déroute [ derut ] n. f.
1 ♦ Fuite désordonnée de troupes battues ou prises de panique. ⇒ débâcle, débandade. La déroute d'une armée. Mettre l'ennemi en déroute. ⇒ défaire, enfoncer. « C'était un Espagnol de l'armée en déroute » (Hugo). « Cette laborieuse retraite aurait pu se changer en déroute » (Mérimée).
2 ♦ (1643) (Abstrait) Confusion, désordre amenant un échec. « Il y a des déroutes d'idées comme il y a des déroutes d'armées » (Hugo ). — « Ma belle sérénité du mois d'octobre est en déroute » (Duhamel).
⊗ CONTR. Résistance. Ordre.
● déroute nom féminin (ancien français desrouter, disperser, de route) Défaite sévère d'une armée qui se débande et fuit ; débâcle. Désastre financier, social, politique ; échec complet : La déroute de la majorité aux élections. ● déroute (expressions) nom féminin (ancien français desrouter, disperser, de route) Mettre quelqu'un en déroute, lui faire perdre contenance. ● déroute (synonymes) nom féminin (ancien français desrouter, disperser, de route) Défaite sévère d'une armée qui se débande et fuit ; débâcle.
Synonymes :
- débâcle
- débandade
- fuite
Désastre financier, social, politique ; échec complet
Synonymes :
- déconfiture
- désastre
déroute
n. f.
d1./d Fuite en désordre d'une armée vaincue. Mettre une armée en déroute.
d2./d Fig. Défaite, revers grave; déconfiture. Ses affaires sont en déroute.
⇒DÉROUTE, subst. fém.
A.— Fuite en désordre de troupes battues ou prises de panique. Déroute complète, générale; en pleine déroute. Mettre une armée, mettre l'ennemi en déroute (Ac. 1835-1932). Synon. débâcle, débandade :
• 1. Tout le restant de cette nuit se passa sans être attaqués de nouveau. Les Vendéens en avaient assez. Malgré cela, je dois le dire, nous étions en déroute, et pour la première fois les Mayençais fuyaient devant des paysans, par la faute d'un misérable général, qui lui-même avait donné le signal de la déroute, en se sauvant à toute bride.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 234.
— P. anal.
♦ [L'accent est mis sur la fuite] Il y eut une déroute de nourrices (ALAIN, Propos, 1909, p. 53).
♦ [L'accent est mis sur le désordre] Des bancs laissés en déroute par les galopins du catéchisme (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1462). Une chambre en déroute où se désagrège mon désordre de l'année « scolaire » (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1906, p. 407).
— P. métaph. :
• 2. Entre les cimes, je voyais courir des nuages en déroute, des nuages éperdus qui semblaient fuir devant une épouvante.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Peur, 1882, p. 800.
— Par personnification :
• 3. ... C'est alors
Qu'élevant tout à coup sa voix désespérée,
La Déroute, géante à la face effarée,
...
La Déroute apparut au soldat qui s'émeut
...
HUGO, Les Châtiments, 1853, p. 278.
B.— Au fig. Échec complet. Synon. faillite, sauve-qui-peut. L'universelle déroute des pensées (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 265) :
• 4. Et puis, c'était une déroute de toutes les idées tristes, une abdication volontaire des luttes d'ici-bas, que ce désordre sans cesse attisé : ...
HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 125.
— En partic., littér. Ruine financière ou sociale. Garçon de bureau d'un comptoir en déroute, chargé de répondre à une horde de créanciers (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 202).
— Loc. et expr. littér. Mettre qqn en déroute dans une dispute. Le déconcerter, lui faire perdre contenance (cf. Ac. 1798-1932). En déroute. En confusion, décontenancé. Port-Royal, à cette date (1693), était comme en désarroi et en déroute (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 242).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1541 deroute « repli en désordre d'une armée vaincue » (Négoc. dans le Levant, I, 522 ds BARB. Misc. 7, n° 9); 1637 au fig. mettre en déroute « mettre en échec » (CORNEILLE, Place Royale, IV, 1 ds IGLF). Déverbal de l'a. fr. m. fr. desro(u)ter, desruter « disperser, mettre en fuite », attesté de 1155 (WACE, Brut, 12044 ds KELLER, p. 280 a) au XVIe s. (ds HUG.), dér. de ro(u)te, rute « bande, troupe en marche », v. routier. L'esp. derrota, donné comme étymon. de déroute par BARB. Misc. 7, n° 9, est au contraire empr. au fr. (v. COR.). Fréq. abs. littér. :472. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 418, b) 777; XXe s. : a) 841, b) 723. Bbg. RIGAUD (A.). La Consultation permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1966, pp. 295-298.
déroute [deʀut] n. f.
ÉTYM. 1541, déverbal du vx franç. desro(u)ter « disperser » (1155), dér. de ro(u)te « bande d'hommes ».
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1 (1541). Fuite désordonnée de troupes qui ont été battues ou prises de panique. ⇒ Débâcle, débandade, déconfiture, désarroi. || Déroute complète, catastrophique, générale. || Le recul, le repli s'est transformé en déroute. — ☑ Loc. adv. En déroute. || Mettre l'ennemi en déroute. ⇒ Bousculer, ébranler, enfoncer. || Troupes mises en déroute, battues, écrasées. || Soldats en déroute, en pleine déroute.
1 Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne, dont les gros bataillons serrés (…) demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
2 Les Suédois (à Poltava) consternés s'ébranlèrent, et le canon ennemi continuant à les écraser, la première ligne se replia sur la seconde, et la seconde s'enfuit. Ce ne fut en cette dernière action, qu'une ligne de dix mille hommes de l'infanterie russe, qui mit en déroute l'armée suédoise (…)
Voltaire, Hist. de Charles XII, IV.
3 C'était un Espagnol de l'armée en déroute (…)
Hugo (→ Armée, cit. 7).
4 La Déroute, géante à la face effarée (…)
Hugo, les Châtiments, XIII, II.
5 Sans le courage et l'énergie de Gordon, qui commandait l'arrière-garde, cette laborieuse retraite aurait pu se changer en déroute.
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 81.
6 Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées.
Maupassant, Boule de suif, p. 7.
2 (1643). Abstrait. Confusion, mise en désordre. || La déroute des idées, des sentiments. ⇒ Confusion, dérangement, désordre, faillite, fuite. || Mettre la déroute dans les plans de quelqu'un.
♦ ☑ En déroute. || Mettre qqn en déroute, le déconcerter, le décontenancer. ⇒ Dérouter. || Il mit son contradicteur en déroute par des arguments irréfutables. || Entreprise en déroute. ⇒ Banqueroute, débandade (à la); déconfiture, faillite, ruine, val (à vau-l'eau).
7 Votre raisonnement met le mien en déroute (…)
J.-F. Regnard, le Joueur, II, 9.
8 Il y a des déroutes d'idées comme il y a des déroutes d'armées (…)
Hugo, l'Homme qui rit, II, V, IV.
9 (…) mon cœur battait la retraite de mes arguments en déroute.
Gide, la Symphonie pastorale, p. 145.
10 En une seconde, raison, volonté, tout fut en déroute.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 218.
11 Ma belle sérénité du mois d'octobre est en déroute. Je vis d'inquiétude et d'appréhension.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, t. VI, IX, p. 348.
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Encyclopédie Universelle. 2012.