asiatiques et autres, et 7 687 938 habitants de langue espagnole. Cette population est irrégulièrement répartie suivant les régions; 91 p. 100 des Californiens vivent dans les villes; la côte est séparée de la vallée centrale où se trouvent les vergers par une chaîne côtière; et la vallée est bordée vers l’intérieur des terres par la région montagneuse de la sierra Nevada.
La Californie occupe une place très importante dans l’activité économique du pays. Le produit national brut de l’État était de 112 milliards de dollars en 1970. La Californie vient en tête de tous les États pour la valeur des produits agricoles (farm products ). L’agriculture industrielle de l’agribusiness (culture et conserveries), dominée par des monopoles puissants, représente une valeur de 15 millions de dollars par an. Elle est concentrée dans la Central Valley, plus précisément dans les vallées de Sacramento et de San Joaquin. 90 p. 100 du vin produit aux États-Unis proviennent de Californie.
L’activité industrielle de l’État repose en grande partie sur le pétrole, particulièrement abondant au sud de la baie de Monterrey, dans la région de Los Angeles et de Santa Barbara. Mais, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’industrie aérospatiale a pris un essor considérable. Les usines sont concentrées dans la région de Los Angeles et dans celle de San Diego (Californie du Sud), dans la baie de San Francisco et aux alentours de Pasadena.
Les autres activités économiques de l’État sont la construction, l’informatique, le tourisme et l’industrie du cinéma; cette dernière est en nette diminution, comme en témoigne le déclin de Hollywood.
La technologie au service des militaires a attiré en Californie une main-d’œuvre spécialisée et des milliers de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens. L’État est réputé pour ses nombreux instituts de recherche avancée, telle la Rand Corporation, ainsi que pour l’organisation de son système d’éducation. La «multiversité» de Californie englobe 103 000 étudiants et 6 600 enseignants répartis entre universités prestigieuses, tels les campus de Berkeley (fondé en 1855), Los Angeles, Santa Barbara, San Francisco, Santa Cruz et San Diego, et les collèges d’État de tous niveaux.
La Californie est l’État où toutes les contradictions sociales et politiques du système américain sont apparues au grand jour, celui qui éclaire plus qu’aucun autre les observateurs de la société américaine sur son évolution récente et sur ses orientations futures.
Californie
état de l'O. des È.-U., le plus peuplé, sur le Pacifique; 411 012 km²; 29 760 000 hab.; cap. Sacramento.
— Une chaîne côtière (Coast Range) borde le littoral, où se situent les princ. v.: San Francisco, Los Angeles. Lui succède une longue plaine (Grande Vallée) drainée par le Sacramento et le San Joaquin. L'E. est occupé par la sierra Nevada (4 418 m au mont Whitney). Le climat est chaud et sec. L'agriculture a suscité une import. industrie alimentaire. Une industr. très diversifiée est née des richesses du sous-sol (fer, houille, pétrole surtout). Constr. aéron. électron.; informatique (Silicon Valley).
— Colonie esp., le pays appartint au Mexique de 1822 à 1848 et devint le trente et unième état de l'Union en 1850.
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Californie
(Basse-) péninsule du Mexique, de plus de 1 000 km de long, au S. de la Californie, entre le Pacifique et le golfe de Californie, partagée en deux états: la Basse-Californie du N., 70 113 km²; 1 657 900 hab.; la Basse-Californie du S., 73 667 km²; 290 000 hab. Sous-sol riche: cuivre, plomb, argent. Cultures irriguées.
⇒CALIFORNIE, subst. fém.
[P. réf. au nom d'un des plus riches États de l'Ouest des États-Unis] Contrée aux ressources naturelles innombrables, Eldorado. Ils s'en vont (...) dans les nouvelles Californies qu'on découvre, sur les côtes brûlées du Mexique (J. VALLÈS, Les Réfractaires, 1865, p. 29).
— P. métaph. Masse énorme. Des californies de grotesque (FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 238).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1850, supra. D'apr. Californie, nom d'un État de l'Ouest des États-Unis, p. allus. au caractère démesuré de son développement et des fortunes immenses que celui-ci occasionna.
DÉR. Californien, ienne, adj. et subst. (Personne) résidant ou née en Californie; relatif à la Californie. Côte californienne, montagnes californiennes. Capitale californienne (VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 142). P. métaph., fam. Qui concerne la richesse. Leurs réflexions californiennes étaient troublées (L. PAILLET, Voleurs et volés, 1855, p. 87). — [], fém. [-]. — 1res attest. 1797 géogr. (Voyage de La Pérouse, t. 4, p. 39); av. 1861 fig. bonne fortune californienne (Montépin ds LARCH., p. 55); de californie, suff. -ien. — Fréq. abs. littér. : 20.
BBG. — CASSAGNAU (M.). Qq. bizarreries de la nomenclature géogr. et hist. Vie Lang. 1969, p. 670.
californie [kalifɔʀni] n. f.
ÉTYM. 1850, « grande quantité », Flaubert; de Californie (→ Californien), comme symbole d'un pays riche.
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Encyclopédie Universelle. 2012.