déluré, ée [ delyre ] adj.
• 1790; forme dial. de déleurré « qui ne se laisse plus prendre au leurre »
♦ Qui a l'esprit vif et avisé, qui est habile à se tirer d'embarras. ⇒ dégourdi, éveillé, futé, malin . Un enfant déluré. — Air déluré. ⇒ dégagé, éveillé, malin, vif.
♢ Péj. D'une hardiesse excessive, provocante. ⇒ effronté, hardi. « la garçonne ardente et délurée » (Maurois).
⊗ CONTR. Empoté, endormi, niais.
déluré, ée
adj. D'un esprit vif et astucieux.
|| Péjor. Très libre dans ses moeurs. Une fille délurée.
⇒DÉLURÉ, ÉE, adj.
A.— [En parlant d'une pers.] Qui a l'esprit éveillé et libéré de tous préjugés. Tous plus âgés et plus développés que moi, ils étaient beaucoup plus délurés aussi, et plus avancés pour les choses pratiques de la vie (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 211).
PARAD. a) Synon. affranchi, astucieux, averti, débrouillard, dégourdi, déniaisé, dessalé, espiègle, futé, malin, vif. b) Anton. abruti, constipé (fam.), empoté, gauche, lourd, sot.
— P. ext., péj. Effronté :
• Supprimez les coiffures, les toilettes, le rang, tout l'attirail visible, et voyez l'être intérieur [d'une Française]. L'être intérieur ici, c'est un petit hussard déluré, un gamin avisé et hardi que rien ne démonte, à qui le sentiment du respect manque, et qui se croit l'égal de tous. Les jupes n'y font rien, il faut voir l'âme.
TAINE, Notes sur Paris, 1867, p. 63.
B.— [En parlant (d'un aspect) du comportement] Qui manifeste un caractère dégourdi ou effronté. Il entendit une femme venir dans son dos et lui dire d'une voix délurée : « Monsieur, montez chez moi » (GONCOURT, Journal, 1870, p. 694). Un port [Alger] avec ce renouvellement continu d'êtres, et cette allure délurée de l'esprit et du caractère, qu'on ne rencontre que dans les ports (MONTHERL., Coups de soleil, Paris, Gallimard, 1976 [1930], p. 81).
— Subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Ce qui est déluré; comportement, aspect extérieur d'une personne délurée. L'aplomb, le déluré qui plaît aux filles (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 72). De ses cheveux de caniche à son déluré de grisette, l'accent de la fille de portière (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 29).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. Ca 1790 déluré adj. (d'apr. FEW t. 16, p. 485 b); 1807 (MICHEL, p. 1, s.v. alluré). Prob. forme dial. (notamment norm., pic., lorr., centre, cf. FEW, loc. cit.) de déleurré, proprement « qui ne se laisse plus prendre au leurre » (1787) déleurrer « détromper » (FÉR. Crit.), dér. de leurrer, dial. lurrer; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :43. Bbg. BRUNEAU (C.). Romania. 1927, t. 53, p. 229. — DARM. Vie 1932, p. 98. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 296. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 335. — STAAFF (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 247.
déluré, ée [delyʀe] adj.
ÉTYM. 1790; forme dialectale de déleurré, « qui ne se laisse plus prendre au leurre »; de 1. dé-, et leurre.
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♦ Qui a l'esprit vif et avisé, qui est habile à se tirer d'embarras. ⇒ Dégourdi, éveillé, malin. || Un gamin vif et déluré. || Il n'est pas très déluré. || Des filles délurées.
1 Une petite provinciale délurée, avec son air de bourgeoise alerte, sa candeur trompeuse de pensionnaire, son sourire qui ne dit rien, et ses bonnes petites passions adroites, mais tenaces, doit montrer mille fois plus de ruse, de souplesse, d'invention féminine que toutes les Parisiennes réunies, pour arriver à satisfaire ses goûts, ou ses vices, sans éveiller aucun soupçon, aucun potin, aucun scandale dans la petite ville qui la regarde avec tous ses yeux et toutes ses fenêtres.
Maupassant, Toine, « La chambre 11 », p. 100.
2 Je ne sais quoi de positif dans leurs propos, de déluré dans leur allure, me rencognait dans ma timidité, qui s'était entre-temps beaucoup accrue.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 109.
♦ Air déluré. ⇒ Dégagé, éveillé, fripon, malin, vif. || Mine, allure délurée. || Voix délurée.
REM. Selon les contextes, le mot peut entraîner une péjoration. ⇒ Effronté.
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CONTR. Empoté, endormi, engourdi, gourde (fam.), niais, simple.
Encyclopédie Universelle. 2012.