enjoindre [ ɑ̃ʒwɛ̃dr ] v. tr. <conjug. : 49>
• 1138; lat. injungere, d'apr. joindre
♦ Littér. Ordonner expressément à (qqn). ⇒ intimer, prescrire, 1. sommer. Ce que l'honneur vous enjoint de faire (⇒ injonction) . « Il m'envoie au tableau noir et m'enjoint de tracer un cercle » (Colette).
● enjoindre verbe transitif (latin injungere, imposer, avec l'influence de joindre) Littéraire. Ordonner expressément quelque chose à quelqu'un : On lui a enjoint de quitter le pays. ● enjoindre (difficultés) verbe transitif (latin injungere, imposer, avec l'influence de joindre) Conjugaison Comme joindre. Construction 1. Enjoindre qqch à qqn : la loi enjoint à chaque citoyen le paiement d'un impôt proportionnel à son revenu. 2. Enjoindre à qqn de faire qqch :« On nous enjoignit de nous tenir tranquilles »(G. de Nerval). ● enjoindre (synonymes) verbe transitif (latin injungere, imposer, avec l'influence de joindre) Littéraire. Ordonner expressément quelque chose à quelqu'un
Synonymes :
- dicter
- imposer
- sommer
Contraires :
- défendre
enjoindre
v. tr. Ordonner, prescrire. La loi enjoint de respecter le bien d'autrui.
⇒ENJOINDRE, verbe trans.
[Le compl. d'obj. exprime un procès] Ordonner expressément.
A.— Vieilli. [Le procès est exprimé par un subst. désignant une action; le verbe peut être suivi d'un compl. second. introd. par à, désignant la pers. à qui l'ordre est donné] L'Église enjoint l'observation des fêtes (Ac.). Cf. aussi acquiescement ex. 7.
B.— [Le procès est exprimé par un énoncé verbal]
1. Cour. [Le compl. d'obj. est un inf. introd. par de; le verbe est suivi d'un compl. second. introd. par à, désignant la pers. à qui l'ordre est donné] Voici un ordre du cardinal duc qui enjoint d'achever la cérémonie nonobstant toute opposition (DUMAS père, U. Grandier, 1850, I, 4, p. 53). Il m'envoie au tableau noir, et m'enjoint de tracer un cercle. J'obéis (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 149) :
• 1. ... le courrier m'a apporté une carte des autorités militaires m'enjoignant de me présenter dans quatre jours à la visite médicale.
GREEN, Journal, 1942, p. 234.
— Emploi impers. Bien loin qu'ils [les chrétiens] aient le droit de fuir les hommes en Dieu, il leur est enjoint de retrouver Dieu dans les hommes (MAURIAC, Cah. noir, 1943, p. 366).
— Par brachylogie, rare. [Le compl. d'obj. est un subst. compl. d'un verbe d'action implicite; enjoindre la prudence = enjoindre d'observer la prudence] Il lui enjoignit la plus grande prudence (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 154).
2. Rare
a) [Le compl. d'obj. est une prop. complétive introd. par que dont le verbe est au subj.] :
• 2. [Le dauphin] manda aux villes du royaume que son intention n'était pas et n'avait jamais été d'appeler le duc de Bourgogne à son aide. Il enjoignit qu'une nouvelle lettre qu'il écrivait à ce duc fût partout publiée...
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 3, 1821-24, p. 396.
b) [Le compl. d'obj. exprime un ordre rapporté au discours dir. ou par un pron. neutre qui en reprend le contenu; le verbe est suivi d'un compl. second. introd. par à, désignant la pers. à qui l'ordre est donné] Elle lui enjoignit : — Dors, pauvre homme. Dors, si tu peux (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 346) :
• 3. DONA PROUHÈZE. — Pourquoi essayerais-je de fuir alors que vous me conduisez là précisément où je voulais aller?
DON BALTHAZAR. — Et ce que j'avais refusé, c'est votre époux qui me l'enjoint!
CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1944, 1re part., 1re journée, 5, p. 957.
C.— Rare, emploi abs. :
• 4. ... le colligeur de l'Almanach Hachette (...) a recueilli environ trois cents fautes (...) de français, et il les a redressées courageusement. Il ne donne pas d'explications; il enjoint. C'est un dites, ne dites pas dans toute la sécheresse brutale de ces sortes de manuels...
GOURMONT, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 134.
Prononc. et Orth. :[], (j')enjoins []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Cf. joindre. Étymol. et Hist. 1168-91 « commander expressément » (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 3965). Francisation d'apr. joindre du lat. injungere « infliger, imposer ». Fréq. abs. littér. :222. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 432, b) 220; XXe s. : a) 225, b) 317.
enjoindre [ɑ̃ʒwɛ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. joindre.]
ÉTYM. 1138; du lat. injungere « infliger, imposer », de in-, et jungere « lier, assembler », de jugum (→ Joug); d'après joindre.
❖
♦ Ordonner expressément.
1 Vieilli. Imposer, prescrire (qqch.). || Ce que la loi enjoint. || « Il lui enjoignit la plus grande prudence » (Balzac). — Enjoindre qqch. à qqn. || « Les formalités que la loi vous enjoint » (Académie).
2 Mod. et littér. || Enjoindre à (qqn) de… (et inf.). || Il lui a enjoint de venir. ⇒ Commander, ordonner, prescrire. || Le professeur, l'officier m'a, nous a enjoint de… — (Sujet n. de chose). || Un ordre enjoignant aux jeunes gens de tel âge de se présenter à la mairie. || Ce que l'honneur nous enjoint de faire. ⇒ Imposer.
♦ Impersonnel :
0 (…) je sais (…) que le Ciel les a faits (nos parents) les maîtres de nos vœux, et qu'il nous est enjoint de n'en disposer que par leur conduite (…)
Molière, l'Avare, I, 2.
♦ Rare. || Enjoindre à (qqn)… (et subj.). — (Avec un compl. en discours direct). || Il leur enjoignit : allez-vous-en !
Encyclopédie Universelle. 2012.