enclume [ ɑ̃klym ] n. f.
• XIIe; lat. pop. °includo, altér. (p.-ê. par attract. de includere « enfermer ») du bas lat. incudo, inis, class. incus, udis
1 ♦ Masse de fer aciéré, montée sur un billot, sur laquelle on bat les métaux. ⇒ bigorne. Enclume de maréchal-ferrant, de serrurier. « L'homme frappe sur l'enclume et fait jaillir un brasillement d'étincelles » (L. Daudet). — Par anal. Outil ou pièce d'un instrument destiné à recevoir un choc. Enclume de cordonnier, de couvreur.
♢ Loc. Mettre, remettre sur l'enclume : travailler, retravailler (un ouvrage intellectuel). « Ses fortes phrases qu'il forgeait, essayait, remettait encore sur l'enclume » (Barrès). Être entre le marteau et l'enclume, pris entre deux camps adverses et exposé à recevoir des coups des deux côtés.
2 ♦ (1611) Anat. L'un des osselets de l'oreille situé entre le marteau et l'étrier.
● enclume nom féminin (bas latin incudinem, du latin classique incus, -udis, enclume, avec l'influence de includere, enfermer) Masse métallique destinée à supporter les chocs dans diverses opérations qui se font par frappe (enclume de forgeron, de serrurier, de couvreur, de cordonnier, etc.). Deuxième osselet de l'oreille moyenne. ● enclume (expressions) nom féminin (bas latin incudinem, du latin classique incus, -udis, enclume, avec l'influence de includere, enfermer) Être entre l'enclume et le marteau, se trouver entre deux partis opposés, avec la perspective d'être victime dans tous les cas.
enclume
n. f.
d1./d Masse métallique sur laquelle on forge les métaux.
|| Par anal. Pièce de l'outillage (d'un cordonnier, d'un couvreur) qui reçoit le choc lorsqu'on travaille les matériaux au marteau.
|| Loc. fig. Remettre un ouvrage sur l'enclume, y travailler de nouveau pour l'améliorer.
— Se trouver entre l'enclume et le marteau: se trouver pris entre deux personnes, deux partis dont les intérêts sont contraires.
d2./d ANAT Un des osselets de l'oreille moyenne. Le marteau et l'enclume.
⇒ENCLUME, subst. fém.
A.— TECHNOL. Masse de fer aciérée supportée par un billot, sur laquelle on forge différents métaux à froid ou à chaud. Enclume de maréchal, de serrurier; battre, frapper sur l'enclume. Le maréchal laissait à petits coups pesants et clairs retomber son marteau sur l'enclume (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 21). Quant à l'enclume elle ressemble à un cèpe, à un bolet noir, composée d'un chapeau et d'un pied comme lui (PESQUIDOUX, Chez nous, t. 2, 1923, p. 74) :
• Dans les antres de Lipara
Hephaïstos allume ses forges.
Il lève, l'illustre ouvrier,
Ses bras dans la rouge fumée,
Et bat sur l'enclume enflammée
Le fer souple et le dur acier.
LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, Médailles antiques, 1874, p. 228.
— P. métaph. Un mot, un seul mot de cette fine langue française, posé sur l'enclume, se tord de tant de façons (MUSSET, Le Temps, 1831, p. 117). Beethoven s'y avère un puissant forgeron qui, (...) tord sur l'enclume des motifs courts, très dessinés, de métal pur (ROLLAND, Beeth., t. 2, 1928, p. 348).
— Loc. et expr. fig.
♦ Il faut être enclume ou marteau. Il faut être opprimé ou oppresseur. Chez nous il faut être enclume ou marteau (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 90).
♦ Il vaut mieux être (se faire) marteau qu'enclume. Il vaut mieux battre qu'être battu. Il s'est fait marteau pour n'être pas enclume (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 231).
♦ Mettre le doigt (se trouver) entre l'enclume et le marteau. Se trouver entre deux partis opposés qui présentent tous deux des inconvénients, des contraintes. Ami! ne mettons pas le doigt entre le marteau et l'enclume (BOREL, Champavert, 1833, p. 67). Cependant l'Iran est pris entre le marteau soviétique et l'enclume anglo-saxonne (MAURIAC, Journal, 1950, p. 194).
♦ Remettre qqc. (un ouvrage, une idée...) sur l'enclume. Lui donner une nouvelle forme. Des harcelants problèmes (...) qui ont engagé sans cesse la nature même de son être, l'ont remise continuellement sur l'enclume et dans l'épreuve du vécu (HUYGHE, Dial. avec visible, 1955, p. 436).
B.— [P. anal. de forme ou de fonction]
1. Outil, pièce d'un instrument destiné à recevoir un choc. Enclume de cordonnier, de couvreur, de passementier. Les ardoises sont taillées et percées sur place par le couvreur sur une enclume en fer plat (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 29).
2. ANAT. Un des osselets de la caisse du tympan, ,,situé entre le marteau en dehors et en avant, et l'étrier en dedans`` (Méd. Biol. t. 2 1971). La grenouille et le crapaud ont deux osselets à leur oreille; l'un tient lieu du marteau et de l'enclume (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 506).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. le subst. masc. enclumeau « petite enclume portative ». Parfois, dans un coin de l'atelier, un bigornot, un enclumeau qui ne servait qu'à la ferronnerie (LA VARENDE, Normandie en fl., 1950, p. 162). 2. Les dict. gén. (Ac. excepté) attestent le subst. fém. enclumette « petite enclume portative à l'usage des faucheurs ».
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 anclume « masse de fer sur laquelle on bat les métaux » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4405); 2. 1611 anat. (COTGR.). Du b. lat. incudinem (TLL s.v. 1097, 32), lat. class. incus, incudis, avec substantivation du suff. - à - (v. amertume) et prob. altération du rad. sous l'influence de includere (v. enclore). Fréq. abs. littér. :277. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 318, b) 627; XXe s. : a) 374, b) 344. Bbg. JUD (J.). Obs. sur le lex. de la Franche-Comté et du franco-prov. In : [Mél. Pope (K.)]. Manchester, 1939, pp. 225-240. — POPINCEANU (I.). Elemente nichtlateinischen Ursprungs im französischen und rumänischen Wortschatz. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 420. — ROHLFS (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 209-210.
enclume [ɑ̃klym] n. f.
ÉTYM. XIIe; du lat. pop. includo, altér. (p.-ê. par attr. de includere « enfermer ») du bas lat. incudo, incudinis, du lat. class. incus, incudis « enclume ».
❖
1 Masse de fer aciéré sur laquelle le forgeron bat les métaux, à froid ou à chaud. ⇒ Enclumeau, enclumette. || L'enclume repose sur un billot, sur une javotte. || Parties d'une enclume. ⇒ Bigorne, estomac, table. || Un trou carré sur la table de l'enclume reçoit le tranchet, l'étampe. || Battre, frapper sur l'enclume. ⇒ Forger (→ Cogner, cit. 1; coup, cit. 71). || Enclume de maréchal, de serrurier (fixée à un établi), d'orfèvre (→ Dé d'orfèvre). || Le bruit du marteau sur l'enclume.
1 On ouït sonner les armes,
On ouït par les alarmes
Rompre harnois et couteaux,
Et les lames acérées
Sur les enclumes ferrées
S'amollir sous les marteaux.
Ronsard, Odes, livre I, XIX.
2 (…) on n'entendit plus (dans l'Etna) les coups des terribles marteaux qui, frappant l'enclume, faisaient gémir les profondes cavernes de la terre et les abîmes de la mer (…)
Fénelon, Télémaque, II.
3 (…) Bèze et sa magnifique comparaison de l'Église avec une enclume, qui n'était faite que pour recevoir des coups et non pas pour en donner, mais qui aussi, en les recevant, brisait souvent les marteaux dont elle était frappée.
Bossuet, 5e avertissement, 4.
4 Partout où il entendait résonner une enclume littéraire, il arrivait. Il y mettait ses idées, il les laissait marteler à plaisir par la discussion, et souvent, à force de les reforger ainsi sans cesse, il les déformait.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 94.
♦ (1676). Outil ou pièce d'un instrument destiné à recevoir un choc. || Enclume de cordonnier, de couvreur.
➪ tableau Noms d'outils.
♦ ☑ Loc. fig. Mettre, remettre sur l'enclume (en parlant d'un ouvrage de l'esprit), le travailler, le corriger, le reprendre.
5 (…) ses fortes phrases qu'il forgeait, essayait, remettait encore sur l'enclume pour qu'elles ne lui manquassent pas dans la bataille.
M. Barrès, Leurs figures, p. 136.
6 M. d'Indy met sur l'enclume des styles et des pensées divers; il forge avec vigueur. Il est naturel qu'on y sente, çà et là, la marque du marteau, l'empreinte de la volonté.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 112.
♦ ☑ Se trouver entre l'enclume et le marteau : être engagé entre deux partis, entre deux intérêts, sans pouvoir éviter les coups d'un côté ni de l'autre.
7 (Le pape Clément VII) écrivait qu'il était entre l'enclume et le marteau (entre Charles-Quint et François Ier…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 135.
♦ ☑ Prov. Il vaut mieux être marteau qu'enclume : il est préférable de battre que d'être battu.
♦ ☑ Il faut être enclume ou marteau, opprimé ou oppresseur.
8 Il faut être, en France, enclume ou marteau : j'étais né enclume.
Voltaire, Mémoires…, Œ. compl., t. I, p. 350.
9 Il s'est fait marteau pour n'être pas enclume.
Stendhal, le Rouge et le Noir, t. I, p. 251.
2 (1611). Anat. L'un des osselets de l'oreille, servant de trait d'union entre le marteau et l'étrier.
❖
DÉR. Enclumeau, enclumette.
Encyclopédie Universelle. 2012.