décorer [ dekɔre ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ (Sujet personne) Pourvoir d'accessoires destinés à embellir, à rendre plus agréable. ⇒ agrémenter, embellir, enjoliver, orner, 1. parer. Décorer un appartement, une vitrine. Décorer un sapin de Noël avec des guirlandes, de guirlandes. Décorer un gâteau.
♢ (Sujet chose) Agrémenter, embellir (un lieu). Tableaux qui décorent un salon.
2 ♦ Fig. Couvrir d'une apparence trompeuse et séduisante. ⇒ honorer, 1. parer, revêtir . « une de ces gentilhommières [...] que les villageois décorent du nom de château » (Gautier).
3 ♦ Attribuer, remettre à (qqn) une décoration, l'insigne d'un ordre, d'une distinction honorifique. Décorer un soldat d'une médaille. ⇒ médailler. — Absolt Il va être décoré (de la Légion d'honneur).— P. p. adj. « un quidam se présente, bien mis, décoré même » (Flaubert). Subst. Un décoré.
● décorer verbe transitif (latin decorare) Pourvoir un lieu d'éléments (meubles, objets, tentures, etc.) qui l'embellissent : Elle a joliment décoré sa maison. Placer dans un lieu des accessoires qui lui donneront un air de fête : Décorer une table de bouquets, de guirlandes de fleurs. Orner un objet de motifs, de dessins, de couleurs, etc. : Décorer une assiette de porcelaine. Orner quelque chose, un lieu, le rendre agréable à l'œil : Deux dessins décoraient le mur. Remettre une décoration honorifique à quelqu'un, en hommage à ses mérites : On l'a décoré de la Légion d'honneur. Décerner à quelqu'un, quelque chose un titre, une qualité immérités : On l'a pompeusement décoré du titre de président. ● décorer (synonymes) verbe transitif (latin decorare) Pourvoir un lieu d'éléments (meubles, objets, tentures, etc.) qui l'embellissent
Synonymes :
- orner
Placer dans un lieu des accessoires qui lui donneront un...
Synonymes :
- agrémenter
- égayer
- enrichir
décorer
v. tr.
d1./d Orner, parer, embellir. Décorer un appartement.
|| Fig. Décorer un plat d'un nom ronflant.
d2./d Conférer une décoration à (qqn). Décorer qqn de l'ordre du Mérite.
d3./d (Afrique) Offrir à (qqn) en public, pour l'honorer ou lui témoigner de l'admiration, des cadeaux, notam. des billets de banque (qu'il épingle sur sa poitrine comme une décoration). Un admirateur l'a décorée d'un bracelet en or et de cinquante mille francs.
⇒DÉCORER, verbe trans.
A.— [P. réf. à décor A et décoration A]
1. [Gén. avec une idée d'intention marquée, de recherche] Orner, parer, agrémenter de décors ou de décorations un édifice, un appartement, une pièce d'ameublement, etc.
a) [Le suj. désigne une pers.] Garnir d'accessoires destinés à embellir ou à être un élément d'embellissement. Décorer un appartement, un édifice. Décorer les couvertures de leurs dictionnaires de dessins ingénieux à l'encre (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 101). Décorer les façades de pilastres, d'ornements de toute provenance (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 319).
— Spéc., ART CULIN. Une nouvelle manière de décorer la table avec des guirlandes de fruits (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 457) :
• 1. Les tables de 24 à 40 couverts n'étaient point rares. On les décorait suivant un rite immuable. Je copie... « Pour le milieu, un surtout, garni (...). Pour les quatre coins, quatre buissons, montés à fond crud... etc. » Je ne soulignerai pas l'abondance « de cette garniture et de ces enjolivements » du dessert, ni la richesse de tant de pièces de métal ciselé et de porcelaines fines...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 115.
b) [Le suj. désigne des obj. qui servent à la décoration] Servir d'ornement à, être l'ornement de. (Quasi-) synon. agrémenter, enjoliver, enrichir. Les portraits qui décoraient les murs du salon (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 37). Les figures mythologiques, les animaux chimériques qui décorent les montants des meubles sous la Renaissance et l'Empire (VIAUX, Meuble, 1962, p. 11).
— Emploi pronom. passif. Les murs se décoraient d'un lambris en bois des îles, espèce de luxe alors dans sa nouveauté (SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 283).
Rem. On rencontre dans la docum. a) l'emploi adj. du part. prés. décorant, ante, au sens de « qui décore, sert à orner, embellir ». La 3e série de matières décorantes [céramiques] comprend les métaux (A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, 1844, p. 504); b) l'adj. décoratoire. Qui se rapporte à la décoration ou qui a une valeur de décoration (v. ce mot A). L'artiste [Hubert Robert] (...) le crayonneur agréable, l'aquarelliste à l'aquarelle à la fois délicate et décoratoire (E. DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, p. 142). La cervelle d'un artiste occidental, dans l'ornementation d'une assiette ou de n'importe quoi, ne conçoit et ne crée qu'un décor placé au milieu de la chose, un décor unique ou un décor composé de deux, trois, quatre, cinq détails décoratoires (GONCOURT, Journal, 1884, p. 334).
2. P. anal. [Gén. sans idée d'intention, de recherche] Parer, rendre plus beau, plus éclatant par des moyens concrets, à effet décoratif. L'espèce d'amphibie auquel appartenait cette tête conique à gros yeux, que décoraient des moustaches à longs poils soyeux (VERNE, Île myst., 1874, p. 149). Quelques nuages décorent le ciel de leurs fresques légères et charmantes (MIRBEAU, Journal femme, 1900, p. 70).
— Emploi pronom. passif, poét. Ce chêne ne se décore plus de son propre feuillage (CHATEAUBRIAND, Œuvres complètes, t. 16, René, Paris, Ladvocat, 1826 [1805], p. 155).
3. P. métaph. Rehausser quelqu'un ou quelque chose par des qualités d'ordre moral. Ta jeune sœur que la pudeur décore (SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 117). L'enfant que sa grâce innocente décore (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 57) :
• 2. Il y a un mois, je ne savais pas au juste à qui je voulais plaire, mais je savais que cette personne viendrait. C'est pour honorer sa venue que je décorais de gloire toute ma vie, que je faisais de ma vie un beau palais qu'elle viendrait habiter.
LARBAUD, Fermina Marquez, 1911, p. 140.
B.— [P. réf. à décor A 2 p. anal. rem. et décoration B]
1. Remettre une décoration à quelqu'un en marque d'honneur. Décorer un héros, un soldat; décorer qqn de la Légion d'honneur ou absol. décorer. Ceux qui tenaient encore les yeux ouverts faisaient le rêve (...) qu'ils étaient des braves et qu'on les décorait (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 247).
— P. ext. Honorer quelqu'un d'un titre, d'une dignité. Décorer du titre de comte. On vous décorera de tous les ordres imaginables, on vous sanglera de tous les cordons fameux (BLOY, Journal, 1907, p. 353).
2. P. métaph., péj. Décerner abusivement à quelqu'un ou à quelque chose une distinction imméritée. Les petites règles tatillonnes de politique prudente, que le monde décore du nom de morale (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 267).
— Emploi pronom. Se décorer du titre de savant. Des gens froids, privés d'imagination, dont l'impuissance se décore du vain nom de raisonnables (STENDHAL, Hist. de la peinture en Italie, t. 2, 1817, p. 57) :
• 3. Je ne citerais même pas comme appartenant probablement au genre romantique les ouvrages que je viens de vous rappeler, si la plupart de ceux qui les ont faits ne se décoraient dans le monde du beau nom d'écrivains romantiques avec une assurance qui doit vous désespérer.
STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 2, 1825, p. 73.
Prononc. et Orth. :[], (je) décore []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1350 « honorer » (G. LE MUISIT, Poésies, I, 214 ds T.-L.) — XVIe s., Paré ds LITTRÉ; b) 1795 « remettre à quelqu'un une décoration » (S. DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, t. 3, p. 351); d'où 1812 décoré adj. « qui porte une décoration » (JOUY, Hermite, t. 2, p. 261); 1832 subst. (MUSSET, Chronique de la quinzaine ds Revue des Deux-Mondes, 14 déc., p. 736); 2. 1370 décorer « pourvoir d'accessoires destinés à embellir » (N. ORESME, Ethiques, 24 ds GDF. Compl.); 1563 « embellir quelque chose (en parlant d'objets) » (B. PALISSY, Recepte veritable, p. 98); 1767 « couvrir d'une apparence trompeuse » (VOLTAIRE, Triumv., III, 1 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. decorare, au propre « orner, parer », au fig. « honorer ». Fréq. abs. littér. :580. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 065, b) 912; XXe s. : a) 918, b) 514. Bbg. DUCH. Beauté. 1960, pp. 90-93.
décorer [dekɔʀe] v. tr.
ÉTYM. XIVe; « honorer », v. 1350; du lat. decorare, de decus, decoris « ornement », de decere « convenir ». → Décorum; décent.
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1 Pourvoir d'accessoires destinés à embellir, à rendre plus agréable. ⇒ Agrémenter, embellir, enjoliver, orner, parer. || Décorer un édifice, un appartement avec…, de…
1 Segonzac ne décore sa « salle » (…) vaste comme une grange, que de trophées rustiques, faux et râteaux croisés, fourches à deux dents en bois poli, couronnes d'épis, et fouets à manches rouges (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 107.
♦ (Le sujet désigne ce qui décore). Agrémenter, embellir (un lieu). || Tableaux, sculptures, tapisseries qui décorent un palais, un salon.
2 Le cygne décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le cygne.
3 La grâce décorait son front et ses discours (…)
André Chénier, Odes, La jeune captive.
4 On se sent une estime infinie pour l'immoralité parce qu'elle n'a pas cessé d'être, et que le temps l'a décorée de rides.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 221.
2 Décorer qqn, qqch. de qqch. : couvrir d'une apparence trompeuse et séduisante. ⇒ Honorer, orner, parer, revêtir. || Il décore sa cruauté du nom de justice.
5 (…) une de ces gentilhommières (…) que les villageois décorent du nom de château.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 1 (cf. Château, cit. 4).
3 Attribuer, remettre à (qqn) une décoration, l'insigne d'un ordre, d'une distinction honorifique. ⇒ Conférer. || Décorer d'une médaille. ⇒ Médailler. || Décorer de la Croix de guerre, de la Médaille militaire. — Absolt. || Il va être décoré (de la Légion d'honneur).
6 (…) c'est à Elchingen que, pour la première fois, l'Empereur, détachant de sa poitrine sa croix de la Légion d'honneur, en décora un soldat.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, V, XII, p. 278.
6.1 Nous aimons bien qu'un ministre nous décore, même si nous n'avons aucun titre à cela, mais après cela s'il décore d'autres personnes qui n'y ont pas de titres, nous voudrions volontiers l'arrêter et l'empêcher d'abaisser follement par là le prix de ce qu'il nous a donné.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 739-740.
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se décorer v. pron.
♦ (Passif). || Pièce, salle qui se décore facilement, que l'on peut décorer… || Pièce qui se décore de…, qui est décorée de…
♦ (Personnes). S'attribuer un, des titres. || Se décorer de titres qu'on ne possède pas.
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décoré, ée p. p. adj. et n.
1 (Choses, lieux). Agrémenté, orné. || Appartement décoré par un artiste. || Galerie décorée d'œuvres d'art. || Colonnettes décorées de reliefs. — Fig. Littér. et vx. || Visage décoré par la grâce.
2 Péj. Couvert d'une apparence trompeuse. || Cruauté décorée du nom de justice. || Une baraque décorée du nom d'hôtel. ⇒ Paré.
3 (Personnes). À qui l'on a attribué, remis une décoration; qui porte une, des décorations. || Militaire décoré de la Croix de guerre. — Absolt (en parlant de la Légion d'honneur). || Un monsieur décoré.
7 M. Sacrement n'avait, depuis son enfance, qu'une idée en tête, être décoré.
(…) il souffrait d'une façon continue de n'avoir point le droit de montrer sur sa redingote un petit ruban de couleur. Les gens décorés qu'il rencontrait sur le boulevard lui portaient un coup au cœur (…)
Et il allait lentement, inspectant les vêtements, l'œil exercé à distinguer le petit point rouge. Quand il arrivait au bout de sa promenade, il s'étonnait toujours des chiffres : « Huit officiers et dix-sept chevaliers. Tant que ça ! C'est stupide de prodiguer les croix d'une pareille façon ».
Maupassant, les Sœurs Rondoli, Décoré !, p. 273.
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CONTR. Dégrader, déparer, détériorer, enlaidir.
DÉR. Décor, décorable, décorateur, décoratif.
Encyclopédie Universelle. 2012.