cuistre [ kɥistr ] n. m.
• 1622; a. fr. quistre, nominatif de coistron « marmiton », bas lat. °coquistro « officier chargé de goûter les mets »
♦ Littér. Pédant vaniteux et ridicule. « Des cuistres qui prétendirent donner des règles pour écrire » (France). — Adj. Il, elle est un peu cuistre.
● cuistre nom masculin (bas latin coquistro, valet de cuisine, du latin classique coquere, cuire) Pédant qui étale avec vanité des connaissances souvent mal assimilées. Homme qui manque de savoir-vivre, qui est grossier : Le dernier des cuistres ne m'aurait pas fait cette injure. ● cuistre (difficultés) nom masculin (bas latin coquistro, valet de cuisine, du latin classique coquere, cuire) Sens Personne qui fait un étalage intempestif d'un savoir mal assimilé. Recommandation Ne pas employer le mot au sens de « homme grossier, rustre, malappris », bien qu'il soit attesté dans ce sens chez de bons écrivains : « Il dédaignait ces jeunes gens qui [...] cachaient sous des dehors soumis et dévots les appétits grossiers du cuistre »(O. Mirbeau).
cuistre
n. m. (et adj.) Litt. Homme pédant, prétentieux.
⇒CUISTRE, subst. masc.
Péjoratif
A.— Vieux
1. Valet d'église; bedeau. Des cuistres de sacristie (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 35).
2. Valet de collège. Cuistre de collège (Ac.). Un timbre fut sonné et le cuistre (lisez le garçon de cour, un peu à tout faire : ...) apparut (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes pris., 1893, p. 362).
B.— P. ext., usuel.
1. Homme pédant, ridicule et vaniteux de son savoir Cuistre ignorant, sans goût; pédantisme de cuistre; faire le cuistre. Synon. pédant, pion. Ce cuistre officiel qui pontifiait dans les milieux académiques de Paris (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 15). Un cuistre imbécile et hypocrite, uniquement préoccupé de sauver son gagne-pain et de plaire à son maître (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 11) :
• Mais il est certaines hardiesses, certains tours que je maintiens, en dépit des puristes ou des cuistres; certaines « fautes » qui ne sont pas fautes à mes yeux, ou qui sont fautes conscientes et volontaires...
GIDE, Journal, 1927, p. 855.
— Emploi adj. Avoir l'air cuistre. Il assurait, d'ailleurs, (...) que j'étais moins cuistre qu'il ne l'avait craint (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 42). Cette déformation cuistre qu'exerce sur de jeunes esprits le secondaire français (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1455).
2. Homme manquant de savoir-vivre. Un cuistre insolent; des coquins et des cuistres; des lâches et des cuistres. (Quasi-) synon. rustre.
♦ Employé comme injure. Vous êtes un cuistre! un paltoquet! (LABICHE, M. qui prend la mouche, 1852, 4, p. 156).
Rem. Cet emploi est condamné par certains puristes (cf. THOMAS 1956); il connote les mauvaises manières et/ou une pauvreté compensée par une certaine prétention.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1622 cuistre « valet, subalterne dans un collège » (C. SOREL, Francion, éd. E. Roy, IV, p. 25); 1640 « écolier qui porte le manteau et le bonnet mais non la robe longue; cuisinier pour les étudiants » (C. OUDIN, 2e partie du Trésor des deux lang. espagnolle et françoise); 1670 au fig. « pédant » (MOLIÈRE, Le Bourgeois gentilhomme, II, 3). Représente prob. le nominatif attesté sous la forme questre (1174-77 Renart, éd. Martin, br. II, 1130, terme d'injure) de l'acc. coistron « marmiton, valet de cuisine » (ca 1140 quistrun ds G. GAIMAR, L'Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 103) issu du b. lat. coquistro (dér. de coquere « cuire ») peut-être à identifier avec le b. lat. des gloses cocistro « praegustator cocinae » (CGL V, 595, 16; v. aussi T.-L.); l'initiale cui- p. infl. phonét. des mots dérivés de coquere tels cuire, cuisine, etc. (d'apr. FEW t. 2, 2, p. 1169 b, s.v. coquistro); le maintien du -s-par souci d'expressivité. Fréq. abs. littér. :163. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 298. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 9-10.
cuistre [kɥistʀ] n. m.
ÉTYM. 1622; argot des écoliers, anc. franç. quistre, de coistron « marmiton », du bas lat. coquistro « officier chargé de goûter les mets », avec infl. de cuire, et cuisine.
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1 Vx. Surveillant de collège.
2 Littér. Pédant vaniteux et ridicule. || Un cuistre fieffé. — Grossier personnage dépourvu de savoir-vivre. || Espèce de cuistre !
1 — Allez, bélître de pédant.
— Allez, cuistre fieffé (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
2 (…) il ne s'exprimait jamais sur mon compte qu'en termes outrageants, méprisants, sans me désigner autrement que par ce petit cuistre (…)
Rousseau, les Confessions, VIII.
3 Ceux-là furent des cuistres qui prétendirent donner des règles pour écrire, comme s'il y avait d'autres règles pour cela que l'usage, le goût et les passions, nos vertus et nos vices, toutes nos faiblesses, toutes nos forces.
France, Pierre Nozière, p. 146.
4 (…) le manque de goût familier aux cuistres.
Ch. Maurras, Anthinéa, p. 55.
5 Je ne suis pas un cuistre, je n'irai pas faire grief d'une minute d'absence à un écrivain qui se recommande justement par la pureté et l'exactitude de son style.
M. Aymé, le Confort intellectuel, IV, p. 42.
♦ Adj. || Il, elle est un peu cuistre. || Air, manière cuistre.
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DÉR. Cuistrerie. — REM. L'adv. cuistrement est attesté (1901, Willy, in D. D. L.).
Encyclopédie Universelle. 2012.