délirer [ delire ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1772; lat. delirare « sortir du sillon », de lira « sillon »
1 ♦ Être en proie à une émotion qui trouble l'esprit. Délirer de joie.
2 ♦ (1870) Avoir le délire. ⇒ divaguer. Le malade délire. Délirer de fièvre. — Par ext. Fam. Il délire ! ⇒ dérailler, déraisonner.
3 ♦ Fantasmer, s'exalter (sur qqch.). « Et moi qui délirais, l'autre nuit, sur la civilisation méditerranéenne ! » (Le Clézio).
● délirer verbe intransitif (latin delirare, extravaguer) Avoir le délire, déraisonner : Malade qui commence à délirer. Être en proie à quelque sentiment exalté : Délirer de joie. Familier. Parler ou agir de façon déraisonnable, croire en l'impossible : Non, mais tu délires ! ● délirer (synonymes) verbe intransitif (latin delirare, extravaguer) Avoir le délire , déraisonner
Synonymes :
- dérailler (familier)
- déraisonner
- divaguer
Être en proie à quelque sentiment exalté
Synonymes :
- déborder
- exulter
- jubiler
délirer
v. intr. Avoir le délire. Une forte fièvre fait délirer.
— Fig. Il délire de joie.
⇒DÉLIRER, verbe intrans.
Être en état de délire.
A.— MÉDECINE
1. [Correspond à délire A 1] Délirer de fièvre. Cf. albumineux ex. 5 :
• 1. ... j'ai en mémoire, lorsque j'avais onze ans ou douze, certain soir de fièvre où je délirais dans la peur de mourir. Ma mère était à mon chevet, je lui tendais les bras en criant contre la mort.
AYMÉ, Le Vaurien, 1931, p. 9.
2. [Correspond à délire A 2] :
• 2. Puisque le délire est le rêve des personnes qui veillent, il faut arracher ceux qui délirent à ce quasi-sommeil, les rappeler de leur veille rêveuse, livrée aux images, à une veille authentique, où le songe s'efface devant les figures de la perception.
M. FOUCAULT, Hist. de la folie à l'âge class., Paris, Plon, 1961, p. 398.
B.— P. ext., cour. Manifester une excitation extrême provoquée par l'exaltation d'un sentiment. Délirer d'admiration, de bonheur, de fureur, d'impatience, de joie, de tendresse. Je délirais, d'un délire qui me poussait à l'amour, à la gratitude, comme une opérée au réveil (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 62).
— P. métaph. [En parlant d'un inanimé] Et, quand une feuille qui paraît abritée se met tout à coup à remuer, à délirer (oui! elle a le délire), ses voisines restant calmes, n'y a-t-il pas là un mystère? (RENARD, Journal, 1910, p. 289).
— Péj. Divaguer :
• 3. M. Cavaignac, dégringolant la tête en bas, rêve d'une ascension au-dessus des humains, et délire, en halluciné, de ce qu'il croit et de ce qu'il veut. N'a-t-il point quelque ami pour lui dire que cela n'a plus d'importance, par la simple raison qu'il a trop grossièrement trompé la France une première fois?
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 137.
Prononc. et Orth. :[], (je) délire []. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1525 delisre (Epistre du bon frère qui rend les armes d'Amour ds Anciennes poésies françaises, éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. XI, p. 215); 1870 part. prés. subst. les délirants (Lar. 19e). Empr. au lat. class. delirare proprement « s'écarter du sillon », fig. « extravaguer ». Fréq. abs. littér. :220. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 174, b) 293; XXe s. : a) 416, b) 377. Bbg. GOHIN 1903, p. 312. — RIGAUD (A.). Les Vases communicants. Vie Lang. 1971, p. 535.
délirer [deliʀe] v. intr.
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1 (1870). Avoir le délire, être en délire. ⇒ Divaguer, extravaguer; → Battre la campagne. || Le malade délire. || Délirer de fièvre. — Par ext. Péj. et fam. || Il délire ! ⇒ Dérailler, déraisonner.
♦ Figuré :
1 L'ancienne école savait délirer avec sobriété; elle portait dans l'absurde même les règles du bon sens.
Renan, Souvenirs d'enfance…, V, 1.
2 (1772). Être en proie à une émotion qui trouble l'esprit. || Délirer de joie; de colère, de rage…
2 Je demeurais haletant, si grisé de sensations, que le trouble de cette ivresse fit délirer mes sens. Je ne savais plus vraiment si je respirais de la musique, ou si j'entendais des parfums, ou si je dormais dans les étoiles.
Maupassant, la Vie errante, II, p. 18.
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DÉR. Délirant.
Encyclopédie Universelle. 2012.