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ton

1. ton [ tɔ̃ ] , ta [ ta ] , tes [ te ] adj. poss.
ta fin XIe; formes atones des adj. lat. tuum, tua tien
I(Sens subjectif)
1Qui est à toi, t'appartient. « Poète, prends ton luth » (Musset). « Tu rateras ton avenir, toi » (Maupassant). Arg. Ta pomme, toi. ⇒ tézigue.
2(Devant un nom de personne) Marque des rapports de parenté, d'amitié, de vie sociale. Ton père et le mien. « Tu dis toujours “ton fils”, quand tu as à te plaindre de lui » (Géraldy).
3Par ext. Marque l'« intérêt personnel » ou des rapports d'appropriation très larges (emplois styl.). « Ton Pierre, mais il n'est pas célèbre du tout » (Jammes). Ferme donc ta porte. Ne fais pas ta maligne. « ton Renouvier [...] c'est un crétin, un propre à rien qui ne sait pas faire son métier » (Sarraute).
II(Sens objectif) Ton juge, celui qui te juge. Ta condamnation. À ta vue. Tes lecteurs. ⊗ HOM. Thon; 1. t, , thé; poss. tas. ton 2. ton [ tɔ̃ ] n. m.
XIIe; lat. tonus, gr. tonos
I ACour.
1Hauteur de la voix à un moment donné; hauteur moyenne de la voix. Ton aigu, élevé; bas, grave. voix. « Il prenait une voix de tête, des tons aigus, nasillards, martelés, solennels » (R. Rolland). Changement de ton : inflexion. — Par ext. Qualité sonore de la voix (timbre, etc.). Ton criard, nasillard. Spécialt Inflexions, intonations dans l'énoncé. Ton égal, uniforme; montant, descendant.
2(v. 1200) Qualité de la voix humaine, en hauteur (ton proprt dit), en timbre et en intensité, caractéristique de l'expression des états psychologiques et du contenu du discours. accent, expression, intonation. Ton familier, simple. Ton détaché, froid, dédaigneux. Déclarer d'un ton, sur un ton convaincu, passionné... Avoir, adopter, garder un certain ton. « ce petit ton sec que les femmes seules savent prendre entre elles » (Gautier). Dire sur le ton de la conversation, sur le ton de la plaisanterie. Parler d'un ton calme. « Il avait élevé le ton; sa voix vibrait de plaisir et de défi » (Martin du Gard). Ne le prenez pas sur ce ton, de si haut. Loc. Hausser le ton : parler plus fort, sur un ton de menace. Baisser le ton : se montrer moins arrogant (cf. fam. Mettre un bémol). Faire baisser le ton à (qqn)(cf. Rabattre le caquet). Je vous prierai de changer de ton. Dire, répéter sur tous les tons, de toutes les manières.
3(mil. XVIIe) Manière de s'exprimer, dans un écrit. Le ton d'une lettre. forme, manière, style. Spécialt Manière individuelle d'écrire (indépendamment du genre qu'on adopte). Le style et le ton d'un auteur. « Ce qui frappe le plus dans une page de Stendhal, c'est le Ton. Il possède, et d'ailleurs affecte, le ton le plus individuel qu'il soit en littérature » (Valéry).
4Littér. Manière de parler et de se comporter en société; manière d'être (d'une action) quant aux convenances. « Je parle si souvent [...] du genre d'esprit de la province, du ton provincial » (Stendhal). « Le ton où il avait placé leurs relations, le parti pris d'élégance » (Romains). Loc. DE BON TON : qui a des manières considérées comme bonnes, raffinées (cf. Comme il faut, bon genre, de bon goût). Une élégance de bon ton. (1751) Absolt Le bon ton : les manières correctes, reçues ou qui prévalent (dans un milieu donné).
B
1(1616) Phonét. Hauteur (et par ext. changement de hauteur) du son de la voix, à un moment donné; son particulier prononcé sur une note plus élevée (accent de hauteur 1. tonique ). Ling. Langues à ton, où la hauteur d'une syllabe est un trait pertinent (ex. chinois). Ton haut, bas, montant, descendant. Ton ou ton aigu : en grec, élévation de la voix sur un son. — Ton frappé : accent de hauteur sur le début de l'émission vocalique.
2(1578) Mus. Intervalle fondamental, qui s'exprime par le rapport des fréquences de 8 à 9 (ton majeur :do-ré; fa-sol) ou de 9 à 10 (ton mineur :ré-mi; la-si) et correspond à la seconde majeure (intervalle de la quarte à la quinte). Échelle musicale divisant l'octave en sept échelons ( note) et procédant par tons et demi-tons ( diatonique; gamme) ou en douze échelons tempérés ( chromatique) . Quart de ton. Par ext. Chaque degré de l'échelle diatonique.
3Mus. Hauteur absolue d'une échelle de sons musicaux (réglée par le diapason); échelle musicale d'une hauteur déterminée (désignée par le nom de sa tonique) et possédant la même structure interne (à la différence des modes). Passage d'un ton à un autre. modulation . Ton principal d'un morceau. Le ton de si bémol majeur, mineur : la modalité majeure, mineure du ton de si bémol. — Hist. mus. (antiq.) Ton phrygien, etc. Abusivt Mode (2., 2o) de la musique médiévale.
4Cour. Hauteur des sons émis par la voix dans le chant ou par un instrument, définie par un repère. Donner le ton. Sortir du ton. détonner. Se mettre dans le ton : s'accorder. Fig. Loc. Être, se mettre dans le ton, en accord avec les normes d'un groupe (cf. Être dans la note, se mettre au diapason). « je tâchais de me mettre au ton de la jeunesse dorée de Rome » (Yourcenar). Ne pas être dans le ton. détonner(fig.). Donner le ton : fixer, par ses propres manières, le ton admis, reçu dans une société. Juliette Récamier « fêtée, applaudie, donnant le ton à la mode » (Sainte-Beuve).
5Mus. Instrument (sorte de sifflet à coulisse) servant à donner le ton (comme le diapason).
6Chasse Se dit de certaines sonneries, définies par leur ton, leur hauteur. Tons de chasse. Ton de quête (recherche du gibier).
II(1669) Couleur, considérée dans sa force, son intensité; degré d'une couleur. teinte, nuance. Tons purs. Tons criards, ternes. Ton chaud, froid. Ton vif, pastel. « je mets du blanc dans tous mes tons » (Corot). « leurs couleurs ne sont pas tout à fait des couleurs de fleurs ordinaires, [...] ce sont des tons brisés, [...] des tons passés » (Goncourt). Ton sur ton : dans une même couleur nuancée, claire et foncée. III(1771; gr. tonos « tension », d'apr. tonique) Méd. vx État normal d'élasticité et de fermeté des tissus. tonicité, tonus.

ton nom masculin (latin tonus, du grec tonos, tension) Qualité sonore d'une voix liée à sa hauteur, à son timbre, à son intensité, etc. : Dire un texte sur un ton monocorde. Manière de parler significative d'un état d'esprit, d'un sentiment ou adaptée à une situation : Répliquer d'un ton sec. Sur le ton de la plaisanterie. Manière d'écrire, de composer significative d'un état d'esprit, d'un sentiment : Le ton badin d'une lettre. Atmosphère générale qui se dégage d'une expression orale, écrite, artistique : Dès les premières images, le ton du film est évident. Manière de s'exprimer, de se tenir, de se comporter propre à un milieu, à un groupe social : Un ton provincial. Couleur, du point de vue de sa valeur sensorielle, de son intensité : Différents tons de jaune, de vert. Beaux-arts Couleur considérée du point de vue de son degré de saturation et de son degré de clarté. (Dans leurs rapports entre eux, les tons déterminent des valeurs.) Marine Partie haute d'un mât, entre le capelage et l'extrémité supérieure. Musique Détermination de la hauteur absolue de la gamme par l'énoncé de sa tonique ; synonyme de tonalité. Rapport des hauteurs entre deux notes conjointes correspondant à l'intervalle de seconde majeure. (Il se compose de deux demi-tons, l'un diatonique et l'autre chromatique.) Phonétique Niveau de hauteur ou variation mélodique propre à une syllabe, et constituant des unités prosodiques qui assument dans certaines langues (chinois, vietnamien, suédois, serbo-croate, etc.) une fonction distinctive analogue à celle du phonème. ● ton nom féminin (anglais ton, tonne) Unité anglo-saxonne de masse valant environ 1 016 kg. (On l'appelle aussi ton anglaise et, aux États-Unis, long ton.) ● ton (difficultés) nom masculin (latin tonus, du grec tonos, tension) Emploi Sur un ton / d'un ton. Sauf dans quelques expressions figées (sur tous les tons, sur ce ton), on peut employer indifféremment sur ou de : il dit tout cela sur un ton sentencieux, d'un ton sentencieux. ● ton (expressions) nom masculin (latin tonus, du grec tonos, tension) Baisser le ton, parler plus bas ; être plus modeste. Baisser d'un ton, parler avec moins d'arrogance. De bon ton, en accord avec les goûts, les habitudes d'un milieu jugé éclairé. Dire, répéter quelque chose sur tous les tons, le dire à plusieurs reprises et en usant des méthodes les plus diverses. Donner le ton, indiquer ce que va être quelque chose sur le plan du contenu et de son atmosphère générale ; servir de modèle pour les manières, le langage, la façon de voir et de penser d'un groupe social. Être, se mettre dans le ton, avoir, adopter les manières, le comportement attendus dans un certain milieu. Le prendre sur un certain ton, sur ce ton, adopter un ton vif, arrogant, tranchant, qui n'est pas de mise. Se mettre au ton de quelqu'un, suivre ses goûts, ses idées, se conformer à sa façon de faire, l'imiter. Ton chaud, proche de l'orangé dans le spectre de la lumière. Ton froid, proche du bleu. Ton local, couleur propre d'un objet qu'un peintre représente. Ton sur ton, se dit d'objets de même couleur, mais de valeur différente. ● ton (homonymes) nom masculin (latin tonus, du grec tonos, tension) thon nom masculin ton adjectif possessif tond verbe tonds verbeton (synonymes) nom masculin (latin tonus, du grec tonos, tension) Qualité sonore d'une voix liée à sa hauteur, à son...
Synonymes :
- tonalité
Manière de parler significative d'un état d'esprit, d'un sentiment ou...
Synonymes :
Manière d'écrire, de composer significative d'un état d'esprit, d'un sentiment
Synonymes :
- écriture
- manière
Couleur, du point de vue de sa valeur sensorielle, de...
Synonymes :
ton (expressions) nom féminin (anglais ton, tonne) Ton américaine, autre nom de la short ton. ● ton (homonymes) nom féminin (anglais ton, tonne) tonne nom féminin tonne forme conjuguée du verbe tonner tonnent forme conjuguée du verbe tonner tonnes forme conjuguée du verbe tonnerton, ta, tes adjectif possessif de la 2e personne du singulier (latin tuus) [Au lieu de ta, on emploie ton devant un nom ou un adjectif féminin commençant par une voyelle ou un h muet : Ton âme, ton habitation.] Qui est à toi, qui vient de toi, qui te concerne, qui t'est propre ou qui est tel par rapport à toi : Ta maison. C'est ton village.ton, ta, tes (difficultés) adjectif possessif de la 2e personne du singulier (latin tuus) [Au lieu de ta, on emploie ton devant un nom ou un adjectif féminin commençant par une voyelle ou un h muet : Ton âme, ton habitation.] Prononciation et orthographe Ton action. Ta devient ton devant une voyelle ou un h muet : ton action, ton habitation. ● ton, ta, tes (homonymes) adjectif possessif de la 2e personne du singulier (latin tuus) [Au lieu de ta, on emploie ton devant un nom ou un adjectif féminin commençant par une voyelle ou un h muet : Ton âme, ton habitation.] thon nom masculin ton nom masculin tond forme conjuguée du verbe tondre tonds forme conjuguée du verbe tondre tas nom masculin thé nom masculin tes t nom masculin invariable nom masculin thé nom masculin

ton, ta, tes
adj. poss.
rI./r (Sens subjectif.)
d1./d Qui est à toi (rapport général d'appartenance). Montre ta main. J'admire ton courage. Tes parents, tes amis.
(On remplace ta par ton devant un n. f. qui commence par une voyelle ou par un h muet.) Ton amie. Ton habitude.
d2./d Par ext. (Marquant différents rapports d'intérêt.) Tu nous le présenteras, ton jeune peintre génial? éteins ta lumière.
rII./r (Sens objectif.) Ton éditeur, celui qui t'édite. Ton hospitalisation, celle dont tu as été l'objet.
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ton
n. m.
rI./r
d1./d Degré de hauteur, intensité ou timbre de la voix. Ton aigu, grave. Ton perçant, sourd.
d2./d Façon de parler, inflexion expressive de la voix qui révèle un sentiment, une intention. Prendre un ton assuré. Syn. accent.
d3./d Manière d'exprimer sa pensée. Syn. manière, style. Le ton épique.
d4./d (En loc.) Façon de se conduire et de parler en société. Donner le ton. De bon ton: qui convient socialement.
rII./r
d1./d MUS Hauteur des sons produits par la voix ou par un instrument. Donner le ton: V. la 2. Sortir du ton: détonner.
d2./d MUS Intervalle fondamental qui s'exprime par le rapport des fréquences de 8 à 9 (ton majeur) ou de 9 à 10 (ton mineur); degré de l'échelle diatonique.
|| échelle musicale d'une hauteur déterminée, désignée par le nom de sa tonique.
d3./d LING Hauteur du son de la voix.
|| Langue à tons, où les différences de hauteur des syllabes entraînent des différences de sens.
Accent de hauteur.
rIII/r Couleur, considérée dans son intensité, dans son éclat, sa nuance, ou par rapport à l'impression qu'elle produit. Ton neutre.
|| Ton sur ton: d'une même couleur avec des nuances différentes.

I.
⇒TON1, TA, TES, adj. poss.
[Déterm. du subst. qui a d'une part une fonction d'actualisation comparable à celle de l'art. le et qui, d'autre part, renvoie à la pers. à laquelle qqn dit « tu ». Comme déterm., il s'accorde en genre et en nombre avec le subst. du syntagme nom. Le fém. ta est remplacé par ton devant voy. ou h non aspiré: ton amie, ton humeur]
I. — [Marque que l'entité que désigne le subst. déterminé est dans un rapport de dépendance avec la pers. à qui je dit « tu »]
A. — [Le poss. détermine un subst. désignant une pers.; le groupe nom. exprime un rapport de parenté ou un rapport soc. relativement à l'interlocuteur] Tes parents, ton cousin, ta voisine, ton patron. Tu trompes ton homme, et tu cours les galants! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 151). Je veux que tu saches, je veux que vous sachiez, toi, ton fils, ta fille, ton gendre, tes petits-enfants, quel était cet homme qui vivait seul en face de votre groupe serré (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 19).
En partic. [Dans la formule annonçant ou constituant la signature d'une lettre: ton mari, ton Max « celui qui est ton mari, qui est Max »] Tu vois que je suis gentil en t'écrivant tous les jours. Fais-en de même de ton côté. Adieu, vieux Loulou. Je t'embrasse très fort. Ton ganachon (FLAUB., Corresp., 1865, p. 39).
B. — [Le poss. détermine un subst. désignant une chose]
1. [Le subst. désigne une partie du corps, une disposition, une faculté; la relation est celle d'une possession « inaliénable »] Montre-moi tes mains. Ce soir, tu n'es pas dans ton assiette (HERMANT, M. de Courpière, 1907, III, 7, p. 25). Ta barbe!... Que tu es comique avec ta barbe! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 96). Mets ta petite figure contre mon cou, là, à la place que tu aimais (MAURIAC, Asmodée, 1938, V, 5, p. 205).
— [Le subst. désigne une période de la vie] Depuis ta naissance; dans ta jeunesse; à ton âge. Je sentis quelque chose en moi qui me disait:Reste devant elle jusqu'à la fin de tes jours, et garde-la (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 56). Tu m'as dit, dans tes bons moments, que la Providence m'a chargée de veiller sur toi comme une mère (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 257).
2. [Le subst. désigne des objets, des biens, des lieux; le poss. exprime l'appropriation, la possession] Tu mets une/ta veste, des/tes chaussures; tu t'allonges sur le/ton lit. — Je cherchais mon dé, qui avait roulé. — Ton dé? Le voilà sur la table (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 135). Quand tu verras avancer le groupe à ta gauche, tu avanceras (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 486). Ne reste pas comme ça dans ton coin, à te ronger les sangs (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 295).
3. [Le subst. désigne le produit, le résultat de l'activité de la pers. dont il est question] Ton article, ton dernier roman. Oui! eh bien, c'est très intéressant, mais tu nous raconteras tes mémoires une autre fois! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 6, p. 10).
C. — En partic. [Ton/ta/tes est la trace d'une relative qui comporte tu: « le... dont tu parles, que tu évoques, que tu proposes » (elle est belle, ta religion! « la religion dont tu te réclames »; tu peux les garder, tes cadeaux « les cadeaux que tu me proposes »)] — Et je voulais t'annoncer une grosse nouvelle. Puisque je suis une idiote, je ne te l'annoncerai pas (...).Tu peux la garder, ta nouvelle, dit-il. Je m'en fiche pas mal (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 43). — (...) tu ne me vendrais pas cette peau de lièvre? (...) le gros Sauteiron, celui qui vend des chevaux (...) a crié:Amène-la, ta peau. Il en a donné six francs. Panturle a dit:Ça va (GIONO, Regain, 1930, p. 139).
— [Souvent dans un syntagme introd. par avec] Tu nous ennuies, avec tes citations; arrête, avec tes bêtises. — Pierre, à quoi penses-tu? Parle-moi... Oh! tu ne m'aimes plus.Fous-moi la paix avec tes boniments. J'ai sommeil (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 70).
— [En parlant d'une pers.] — (...) Elle n'est même pas rentrée, ta Juliette, à huit heures et demie.Pourquoi, ma Juliette?Parce qu'elle sait que son père lui passe tout, et qu'elle en profite (AYMÉ, Jument, 1933, p. 75). Si je les trouve, tes salauds, ça leur coûtera cher. Alors, cache-les bien! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 102).
II. — [Le subst. désigne un procès ou complète un verbe support]
A. — [Le poss. est coréférent avec le suj. de la phrase]
1. [Le poss. peut alterner avec un autre déterm.] Tu fais un choix/ton choix; tu as pris une douche/ta douche; tu vas au travail/à ton travail; tu prends de l'élan/ton élan. Et puis tu as piqué ta crise, comme tout à l'heure, pire encore, hein? T'es tombé? (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 176).
Fam. [Le poss. remplace l'art. dans le tour du type tu fais le fier, le malin] Tu passes dans la rue, oh! la jolie montre! et on entre dans le magasin, tu te l'épingles au corsage, tu fais ta mutine, il ne peut pas te l'enlever, ou alors c'est un mufle (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 366).
— [Avec un verbe comportant un compl. d'obj. indir. ou le pron. corresp.] Tu lui fais des excuses/tes excuses; tu lui apportes de l'aide/ton aide; tu lui accordes le pardon/ton pardon. Je t'ai parlé de ça, Joigneau (...), pour que tu puisses, en passant, lui dire ton mot là-dessus, à la garce (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1023).
2. [Le poss. est obligatoire (dans des expr. plus ou moins lexicalisées)] Tu as réussi ton coup; tu caches bien ton jeu; tu as fais de ton mieux, ton possible; prends ton mal en patience. À toi, mon Dieu! à toi seul à le prendre sous ta garde (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 55). Si tu me nourris dans l'espoir d'une rançon, tu en seras pour tes frais (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 102). Ton lot est de regretter toujours, de ne désirer jamais. Il faudrait en prendre ton parti, mon cher (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 132).
B. — [Le poss. est coréférent avec le compl. te]
1. [Avec te, obj. dir.; le poss. du compl. prép. est coréférent à te] Elle t'a remis à ta place; on t'a abandonné à ton triste sort; on t'a mis le nez dans ton caca. Il te mène à ta perte, frère (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 395).
2. [Avec te, obj. indir. (« à toi »), le poss. du compl. d'obj. dir. est coréférent au pron. te] Jean te passe tous tes caprices; je t'ai donné ton congé; on va te faire ta fête; il t'a dit tes quatre vérités; je te ferai tes commissions. Allons donne-le: tu vois bien que je t'ai laissé ta chance et que tu n'en as pas profité (SARTRE, Mains sales, 1948, 6e tabl., 2, p. 231).
C. — [Transpose dans le groupe nom. le pron. pers. tu (le subst. est un dér. morphol. de verbe ou le subst. compl. d'un verbe opérateur)]
1. [Comme constituant de la phrase]
a) [Le subst. a un sens actif] Tes accusations sont graves; je refuse tes avances, ton aide; ton dégoût n'est pas justifié. C'est bien pour ça que je viens à ton aide, moi! (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, III, 8, p. 1340).
b) [Le subst. a un sens passif] Ton admission ne saurait tarder. — (...) J'ai pensé que j'étais responsable de ton arrestation...Mon pauvre ami (...), j'ai été arrêté le même jour que toi (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 251).
Rem. Voir la liste des princ. subst. à sens passif, s.v. mon/ma/mes I C 2 rem.
2. [Dans des loc. circ. en incise] À ta place, je ne le ferais pas. Un verre de clairet ou de brumeux, à ton gré, te remettra (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 343). Bon à ton avis qu'est-ce qui vaut le plus cher la peau d'un cheval ou la peau d'un soldat (Cl. SIMON, La Route des Flandres, Paris, éd. de Minuit, 1960, p. 132).
Prononc. et Orth.:[], [ta], [], [te]. Liaison en [n], dans ton allure, ton état p. ex., en [] (majoritairement), ou, avec la dénasalisation de la voy., [] (d'apr. PASSY 1914, MARTINET-WALTER 1973). WARN. 1968, tes, « pfs soutenu [] ». Homon. ton2,3,4 ; tonds, tond (de tondre); 1,2; thé. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Déterm. poss. atone de la singularité fonctionnant comme un art. A. Masc. 1. sing. a) 2e moit. Xe s. cas suj. tos forme prov. [v. éd. p. 90] le subst. déterminé est attribut du suj. (St Léger, éd. J. Linskill, 92: Tos consiliers ja non estrai); fin Xe s. tos id. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 56); ca 1050 tes; agn. tis [POPE,1260] (St Alexis, éd. Chr. Storey, 339; 415); ca 1100 id. tis (ROLAND, éd. J. Bédier, 223); b) fin Xe s. cas régime ton; to [infl. prov.] (Passion, 296; 514); ca 1050 agn. tun (St Alexis, 25; 469); ca 1100 id. (Roland, 1984; 3894); 1re moit. XIIIe s. pic. ten (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XXIV, 68); 2. plur. a) fin Xe s. cas régime tos [forme prov.] (Passion, 63); fin XIIe s. tes (Sermons de St Bernard, 115, 37 ds T.-L.); b) ca 1100 cas suj. ti (Roland, 3901). B. Fém. 1. sing. a) fin Xe s. cas régime ta (Passion, 295); ca 1100 élidé devant voy. init. (Roland, 2898: t'anme); XIIIe s. forme masc. devant voy. init.; lorr. (Dialogus anime conquerentis et rationis consolantis, éd. F. Bonnardot, XXVII, 12: ton ire dot), v. recension de P. RICKARD ds Archivum linguisticum, t. 11, 1959, pp. 32-42; b) ca 1050 cas suj. ta (St Alexis, 131); 1er quart XIIIe s. pic. te [en appos.] (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, CLXXVI, 2: Ch'est te moleste); 2. plur. a) fin Xe s. cas régime tas [forme prov.] (Passion, 63); ca 1100 tes (Roland, 3493); b) 1re moit. XIIe s. cas suj. tes (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXXVII, 2). Tes, ton - ti, tes; ta, tes poss. atones de la singularité sont issus du parad. lat. vulg. atone (proclitique): masc. sing. tus (class. ) < < tes; tum () < < ton; plur. < < tes entraînant par réfection anal. le cas suj. ti (sur lequel a été à son tour refait le masc. sing. cas suj. tis, POPE, § 353); fém. sing. ta, plur. tas tes. Cette série atone, de type tus, tum, signalée dans la 2e moit. du VIe s. par le grammairien toulousain Virgilius Maro (Epitomae, éd. D. Tardi, VI, De Pronomine, p. 81), vient de la contraction des deux u en position enclitique (VÄÄN., 81), et tus a entraîné tos; ta, tas. Pour le maintien du -m final de tum comparé à son amuissement dans tam, v. son1, sa, ses. Ce parad. atone constitue dans la lang. parlée à basse époque, une série distincte du parad. tonique, cf. tien. Fréq. abs. littér.:22 471. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 34 878, b) 38 859; XXe s.: a) 27 430, b) 28 487. Bbg. GODARD (D.). Les Déterminants possessifs... Lang. fr. 1986, n° 72, pp. 102-121. — GROSS (G.). Synt. du déterm. poss. Déterm.: synt. et sém.: Colloque internat. de ling. Fac. des lettres et sc. hum. de Metz. Centre d'analyse synt. Paris, 1986, pp. 109-110. — HARRIS (M.). Demonstratives, articles and third person pronouns in Fr. Z. rom. Philol. 1977, t. 93, pp. 249-261. — LANGACKER (R. W.). Observations on Fr. possessives. Language. Baltimore, 1968, t. 44, pp. 51-75. — PINCHON (J.). Morphosyntaxe du fr. Paris, 1986, pp. 105-113; les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, pp. 152-165. — RICKARD (P.). The rivalry of m(a), t(a), s(a) and mon, ton, son before feminine nouns in Old and Middle Fr. Archivum linguisticum. 1959, t. 11, pp. 21-47, 115-147. — ROUGET (Ch.). Comment son et le sien mettent de l'ordre dans la synt. nom. Rech. Fr. parlé. 1986, n° 8, pp. 105-117. — WUNDERLI (P.). Les Struct. du possessif en m. fr. In: Ét. de synt. de m. fr. Éd. par R. Martin. Paris, 1978, pp. 111-119.
II.
⇒TON2, subst. masc.
MÉD., vx. [Corresp. à tonique1] ,,État de rénitence et d'élasticité de chaque tissu organique dans l'état de santé`` (LITTRÉ-ROBIN 1865). Synon. tension, tonicité, tonus. Un muscle non contracté manifeste son état d'orgasme par ce qu'on a appelé le ton musculaire (E. PERRIER, Philos. zool. av. Darwin, 1884, p. 77).
P. anal., vx. Synon. de force, tonus, énergie. Allons, père Passajon, un verre de château-larose... Ça vous donnera du ton (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 26). Tu lui diras, puisqu'il m'a adressé personnellement ce compte, que je t'ai chargé de l'examiner. Ça nous donnera du « ton » (...) auprès du directeur de ce périodique (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1897, p. 96).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. ton1, 3, 4; tonds, tond (de tondre); thon. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1771 « état normal d'élasticité et de fermeté des tissus organiques » (VOLTAIRE, Lettre à Richelieu, 3 juin ds LITTRÉ); 1832 fig. « énergie psychique » (BALZAC, L. Lambert, p. 124). Empr. au gr. « tension » d'apr. l'adj. tonique1.
III.
⇒TON3, subst. masc.
I. — Domaine acoust. et musical
A. — Hauteur de la voix (à un moment donné ou en moyenne). Ton de voix aigu, élevé, haut, bas, grave, uniforme; baisser le ton; ton descendant, montant. Puis se dressant péniblement hors de ses oreillers, les deux mains posées sur ses genoux, sans élever le ton:Je vous l'ordonne, mon enfant. Au grand étonnement du doyen, son vicaire hésita longtemps, le regard dur (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 227).
P. ext. Qualité de la voix (hauteur, timbre, intensité) ou qualité des sons émis par un instrument. Ton rauque, sourd. Le clavecin accompagnait d'un ton nasillard le vieil air (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 151). La voix maîtresse du grand-père, le ton criard et saccadé de l'ancêtre (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 38).
B. — Spécialement
1. MUSIQUE
a) ,,Distance entre deux notes conjointes`` (ROUGNON 1935). Il faut songer que notre musique ne les ravit [les Orientaux] que médiocrement; la leur, qui procède par quarts de ton, nous est également incompréhensible, à moins d'être pour ainsi dire traduite selon notre système musical (NERVAL, Voy. Orient, t. 3, 1851, p. 59).
Ton majeur (do-ré). Intervalle ,,plus grand que le ton mineur d'un comma syntonique`` (CANDÉ 1961). Synon. seconde majeure.
Ton mineur (ré-mi). Intervalle ,,formé d'un 1/2 ton chromatique et d'un 1/2 ton diatonique`` (CANDÉ 1961).
En compos. Demi-ton diatonique (do-ré bémol). Intervalle qui ,,dépasse le 1/2 ton chromatique d'un (...) 1/4 de ton`` (CANDÉ 1961). Synon. seconde mineure. Demi-ton chromatique (do-do dièse).
b) Hauteur du son définie par rapport à son repère. Changer de ton; donner le ton (la note repère sur laquelle les musiciens s'accordent); n'être pas dans le ton; sortir du ton (en faisant des fausses notes). Lorsque deux cordes sonores ont eu d'abord entre elles un intervalle musical défini, et qu'au bout d'un certain temps, elles cessent d'offrir cet intervalle, on se demande si le ton de l'une a haussé, si le ton de l'autre a baissé, ou si ces deux causes ont concouru à faire varier l'intervalle (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 3).
En partic. ,,On désigne un ton par le nom de la première note de la gamme dont il est formé. On dit gamme et ton d'ut, de ré`` (ROUGNON 1935). Synon. gamme. Chacun d'ailleurs chantait dans un autre ton que son voisin (BERLIOZ, Souv. voy., 1869, p. 30):
1. L'espressivo marque le moment où, après la montée de sa supplication hoquetante, elle sent avec douleur l'inutilité de ses demandes, et se replie. Mais tandis qu'elle croit tomber, de marche en marche, dans le chaos, dans le sans lumière, (42me mesure), — elle se dirige, à son insu, vers les calmes profondeurs du ton clair de ré majeur.
ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 264.
c) Tons psalmodiques, tons ecclésiastiques. ,,Formules (...) choisies en fonction du caractère modal de l'antienne qui les encadre (...)`` (Mus. 1976).
d) Tons de chasse, tons de la trompe. ,,Sonneries de cor ou trompe de chasse, pour guider les chiens et indiquer des incidents particuliers dans les chasses...: la quête, le lancé, la vue, le hourvari, le retour, la requête, le relancé, le débuché, le hallali, le bat-l'eau, la sortie de l'eau, la retraite manquée, l'appel simple, l'appel forcé`` (ROUGNON 1935). Le ton pour chiens, le ton grêle; le gros ton, ou (...) le gros et les fanfares (BAUDR. Chasses 1834).
e) P. méton.
) ,,Partie amovible qui sert à allonger (ou raccourcir) le tube d'un instrument à vent en cuivre, donc la colonne d'air vibrante, et permet d'en baisser (ou hausser) le ton, d'où son nom`` (Mus. 1976).
) ,,Sifflet à piston qui donne le ton`` (WRIGHT Mus. 1941).
2. MÉD. Ton artériel. ,,Bruit systolique entendu à l'auscultation d'une grosse artère, chez les sujets nerveux, à l'éréthisme vasculaire marqué`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
3. PHYS., ACOUST.
Ton pur. ,,Son caractérisant une onde dont la pression acoustique instantanée est une fonction sinusoïdale simple du temps, donc ayant une fréquence unique. Se dit également de la sensation physiologique qui en résulte`` (PIR. 1964).
Ton complexe. ,,Onde acoustique due à la combinaison de composantes sinusoïdales simples de fréquences différentes. Se dit également de la sensation qui en résulte`` (PIR. 1964).
Ton fondamental. ,,Le ton fondamental d'un ton complexe est celui de la composante qui a la plus basse fréquence (fréquence fondamentale)`` (PIR. 1964).
4. PHONÉT. ,,Variation mélodique qui permet de distinguer des mots dont le sens est différent, mais dont le signifiant est par ailleurs identique... Il n'est employé que dans les langues dites à tons, comme le chinois, le japonais, le suédois, le norvégien, etc. Parmi elles, il faut distinguer: — les langues à « tons ponctuels », qui opposent deux ou trois registres (leurs syllabes successives s'opposent par la fréquence du fondamental); — les langues à « tons mélodiques », qui utilisent des oppositions de registres et des modifications de la fréquence du fondamental sur la même syllabe (existence: — de tons mélodiques simples: haut, bas; — de tons mélodiques complexes: montant, descendant)`` (D.D.L. 1976). Il suit de-là qu'il n'y a aucun son qui mérite d'être appelé plutôt une articulation ou une voix, qu'un ton ou une durée (...) il faut la réunion de ces quatre caractères, pour exprimer le son tout entier (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 345). V. atone B, intonation B.
II. — Dans la lang. cour.
A. — Inflexions volontaires ou involontaires que prend la voix d'un locuteur et qui dévoilent sa personnalité, son état psychologique ou affectif, ses intentions. Synon. accent, intonation. Tenez, juste là où vous êtes. Ça pue encore. — Nan, ça ne pue pas, dit M. de Coëtquidan, d'un ton sans réplique (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 739). Le Père Paneloux s'arrêta, les cheveux sur le front (...) et reprit, plus sourdement, mais sur un ton accusateur: « Oui, l'heure est venue de réfléchir (...) » (CAMUS, Peste, 1947, p. 1296).
SYNT. Ton acide, affectueux, agressif, aigre, aimable, amer, boudeur, bourru, bref, brusque, calmé, catégorique, conciliant, confidentiel, cordial, décidé, dégagé, détaché, doctoral, doucereux, doux, dur, emphatique, enjoué, excédé, ferme, froid, glacé, goguenard, gouailleur, grave, hautain, impérieux, ironique, irrité, jovial, joyeux, lamentable, mal assuré, maussade, menaçant, moqueur, mélancolique, méprisant, naturel, paterne, paternel, piqué, plaintif, plaisant, protecteur, pénétré, péremptoire, respectueux, résolu, sec, solennel, sérieux, sévère, suppliant, tranchant, vif; le ton de l'indignation, de la réserve, de la vérité; adopter un certain ton; garder un ton, le même ton; parler sur un certain ton; le prendre sur un ton, sur un certain ton; sur le ton de la confidence; un ton d'autorité, de reproche; une conversation où le ton monte.
Dire qqc. sur le ton de la conversation. Sur un ton calme, sans aucun excès. Quand Henri a commencé à parler, sa voix a transformé l'immense hall en une chambre privée: il ne voyait pas en face de lui cinq mille personnes, mais cinq mille fois une personne et c'est presque sur le ton de la conversation qu'il leur parlait (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 204).
Vx. Prendre le haut ton, un ton bien haut. Parler avec un ton de supériorité, avec arrogance. Prendre des tons. Aller m'imaginer que la voisine prenait des tons avec moi, ne voulait plus me saluer (PICARD, Théâtre, t. 4, Tracass., 1804, p. 252).
Hausser le ton. Baisser d'un/de ton. Faire parler d'un ton plus bas, faire baisser le ton. Forcer quelqu'un à se calmer. Les Gavots sont si arrogants envers nous (surtout hors de notre présence) qu'ils ne manquent jamais de dire qu'ils ont fait baisser le ton à quelqu'un des nôtres en les rencontrant sur le Tour de France (SAND, Compagnon Tour de Fr., 1840, p. 67).
Faire changer de ton. Eh! Là! On ne me fera pas changer de ton parce qu'une personne est vivante ou morte. Je garde mon style. J'ai une mystique (COCTEAU, Théâtre poche, 1949, p. 63).
Dire, répéter qqc. sur tous les tons. Dire de toutes les façons possibles, sans se lasser. Elle s'était longtemps refusée à ce genre de folie. Joseph l'y avait contrainte, depuis la guerre, en lui répétant sur tous les tons: « C'est une fortune qui tient très peu de place. Et si jamais nous perdons tout, nous ne perdrons peut-être pas ça (...) » (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 103).
Pop., fam. Le ton fait la musique. ,,Signifie que la manière dont on débite quelque chose y donne seule une valeur. Cette locution ne se prend ordinairement qu'en mauvaise part, et n'est usitée qu'en parlant d'un homme qui s'est permis quelques propos piquants sur le compte d'un autre`` (HAUTEL 1808).
B. — Manière de s'exprimer suivant les circonstances ou compte tenu du genre que l'on pratique. Ton lyrique, élégiaque, épique, familier, léger, pathétique, oratoire, sec, solennel. Quant à son Essai sur les éloges, il y a de belles pages sans doute; mais, quoique les défauts y soient moindres et qu'il ait détendu son style, il y règne encore un ton d'exagération qui gâte les meilleurs morceaux (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p. 116). Cette vérité céleste et qui ne symbolise pas donne à certaines œuvres [de Chirico] un ton prophétique (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 59).
Prendre le ton. Quant à Stendhal, n'était-ce pas ce railleur pincé qui s'était vanté de lire chaque matin une page du Code pour prendre le ton? (ZOLA, Romanc. natur., Flaubert, 1881, p. 160).
— [En parlant d'un aut. ou d'une œuvre littér.] Caractère particulier, accent personnel, auquel on reconnaît l'écrivain. Ce qui frappe le plus dans une page de Stendhal, ce qui sur-le-champ le dénonce, attache ou irrite l'esprit,c'est le Ton. Il possède, et d'ailleurs affecte, le ton le plus individuel qu'il soit en littérature (...). Des biens mornes d'autrui, il refait des ouvrages qui se lisent, parce qu'il s'y mêle un certain ton (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 102).
C. — Manière de parler et de se comporter en société conformément aux convenances. Je (...) commençai la lecture de mon discours que je savais beau, sans me dissimuler (...) qu'il n'était peut-être pas tout à fait dans le ton qui convenait aux circon-stances (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 423).
Avoir bon ton, mauvais ton. Le salon de ce café a cela de particulier, que presque toutes les personnes qui s'y rassemblent se connaissent (...). Il est du bon ton d'y prendre les manières d'un habitué (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 97). Il était de mauvais ton d'avoir des intériorités plus profondes, mais on allait chez Cagliostro (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1918, p. 376).
Le bon ton. Le bon goût dans un milieu donné. F. indépend., gaie, dynam. genre « bon ton, bon chic ». Vie prof. act., rencontrerait cadre sup. 45-55 ans (Le Nouvel Observateur, 20 déc. 1976, p. 76, col. 4).
De bon, grand ton. Conforme au bon goût, raffiné. Pourtant, la physionomie de M. Prarond est restée dans ma mémoire (...). C'est celle d'un homme robuste, très simple et très fin et de grand ton (A. FRANCE, Vie littér., 1890, p 350). [Mme de Brancion] réunissait parfois chez elle, en un dîner du meilleur ton, quelques amis, dont mes parents (JAMMES, Mém., 1921, p. 111).
Loc. fig. [Corresp. à supra I B 1 b]
Donner le ton. Donner pour modèle sa propre façon de parler, d'agir ou de se comporter. Boucher, que le roi avait nommé son premier peintre, pour le récompenser sans doute d'avoir fait son portrait en Hercule, coiffé à l'oiseau-royal, peut se vanter d'avoir donné le ton à son siècle, d'avoir corrompu les arts dans toutes leurs parties (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 276). La direction m'échappe de jour en jour: ce sont les jeunes venus qui donnent le ton, maintenant (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 520).
Rare. [À propos de choses] Ces jardins-de-derrière donnaient le ton au village. On y vivait l'été, on y lessivait; on y fendait le bois l'hiver, on y besognait en toute saison, et les enfants, jouant sous les hangars, perchaient sur les ridelles des chars à foin dételés (COLETTE, Sido, 1929, p. 20).
Être dans le ton, se mettre dans le ton. Se modeler sur l'entourage. Synon. se mettre au diapason. Ne pas être dans le ton. Le scénario n'est pas de moi, je n'ai fait que me mettre dans le ton, on n'aborde pas Chimène dans les mêmes termes qu'une « agrégative » de philosophie (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 154).
Changer de ton. Changer son comportement. Le vieux changeait de ton tout à coup, comme honteux: « Je vous avais dit que je ne vous demanderais pas d'argent... mais tout de même... » Il regardait le jeune homme avec une âpreté qui estime, il jaugeait son porte-monnaie (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 254).
Faire chanter sur un autre ton. ,,Obliger à changer de comportement, de manières, de langage`` (Lar. Lang. fr.).
D. — [À propos d'un lieu] Manière d'être, ambiance. L'affluence des étrangers, les voitures, les chevaux, les gens qui vont et viennent sur les places publiques, les auberges encombrées, les cafés, les salles de jeux, pleines de musiciens qui courent les rues, ce tableau animé contraste bien avec le calme de Saint-Sauveur et le ton campagnard des lieux que nous quittions (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 199).
P. méton. [À propos d'une époque] L'ambiance qui y règne. Je n'ai trouvé, dans votre ouvrage [sur Mallarmé], à peu près rien qui ne fût conforme à l'idée du passé vrai,c'est du ton que je parle, la valeur la plus délicate d'une époque, car, pour les documents, vous avez rassemblé le matériel le plus complet (...) Mais le ton, l'air du temps, celui qui se respirait rue de Rome, vous ne l'avez pu recomposer que selon vous; or, cette synthèse est tout heureusement réussie (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 235).
III. — PEINT. et domaine des couleurs. ,,Degré d'intensité d'une couleur. On parle de tons clairs ou de tons obscurs; de tons chauds (proches du rouge) ou froids (proches du bleu); de tons neutres (dont les nuances atténuées font valoir d'autres tons), de tons rompus dont l'intensité est atténuée`` (NÉR. Hist. Art 1985). Synon. couleur, nuance, teinte. Ton(s) criard(s), doux, franc(s), gai(s), grisâtre(s), monotone(s), pastel(s), riche(s), sourd(s), vigoureux; tons bruns; éteindre les tons; passé de ton; gamme de tons; tons différents, d'une même couleur. Cette pierre est grise, elle a l'aspect du fer, le bois de la porte au contraire a un ton de miel un peu ranci (JOUVE, Paulina, 1925, p. 12):
2. Rubens préparait un corps avec un ton rose qu'il recouvrait, dans la lumière, de jaune de Naples, mais dans les ombres reflétées, il mettait un ton orangé, si ardent que dans la lumière, le jaune de Naples devenait une coloration froide.
GONCOURT, Journal, 1894, p. 591.
Ton sur ton. Dans la même couleur, avec des intensités différentes. Coussin velours rayonne, piqué ton sur ton (Catal. jouets [Trois Quartiers], 1936). Ce marbre italien (...) avec des moirures grises, ton sur ton (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p. 373).
Dans le ton. ,,En harmonie avec les couleurs voisines`` (Lar. Lang. fr.).
Ton local. ,,Ton propre d'un objet ou d'une surface imitant la couleur des objets ou des surfaces que le peintre représente; il est lié à la place que cet objet ou cette surface occupent dans le tableau, et au plan où il est situé`` (ÉR. Hist. Art 1985). Ce fut une grande audace de Gauguin de renoncer à rendre le ton local et de suggérer par des aplats de tons le volume des formes sans les inscrire dans une composition en profondeur. Cette technique archaïsante a inspiré les Fauves et les Nabis et par eux l'art non figuratif contemporain (NÉR. Hist. Art 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. ton1, 2, 4; tonds, tond (de tondre); thon. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIIe s. « bruit de voix » (Moniage Guillaume, 4244 ds T.-L.); 2. 1200 « qualité de la voix humaine en hauteur, timbre, intensité » (JEAN BODEL, Jeu St Nicolas, éd. A. Henry, 608); 1651 le prendre sur un ton trop haut « avoir de hautes prétentions » (SCARRON, Roman comique, II, 15 ds LITTRÉ); 1656-57 « manière de s'exprimer par écrit » (PASCAL, Provinciales, XV, ibid.); 1668 Si vous le prenez sur ce ton (MOLIÈRE, Amphitryon, II, 4); 1691 au plur. « accents, intonations » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 24 juill., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 972); 3. a) 1550 phonét. « hauteur du son de la voix sur une syllabe déterminée » (MEIGRET, Tretté de la grammere françoeze, p. 132); b) 1808 « variation de hauteur du son de la voix utilisée à des fins morphologiques et sémantiques » (DE GUIGNES, Voyages à Péking, Manille et l'Île de France, t. 2, p. 389); 4. a) av. 1678 « manières, façons de se comporter en société » (LA ROCHEFOUCAULD, Réfl. div., p. 133 ds LITTRÉ); b) 1798 se mettre au ton de qqn (Ac.); c) 1913 avoir le ton (de la maison) (PROUST, Swann, p. 199); 5. 1718 donner le ton (Ac.); 6. 1746 bon ton (LA MORLIÈRE, Angola, p. 50); 1751 le bon ton (DUCLOS, Consid. mœurs, 8 ds LITTRÉ); 1784 mauvais ton (GENLIS, Veill. du chât., t. I, p. 347 ds POUGENS, ibid.); 1823 de bon ton (STENDHAL, Rossini, t. 2, p. 49). B. 1. a)Ca 1180 « degré d'élévation ou d'abaissement des sons émis par des instruments » (THOMAS, Tristan, éd. B. Wind, 794); b) 1549 « mode musical » (EST.); c) 1578 « intervalle unitaire, degré de l'échelle des sons » (VIGENÈRE, Tabl. de Philostr., f° 97 v° ds GDF. Compl.); 2. 1669 changer de ton (MOLIÈRE, Tartuffe, IV, 7); 1718 faire chanter sur un autre ton (Ac.); 1740-55 fig. monter au ton de (SAINT-SIMON, Mém., éd. A. de Boislisle, 13, 319); 1852 sur tous les tons (SAND, Corresp., t. 3, p. 342); 3. 1655 « airs que l'on sonne sur la trompe pour appuyer les chiens » (SALNOVE, La Vénerie royale, Dict. des chasseurs, p. 35); 1834 tons de chasse « id. » (BAUDR. Chasses); 4. 1842 « chacun des tubes de différentes grandeurs qui s'adaptent à des instruments à vent pour en changer la tonalité » (Ac. Compl.). C. 1. 1669 « valeur d'une teinte » (S. BOURDON, Conférences ds JOUIN, Conf. de l'Ac. roy. de peinture..., p. 131 ds BRUNOT t. 6, 1, 2, p. 739); 2. 1762 « effet dominant des couleurs » (Ac.); 3. 1811 ton chaud (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus. ds Œuvres romanesques et voyages, éd. M. Regard, Paris, Gallimard, t. 2, 1969, [Bibl. de la Pléiade], p. 923); 1846 tons froids (BALZAC, Cous. Bette, p. 111); 4. 1826 tons vigoureux (BOUTARD, Dict. des arts du dessin, ton ds LITTRÉ); 5. 1847 ton local (DELACROIX, Journal, p. 180); 6. 1872 ton sur ton (LITTRÉ). Empr. au lat. tonus « tension d'une corde », « ton, son d'un instrument », « accent d'une syllabe », fig. « le clair-obscur », gr. « tension de la corde de la lyre », « mode musical », « mesure d'un vers », « accent tonique ». Fréq. abs. littér.:14 549. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 22 295, b) 25 466; XXe s.: a) 18 207, b) 18 255.
DÉR. Tonème, subst. masc., phon. ,,Ensemble des réalisations différentes d'un même ton. Un ton haut peut en effet être plus bas en fin d'énoncé qu'un ton moyen pris au début de ce dernier, et ce en raison du relâchement des organes de la phonation, tout en demeurant haut comparativement à ceux qui se trouvent dans le même contexte`` (MOUNIN 1974). Le tonème est au ton ce que le phonème est au son (Ling. 1972). []. 1re attest. 1949 (J. CANTINEAU, trad.: TROUBETZKOY, Principes de phonologie, p. 232 ds QUEM. DDL t. 39); de ton3, finale en -ème sur le modèle de morphème, phonème.
BBG. — JACOB (A.). Gen. de la pensée linguistique ... Paris, 1973, p. 75, 244-245. — PERRIN-NAFFAKH (A.-M.). Styl. Paris, 1989, p. 25. — SCHNEIDERS (H.-W.). Der Frz. Wortschatz zur Bezeichnung Von « Schall ». Genève, 1978, pp. 92-93.
IV.
⇒TON4, subst. masc.
MAR. ,,Partie supérieure, carrée, d'un bas-mât, au-dessus du capelage, et que capelle le chouquet par son trou carré. Un mât à pible n'a pas de ton`` (MERRIEN 1958).
Prononc.:[]. Homon. ton1, 2, 3; tonds, tond (de tondre); thon. Étymol. et Hist. 1687 (DESROCHES ds JAL1). Altér. probable de tenon, ces deux mots désignent aux XVIIe et XVIIIe s. la même partie du mât (v. JAL1 et FEW t. 13, 1, p. 211a).

1. ton [tɔ̃], ta [ta], tes [te] adj. possessif.
ÉTYM. XIIe, ton; tun, 1050; fin XIe, ta; XIVe, tes; formes atones des adj. lat. tuum, tua. → Tien.
REM. 1. (Forme). En anc. franç. la forme ta s'élidait en t' (comme ma dans m'amie. → Mon), ainsi le mot tante représente ta ante. Cette forme a été remplacée par le masculin dès la fin du XIIe s.
2. (Fonction et sens). Ton (ta, tes) se rapporte à un « possesseur » unique; il exprime, comme les autres « possessifs », toutes sortes de relations. → Mon, son.
3. (Place). → Mon (rem. 4).
4. (Renforcement). Tes idées à toi. Tes propres idées.
5. (Répétition). → Mon (rem. 6).
———
I (Sens subjectif).
1 Qui est à toi, t'appartient ( Tu, toi). || « Poète, prends ton luth » (cit. 6; et → aussi Luth, cit. 4; maigre, cit. 6). Vôtre. || « Une croix, et ton nom écrit sur une pierre, Non pas même le tien… » (→ Après, cit. 4).Ton bras, ta main, ton cœur.« Mon amour, c'est seulement ton bonheur » (→ Seulement, cit. 2). || À ta santé (cit. 6). || Tes peines, tes soucis… (→ Regarder, cit. 14).Ta naissance, ton enfance. || Tu rateras (cit. 14) ton avenir, toi.Ton espèce, ton époque.Tes actes. || Ton premier coup d'épée égale tous les miens (→ Atteindre, cit. 26).Argot. || Ta pomme : toi. Tézigue.
1 Ton âme est immortelle, et le temps va s'enfuir.
Ton corps est abattu du mal de ta pensée;
Tu sens ton front peser et tes genoux fléchir.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Lettre à Lamartine ».
2 (Devant un nom de personne). || Ton marquant des rapports de parenté, d'amitié, de vie sociale… ( Mon, I., 2., rem.). || Ton père et le mien (→ aussi Déshonorer, cit. 1). || Ton patron. || Tu entres à la journée chez ton charpentier (→ Salaire, cit. 2).Tu dis toujours « ton fils », quand tu as à te plaindre de lui (→ Mon, cit. 13).Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu (cit. 45).
3 Par ext. || Ton, ta, tes marquant l'« intérêt personnel » (→ Mon, I., 3.) ou des rapports d'appropriation très larges (emplois stylistiques). → Son (supra cit. 5). || « Ton Pierre, mais il n'est pas célèbre du tout » (F. Jammes, la Brebis égarée, I., 4.). || Ton bonhomme; ton petit précepteur… (→ Sournois, cit. 1).Ferme donc ta porte. || Ne fais pas ta maligne.Tu vas être en retard pour ton cours, pour le cours que tu vas suivre (→ Sauver, cit. 17).
2 (…) Tu ne veux pas me jouer ton Prélude ? Pour Mme d'Hocquinville. Chopin n'avait écrit qu'un Prélude (…) et il était devenu ton Prélude, parce qu'elle l'associait à sa petite-fille.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, XIII.
3 — Allons, la vieille, tu es encore venue faire ta dissipée ? (…) Ne fais pas ta furie, Florence (…)
A. de Chateaubriant, la Brière, I, III.
3.1 (…) ton Renouvier (un type très bien que j'avais eu le malheur de lui recommander) c'est un crétin, un propre à rien qui ne sait pas faire son métier (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 29.
———
II Sens objectif (→ Mon, II.; son, I., 2.). || Ton juge : celui qui te juge, le juge de toi. || Ta condamnation. || À ta vue. || Ton livre (sens I.) et tes lecteurs.À ton service, à ton intention, à ton égard.REM. Les emplois de ton, dans ce sens, sont limités, à cause de l'ambiguïté qu'ils introduisent :
4 (Victor Hugo) fait dire à son héros, — s'adressant à Don Carlos et parlant de Doña Sol : « J'oubliais en l'aimant ta haine qui me charge » (Hern., I.,4.) : ta haine, c'est ici la haine que j'ai pour toi; on pourrait s'y tromper; dans ce cas encore, le possessif est pris d'une façon objective.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §339.
HOM. Thon; 2. ton (V. ce mot).
————————
2. ton [tɔ̃] n. m.
ÉTYM. Fin XIe; « hauteur d'un son, de la voix; bruit, son », au moyen âge; lat. tonus, spécialisé en musique, en poésie; grec tonos.
———
I
A Courant.
1 (XIIe). Hauteur de la voix, à un moment donné; hauteur moyenne de la voix. || Ton, ton de voix aigu, élevé, haut; bas, grave. Voix. || Parler sur un ton grave. Note. || Passage à un ton plus haut. || Cris modulés (cit. 1) sur tous les tons. || Changement de ton. Inflexion.Par ext. Qualité sonore de la voix (timbre, etc.). || Ton criard, nasillard (→ Aigu, cit. 6); grasseyant (cit. 1); rauque…Manière d'émettre un son. || Ils ronflèrent (cit. 2) sur six tons divers, aigus ou sonores, mais continus et formidables.
Spécialt. Inflexions, intonations dans l'énoncé. || Ton égal, uniforme; montant, descendant.
1 L'interrogation est souvent dans le ton, qui, à lui seul, d'une phrase ordinaire quelconque fait une question : Tu viens avec moi ? La phrase française d'énonciation ordinaire se compose de deux parties, l'une ascendante, l'autre descendante. L'interrogation, de ce point de vue, est une phrase incomplète : la finale de l'interrogation est la syllabe qui dans une phrase affirmative serait articulée sur la note la plus haute avant la partie descendante.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 489.
2 (V. 1200, « d'un ton moult avenant »). Qualité de la voix humaine, en hauteur (ton proprt dit), en timbre et en intensité, caractéristique de l'expression des états psychologiques et du contenu du discours. Accent (II.), expression (II., 5.), intonation, langage (supra cit. 20), manière (de parler). || Le ton d'une voix (→ Croire, cit. 35). || Ton, ton de voix aisé, coulant, direct, familier, naturel, simple. || Forcer le ton de sa voix (→ Figure, cit. 14.3). || Ton ferme, franc; faux, hypocrite. || Ton dégagé (cit. 37), détaché (1. Détacher, cit. 29), froid (1. Froid, cit. 19), indifférent (cit. 26), neutre (cit. 10). || Fermeté, froideur… du ton. || Ton mesuré (cit. 27), modeste, réservé. || Modération du ton. || Ton convaincu, passionné, pénétré, véhément. || Ton décisif, doctoral (cit. 1), doctrinaire (cit. 2), dogmatique, magistral, pédant, professoral, sentencieux; ton d'oracle. || Ton badin, léger, goguenard, gouailleur (cit. 3), moqueur, persifleur (cit.), railleur, sarcastique. || Ton noble, grave (1. Grave, cit. 14), sérieux, solennel, tragique. || Ton affecté, maniéré, emphatique, pathétique… || Ton absolu (cit. 6), acerbe, aigre, arrogant, bref, brusque, brutal, cassant, coléreux, coupant, dictatorial, fier, hargneux, impérieux, menaçant, péremptoire (cit. 3), rogue (cit. 2), sec, sévère, tranchant… || Avoir un ton hautain. Verbe (le verbe haut). || Ton dédaigneux, méprisant; ton d'indignation, réprobateur. || Ton doux, radouci, empreint de douceur; amical, paternel, protecteur. || Ton doucereux, mielleux, patelin (cit. 5), paterne. || Ton câlin (cit. 1), coquet (cit. 9), galant, langoureux… || Ton humble, lamentable, larmoyant, mourant, piteux (→ Bon, cit. 124), plaintif, pleurard, pleureur, suppliant, timide, triste…Adopter, garder un ton, le même ton ( Monotone). || Changer de ton. Déchanter. || Le ton et les paroles (cf. L'air et la chanson). || C'est le ton qui fait la chanson.Dire sur le ton de la conversation, sur un ton calme, de bonne compagnie…
2 Il n'y a pas moins d'éloquence dans le ton de la voix, dans les yeux, et dans l'air de la personne, que dans le choix des paroles.
La Rochefoucauld, Maximes, 249.
3 La plupart du temps elles (les paroles) ne signifient point par elles-mêmes, mais par le ton dont on les dit. Souvent, en redisant les mêmes paroles, on ne rend pas le même sens (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, XII.
4 Julien répondit à ces nouvelles remontrances, fort bien, quant aux paroles : il trouvait les mots qu'eût employés un jeune séminariste fervent : mais le ton dont il les prononçait, mais le feu mal caché qui éclatait dans ses yeux alarmaient M. Chélan.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VIII.
5 (…) ce petit ton sec que les femmes seules savent prendre entre elles (…)
Th. Gautier, Fortunio, I.
6 Il avait élevé le ton; sa voix vibrait de plaisir et de défi.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 58.
Vx. || Avoir des tons décidés… Intonation.
7 (…) l'on n'entend point (…) dans un sermon des tons de théâtre (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV,18.
Loc. fig. (Souvent par métaphore du sens 1. ou du sens C.). Parler sur tel ou tel ton (haut ou bas); le prendre sur un ton.Vx. Prendre le haut ton, un ton bien haut : parler d'une manière arrogante, avec un ton de supériorité, d'assurance extrême (→ Opinion, cit. 2).Hausser (cit. 2 et 3) le ton.Baisser (cit. 20) le ton : se montrer moins arrogant, moins exigeant, etc. Diapason (fig. et fam.), sourdine.Faire parler d'un ton plus bas, faire baisser le ton : forcer qqn à abandonner le « haut ton ». Rabattre (le caquet, la chanterelle). || Hola ! un ton plus bas s'il te plaît !Chanter sur un autre ton. || Changer de ton. — ☑ Chanter, dire, répéter qqch. sur tous les tons, de toutes les manières.
8 Si vous le prenez sur ce ton,
Monsieur, je n'ai plus rien à dire,
Et vous aurez toujours raison.
Molière, Amphitryon, II, 1.
3 (Mil. XVIIe). Manière de s'exprimer, dans un écrit. || Le ton d'une lettre (→ Charmer, cit. 9; équivoque, cit. 22). || Radoucir (cit. 1) son ton.Littér. Forme (I., B., 8.), manière, style (→ Auteur, cit. 33; genre, cit. 14). || Ton oratoire, lyrique, pathétique; ton majestueux (cit. 6), noble, soutenu, sublime. || Le ton précieux du madrigal, plaintif de l'élégie… || Poésie d'un ton galant, grivois… || Ton attaché à un genre.Spécialt. Manière individuelle d'écrire (indépendamment du genre qu'on adopte). || Cet écrivain, ce conteur a un ton inimitable.
9 Ce qui frappe le plus dans une page de Stendhal (…) c'est le Ton. Il possède, et d'ailleurs affecte, le ton le plus individuel qu'il soit en littérature. Ce ton est si marqué, il fait l'homme si présent qu'il excuse aux yeux des stendhaliens : 1o les négligences, la volonté de négligence, le mépris de toutes les qualités formelles du style; 2o divers pillages et quantité de plagiats… Des biens mornes d'autrui, il refait des ouvrages qui se lisent, parce qu'il s'y mêle un certain ton.
Valéry, Variété, « Études littéraires », Œ., Pl., t. I, p. 569.
Au plur. (vx). Accent, intonation. || Mes lettres « ont des tons, et ne sont pas supportables quand elles sont ânonnées » (cit. 1, Mme de Sévigné). || Les effets et les tons d'un roman (→ Diapason, cit. 3).
4 Littér. Manière de parler et de se comporter en société; manière d'être (d'une action) quant aux convenances. || La tournure et le ton d'une plaisanterie. || Avoir bon ton, mauvais ton. Air (bel air…). — ☑ Loc. cour. De bon ton : qui a des manières considérées comme bonnes, raffinées. Honnête (II., 1.), poli (vx). Cf. Comme il faut (cit. 35), bon genre. || Une élégance de bon ton. Goût. Vx. || Être dans le meilleur ton. || De mauvais ton (→ Gâter, cit. 13).(1751). || Le bon ton : les manières correctes, reçues ou qui prévalent (dans un milieu donné). 2. Mode, politesse.(Avec infl. du sens musical C., 4., par métaphore).Être dans le ton; se mettre au ton, dans le ton. Diapason, note (fig.); conformer (se). || Ne pas être dans le ton. Détonner (fig.).Donner le ton : fixer, par ses propres manières, le ton admis, reçu, dans une société ( Influence).Avoir le ton (vieilli). || La Belgique n'a pas le ton (→ Négatif, cit. 5).
10 Je parle si souvent (et trop souvent) du genre d'esprit de la province, du ton provincial, qui, à trente lieues de Paris, recouvre tout, pénètre partout et affadit tout, que je songeais à évoquer le génie dramatique et à composer une scène en langage provincial.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 238.
11 Au début du Consulat, on la trouve (Juliette Récamier) brillante, fêtée, applaudie, la plus jeune reine des élégances, donnant le ton à la mode, inventant avec art des choses simples qui n'allaient qu'à la suprême beauté.
Sainte-Beuve, les Causeries du lundi, 26 nov. 1849.
12 Le ton où il avait placé leurs relations, le parti pris d'élégance qu'il avait affiché le lui interdisait.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVIII, p. 128.
Loc. fam. (vieilli). Être dans le ton : avoir raison (cf. Dans le coup).
(Au plur., vx, fréquent chez Mme de Sévigné). Manières, façons (de se comporter).
B Phonét. Hauteur (et, par ext., changement de hauteur) du son de la voix, à un moment donné; son particulier prononcé sur une note plus élevée (accent de hauteur. Tonique).
Ling. || Langues à ton, dans lesquelles la hauteur d'une syllabe est un trait pertinent, faisant partie du système phonologique de la langue (ex. : chinois, nombreuses langues africaines). || Ton ponctuel (haut, bas, moyen), mélodique (montant, descendant).Ton ou ton aigu (en grec) : élévation de la voix sur un son.Ton frappé : accent de hauteur sur le début de l'émission vocalique. || Ton aiguisé, au centre d'une émission vocalique.
13 Dans les langues d'Extrême-Orient, où les éléments grammaticaux sont en petit nombre, on comprend que le ton joue un rôle (…) considérable (…) Ces langues ont utilisé fort à propos pour des fins morphologiques la souplesse, l'étendue, la variété des tonalités que comporte leur phonétique (…) en peul c'est l'intonation qui exprime la négation : (…) L'élévation de la voix a la valeur d'un morphème.
J. Vendryes, le Langage, p. 91.
C (1549). Mus.
1 Intervalle fondamental, qui s'exprime par le rapport des fréquences de 8 à 9 (ton majeur : do-ré; fa-sol) ou de 9 à 10 (ton mineur : ré-mi; la-si) et correspond à la seconde majeure (l'intervalle de la quarte à la quinte). || La tierce majeure (cit. 2) a deux tons. || Échelle musicale divisant l'octave en sept échelons ( Note) et procédant par tons et demi-tons ( Diatonique; gamme) ou en douze échelons tempérés ( Chromatique). || Quart de ton (→ Intervalle, cit. 8).Par ext. Chaque degré de l'échelle diatonique (→ Échelle, cit. 15).
2 Hauteur absolue d'une échelle de sons musicaux (réglée par le diapason); échelle musicale d'une hauteur déterminée (désignée par le nom de sa tonique). || Les modes sont caractérisés par une distribution différente des intervalles : tons et demi-tons; les tons (ou tonalités) ont la même structure interne. Une mélodie est une forme qui subsiste dans ses transpositions en différents tons. Transposer. || Dans le système tonal, les tons s'échelonnent par quintes justes. || Tons voisins. Tonalité. || Passage d'un ton à un autre. Modulation. || Ton principal d'un morceau. || Armature d'un ton.Le ton de si bémol majeur, mineur : la modalité majeure, mineure du ton de si bémol. || Tons relatifs.
REM. On emploie habituellement « mode » en parlant des tons de la musique antique (ton phrygien, M. Emmanuel, t. I, p. 135), et abusivt ton en parlant des modes du moyen âge (« ton plagal », « ton d'église » : les huit modes du plain-chant); c'est de cette confusion que vient l'emploi du mot modulation.
14 (Les théoriciens du moyen âge) prirent les Tons pour des Modes : le sénateur Boèce avait donné à ce galimatias un illustre exemple au VIe siècle. Les musicologues (…) prirent les Modes pour des Tons, en ce sens qu'ils affublèrent leurs VIII Tons, — entendez Modes — ecclésiastiques, des étiquettes appliquées à rebours par Boèce aux vieux Modes, — entendez Tons — (…) Le malheur est que l'imbroglio dure encore. Quand se résoudra-t-on à reléguer une terminologie qui (…) applique à la forme d'une échelle, au mode, l'étiquette qui convient à sa hauteur, au ton.
M. Emmanuel, Hist. de la langue musicale, t. I, p. 180.
3 Vx. Hauteur du son; son considéré quant à sa hauteur. || Ce clavecin est bon dans les tons graves. Corde (II.). Abusivt. Bruit, son (→ 1. Punch, cit. 2, Gautier).
4 Hauteur des sons émis par la voix dans le chant ou par un instrument, définie par un repère. || « C'est en ce sens qu'on dit, dans un concert, que le ton est trop haut ou trop bas » (Rousseau, Dict. de la musique). || Commencer à chanter pour donner le ton. Entonner. || Prendre son ton (→ Préluder, cit. 1). || Sortir du ton. Détonner. || Se mettre dans le ton : s'accorder. || Tons des cloches d'un carillon.Par métaphore (ces loc. étant comprises au sens A, 2) : → ci-dessus sens 4, supra cit. 10.
Accord. || Changer le ton d'un cor d'harmonie (par un corps de rechange).
15 Pour l'office des morts, elles prennent le ton si bas, que c'est à peine si des voix de femmes peuvent descendre jusque-là.
Hugo, les Misérables, II, VI, II.
5 Instrument (sorte de sifflet à coulisse) servant à donner le ton (comme le diapason).
6 Chasse. Sonneries, définies par leur ton, leur hauteur. || Tons de chasse. || Ton du débucher, de l'hallali. || Ton de quête (recherche du gibier).
———
II (1669, d'abord t. de peint.). Couleur, considérée dans sa force, son intensité; degré d'une couleur. Teinte, nuance (cit. 1); → Consonance, cit. 7; couleur, cit. 21; 2. dégradation, cit. 1; 1. masse, cit. 11. || Tons purs (→ Impressionnisme, cit. 1). || Tons fondus (cit. 9), liés (cit. 6). || Des tons doux, pastel. || Tons chauds, tons froids (→ Modulation, cit. 6). || Ton criard, monotone, sourd, terne, grisâtre (cit. 1). || Tons francs, gais (cit. 9), riches (→ Blond, cit. 5). || Tons bruns. || Éteindre (cit. 5) les tons; passé (cit. 160) de ton. || Gamme (cit. 7) de tons. || Tons différents d'une même couleur. Camaïeu.Dans le même ton : dans la même couleur, avec des intensités différentes. || Ton sur ton (→ Parement, cit. 2).Techn. || Ton local. Couleur (→ Hachure, cit. 1). || Relations entre les tons. Valeur.
16 L'union, les concerts, et les tons des couleurs.
Molière, la Gloire du Val-de-Grâce.
17 Oui, je mets du blanc dans tous mes tons, mais je vous jure que je ne le fais pas par principe.
Camille Corot, raconté par lui-même…, p. 88.
18 Puis leurs couleurs ne sont pas tout à fait des couleurs de fleurs ordinaires, de fleurs du bon Dieu; ce sont des tons brisés, des tons rompus, des tons passés, des tons artistiques de tentures et de meubles (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 1er nov. 1885, t. VII, p. 63.
18.1 Tous les tons imaginables, variant délicatement les sept échantillons du prisme, se trouvaient représentés par la garniture interne des navettes, dont le nombre pouvait s'élever à mille.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 126.
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III (1771; grec tonos « tension », d'après l'adj. tonique).
1 Vx, méd. État normal d'élasticité et de fermeté des tissus organiques. Tension, tonicité, tonus. || Qui manque de ton. Atone, atonie. || Donner du ton. Tonifier, tonique; tono-.
2 Fig., littér. Énergie psychique.
19 (…) il n'y rencontra peut-être ni amis pour le consoler, ni ennemis pour donner du ton à sa vie.
Balzac, Louis Lambert, Pl., t. X, p. 409 (1833).
20 (…) il arrive que les hommes, après un don trop généreux d'eux-mêmes, soient sujets à ces abaissements passagers du ton vital (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 69.
DÉR. Tonal, tonème, tonétique, tonie.
COMP. (Du grec tonos, — ou de l'élément de formation -tonie, -tonique) V. Atone, atonie, baryton, diatonique, hypotonie, isotonie, triton; et aussi intonation, monotone.
HOM. Thon; 1. ton.

Encyclopédie Universelle. 2012.