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décréter

décréter [ dekrete ] v. tr. <conjug. : 6>
XIVe; de décret
1Vx Lancer un décret (1o) contre (qqn).
2Dr. Ordonner par un décret. décider, ordonner, régler. Décréter une nomination, la mobilisation.
3Décider avec autorité. Littér. Il a décrété son renvoi. Cour. Décréter que (et l'indic.). « Clotilde décréta qu'il fallait veiller » (Martin du Gard). Pronom. « la paix ne se décrète pas, [...] elle se conquiert » (Madelin).

décréter verbe transitif Décider, ordonner quelque chose par décret ou par voie d'autorité : Décréter la mobilisation générale. Déclarer, affirmer quelque chose avec autorité : Il a décrété que tu étais un imbécile.décréter (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je décrète, nous décrétons ; je décrétai. Construction Décréter que (+ indicatif ou conditionnel) : Natacha décrète qu'elle ne veut pas y aller ; il avait décrété que nous resterions plus longtemps. Recommandation Ne pas faire suivre décréter que d'un verbe au subjonctif.

décréter
v. tr.
d1./d Ordonner, régler par un décret. Décréter la mobilisation générale.
d2./d Décider de manière autoritaire. Il a décrété qu'il ne voulait plus me voir.

⇒DÉCRÉTER, verbe trans.
[Le suj. ou l'agent désigne une autorité; le compl. est un subst., une prop. introduite par que]
A.— DROIT
1. ANC. DR. FR. [Le compl. désigne une pers. ou une chose] Lancer un décret concernant quelqu'un ou quelque chose.
a) Lancer un décret contre quelqu'un. Malouet, qui n'est ni décrété ni proscrit mais fort impopulaire (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 76). Il [M. de Saint-Gilles] fut décrété de prise de corps par le lieutenant civil, qui le fit trompetter deux fois, et condamner au Châtelet (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 557). Décréter d'arrestation (cf. SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 72). Décréter qqn d'accusation (cf. LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 256).
b) Prendre un décret concernant quelque chose. ,,Décréter une maison, une terre`` (Ac. 1798-1932).
2. DR. et usuel. Décider quelque chose souverainement. Le sénat avait décrété la démolition des temples d'Isis et de Sérapis (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 85). L'Assemblée décréta que la patrie était en danger (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 68) :
1. ... les conciles, couchés dans les bras des courtisanes, décrétaient la chasteté pour les simples prêtres.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 21.
En partic. Décider, ordonner quelque chose par décret. Le même jour, le Code civil ou le Code Napoléon est décrété pour nous apprendre à respecter les lois (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 376). En décrétant la liberté et l'égalité des droits, cette classe servait ses intérêts (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 167).
B.— P. ext. Affirmer quelque chose avec autorité et force et généralement de son propre chef. Adrienne, vous sentez le patchouli! décrète ma mère, qui n'a jamais su ce qu'était le patchouli... (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 105). Si le docteur décrète qu'il est fou, qu'il faut l'interner, que faire? (AYMÉ, Cléramb., 1950, IV, 4, p. 207) :
2. Jamais Christophe ne lui donnait la peine de prendre une décision : il décidait de tout, décrétait l'emploi des journées, décrétait même déjà l'emploi de la vie, faisant pour l'avenir de Otto, comme pour le sien, des plans qui ne souffraient point de discussion.
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 160.
[En parlant de la divinité] :
3. « ... et la cupidité a ajouté : ainsi, j'opprimerai le faible, et je dévorerai les fruits de sa peine, et je dirai : c'est Dieu qui l'a décrété, c'est le sort qui l'a voulu ».
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 23.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. décréteur, subst. masc. Celui qui décrète. Décréteur en paroles (GONCOURT, Journal, 1870, p. 665).
Prononc. et Orth. :[], (je) décrète []. Fait partie des verbes qui changent [e] fermé en [] ouvert, écrit è accent grave devant syll. muette sauf au fut. et au cond. : je décréterai(s). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1382 « donner, fonder par décret » (Cité ap. JOUBERT, Baronnie de Craon, 226 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 475); ca 1450 « décider par décret » (Myst. Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, t. 6, p. 108, vers 46712 : Decreté que la cité forte Des Juifz ... soit mise a mort); 1458 « ordonner par décret » (A. GREBAN, Myst. de la Passion, éd. O. Jodogne, 21393 : Il decreta en ce party Que quiconques roy se diroit, Briefment de mort le pugniroit); 2. ca 1468 « décider (avec autorité) » (Chron. V, 53, 26 ds HEILEMANN Chastellain, p. 241); 1533 (Mém. Antiq. Morinie, V, 377 ds IGLF : J'ai decretté mes forefaictz confesser), à nouv. au XVIIIe s. 1791, supra ex. 3. Dér. de décret; dés. -er. Fréq. abs. littér. :322. Décrété : 222. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 303, b) 618; XXe s. : a) 423, b) 522. Décrété : XIXe s. : a) 498, b) 285; XXe s. : a) 212, b) 238.

décréter [dekʀete] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1382; de décret.
1 Vx. Lancer un décret contre (qqn). Décret (1.).
1 Ainsi en décrétant le cardinal de Bouillon et en donnant ordre qu'on le mît dans les prisons (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 38.
Par extension :
2 (…) l'on décrète aussi contre les femmes.
Molière, Tartuffe, V, 4.
2 Dr., admin. Ordonner par un décret. Décider, ordonner, régler. || Décréter une nomination. || Décréter la mobilisation.
3 Cour. Décider avec autorité. || Décréter qu'on fera qqch. || Il décréta qu'ils ne partiraient pas.
3 Il décrétait le temps qu'il fera demain. Il auscultait le vent; il tâtait le pouls à la marée.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, V, 1.
4 Clotilde décréta qu'il fallait veiller, pour pouvoir au premier appel courir chercher un prêtre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 266.
Pron. (passif) :
5 Celle-ci (la France) avait compris, par une si rude leçon, — l'ennemi une fois repoussé, — que la paix ne se décrète pas, qu'elle se conquiert et s'impose.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, V, p. 69.
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décrété, ée p. p. adj.
Qui est l'objet d'un décret (1.).
6 Carnot, décrété d'arrestation, fut averti à temps et put s'évader par une poterne du Luxembourg (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, XII, p. 174.

Encyclopédie Universelle. 2012.