entreprendre [ ɑ̃trəprɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 58> I ♦ Se mettre à faire (qqch.). ⇒ commencer. Entreprendre une étude. Entreprendre une démarche (⇒ engager, hasarder) . « On m'envoie à Pyrrhus : j'entreprends ce voyage » (Racine). Entreprendre un procès contre qqn. ⇒ intenter. « Ce n'est rien d'entreprendre une chose dangereuse, mais d'échapper au péril en la menant à bien » (Beaumarchais).
♢ (XVIe) ENTREPRENDRE DE(et l'inf.).⇒ se disposer (à), essayer, tenter. Dans ce livre, l'auteur a entrepris de montrer que... « Du fond de cet abîme de tristesse, Beethoven entreprit de célébrer la joie » (R. Rolland).
♢ Absolt « Monseigneur, la difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre » (Beaumarchais). Il n'a pas peur d'entreprendre. ⇒ entreprenant. — Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer, phrase attribuée à Guillaume d'Orange, dit le Taciturne.
II ♦ (v. 1138 « attaquer »)
1 ♦ Vx Entreprendre (qqn) : diriger une attaque (en paroles ou en action) contre (qqn). ⇒ attaquer. « Vous fûtes réduits à les entreprendre sur des questions de fait » (Pascal). — (XVIe) Mod. Tâcher de gagner (qqn), de convaincre, de séduire. Entreprendre une femme, tenter de la conquérir. ⇒Fam. baratiner, draguer. — Entreprendre qqn sur un sujet, commencer à l'entretenir de ce sujet. Quand il vous entreprend sur sa santé, il n'en finit plus.
2 ♦ Spécialt, vx S'attaquer à, gagner (une partie du corps), en parlant d'une maladie.
3 ♦ V. intr. (v. 1450) Vx ou littér. ENTREPRENDRE SUR : porter atteinte ou tenter de porter atteinte à (un droit). ⇒ attenter (à), empiéter. « on entreprend sans raison sur leur indépendance » (France).
⊗ CONTR. Accomplir, achever, terminer.
● entreprendre verbe transitif Commencer à exécuter une action, en général longue ou complexe : Entreprendre des études. Il avait entrepris de nous prouver que nous avions tort. Avoir un entretien serré et parfois importun avec quelqu'un pour essayer de connaître son avis, sa position sur un sujet quelconque ou pour essayer de le convaincre : Elle m'a entrepris au sujet de ses problèmes de cœur. ● entreprendre (citations) verbe transitif Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Et, si de t'agréer je n'emporte le prix, J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris. Fables, Dédicace au Dauphin Robert Mallet 1915 Avec l'âge, ne pas achever peut donner l'illusion d'entreprendre encore. Apostilles Gallimard Guillaume Ier de Nassau, dit le Taciturne, prince d'Orange château de Dillenburg 1533-Delft 1584 Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Commentaire Citation également attribuée à d'autres, tel Pierre de Coubertin, le promoteur des jeux Olympiques modernes. Rainer Maria Rilke Prague 1875-sanatorium de Val-Mont, Montreux, 1926 Il est bon d'être seul, parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre. Es ist gut, einsam zu sein, denn Einsamkeit ist schwer ; daß etwas schwer ist, muß uns ein Grund mehr sein, es zu tun. Lettres à un jeune poète, 14 mai 1904 ● entreprendre (difficultés) verbe transitif Conjugaison Comme prendre. ● entreprendre (synonymes) verbe transitif Commencer à exécuter une action, en général longue ou complexe
Synonymes :
- amorcer
- attaquer
- engager
- entamer
- lancer
Contraires :
- achever
- finir
- terminer
entreprendre
v. tr.
d1./d Se décider à faire une chose et s'engager dans son exécution. Entreprendre des travaux. Entreprendre de faire qqch.
d2./d Chercher à gagner, à séduire qqn.
|| Entreprendre qqn sur une question, l'en entretenir.
⇒ENTREPRENDRE, verbe trans.
A.— Entreprendre qqn, contre qqn. [Le plus souvent dans des emplois figurés]. S'attaquer à.
1. Entreprendre qqn. Engager une discussion serrée pour l'amener à changer de point de vue, le convaincre :
• 1. Mais je ne sais pourquoi, monsieur le chevalier, c'est toujours moi que vous entreprenez, ni pourquoi je me laisse toujours entraîner où vous voulez. Vous m'avez essoufflé au pied de la lettre avec votre malheureux Locke. Pourquoi ne promenez-vous pas de même notre ami le sénateur?
J. DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 535.
• 2. L'ennemi, vers le milieu de 1915, décida de forcer tous les industriels à travailler pour lui. Fort adroitement, il entreprit les patrons isolément, l'un après l'autre, pour vaincre plus aisément les résistances.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 127.
— Tenter de séduire :
• 3. ... je la rejoignis sur un divan de sa chambre, et c'est là qu'elle commença de m'entreprendre. — Mon jeune ami... Vous permettez que je vous appelle ainsi, dit-elle, profitons vite de ce que nous voici tous deux seuls. (...) Et, tout en protestant qu'elle ne s'adressait qu'à mon âme ou à je ne sais quoi d'intérieur, elle ne laissait pas de porter ses mains à mon front, puis, ...
GIDE, Thésée, 1946, p. 1426.
— Rare, concr. Harceler, attaquer :
• 4. Le taureau, de la droite, décocha un coup de corne qui frôla le jeune homme sans le toucher. Sur un signe d'Alban les péons l'entreprirent, le firent changer de place.
MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 539.
♦ [Le compl. désigne un obj.] S'occuper de, s'attaquer à. Une autre équipe les entreprend [les arbres] à la minute même de leur chute (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 49).
2. Entreprendre contre. Engager une action hostile contre. Un peu curieux de voir ce que les Chargnait allaient entreprendre contre Valentin (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 133). Quand la France se sent unie, il n'y a pas à entreprendre contre elle (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 142).
B.— Entreprendre + subst. désignant une action ou son résultat ou + de + inf.
1. Mettre à exécution un projet nécessitant de longs efforts, la réunion de moyens, une coordination, etc. Entreprendre des études, des recherches, l'ascension de l'Éverest. Pendant que le grand Linné entreprend l'œuvre immense de la classification de tous les êtres organisés (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 264) :
• 5. Son amitié généreuse, jointe au zèle de la science, a pu seule lui faire entreprendre la tâche minutieuse et fatigante qu'il a remplie si patiemment.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. XXXI.
• 6. Mais son activité est souvent improductive et même malfaisante, parce que, parfois, il veut faire ce qui est au-dessus de ses forces, ou fait ce que personne ne contrôle. Il n'entreprend guère ou il abandonne bientôt les réformes les plus nécessaires, qui, pour réussir, demandent une énergie persévérante; ...
TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856, p. 138.
— Entreprendre de + inf. Pinette se pencha sur ses souliers et entreprit de les délacer (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 73) :
• 7. Or, les jours solennels où le vieux Peter Tannenwalder entreprenait de lire à haute voix quelques pages de son livret, surtout s'il ne trouvait pas, comme ce soir-là, ses lunettes, il fallait à la famille la patience des anges de la procession.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 84.
— En emploi abs. Agir. Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. Je me sens découragé et un sentiment pénible à l'épigastre m'ôte toute idée suivie, toute force pour entreprendre et continuer (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 120). La femme est faite pour être arrivée, et rivée; l'homme est fait pour entreprendre, et se détacher (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1010).
2. Engager une opération commerciale ou industrielle. Voilà pourquoi notre gouvernement [le gouvernement américain] (...) encourage les compagnies qui entreprennent la construction des ponts, l'ouverture des routes et des canaux (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 163). [Auguste] m'a conseillé de vous écrire par avance au sujet de la manutention de notre papier. Si M. Calluau peut entreprendre cette fourniture, alors j'irai vous voir (BALZAC, Corresp., 1833, p. 377).
— Rare, en emploi abs. La difficulté que nous avions à vivre nous forçait d'entreprendre. On prit une boutique sur le boulevard Saint-Martin (...) et l'on essaya d'y établir un cabinet de lectures et un petit débit de papeterie (MICHELET, Mémor., 1822, p. 187).
C.— Entreprendre sur. Empiéter sur. Quoi qu'il en soit, le guerrier périssant pour avoir entrepris sur les droits des pontifes (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 68). Son joueur supposé de la bourse lui parut propre à devenir son âme damnée, et il entreprit sur les droits divins en créant un homme (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 85).
Rem. Jusqu'à son éd. de 1878, Ac. signale un emploi « embarrasser, rendre perclus ». Il est sorti de l'usage. On ne le trouve ds la docum. que chez Chateaubriand : Ma poitrine s'entreprit; je respirois avec peine (Essai Révol., t. 1, 1797, p. VI; cf. aussi Mém., t. 1, 1848, p. 435). Toujours jusqu'en 1878, Ac. signale l'emploi adj. correspondant à cet emploi : ,,Entrepris est aussi adjectif et signifie : embarrassé, perclus. J'ai la tête toute entreprise, Il a le bras entrepris``. LITTRÉ donne également cet emploi, avec des ex. de Lesage et Voltaire.
Prononc. et Orth. :[], (j')entreprends []. Ds Ac. 1694-1932. Cf. entre-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 a. fr. « attaquer » (G. GAIMAR, Hist. des anglois, éd. A. Bell, 203); b) 1174-76 au fig. « interpeller, accuser de » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2327); c) 1396 entreprendre sur « empiéter sur » ici « s'arroger le droit de juger sur » (Trésor des chartes de Rethel, II, 431, 5 ds RUNK., p. 106); d) 1559 « conquérir par la flatterie, essayer de séduire » (AMYOT, Crassus ds GDF. Compl.); 2. 1176-81 « commencer (quelque chose), mettre en œuvre, se mettre à exécuter » (CHR. DE TROYES, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 2829). Composé de entre et de prendre. Le sens 2 est une altération par substitution de préf., de l'a. fr. emprendre « commencer, mettre en œuvre » (dep. ca 1100 ds T.-L.), d'un b. lat. imprehendere (REW3, n° 4317; FEW t. 4, p. 602). Fréq. abs. littér. :1 870. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 920, b) 2 071; XXe s. : a) 1 929, b) 3 190.
entreprendre [ɑ̃tʀəpʀɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. prendre.]
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I (Idée de commencement).
1 Entreprendre (qqch.) : se mettre à faire (qqch.). ⇒ Commencer, démarrer, mettre (se mettre à); → Se mettre en train. || Entreprendre une affaire. ⇒ Emmancher, enclencher, engrener. || Entreprendre une besogne, un ouvrage, une tâche, un travail. ⇒ Métier (mettre sur le). || Entreprendre une étude, un ouvrage, un livre, un tableau, une œuvre, un travail. || Entreprendre la construction d'un immeuble, une fourniture (⇒ Entrepreneur). — Entreprendre un voyage (→ Assez, cit. 40), une conversation (⇒ Engager, entamer), une démarche (⇒ Hasarder, risquer). || Entreprendre un procès contre qqn. ⇒ Intenter. || Entreprendre une guerre contre ses voisins. ⇒ Déclencher, faire. || Entreprendre une chose délicate, difficile (→ Attacher le grelot). || Entreprendre spontanément une chose. ⇒ Initiative (avoir, prendre l'). || Vouloir entreprendre plus qu'on ne peut faire (→ Vouloir voler avant d'avoir des ailes; péter plus haut que le cul; qui trop embrasse mal étreint…). || C'est lui qui a tout entrepris, les autres n'ont eu qu'à le suivre. → Montrer, ouvrir, tracer le chemin, la voie. || N'entreprenez rien sans me consulter. ⇒ Faire. || Avoir de la chance dans tout ce que l'on entreprend (→ Bonheur, cit. 3). || Achever, terminer, parfaire ce que l'on a entrepris. || Rien ne l'arrête, il ose tout entreprendre (⇒ Entreprenant). || Il a entrepris trop de choses, il ne finira rien.
1 L'amour, qui fait tout entreprendre aux jeunes et tout oublier aux vieux (…)
Scarron, le Roman comique, I, XIX.
2 (…) je hais ces cœurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites des choses, n'osent rien entreprendre.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 1.
3 (Cromwell) hypocrite raffiné autant qu'habile politique, capable de tout entreprendre et de tout cacher (…)
Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.
4 On m'envoie à Pyrrhus : j'entreprends ce voyage.
Racine, Andromaque, I, 1.
5 Ce n'est rien d'entreprendre une chose dangereuse, mais d'échapper au péril en la menant à bien (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 1.
6 La force du corps dans l'homme se mesure par ce qu'il exécute; celle de l'âme par ce qu'elle entreprend.
P.-L. Courier, Éloge de Buffon, Pl., p. 561.
2 Entreprendre de (faire qqch.). ⇒ Disposer (se disposer à), essayer, tenter. || Entreprendre d'écrire un roman. || Entreprendre d'atteindre un but, de réaliser un projet… || Dans ce livre l'auteur a entrepris de montrer que…
7 J'admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu.
Pascal, Pensées, IV, 242.
8 (…) avant d'oser entreprendre de former un homme, il faut s'être fait homme soi-même; il faut trouver en soi l'exemple qu'il se doit proposer.
Rousseau, Émile, II.
♦ → aussi Abîme, cit. 24, R. Rolland; adepte, cit. 3, Martin du Gard; amorce, cit. 7, Louÿs; apprivoiser, cit. 11, Duhamel; arrêter, cit. 71, Molière; athée, cit. 2; casuiste, cit. 1, Pascal; citadelle, cit. 1, Voltaire; connaître, cit. 14, Racine; coulpe, cit. 3, Duhamel; décerner, cit. 1, Voltaire; désespérer, cit. 25, Abbé Prévost.
3 Absolt. || Ce n'est pas tout d'entreprendre, il faut exécuter. || Il entreprend beaucoup, trop.
9 On entreprend assez, mais aucun n'exécute (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
10 Dans les choses grandes et belles,
Il suffit d'avoir entrepris.
Molière, le Malade imaginaire, 1er prologue.
11 Monseigneur, la difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 6.
♦ ☑ Allus. hist. || Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer, phrase attribuée à Guillaume d'Orange, dit le Taciturne (1533-1584).
12 Il ne juge point, comme le Taciturne, « qu'il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer », il pense et au besoin il déclare qu'il est fou d'entreprendre et de persévérer, du moins dans ce cas curieux qui est le sien.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, II, p. 75.
13 Chacun sait l'histoire de Pyrrhus et de Cinéas (…) « Commençons par soumettre la Grèce », disait Pyrrhus. « Et après ? » demanda Cinéas. « Nous gagnerons l'Afrique (…) Nous passerons en Asie (…) Nous irons jusqu'aux Indes (…) » — « Pourquoi donc entreprendre, dit Cinéas, ce que vous n'achèverez jamais ? » C'est à quoi les Pyrrhus répondent : « Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. »
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 121.
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II (Idée d'action sur ou contre).
1 Vx. || Entreprendre (qqn) : diriger une attaque (en paroles ou en action) contre (qqn). ⇒ Attaquer.
14 Ils (Darius et Alexandre) se regardaient d'un œil jaloux, et semblaient nés pour se disputer l'empire du monde. Mais Alexandre voulut s'affermir avant que d'entreprendre son rival.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, I, VIII.
15 Vous ne pûtes plus les accuser d'aucune erreur contre la foi, et vous fûtes réduits à les entreprendre sur des questions de fait (…)
Pascal, les Provinciales, XVII.
♦ Mod. a S'attaquer à (qqn) pour malmener, railler, plaisanter. || Vous courez grand risque d'être malmené, s'il vous entreprend (Académie).
b Tâcher de convaincre (qqn).
♦ Spécialt. Tenter de séduire. ⇒ Entreprise, II., 2. || Il entreprend toutes ses secrétaires. ⇒ Baratiner; cf. Faire du plat.
16 Ah ! si tu m'entreprends deux jours de cette sorte
Mon cœur est déconfit, et je me tiens pour morte;
Si tu me veux en vie, affaiblis ces attraits
Et retiens pour le moins la moitié de tes traits.
Corneille, Suite du Menteur, I, 2.
c Entreprendre qqn sur qqch., tenter de le persuader, de l'influencer en l'entretenant sur un sujet; commencer à entretenir. || Entreprendre qqn sur un sujet. || C'est un intarissable bavard; quand il vous entreprend sur ses sujets favoris, il n'en finit plus.
16.1 Il entreprit le petit colonel Max (…) sur un séjour qu'ils avaient fait ensemble.
Guy de Pourtalès, la Pêche miraculeuse, p. 307.
2 Vx. Se charger de (qqn), prendre en charge. || Entreprendre un élève, pour le former, l'instruire. || Entreprendre un malade, commencer à le soigner.
17 Le médecin (…) l'entreprit, et avec une tisane d'une herbe qu'on appelle, je crois, erisimum, le tira d'affaire en trois semaines (…)
Racine, Lettre à Boileau, 25 juil. 1687.
3 Spécialt, vx (le sujet désigne une maladie). S'attaquer à, gagner (une partie du corps). → Apoplexie, cit. 1. — (Le sujet désigne une partie du corps). || S'entreprendre : devenir malade. — Au p. p. :
18 (…) un rhumatisme le tenait entrepris de tous ses membres.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, X.
19 On avait espéré merveille du changement d'air pour me rendre les forces nécessaires à la vie d'un soldat; mais ma santé, au lieu de se rétablir, déclina. Ma poitrine s'entreprit; j'étais maigre et pâle, je toussais fréquemment, je respirais avec peine; j'avais des sueurs et des crachements de sang.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 77.
4 Entreprendre sur (le compl. est une chose abstraite) : empiéter sur, porter atteinte ou tenter de porter atteinte à (un droit). || Entreprendre sur la liberté, les droits, la vie de qqn. ⇒ Attenter (à).
20 Mère affligée, elle (l'Église) a souvent à se plaindre de ses enfants qui l'oppriment; on ne cesse d'entreprendre sur ses droits sacrés (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
21 C'est entreprendre sur la clémence de Dieu, de punir sans nécessité.
Vauvenargues, Maximes, CLXV.
22 La tunique ne me paraît pas très convenable aux lycéens, parce que ce n'est point un vêtement civil, et qu'en la leur imposant on entreprend sans raison sur leur indépendance. Je l'ai portée, et j'en garde un mauvais souvenir.
France, Pierre Nozière, VI, p. 67 (→ aussi Attarder, cit. 4).
23 Elle m'accusait aussitôt de limiter son libre-arbitre, d'entreprendre sur les droits imprescriptibles de l'individu.
G. Duhamel, Cri des profondeurs, III, p. 59.
5 Entreprendre contre : engager une action hostile contre. — Fig. :
24 Le miracle n'entreprend rien, par exemple, contre la mécanique céleste. Il ne s'exerce point sur le cours des astres et jamais il n'avance ni ne retarde une éclipse calculée.
France, le Jardin d'Épicure, p. 162.
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entrepris, ise p. p. adj.
♦ || Les choses entreprises ne sont pas toujours menées à bien. — Personne entreprise sur un sujet.
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CONTR. Accomplir, achever, conduire, couronner, mener (à bien), terminer.
DÉR. Entreprenant, entrepreneur, entreprise.
Encyclopédie Universelle. 2012.