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dérouter

dérouter [ derute ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; desroter « s'enfuir » XIIe; de dé- et route
1Vx Égarer (qqn) de sa route. « Quelque petite maison assez éloignée pour dérouter les importuns » (Rousseau).
2Mod. Faire changer d'itinéraire, de destination (un avion, un navire). Dérouter un avion sur un autre aérodrome. Les pirates de l'air nous ont déroutés. détourner. Pronom. Navire qui se déroute pour porter secours à des naufragés.
3Rendre (qqn) incapable de réagir, de se conduire comme il faudrait. confondre, déconcerter. Dérouter un candidat par des questions inattendues. « La musique déroute ceux qui ne la sentent point » (R. Rolland).

dérouter verbe transitif Modifier en cours de route l'itinéraire prévu ou normal d'un véhicule : Dérouter un avion sur un autre aérodrome. Faire perdre ses traces à un chasseur, à un chien. Mettre quelqu'un dans l'embarras, le déconcerter ; désarçonner, confondre : Il m'a dérouté par ses questions. Empêcher quelqu'un, quelque chose d'aboutir en les mettant sur une mauvaise voie : Le criminel en fuite a dérouté les recherches, la police.dérouter (synonymes) verbe transitif Mettre quelqu'un dans l'embarras, le déconcerter ; désarçonner, confondre
Synonymes :
- confondre
- décontenancer
- désarçonner
- désorienter
- interloquer
Empêcher quelqu'un, quelque chose d'aboutir en les mettant sur une mauvaise...
Synonymes :
- dépister
- égarer
- fourvoyer

dérouter
v. tr.
d1./d Modifier l'itinéraire initialement prévu de (un moyen de transport). Dérouter un avion en raison du brouillard.
d2./d Fig. Déconcerter, mettre sur une fausse voie. Ses mensonges me déroutent.
|| Pp. adj. Dérouté par tant d'assurance, il se tut.

⇒DÉROUTER, verbe trans.
A.— Vx. Égarer quelqu'un de sa route, le mettre hors de sa voie. Des cachettes d'un instant, qui lui auraient permis de dérouter ses poursuivants (ROMAINS, Hommes b. vol., 1932, p. 217).
VÉN. Faire perdre la voie :
1. Ils furent opulents, seigneurs de vastes terres,
Grands chasseurs devant Dieu, comme Nemrod, jaloux
Des beaux cerfs qu'ils lançaient des bois héréditaires
Jusqu'où voulait la mort les livrer à leurs coups;
Suivant leur forte meute à travers deux provinces,
Coupant les chiens du roi, déroutant ceux des princes,
Forçant les sangliers et détruisant les loups; ...
...
VIGNY, Les Destinées, 1863, p. 232.
P. métaph. Chiens d'alguazils! Je les ai déroutés. Ils ont perdu ma trace (HUGO, Ruy Blas, 1838, IV, 2, p. 417).
P. ext., TRANSP. Modifier l'itinéraire initialement prévu d'un moyen de transport. Dérouter un avion, un convoi. Le navire (...) fut dérouté par mon ordre de Bordeaux, où il allait, vers un port de Grande-Bretagne (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 63).
Rem. Il peut s'agir d'une action violente (cf. GILB. 1971) mais on rencontre dans ce cas plus fréquemment détourner.
Emploi intrans., littér.
♦ Quitter sa route, faire un détour. Saint Louis aurait dérouté pour lui rendre hommage [au Suaire] (LA VARENDE, Amour sacré, 1959, p. 99).
♦ Être en déroute, en faillite. Notre armée déroute. L'empereur est mort! (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 3e part., p. 134).
B.— Au fig.
1. Empêcher quelqu'un ou quelque chose d'aboutir en le mettant sur une mauvaise direction. Dérouter les conjectures et donner le change (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 215) :
2. ... plus fin qu'un renard dépisté par les chiens, il [Zdenko] a trompé tous les efforts, déjoué toutes les ruses, et dérouté toutes les observations.
SAND, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 321.
2. Mettre dans l'embarras, déconcerter. Dérouter le public. Le mal l'attaquait par assauts qui déroutaient les docteurs (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 287).
3. Région., souvent en emploi pronom. Quitter le droit chemin, se débaucher. Homme à se déranger de son chemin, à dérouter pour une femelle (LA VARENDE, Tourmente, 1948, p. 35). Cf. PIERREH. 1926.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Ca 1270 soi desrouter « changer de chemin pour dérouter les chiens (d'un lièvre) » [ou « quitter la chasse » (d'un lièvre pour fuir les chiens), dans ce cas dér. de route, v. déroute] (RUTEBEUF, éd. Faral et Bastin, II, p. 256, 20); 1395 desroter « dégager (un chariot embourbé) » (Arch. JJ 148, pièce 280 ds GDF.); 1573 desrouter « détourner de la route normale » (DU PUYS); 1718 au fig. dérouter « déconcerter, mettre dans l'embarras » (Ac.); 1846 adj. déroutant (BAUDEL., Curios. esthét., p. 147). Dér. de route; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :210. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 164, b) 357; XXe s. : a) 388, b) 331.

dérouter [deʀute] v.
ÉTYM. V. 1270, soi desrouter; de 1. dé-, route, et suff. verbal -er.
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I V. tr.
1 Vx ou littér. Égarer (qqn) de sa route. || Dérouter un voyageur. || Dérouter des poursuivants. Dépister.Dérouter les importuns. Écarter, éloigner.
1 (…) je lui proposai (…) de nous établir dans une solitude agréable, dans quelque petite maison assez éloignée pour dérouter les importuns.
Rousseau, les Confessions, V.
1.1 Entourant le pays de la Magie, des îlots minuscules : ce sont des bouées. Dans chaque bouée un mort. Cette ceinture de bouées protège le pays de la Magie, sert d'écoute aux gens du pays, leur signale l'approche d'étrangers. Il ne reste plus ensuite qu'à les dérouter et à les envoyer au loin.
Henri Michaux, Ailleurs, p. 129.
Spécialt (chasse). || Le cerf, le lièvre a dérouté les chiens, leur a fait perdre la voie.
2 Mod. || Dérouter un navire, un avion, le faire changer d'itinéraire, de destination ( Déroutement). || La compagnie a dérouté tel avion, tel convoi.
3 Abstrait. Mettre hors de la bonne direction; empêcher d'aboutir. Dépister (2.), détourner. || Dérouter les soupçons (→ Mettre sur une fausse piste). || Dérouter les recherches.Compl. n. de personne. || Cette indication l'a dérouté, lui a fait perdre le fil, la trace qu'il suivait. Égarer.
4 (1718). Rendre (qqn) incapable de réagir, de se conduire comme il faudrait. Confondre, déconcerter, décontenancer. || Dérouter un candidat par des questions inattendues. || Ses revers l'ont complètement dérouté ( Déroutant).
Par ext. Dépayser.
2 La musique déroute ceux qui ne la sentent point.
R. Rolland, Musiciens d'autrefois, p. 3.
3 La fréquentation du monde, si elle ne nous déroute pas (elle nous déroute souvent, car nous nous y heurtons à des êtres masqués […]) ne saurait que nous confirmer ce que nous savons déjà.
F. Mauriac, la Province, p. 52.
5 Régional (Suisse). Débaucher, dévoyer (qqn).
4 Il paraît que les gendarmes ont arrêté Louis Morier. Il déroutait les enfants. Lui qui avait l'air si honnête, je n'en reviens pas !
Roger-Louis Junod, Une ombre éblouissante, p. 126.
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II V. intr.
1 Vx ou littér. Faire un détour.
2 Être en déroute. || L'armée déroute.
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se dérouter v. pron.
1 Perdre sa route.
5 Au milieu de sa course il s'est arrêté, il s'est dérouté, il a quitté son chemin (…)
Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 388, in Littré.
2 Prendre un itinéraire différent de la route normale. || Le cargo s'est dérouté pour porter secours à un yacht qui avait lancé un S. O. S.
6 Daubourguet, envoyez un message au peloton d'alerte du quatrième escadron. Qu'il se déroute immédiatement sur Desaix.
Cecil Saint-Laurent, les Passagers pour Alger, p. 350.
7 (…) pas question que je me déroute pour l'éviter, non, tout simplement pas question que moi je me déroute, tout en n'ayant été de ma vie en route pour quelque part, mais tout simplement en route.
S. Beckett, Têtes-mortes, p. 10.
3 Régional. Se débaucher.
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dérouté, ée p. p. adj.
1 Égaré. || Voyageur dérouté de son chemin.Chasse. || Meute déroutée, qui a perdu la voie du gibier.
2 Qui a dû changer d'itinéraire, de destination. || Navire, avion dérouté.
3 Fig. (Personnes). Déconcerté. || Être dérouté par un événement imprévu, déconcerté.
8 Et pour quoi faire ? demanda M. Sainte-Lucie absolument dérouté, bien qu'il connût son homme.
France, Jocaste, Œ., t. II, II, p. 158.
Vx. En déroute, en faillite. || « Les marchands de dessins et de gravures déroutés, en pleine crise, menacés de ruine » (Goncourt, Journal, 1856, p. 294, in T. L. F.).
CONTR. Suivre (son chemin); retrouver (son chemin).
DÉR. Déroutage, déroutant, déroutement.

Encyclopédie Universelle. 2012.