1. entonner [ ɑ̃tɔne ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Techn. Verser (un liquide) dans un tonneau. Entonner du vin, du cidre. ⇒ enfûter. entonner 2. entonner [ ɑ̃tɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Commencer à chanter (un air). Entonner « la Marseillaise ». « la procession commença à marcher en entonnant un psaume » (Stendhal).
2 ♦ Fig. Vieilli Entonner la louange. ⇒ 1. louer, vanter.
● entonner verbe transitif (de ton) Chanter les premières notes, en donnant ainsi le ton aux autres chanteurs. Commencer à chanter un air, une chanson : Ils entonnèrent en chœur « la Marseillaise ». ● entonner (expressions) verbe transitif (de ton) Littéraire. Entonner les louanges de quelqu'un, commencer à le célébrer. ● entonner verbe transitif (de tonne) Mettre en tonneau du vin, du cidre, de la bière, etc.
entonner
v. tr. Commencer à chanter. Entonner la Marseillaise.
— Fig. Entonner les louanges de qqn.
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entonner
v. tr. Mettre en tonneau.
|| Fig., Fam. Manger goulûment.
I.
⇒ENTONNER1, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Verser un liquide dans un tonneau, mettre en tonneau. Entonner de la bière. Un paysan reconnaît un Dieu dans le blé qu'il engerbe dans sa grange, et dans le vin qu'il entonne dans sa cave (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 132).
— P. métaph. Cette douce personne en profita pour lui entonner l'huile dans le gosier (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 53).
2. Vieilli, fam. Boire sans retenue. L'hôte, un ivrogne, entonne son cinquième petit verre (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 237). Des mariniers en caban qui buvaient debout, mangeaient sur le pouce, les joues pleines, s'empiffraient, entonnaient (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 252).
— Expr. Entonner à même. Boire au goulot. Entonner comme un chantre. ,,Boire énormément`` (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 134).
B.— Emploi pronom. réfl. à sens passif. S'engouffrer avec impétuosité. Le vent s'entonne dans cette cheminée (Ac.). À quelques toises de la caverne où s'entonne le Rhône (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 68).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Entonnement, subst. masc. ,,Mise en levain`` (DUVAL 1959). Une température d'entonnement trop élevée (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 507). b) Entonneur, subst. masc., pop. Buveur. Le plus fort entonneur de bière (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 106).
Prononc. et Orth. :[], (j')entonne []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1215 (R. DE HOUDENC, Eles, 559 ds T.-L.). Dér. de tonne; préf. en-; dés. -er. Bbg. QUEM. 2e s. t. 1 1970.
II.
⇒ENTONNER2, verbe trans.
A.— Commencer à chanter en donnant les premières notes aux autres chanteurs (cf. ROUGNON 1935, p. 47).
B.— P. ext. Se mettre à chanter. Entonner une chanson, un refrain; entonner l'antienne; entonner à tuetête. Le ténor entonne à pleine voix : Victoire! (D'INDY, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 197) :
• La maîtrise de Saint-Séverin entonnait cette merveille du plain-chant, le Credo.
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 50.
— P. anal. [Le suj. désigne un ou plusieurs instruments de musique] Commencer à jouer. Entonner une valse. La musique — quatre cuivres et un tambour — entonne une rumba célèbre (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 206).
C.— Au fig. (cf. chanter II B). Entonner l'éloge, la louange, les louanges de qqn. Le célébrer. Le Grand des grands a fait les grands et les petits, entonnait Bérulle dans sa dédicace à Marie de Médicis... (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 538). J'espérais, ce soir, entonner un alleluia, célébrer ma solitude, ma conquête (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 106).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. entonnement avec le sens fig. de « chant ». C'est un entonnement d'hosannas sur son hôtel et toutes les choses de son hôtel (GONCOURT, Journal, 1867, p. 348).
Prononc. et Orth. :[], (j')entonne []. Enq. : // (il) entonne. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Ca 1190 (Renart, éd. Martin, XII, 867). Dér. de ton; préf. en-; dés. -er.
STAT. — Entonner1 et 2. Fréq. abs. littér. :396. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 611, b) 482; XXe s. : a) 832, b) 399.
BBG. — BRUNEAU (Ch.). Romania. 1927, t. 53, p. 233.
1. entonner [ɑ̃tɔne] v. tr.
ÉTYM. V. 1215; de en-, tonne et suff. verbal.
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1 Techn. Verser (un liquide) dans une tonne, un tonneau, un fût. ⇒ Enfûter. || Entonner du vin, du cidre.
0.1 Bœufs. On est déjà obligé de leur porter la paille au pré, et, quand ils voient le domestique et sa botte, ils accourent comme si c'était du gâteau. Ils ne rentrent à l'écurie, pour entonner leur foin, qu'à la Saint-Martin, c'est-à-dire le 11 novembre.
J. Renard, Journal, 7 sept. 1907.
♦ Mod. || Entonner du vin. — Absolt. || Il entonne bien. ⇒ Boire. || Il s'est entonné deux litres de vin.
0.2 (…) c'était un soiffard qui pouvait entonner des kiles (litres) et des kiles et des kiles de pinard et que rien ne pouvait faire remuer (…)
B. Cendrars, la Main coupée, in Œ. compl., t. X, p. 134.
3 Vx. Faire manger, faire boire (qqn). || Entonner un enfant. ⇒ Gaver.
1 Nous réussîmes si bien, qu'au dessert il n'avait déjà plus la force de tenir son verre : mais la secourable Émilie et moi l'entonnions à qui mieux mieux. Enfin, il tomba sous la table, dans une ivresse telle, qu'elle doit au moins durer huit jours.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XLVII.
♦ Fig. || s'entonner : s'engouffrer, pénétrer avec impétuosité. || Le vent s'entonne dans la cheminée.
2 Quand le vent siffle et s'entonne dans les portes d'une grande maison (…)
R. Rolland, Musiciens d'autrefois, p. 133.
♦ S'entonner quelque chose, le boire, le manger.
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DÉR. Entonnage, entonnaison ou entonnement, entonnoir.
HOM. 2. Entonner.
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2. entonner [ɑ̃tɔne] v. tr.
ÉTYM. V. 1190; de en-, ton, et suff. verbal.
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1 Mus. Commencer à chanter (un air) pour donner le ton aux autres. || Entonner les premières mesures. || Entonner les notes. — Absolt. || Bien, mal entonner. || C'est à vous d'entonner.
2 Cour. Commencer à chanter. || Entonner un cantique. || Entonner la Marseillaise.
1 (Avec jeu de mots sur les deux sens du verbe). — Chantons, buvons, un motet entonnons ! — Où est mon entonnoir ? — Quoi ! Je ne bois que par procuration !
Rabelais, Gargantua, V.
2 Après un petit moment de désordre, la procession commença à marcher en entonnant un psaume.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XVIII.
3 Le père Dodu se mit à entonner un air à boire; on voulut en vain l'arrêter à un certain couplet scabreux que tout le monde savait par cœur.
Nerval, Sylvie, XII.
3 Fig. Chanter, déclamer. || Entonner l'éloge, la louange de qqn. ⇒ Chanter, louer, vanter.
4 C'est lui (le roi) qui veut qu'en trompette j'échange
Mon luth, afin d'entonner sa louange ?
Ronsard, Amours de Cassandre, « Élégie à Cassandre ».
5 Et il (Chateaubriand) entonne un petit hymne en son honneur à propos de cette guerre d'Espagne dont il ne cesse de se glorifier, tout en voulant paraître le plus libéral des ministres de la Restauration.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 mai 1850, t. II, p. 147.
6 (…) lorsque de mauvaise foi on entonne l'éloge d'un homme médiocre, qu'attendre, sinon une médiocrité ? La forme sort du fond, comme la chaleur du feu.
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 107.
♦ Poét. || Entonner la trompette : chanter les combats.
7 (Un rimeur) dans sa verve indiscrète,
Au milieu d'une églogue entonne la trompette.
Boileau, Art poétique, II.
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HOM. 1. Entonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.