divaguer [ divage ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1534; bas lat. divagari
1 ♦ Vx Errer. « Je n'étais qu'une âme errante qui divaguait çà et là dans la campagne » (Lamartine). — Mod. Didact. Rivière qui divague, qui sort de son lit pour couler ailleurs. — Dr. Laisser divaguer des bestiaux hors de leur pâturage. ⇒ divagation.
2 ♦ (Sujet personne) Cour. Dire n'importe quoi, ne pas raisonner correctement. ⇒ déraisonner, extravaguer. « Il divaguait maintenant, causait tout haut de choses qui n'avaient guère de suite » (Zola). Tu divagues ! ⇒fam. débloquer, délirer, yoyoter.
● divaguer verbe intransitif (bas latin divagari) Littéraire. Errer çà et là, sans but, à l'aventure. Prononcer des paroles incohérentes, sans suite, dire des choses déraisonnables : Ton projet est stupide, tu divagues. En parlant d'une rivière, sortir de son lit, le déplacer. ● divaguer (synonymes) verbe intransitif (bas latin divagari) Prononcer des paroles incohérentes, sans suite, dire des choses déraisonnables
Synonymes :
- débloquer (populaire)
- déménager (familier)
- dérailler (familier)
- déraisonner
- radoter
divaguer
v. intr.
d1./d DR Errer çà et là. Laisser divaguer des bestiaux.
d2./d Cours d'eau qui divague, qui sort de son lit.
d3./d Fig. S'écarter de son sujet sans raison, s'égarer dans ses propos.
|| Perdre la tête, tenir des propos incohérents. Il est ivre, il divague.
⇒DIVAGUER, verbe intrans.
A.— Emplois concr., rare
• 1. « Il s'engagea dans un escalier de fer qui montait vers les étages, ouvrit une porte, trouva un corridor, se perdit dans un labyrinthe, échoua dans un autre escalier exactement pareil au premier (...) il divaguait dans les coulisses de l'hôtel. »
SIMENON, Pietr-Le-Letton, Paris, éd. Fayard, 1931, p. 104.
— Spéc., DR. Errer sans surveillance. Laisser divaguer un furieux (Ac. 1835, 1878). ,,Ceux qui laissent divaguer des fous ou furieux étant sous leur garde, ou des animaux malfaisans ou féroces (...) encourent une amende depuis six francs jusqu'à dix francs inclusivement`` (ST-EDME, t. 3 1825).
2. [Le suj. désigne un inanimé]
a) HYDROGRAPHIE. [Le suj. désigne un cours d'eau] Sortir de son lit pour couler ailleurs. Quand un cours d'eau a cessé de divaguer, on dit qu'il est à l'état de régime (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 27).
b) P. anal. Avoir un tracé sinueux. Sentier qui divague. La vallée s'ouvrait largement divaguait entre les contreforts des monts (GENEVOIX, Éva Charlebois, 1944, p. 89).
B.— Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Parler ou écrire (sur un ou plusieurs sujets successivement) en laissant libre cours à son imagination, au hasard du cheminement de l'esprit. Divaguer sur les arts; se donner le temps de divaguer. On apprend tant de choses sur un homme, dans un lit! Bien plus qu'en l'obligeant à divaguer pendant des semaines sur un divan (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 76) :
• 2. Le père Alta devint le canevas de parlage qu'elles brodèrent d'incroyables insinuations et d'indescriptibles calomnies. (...). Chaque femme divaguait sur ce moine, selon sa fêlure romanesque ou perverse.
PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 228.
b) Tenir des propos privés de bon sens, dire des absurdités. Divaguer complètement; divaguer à haute voix. (Quasi-)synon. dérailler, déraisonner, extravaguer, radoter. Nos élites à la page, nos gens avertis, nos bourgeois aux idées très larges, n'ont pas conscience de divaguer (AYMÉ, Confort, 1949, p. 89)
• 3. M. Lavoine (...) continuait de divaguer. Il arrêtait parfois Suzanne au milieu de l'escalier et lui murmurait à l'oreille : « Je peux vous affirmer, mademoiselle, que, malgré les récits des voyageurs, la température de l'enfer n'excède pas 60 degrés centigrades... ».
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 227.
SYNT. Divaguer continuellement, dangereusement, doucement, sérieusement; divaguer toute la journée; divaguer à propos, en parlant de qqc.; commencer à, de divaguer; recommencer à divaguer; partir, se prendre à divaguer.
c) Spéc. Émettre sous l'effet de la maladie, de l'ivresse et généralement dans un état inconscient des propos incohérents. Malade, fou qui divague. Synon. délirer. Pensant qu'il [Méhoul] divaguait dans l'ivresse du rhum, elle [La Méhoule] ouvrit la fenêtre et la porte d'entrée (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p. 203). Sa fillette Jacqueline la soignait. Toutes les nuits, elle divaguait, frappait, voulait poursuivre la petite qui devait fuir (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 351).
2. [Le suj. désigne une faculté, ou une production intellectuelle] S'en aller dans n'importe quelle direction. Art, esprit qui divague :
• 4. Je veux profiter de la licence de cet écrit pour reparler (...) de l'admirable enfant qui fit partie de notre escorte (...) et ne me console pas de la négligence de Marc A. qui eût si bien pu prendre sa photographie. Elle eût retenu mon imagination de divaguer un peu, comme il advient faute de repère.
GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1221.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. divagateur. Personne qui divague. — Silence, ignorant présomptueux! — Taisez-vous, divagateur, escroc de l'opinion! (ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 340).
Prononc. et Orth. :[divage], (je) divague [divag]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1534 « errer en s'éloignant de » (GUILL. MICHEL, trad. de Joseph, 192 ds HUG. : ... sans divaguer du vray); 1554 « s'écarter de son sujet » (THEVET, Cosmogr., XX, 13, ibid.). Empr. au b. lat. divagari « errer çà et là ». Fréq. abs. littér. :175.
divaguer [divage] v. intr.
ÉTYM. 1534; bas lat. divagari « errer çà et là », de dis-, et lat. class. vagari, même sens.
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1 Je n'étais qu'une âme errante qui divaguait çà et là dans la campagne pour user les jours.
Lamartine, Graziella, IV, XI.
♦ Mod. || Rivière qui divague, qui sort de son lit pour couler ailleurs. — Par anal. || Chemin, route qui divague.
♦ Dr. || Laisser divaguer des bestiaux hors de leur pâturage; des fous sur la voie publique. ⇒ Divagation.
2 Seront punis d'amende (…) 7o Ceux qui auraient laissé divaguer des fous ou des furieux étant sous leur garde, ou des animaux malfaisants ou féroces (…)
Code pénal, art. 475.
b Mod., péj. Ne pas raisonner correctement, dire des absurdités, spécialt, sous l'effet du délire. ⇒ Battre (la campagne), dérailler, déraisonner. || Cet orateur divague. || La fièvre faisait divaguer le malade.
3 (…) je crois que je rêve, répondit Germain; c'est la faim qui me fait divaguer peut-être !
G. Sand, la Mare au diable, VIII, p. 70.
c Cour. Parler d'une manière absurde. ⇒ Délirer (fig.), extravaguer. — Fam. || Qu'est-ce que tu dis ? Tu divagues complètement ! || Arrête de divaguer.
4 Prends garde ! tu vas mentir. Déjà tu divagues comme une ablette étourdie. Réponds lentement. Qu'as-tu perdu ? Est-ce ta toupie ?
J. Renard, Poil de Carotte, La pièce d'argent, I.
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DÉR. Divagant, divagateur, divagation.
Encyclopédie Universelle. 2012.