1. poli, ie [ pɔli ] adj.
1 ♦ Vx Cultivé et mondain.
♢ (XVIIe) Policé, civilisé.
2 ♦ (XVIIe) Mod. Dont le comportement, le langage sont conformes aux règles de la politesse. ⇒ civil, courtois. Enfant poli, bien élevé. « Les Anglais sont occupés; ils n'ont pas le temps d'être polis » (Montesquieu). Il a été tout juste poli avec moi (⇒ correct) . Dites donc, soyez poli ! Plaisant et fam. Sois poli si t'es pas joli. — Loc. prov. Trop poli pour être honnête, se dit de qqn dont les manières trop affables font supposer des intentions malhonnêtes.
♢ (Choses) « ces petites façons de grand seigneur, si polies, mais si impertinentes pour qui les comprend » (Stendhal). Refus poli, qui s'accompagne des formes de la politesse. — « Les visites traditionnelles qu'il est poli et bien naturel de rendre » (G. Lecomte). ⇒ bienséant. Il est plus poli que vous lui écriviez.
⊗ CONTR. Grossier, impertinent, impoli, incivil, incorrect, insolent, malappris, malotru, malpoli.
poli 2. poli, ie [ pɔli ] adj.
♦ Lisse et brillant. Caillou poli. Âge de la pierre polie. ⇒ néolithique. « ce bras dur et poli et doré comme une belle chose d'ivoire » (Montherlant).
⊗ CONTR. 2. Mat, rugueux.
poli 3. poli [ pɔli ] n. m.
• 1576; de polir
♦ Aspect d'une chose lisse et brillante. Le poli d'un galet. Poli d'un objet d'or ou d'argent. ⇒ brunissure. Le poli d'une casserole. ⇒ éclat, 2. lustre.
⊗ CONTR. Matité.
● poli Participe passé de polir. ● poli nom masculin (de poli) État d'une chose dont la surface est unie, lisse et plus ou moins brillante : Le poli d'un marbre. Dernière façon que l'on donne à une glace produite mécaniquement. ● poli (homonymes) nom masculin (de poli) poli adjectif polis forme conjuguée du verbe polir polit forme conjuguée du verbe polir polît forme conjuguée du verbe polir ● poli, polie adjectif (latin politus) Qui respecte les règles de la politesse, des bienséances : Une demande polie. ● poli, polie (difficultés) adjectif (latin politus) Registre Le contraire de poli est impoli. Malpoli est familier. ● poli, polie (expressions) adjectif (latin politus) Trop poli pour être honnête, dont l'attitude trop courtoise laisse supposer des intentions malhonnêtes. ● poli, polie (homonymes) adjectif (latin politus) poli nom masculin polis forme conjuguée du verbe polir polit forme conjuguée du verbe polir polît forme conjuguée du verbe polir ● poli, polie (synonymes) adjectif (latin politus) Qui respecte les règles de la politesse, des bienséances
Synonymes :
- affable
- bien élevé
- cérémonieux
- civil
- correct
- courtois
- déférent
Contraires :
- impoli
- insolent
- irrévérencieux
- mal élevé
- malotru
- malpoli
- malséant
poli, ie
adj.
d1./d Qui respecte les règles de la politesse.
d2./d Qui exprime la politesse. Un ton poli.
————————
poli, ie
adj. et n. m.
d1./d adj. Lisse et luisant. Galets polis.
d2./d n. m. Lustre, éclat (d'une chose que l'on a polie). Donner du poli à un meuble.
I.
⇒POLI, -IE, adj.
A. —[En parlant d'une pers.] Dont le comportement, les manières, le langage sont conformes aux règles de la bienséance, au respect des convenances. Anton. impoli. Impatience à peine polie; fermeté polie; être poli envers les femmes, avec tout le monde, à l'égard de qqn. Je me suis levée pour lui demander s'il voulait quelque infusion... lui toujours si poli, si doux (...) il m'a renvoyée en vrai butor (BOURGET, Disciple, 1889, p.209).
— Expr. fam.
♦Trop poli pour être honnête. ,,Dont les manières exagérément courtoises font pressentir le désir de tromper`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
♦Sois poli, si t'es pas joli! ,,Formule de reproche ironique à un impoli`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
B. —[En parlant d'un inanimé]
1. Qui dénote le respect des convenances, des bonnes manières, une bonne éducation. Déférence, expression, ironie, lettre polie. Je pensais en moi-même qu'il serait bien de faire à cet avertissement une réponse polie. Par exemple: —Mademoiselle, c'est seulement pour vous que je viens! (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.185). «... je vous prie de rester au garage. Une nuit est vite passée. Lorin reprendra son service demain.» Il n'y avait rien à dire. C'était un ordre poli, mais c'était quand même un ordre, et je tenais beaucoup à conserver ma place (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.215):
• ♦ —Votre frère vous dit que vous êtez bien installé, répéta le directeur. Jacques fit rapidement volte-face. Il avait un air poli, bien élevé, que son frère ne lui avait jamais vu. —Oui, monsieur le directeur, très bien.
MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.692.
— Vieilli. Délicat, raffiné. Ce n'est point la langue douce et polie de Des Portes que parle et qu'écrit d'Aubigné (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p.145).
2. En partic. Qui témoigne d'une certaine réserve, qui est sans conviction, froid. Ennui, sourire poli. Je n'oublierai jamais les sourires ironiques, les silences polis, voire désapprobateurs, lorsque j'expliquais la mise en route d'expériences très simples (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p.112). Le premier plan avait été accueilli avec un intérêt poli plutôt qu'avec enthousiasme (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p.238).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. poli (v. polir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1160 «uni, lisse, brillant» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6458); 2. 1172-90 «choisi, soigné (des mots)» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 4361); spéc. 1580 «qui porte la marque de la culture et du bon ton» (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, I, 25, p.139); 1681 «civilisé (d'un peuple, d'un pays)» (BOSSUET, Discours sur l'Hist. univ., p.30); 3. 1694 (Ac.: Poli. Doux, civil, honneste, complaisant, qui pratique de bonne grace tout ce qui regarde l'exterieur de la vie civile). Du lat. politus «uni, lisse, brillant», «poli (par l'instruction)», «poli, limé, châtié, qui a du fini (du style)», part. passé adj. de polire, polir. Cf. l'ital. polito, pulito «net, sans tache» (XIVes. ds TOMM.-BELL.) et «qui choisit bien ses mots (d'un écrivain)» (XIVes. ibid.), déjà en a. prov. polit «choisi» mil. XIVes. (Leys d'amors, fol. 119 ds RAYN.). Sens 3 sous l'infl. de politesse.
STAT. —Poli, adj. et part. passé. Fréq. abs. littér.: 1922. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2965, b) 3254; XXes.: a) 2671, b) 2293.
BBG. —DAUZAT Ling. fr. 1946, p.7.
II.
⇒POLI, -IE, part. passé, adj. et subst. masc.
I. —Part. passé de polir.
II. —Empl. adj.
A. —Dont la surface est unie, lisse, brillante; sans aspérité. Acajou, acier, aluminium, ébène, ivoire, verre poli; galet poli; ongles polis; poli comme un miroir (v. polir ex. 1). La tête du boulon était polie, nette, sans une bavure, un vrai travail de bijouterie, une rondeur de bille faite au moule (ZOLA, Assommoir, 1877, p.534). V. cuivre ex. 3.
— PRÉHIST. Pierre polie.
— P. anal. [En parlant du riz blanchi] Auquel on donne un brillant, un lustre commercial:
• 1. Le riz était utilisé autrefois par les indigènes sans être décortiqué, c'est-à-dire encore enveloppé de sa fine pellicule rouge. Nos techniques modernes ont permis de préparer le riz poli, plus agréable au goût sans doute, mais d'une valeur nutritive bien diminuée, par suite de l'élimination des vitamines qui se trouvent dans les parties superficielles du grain.
R. LALANNE, Alim. hum., 1942, p.18.
B. —Au fig.
1. Vieilli, littér. Raffiné. Mon goût mal poli me portait plutôt à admirer la chapelle avec sa Vierge peinte, ses fleurs en papier (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.295).
2. [En parlant d'une manifestation de l'activité intellectuelle] Qui est exécuté avec un soin minutieux. Des poètes écrivaient pour une élite des vers laborieux, polis et ardus (Arts et litt., 1936, p.40-12). V. badin1 ex. 4 et éclat C 2 ex. de Chênedollé.
III. —Subst. masc., le plus souvent au sing.
A. —État d'une surface lisse, brillante. Un poli d'acier, de miroir. Sa peau s'embellit tout à coup, acquit le doux, le poli délicat de la nacre (MICHELET, Journal, 1861, p.588). Saint Louis (...) prisait fort le poli et l'éclat des pièces d'or fraîchement frappées; aussi, employait-il ses loisirs à fondre ses vieux louis pour en avoir de neufs (FULCANELLI, Demeures philosophales, t.2, 1929, p.107):
• 2. Un homme distingue au toucher le poli du verre de celui du bois, du marbre ou du métal, tous ces corps étant supposés à la même température et à la température de la main. Un autre ira plus loin, et distinguera le poli du chêne de celui du hêtre, le poli du porphyre de celui du marbre statuaire, le poli de l'acier de celui du cuivre...
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.162.
♦Poli glaciaire. Aspect lisse et brillant d'une roche produit par le frottement des glaciers. En outre, une trace incontestable du passage des glaces consiste dans les polis glaciaires (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p.386).
B. —Au fig. Élégance, raffinement. Un goût pur dont rien n'émoussa les premières délicatesses; une imagination claire dont rien n'altéra le poli; un esprit agile et bien fait, prompt à s'élever du sublime (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.210). V. forme ex. 46.
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr.: poli, -ie (adj.). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V.poli, -ie, part. passé et adj. Fréq. V. poli, adj.
1. poli, ie [pɔli] adj.
ÉTYM. 1580, « cultivé »; « élégant », fin XIIe; de polir, fig., avec l'infl. du lat. class. politus.
❖
1 Vx. (Personnes). Cultivé et mondain, délicat et raffiné dans ses manières, son langage, sa façon de vivre, de sentir. ⇒ Distingué (→ Car, cit. 8, La Bruyère). || Esprit poli (→ Badaud, cit. 3, Corneille).
♦ (Choses). Vx. Qui est délicat, raffiné, qui porte la marque du bon goût (⇒ Politesse, 1.), du bon ton. ⇒ Élégant. — Style poli. || Œuvre polie.
♦ (XVIIe). Vx. Civilisé, raffiné (opposé à barbare [cit. 10], inculte, sauvage). || Nation, société polie (→ Perfectionner, cit. 4). || « Cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs » (→ Ignorant, cit. 8, Bossuet).
2 (XVIIe). Mod. Dont le comportement, l'attitude, la tenue, le langage sont conformes aux règles de la politesse (2.). ⇒ Affable, aimable, civil (cit. 14), complaisant, courtois, diplomate (fig.)., galant, gracieux, honnête (vieilli). || Enfant poli. ⇒ Élevé (bien élevé). || Poli jusqu'à l'obséquiosité. ⇒ Obséquieux; cérémonieux, révérencieux (→ Courber, cit. 26; distant, cit. 5). || Être poli à l'égard de qqn (→ Nouveau, cit. 4). || Il a été tout juste poli avec moi (→ Correct). || Dites donc, soyez poli ! ☑ Fam. Sois poli, si t'es pas joli !
1 Les Anglais sont occupés : ils n'ont pas le temps d'être polis.
Montesquieu, Pensées diverses, « Les Anglais et les Français ».
2 (…) toujours admirable de tact et de spirituelle dignité, convive exquis, gourmand par politesse, bavard à l'occasion par condescendance et charité, si parfaitement poli que les simples curés de son doyenné, pris au piège, le tinrent toujours pour le plus indulgent des hommes, d'un rapport agréable et sûr, d'une perspicacité sans tranchant, tolérant par goût, même sceptique, et peut-être un peu suspect.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, I.
♦ ☑ Loc. Trop poli pour être honnête : dont les manières trop affables font supposer des intentions malhonnêtes.
2.1 Le comportement du soldat donnait lieu à des généralisations infinies : « Ils n'aiment pas les chats, ils ne fument pas, ils donnent de bons pourboires, ils sont célibataires, ils sont trop polis avec les femmes pour être honnêtes (…) »
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 63.
♦ ☑ Vieilli. (Jeu de mots sur 2. Poli → Polir). Poli comme un caillou, une glace : très poli, ou, par antiphrase, pas poli.
♦ (1636). || Mal poli. ⇒ Impoli, malpoli.
♦ Façons (cit. 44), manières (cit. 41 et 44) polies. || Répondre par une inclination (cit. 23) polie. ⇒ Respectueux. || Langage poli. || Répondre d'une manière polie. ⇒ Poliment. || Un simple oui (cit. 1) ou un non sont peu polis. || Ton poli. ⇒ Amène. || Voix polie (→ Interposer, cit. 3). || Lettre polie (→ Minuter, cit. 2). || Formule, phrase polie. ⇒ Politesse (formule de politesse). → Hasard, cit. 10. — Refus poli (→ Débet, cit.). || Indifférence (cit. 12) polie, qui s'accompagne des formes de la politesse.
3 Le marquis de la Mole reçut l'abbé Pirard sans aucune de ces petites façons de grand seigneur, si polies, mais si impertinentes pour qui les comprend.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXX.
♦ Il est poli de… et l'inf. ⇒ Beau, bienséant (→ Dénigreur, cit. 2). — Il est poli que… et subj. || Il est plus poli que vous lui écriviez.
❖
CONTR. Agreste, barbare, rude, rustique, sauvage. — Abrupt, arrogant, brutal, discourtois, gêne (sans gêne), grossier, impertinent, impoli, incivil, inconvenant, incorrect, insolent, malappris, malgracieux, malhonnête, malotru, malséant, rustre.
DÉR. Poliment.
COMP. Impoli.
————————
3. poli [pɔli] n. m.
❖
♦ Aspect d'une chose parfaitement lisse et luisante. ⇒ Polissure (vx). || Enlever (⇒ Dépolir), donner le poli à une surface. ⇒ Polir (1.). || Poli d'un objet d'or ou d'argent. ⇒ Brunissure. || Le poli d'une casserole (cit. 1). ⇒ Clarté, éclat, lustre. || Poli miroir, celui que peut prendre une surface métallique. || Ses bras (cit. 1) gracieux avaient le poli de l'ambre. || L'ébène (cit. 1), bois qui peut prendre un magnifique poli. ⇒ Polissable.
0 Selon l'expression d'un grand poète, le Temps a passé son pouce intelligent sur les arêtes du marbre, sur les contours trops rigides, et donné à cette sculpture déjà si souple et si moelleuse le suprême poli et le dernier achèvement.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 104.
♦ Géol. || Poli glaciaire (des roches, galets, etc.) : surface lisse (d'un mineral) obtenue par le frottement des glaciers.
❖
CONTR. Aspérité, matité, rugosité.
Encyclopédie Universelle. 2012.