épeurer [ epɶre ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Vx ou littér. ⇒ apeurer.
épeurer
v. tr. (Québec) Apeurer. épeurer les oiseaux en faisant du bruit.
⇒ÉPEURER, verbe trans.
A.— Emploi trans. Faire peur à. — Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure! (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 77). Son immobilité m'épeurait (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 253).
B.— Emploi pronom. à valeur subjective. Prendre peur :
• ... le voyage aussi dans cet œil n'est qu'un leurre,
Car derrière l'iris au cristal aplani
L'amour naïf, qui plonge au fond, soudain s'épeure,
Se heurte et se fait mal à la froideur du cœur,
Dont le néant si proche est une vasque étroite.
RODENBACH, Le Règne du silence, 1891, p. 51.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. épeurant, ante. Qui fait peur. Lui aussi [un monde désorbité], sans chaleur et sans éclat, défaillait à l'histoire et s'en allait, décroissant, décadent, à un effacement plein d'ombre épeurante (PÉLADAN, op. cit., p. 332). b) Le dér. épeurement, subst. masc. Le fait d'être épeuré, effrayé. Ma pièce, ainsi qu'elle est faite et avec l'épeurement produit par la presse dans la gent bourgeoise, ne peut vivre que par la curiosité sympathique du Paris lettré (GONCOURT, Journal, 1888, p. 885).
Prononc. :[], (j')épeure []. Étymol. et Hist. 1216 espëurer (G. LE CLERC, Fergus, 119, 6 ds T.-L.) — 1611, COTGR., a survécu dans les dial. (FEW t. 8, p. 88b) et a été empl. à nouv. au XIXe s. 1844 (SAND, Jeanne, p. 169). Dér. de peur; préf. é-; dés. -er; cf. ca 980 soi espaurir (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 398). Fréq. abs. littér. :8.
épeurer [epœʀe] v. tr.
ÉTYM. XIIe, espaörir, repris 1844; de é-, et peur.
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REM. Fréquemment employé au XVIe s., épeurer disparaît aux siècles classiques, et il reste absent des dictionnaires du XIXe s., quoique les écrivains l'aient alors remis en usage.
1 (…) je n'aurais jamais cru qu'un grand gars comme toi, qui est dans ses dix-sept ans, et qui ne tardera pas à avoir de la barbe au menton, fût si aisé à épeurer, et je suis contente de te voir comme cela.
G. Sand, la Petite Fadette, XIII, p. 96.
2 Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !
Rimbaud, Poésies, « Au Cabaret-Vert ».
♦ Au participe passé :
3 La passivité épeurée du bonhomme l'excitant, il en était venu à ne plus voir en lui qu'une loque bureaucratique (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, 1.
♦ Au pronominal :
4 L'heure où l'amour s'épeure au fond du nid, où s'élabore en secret l'aconit (…)
Germain Nouveau, Premiers Poèmes, « En forêt », 1873, Pl., p. 365.
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DÉR. Épeurant, épeurement.
Encyclopédie Universelle. 2012.