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ensevelir

ensevelir [ ɑ̃səv(ə)lir ] v. tr. <conjug. : 2>
• déb. XIIe; de en- et a. fr. sepelir, sevelir, lat. sepelire
1Littér. Mettre dans une sépulture. enterrer, inhumer. Fig. « ces tombeaux où dorment les nations ensevelies » (Chateaubriand).
Envelopper dans un linceul.
2(XIIIe) Faire disparaître sous un amoncellement (sans que la mort, l'anéantissement s'ensuive nécessairement). « Tout son corps était si profondément enseveli sous les décombres qu'il était impossible de l'en retirer » (Baudelaire). Avalanche qui ensevelit un village. engloutir .
Enfouir en cachant. Ensevelir un trésor. Fig. « La nuit profonde où je vais ensevelir ma honte » (Laclos). « La solitude coloniale énorme qui va les ensevelir bientôt eux et leur destin » (Céline). Pronom. « Il était venu s'ensevelir, au fond de ses marais [...] dans la plus inconcevable solitude » (Fromentin). « la superbe Athalie, Dans un sombre chagrin paraît ensevelie » (Racine). plonger.
⊗ CONTR. Déterrer.

ensevelir verbe transitif (latin ecclésiastique insepelire, du latin classique sepelire) Littéraire. Envelopper un mort d'un linceul pour le mettre au tombeau ; enterrer. Enfouir, enterrer quelque chose quelque part : Ensevelir un trésor au fond du jardin. Faire disparaître quelque chose, quelqu'un sous quelque chose, le recouvrir entièrement : Volcan qui a enseveli la ville sous ses cendres. Littéraire. Enfouir profondément quelque chose pour le plonger dans l'oubli, le garder secret : Ensevelir un souvenir au fond de son cœur.ensevelir (citations) verbe transitif (latin ecclésiastique insepelire, du latin classique sepelire) Pierre Klossowski Paris 1905 Laissons le remords ensevelir le remords. La Révocation de l'édit de Nantes Gallimardensevelir (synonymes) verbe transitif (latin ecclésiastique insepelire, du latin classique sepelire) Littéraire. Envelopper un mort d'un linceul pour le mettre au tombeau ;...
Synonymes :
- enterrer
- inhumer
Faire disparaître quelque chose, quelqu'un sous quelque chose, le recouvrir entièrement
Synonymes :
- engloutir
- noyer
- submerger
Littéraire. Enfouir profondément quelque chose pour le plonger dans l'oubli, le garder...
Synonymes :
- enfouir
- plonger

ensevelir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Inhumer, enterrer. Ensevelir un mort.
d2./d Recouvrir d'un amoncellement de matériaux. La lave du volcan a enseveli le village.
|| Pp. adj. Fig. Un souvenir enseveli au fond de la mémoire.
rII./r v. Pron. Fig. S'enfoncer dans. S'ensevelir dans la douleur, la solitude.

ENSEVELIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [Le procès est volontaire; le compl. d'obj. désigne un être animé qui a perdu la vie]
1. Envelopper (un cadavre) dans un linceul. Parions que vous n'avez pas chez vous un drap pour l'ensevelir? C'est pitié de voir ici comme ils font la toilette des morts (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1332).
2. Mettre dans une sépulture. Synon. enterrer, inhumer. Les projets les plus bizarres avaient eu le temps de naître et de se développer : (...); de déterrer François de chez les pestiférés, pendant la nuit, et de l'ensevelir en tombe chrétienne (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 219) :
1. Mon avis est que ni l'un ni l'autre des deux seigneurs que nous représentons ne peut décemment (...) quitter le terrain avant que l'un ou l'autre y soit enseveli. — Enseveli? dit Jose. Comment entendez-vous enseveli? — Mais enterré, monsieur.
FEUILLET, Onesta, 1848, p. 353.
P. métaph. ou au fig. [Le compl. désigne des choses concr. ou abstr. que l'on abandonne définitivement] Les tribuns proclament que le luxe licencieux des tyrans est à jamais enseveli et que l'on doit saluer avec respect l'avènement de la simplicité (STÉPHANE, Art coiff. fém., 1932, p. 152) :
2. ... j'abaissai les yeux sur mon modeste jardin, comme un homme qui perd une espérance. Sterne a, le premier, observé ce mouvement funèbre chez les hommes obligés d'ensevelir leurs illusions.
BALZAC, Théorie de la démarche, 1833, p. 639.
B.— P. ext. [Le procès est volontaire; le suj. désigne un animé, le compl. d'obj. un inanimé]
1. Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.]
a) [Gén. avec un locatif métaph. : dans le silence, la nuit; dans son cœur...] Tenir caché, ne pas révéler. Ensevelir un secret dans son cœur. Pas une indiscrétion, pas un traître. Des femmes ont enseveli nos secrets dans leur sein (LEMERCIER, Pinto, 1800, IV, 12, p. 139). Cette scène étouffée, ces propos ensevelis aussitôt dans un silence chagrin, je me sentis oppressé d'un grand malaise (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 184) :
3. Monsieur, me dit-elle en changeant de ton et prenant sa plus persuasive inflexion de voix, un hasard malheureux vous a livré des secrets jusqu'ici soigneusement gardés, promettez-moi d'ensevelir dans votre cœur le souvenir de cette scène.
BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 80.
b) [Le compl. prép. désigne un lieu] Soustraire aux regards du monde. Je voulois fuir, ensevelir ma honte au fond des déserts (GUILBERT DE PIXÉR., Victor, 1798, III, 6, p. 44). Elle est allée ensevelir sa douleur au fond d'un château de province (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 420).
2. Faire disparaître sous une couche de terre. Synon. enfouir, enterrer. Le chien se retourne, gratte frénétiquement le sol avec ses pattes de derrière, et ensevelit la touffe sous le sable (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1092).
P. ext. Faire disparaître dans quelque chose. Je le vois dans sa chambre de jeune homme, (...) tout d'un coup, ouvrant son tiroir, ensevelissant son manuscrit, et se mettant à sa table pour se tracer un « nouvel ordre systématique d'études... » (BOURGET, Crit. doctr., t. 1, 1912, p. 22).
C.— [Le procès est involontaire; le suj. désigne un inanimé]
1. Recouvrir entièrement. (Quasi-)synon. engloutir. Il était arrivé plus d'une fois que le sol sans consistance s'effondrât, ensevelissant les femmes et les enfants qui travaillaient au fond du trou (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 739) :
4. Alexis allait aussi du côté de Fourvière, en dessous de la colline, d'où, voilà douze ans, avaient glissé de grands immeubles, s'écroulant en bas de la pente, ensevelissant leurs habitants sous les décombres de leur chez-soi.
TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 176.
Au passif. Toutes ces reliques des temps quaternaires ont été ensevelies progressivement sous les dépôts de remplissage (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 184).
2. P. exagér.
a) Recouvrir. Il dormait, la bouche ouverte, enseveli sous les couvertures (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Confess., 1884, p. 461). Ces arbres, dont quelques-uns sont de dimensions colossales, ensevelissent la maison de Clodius sous leurs frondaisons. On ne la voit plus (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 60).
b) [Gén. au passif; le compl. prép. est introduit par dans] Être complètement enveloppé (dans quelque chose). Ce personnage était un vieil officier décoré, (...) enseveli dans une ample redingote bleue comme une tortue sous sa carapace (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 252). Des nourrissons ensevelis du crâne aux épaules dans des capuchons cylindriques (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 431).
c) Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr.; le compl. prép. est souvent introduit par sous] Engloutir, accabler. Il est étouffé [l'héroïsme] par la vie courante, enseveli sous les lâchetés quotidiennes (ARLAND, Ordre, 1929, p. 73). La solitude coloniale énorme (...) va les ensevelir bientôt eux et leur destin (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 146).
3. P. anal. Faire disparaître du regard. Un paysage enseveli sous la pluie (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 195). Il essaie de voir le visage de Schneider, mais la nuit ensevelit la cour; on ne voit plus rien du tout (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 218).
4. Au fig. [Au passif; le compl. prép. introduit par dans désigne un état de conscience ou une activité intellectuelle] Être plongé (dans quelque chose), absorbé (par quelque chose). Le malheureux Ogier, enseveli dans les plus tristes réflexions, garda un morne silence pendant toute la route (GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 163). Je restais ensevelie dans les réflexions que soulevait en moi ce double problème (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 402).
II.— Emploi pronom.
A.— Vx. Disparaître en s'enfonçant (dans quelque chose). La pesante artillerie s'ensevelit dans des marais (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 269).
Au fig. La cravate (...) à plis nombreux où le menton s'ensevelit (BALZAC, Pts bourgeois, 1850, p. 15).
B.— Vieilli
1. [Sens réfl., avec un compl. locatif] Se retirer. Il disparut et alla s'ensevelir dans un couvent de chartreux (SAND, Lélia, 1839, p. 534). Je ne suis pas sans inquiétudes ni sans regrets d'être venue, à la suite d'un coup de tête, m'ensevelir dans ce fond perdu de province (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 14).
Expr. S'ensevelir vivant dans un tombeau. Se retirer en un endroit très isolé.
2. [Le compl. prép. désigne un état de conscience ou une activité intellectuelle] S'absorber dans. S'ensevelir dans son chagrin, dans l'étude, dans une rêverie. Synon. s'abîmer, se plonger. Le Comité des travailleurs s'ensevelit dans les enquêtes, les rapports, les discussions, les projets (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p. 158). Cette « Revue des Deux Mondes », lecture commode, peut-être n'était-il pas très aimable, ni très bien élevé, de s'y ensevelir (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 93) :
5. ... il posa avec dépit la bouteille sur la table.
— Tu ferais mieux de ne pas t'ensevelir dans le passé et de vivre un peu plus dans le présent, dit-il.
— Oh! tu sais, le présent! elle jeta sur la table un regard aveugle.
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 282.
C.— Sens réfl. S'ensevelir sous les murs d'une place. La défendre jusqu'à la mort. Les voilà déterminés à s'ensevelir sous leurs murs, et mettant l'honneur d'une mort glorieuse bien au-dessus de la honte d'une longue vie (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 13).
Prononc. et Orth. :[], (j')ensevelis []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. « mettre dans une sépulture » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, LXXVIII); 1130-40 « envelopper dans un linceul » (WACE, Conception ND, 1420 ds KELLER, p. 184a). Soit (préf. en-) de l'a. fr. sevelir (1re moitié XIIe s. Psautier de Cambridge, éd. Michel, Symbolum apostolorum 3, p. 287) du lat. class. sepelire « ensevelir »; soit directement issu du lat. chrét. insepelire « ensevelir dans » (BLAISE). Fréq. abs. littér. :1 587. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 287, b) 2 206; XXe s. : a) 2 168, b) 1 453.

ensevelir [ɑ̃səvliʀ] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIIe; de en-, et anc. franç. sepelir, sevelir « mettre un mort dans un tombeau »; du lat. sepelire « enterrer, faire disparaître ».
———
I
1 Littér. Mettre (un mort) au tombeau. Enterrer, sépulture (donner la). || Il a été enseveli au cimetière de sa ville natale. || On brûla les cadavres, faute de temps pour les ensevelir.
1 Qui tôt ensevelit bien souvent assassine (…)
Molière, l'Étourdi, II, 2.
2 J'ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu'elle avait porté de plus parfait et de plus aimable.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II.
Inhumer.
2.1 (…) deux indigènes creusaient un trou très profond et peu large, ce qui nous laissa supposer qu'on ensevelit les morts verticalement, tout debout.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 784.
Par métaphore, fig. (le compl. désigne des choses mortes, finies, dont on consacre ainsi la disparition). Surtout au p. p.
3 (…) je vois s'élever un nouvel empire. Je quitte à peine ces tombeaux où dorment les nations ensevelies, et j'aperçois un berceau chargé des destinées de l'avenir.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 33.
4 Mon voisin feuilletait un livre, des pages duquel s'échappa à son insu une fleur desséchée (…) — « Cette fleur, me hasardai-je à lui dire, est sans doute le symbole de quelque doux amour enseveli (…) »
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, p. 27.
5 L'immuable église, où sont restés ensevelis ses rêves de foi, s'entoure des mêmes cyprès obscurs, comme une mosquée.
Loti, Ramuntcho, II, II, p. 222.
2 Envelopper (qqn) dans un linceul. || Il est si pauvre qu'il n'a pas laissé un drap pour l'ensevelir. || Malgré sa douleur, il voulut lui-même ensevelir son fils.
6 (…) le chartreux est enterré, comme sur un champ de bataille, sans bière ni linceul. Il est enseveli dans le pauvre habit blanc de son Ordre (…) Il est ainsi restitué à la poussière, pendant que ses frères assemblés pleurent et prient sur sa dépouille.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 91.
Par métaphore :
7 Enfin, la sœur Marie-Angélique parle, et parle à Ramuntcho lui-même (…) Et c'est le contrebandier qui de nouveau baisse la tête, sentant bien que tout est fini, qu'elle est perdue pour jamais, la petite compagne de son enfance; qu'on l'a ensevelie dans un inviolable linceul (…) ils se comprennent et, l'un à l'autre, sans paroles, ils s'avouent qu'il n'y a rien à faire (…)
Loti, Ramuntcho, II, XIII, p. 314-315.
Par anal. Envelopper comme d'un linceul.
8 Voiles, crêpes, habits, lugubres ornements,
Pompe où m'ensevelit sa première victoire.
Corneille, le Cid, IV, 1 (var.).
9 Il (…) n'a plus cette grande soutane où il était enseveli.
Mme de Sévigné, 950, 30 janv. 1685.
———
II (XIIIe).
1 (Sujet n. de chose). Faire disparaître sous un amoncellement (sans que la mort, l'anéantissement s'ensuivent nécessairement). || Le fleuve de lave, l'avalanche avait enseveli plusieurs villages.Au p. p. || Pyramide à demi ensevelie dans les sables. || Être enseveli sous les ruines de sa propre maison.
10 Voudront-ils que leur temple enseveli sous l'herbe…
Racine, Athalie, III, 3.
11 (…) tout son corps était si profondément enseveli sous les décombres qu'il était impossible de l'en retirer.
Baudelaire, Trad. E. Poe, « Les aventures d'Arthur Gordon Pym », XXI.
11.1 Il était arrivé plus d'une fois que le sol sans consistance s'effondrât, ensevelissant les femmes et les enfants qui travaillaient au fond du trou.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 739.
En emploi absolu :
11.2 Ce vent, s'il ne démolissait pas, il enterrait, il ensevelissait, et il était probable que, douze heures après le début de la tempête, la maison, le chenil, le hangar, l'enceinte, auraient disparu sous une égale épaisseur de neige.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. I, p. 236.
Par exagér. (surtout au passif et au p. p.). Submerger. || Être enseveli sous le travail.
12 (…) j'étais enseveli sous un amas de billets parfumés.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 180.
13 Le salon était enseveli sous des housses.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 218.
2 (V. 1220). Fig. Enfouir en cachant. Cacher. || Ensevelir un secret dans son cœur. || Ensevelir une découverte (→ Découvrir, cit. 39). || Ensevelir sa vie dans un cabinet (cit. 4) d'études, dans la retraite.Au p. p. || Crime enseveli par l'oubli. || Je l'ai trouvé enseveli dans son chagrin (cit. 5), dans ses méditations. Plonger. || Être enseveli dans un profond sommeil.
14 Surtout je redoutais cette mélancolie
Où j'ai vu si longtemps votre âme ensevelie.
Racine, Andromaque, I, 1.
15 Elle vint me trouver et me représenta que mon époux ayant achevé son destin dans le royaume de Fez, comme on nous l'avait rapporté, il n'était pas raisonnable d'ensevelir plus longtemps mes charmes (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, I, XI.
16 (…) la nuit profonde où je vais ensevelir ma honte.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CXLIII.
17 (…) une jeunesse ensevelie sous les glaces d'un profond chagrin, sous la fatigue des études obstinées, sous les teintes chaudes de quelque passion contrariée.
Balzac, Honorine, Pl., t. II, p. 259.
18 Rien n'explique mieux la vie de province que le silence profond dans lequel est ensevelie cette petite ville (…)
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 682.
19 — Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli,
Bien loin des pioches et des sondes (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Le guignon ».
20 Les jours anciens recouvrent peu à peu ceux qui les ont précédés, sont eux-mêmes ensevelis sous ceux qui les suivent.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 158.
21 (…) les pressentiments de la solitude coloniale énorme qui va les ensevelir bientôt eux et leur destin, les faire gémir déjà comme des agonisants.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 110.
——————
s'ensevelir v. pron.
1 (1662). || S'ensevelir sous les décombres d'une ville, la défendre jusqu'à la mort. || Les espoirs qu'il donnait se sont ensevelis avec lui. Disparaître.
2 (V. 1640). || S'ensevelir dans l'étude, dans sa peine, dans ses pensées. Absorber (s'). || S'ensevelir dans la retraite, dans la solitude. Isoler (s').
22 Moi, renoncer au monde avant que de vieillir,
Et dans votre désert aller m'ensevelir !
Molière, le Misanthrope, V, 4.
23 La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux !
Molière, Dom Juan, I, 2.
24 Si je m'étais tué, tout ce que j'ai été s'ensevelissait avec moi (…)
Chateaubriand, t. I, p. 132.
25 (…) il était venu s'ensevelir, au fond de ses marais… dans la plus inconcevable solitude.
E. Fromentin, Dominique, p. 42.
——————
enseveli, ie p. p. adj.
V. ci-dessus à l'article.
CONTR. Désensevelir, déterrer, exhumer. — Éterniser, ressusciter. — Évader (s'), sortir (de).
DÉR. Ensevelissement, ensevelisseur.
COMP. Désensevelir.

Encyclopédie Universelle. 2012.