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interloquer

interloquer [ ɛ̃tɛrlɔke ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1450; lat. interloqui
IVx Dr. Interrompre (un procès, une affaire) par un jugement interlocutoire. II(1798) Mod. Rendre (qqn) interdit. décontenancer, démonter, méduser. Cette réflexion l'a interloqué. « brusquement, un regard de son mari [...] l'interloquait » (R. Rolland).

interloquer verbe transitif (latin interloqui, couper la parole à quelqu'un) Mettre brusquement quelqu'un dans l'embarras, voire dans l'impossibilité de parler, par un élément de surprise : Ma réponse l'a interloqué.interloquer (synonymes) verbe transitif (latin interloqui, couper la parole à quelqu'un) Mettre brusquement quelqu'un dans l'embarras, voire dans l'impossibilité de parler...
Synonymes :
- confondre
- déconcerter
- décontenancer
- démonter
- désarçonner (familier)
- méduser (familier)
- sidérer (familier)
- stupéfier

interloquer
v. tr. Déconcerter, stupéfier. Cette apostrophe l'a interloqué.

⇒INTERLOQUER, verbe trans.
A. — Vx, DR. Interloquer une affaire, un procès. En interrompre le déroulement par un jugement interlocutoire.
P. ext. Interloquer qqn. Soumettre une personne, un plaignant à un jugement interlocutoire. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Interloquer qqn. Décontenancer, embarrasser, surprendre quelqu'un. Eh bien! dites-moi tout de suite : est-ce que je suis jolie? Cette brusque question m'interloqua (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 896). Cela porte malencontre d'user d'un langage relevé pour interloquer les gens simples (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 176). Rien ne pouvait interloquer le harangueur (ARNOUX, Roi, 1956, p. 339). V. baba1 ex. 2 :
1. ... si elle se remettait à rire et dire des extravagances, brusquement un regard de son mari, ou de Christophe, l'interloquait; le souvenir de la lettre lui traversait l'esprit; elle se troublait...
ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 533.
Absol. On ne m'a jamais trompée, les grands mots ne m'en imposent pas, je vais droit au fait — j'interloque, comme on dit (BERNANOS, Joie, 1929, p. 610).
À la forme passive. Quand je l'interrogeais amicalement sur ses études, il ne se laissait jamais interloquer (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 419). Le duc était interloqué de s'entendre presque nommer père (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 497).
Emploi pronom. passif. Perdre contenance, être surpris. Enfin, l'ecclésiastique trop repu (...) prend une résolution digne d'Épaminondas : il se lève brusquement! (...) Et, rompant en visière au percepteur, qui s'en interloque, le curé s'achemine vers la porte (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 197) :
2. Le soir auprès de sa lampe, ce jeune homme parcourt l'histoire des Rougon-Maquart que vos hommages officiels lui recommandent; il s'interloque, il recherche la biographie de Zola et la médite...
BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 283.
REM. Interlocuter, verbe trans., synon. plais. (supra A p. ext.). Interlocuter qqn. Je me permettrai pourtant de faire remarquer au juge qui m'interlocute, qu'avec un motif pareil, je n'y couperai pas de mes trente jours (COURTELINE, Gend. sans pitié, 1899, 3, p. 177).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) XVe s. [ms.] verbe intrans. dr. « interrompre par un jugement interlocutoire » (Procès de Jacques Cœur, Ars. 2469, f° 92 r° ds GDF. Compl.); b) 1680 trans. « donner un jugement interlocutoire » (RICH.); c) 1690 interloquer un procès (FUR.); 2. 1787 interloqué part. passé « confus, embarrassé » (FÉR. Crit., s.v. interlocution); 1798 interloquer « embarrasser » (Ac.). Empr. au lat. interloqui « couper la parole à quelqu'un », qui a pris dans la lang. jur. le sens de « rendre une sentence interlocutoire » en b. lat. (cf. NIERM.). Fréq. abs. littér. : 18.

interloquer [ɛ̃tɛʀlɔke] v. tr.
ÉTYM. 1450, au sens I; du lat. jurid. interloqui « interrompre », de inter et loqui « parler ».
———
I Vx. Dr. Interrompre (une affaire, un procès) par un jugement interlocutoire. || On a interloqué cette affaire (Littré).Par ext. || Interloquer quelqu'un, porter contre lui une sentence interlocutoire.
1 — On plaide, et je me trouve enfin interloquée !
— Interloquée ! Ah ciel ! quel affront est-ce là ? (…)
— Pourquoi donc de ce terme être si fort piquée ?
C'est un mot du barreau (…)
J.-F. Regnard, le Légataire universel, III, 8.
———
II (1798). Mod. Rendre (qqn) interdit, décontenancé. Démonter, interdire (→ fam. Couper le sifflet à…). || Cette interruption, cette réflexion, cette plaisanterie l'a interloqué. || Il a interloqué son contradicteur. || Ne pas se laisser interloquer.Passif. || Être interloqué par qqn.Son arrivée, son attitude nous a interloqués ( Embarrasser, étonner).
2 (…) si je suis orateur, aucune interruption ne m'interloquera à la tribune.
Balzac, l'Âne mort, Œ. div., t. I, p. 212 (5 févr. 1830).
3 Il se préoccupait tant de l'effet à produire que plus d'une fois, un railleur, Blondet, avait parié l'interloquer, et avec succès, en dirigeant un regard obstiné sur la frisure du poète, sur ses bottes ou sur les basques de son habit.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 510.
4 (…) si elle se remettait à rire et dire des extravagances, brusquement un regard de son mari, ou de Christophe, l'interloquait (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, II, p. 533.
Pron. || S'interloquer de (qqch.).
——————
interloqué, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1787).
Décontenancé, déconcerté. || Rester, demeurer interloqué. Court (demeurer court), déconcerté, ébahi, épaté, étonné, étourdi, interdit (→ Inattendu, cit. 3).
5 Il (Bernard) gémit si fort que Zazou se réveille à son tour et, furieux, crie plus fort que le patient. Bernard, interloqué, se tait et se rendort.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, III, VIII.
CONTR. Enhardir.
HOM. V. Interlock.

Encyclopédie Universelle. 2012.